[5 Septembre 1597] Retour de Claire-marie après le pilori [Terminé]

5 Septembre 1597, tard dans la soirée :

Le bras toujours arrimé autour de celui de la jeune esclave, Thierry a avancé d'un rythme tranquille. Après toutes ces émotions, toutes ces cavalcades, son corps s'usait et criait grâce. Son esprit songea alors à celui de son pauvre fils supplicié, ce qui lui rendit force et fierté. Il n'en était pas encore, là, lui ! Son regard chercha un domestique, quelqu'un à qui s'adressait.

"Excusez-moi ? Y  t-il quelqu'un ? j'aimerai rencontrer monsieur le comte ou mademoiselle sa fille.

Marie-Anne fut surprise de voir arriver le père Thierry avec Claire-Marie à son bras. Elle savait que la jeune femme était partie seule en ville faire affaire pour la jeune maîtresse. Elle espérait tout de fois que rien de fâcheux n'était arrivé, en vue des plis soucieux qu'arborait le père Thierry elle craignait le pire.

S'inclinant devant l'homme d'église, elle tacherait de s'occuper convenablement de leur invité.

- Mon père, Monsieur le conte n'est pas encore revenu de ses affaires en ville mais je suis sûre que mademoiselle sera ravie de vous rencontrer. Je vais quérir sa personne de suite. Puis-je vous faire patienter dans le petit salon, désirez vous une tasse de thé en attendant ?

Ne sachant pas si quelque chose était à reprocher à Claire-Marie, elle préféra lui offrir un échappatoire qui pourrait lui être utile pour prévenir leur maîtresse de toute aventure fâcheuse.

- Claire-Marie peux-tu aller prévenir notre maîtresse que monsieur l'attend au petit salon pendant que je sers monsieur s'il te plait ?

Claire-Marie s'était sentie très gênée tout le long du voyage. De plus, elle s'inquiétait de savoir si Crépuscule se ferait chassé ou non. Elle espérait de tout cœur que sa maîtresse soit assez compatissante pour lui permettre de le garder.

En arrivant au salon, elle tâcha de ne pas se montrer trop rouge. Lorsque Marie-Anne lui suggéra d'aller chercher leur maîtresse, elle resta un moment interdite avant d'essayer de sortir de la pièce.

Thierry fut surprit de revoir la belle esclave noire rencontrée au matin. Dans cette folle journée, il avait oublié qu'elle aussi travaillait aussi. Il remarqua son inquiétude pour son amie et lui adressa un sourire aimable.

"Votre camarade n'ait nullement en tort. Au contraire, elle a fait montre d'une générosité qui l'honore et je tenais à ce que ses maitres le sachent et ne la punissent en aucune manière. Bien, bien. J'attendrai mademoiselle alors."

Il relâcha le bras de Claire-marie.

"Je suppose que vous pourrez vous débrouiller maintenant."

Le pas sec d'une femme non moins pierreuse se fit entendre depuis le bout du couloir. D'un regard satisfait, elle commanda à Marie-Anne de rester sur place si le prêtre désirait quoi que ce soit. Marthe salua elle-même dévotement le personnage qui se présentait, mais intercepta Claire-Marie au passage :


-- Où étais-tu, toi ? Aurais-tu déjà oublié le chemin du château ou avais-tu l'intention de découcher ? (sa voix de couperet se fit un peu plus calme quand sa mine pointue et ses yeux de furet se tournèrent vers Thierry) Bonsoir, Monsieur. Je vous suis reconnaissante de bien avoir voulu nous ramener cette esclave. Avec-vous quelque chose de particulier à demander ou à signaler ? (Un temps) En tous cas, en attendant l'arrivée de Madame, soyez le bienvenu.


La fatigue transpirait des traits de Marthe : pourquoi tout ce ridicule remue-ménage si tard ? Elle était clairement agacée par le retour nocturne de Claire-Marie et espérait que le prêtre allait en donner une bonne raison. Florentyna ne serait pas plus ravie qu'elle d'être dérangée aussi tard alors qu'elle avait déjà regagné ses appartements.


Soudain, plissant les yeux, Marthe aperçut autre chose entre les bras de l'aveugle avant qu'elle ne s'éloigne pour aller chercher Florentyna. Un chat.


-- D'où sort-il, celui-là ? On n'introduit pas d'animal céans sans notre permission.

Claire-Marie baissa la tête, honteuse.

- Non madame. Je suis allée chercher les paniers et les produits comme il m'a été demandé. Je me suis un peu arrêtée en chemin. Je jure madame que je n'avais pas l'intention de fuir.

A vrai dire, ça ne lui aurait même pas traversé l'esprit. Elle ne fut pas au bout de ses peines lorsque Marthe aperçut Crépuscule.

- C'est... le chat que mon ancienne maîtresse a dressé pour me guider. Je pensais demander au maître de le garder, pour m'aider à me diriger.

Thierry arbora un rictus en découvrant cette intendante qui semblait affectionner d'abuser de son pouvoir pour contrôler les esclaves sous sa coupe. Il comprenait ce raisonnement. lui aussi usait de sa fonction pour se couvrir et effectuer quelques actions douteuses sans crainte d'être inquiété. mais ici il ne la laisserait pas faire? Claire-Marie avait rendu un grand service à Alexandre : il la protégerait.
S'avançant vers Marthe, le prêtre se pencha et fit un rapide baisemain

"Madame, je constate que vous vous acquitte avec diligence de vos tâches et gérer tout ce personnel doit être bien lourd. Néanmoins, dans cette affaire, cette fille est aussi vertueuse que le Christ lui-même. Voyez-vous, je me trouvais sur la grande place à soutenir moralement un garçon condamné pour une bêtise de jeunesse quand cette belle jeune fille s'est avancée, malgré sa cécité, pour lui apporter de l'eau et tenter par ses propres moyens de réconforter le prisonnier. Une telle générosité est si rare ! J'apprécierais que votre esclave soit bien traitée par cette noble action que je jouerai dès demain devant les fidèles lors de mon prochain office. "

Il remarqua alors le chat que la jeune fille essayait de garder et qui déplaisait à Marthe. L'idée de récompenser l'esclave et d'ennuyer la domestique le séduisit.

"Et si elle gardait ce chat en récompense de sa belle pureté ? montrez ainsi à tous vos esclaves la valeur d'^âme qu'ils doivent atteindre !"

Marthe fronça les sourcils, à la vue du chat blanc tapi entre les bras frêles de la jeune fille. La bête avait l'air aussi craintive que l'aveugle. Ses lèvres plissées se pincèrent. Mais le discours du prêtre la rassura aussitôt quant aux intentions de l'esclave, qu'il n'y aurait pas à sanctionner. Bien au contraire, apparemment. L'intendante conçut un fond d'amusement à l'idée de ce chat immaculé, comme l'âme de Claire d'après ce religieux. Concernant la possible conservation de l'animal que Thierry proposait justement, elle affirma :


-- Il faut voir. (à Claire) Avec quel argent comptes-tu nourrir ce chat ? Et le loger ? Et par qui, et à quel moment dans le programme de la journée faire changer sa litière ? (puis, à l'attention du prêtre aussi bien que de l'esclave) Je vais en parler au Sieur de Monthoux, mais il est hors de question que cet animal impose du travail supplémentaire dans ce château. Encore moins qu'il sème le désordre. Je le mettrai dehors au moindre problème.


En attendant l'arrivée de Florentyna, Marthe se retourna vers le couloir et héla :


-- Jérémie !!!

Très fatigué de sa journée, le jeune homme charriait ses derniers seaux de saletés à aller vider, avant de rejoindre la cave pour dormir, à cette heure tardive. Interpellé par l'intendante, il ralentit et s'approcha, non sans s'incliner au passage devant Thierry.


-- Oui, Madame ?


La Marthe lui commanda de se charger des paniers que Claire venait d'acheter et d'aller les ranger en cuisines. Il posa son seau, qu'il reviendrait chercher juste après, et s'exécuta. Quand Jérémie eut pris les paniers, il découvrit alors le beau chat entre les bras de sa camarade. Il adressa alors discrètement un grand et sincère sourire -- chose rare -- à Claire : elle avait retrouvé Crépuscule !
Il adressa au passage un regard reconnaissant à Marie-Anne, qui avait très bien géré l'arrivée de Thierry pour éviter l'énervement de Marthe. Il lui conseilla, très discrètement, d'aller elle-même chercher Florentyna, en attendant que Marthe en ait terminé avec Caire et son chat.

Thierry réprima un sourire d'amusement. Dompter cette dragonne serait plus divertissant qu'il ne l'aurait cru. il haussa les épaules d'un geste fataliste puis ajouta :

"Les chats n'ont pas besoin d'être nourris. Au contraire, laissez-le chasser les souris par lui-même : cela vous débarrassera de parasites nuisibles et évitera des dépenses inutiles. En soi, tout le monde y gagne dans cette affaire."

Il remarqua la présence de l'esclave aperçu la veille sur la grande place mais ne lui accorda aucune salutation, concentrée sur la conversation.

Claire rougit encore lorsque le prêtre exposa son aventure de la soirée. Elle ne savait pas vraiment si c'était digne d'éloge ou si au contraire on la réprimanderait. Elle eut légèrement peur au ton de Martha. Mais elle se redressa un peu, sentant Crépuscule lui donner du courage.

- Crépuscule chasse les souris, il se nourrit toujours seul et nettoie donc toute la maison. Vous ne verrez sans doute plus une seule souris ou rat avant longtemps. Il est toujours avec moi et trouve où dormir sans gêner personne. Et pour ses besoins, il va dehors, il n'aura pas besoin de litière.

Elle hocha la tête en voyant le père Thierry l'assister. Soudain, elle entendit Jérémie. Il lui prit ses paniers et, à la chaleur qu'elle sentit vers elle, lui accorda un sourire qu'elle lui rendit timidement.

Ayant capter le regard de Jérémie, Marie-Anne s’éclipsa discrètement dans le dos de Marthe pour aller chercher sa maîtresse. Au passage auprès du père Thierry elle lui rappela qu'il pouvait s'installer dans le petit salon et qu'à son retour elle lui apporterait du thé.

Se dépêchant de monter les escaliers, elle se stoppa devant la porte des appartements de la fille Monthoux. Elle toqua légèrement contre la boiserie et en entendant la voix de la jeune femme lui demandant ce qu'il pouvait bien se passer à cette heure.

- Mademoiselle, je suis désolé de vous déranger en cette heure tardif mais maître votre père n'est pas présent pour gérer la situation. Quelques événements semblent s'être produits en ville et père Thierry souhaiterait vous entretenir à ce sujet. Si mademoiselle donne suite à sa demande je m'en irai de ce pas faire patienter le père au petit salon en lui servant du thé et quelques gâteau le temps que mademoiselle puisse se préparer. Voulez-vous que je fasse quérir Claire-Marie pour vous assister ?

Le visage de Marthe se desserre quelque peu en entendant les explications du prêtre, puis de l'esclave. Apparemment, ce chat ne causera pas de problème. Elle acquiesce et émet un petit grincement avant de siffler :


-- Soit. Si ce chat est propre et bien dressé, admet-on. Nous allons toutefois attendre l'autorisation de la maîtresse.


Elle claque vigoureusement des doigts pour ordonner à Jérémie de ne pas traîner, maintenant qu'il avait récupéré les paniers. Puis, à la suite de Marie-Anne, elle invita Thierry à prendre place au salon puis à patienter jusqu'à ce qu'on lui serve un thé.

Jérémie s'inclina devant Marthe dans un geste devenu mécanique puis se retira. Il croisa sur son chemin la fragile silhouette de Florentyna, qui descendait enfin.

Florentyna avait dû ressortir du lit, où elle s'était déjà installée avec un bon livre. Elle soupira quand on toqua à sa porte, puis écouta Marie-Anne avec attention.


-- Non, tout va bien, ne dérange pas Claire. Je descends de suite.


Elle enfila un bonnet de soirée, enfila sa robe de chambre qu'elle resserra pudiquement jusqu'au haut de sa gorge. Soucieuse, elle se demandait déjà ce qu'on prêtre pouvait bien venir faire céans. Et Claire-Marie avait bien mis du temps à revenir... Elle suivit Marie-Anne puis descendit au rez-de-chaussée, où elle congédia aussitôt Marthe. L'intendante la salua, puis en fit de même devant le prêtre, avant de se retirer.


-- Mon père, sourit Florentyna. Je vous prie de me pardonner pour ce manque de tenue. Soyez le bienvenu toutefois. Prenons le temps de causer. (soudain, remarquant le chat entre les bras de l'esclave aveugle) Oh ! Comme il est beau ! Mais d'où viens-tu si tard ? Et où as-tu déniché cet animal ?

Marie-Anne avait fait un croché vers les cuisines, elle arriva dans le petit salon lorsque la jeune maîtresse s'installa dans un fauteuil après avoir accueillit comme il se doit le père Thierry.

Délicatement elle posa un plateau copieusement rempli de biscuit tout chaud et proposa poliment une tasse de thé à la jeune femme et au père Thierry.

Lorsqu'elle servit le religieux, elle croisa son regard et espérait que celui-ci capte tous les remerciements qu'elle lui faisait pour avoir ramener Claire-Marie en bonne santé.

Une fois le service fait elle se positionna dans un coin attendant un quelconque ordre de Florentyna

Une fois l'affaire du chat réglé, Thierry se laissa conduire jusqu'au petit salon. Sur le chemin, il adressa un sourire discret à Anne-Marie. Le hasard faisait bien les choses. Par cette bonne action, il marquerait son esprit et l'aiderait dans le dessein qu'il nourrissait pour elle. Discrètement, sa main touche le bras de l'esclave  mais le retira vite, empêchant un regard extérieur de surprendre le geste, seule sa destinataire devait le sentir.
Installé dans un fauteuil du salon, il sentit toute sa fatigue l'assaillir. Quelle nuit, décidément ! Il trouva cependant la force de se relever pour présenter ses hommages à Florentyna.

"Non, non, mademoiselle, c'est moi qui manque à la bonne éducation, mais les choses ont été... disons que nous ne pouvons pas nous soustraire à nos devoirs, qu'importent les convenances. J'ai rencontré par hasard votre jeune esclave Claire-Marie et je tenais à louer sa sincérité, sa bravoure et sa respectabilité. Vous avez vraiment là, madame, une perle rare à votre service."

Il se rassit ensuite dans le fauteuil puis accepta la tasse de thé offerte par Anne-Marie, lui adressant alors un sourire agréable.

"Merci beaucoup."

Claire se sentit un peu rassurée aux paroles de Marthe. La maîtresse descendit alors. Claire-Marie s'inclina quand elle lui posa ses questions.

- Je vous demande pardon maîtresse, j'ai quelque peu traîné, il est vrai, sur la place. (elle chercha un moment ses mots) J'ai retrouvé le chat que ma maîtresse avait dressé pour moi, pour me guider.

Elle resta à écouter le père Thierry, se sentant encore bientôt rougir. Comme pour détendre l'atmosphère et peut-être gagner sa place ici, Crépuscule sauta de ses bras et alla se frotta contre la robe de Florentyna, miaulant à fendre l'âme.

Florentyna adressa un très léger sourire à Marie-Anne pour le service, et dans laquelle on pouvait deviner aussi que la noble avait compris le grand soulagement de l'esclave, pour son amie de retour sans encombre. Elle attendra que les autres se furent servis en petit gâteaux et en thé pour en prendre sa part.


-- Alors comme cela, mon Père, il paraît que Claire-Marie vient de se montrer héroïque ? Racontez-moi cela ?


Elle glissa un coup d’œil fier et admiratif vers la jeune aveugle, avant d'offrir une caresse à son chat venu se frotiller à ses pieds. Pour simple réaction, et récompense, la noble affirma à Claire :


-- Eh bien ce beau chat fait déjà partie de la maisonnée. Bien entendu, tu peux le garder. Comment se nomme-t-il ?

Thierry se penche pour prendre un gâteau et le mange doucement, respectant l'étiquette, même si cette collation est fort bienvenue après toutes ces émotions de ces dernières heures. Il observe le regard intriguée de la jeune femme, curieuse du récit à venir, et esquisse un petit sourire.

"C'est une histoire un peu longue mais que je tâcherai de vous résumer. Voyez-vous, j'ai quelques apprentis, de jeunes gens qui envisagent d'entrer dans les ordres mais qui ne disposent pas de bonnes relations pour les aider dans de bonnes études. Je jauge leur potentiel et quand j'en repère de bons éléments, je les ais instruit. Mais parmi un d'eux, la curiosité a cédé le pas sur les interdit.. Mon élève, trop pressé, a franchi les limites de la bibliothèque pour aller consulter des documents interdits. C'est ma faute. Je suis certainement coupable de ne pas avoir su mieux le raisonner. Je suis naturellement intervenu en sa faveur et ce garçon n'a reçu qu'une dizaine de coup de baguette. C'était déjà trop mais toutefois mieux qu'une condamnation pour hérésie."

Il marqua une pause, le temps de boire un peu de thé et garder du suspense.

"Je le soutenais pendant la condamnation et surtout l'exposition. Comme toujours, le peuple observait, se moquait... Sans pitié. Soudain, un ange est apparu, madame. Votre esclave a fendu cette foule vulgaire pour apporter de l'eau au malheureux garçon puis lui a offert son propre châle pour le réchauffer du froid de la nuit. Une telle générosité désintéressée... J'en suis restée sans voix ! C'est pourquoi je voulais la ramenr chez vous et vous conter à quel point celle-ci est admirable et ne soit point grondée."

-- Pauvre garçon... Et dire qu'il y est encore.Pour jusqu'à demain midi... Soyez assuré que je prierai pour lui ce soir avant de m'endormir et aux matines, demain. Qu'il reçoive de la force et garde courage dans cette épreuve. Quant à votre témoignage au sujet de Claire, il est édifiant. Il n'y a nulle raison de la punir, bien au contraire. Vous savez... Notre intendante est un peu brusque, mais elle fera ce que je lui dirai.


Elle avale quelques gorgées de thé.


-- Votre élève a été fort imprudent en effet. Je comprends qu'il ait été sanctionné. Mais son appétit pour les connaissances est beau à voir. Comme je le comprends ! (elle demeura songeuse quelques instants, le visage de Jérémie se profilant dans son esprit) D'ailleurs, je peux vous donner le nom de mon médecin et vous l'envoyer, si ce jeune homme avait des... complications suite au supplice.

Thierry avala une autre gorgée de thé tout en écoutant Florentyna deviser.

"Je vous remercie pour votre bienveillance envers mon jeune protégé, madame. Oui, il a été très imprudent et méritait cette sanction. Mais.. Je m'estime pour ma part toit aussi fautif. En tant qu'adulte, en tant qu'enseignant, j'aurai dû mieux manier les notions à lui apprendre mieux lui inculquer l'importance des règles... Je pense que cet événement sera aussi profitable pour lui que pour moi-même. D'une certaine manière, nous en grandirons tous deux. A tout malheur, quelque chose est bon dit le proverbe."

Le prêtre masqua le rictus de dégoût que ce laïus hypocrite lui coûtait. Il lui permettait au moins de gagner la confiance de la jeune femme.

"Ne vous inquiétez pas pour votre intendante, oui, elle a été brusque mais c'est son travail, après tout, de gérer tant de gens. Il faut une certaine main de fer pour veiller sur tant d'âmes et porter de si lourdes responsabilités. Mais je retiens oui, fort volontiers, le nom de votre médecin. Le garçon est de santé fragile et il pourra certainement souffrir de complications."

Thierry songea alors à son presbytère qui aurait été détruit par un incendie inexpliquée encore. Où amènerait-il Alexandre ? Un lieu en sûreté... Un lieu où il pourrait tout contrôler.. L'église lui paraissait un bon refuge.

"Je vais d'ailleurs bientôt retourner le voir.. Quelle heure est-il déjà ? J'ai l'impression d'avoir veillé toute la nuit !"

Claire-Marie resta silencieuse, sentant quelques regards peser sur elle. Elle s'assura tout de même de répondre à la question de sa maîtresse.

- Oh merci... Il s'appelle Crépuscule maîtresse.

Elle se tut ensuite durant toute l'histoire du père Thierry. Alors Alexandre s'était fait prendre à cause de sa soif de connaissance ? Claire eut du mal à savoir pourquoi s'était mal mais ne dit rien. Il la compara alors à un ange... Elle avait déjà entendu ce mot et il paraissait que c'était de très belles créatures. Elle ne put se retenir de rougir.

Claire fut surtout soulagée de l'entendre parler d'un médecin pour Alexandre. Elle poussa un léger soupir, rassurée. Le médecin de la maîtresse était sûrement très compétant.

-- Crépuscule, c'est un bien beau nom. Toi ou la personne qui l'a choisi a beaucoup de goût. (Un temps) Il est très tard, tu dois être épuisée. Et toi aussi, Marie-Anne. Vous pouvez disposer et aller vous reposer.


Puis, se retournant vers le père Thierry :


-- L'on apprend en effet de ses erreurs. Plus encore que ce ses succès. Je souhaite fort que le jeune homme se trouve vite remis de sa douloureuse expérience. (Elle acquiesça lorsque'il entreprit si poliment d'excuser la rudesse de la Marthe.) Pour ce qui est du médecin, celui qui me vient voir en consultation se nomme Armand Montiel. Je vous le ferai mander à l'Eglise dès demain... Et comme vous le dites, il est fort tard, je ne voudrais pas vous retenir plus longtemps.


Elle lui proposera une dernière pâtisserie pour la route, avant de le voir commencer à prendre ses dispositions pour s'e retourner.

Claire hoche la tête lorsque sa maîtresse lui fit un compliment. Elle s'incline ensuite lorsqu'elle leur suggère d'aller se coucher. En effet, elle se sent soudain très fatiguée. Claire adresse un dernier salut en direction du père Thierry. Lasse, elle réussit à sortir de la pièce puis à arriver vers son lit où elle s'écroule. Crépuscule vient tendrement se frotter contre son visage avant de se rouler en boule pour dormir. Claire ne met pas longtemps à sombrer dans le sommeil.

Une fois Claire partie se coucher et voyant le prêtre prendre ses dispositions pour s'en retourner, Florentyna se retourna vers lui et ses doigts qui commençaient à trembloter de fatigue reposèrent sa tasse à présent vide :


-- Je vous souhaite une fin de soirée... aussi bonne que possible dirons-nous, mon Père. Courage à votre jeune élève. Mon médecin viendra vous trouver à l'Eglise demain dans l'après-midi, je le fais mander auprès de moi dès demain à mon réveil.


Elle attendra le départ du prêtre pour elle-même rejoindre son lit.

"En effet, on apprend beaucoup mieux des erreurs et des échecs que des triomphes. La roche carpienne marquera toujours plus que toutes les parades.  Je vous remercie aussi pour ce médecin que vous nous enverrai. Ce sera un véritable don du Ciel !"

Avant de partir, fourrant dans s poche la pâtisserie proposée qui ferait bien plus plaisir à Alexandre qu'à lui,  Thierry s'avança vers la demoiselle et entreprit de la bénir. Il fit de même avec Claire puis se tourna vers Anne-Marie.

"J'avais rencontré aussi cette demoiselle à l'église ce matin. Très pieuse, appliquée dans la prière.. Vous féliciterez monsieur votre père de recruter des gens aussi bons moralement. C'est une grande qualité qu'il a."

Tout en bénissant à son tour Anne-Marie, ses doigts s'attardèrent un instant sur la peau de sa joue, lui adressant un sourire puis murmura d'une voix à peine audible :

"J'espère, personnellement, vous y revoir."

Sa main se relâcha puis le prêtre executa une légère révérence avant de prendre congé.