[14 Septembre 1597] [Terminé] Le retour de Tristan

Alexandre écouta la jeune femme se plaindre de cette erreur du cocher et s'en étonna. Ces gens étaient habitués à retenir des adresses et à emmener leurs passagers à bonne destination. Il devait être incompétent. Cela arrivait. Il sourit à Bélyl.

"L'essentiel est que vous soyez saine et sauve."

Elle reprit à sa surprise son intervention sur l’accouchement et révélait avoir été bien apprise des risques.

"Je salue en ce cas l'excellente éducation dont votre mère vous a dispensé. Il me semble important que nous soyons toujours bien informé des choses afin de prendre la meilleure décision qui soit. Oh ! Vous aviez envisagé une vocation religieuse ?"

Son cœur se serra dans sa poitrine comme à chaque fois où il se rappelait de sa vocation contrariée. son visage se chargea d'une tristesse que le garçon eut du mal à refouler.

"Je souhaitais être prêtre autrefois. J'avais une véritable vocation. Mais mon père... Mon père n'a point voulu. J'étais fils unique. Unique héritier. Je devais reprendre son commerce. Autrement, il m'aurait tué sous son fouet. Alors... alors je n'ai pas eu le courage du Christ. Je n'ai pas su mourir et j'ai renoncé. Dieu m'a peut-être puni de cela en me faisant depuis esclave..."

En se remémorant des moments forts partagés avec le père Thierry - dont il ignorait à l'époque être le fils - quand ce dernier lui montrait quelques rudiments de sa professions, Alexandre baissa la tête et plongea en lui. Il entendit à peine Tristan t Bélyl disserter sur le roman de chevalerie précédemment évoqué. Il rêvait à la vie qui aurait pu être la sienne s'il avait pu embraser la bonne voie. Il aurait dit des messes, aidé ses paroissiens, veillé au bien-être de ses ouilles... Cela aurait été une si merveilleuse existence.

En écoutant les confidences de cette timide et très pieuse jeune fille, Tristan en oublia quelques instants sa contrariété. Ses pupilles dorées reflétaient son enthousiasme et, sourire aux lèvres, il suivait la conversation. L'esclave s'attendrit de l'échange entre Alexandre et Bélyl, au sujet de ces Bonnes-Sœurs qui avaient, semblait-il, été de bon conseil dans l'éducation de cette demoiselle et l'accompagnement de son entrée dans le Monde. Pourvu que cette société ne soit pas dure pour elle... qu'elle n'y soit pas trop bousculée ou confrontée à des bassesses que sa bonté ne méritait clairement pas.
Il chassa cette crainte quand il entendit le compliment de Bélyl sur son prénom - et surtout entendit parler de l'ouvrage dont il provenait. Apparemment, les nonnes lui avaient laissé lire de beaux romans comme ceux-ci et, même si l'objectif était pour elles de disserter de sa morale, tout le reste du texte aurait sans doute imprégné la jeune femme et l'aurait fait rêver, voyager, trembler avec les personnages. Tristan ressentait de telles émotions quand Lénius lui contait des mythes ou des lectures qu'il avait eues naguère.

-- Oui j'connais cette histoire de Tristan et Yseult. Mon meilleur ami, il est très savant, il me l'a contée une fois. (sourire amusé) Même qu'y dit que moi aussi, j'suis un chevalier des rues et des bois !

Chevalier... La plaisanterie comportait malgré tout un fond d'aigreur. Il était surtout un esclave désormais... quoique Lénius affirmait la présence des valeurs chevaleresques dans leurs gestes au quotidien, qu'importait la classe. Tristan évinça la question pour ne pas parler davantage de lui - il préférait rester secret - et reprit :

-- C'est une grosse question, qu'y a dans ce roman ! Est-ce qu'y faut désobéir par amour... Rompre ses serments devant le roi et la hiérarchie, quand la passion prend le dessus. En plus, Tristan et Yseult, y finissent par s'aimer vraiment quand l'effet du philtre part.

Tristan se gardait bien de regarder vers Alexandre tandis qu'il parlait ainsi d'amour. Il avait été déçu. Trahi et jeté. Le moindre mouvement de pupille vers son ancien amant aurait laissa transpirer toute sa colère - mêlée de chagrin.

-- Y a d'aut' romans que vous aimez ?

L'esclave souhaitait occuper le chemin du retour à de belles histoires, plutôt que de penser à la religion, aux regrets, à Alexandre... et à leur maître qui les accueillerait sévèrement comme de coutume.

Bélyl hocha la tête envers Alexandre. Effectivement, après tout le destin avait été avec elle. Elle le détrompa cependant pour le reste.

- Oh ma mère m'en a certes parlé mais je faisais davantage référence à mère Suzanne, la mère supérieure du couvent qui m'a accueillie durant un an. J'avais effectivement songé à entrer chez les soeurs Clarisse. j'ai passé un an dans un couvent mais j'ai vite compris que la vie recluse ne me convenait pas. Mère Suzanne pense que je suis faite pour diriger une maison, aussi sûr que mon père dirige une armée.

Elle rit un peu de sa plaisanterie cependant cessa vite quand Alexandre raconta son histoire. Elle baissa un peu la tête.

- Oh je... je suis désolée. Cela a toujours été égal à mes parents, tant que cela me rendait heureuse... Il est triste que tous les parents n'est pas le même désir de faire le bonheur de leurs enfants.

Alors qu'il semblait se renfermer, elle se tourna de nouveau vers Tristan, préférant le laisser à sa méditation. Elle sourit à l'esclave.

- C'est sans doute vrai ! Ma mère a toujours aimé la symbolique des prénoms. Elle dit souvent qu'ils nous lèguent l'héritage de ceux qui ont vécu avant nous.

Quand il parla du roman en lui-même, elle devint plus songeuse.

- Oui c'est juste. La passion est toujours si forte, il est dure d'y résister. Mais il le faut bien, sinon où irait-on !

Elle rougit un peu quand il parla d'autres romans. Elle se mordit la lèvre mais se sentait d'humeur à faire des confidences. Et après tout, s'il était à son oncle, il se verrait souvent ! Autant donc entretenir une relation amicale, cela lui ferait sûrement plaisir ! Lui qui craignait toujours les infirmes et leur tendance au Mal, elle pourrait ainsi l'aider. Mère Suzanne pensait en effet qu'en étant agréable, gentil et compatissant comme l'avait été le Christ, on repousserait loin le démon. Oui, oncle Matthieu serait certainement ravi en les voyant arriver tous ensemble dans l’allégresse. Elle se tordit un peu les doigts mais avoua sur le ton d'une confidence.

- Mère me faisait traduire du grec et a continué à m'envoyer des exercices au couvent. Elle me donnait des extraits de Daphnis et Chloé. J'ai fini par traduire le roman en entier et je le relis souvent. les pastorales de ce genre sont peut-être de simples divertissements mais je ne peux m'empêcher de beaucoup l'aimer !

Elle espéra qu'on ne la trouverait pas trop frivole. Cependant, elle songea alors que ces deux jeunes gens ne connaissaient peut-être pas ce roman. Elle pencha la tête en se mordant encore une fois la lèvre.

- Mais suis-je sotte... peut-être ce roman vous est-il inconnu ?

Alexandre eut un sourire maladroit en entendant sa méprise sur sa mère et celle d'un couvent même si celle-ci n'avait rien d'une grande erreur. Dans leur langue, un même mot pouvait parfois prendre des sens différents. C’était là leur belle magie.

"Je vois. Vous avez en effet beaucoup de chances d'avoir pu choisir. Dans bien des familles, seules les décisions des parents, en particulier du père, tiennent leu de vérité universelle. C'est malheureux mais c'est ainsi.

Il songea en même temps à son propre père forcé à embrasser la religion contre ses principes. Les destins contrariées étaient bien plus communs que ceux favorisés par l'écoute des parents. Durant cette triste méditation, Bélyl discutait avec Tristan de littérature. Il les laissa tranquille. Son ancien amant n'aimerait pas l'entendre se mêler à leur échange. Pas après cette trahison douloureuse mais indispensable. Il entendit cependant Tristan questionner son interlocutrice sur la bonne décision à prendre entre passion et raison. Son visage se durcit. Ses traits restèrent tendus, même quand Bélyl prit involontairement son parti. Il crut bon alors d'intervenir :


"Je partage votre opinion, mademoiselle. Le devoir avant toute chose. C'est un principe d'honneur que l'on doit à soi et à sa famille. Même forte, une passion se doit être dominée si elle est dangereuse ou mauvaise. Cela est ainsi."

Il s'exprima d'une voix inflexible et évita de regarder Tristan. Alexandre laissa ensuite la conversation se poursuivre et avança seul devant ses compagnons de route.

Tristan demeurait songeur aux révélations de Bélyl. Son père, le général... Ironique tout de même, que Dame Irène recueille les esclaves tandis que son frère les capture. Un plissement narquois fendit une seconde le visage de l'esclave mais il s'empressa de le chasser, pour s'intéresser plutôt à cette affaire de réclusion dans les ordres. Lui-même avait entendu cette critique, quand il était choyé par les trois Nonnes-Gitanes qui avaient choisi de composer leur propre petit ermitage dans une forêt, plutôt que de demeurer enfermées. Ce seul souvenir le radoucit. Il ne put s'empêcher de laisser sa petite voix commenter :

-- J'comprends. J'connais des Sœurs qui pensent la même chose, elles aiment bien leur fonction de nonne, mais pas l'enfermement. D'ailleurs y en a dans la forêt... leur ordre c'est la Garde Prudence. Eh b'en elles sortent, elles vendent des trucs en ville, et elles sont dans les bois. Ça change pour sûr !

Ce style de vie n'aurait d'ailleurs pas déplu au jeune esclave. Mélancolique, il se demanda ce que pouvaient devenir la Sœur Hilde et ses congénères. Il s'était senti si apaisé auprès d'elle, n'ayant même pas eu l'impression de s'adresser à une autorité cléricale, alors que d'ordinaire le pouvoir de ces gens a quelque chose d'intimidant.

Et tant qu'à parler de choses intimidantes, Alexandre soutenait Bélyl quand celle-ci affirmait que la passion devait se voir contrôlée. Tristan ravala un soupir : sans doute avaient-ils raison. Même si, en l'occurrence, cela impliquait dans le cas du béquilleux un reniement de ses attraits naturels et de son amant. Heureusement, Alexandre choisit de s'écarter du groupe et de clopiner au-devant. Tristan prit cela comme un signe et lui-même laissa là le sujet embarrassant.
Bélyl lui résumait un roman - ce qui lui plaisait bien davantage ! Elle l'avait même traduit ! Tristan écarquilla les yeux, toujours aussi admiratif des gens instruits... et quelque peu envieux...

-- Wow ! Qu'est-ce que vous d'vez êt' savante ! (Un temps, d'une voix toute timide et presque honteuse, il ajoute pour lui répondre) Euh... Oui... Enfin non... enfin j'connaissais pas ce texte. J'sais pas lire. C'est grâce à mon ami qu'est très instruit, un troubadour, que j'connais quelques histoires et des chansons. (Et là-dessus, tout enthousiaste à l'idée d'entendre un nouveau récit) Vous me raconteriez ?

Cela les occuperait jusqu'au retour, bientôt très proche, à l'hôtel de leur maître.

Bélyl ne put que baisser la tête aux dires d'Alexandre. Elle avait de la chance que sa famille ait toujours préféré donner le choix à ses membres. Même son grand-père avait attendu de voir si sa tante appréciait oncle Antoine. Elle était bien consciente d'être privilégiée. Elle fut alors intéressée par le discours de Tristan.

- Oh, c'est original ! Je n'en avais jamais entendu parler.

Elle ne sait si ce serait correct d'en demander plus. Après tout, elle est là pour un moment, elle pourra toujours aller voir par elle-même. Peut-être est-ce cela qui conviendrait à Jeanne. Elle qui a toujours aimé la nature et veut rentrer dans les ordres. Et si jamais elle épouse un noble d'ici, elles se verront souvent !

Tout à sa rêverie, elle est alors surprise par la réflexion rude d'Alexandre.

- Euh... certes.

Il se mit alors à avancer jusqu'à les devancer. Bélyl pencha la tête. Etrange ce garçon... Mais après tout, si quelque chose le préoccupait, ce n'était pas ses affaires. Elle préféra se concentrer sur Tristan et lui sourire. Elle rougit à son compliment.

- Oh pas tant que ça... et sans doute ai-je laissé quelques approximations mais ma mère a dit que cela restait compréhensible.

Elle se sentit alors maladroite quand il lui avoua ne pas savoir lire. Quelle idiote... Elle oubliait souvent que des miséreux comme lui avait bien d'autres choses à penser... Elle se redressa cependant, cherchant comment rattraper son erreur.

- Je suis désolée, je n'y songeais pas... Mais je sais ! Peut-être pourrais-je vous apprendre à lire ? Oncle Matthieu n'en a sans doute pas le temps mais mère Suzanne dit que j'ai des qualités d'enseignement. Ce serait quelque chose de formidable, qu'en pensez-vous ?

Alors qu'elle le laissait réfléchir, elle enchaîna pour exaucer sa demande de connaître l'histoire. Elle adorait la faire partager, bien qu'on puisse la trouver frivole.

- Eh bien c'est l'histoire de deux enfants qui sont chacun abandonnés puis recueilli par des bergers après avoir été nourri par une chèvre pour le garçon et par une brebis pour la fille. Les deux familles prennent cela pour un signe divin, d'autant que le dieu Amour vient les avertir qu'un destin légendaire les attend tous les deux. Alors qu'ils grandissent, ils comment à se voir d'un autre oeil, notamment quand Chloé observe Daphnis se laver dans une source. Ils découvrent peu à peu les prémices de l'amour mais Daphnis est enlevée par des pirates ! Heureusement la tempête lui est propice et il parvient à regagner le rivage. Un homme va ensuite leur enseigner ce que l'Amour veut qu'ils fassent mais en bons jeunes gens chastes, ils ne savent comment s'y prendre. C'est alors qu'un peuple qui est en querelle avec les berges fond sur la province et enlève Chloé. heureusement pour elle, le dieu Pan lui vient en aide et la renvoie auprès de Daphnis. Une femme va alors enseigner à Daphnis les usages de l'amour mais celui-ci ne veut pas faire de mal à sa bien-aimé. Malgré tout, il prend son courage à deux mains pour la demander en mariage contre de nombreux prétendants, avec l'aide des Muses qui lui envoient une bourse. Le mariage est prévu, mais là arrive un important coup de théâtre ! Le propriétaire des terres des bergers arrive pour bénir le mariage et il apprend que Daphnis est un enfant trouvé. Avec les objets de reconnaissance, il peut alors l'identifier comme son fils. Chloé est alors éperdue de chagrin, car elle pense que son amour, maintenant qu'il est noble et riche, refusera de l'épouser. Elle se fait enlever par un autre prétendant mais un homme, qui avait d'abord fait des avances à Daphnis s'amende pour la retrouver. Le père de Daphnis, quand il apprend des parents de Chloé qu'elle a aussi été adoptée, cherche lors d'un banquet à retrouver son père et y parvient. les deux jeunes gens peuvent alors enfin se marier et connaître le véritable amour, tout en restant des gens simples à la campagne.

Bélyl pose une main sur sa bouche en se rendant compte qu'elle a été bien bavarde. Elle se tait un instant pour laisser Tristan juger si cette histoire lui plait.

Alexandre progressait au devant son ancien amant et la jeune fille, laissant quelques mètres entre eux et lui. Les bribes de leur conversation lui parvenaient et le désolaient de ne pas pouvoir s'y mêler. Cela aurait été cruel. Il avait suffisamment fait de mal à Tristan. Il se porterait mieux sans sa présence. Si seulement il n'était pas entré dans cette maudite auberge ! Lucrezia aurait été agressé par le père Thierry ? Et alors ? C'était une criminelle. Une incendiaire. Elle ne méritait pas de pitié. En avait-elle eu, elle, quand elle avait allumé ce feu qui aurait pu réduire tout un quartier en cendres ? Au fil de ses épreuves, son cœur se durcissait. Il se rapprocherait bientôt, pas à pas, de celui du seigneur de Frenn. Un jour, ce dernier serait fier de lui et lui adresserait même des félicitions peut-être.

Alors que ses pensées s'égaraient il fut ramené à la réalité par la voix de Bélyl qui contait l’histoire de ce roman classique. Elle contait bien mais l'intonation manquait un peu rythme et retranscrivaient assez peu les émotions que le récit pouvait donner. Son esprit composa un quatrain qui résuma l’œuvre en peu de mots. Il se garda de le communiquer. Ils penseraient qu'il souhaiterait se mettre avant. il ne voulait pas. Alexandre voulait juste une vie ordinaire, tranquille, sans ennuis. Mais c'était peut-être trop demander....

Son regard se posa aux alentours et examina où ils se trouvaient. Il se tourna :

"Nous approchons de l'auberge, mademoiselle. quelques rues, encore."

Replongé d'un coup dans tous ses souvenirs d'enfance - et notamment de cette merveilleuse années en compagnie de ces nonnes bien singulières - Tristan eut son visage comme illuminé, le regards rêveur. Avec autant d'enthousiasme que de douceur dans la voix, il reprit - tout fier de parler de ses trois mères :

-- Oh sûr, mais j'comprends qu'vous ayez jamais entendu leur histoire. Elles étaient discrètes faut dire. Elles aimaient pas qu'on parle trop d'elles. Elles aimaient juste faire leur vie, voyager, semer un peu d'aide, de savoir, et beaucoup de plantes là où elles allaient. Là où y avait besoin.

Ses épaules dansotèrent quelques secondes alors qu'il contant et roulait un peu plus rapidement, maintenant que la route était plus praticable. Il aurait voulu glisser un regard fier vers ses bijoux en hommage à ces nonnes-gitanes... mais le cardinal lui avait formellement interdit d'en porter à l'avenir... Tant pis. Elles étaient dans ses souvenirs et dans les éloges qu'il en faisait à autrui. Si ça se trouvait, elles étaient même quelque part dans la Nature, par leurs âmes.

A son tour, Bélyl lui offrit des souvenirs : un beau roman d'aventures. Tristan se laissa plonger dans le récit, imaginant le dieu Amour, les rives où vivaient ces bergers aimants, les enlèvements, les cohortes de prétendants... C'était prenant comme une pièce de théâtre ! Et sûrement encore plus agréable à lire. D'ailleurs, il en crut à peine ses oreilles en entendant Bélyl lui proposer un encore plus gros cadeau.

-- Me... M'apprendre à lire ? V.... (très ému, les yeux brillants) Vous feriez ça... pour un esclave ? Mais est-ce que c'est pas inconvenant ? Est-ce que votre oncle, y risque pas d'être très fâché ?

Questions de précautions, mais qui cachaient un tel espoir dans le tambour de son cœur ! C'était la première fois qu'on le lui proposait. Même Lénius, ami et frère, ne s'y était pas aventuré : il n'avait pas le temps pour cela, trop occupé à survivre au quotidien... La joie fut quelque peu ternie par l'annonce d'Alexandre : ils arrivaient chez le maître.

Spoiler:

Bélyl ne se sentit pas légitime à répondre à Tristan. Il semblait tellement impliquée et elle était si ignorante. Peu importe, cela lui plaisait de l'entendre et c'était l'essentiel. Elle remarqua d'ailleurs sa façon d'onduler, un peu comme un chat. Peut-être savait-il danser, peut-être était-ce son métier avant de devenir esclave. Elle aurait voulu lui poser la question mais se retint, songeant que ce n'était pas poli.

Elle remarqua avec enthousiasme qu'il aimait le récit et frémissait à chaque mot. Il bredouilla alors à sa proposition Bélyl s'éclaira.

- Mais non voyons ! Au contraire, les amies de ma mère dise que de nos jours, c'est absolument essentiel d'avoir un esclave instruit. Bien sûr, j'aimerai mieux qu'on puisse se passer de l'esclavage, mais étant donné qu'il existe, il faut bien faire avec... Enfin bref ! Je suis certaine qu'au contraire oncle Matthieu sera ravi ! Imaginez, vous pourrez l'aider à trier son courrier, cela l'aiderait énormément tant ses obligations au Saint Siège sont écrasantes. Il approuvera certainement mon idée, je lui en parlerait dès que nous le verrons !

Elle entendit d'ailleurs Alexandre annoncer leur proche retour. Bélyl sourit plus largement et envoya un regard plein d'espoir à Tristan. Ce serait sans doute un très bon séjour !