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[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]

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[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Empty Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]

Message par Cassandre Velasquez Dim 8 Mar - 21:59

[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Louise11[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Isabel12
Isabelle, 38 ans, patronne du Lupanar
Louise, 41 ans, co-gérante du Lupanar

En entendant les réponses fournies respectivement par Louise, puis Lucretia, elle hocha la tête. L'explication convenait. Il fallait peut-être mieux pour l'esclave retourner auprès de sa maîtresse. Le mot la choquait toujours et provoquait malgré elle une grimace. Théodosie semblait gentille. Mais les propriétaires n'aimaient jamais laisser leurs propriétés sans surveillance.

"Je vois, ma chère amie. Va donc t'atteler à cette tâche. Ton confort est important. N'oublie pas de te prendre aussi de chaudes couvertures. les nuits sont froides en ce moment."

A cet instant, Lénius s'insurgea sur la présence de cette esclave et ne comprenait pas qu'une femme se prostituant puisse en posséder une. Isabelle se retourna et sourit.

"Théodosie est une envoyée du Ciel ! Je souhaitais ne plus avoir d'esclaves à prostituer ici. Pour moi, c'est indigne. Mais je ne pouvais les garder. Nourrir huit filles qui ne font rien... c'est un commerce. On ne pouvait pas... Le marchand a fait des difficultés et Théodosie s'est proposé à prendre une, gratuitement, en échange de ses services. Au moins... Au moins, nous avons pu sauver une de ces malheureuses qui sont retournées dans le système."

Louise grimaça, se rappelant de la scène surprise peu de temps auparavant. Elle se retint de l'évoquer. Isabelle, dans sa grande bonté d'âme, trouverait moyen de l'en excuser. Il y aurait d'autres moyens de la faire tomber.

Isabelle baissa le regard devant le son de la voix de Lénius qui apprenait dans quelles mains diaboliques étaient tombées son ami Tristan. Le pauvre enfant ! A cela se rajoutaient les annonces des arrestations et de l'enlèvement. Ce n'était pas sa journée à lui non plus !


"Je suis désolée..."

C'étaient des paroles faciles. Mais Isabelle ne savait pas en prononcer de meilleures. Que dire devant de telles catastrophes ? En retrait, Louise gardait aussi le silence, peinée par cet homme singulier à la tristesse sincère pour son ami.

Soudain, Lénius s'insurgea à nouveau, contre Alexandre. isabelle l'approuvait.


"En effet, ce garçon est pourri jusqu'à la moelle. Comme son père. Si vous le voyez, écrasez-le donc sous vos roues !"

Louise s'étonna de la véhémence de sa chère amie qui ne lui ressemblait, à moins d'avoir une raison justifiée. Ce garçon, Alexandre, devait être ainsi abominable. En même temps, il avait dénoncé les pratiques, vraies ou fausses, à son maître, un cardinal. C'était loin d'être correct. Son regard fixa Lénius, de plus en plus peiné pour l'abattement dans lequel il sombrait. Malgré son dégoût de la chose avec les hommes, Louise s'avança et prit l'infirme avec tendresse dans ses bras.

"Ce n'est pas votre faute, Monsieur Lénius. Rien de tout ceci n'est votre faute. Si vous le voulez, pour faire oublier à votre esprit les fautes de l'établissement envers votre ami, je passerai la nuit avec vous."

Sous le regard troublé d'Isabelle, elle posa un baiser sur le front de Lénius. Avec un peu de chance, il ne souhaiterait qu'un peu de réconfort. Cela arrivait parfois. Certains clients payaient une fille juste pourparler et soulager leur conscience.

Une dernière question vint enfin. Isabelle répondit avec sincérité :


"Je ne sais depuis quand exactement Tristan était présent. Moi, je l'ai découvert le 13 au matin. il a passé quelques heures avec Blanche. Mais avant... Avant, je ne réponds de rien. l'intendant avait ses secrets, bien gardés, et il aimait l'argent. Il ne serait pas impossible que..."

Par décence envers son interlocuteur, elle n’acheva pas.
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Message par Le Cent-Visages Sam 14 Mar - 20:55

[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Lzoniu10

Lénius, troubadour difforme en fauteuil roulant, 27 ans

L'évocation de Tristan sembla rappeler des souvenirs à Lucretia : à en croise son expression, elle l'avait vu. Ne fut-ce qu'un petit moment, assez pour qu'elle en soit marquée. Mais elle parut surprise de découvrir le reste de l'affaire - sans doute était-elle tenue à son rôle de servante ou de catin, sans n'avoir rien su de ce que Blanche des Roses et Bastien avaient organisé céans. L'infirme retint une légère grimace à l'appellation de "sa maîtresse", avant de se dire qu'au moins cette jeune femme ne serait plus prostituée puisque tel était le contrat.
Contrat dont justement Isabelle lui révélait les mécanismes : un arrangement curieux entre Greeglocks et cette nouvelle fille du Lupanar - Théodosie. Une envoyée du Ciel ? Son athéisme invétéré le fit sourire par réflexe à la formule, cependant ce rictus pouvait passer pour une approbation compatissante au récit de la patronne.

-- Eh bien il me tarderait de rencontrer cette Théodosie, grâce à qui Mademoiselle (rapide regard vers Lucretia) peut rester céans et au moins éviter le risque de tomber sur pire situation.

Là encore, c'était par défaut que Lénius soulignait le verre à moitié plein : rester esclave, mais demeurer au Lupanar et avec ces nouvelles conditions, cela signifiait ne pas se frotter au hasard qui aurait pu la faire acheter par Diable-savait quel mauvais maître. Toujours, se rappeler de la leçon des "Grenouilles qui réclamaient un roi" d’Ésope. Néanmoins il espéra que ladite Théodosie ne profiterait pas à sa façon de son pouvoir sur Lucretia. Qu'elle avait bel et bien agi par charité et pour se trouver ainsi un emploi à elle aussi. L'homme difforme ne vendait pas la peau de l'ours avant de l'avoir occis, il connaissait les vilenies dont un âme était capable et se dit que le temps offrirait de découvrir tout cela.

Comme Louise et Isabelle revenaient à présent au cas d'Alexandre et de ce qui s'était produit au Lupanar ces derniers jours, il hocha gravement la tête pour signifier en rester là dans les mots... mais ne rien oublier de ce qu'il devrait à ce maudit béquilleux. Il le répugna désormais presque autant que le seigneur de Frenn. Et dire qu'il aurait peut-être à faire équipe avec ce fourbe de Thierry d'Anjou - tel père tel fils - pour obtenir réparation. Au moins, le père assumait son cynisme quand le fils se drapait dans sa morale d'esclave.
Déjà mis dans de mauvaises dispositions par ces rappels, Lénius entendit la réponse - au moins honnête - quant à ce qui avait été fait de Tristan. Un aveu d'ignorance. Son souffle se coupa. Il lui fallut autre chose à quoi se raccrocher. Encore un espoir de savoir. Un dernier... Il essaya, déjà un peu plus bafouillant :

-- Et... n'avez-vous pas... quelque registre où sont consignées toutes les activités et rentrées d'argent de l'établissement ? (à Lucretia) Et vous, vous avez vu Tristan, n'est-ce pas ? Savez-vous quelque chose ?

Ce fut le moment que choisit Louise pour lui faire une proposition très déplacée vue la situation. Mais que croyait-elle ? On parlait de la possible exploitation de son ami... et elle s'imaginait qu'avec un petit coup de rein cela irait mieux ? Était-ce vraiment ainsi qu'elle le percevait ? Lui, ou la gent masculine dans son ensemble. D'autant que s'il avait souhaité une passe, il l'aurait payée. Sans charité. Lénius choisit de ne pas se courroucer et de voir que Louise, certes maladroitement, compatissait à sa peine et cherchait sincèrement à l'aider. Seul son visage se sera fait plus dur mais il ne lancera aucune remarque coupante. Il n'en avait guère l'énergie.
Lénius chercha même plutôt à faire diversion aussitôt. N'importe quoi d'autre qui fasse retomber la tension. La première idée qui lui vint fut de répliquer :

-- Non. Encore une fois, je ne viens certainement pas pour cela. (Un temps) En revanche je ne serais pas contre manger un petit quelque chose. N'importe quoi, ce que vous avez. Je paierai.

Il se tourna alors vers Lucretia :

-- D'ailleurs si vous souhaitez vous joindre à nous, ainsi que Théodosie ? (Se rappelant soudain qu'elle était partie chercher un matelas et qu'elle se faisait peut-être attendre, ne voulant pas être la cause d'un embêtement) Oh mais pour le moment je ne vous retarde guère davantage.
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Message par Théodosie Mer 1 Avr - 21:55

[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Servan10
Lucretia, esclave de Théodosie

Lucretia scrutait les yeux implorants de Lénius à la recherche d'une parole rassurante à propos du destin de Tristan au Lupanar. Il y avait quelque chose de touchant à le voir ainsi aborder sa blessure, celle d'un ami mort d'inquiétude. Il était impossible à Lucretia de ne pas y répondre :

- Je suis sûre qu'il n'est rien arrivé à votre ami. Nous devrions vérifier les registres, Louise peut sans doute vérifier cela, n'est-ce pas ?

Aucune des trois femmes ne voulait éteindre cet espoir qui animait encore Lénius. Isabelle y répondit à sa manière en marchandant son manque de réponse contre son corps. C'était déplacé et Lucretia fut soulagée que Lénius refuse : il avait bon coeur et le prouvait à nouveau en refusant de prendre avantage de la fragilité d'Isabelle. Lucretia repéra cependant quelque chose de blessé dans l'ego de la jeune femme, une faille qui ne pourrait qu'attirer des ennuis au Lupanar.
L'esclave fut surprise que Lénius l'invite à rompre le pain avec elle. Il semblait la compter encore comme une égale, alors qu'elle n'était qu'une femme doublée d'une esclave, ancienne putain. Peu d'hommes lui auraient montré le même respect.


-- J'accepte votre proposition, lui répondit-elle en gardant cette contenance qui ne laissait pas entrevoir combien elle était reconnaissante envers Lénius de sa proposition. Je vais tout de suite chercher ma maîtresse et lui demander si elle souhaite nous rejoindre.

Elle se sentit soulagée de devoir rejoindre Théodosie et devoir lui demander la permission. Encore un peu et Lucretia aurait même oublié qu'elle était toujours esclave.
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Message par Cassandre Velasquez Jeu 2 Avr - 23:03

[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Louise11[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Isabel12
Isabelle, 38 ans, patronne du Lupanar
Louise, 41 ans, co-gérante du Lupanar

La mine de Lénius qui accusait difficilement toutes ces révélations au sujet de son infortuné ami les toucha. Il faisait peine à voir. Louise se tordait les mains, malheureuse de cette détresse sous ses yeux. Le troubadour s'inquiétait encore des préjudices subis par Tristan. Soucieuse de le rassurer, Louise s'avança vers l'armoire où on gardait les registres. Lucretia énonçait à voix haute ce qu'elle-même escomptait faire. Le dos tourné, elle retint un sourire. Il n'y aurait aucune trace des trafics illégaux là dedans. Blanche et l'intendant ne laissaient, bien sûr, rien au hasard. Mais Lénius, lui, ne pouvait le savoir.

Alors que Louise ouvrait l'armoire, elle s'obligea à chercher les livres du regard. Elle en prit un au hasard et l'ouvrit au milieu lorsque Isabelle s'exclama :


"Allons, Louise, Blanche et Bastien n'écrivaient rien dans les registres sur une activité proscrites. Ils devaient être ravis de faire payer les tarifs les plus élevés."

Elle se tourna vers Lénius.

"Je suis désolée, monsieur, mais je préfère être honnête, avec vous. Dans les faits, Tristan semble n'avoir pas eu le temps de faire ces choses. Mais on ne sait jamais. Bastien pouvait être si vil et intéressé par l'argent. Il est possible qu'il ait pu faire une passe ou deux."

Louise soupira. Elle aurait préféré dissimuler et assurer à Lénius n'avoir trouvé, dans le registre, aucune mention sur Tristan. Cela ne servait à rien de ne le torturer inutilement. Elle comprenait l'honnêteté mais parfois un mensonge ne faisait pas de mal.

Peu après, Lénius déclina son offre. Cela réconfortait Louise. Elle aurait du mal à honorer cette promesse même si elle sentait que cet homme-là aurait été plus clément que bien des climats. D'ailleurs, il les invitait à dîner. elle sourit et s'assit à table.


"Je vous en remercie, monsieur euh.. Puis-je vous nommer simplement Lénius ? Vous paraissez un homme bon et je suis navrée de la peine qui vous afflige."

Au même moment, Isabelle confirma à Lucretia ses ordres :

"Va apporter ce matelas, oui, et demande à Théodosie de nos rejoindre. Ce sera plus convivial de manger entre amis !"
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Message par Le Cent-Visages Dim 5 Avr - 11:22

[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Lzoniu10

Lénius, troubadour difforme en fauteuil roulant, 27 ans

Au travers des mots de Lucretia, Lénius sentait qu'elle partageait sa peine et voulait le soutenir de son mieux en appuyant sa proposition. Ce à quoi Louise obtempéra de ce pas en allant à la pêche aux informations - avant toutefois qu'Isabelle ne pointe une évidence. Évidence que Lénius ne voulait pas voir et dont il s'était protégé en demandant avec une telle insistance à consulter les registres : bien évidemment que ces malfrats de Blanche et Bastien ne devaient pas consigner leurs affaires les plus sordides ! Que des passes auxquelles ils auraient contrait un esclave enlevé par leurs soins risquaient fort de ne pas y apparaître. Aussi Lénius dut-il encaisser la réponse d'Isabelle : le chose était possible. Il laissa lourdement retomber ses épaules dans un mouvement d'impuissance. Il faudrait vivre avec cette éventualité. Et faire de son mieux pour aider Tristan à s'en réparer, à partir du moment où il le reverrait. Jamais cependant son ami ne lui poserait directement la question : son jeune comparse lui en parlerait ou non, de façon frontale ou à demi-mots... Lénius s'adapterait.

Il hocha la tête et choisit de clore ici le sujet. Ces femmes avaient fait de leur mieux pour le renseigner et il ne leur en demanderait pas davantage. Lénius souffla donc un sobre :

-- Entendu. Merci. (Un temps) Oui bien sûr, appelez-moi Lénius.

Là-dessus, il s'appliqua à retrouver une mine plus avenante. On allait passer à table, une fois que Lucretia se serait acquittée de ce transport de matelas, et Lénius pourrait faire la connaissance de cette Théodosie. Il suivra Louise et Isabelle vers la pièce réservée aux repas et tâcherait de profiter de ce moment pour connaître un peu mieux les deux nouvelles patronnes de cet établissement, ainsi que cette nouvelle fille apparemment arrivée dans d'étonnantes circonstances. Pourvu que tous ces changements signent l’ouverture d'une page neuve pour cet endroit et la façon dont on y considérait les plus vulnérables.
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Message par Théodosie Jeu 9 Avr - 20:26

[quote="Théodosie"]
[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Servan10
Lucretia, esclave de Théodosie

Lucretia sentit bien la plaie de Lénius laissée par l'éventualité qu'on ait pu abuser de Tristan. Elle ne put soutenir ces épaules pesantes, ce regard baissé, l’éventualité d’une incertitude qui pourrait durer une vie. Il faudrait se lever, manger, se coucher, vivre et accepter de ne peut-être jamais savoir. Tout ne tiendrait plus qu’à ce fil entre l’acte et son fantasme, imaginer une réponse, puis le lendemain, une autre.
L’idée était insupportable à Lucretia qui rejoignit sa maîtresse avec son pauvre matelas. D'un pas rapide, mais discret, elle revint à la chambre et fit parvenir à Théodosie l’invitation d’Isabelle et Lénius. Celle-ci jugea plus sage de se plier aux premiers souhaits de la maquerelle, les plus importants pour continuer à endormir sa méfiance. Elle aurait préféré enfin se prélasser dans sa nouvelle chambre, mais ne pouvait refuser un repas fourni gratuitement. Lucretia ne jugea pas nécessaire de lui parler des questions de Lénius concernant Tristan, ni sur l'apparence du noble. Elle insista cependant sur sa bonté et la belle articulation de ses paroles.
Avant de les rejoindre, Théodosie opta pour une simple robe noire à col carré, sans même un vertugadin pour lui donner un peu de volume. Elle dut bien coiffer sa chevelure sauvage encore légèrement humide. Lucretia l’aida au maquillage comme elle put en tentant de blanchir cette peau trop sombre pour les bonnes mœurs. Une mouche de taffetas sur la joue droite devait rehausser sa délicatesse.
Lorsqu’enfin, elle fut prête, Théodosie descendit rejoindre Lénius, Louise et Isabelle en compagnie de Lucretia qui se tenait juste derrière lui. Celle-ci se figea lorsqu’elle remarqua Lénius et sa morphologie proche de celle d’un ogre.

- C’est Lénius dont je vous ai parlé, lui murmura Lucretia.

Ainsi donc étaient les choses. Alors, il faudrait jouer. Après avoir salué ses maîtresses et Lénius avec le peu d’élégance dont elle était capable, Théodosie s’arrêta de nouveau sur le visage de Lénius :

- Votre visage me dit quelque chose, monsieur, nous nous sommes rencontrés… Oui, il y a deux jours, le parvis de l’église et le cardinal, je me souviens. De l’Eglise aux putains, voilà qui est inattendu.
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Message par Cassandre Velasquez Jeu 9 Avr - 22:33

[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Louise11[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Isabel12
Isabelle, 38 ans, patronne du Lupanar
Louise, 41 ans, co-gérante du Lupanar

Pendant que Lucretia remontait à l'étage apporter son matelas dans sa chambre et avertir Théodosie du repas, les deux prostituées passèrent dans la salle à côté. Une table bien plus ordinaire se trouvait au centre. il n'y avait personne d'autre. Les autres prostituées dînaient ville ou dans leur éventuelle famille. Un dernier plaisir avant le travail. Isabelle invita Lénius à s'installer tandis que Louise apportait de la cuisine un ragoût et serait les convives.

Pendant que Louise faisait le service, Théodosie et Lucretia descendirent. Isabelle les accueillit d'un sourire radieux et leur montra des sièges. elle fut agréablement surprise de savoir que Lénius et sa nouvelle employée.


"Oh ? Vous vous connaissez ? Quelle agréable coïncidence ! Ah oui ? Un cardinal ? Pourrait-il... Est-ce le cardinal Cassain ? J'espère que non. C'est un être épouvantable, indigne de représenter Dieu."

Alors que Louise terminait le service en silence et s'asseyait près de son amie, Isabelle se tourna vers elle et sourit, joignant les mains.

"Avant tout repas, il est bon de prier. Louise, veux-tu nous réciter une psaume ?"

Louise opina et tira la Bible pour lire une psaume tandis qu'Isabelle fermait les yeux pour prier.
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Message par Le Cent-Visages Dim 12 Avr - 18:41

[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Lzoniu10

Lénius, troubadour difforme en fauteuil roulant, 27 ans

La fameuse Théodosie arriva finalement dans la salle, suivie de Lucretia. Lénius inclina aussitôt la tête pour saluer la nouvelle arrivante avant de s'arrêter plus longuement sur son visage. Un teint hâlé entouré d'une épaisse chevelure noire, assortie à la robe très simple qu'elle avait choisi de porter ce soir. Elle le reconnaissait et ce fut réciproque : il se rappela de l'incident sur le parvis, quelques jours auparavant, et de la malheureuse gitane venue mendier - avant de recevoir les coups sans retenue de Bastien. C'était bien elle ! Le hasard s'amusait à bien faire certaines choses. Lénius eut un sourire avenant et répondit avec enthousiasme à la bohémienne :

-- Ci fait, madame, ci fait ! Nous nous sommes effectivement vus l'autre jour avant le baptême. Je suis heureux de constater que vous avez finalement trouvé céans une place.

Travail que l'on acceptait rarement de gaieté de cœur, il le savait bien, mais il était infiniment mieux pour cette jeune veuve - encore en vieux vêtements et toute crasseuse il y a deux jours, pleurant son mari mort à la guerre - d'avoir désormais ce toit et ces revenus. Surtout si la maison passait désormais entre de bonnes mains veillant à l'éthique entre ses murs.
Là-dessus, décidant de verrouiller au plus profond de lui ses inquiétudes pour Tristan le temps de ce repas convivial, il arbora un rictus complice pour rétorquer à Théodosie :

-- Oh ! Je suis bien sûr qu'il y en a plus d'un, pour faire ce chemin de l'église à la maison-close. Quand bien même les principaux concernés préfèrent que cela ne se sache guère. (Un temps, taquin, à Isabelle et Louise) Je ne demanderai pas de noms et respecterai votre secret professionnel, rassurez-vous.

Il poussa un long soupir à la mention du Cardinal Cassin et confirma à Isabelle :

-- C'est lui en effet. Quelle froideur a-t-il affiché, pour Madame qui était si nouvellement veuve et avait besoin d'aide ! Sans parler de ce qu'il raconte au sujet des infirmes. (Un temps, s'installant à table et écoutant la demande formulée à Louise quant à la récitation d'un psaume) Soit. Les nourritures ne sont pas céans que charnelles.

Il se tut et se plia à l'usage de cette prière, fort étonné cependant de ce point d'honneur mis à réciter un bénédicité dans un bordel. Après tout ce royaume n'en était pas à ses premiers paradoxes. Par respect pour ces dames et pour l'accueil qu'elles lui avaient fait - promptes aussi à répondre au mieux à ses inquiétudes - Lénius penchera la tête et écoutera la prière. Son cœur n'y serait sans doute pas mis de la même manière que celui de ces dames, mais il prendrait ce temps comme une pause méditative et une façon de les honorer.
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Message par Théodosie Mer 15 Avr - 11:26

C'était la seconde fois que Théodosie était forcée d'avoir une conversation avec Lénius et cela avait quelque chose de révoltant. Elle savait mieux que quiconque que le destin savait se montrer surprenant, mais qu'il ne fallait pas rester aveugle à ses coïncidences. Elle dînerait donc à la table du monstre et saurait faire son devoir de putain puisqu'il fallait amuser le client. Elle ne montra rien des émotions qui la traversait comme des flèches et répondit simplement à Lénius :

- J'ai eu la chance que les gérantes m'aient trouvées facilement une place qui me permettra au moins de ne pas dormir dehors. Pour cela, leur en suis gré.

Théodosie s'amusa intérieurement de la plaisanterie de Lénius sur les hommes d'église, mais n'en montra rien devant Louise et Isabelle :

- Je ne connais pas encore très bien l'établissement messire. Je ne me permettrais pas de jugement hâtif sur les hommes d'église de ce royaume, mais garderai votre remarque en tête. L'expérience saura me confirmer ou non vos dires. J'ai néanmoins apprécié votre intervention l'autre jour et vous en remercie grandement (elle n'en pensait pas un mot, mais fit tout de même une révérence à l'invité).

Puis, ils s'installèrent à la table. Lucretia était habituée aux manières particulières du Lupanar et avait déjà les mains jointes pour la prière. Théodosie l'imita même si elle ne put s'empêcher de froncer discrètement les sourcils en pensant qu'on en faisait décidément beaucoup dans cette maison pour tenter de racheter une innocence déjà gâchée.
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Message par Cassandre Velasquez Ven 24 Avr - 18:55

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Pendant que Louise lisait une psaume sur les miséricordieux, Isabelle avait fermé les yeux et priait avec une ferveur qui ne pouvait être feinte. Elle saluait sa famille défunte puis enjoignait Dieu de protéger ceux qu'elle aimait. Après ce moment de prière, elle se signa et mit un léger temps avant de revenir à cette vie terrestre. Louise avait commencé à manger, trempant de bon appétit un crouton dans la soupe.

"Mangeons donc !"

Louise encourageait leurs invités à l'imiter. Isabelle les rejoignit et commença à goûter la soupe chaude de sa cuillère. Les récentes informations apprises au sujet de Théodosie lui revinrent.

"Ainsi, ma chère, vous avez connu cet homme ? Il vous a aidé contre le cardinal Cassain ? Quel homme détestable ! Je plains Tristan, coincé au service d'un maître cruel et en compagnie d'un esclave fourbe. Alors, ma pauvre amie, vous êtes veuve, c'est cela ? Comme je vous plains. Perdre son époux doit être une blessure terrible. A la fois morale, bien sûr, et qui en plus prive de toutes ressources. Je suis bien heureuse que nos chemins se soient croisés. le Ciel ne pouvait accorder, à l'une et l'autre, plus belle rencontre."

Louise se taisait, tendue, et étouffait les reproches qu'elle aurait pu adresser à Théodosie. Son attitude surprise dans la chambre restait en travers de la gorge. Cela n'était pas celle d'une femme qui venait de perdre très récemment son mari.  Il n'y avait aucun chagrin en elle. Elle s'était introduite en ces lieux pour profiter, telle une sangsue. Il allait falloir redouter de prudence ou ce vil serpent infesterait la maisonnée entière.

Isabelle reprit, enjouée,désireuse de poursuivre la conversation :


"Je ne comprends pas comment certains religieux peuvent à ce point se tromper sur les évangiles. Ils humilient les plus faibles, les stigmatisent. Ou ils se rendent effectivement régulièrement au bordel. D'ailleurs, avez-vous eu des nouvelles de ce prêtre de Saint-Eustache ? J'espère qu'il recevra un châtiment exemplaire. Si je ne m'abuse, le Ciel l'aura, lui, châtié. Après tout, cet incendie de la semaine dernière, c'était peut-être la main de Dieu pour punir un de ses vils représentants ?"

Louise écoutait d'une oreille distraite ces paroles et continuait à manger tout en épiant discrètement Théodosie.
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[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Empty Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]

Message par Le Cent-Visages Ven 1 Mai - 19:12

[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Lzoniu10

Lénius, troubadour difforme en fauteuil roulant, 27 ans

Lénius allait simplement hocher la tête - sans davantage insister - aux dires de Théodosie quant à sa chance d'avoir été reçue céans... lorsque Isabelle ponctua cette intervention par beaucoup de compassion quant à son sort de veuve. Oh sans doute était-elle sincère et d'une grande gentillesse à s'émouvoir ainsi, cependant Lénius s'en voulut à ce moment d'avoir rappelé en passant le décès du mari de cette nouvelle recrue. Après tout, elle ne tenait peut-être pas à cette pitié ni à se voir plaindre ainsi à table. Lénius se mordilla la joue et se donna contenance en dégustant déjà un premier verre, évitant le regard de la jeune bohémienne.

Aussi ne se trouva-t-il que doublement gêné de la révérence qu'elle lui adressa. Il répondit d'une voix d'abord pressée comme pour évacuer rapidement le sujet :

-- Oh mais je vous en prie. (Puis, plus calme, et revenant au plus plaisant sujet des clients sachant tomber la soutane : ) Vous avez raison, l'expérience le dira et je ne suis guère le mieux placé pour donner de telles expertises. Tandis que céans, vous devez en savoir long. Montre-moi comment tu couches et je devinerai qui tu es !

Il glissait cela en s'accompagnant d'un clin d’œil, se figurant les aisances de certains clients et les maladresses penaudes des autres, les douceurs de certains, les besoins de brutalité des voisins, tant d'autres marqueurs que seules les couches confessaient. Lénius fut arraché à ces pensées par l'émoi d'Isabelle au sujet du sinistre cardinal que Tristan avait pour maître.

-- Je veillerai à trouver tôt ou tard un moyen de revoir mon ami. (Comment, cependant, le tirer des griffes de ce propriétaire ? La question lui corsera le souffle dans un nouveau sentiment d'impuissance - mouche qu'il était devant les canons du pouvoir... aussi grande gueule fût cette mouche.) Hm... Peut-être faut-il voir aussi qu'en tant que livre écrit par les faibles humains que nous sommes, aussi inspirés par Dieu soient-ils, la Bible peut donner de quoi faire son beurre à l'homme le plus altruiste comme au pire des inquisiteurs. Il semble bien, oui, que la figure du Christ encourage les valeurs que vous dites... néanmoins qui veut trouvera des passages contre les infirmes, les pécheurs, les femmes ou ce que vous voulez... les y trouvera. Nous le saurions depuis longtemps si le message du Saint Livre était clair.

Lénius ne fut pas mécontent d'avoir su arrondir les angles. Il ne croyait pas. Sinon à une miette de vie prise entre deux néants. Mais il reconnaissait la Bible comme une grande compilation de textes de foi, ouvrant cependant un boulevard à toutes les interprétations possible, en tant qu'une infinité de strates et de visions qu'on y avait ajoutées en des millénaires.
Il ne se fit pas prier à se jeter sur la nourriture et la boisson, y espérant être suivi par les trois femmes, en clôture et échappatoire à des sujets si graves qu'il voulait désormais oublier un temps.
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[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Empty Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]

Message par Théodosie Ven 8 Mai - 12:18

Théodosie jugea qu’il était plus intelligent de ne pas trop en dire. Elle aurait pu continuer à inventer des mensonges sur la manière dont son pieux mari avait perdu la vie au service de Monbrina, mais il suffisait d’une information discordante pour que l’on commence à douter de ses supercheries. Elle se contenta de quelques hochements de tête pour appuyer les propos de chacun.

- Je ne connais pas ce prêtre dont vous parlez. Qui est-il et qu’a-t-il fait pour mériter châtiment ?

Théodosie ne savait pas tant sur ce qu’il se passait à la capitale. Jusqu’à présent, elle avait navigué à vue, mais peut-être était-il temps de s’intéresser aux complots qui se tramaient derrière le rideau de la bienséance. Un scandale était la meilleure manière de glaner quelques informations intéressantes.
Théodosie s’étonna des propos pragmatiques que Lénius tenait sur le livre sacré. Hérétiques diraient d’autres, bien loin des pratiques superstitieuses des roturiers. Elle se garda bien de les commenter surtout devant Isabelle, mais ne put contenir sa curiosité grandissante sur ce monstre qui dégageait un certain charisme :


- Messire, excusez ma curiosité, mais j’ai remarqué que vous aviez l’esprit bien affûté pour un simple roturier. Est-ce par votre métier que vous avez appris toutes ces choses ?

Lorsque Lénius commença à manger, elle ne se fit pas prier pour remplir son gosier encore bien vide. Elle se jeta sur une part de tourte, en prenant bien soin d’en choisir une que Lénius n’avait pas touché. Lucretia quant à elle, restait stoïque, visiblement attirée par ce qu’il y avait sur la table, mais n’osant pas y toucher sans autorisation.

- Allons Lucretia, lui dit Théodosie. Mange ! Vas-tu attendre chacun de mes ordres, même pour ta subsistance ? Il ne faut pas avoir peur.

Théodosie garda en tête la grande obéissance de Lucretia qui lui servirait sans doute par la suite.
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Message par Cassandre Velasquez Dim 10 Mai - 14:31

[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Isabel12[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Louise11
Isabelle, 38 ans, patronne du Lupanar
Louise, 41 ans, co-gérante du Lupanar

Louise continuait de manger tranquillement la soupe en trempant un quignon de pain dedans. La conversation ne lui plaisait pas plus que cela. Les coucheries des prêtres lui passaient par dessus la tête. qu'ils fassent comme ils voulaient,eux, et toute cette société bien-pensante ! Les paroles de Lénius retinrent alors son attention. Son opinion sur la Bible était juste et ses histoires, louables de base, servaient bien plus à encadrer la société qu'à délivrer un message de foi.

Isabelle, au contraire, fronça les sourcils.


"La Bible s'interprète, oui, mais les messages du Christ me paraissent pour moi limpides et il faut être bien manipulateur pour retenir les passages qui l'arrangent. L'honnêteté devrait un critère pour chaque personne."

Malgré son affection pour sa chère amie, Louise ne put retenir le cynisme qui la saisit :

"Il est vrai que notre monde se caractérise parfaitement par l'honnêteté. Il n'y a jamais eu, bien sûr, de gens qui abusaient de leur position."

Le regard d'Isabelle s'assombrit.


"Naturellement, oui, l'honnêteté n'est pas quelque chose de facile à atteindre. Mais c'est tout de même quelque chose qu'on devrait tous tendre."

Le débat entre elles n'eut pas le temps de se creuser. Théodosie venait de poser une question afin de savoir ce qui était reproché au père Thierry. Isabelle se renfrogna, austère.


"Ce prêtre a séduit une quantité de femmes. Il est hautain et méprisant. Il boit dans les tavernes et rentre à des heures tardives. Et il n'assure pas les premières messes, vous vous rendez compte ? Sa première messe commence au mieux à neuf heures ! Et souvent à dix heures !"

Louise commenta d'un air blasé en goutant à nouveau sa soupe.

"Quelle tragédie que cela doit être de ne pas assister aux matines..."

"Et en plus, ce prêtre a un fils ! Un fils illégitime digne de son sang ! Un gamin menteur et manipulateur ! Vous avez dû en entendre parler peut-être ? C'est le garçonaux béquilles qui a été réduit en esclavage. Ils auraient mieux fait de le pendre celui-là ! Et le père avec, tiens !"

"Ceci n'est guère chrétien..."

Louise commentait à nouveau la diatribe d'une discrète pointe ironique tout en continuant de déguster la soupe. Elle vit ensuite Théodosie encourager Lucretia à manger et sourit.

"Ta maîtresse a raison, mon amie. Nous mangeons ici sans différence de rang. Tiens, prends un peu de pain !"

Pour l'inciter, Louise poussa la corbeille vers la jeune femme.
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Message par Le Cent-Visages Sam 16 Mai - 11:32

[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Lzoniu10

Lénius, troubadour difforme en fauteuil roulant, 27 ans

Lénius lâcha un léger rire en s'apercevant, une fois de plus, combien son langage jurait avec l'allure de rondouillard vagabond qu'il portait en tous lieux. Depuis le temps, il avait pris le parti de ne pas déguiser son vocable - le naturel serait bien vite revenu au triple galop. Autant le porter et l'assortir d'une histoire convenable... Théodosie l'interrogeait bien légitimement quant à l'origine de sa parlure et du savoir qu'elle véhiculait. Aussi fut-ce le moment de répondre, avec un grand naturel, ce qu'il était accoutumé à expliquer depuis des années sur ce sujet :

-- Ma profession de troubadour et amuseur public m'a conduit de nombreuses fois à ne pas officier que dans les rues. Vous savez sans doute combien les curiosités humaines sont à la mode dans les salons et il s'en fait peu des comme moi ! nota-t-il dans une parodie évidente de fierté. J'ai été amené à jouer à la table de seigneur et autres Grands de ce Monde, là où il s'apprend les plus belles manières de causer et où l'on peut entendre des conversations de... haute volée, d'aucuns diraient. Ma mémoire a fait le reste.

Il ne mentait qu'à moitié : on l'avait en effet convié parfois dans tel ou tel château le temps d'un festin à animer, depuis des années dans la rue. Il y recevait une paye aussi grasse que les plats qu'on lui servait alors - en parts aussi copieuses que celles laissées aux animaux de compagnie eux aussi aux pieds des tables de festins.
Lénius savourait tourtes, vins épicés et melons confits. Il dissimula un bref pincement au cœur moins devant la remarque de Dosie à Lucretia... que devant ce qu'elle laissait deviner : l'infinie soumission de cette esclave. De précédents maîtres lui avaient-ils instillé cette peur évoquée par sa nouvelle propriétaire ? De quelle colonie était-elle d'ailleurs ? Et comment avait-elle perdu son œil ? Qui l'avait faite esclave ? Autant de questions que l'infirme ne garda que sous son crâne de peur de remuer de tristes souvenirs. L'hôte se prit par ailleurs à souhaiter que toute maîtresse que Théodosie était désormais devenue d'une bien curieuse manière, elle n'en deviendrait ni abusive ni malveillante. Ces craintes, semblables à celles qu'il éprouvait pour Tristan, restèrent voilées derrière la bonhomie de son visage et la promptitude de ses mains tordues à piocher la mangeaille.

-- Hmm... Je ne suis pas certain que tous les messages du Seigneur soient si limpides que cela, répliqua Lénius devant les doutes d'Isabelle. N'estimez-vous pas que, par exemple, lorsque Jésus dit "Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive." cela puisse être pris comme une porte ouverte... pour ne pas dire une autorisation... aux pires violences ? Je ne crois bien évidemment pas que c'est ce que cette phrase signifie. (Il se souvint alors de ce qu'en pensait Tristan, lorsqu'ils en avaient un jour discuté) Pour moi, c'est un triste constat de la part du Seigneur, un avertissement : que ceux qui vont suivre son enseignement ne sont pas au bout de leurs peines et vont déranger plus d'une habitude, que cela va amener des dissensions, que même certains vont abuser. Cependant, quelqu'un pourrait tout aussi bien être convaincu de bonne foi que le Christ fait là une autorisation à tout ce que vous pouvez imaginer.

Discrètement, il consulta les attitudes de chacune à la table, espérant que la conversation ne devienne pas ennuyeuse - auquel cas il la ferait tourner court s'il venait à surprendre des expressions lasses. Lénius avait choisi des mots humbles es pieux : il ne s'agissait pas de heurter Isabelle, simplement d'avoir un débat et d'essayer de comprendre les positions de ses interlocuteurs. Il acheva, après la petite passe d'armes entre Isabelle et Louise sur l'honnêteté :

-- Là où la chose est complexe, c'est bien dans le fait que deux personnes qui interpréteraient les messages de façon diamétralement opposée mais tout en état chacune intimement persuadée de sa version... seraient tout aussi honnêtes l'une que l'autre. Chacun est sûr de sa solution. Je ne crois pas au bien contre le mal... mais au bien contre le bien, si j'ose dire. (Un temps, puis rebondissant une remarque de Louise) Après, oui, je parle là de ceux qui sont sûrs de leurs idées et veulent y accorder leur attitude... mais il y a à côté toute une foule d'hypocrites qui, eux, sont bien conscients qu'ils usent des Écritures pour servir leur intérêt ! Et là, nous sommes d'accord, le manque d'honnêteté est manifeste.

Et justement, Isabelle en remettait une couche sur le prêtre de Saint Eustache et le petit Alexandre devenu esclave ! Lénius haussa les épaules avec un genre de fatalisme pour toute réponse... mais il fronça les sourcils et rentra la tête en son triple menton au rappel de ce procès où Alexandre et Tristan avaient bien failli écoper de la potence plutôt que de la mise en esclavage. Le garçon aux béquilles avait ses moments imbéciles, c'était certain... mais il ne méritait pas davantage la corde que son infirmité pour expier les libertinages de son père, contrairement à ce que beaucoup estimaient. Lénius préféra garder le silence devant la colère d'Isabelle, lui-même ne sachant pas bien encore comment se positionner dans tout ce complexe nœud.
On dégusta alors le dessert - un sabayon accompagné de ses pêches très légèrement alcoolisées. Voilà un repas d'une qualité que Lénius ne retrouverait pas de sitôt. Les nourritures terrestres auront eu le bienfait d'anesthésier un temps ses craintes et de remettre à plus tard - à chaque jour suffisait sa peine - la question de ce qu'il pourrait faire pour Tristan.

-- Qui cuisine céans ? C'est très fin. Mes compliments.
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Message par Théodosie Sam 6 Juin - 20:05

Théodosie écoutait distraitement les histoires sur la Bible dont elle se fichait éperduement. Elle préférait porter son attention sur les denrées trop raffinées pour son palais habituée à des quignons de pain rassis ou des fruits trop mûrs. Tout était délicieux, du goût de la certitude d'avoir un toit pour le lendemain. Ecoutant la conversation à propos du père Thierry, elle se retint de dire ce qu'elle pensait de la tragédie des messes dites à neuf heures, mais son attention fut happée par cette histoire de béquilleux. Elle se souvenait bien en avoir rencontré un près de l'Eglise, mais il y en avait tant dans la rue. Cette histoire pourrait s'avérer utile par la suite.


[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Servan10
Lucretia, esclave de Théodosie


Lucretia finit par se laisser elle aussi tentée par le morceau de pain et mangea à son tour sans toutefois se montrer aussi affamée que Théodosie. Qu'il était étrange de se retrouver à cette table, de rentrer chez soi, mais de n'être plus putain. Elle avait été rachetée et quelles services prodiguerait-elle au Lupanar à présent ? Dans chaque met qu'elle croquait, elle avait l'impression de ne pas tout à fait le mériter, mais elle devrait s'en contenter pour le moment.


Lénius complimenta le cuisinier et Théodosie, qui avait déjà le ventre bien rempli, ajouta :

- Allons-nous manger pareille cuisine chaque jour ?

Puis, alors que chacun semblait rassasié :

- Merci pour ce repas, mais la journée fut longue et éprouvante pour Lucretia et moi-même, n'est-ce pas ? Nous avons besoin de sommeil, il va nous falloir vous abandonner.

Dans un vrai lit.
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Message par Cassandre Velasquez Sam 20 Juin - 18:48

[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Isabel12[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé] - Page 2 Louise11
Isabelle, 38 ans, patronne du Lupanar
Louise, 41 ans, co-gérante du Lupanar

Après l'échauffement des nerfs d’Isabelle qui lui était revenue à l'évocation du maudit prêtre de Saint-Eustache et de son fils, le calme lui était revenu. Les deux nouvelles patronnes de l'établissement mangeaient tranquillement leur soupe et écoutaient avec un regard assez sceptique le discours de Lénius sur la religion. Comme cet homme était savant ! Comme il parlait bien ! la virtuosité de sa langue les dissuadait de répondre. Leurs arguments et leurs maigres tentatives auraient paru insipides.

Le repas passa ainsi dans une ambiance moins sereine. Louise, désireuse, de quitter cette table lourde, choisit de partir ans la cuisine. Elle amena aux convives un sabayon et des pêches alcoolisées que tous semblèrent apprécier. Lénius complimenta sur la qualité du repas. Isabelle répondit d'un air doux.


"Désormais, c'est nous. Les filles. Par souci d'économie. Je pense établir un tableau de roulement pour que personne ne soit lésé. Cela les changerait, assurément, mais c'est bien plus sain qu'une petite esclave, qui n'avait rien à faire ici,  se charge des corvées."

Louise ne put approuver cette remarque et songea à cette petite Cassandre qui vivait enfin heureuse dans une bonne famille. Elle sourit en entendant la question de Lucretia?


"Mais oui, à partir de maintenant, tu partageras nos repas. Nous avons adopté l'égalité."

Le temps passa et il allait falloir ouvrir. Après le départ de Lénius, Isabelle se tourna vers sa nouvelle employée :

"Je vous autorise à vous reposer pour cette soirée si vous le souhaitez. Vous devez être fatiguée. Bonne nuit à vous deux."
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