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[12 septembres] Les nourritures spirituelles - ft. Aud [Terminé]

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Message par Le Cent-Visages Jeu 12 Mar - 19:58

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Jérémie Torrès, esclave, 19 ans


Le terre lui tremblait dans le crâne. La douleur lui mordait sans relâche tout le côté du visage où Ulysse l'avait frappé à répétition. C'était un répugnant mélange, sur sa peau basanée, de bleus et de croûtes encore rouges par endroits. Dans cet état là pourtant, l'esclave venait de s'appliquer à donner une leçon de lecture à son bourreau.
C'était à présent, maintenant qu'il se trouvait seul - pour son plus grand soulagement - que Jérémie prenait conscience de l'absurde et amère situation. Sous la masse charbonneuse de ses cheveux en bataille, où là aussi s'accrochaient quelques gravats de sang, ses yeux caverneux paraissaient toujours ailleurs, perdus pas seulement entre les lignes des pages qu'il tournait. Il lisait Apulée mais ses pensées allaient en même temps vers tant d'autre choses ! L'esclave pensait sans cesse, laissant la mécanique de ses pupilles agir presque toute seule, indépendamment, sans qu'il en ait véritablement conscience. Cette enveloppe de chair meurtrie ne représentait de toute façon pour lui qu'une nécessaire mécanique. Et beaucoup trop pesante en l'occurrence, tant il en souffrait. Ô tombeau de l'âme.
Jérémie se tenait assis dans un coin, reniflant régulièrement le sang qui lui remontait aux voies respiratoires. Sa rangée de doigts osseux tenait le roman devant ses iris noires, enfoncées dans leurs orbites violacées. Tête rentrée dans ses larges épaules carrées mais rendues osseuses par les mauvais traitements, il devait avoir l'air d'un vieux cintre. Alors même qu'il n'avait que dix-neuf ans.
Jérémie était aussi noir, aussi brun, aussi dur que le meuble à côté duquel il avait pris place, assis à même le sol et jambes repliées contre lui. Grande perche ou corps-charpente, cela dépendait des moments et des allures plus ou moins dignes qu'il prenait alors qu'il variait les postures pour souffrir le moins possible. Le spectre aux traits droits et sévères, comme empruntés à la statuaire de Rome, aurait de quoi effrayer qui le verrait sans s'y attendre. Ses lèvres remuaient parfois légèrement tandis qu'une phrase lui plaisait au milieu de sa lecture, ou qu'une réflexion lui venait. Il luttait contre sa migraine pour apprécier au mieux la narration d'Apulée - si cela pouvait constituer un de ses ultimes plaisirs avant qu'Ulysse ne décide de l'achever une fois qu'il se sera senti suffisamment enseigné. Cynique, Jérémie voulut se dire que cela lui laissait encore un certain temps.
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Message par Aud Ven 13 Mar - 1:23

Les heures qui avaient suivi le retour du maître, Aud s’était efforcée de suivre à la lettre les instructions de William. Faire le ménage, comme elle savait le faire, et se concentrer sur les pièces vides, celles où elle ne risquait pas de croiser le maître. Elle ne prenait pas peur facilement, ce sentiment lui était souvent une chose inconnue, mais en ayant vu faire le maître, en ayant vu ce qui se passait dans son jardin, c’était comme une douleur aigue dans le ventre, dans sa tête, qui se réveillait et qui lui hurlait de ne jamais se trouver face à lui.

Le soir commençait à tomber, mais le soleil était encore haut. Les ombres étaient simplement plus grandes, et c’était un repère que la jeune fille utilisait souvent. Et son ventre vide commença à la rappeler à l’ordre… guettant un moment de calme, personne dans le couloir, elle sortit discrètement la tartine qu’elle avait réussi à cacher jusque-là. La petite du marché la lui avait donnée… Brave et courageuse petite, si imprudente mais déjà héroïque. Dire qu’elle ne connaissait même pas son nom.

« Que ton dieu te bénisse. » murmura-t-elle, avant de croquer dedans.

Elle n’était pas croyante, mais peut-être que la petite l’était, elle… et si c’était le cas, son dieu devait savoir sa bonne action. Peut-être serait-elle récompensée. Qui sait ?

Une fois la moitié avalée, elle remit le reste dans sa ceinture. Elle en aurait certainement besoin plus tard, et elle ne voulait pas prendre de retard. Dans cette aile du château, il ne semblait y avoir personne qui s’y balade… peut-être pouvait-elle commencer par les pièces du fond, comme elle l’avait fait de l’autre côté.

Tenant son sceau d’une main, lequel contenait tous ses outils de ménage, plumeau, pelle, et le balai d’une autre main, elle s’approcha de la grande double porte. Cette pièce semblait massive… L’esclave posa alors son oreille contre le bois de la porte, mais aucun bruit ne lui parvenait. Peut-être n’y avait-il personne… Elle inspira alors, puis appuya sur la poignée avec son coude, et poussa la porte de son épaule.

Au début, elle ne remarqua rien. Le sceau posé à l’entrée, elle releva les yeux. Cette bibliothèque était immense. Des livres à perte de vue. Un spectacle qui avait le don de lui couper le souffle. Qui savait combien de connaissances et d’histoires étaient sauvegardées ici ? Tout le savoir… Avec un sourire un peu béat, elle traversa la pièce le nez en l’air, admirant tout ce qu’elle pouvait admirer. Les détails des tranches de livres, la perspective qu’ils donnaient, ainsi rangés, et puis la bibliothèque en elle-même… si majestueuse.

Et puis… attirée par… en fait, elle ignorait ce qui l’avait attirée. Mais son regard se baissa sur un homme qui était là. Sa peau se fondait dans la couleur du bois, mais il était bien présent, un peu recroquevillé sur lui-même, les vêtements déchirés, un livre dans les mains. Sur le coup de la surprise, la jeune fille eut un sursaut, et fit un pas en arrière.

« J-Je ne vous avais pas vu ! Pardonnez-moi, je croyais… je croyais qu’il n’y avait personne… »
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Message par Le Cent-Visages Dim 15 Mar - 19:08

[12 septembres] Les nourritures spirituelles - ft. Aud [Terminé] Jzorzo11

Jérémie Torrès, esclave, 19 ans

La lecture avait cela de magique - ou de processus chimique - qu'elle pouvait dissoudre entièrement la monde environnant dans un instant d'évasion. En l'occurrence, les aventures de L'Âne d'Or qui battaient leur plein empêchèrent Jérémie de remarquer les petits pas qui venaient de faire gémir le parquet de la salle. Des pas de souris. Assortis à la brindille de silhouette qui maintenant traînait au sol, glissait de rayonnage en rayonnage.
Il fallut un pas un peu plus prononcé que les autre - celui d'un mouvement de recul surpris - et surtout les mots prononcés par une fort jeune voix, pour que le jeune homme notifie n'être plus seul. Seul et presque content dans la prison heureuse qu'était une bibliothèque. Le premier réflexe de l'esclave fut de se tendre, son visage prenant une expression plus raide encore que de coutume. Toutefois un très rapide regard le long de la nouvelle arrivante l'informa rapidement de sa condition : une frêle adolescente dans une vieille robe, équipée d'un seau et d'outils ménagers, une chevelure en bataille lui mangeant une partie du visage. Et elle le vouvoyait. Alors même que lui aussi portait guenilles et crinière hirsute.
Regard radouci. Fissure à ses lèvres pierreuse - cela se voulait une tentative de sourire. Dans le mouvement infime, il y eut le craquement du sang qui avait commencé à sécher à une de ses plaies.
La demoiselle semblait toute confuse. Elle demandait pardon. Le prisonnier devait la rassurer et l'éclairer sur sa situation, car à en croire son expression elle ignorait tout de lui et du motif de sa présence céans.

-- Vous n'avez guère à me présenter des excuses, répondit la voix sombre et monocorde qui roulait lentement ses R caractéristiques du sud d'Iswyliz. Pas plus qu'à me vouvoyer à moins que je ne fasse de même : nous sommes d'égale condition ce me semble.

Ses immenses yeux à la fixité intimidante - bien malgré lu - quittèrent Aud le temps qu'il refermât son livre et le posât sur le côté. Il prit appui sur ses paumes et se redressa, passant bientôt à toute la hauteur de son mètre quatre-vingt-sept. Vaguement conscient que sa présence - autant que la vue de son état lamentable - pouvait impressionner la jeune fille, il jugea bon de se présenter :

-- Je m'appelle Jérémie. Et vous ?

Elle n'avait pas tort, se disait en même temps le captif alors qu'il considérait les mots bafouillés par la consœur d'infortune : il n'y avait personne. Il y avait un spectre - un esclave, c'était la même chose - déjà programmé à disparaître aussitôt que Ulysse le voudrait.
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Message par Aud Lun 16 Mar - 0:59

Dès les premières secondes passées, elle reconnut alors cette silhouette, cette couleur de la peau qu’elle vit à travers la fenêtre. Cette couleur de cheveux. Et ce sang séché… Oui, il lui avait semblé qu’il en avait perdu, mais elle était trop loin, et ça avait été trop rapide, elle n’avait pas bien vu ce qui se passait aux grilles de la demeure de son seigneur. Sans savoir si elle allait finalement connaître l’identité de cet homme, ce nouvel esclave, elle ne s’attendait certainement pas à le trouver ici… dans une bibliothèque, entouré de livres. L’homme semblait avoir pris autant peur qu’elle, mais à voir ses traits se radoucir, elle put en faire de même, bien qu’elle restait un peu perdue.

Et il lui adressa alors la parole. Très poli, d’un accent étrange qu’elle trouva très élégant à l’oreille. Il devait venir de loin, de très loin, bien au-delà de ce qu’elle connaissait du monde. Son regard restait figé sur elle, la fixait avec beaucoup d’intensité, mais elle ne dévia pas le sien pour autant, trop fascinée, confuse, curieuse et perplexe pour vraiment faire l’erreur de faire demi-tour. Et elle le suivit alors de ses yeux noisette alors qu’il se redressa, se rendant alors compte qu’il était bien plus grand qu’elle ne l’avait songé. Bien plus grand qu’elle, en tout cas.

Aud déglutit discrètement. Ses vêtements étaient sales, déchirés, et tâchés avec ce qu’elle devinait être des traces de sang. Était-ce le maître qui en était responsable ? Très probablement… Elle se souvenait très bien des mots de William à son propos.

« Jérémie… » répéta-t-elle dans un souffle, avant de laisser un sourire timide prendre le pas sur ses lèvres. Elle s’attendait à… elle ne savait pas trop. Peut-être à un nom plus exotique, pour coller avec sa voix et son visage, mais peut-être avait-il toujours vécu dans ce pays. « Je m’appelle Aud, le maître m’a aussi acquise aujourd’hui. Je ne m’attendais pas à croiser la moindre âme ici, je suis désolée de vous avoir surpris dans votre… »

Elle fit une brève pause, reportant son regard sur l’ouvrage qu’il venait de reposer.

« Lisiez-vous ? Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous interrompre. On m’a déjà appris combien il était désagréable d’être brusquement ôté de sa lecture. »

Et l’esclave semblait réellement navrée. C’était un sentiment qu’elle ne pouvait pas avoir connu, mais elle l’imaginait très semblable à ce sentiment de frustration quand on s’interrompait dans une pensée passionnante.

« … Pardonnez-moi encore une fois, mais… pourquoi êtes-vous… là ? »
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Message par Le Cent-Visages Mar 17 Mar - 0:28

[12 septembres] Les nourritures spirituelles - ft. Aud [Terminé] Jzorzo11

Jérémie Torrès, esclave, 19 ans

Elle lui rendait toute l'intensité de son regard quand beaucoup s'en seraient éloignés. Jérémie y lut un mélange d'intérêt, de trouble, de curiosité, mais rien d'intimidé. Les mouvements de pupilles de la camarade se greffaient sur ceux de sa charpente, puis après une déglutition de probable - et légitime - dégoût devant ses hardes et le reste, elle reprit la parole. Jérémie sentit sa voix déjà plus calme, quoique toujours frêle comme le souffle dans lequel elle prononça son prénom. Dans un sourire encore emprunt de son fort jeune âge - il ne savait exactement lequel mais se fiait à la rondeur de ses traits - elle se présenta à son tour. D'un tout petit nom. Nom qui n'était sans doute pas d'ici mais dont le grand sec ne parvint pas à déterminer l'origine. Il secoua la tête, gêné, en l'entendant présenter à nouveau des excuses. Sa main l'accompagna dans un geste voulant signifier "ce n'est rien" et qu'il espéra suffisant.

-- Aud. J'aurais aimé que nous fassions connaissance en meilleures circonstances.

La question qu'elle lui posa alors lui plut d'une certaine façon : on lui aurait appris à veiller à la bonne lecture d'autrui comme à une Vestale sur son feu sacré ? L'entretenir et ne pas le déranger. Être de silence et de respect pour ces précieux moments. Elle avait donc dû, pour cela, côtoyer des maîtres lecteurs et ne pas passer tout son temps dans les souillardes, les porcheries ou près des chaises percées à récurer. Il se pouvait même qu'un élan de curiosité l'ait poussée à s'intéresser aux lectures d'un supérieur, pour que celui-ci lui dise de ne pas déranger ? Si ses hypothèses avaient un fond de vérité, l'esclave apprécia les bribes d'histoires que cela disait déjà de la jeune fille.

-- Je lisais un roman, oui. Et aussi sage que soit la leçon qu'on vous a faite de savoir respecter un moment de lecture, je peux aussi vous dire, pour faire bonne mesure, qu'il peut être également plaisant de partager le fruit de ces moments avec quelqu'un.

Jérémie n'aimait pas, d'ordinaire, révéler l'étendue de son instruction. Il la cachait pour en tirer profit, amasser peu à peu des informations à l'insu de ses maîtres, s'offrir des moments de liberté insoupçonnés. Ici néanmoins tout était tellement différent. Le Rottenberg connaissait son savoir - il l'exploitait même pour cette unique raison au lieu de l’exécuter immédiatement. Alors pourquoi ne pas en faire part à cette consœur d'infortune ? Tout comme il avait bien prévu de révéler aux premières oreilles disponibles la vérité sur le maître de ce domaine ! Soit. Aud serait la première, puisque d'ailleurs elle posait la question du motif de sa présence.

-- Hier, mon précédent maître m'a jeté en prison pour me faire revendre. Il se trouve que le sieur de Rottenberg rôdait dans les locaux de la Prévôté. L'histoire serait longue à conter mais, en somme, il a eu la curiosité d'aller voir qui pourrissait en cellule : j'y étais avec une femme. Une femme qui a découvert sur le duc quelque chose qu'il tenait absolument à celer. Aussi l'a-t-il rouée de coups. Je ne sais si elle est encore en vie, pauvre d'elle... Dieu ait son âme. Quant à moi, puisque je savais aussi désormais, puisque j'avais vu : je devais disparaître. Mourir. Mais non sans qu'il ait préalablement tiré de moi ce qui lui manque. Votre maître m'a donc acheté et amené céans. Il a bien l'intention je crois que je n'en sorte plus jamais.

Jérémie aura conté ces événements avec un froid détachement. Comme s'il les avait déjà digérés, remâchés, analysés - suffisamment pour que l'absence d'émotion l'en protège. Il savait du reste qu'il en avait maintenant trop dit... Ou pas assez. Les deux, sans doute. Aud lui demanderait probablement la nature de ce savoir quant au Rottenberg. La chose était si énorme, si incroyable, que l’esclave avait jugé préférable d'ainsi préparer le terrain.
Sans doute la jeune fille ne savait-elle rien : Ulysse l'avait achetée aujourd'hui même. A cette information, Jérémie afficha un regard navré et poussa un petit soupir par le nez - plus sec qu'il ne l'aurait souhaité. Au moins, elle serait peut-être une alliée ? Voire une camarade de conversation qui ne serait pas pour lui déplaire. Soudain, un doute prit le Torrès et lui durcit le visage : si Ulysse apprenait qu'Aud elle aussi savait, alors il voudrait se débarrasser d'elle aussi ! Jérémie ne pouvait plus reculer : il avait entamé ses confidences. Mais il s'agirait de faire en sorte que jamais - ô grand jamais - sa consœur d'infortune ne se mette en danger après cela. De ce secret partagé, ils devraient user habilement.
Anxieux à ce flot de pensées, Jérémie en regarda ses pieds nus - dont l'un frotta nerveusement le sol tout près du livre échoué.
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Message par Aud Mar 17 Mar - 19:47

De meilleures circonstances… Elle voyait bien ce qu’il voulait dire par là, mais qu’y pouvaient-ils ? En tant qu’esclave, on ne choisissait là où on se trouvait, ni où on se rencontrait. Dans un sens, ce n’était pas si grave : au moins ils se rencontraient, et Aud avait toujours aimé les nouvelles têtes. Surtout celles qui semblaient aussi passionnantes que cet homme. Elle lui répondit alors par un sourire, alors qu’elle refit un pas vers lui, s’accroupissant pour se mettre à son niveau. Et aussi pour voir plus attentivement le livre qu’il avait reposé. La couverture était jolie. Sobre, mais avec une belle couleur, et des lettres bien dessinées qu’elle ne comprenait pas.

Sa remarque sur le plaisir de partager ces moments avec quelqu’un la fit sourire. Ce n’était pas le genre de chose qu’on disait à une esclave illettrée, mais il y avait tellement de douceur dans sa voix qu’elle se sentit touchée malgré tout.

« Je ne pense malheureusement pas être la bonne partenaire pour cela. Je… ne saurais même pas lire le titre. »

Elle n’avait pas besoin de ce savoir pour travailler, mais elle regrettait aussi de ne pas pouvoir se nourrir également de tous ces mots emprisonnés de ces pages. Quel genre d’histoire pouvait-il y avoir ? Quels essais, quelles réflexions ? Cela la rendait un peu triste, parfois. C’était comme si elle passait à côté de tant de choses, en sachant très bien qu’elle ne pourrait pas rattraper ce qui lui manque.

D’un geste de la tête, elle chassa alors ces pensées sombres qui n’avaient pas lieu d’être. Son intérêt se trouvait rapidement ailleurs, notamment sur la réponse de Jérémie sur sa présence ici. Si elle ignorait les circonstances réelles qui avaient poussées son ancien maître à le jeter, elle imaginait sans mal le reste. Bien que… la jeune fille ne savait pas trop où il voulait en venir.

« Vous… saviez ? » répéta Aud sans comprendre. « Mais… je ne comprends pas. Ce secret, est-il si dangereux ? Si le maître souhaite vous voir disparaître ici, pourquoi la porte n’est-elle pas verrouillée ? Pourquoi puis-je… Pourquoi êtes-vous encore… ? Vivant… ? Qu’attend-il de vous ? »

Rien n’était logique. Quel secret valait donc de faire tant de choses si contradictoires et terribles ? Pourquoi battre à mort une femme, acheter un esclave et l’emmener ici, si on craint son savoir ?

« Le secret du maître… est donc si terrible ? Pour vous condamner ? »

Non… Non, ce serait horrible ! Qu’allait-il donc faire de Jérémie ? Son cœur se serra par avance, s’empêchant d’imaginer tout ce qu’il pourrait subir.
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Message par Le Cent-Visages Mer 18 Mar - 17:05

[12 septembres] Les nourritures spirituelles - ft. Aud [Terminé] Jzorzo11

Jérémie Torrès, esclave, 19 ans

Le sourire qu'elle lui adressait, alors qu'il parlait de partager des connaissances livresques, était davantage empreint de mélancolie que véritablement joyeux. Jérémie regretta alors sont intervention. Il ravala un soupir. Il aurait dû se rappeler que l'écrasante majorité des esclaves étaient des illettrés. Parfois, il avait tendance à l'oublier, tant la chose étant naturelle pour lui, tant il apprenait vite, calculait tout aussi rapidement et jouissait de ce trésor inestimable. Quelle peine... Quelle injustice que chacun ne puisse disposer au moins des bases nécessaire ensuite à apprendre. Certes, tout le monde n'était pas égal devant la culture, quand bien même tout le monde saurait lire, la justice serait de fournir ce minimum...
Plongé dans ses pensées, il hocha lentement la tête. Toutefois, même si elle ne savait pas lire, Jérémie sentait chez Aud un certain esprit. Ce fut donc avec honnêteté, sans volonté de flatter, qu'il répliqua dans une ombre de sourire :

-- Je vois. Je suis néanmoins persuadé que de belles conversations puissent se nouer sans cela. L'imagination, le bon sens, la réflexion... voilà des choses qui ne sont pas forcement tributaires du degré d'instruction.

A Aud, il aimerait alors apprendre à lire ! A elle et non à cet abject personnage qu'était Ulysse ! Elle le méritait infiniment plus. Jérémie secoua la tête de dépit à ce constat.
Vint le moment où il dut expliquer à sa camarade d'infortune ce qu'il avait découvert en l'espace de ces dernières heures. Il hésite un instant. Le lui dire, n'était-ce pas la condamner elle aussi ? Il fallait s'assurer qu'il n'en serait rien. Jérémie ne saurait pas se le pardonner si quoi que ce soit arrivait à la jeune fille par sa faute. Grave, il s'engagea :

-- Soyez prudente... Infiniment prudente avec ce que je vais vous dire. Je vous en supplie. (Un temps, il commencera une fois qu'il se sentirait rassuré : ) Ce que cette femme a découvert en prison, sous mes yeux, c'est... Un M au fer rouge à l'épaule du seigneur de Rottenberg. Aud, je vous jure sur mon honneur que je ne plaisante pas : Ulysse n'est pas Ulysse. Il semble que ce soit un esclave de la maisonnée de Rottenberg, qui d'une façon ou d'une autre a su profiter du décès de toute cette pauvre famille pour se faire passer pour le jeune héritier, le seul survivant. Ceci explique cela, voyez-vous : il est illettré et ne maîtrise quasiment rien de l'étiquette aristocrate. Voilà pourquoi il m'a voulu. Le temps de l'instruire assez.

Sa voix aura trembloté sur la fin de son récit. La situation était si énorme que lui même tremblait encore de l'évoquer. Une foule de réflexions lui venait du même coup. Il s'oublia à marmonner, autant pour lui pour pour Aud :

-- Serait-ce vrai que quoi que nous fassions... notre condition sociale toujours se rappelle à nous ? Que les pauvres entre eux se reconnaissent et se détruisent, qu'importe le costume qu'ils essaient bien maladroitement de porter... Et le geste de cet esclave... quelle atrocité. Je serais le premier à souhaiter que les plus humbles puissent voler le feu, échapper au déterminisme... Mais pas ainsi.

Le temps s'étira. Jérémie resta immobile quelques secondes, les yeux en l'air comme un égaré. Il se rappela alors des autres questions que venait de poser Aud quant aux paradoxes d'Ulysse :

-- J'ignore ce qui est arrivé, pour cette porte. Il est immensément stupide en effet que l'usurpateur l'ait laissée ouverte s'il souhaitait me faire oublier et déjà me tuer en quelque sorte. Ou bien l'a-t-il close et je n'ai pas entendu, trop sonné que j'étais... mais alors quelqu'un d'autre, un intentant du domaine ou qui sais-je... l'aura rouverte d'un passe en sa possession... Je ne sais. (Un temps) Et vous dites-moi : Ulysse... il ne vous a rien fait de mal j'espère ? Quelle est l'histoire qui vous aura menée en ce domaine ?
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Message par Aud Sam 21 Mar - 1:38

Les mots de Jérémie parvinrent à réellement la faire sourire. Aud aimait se dire qu’elle avait un bon instinct pour reconnaître les gens intéressants et passionnants : ils avaient des yeux particuliers, profonds, comme s’ils voyaient toujours bien plus que ce qui existait vraiment devant eux. Son précédent propriétaire l’avait, l’un des esprits les plus fins et les plus brillants qu’elle n’ait jamais connu. Et maintenant qu’elle se trouvait face à Jérémie, cette impression revenait. Cette sensation familière…

« L’imagination, le bon sens, la réflexion… Hm, j’en ai au moins deux sur trois, c’est encourageant ! Du moins, je pense les avoir, je ne peux jamais vraiment en être sûre. Je n’ai pas réellement matière à comparaison, et mes semblables sont nombreux à penser que réfléchir, c’est déjà désobéir. Mais… ce sont deux choses qui n’ont rien à voir, vous ne trouvez pas ? »

Elle lui sourit alors grandement, avant qu’ils ne reviennent au sujet principal, la vraie raison de sa présence ici. Jérémie devint soudainement si grave que la jeune fille ne put s’empêcher d’en faire autant, sentant l’inquiétude monter en elle. Était-ce vraiment si terrible que ça ? Cela semblait si loin de tous les scandales auxquels les nobles se livraient, celui-ci était… dangereux. Elle déglutit, mais hocha alors fermement la tête. Elle serait prudente. Bien sûr, elle ne pouvait pas déjà imaginer la façon dont elle réagira, ni maintenant ni demain, mais elle était à présent pleinement conscience que ce savoir avait sa part de danger… et que Jérémie se devait quand même de le partager. S’il avait pu le garder pour lui, il n’aurait pas été si prompt à faire confiance à une esclave qu’il venait de rencontrer, si ?

Et pourtant, quand il lui avoua… elle ne comprit d’abord pas.

Un M ? Sur l’épaule du maître ? Impossible. Il était un noble, il possédait un immense domaine, une immense fortune, les gens le connaissaient. C’était si évident que c’était n’importe quoi comme théorie.

Et précisément parce que cela semblait être n’importe quoi… elle ne pouvait pas s’empêcher de prendre la chose très au sérieux, et de l’envisager. C’était si absurde, comment passer à côté ?! Personne ne pouvait inventer pareille histoire, pas comme ça.

Alors qu’elle était encore accroupie, Aud se laissa tomber sur le derrière, le regard dans le vide. Frappée par tout ce qu’elle venait d’apprendre. Le maître Ulysse, un esclave. Un esclave ayant pris la place du véritable maître Ulysse.

« Monsieur Wagner trouvait qu’il avait changé du tout au tout, à cause de l’incendie… Je… J’ai essayé de lui dire que le vrai maître était peut-être caché sous ces couches de violence et de cruauté, comme une carapace. Je n’aurais jamais cru que... qu’il puisse être… quelqu’un d’autre. C’est… » Elle souffla longuement. « … complètement absurde. »

Et pourtant, au vu de son expression éclairée, elle n’émettait pas le moindre doute sur la véracité de ces mots. Sans doute était-ce lié à sa naïveté, plus qu’à son attrait pour tout ce qu’elle ne pouvait pas deviner. Jérémie avait eu raison d’insister sur la dangerosité de cette information… Même si c’était faux, elle ne ferait pas long feu si le maître la soupçonnait de telles pensées.

« Sans doute qu’il ne pensait pas que quelqu’un viendrait, Monsieur Wagner m’a spécifié de m’occuper des pièces vides, loin de toutes présences. Mais… j’aime votre théorie qu’il vous ait oublié, ou que Monsieur Wagner ait laissé ouvert. Ça rend cette histoire moins… hasardeuse, et plus intéressante ! Comme si j’allais forcément venir ici, vous rencontrer. Quelle coïncidence, vous ne trouvez pas ? »

Que se serait-il passé si elle avait décidé de nettoyer la pièce d’en face ? Aurait-elle eu le temps de venir ici ? Et rater l’occasion d’une telle rencontre ? Hors de question !

« Oh. » Ça, elle ne s’était pas attendue à entendre une question sur elle, après tout ça. « N-Non, il ne m’a rien fait. Je tâche de me faire oublier comme je peux. Mais je crains ne pas avoir grand-chose à vous raconter à mon sujet. J’ai été vendue à la mort de mon ancien propriétaire, voilà tout. Et je suis à présent ici. Je n’ai pas d’histoire, je suis juste une esclave domestique. La vôtre en revanche, elle semble passionnante ! Quand avez-vous appris à lire ? Qui étiez-vous avant de venir ici ? Vous semblez avoir beaucoup voyagé ! »
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[12 septembres] Les nourritures spirituelles - ft. Aud [Terminé] Empty Re: [12 septembres] Les nourritures spirituelles - ft. Aud [Terminé]

Message par Le Cent-Visages Lun 23 Mar - 17:29

[12 septembres] Les nourritures spirituelles - ft. Aud [Terminé] Jzorzo11

Jérémie Torrès, esclave, 19 ans

Quelle étrange et attendrissante situation que de se trouver là, assis à terre avec cette jeune fille et si proche d'elle. Jérémie n'avait pas vécu de semblable moment depuis les derniers instants passés au sein de sa famille - il y a si longtemps - entre père, mère et petite sœur. Ses traits se détendirent et une expression avenante lui vint. Ainsi il pouvait presque être beau. Ou moins intimidant en tous les cas.
Cela lui plut tout autant de réfléchir aux questions intéressantes que posait Aud. Il eut la certitude que de belles conversations étaient possibles par delà le bagage purement culturel d'autrui.

-- Ils n'ont pas tort en un sens : réfléchir amène tôt ou tard à des constats ou du moins à des questionnements qui ne sont jamais bons pour un pouvoir en place. L'on n'attend guère d'un esclave qu'il réfléchisse bien loin. Cela dit, nous sommes - au sens absolu - nous existons par le simple fait de penser et d'en avoir conscience. Comment donc saurions-nous désobéir en faisant ce qui est fondamental à notre condition même, réfléchir ? Agir selon sa nature n'est point désobéir. Et puis cette réflexion peut demeurer au secret de nos cœurs. Tu as donc raison, ces choses-là n'ont pas forcément à voir l'une avec l'autre. Tu soulèves même un intéressant paradoxe.

Le tu lui était finalement venu, naturel, sans contrôle - alors même que Jérémie était de ces gens à penser l'entièreté de leurs mots en temps ordinaires. Un élan l'avait porté. Élan de proximité par leur condition et leurs réflexions échangées. En aucun cas un "tu" de mépris mais davantage de celui que l'on donne à un ami ou à un membre de sa famille - car ainsi considérait-il ses compagnons d'infortune.

Virent ses révélations au sujet du faux Ulysse et il remarqua à quel point cela troublait Aud, à juste titre. Il tenta de demeurer stoïque pour deux, espérant de cette façon l'assurer pour la suite. Une façon de signifier qu'à eux deux, ils ne vacilleraient pas et trouveraient comment apprivoiser un tel secret.

-- Il est vrai que cela paraît si énorme, si invraisemblable, absurde comme tu dis. Et ta version des faits aurait été infiniment plus touchante : un homme dedans un autre, sous une carapace, laisse l'espoir de pouvoir un jour l'y retrouver, l'en faire ressortir. La mort annihile cet espoir.

Un haussement de sourcil lui vint à la théorie de la jeune femme quant à une coïncidence trop énorme pour que quelque chose n'ait pas voulu les faire se rencontrer - peut-être un signe ? Comme la vie était pleine de ce genre de moments soulevant une telle question.

-- Je crois que j'aime aussi ce forcément. Cela allait arriver. (Un temps, méditatif) Un rationaliste pur dirait que non, tu n'es venue céans que par un enchaînement de causes et d'effets tous infinitésimaux, et que comme nous ne les pouvons pas tous connaître, nous appelons cela ou bien hasard ou bien destin par commodité. Il y a du vrai en cela. Mais... j'aime aussi à croire que quelque chose, un je-ne-sais-quoi, peut être aussi à l'oeuvre dans ces enchaînements et aider certains signes à se faire.

Il quitta là-dessus ses élucubrations métaphysiques pour entendre que Aud n'avait heureusement pas encore eu à souffrir d'Ulysse. Apparemment, un intendant - ce dénommé William - veillait à être la goutte de lumière dans l'Enfer. Grâce lui soit rendue. Puisse-t-il le rencontrer un jour, lui aussi. Un bref sourire tendre lui traversa le visage à la remarque de sa consœur d'infortune, si persuadée de l'insignifiance de son histoire quand Jérémie croyait à l'intérêt de chacune - tôt ou tard. Après tout, n'avait-il pas pensé plus tôt aux effets insoupçonnés des causes infinitésimales dans de grandes chaînes ? Et si les esclaves étaient de ces poussières de cause dedans leurs chaînes - c'était le cas de le dire... - et pour de plus grands mouvements à l'oeuvre. Il hocha doucement la tête, autant aux paroles d'Aud qu'à ses réflexions en lesquelles il voulait mettre foi.

-- Oh non, je n'ai nullement voyagé. Je suis un paysan d'Iswyliz, capturé pendant l'invasion du pays il y a maintenant cinq ans. Quant à la lecture... Ma mère avait la chance d'en posséder les rudiments. Qu'elle a bien voulu me transmettre dans le secret de notre demeure, entre deux jours de labeur. Devenu esclave, j'ai accédé à la bibliothèque de mes maîtres pour y faire le ménage. Alors, j'ai poursuivi l'apprentissage. Ils ignorent tout de cela. Ainsi ne peuvent-ils se méfier et ainsi puis-je apprendre un certain nombre de choses qui peut-être un jour me serviront à des desseins dont ils ne se doutent pas. Et je remercie Dieu, le destin ou le hasard d'avoir apparemment les dispositions pour apprendre vite et seul.
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Message par Aud Ven 27 Mar - 23:56

Aud était si rassurée de voir les traits de Jérémie s’adoucir. Il se passait quelque chose, entre eux. Une sympathie, une confiance si rapidement acquise, et méritée. C’était rare de trouver des esprits brillants, et encore plus quand ces dits esprits acceptaient de discuter aussi passionnément avec quelqu’un comme elle. Rien que pour cette petite lueur, Jérémie devenait un ami si cher à ses yeux ! Elle ne put pas s’empêcher de lui sourire davantage quand elle entendit le « tu ». Devenait-elle son amie aussi ?

« Tout dépend où mènent nos pensées. Je ne pense pas que la volonté de désobéir soit un moteur suffisant… Réfléchir, c’est une liberté que nous possédons, et seulement nous pouvons décider de nous en passer ou non. Ce qui serait très dommage… On peut également réfléchir à des choses positives, comment améliorer les choses ? Comment aider ? Comment tendre la main pour le simple besoin de quelqu’un d’autre, et non le nôtre. Il n’y a aucune rébellion là-dedans, juste… une volonté de faire davantage. Après tout, aucun esclave n’est un meuble sans volonté. »

Bien que certains l’oubliaient, et laissaient d’autres les convaincre qu’ils n’avaient plus d’âme. C’était une bien tragique destinée. Mais ce n’était absolument pas le cas de son compagnon : Jérémie avait une volonté très forte, cela se voyait au premier coup d’œil. Et d’une certaine façon, ça s’appliquait également à son maître. Lui qui fut un esclave.

C’était étrange. Elle se répétait cela encore et encore, mais elle n’arrivait pas à le voir comme un simple esclave. Jérémie jurait que c’était la vérité, et elle le croyait sur parole, cependant son esprit n’arrivait pas à visualiser un M derrière son épaule.

Heureusement, les mots de son nouvel ami vinrent l’arracher à cette vérité.

« Mais les rationalistes n’ont peut-être pas tort… Il y a bien des causes qui ont mené à ma venue ici, des causes bien logiques et définies, et d’autres qu’on ne connaîtra jamais. Hasard ou destin, c’est finalement la même chose, je crois. Car les fils des évènements nous seront toujours étrangers. Si notre rencontre était écrite, toi et moi n’en aurons jamais rien su avant que ça n’arrive. Et le hasard… le hasard nous a fait se rencontrer aussi. Je ne sais pas, je crois bien que je n’arriverais pas à prendre parti entre les deux. »

Elle réfléchit un instant, seule dans ses pensées, avant de reprendre avec un sourire amusé.

« Je crois surtout en l’improbabilité de la vie. Rien ne se passe jamais comme on le prévoyait, et quand on croit voir avec précision le lendemain, c’est là où le hasard, ou le destin, change de direction. Pour nous surprendre. Comme dans du théâtre ! Soudainement, paf ! Quelque chose arrive, qu’on n’aurait jamais deviné. La vie nous laisse le suspense, jusqu’à ce qu’elle dévoile sa nouvelle carte, et elle nous prend toujours de court. Si jamais on l’avait prévu, alors c’est que ce n’était pas son vrai coup, elle se réserve pour plus tard. »

Ça donne de l’espoir. Cette pensée était celle qui lui faisait garder son optimisme et sa foi, comme s’il n’y avait rien de plus logique au monde que cette vie illogique. Et Jérémie, par son existence même, appuyait encore davantage cette théorie. Quelles étaient les chances pour qu’un esclave arrive à apprendre à lire, à se perfectionner, alors qu’il est asservi pour autre chose ? Faire du ménage ? Apprendre était chronophage, mais s’occuper régulièrement d’une demeure, ça l’était encore plus. Et il avait réussi !

« J’aurais aimé pouvoir aussi apprendre comme toi. Beaucoup de livres semblent si intéressants, mais je ne peux lire les mots que si je sais d’avance à quoi ils ressemblent, dans leur globalité. Ce n’est pas vraiment de la lecture, juste une bonne mémoire… Je sais lire le mot « Monbrina », mais seulement si le M du début a bien la forme, d’un M, comme… comme celui de nos épaules. Et… c’est à peu près tout. »
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Message par Le Cent-Visages Lun 30 Mar - 17:41

[12 septembres] Les nourritures spirituelles - ft. Aud [Terminé] Jzorzo11

Jérémie Torrès, esclave, 19 ans

Loin de troubler Aud, le tutoiement la mit davantage encore en confiance. Jérémie fut touché du sourire qu'il surprit à ses lèvres après qu'il eut laissé échapper ce si petit mot - mais porteur d'une grande fraternité. A son tour il écouta ses réflexions, heureux de trouver en des circonstances si improbables une camarade moins d'infortune que de fouilles intellectuelles désormais. Car oui cela pouvait tenir de la fouille, à laisser leurs esprits creuser, déceler une solution ou du moins des pistes rassurantes. L'on ne tenait bien qu'ainsi dans l'horreur.

-- En effet. Je crois qu'il est des gens qui se lèvent le matin et estiment que cela leur suffit, sans chercher à percer davantage, à s'améliorer, à construire. Mais des situations comme les nôtres poussent plus encore, je le crois, le besoin de réflexion. Elle peut être rebelle et vindicative, ce que je trouve légitime, mais également une source d'évasion et de simples petites améliorations... ce qui n'est pas moins légitime, je suis d'accord avec toi. Chacun sa lutte, et le seul fait de se protéger, de rêver, d'améliorer même humblement des situations... c'est déjà résister. Résister en paix.

Il resta songeur. Lui-même se trouvait si souvent torturé, à chercher la bonne formule, le raisonnement qui ferait mouche, la faille à partir de laquelle il pourrait prouver l'indignité du système. Un tel combat cependant l'épuisait et Jérémie se fit, en cet instant, la réflexion qu'il aurait bien besoin parfois de positivité d'Aud. Savoir s'évader et faire de son mieux à son petit niveau, ce n'était déjà pas rien et toutefois devait apaiser beaucoup. Vraiment, il se logeait du courage en cela.

-- Possible, oui, que hasard et destin soient en somme le même phénomène mystérieux. Et leur existence ne me paraît pas inconciliable avec la rationalité à considérer les causes et les effets. Seulement, au tout début de la chaîne, ou à un moment de celle-ci, quelque chose qu'on ne saura jamais a pu intervenir et... écrire, comme tu le dis... écrire la rencontre.

Il lâcha un petit rire rauque et souffla :

-- Je crois que tous les philosophes et métaphysiciens s'abîment le crâne depuis des siècles à cette question : y a-t-il des causes extra-ordinaires ? Quelle part de ce qui arrive est écrit et par qui, quoi, et à quel moment de la chaîne des causalités. Si nous trouvions la réponse là, en ce lieu, ce serait à la fois fascinant... et décevant que de perdre là un mystère. Regarderait-on un tour de magie avec le même plaisir et la même admiration une fois que l'on connaît le truc ?

Jérémie sourit. Il considéra ces situations si riches qu'elles relevaient un peu, elles aussi, d'un tour. En comprendre l'entier fonctionnement pourrait s'avérer d'abord flatteur, mais peut-être ennuyeux à la longue, sans la force de la surprise. Aussi hocha-t-il la tête au constat de sa camarade, quant à la saveur de l’improbabilité. Du théâtre, elle n'avait pas tort, nota-t-il avec enthousiasme.

-- Certes oui ! Une de ces pièces de la commedia del'arte où l'improvisation fait force de texte, où jamais une pièce ne sera deux fois la même ! (Un temps) En revanche... prends la tragédie : là, tout est terriblement écrit dès le lever du rideau. Les dés sont jetés, les Dieux ont décidé, et l'héroïne bien souvent sait qu'elle va mourir. Qu'elle doit mourir. C'est à se demander si, en ce moment, nous vivons une tragédie ou une commedia. Dans le premier cas, j'ose croire que le Destin est avec nous et fera éclater ce qui doit être su, quant à notre délicieux maître. Autrement... à nous d'être les brillants improvisateurs d'une des plus magistrales commedie que n'aura jamais connu ce pays !

Il suspendit ses mots sur un clin d’œil. Son humeur amusée s'estompa néanmoins aux confidences d'Aud quant à son envie d'apprendre, immense comme un puits sans fond et jamais encore nourri. Quelle tristesse ! Cela ne devrait pas être, songea une nouvelle fois Jérémie. Dans un sourire cette fois-ci plus ému que ludique, il glissa :

-- Partir des bribes que tu as vues et retenues, c'est déjà un bon début. L'on cuisine bien avec ce que l'on a sous la main mais il n'est jamais trop tard pour apprendre les méthodes les plus efficaces.

Un élan le prit alors. Jérémie se leva.

-- Viens !

Il s'approcha du bureau où attendaient des feuilles que l'esclave n'avait pas encore noircies dans sa préparations des leçons pour l’usurpateur. Il saisit la plume à disposition, la gorgea d'encre et se pencha au-dessus du papier. Tournant le visage vers Aud, il reprit :

-- Il serait dommage que tu ne connaisses pas d'autres fondements de lecture que ce sinistre M. (Cynique) Quoique même lui, il t'ait apparemment déjà fourni là la première pierre de l'apprentissage. A quelque chose malheur est bon. (Retrouvant un ton plus doux) Tu t'appelles donc Aud. Eh bien... suivons le philosophe qui disait "Connais-toi toi-même", et voici.

Il voulut lui donner à connaître les lettres de son nom. Il traça A. U. D. Une fois en bout de mot, le crissement de la plume ralentit et Jérémie hésita à poser un E. final. Le nom de la jeune fille ne donnait aucun indice à ce propos et elle-même ne savait peut-être pas. Il lui adressa un regard interrogateur tout en lui présentant ses lettres pointues et énergiques. Au-dessous de celles-ci il ajouta : J. É. R. É. M. I. E.

-- Et me voici, commenta-t-il.
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Message par Aud Jeu 9 Avr - 23:59

Le sourire de Jérémie entraina celui d’Aud. Elle ne comprenait pas toujours ce qu’il disait : il évoquait des mots, ou des références qu’elle ne connaissait pas, et pourtant elle arrivait à saisir le sens de ses pensées… et ça la fascinait. Elle aussi voudrait avoir la tête bourrée d’un tel savoir ! Oh, comme on pouvait imaginer plein de choses, réfléchir sur tout, quand on connaissait tout ce qu’il connaissait.

« Tu as un esprit… si pétillant ! » lui dit-elle, sans parvenir à quitter son sourire.

Aud était véritablement admirative, peut-être même un peu envieuse, mais son humeur était telle qu’elle était tout simplement incapable d’éprouver une quelconque jalousie. Elle était tout simplement dans un autre monde, avec un esprit brillant, et rien n’existait plus autour d’eux. Si elle était morte, cela ressemblerait à son paradis.

« Ça se devinait dans tes yeux, mais c’est comme regarder le grand océan à travers une serrure de porte. »

Il n’y avait rien d’étonnant que le maître veuille le garder ici. Il était brillant, et il voudrait s’approprier ce savoir. Cependant, cela ne peut pas être volé. Juste transmis. La connaissance était comme un précieux présent, qu’on ne réserve qu’à ceux que l’on choisit. Tout le monde ne mérite hélas pas un tel cadeau…

La jeune esclave fut un peu surprise de le voir se lever d’un coup, et de s’approcher de son bureau. Suivant son mouvement, intriguée, elle avança à son tour, se penchant sur toutes ces feuilles, déjà utilisées ou toujours vierges… Curieuse, elle le regarda faire, sans comprendre où il voulait en venir. Enfin, pas tout de suite. Mais à ses mots… elle eut un hoquet de surprise. Était-il… en train d’écrire son nom ?

Son cœur se stoppa. Son souffle aussi.

Elle n’avait jamais vu son nom, écrit. Et s’il devait paraître sur quelques registres, quelques actes de propriété, personne ne lui avait écrit son nom, pour elle. Juste pour elle.

Voir ce A. Puis ce U, ce D… c’était comme un écho. Comme si un sourd entendait pour la première fois sa voix. C’est moi. C’est à moi. C’est mon nom. Rien qu’à moi. Pour une esclave qui n’avait jamais rien possédé, comment pouvait-elle décrire ce qu’elle ressentait ? Ses yeux s’humidifièrent, son cœur battait maintenant à tout rompre, alors qu’elle passa lentement ses doigts sur l’encre à peine sèche, un sourire maladroit mais terriblement touché sur le visage.

« C’est… » Un rire nerveux lui passa la gorge, et une larme lui glissa sur la joue. « J’ai un joli nom… »

Elle ne connaissait plus rien de sa langue maternelle, et ignorait la réelle orthographe d’Aud. Peut-être n’était-ce même pas son nom de naissance, mais un diminutif qui aurait été plus simple à retenir pour la très jeune enfant qu’elle avait été. Aud était probablement un mot qui ne voulait rien dire, juste une miette, mais c’était elle.

Séchant ses larmes du plat de sa main, la jeune fille regarda à son tour le mot Jérémie au-dessus. Bien plus long que le sien, alors qu’il n’y avait qu’une syllabe de plus.

« Nous n’avons aucune lettre commune, les tiennes se répètent. Mais il est joli aussi. » Elle tourna alors son regard vers lui, avec humour. « Juste un tout petit peu moins que le mien. »

Elle ignorait bien si Jérémie avait eu l’intention de susciter tant d’émotions avec ses feuilles, mais c’était là. Et maintenant, elle ne pouvait pas oublier.

« Est-ce que… tu pourrais me montrer comment l’écrire… ? »
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Message par Le Cent-Visages Dim 12 Avr - 12:26

[12 septembres] Les nourritures spirituelles - ft. Aud [Terminé] Jzorzo11

Jérémie Torrès, esclave, 19 ans

Jérémie n'avait jamais été regardé ainsi, avec autant de fascination ni un sourire aussi intense. Jamais non plus il n'avait entendu des compliments de ce genre sur son esprit ou son regard. Il en rosit et, penaud, mordilla ses lèvres gercées tandis que son pied frottait le sol d'avant en arrière. Jadis, son instruction et le feu-follet de son esprit étrange avaient passé pour malédiction : il se souvenait des jalousies de ses comparses qui n'en possédaient pas autant ; de sa mère qui disait que, lui, s'élèverait et ne devait pas se soucier des "médiocrités vexées". Jérémie comprenait que derrière les jalousies et mises à l'écart infligées par certains de ses pairs s'exprimait le désir de recevoir de semblables bienfaits. Un jour, espéra-t-il, le feu des dieux pourrait aller aux humains - à tous les humains.
L'image de l'océan qu'invoquait Aud lui plut par son originalité. Cette jeune fille avait beaucoup d'esprit et la tête pleine de couleurs, de sons, de paysages qu'elle n'avait peut-être jamais croisés que dans les récits d'autrui. Et pourtant, elle les convoquait avec une grande vigueur poétique.

-- Il est vrai que l'on imagine souvent l'océan comme un vaste empire bleu et un lieu de rêves... mais il peut tout aussi bien être un gigantesque trou noir dévorant, souffla-t-il avant de clore une seconde les pupilles sur ses profonds yeux caverneux, ces ouvertures sur l'inconnu ainsi que le suggérait sa camarade.

Quel étrange duo devaient-ils faire là, lui l'homme-charpente, ombre de pied en cap, et cette fluette demoiselle à la cascade blonde aussi foisonnante que les idées sous son crâne. Ils avaient ensemble marché vers la table et Jérémie s'était plu à écrire pour elle. Quelle ne fut pas son émotion devant les trois lettres de son nom ! Jérémie entendit son souffle se couper, surprit des larmes perler le long de ses joues : comme si elle entrevoyait là - par la serrure - à un mystère inaccessible, possédait pour la première fois quelque chose, caressait du regard les courbes de sa propre identité.
Le Torrès ne sut pas trop comment réagir à ce débordement d'émotion. Lui-même était si érodé et avait, depuis cinq ans d'esclavage, laissé ce genre de réactions s'enterrer au plus profond de ses tripes - dessous une cage d'ossements. Il aurait voulu avoir un geste adéquat et agréable mais ne sut pas lequel et en resta bêtement immobile, poings appuyés contre la table, tête rentrée dans ses épaules montées sur cintre.
Il finit par sourire de nouveau à Aud puis lui tendit un petit tissu brodé abandonné au coin de la table : de quoi éponger les pleurs, quand bien même celles-ci étaient de bonheur. Les deux trous noirs de Jérémie naviguèrent sans but le long du décor boisé, presque effrayées : avait-il tant de pouvoir, à produire pareil effet avec un si petit geste ? Si par ces quelques lettres écrites il venait de lever de telles digues dans le cœur de sa douce consœur, alors que pourrait-il si un jour il rédigeait un opuscule entier démontrant point par point l'absurdité de l'esclavage ! Saurait-il justement écrire pour ceux qui ne le pouvaient pas sans risquer de prendre leur place... et serait-il écouté de ceux qui se complaisaient en leur surdité ?

La petite voix d'Aud le ramena à elle et il acquiesça à son commentaire, avant de lâcher un rire discret mais sincère à son habile plaisanterie quant à son propre nom. Jérémie ponctua :

-- Tu as un joli nom. Oui. Il sonne doux. Il se rapproche même du nom que l'on donne à une forme particulièrement raffinée de poésie. Et puisque aucune lettre ne s'y répète, alors Longin avec son Traité du Sublime en dirait sûrement qu'il se rapproche du Beau davantage que le mien : "Un maximum de brièveté des signes... pour un maximum d'intensité des signes." (Un temps) Jérémie est plus rude, il roule comme mon accent et comme le triste rocher de Sisyphe. (Il prit soin alors d'expliciter la légende) Cet homme a été condamné par les dieux à pousser éternellement une pierre le long d'une montagne, et jamais il n'atteint son but. (Un rictus rude lui vint puis une lueur fauve au fond des yeux) Cependant Jérémie signifie "Dieu élèvera." et j'ose l'optimisme.

La demande si spontanée d'Aud le toucha : oh bien sûr qu'il voulait lui apprendre ! Cent fois plus qu'à Ulysse ! Il ne savait d'ailleurs pas combien de temps s'était déjà écoulé en la si bonne compagnie de cette consœur. Bon signe. L'ennui avait tendance à si vite gagner Jérémie parfois, à le faire décrocher d'une conversation environnante pour vagabonder au gré de ses pensées. Pas avec Aud : elle était riche d'images ! Elle avait pour elle la force de la résilience, et dans les yeux l'intensité d'une liberté prise à penser tandis que son corps prenait le parti de la discrète obéissance. Un intéressant compromis que Jérémie ne voyait pas comme de la faiblesse ou de la pure soumission. A présent, il comprenait.

-- Bien entendu. Assied-toi.

Il se plaça derrière le fauteuil damassé et le tira pour qu'Aud s'y installe : il fallait les conditions optimales à l'écriture. Jérémie prit place sur le tabouret. Il gorgea la plume d'encre et la remit à la jeune fille, avant de lui pointer un bas de feuille encore vierge. Lui-même saisit une autre plume parmi les nombreuses présentes à cet écritoire. D'un petit coup sur la table avec le côté de sa main, il attirera le regard de sa camarade puis lui montra la manière de tenir l'outil. Entre pouce et index. Appuyé sur les autres doigts et le côté de la paume reposant sur le bois. Enfin, lentement, Jérémie traça les barres du A, le ventre d'un U puis les courbes déliées d'un D dont la pointe s'élevait vers les hauteurs. D'un petit haussement de menton et avec un sourire, il invita Aud à essayer.
Jérémie resterait volontiers des heures à enseigner, à elle. Il sentait combien elle désirerait prendre le temps, se faire curieuse et attentive... tandis qu'Ulysse rageait sur chacune de ses propres erreurs et les avait exprimées en coups qui brûlaient encore le dos, les temps et les lèvres éclatées de l'esclave.
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Message par Aud Dim 12 Avr - 16:15

Elle buvait ses mots comme s’ils étaient de l’eau claire. Aud qui n’imaginait son nom que comme un bref son sans profondeur, elle écoutait Jérémie qui l’associait à un traité – qu’elle ne connaissait évidemment pas – prouvant que ce mot, ce son, était beau ! Le Traité du Sublime… les hommes savants pouvaient donc théoriser sur des choses aussi objectives que la beauté, et en ressortir des mots si bien tournés. Un maximum de brièveté des signes pour un maximum d’intensité des signes. Ce qui est court est aussi intense ? Elle ne s’imaginait pas comme un feu dévorant, mais il y avait que chose de vivant derrière une telle pensée…

Acceptant volontiers le tissu, elle s’essuya rapidement les yeux avant de relever les yeux vers son confrère. Ce n’était pas la première fois qu’elle avait cette impression quand il parlait de lui. Son savoir ou son nom, il utilisait des mots bien plus lourds. Peut-être aussi lourds que cette pierre que cet homme, Sisyphe, devait porter.

« Rude ? Ton nom ? » Elle abaissa légèrement les sourcils, perplexe. « Non, loin de là. Je ne peux pas te trouver de référence adéquate, mais le son m’évoque plutôt une grande douceur. Peut-être à cause du mie de la fin. Comme une mie de pain, si tendre, si protégée, et si appréciée. Je ne connais personne qui n’aime pas la mie de pain. Parfois, je conçois que le rr est un son rugueux, mais pas dans ton nom. »

Une pensée lui vint, ironique et amusante, qui lui arracha un bref sourire avant d’en parler.

« Jérémie ressemble à l’inverse d’un pain : la partie douce et affectueuse se trouve de chaque côté de la partie la plus dure. Alors peut-être… que la partie dure se laisse à son tour attendrir par cette douceur ? »

C’était absurde, même elle s’en rendait compte. Aucun pain ne pouvait fonctionner de cette façon, et pourtant, Jérémie y arrivait. Aucun esclave ne pouvait être si savant, mais lui y arrivait. Aud qui croyait en l’improbabilité de la vie, elle avait la preuve devant elle qu’elle avait raison !

« Et si tu dis que tu oses l’optimisme, applique-le donc sur toi aussi. Tu te définis avec des mots si sombres, si tristes… Un gigantesque trou noir dévorant… » Bon, elle ignorait ce qu’était un trou noir, mais les termes trou et noir, ensemble, semblaient terrifiants. Comme une ombre menaçante, jamais rassasiée. Ce n’était pas du tout ce qu’elle imaginait en le voyant. « Tu es une vague, plutôt. Roulant, comme ton accent, apportant avec elle la force de tout ce qu’elle connait, tout ce qu’elle sait de ce vaste océan. Tu n’avales pas, tu donnes. Tu… m’as donné mon nom. Sur le papier. »

Il ne pouvait pas continuer à utiliser des mots si négatifs pour lui. C’était… trop triste. Et injuste. Elle lui sourit doucement, et puis prit une inspiration tandis qu’elle se saisit de la plume qu’il lui tendit. Elle ne savait pas trop comment la saisir, même si elle essayait de l’imiter. Ses doigts n’étaient pas habitués à une telle position, et ils tremblaient légèrement. Ça semblait si naturel pour lui. Il écrivait avec une telle fluidité. Il l’invita alors à écrire à son tour, et elle hocha la tête tout en appuyant la plume contre le papier. C’était un objet délicat, fragile, qu’elle avait du mal à jauger. Ses lèvres se pincèrent, sa langue sortit légèrement, et elle tenta de reproduire ses gestes. Le A, puis le U, et enfin le D.


A U D


C’était un exercice difficile, rien que ces trois lettres. Sans faire exprès, elle passa un doigt sur l’encre du A. Mais quand elle se redressa pour mieux voir dans son ensemble, elle ne pouvait pas empêcher un élan de fierté emplir son cœur. C’était son nom, avec son écriture. Maladroite, tremblante et sans aucune harmonie, mais c’était d’elle.

« En une quinzaine de minutes, j’ai davantage appris sur moi-même, et appris tout simplement, que ces quinze dernières années… Tu es un remarquable professeur, Jérémie ! J’aimerais… tellement t’aider à partir d’ici… »
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Message par Le Cent-Visages Lun 20 Avr - 16:54

[12 septembres] Les nourritures spirituelles - ft. Aud [Terminé] Jzorzo11

Jérémie Torrès, esclave, 19 ans

Jérémie éprouva un court instant une confusion en se rendant compte qu'il émettait encore des références pointues avec le naturel de l'évidence - presque comme un second souffle chez lui, et comme si cela allait de soi pour toutes les personnes avec qui il conversait. Parfois, cela n'en creusait que davantage le gouffre et il récoltait de l'hostilité : celle d'un individu qui se sentait largué, ou pire, pris de haut. Rien de tout cela n'était en train d'arriver avec Aud et l'esclave contemplait le regard plein de passion avec lequel sa jeune camarade recevait ses paroles. Il l'en admira : guère besoin que d'avoir en tête des encyclopédies, le plus peau et l'essentiel demeurait la curiosité - le reste venait ensuite.
La déconcertante comparaison de son nom avec le pain l'amusa autant qu'elle l'émut. Une telle métaphore était si... inattendue ! Jérémie ne savait dire s'il la trouvait brillante ou complètement saugrenue. Les deux à la fois sans doute, faisant son charme autant que la singularité de la comparse zakrotienne. Pour la troisième fois, elle l'amenait à considérer les choses sous un angle bien différent. Plus doux, plus brillant aussi, à l'image de ce pain qu'elle évoquait.

-- Pain ou rocher, je suis fasciné par tout ce qu'un même son peut amener de différent dans un esprit et un autre. Il y a même des penseurs et des écrivains qui se demandent si la sonorité d'un mot est plus forte que sa signification, voire même si ce n'est pas cette forme du mot qui fait son sens au lieu de n'en être que le support. Toute la question de la poésie. De quoi débattre jusqu'au bout des âges avec des sons qui sont perçus de manière si différente ne serait-ce que par toi et moi, nota-t-il dans un rythme pressé - comme débordé par toutes les idées lui venant en même temps.

Il prit une inspiration et eut de la main un geste balayant l'air, prompt du même coup à l'aider à se concentrer de nouveau avant que trop de digressions ne l'égarent une fois encore. Pour l'heure il répondit d'un haussement d'épaules à cet insoluble débat du sens des sons, pour se sentir aussitôt bien davantage happé par les recommandations bienveillantes d'Aud.
Un silence. Geste suspendu. Jérémie se sentit les yeux traversés d'une émotion qui piquait. Ventre serré. En vérité, si : il avait dévoré bien des choses. Dévoré toute l'attention de ses parents, focalisés sur son éducation à lui et sur l'avenir à donner à un esprit si particulier... au détriment de sa sœur cadette. Avalé la fillette dans son ombre - bien malgré lui. Et plus d'une personne lui avait donné à comprendre qu'il écrasait. Jérémie aurait aimé être beaucoup moins là. Autant de souvenirs douloureux qu'il n'osa pas confier à Aud. Aussi prit-il tout simplement son conseil. Le passé était le passé... Peut-être cependant qu'à l'avenir, il pourrait un peu mieux être une vague ? Son air profondément méditatif n'aura sans doute pas échappé à la jeune fille. Le sourire qu'il lui adressa fut pour la première fois très fragile.

-- Merci, murmura-t-il de toute sa sincérité. Je vais essayer.

Un changement de sujet salvateur s'offrit à lui quand Aud prit la plume et s'appliqua à tracer ses premières lettres. Oh, vraiment pas si mal pour un baptême de plume ! Elles tâtonnaient certes un peu, tels les pas initiatiques d'un bambin qui découvrait sa marche. Une petite chute sous la forme d'une tache... Mais qui n'en avait jamais fait à ses débuts ? Les trois lettres jaillirent. Jérémie se sentit le cœur serré d'assister à cette forme de naissance. Il observa le résultat, tremblant mais si authentique. La signature de quelque chose de nouveau qui commençait pour Aud. Le Torrès imagina bien les émotions qu'elle devait éprouver pour en avoir lui-même été si intensément secoué lors de ses premières écritures.

Pour toute réponse aux mots qu'Aud lui offrait maintenant - comme l'un des plus beaux présents et signes d'estime qu'on lui ait faits de sa vie - Jérémie rougit. Lui d'ordinaire si intimidant, avec son corps de grande charpente osseuse, renouait alors avec une fragilité d'adolescence. Il n'avait après tout que dix-neuf ans mais cette jeunesse restait si souvent enterrée en lui.

-- Je crois avoir appris aussi, aujourd'hui, quelque chose d'important : le courage de sortir de la caverne. De tenter un autre regard que sur des ombres. (Un temps. La demande pressante d'Aud à l'aider le ramena à une plus prosaïque, dangereuse et sinistre réalité.) M'aider ? Eh bien... Si... S'il y a bien ici une bonne âme qui a discrètement ouvert cette porte et permis que tu vienne, celle-ci pourrait éventuellement faire maintenant que je sorte ? Et pour ce qui te concerne... garde avec prudence ce que je t'ai révélé du maître. Uses-en avec grande précaution. Voilà, je crois, ce qui m'aiderait tout autant. Dans un domaine comme celui-ci... simplement rester en vie est, ce me semble, déjà beaucoup pour s'aider les uns les autres.

Il aura porté une main à l'épaule d'Aud en prononçant ces mots. Et retrouvé au visage une expression de vaillance venue radoucir ces longs traits creusés.
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Message par Aud Ven 5 Juin - 23:05

Elle se mit alors à lui sourire doucement. Aud venait de le rencontrer, mais il ne lui avait pas fallu longtemps pour se rendre compte qu’il était un homme remarquable. Et là encore, quand il lui avoua qu’il avait appris quelque chose d’elle, ça la toucha. Platon, évidemment, était hors de sa portée, mais elle n’avait pas besoin de connaître la référence pour comprendre le sens de ses paroles. C’était oser, tout simplement, chercher une autre signification, un autre regard. Et elle était sincèrement ravie d’apprendre qu’il allait essayer d’avoir une approche plus bienveillante envers lui-même. Il méritait qu’on prenne soin de lui, et cela commençait par soi.

« Il est rare que j’ai la place d’instructrice… » Elle se gratta nerveusement sa nuque. « Mais j’aime beaucoup. »

Cependant, la proposition d’Aud n’eut pas réellement la réaction attendue. L’expression de Jérémie se fit plus sinistre, et sombre. Évidemment, tout ce qu’il lui avait révélé ce soir était dangereux, et elle ne comptait l’évoquer à la légère. Et puis pour quoi faire ? Malgré tous ces complots, ces massacres, elle restait une esclave. Et elle connaissait sa place. Si une chose devait être faite, peu importe l’échelle, elle savait d’avance que ça ne pouvait pas venir d’elle. Elle ne connaissait pas encore les autres esclaves de la demeure pour savoir à qui faire confiance, et quand bien même… que ferait-elle ? Aud était réaliste : elle n’avait guère beaucoup d’option.

À part vivre.

Même si sa vie ne lui appartenait pas.

La main de Jérémie se posa sur son épaule, et comprenant toute la profondeur de ses mots, Aud hocha légèrement la tête. Elle ne pouvait pas promettre : elle ne connaissait encore rien de son maître. Juste sa réputation effroyable. En espérant qu’elle soit exagérée.

« Toi aussi, reste en vie. J’espère que je ne te retrouverai pas ici demain, que tu te seras enfui. Je me dirai alors que tu me manqueras. Et tes leçons aussi. Mais il est temps que je me sauve, je ne veux pas t’attirer d’ennuis… »

Pendant un moment, elle avait posé sa main sur celle de Jérémie et lui sourit, avant de finalement se relever. Elle ne pouvait pas rester.

« Porte-toi bien, Jérémie-de-pain… »
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Message par Le Cent-Visages Jeu 11 Juin - 16:56

[12 septembres] Les nourritures spirituelles - ft. Aud [Terminé] Jzorzo11

Jérémie Torrès, esclave, 19 ans


-- Il y a donc un baptême à tout, sourit Jérémie, ému d'entendre Aud apprécier ce rôle d'enseignante improvisé au cours de ces derniers instants.

Quel plaisir lui-même trouvait-il à la transmission ! L'esclave oubliait tout de son statut, de ses douleurs, de son futur incertain, lorsque seul le goût de la connaissance parlait en lui et qu'il se trouvait sur sa route des esprits appréciant de telles conversations. Aussi ne comprenait-il que trop l'enthousiasme manifesté par la jeune Zakrotienne. L'instruire, elle le pourrait sans doute encore à de nombreuses autres occasions ! Jérémie regrettait de ne pas connaître suffisamment l'histoire et les mœurs des pays annexés par Monbrina. Iswyliz était sa patrie, rivée à son cœur et à sa mémoire. Monbrina, il commençait aussi à en percer les arcanes. Mornoy, Zakros ou même Hô-Yo cependant présentaient encore au jeune homme tant de lacunes qu'il brûlerait de combler. On disait les Nordiques polythéistes et attachés à une toute autre représentation de la nature que celle qu'entretenait le dualisme judéo-chrétien. Il n'était certes pas le bon moment pour engager une telle discussion - puisse l'occasion se présenter une prochaine fois.
...S'il ne mourait pas prochainement de la main de l'usurpateur. S'il ressortait libre. Et si il ne faisait pas de mal à Aud d'ici l'intervention de la maréchaussée. Toutes les prières de Jérémie iraient en ce sens.

La fuite du temps se rappela à eux quand Aud annonça devoir le quitter. Se séparer maintenant serait effectivement la plus prudente des choses à faire à présent - avant qu'on ne les suspecte. Oh comme le jeune homme partageait chacun des vœux énoncés par son amie. De s'enfuir. Pour ne pas mourir. Pour mieux se retrouver plus tard en d'autres circonstances.
Dans un élan d'émotion, Jérémie entoura sa camarade de son bras osseux, dans une accolade aussi amicale que pleine de promesses : celle de ne pas laisser sans suite le prélude de cette rencontre. Alors qu'Aud approchait de la porte de sortie, Jérémie lui lança cette proposition qui venait seulement de se former dans son esprit :

-- Si je suis enfui demain, tu auras de mes nouvelles. Vois-tu, non loin de ce château, le gigantesque chêne aux sept branches et au tronc comme percé en plein ventre ? Il est tout tordu du reste, comme s'il était ivre. On ne le peut louper. Tu as dû passer devant en étant acheminée céans. J'y déposerai pour toi d'autres feuillets, avec dessus de quoi t'aider à continuer d'apprendre à mieux lire. Si tu veux, si tu peux... toi aussi laisses-y moi ce que tu souhaites.

L'esclave avait bien conscience qu'il serait ardu pour elle comme pour lui de trouver encre et feuillets. La proposition valait cependant le coup d'être faite. Sans doute Aud serait-elle parfois envoyée à l'extérieur pour quelque commission ? L'occasion serait belle à embrasser afin de communiquer avec son amie. Oh ! Tant de points d'interrogation en vérité émaillaient ce plan pour le moins improvisé. Toutefois Jérémie espérait en celui-ci. Et en Aud. Cette rencontre ne pourrait pas ne pas avoir de suite ! Il mettrait tout son cœur dans la rédaction de parchemins pour cette jeune fille comme lui si avide d'un grand savoir.
Le dernier bon mot de sa camarade illumina d'un franc sourire - moins amusé qu'ému - le visage sévère de Jérémie. L'image d'apparence naïve portait une leçon qu'il s'efforcerait de ne pas oublier. Avant que sa comparse ne disparût de l'autre côté du battant, il la salua à son tour d'un vibrant :

-- Au revoir, Aud. Dieu te garde.
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