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Réforme, Révolution Copernicienne et autres vifs débats

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Réforme, Révolution Copernicienne et autres vifs débats Empty Réforme, Révolution Copernicienne et autres vifs débats

Message par Fatum Ven 12 Oct - 14:05


Des controverses

Dans les rues, les bibliothèques, les églises... et peut-être même dans les salons et réceptions aristocrates, bien des questions sensibles agitent Monbrina en cette année 1597. Pour garder votre tête sur les épaules, prendre vos marques et savoir jouer habilement quelque soient les camps dans lesquels vous vous situerez, de petits papiers circulent sous le manteau et en voici quelques fragments...


"De la religion en question"



Alors que le XVe siècle a vu dansoter les premières étincelles de la Réforme, le XVIe siècle y plonge à corps perdu. Les flammes des critiques croissent dans les esprits, malgré les réguliers assauts de la censure et de l'Inquisition (laquelle se durcit et devient particulièrement active à cette période, et non au Moyen Âge comme on l'imagine souvent). On reproche à l’Église ses richesses indécentes, ses abus divers et variés, son partenariat avec les pouvoirs en place pour servir des intérêts politiques plutôt que les valeurs des Évangiles, ou encore la pratique des indulgences (faire acheter aux fidèles un morceau de papier assurant la rémission de ses péchés...).
Avec Luther et Calvin, le protestantisme / la Réforme se développe, et l'imprimerie donne aux controverses de nouveaux outils.

En outre, les réformés accusent aussi l'autorité du pape, ou encore la propagande que constituent les messes : les ouailles reçoivent l'interprétation des textes qu'un curé peut facilement orienter à sa guise. Le protestantisme prône un accès de tous au Texte et, contre le latin d’Église, s'intéresse au grec, mais aussi aux langues courantes dans lesquelles devraient pouvoir être transmise les Écritures. Le grec par ailleurs permettrait un accès direct aux textes, pour ne pas être esclaves de traductions elles aussi très facilement orientables...

Mais ne nous y trompons pas : la nouvelle foi de Luther n'est pas non plus exempte de noirceurs ! On la dit particulièrement austère, dépouillée ; certains de ses plus ardents défenseurs se coupent du monde et les plus fervents croient à la prédestination. Autrement dit, selon les tenants de cette théorie, Dieu seul choisit ses élus dès le début. Dès le berceau, un être est en état de Grâce ou bien est damné, et rien de ce qu'il pourra faire dans sa vie n'y changera quelque chose. Aussi doit-il seulement se vouer pleinement au respect de Dieu et de sa volonté. Différence de taille avec le catholicisme pour lequel, toute sa vie durant, un être travaille à gagner Paradis ou Enfer par ses actes et ses choix... Par ailleurs, si les Réformés ont fait l'objet de persécutions, ils ne sont eux-mêmes pas en reste – dans les lieux où ils sont les plus influents – dans l'allumage de bûchers pour les sorcières, les monstres et autres suppôts de Satan.


Contre ce vent nouveau, le catholicisme part en croisade à la reconquête des esprits : c'est la Contre-Réforme. La monarchie, incarnée par Gérald Der Ragascorn, resserre ses liens avec l’Église. L'enjeu est de taille : il s'agit d'endiguer les dissidences croissantes et les contestations du fonctionnement de l’Église, puisqu'elle marche main dans la main avec le pouvoir.

D'autant que la philosophie rationaliste, la Révolution Copernicienne et la pensée libertine et matérialiste progressent. L'ambition de la Contre-Réforme est de tout contrôler de la vie des sujets. Gérald Der Ragascorn et les autorités religieuses ont pour cela ritualisé la vie quotidienne et institué de nombreuses célébrations dans le calendrier, comme pouvaient le faire les Romains. Enfin, des ouvrages de piété paraissent en grand nombre et viennent apprendre à la gent que l'on peut tout à la fait concilier vie sociale et vie dévote. L'Eglise se fait de plus en plus présente et pédagogue.


"De la querelle des Anciens et des Modernes"



Il s'agit de la grande querelle philosophique et scientifique de la transition XVIe-XVIIe siècles. De vifs débats se jouent, quant à l'importance donnée aux auteurs anciens dans la formation intellectuelle. Selon les Modernes, on voue une vénération excessive aux antiques, notamment à Aristote, ainsi qu'au dogme religieux. Ne faut-il pas plutôt faire place aux auteurs, aux démarches scientifiques et aux découvertes actuels ? Pourquoi continuer à imiter les antiques dans tous les domaines ? N'y a-t-il pas là un outil de contrôle pour le pouvoir ?

Cependant, le camp Moderne et rationaliste a ses grosses zones d'ombre : peut-on vraiment tout rationaliser ? Les dérives utilitaristes sont pléthore, notamment vis-à-vis des « parasites du corps social »... Enfin, la science seule est-elle la réponse à tout ? N'est-elle pas incapable d’appréhender ce que le réel peut comporte de mystères, ou encore ce qui relève du cœur et de la foi ?


"De la Révolution Copernicienne"



Comment résumer en quelques lignes un bouleversement intellectuel sans pareil dans l'histoire humaine ? Car bien au-delà des considérations scientifiques, c'est l'entièreté de la politique, de l'éthique et des fondements de la société qui sont remis en cause.

L'on a affaire à un renversement total des représentations de l'univers. Alors que le modèle géocentrique est en vigueur depuis toujours, qu'à la suite de Ptolémée et Aristote on croit que le Cosmos est hiérarchisé, clos et parfaitement orchestré autour de la Terre... de récentes découvertes scientifiques foulent à nos pieds toutes ces certitudes. Un modèle héliocentrique commence à être défendu, par Nicolas Copernic, Johannes Kepler, Galilée, et plus tard Newton.

Voilà qui ne plaît ni aux pouvoirs politiques ni à l’Église : comment ? L'univers serait infini et non organisé ? La Terre, siège de l'Homme et de la créativité de Dieu, n'en serait plus le centre ? L'Homme lui-même, plus parfaite des œuvres du Très-Haut, ne serait pas le centre de tout ? Est-il possible de se laisser se répandre de telles idées, alors que tout le système social se calque sur cette hiérarchie naturelle au sein du Cosmos et des êtres de la Nature ?

Faudrait-il aller jusqu'à remettre en doute la légitimité de l'inégalité entre les hommes, et entre autres l'esclavage, comme cela a été fait en Espagne avec la controverse de Valladolid. Durant ce célèbre épisode, un fervent religieux a alerté les autorités quant à l'inqualifiable sort fait aux peuples des colonies d'Amérique... Cette querelle a eu quelques échos à Monbrina mais le régime a bien veillé à la relayer le moins possible, ou alors pour appuyer les arguments en faveur d'une légitime obéissance des peuples colonisés.

Des penseurs comme Giordano Bruno vont même jusqu'à envisager une pluralité des mondes habités, dans un univers infini, qui n'a ni centre ni circonférence. Pire encore, il envisage une potentielle réincarnation et une certaine forme d'animisme... On dit qu'il a en ce moment même, en 1597, de gros ennuis en Italie.

Si c'est du XVIe au XVIIIe siècle que ces débats ont été les plus virulents, ils en ont eu des prémices dans l'Antiquité et au Moyen Âge, avec des figures comme la savante Hypatie d'Alexandrie, dont on parle trop peu.


Au milieu de ces vastes querelles d'encre, quelle sera votre ligne ?


©️️ DABEILLE
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