[6 sept 1597] Dans le secret de la souillarde

Une grande lessive avait ces derniers jours mobilisé des dizaines de bras et à présent, il fallait plier les innombrables draps et rideaux qui avaient séché des heures durant. La Marthe avait ordonné à Claire, Marie-Anne et Jérémie d'aller prêter main forte à la souillarde pour cette rude tâche. Mais étonnamment, cela réjouit Jérémie : voilà une occasion de faire plus ample connaissance avec ses deux nouvelles partenaires. Il était curieux de leur pays d'origine, mais surtout de la manière dont elles voyaient leur position, le fonctionnement de Monbrina, ou encore les questions religieuses actuellement en débat. Le jeune homme voulait profiter de cette corvée commune afin de converser avec elles.


Il prit soin de le faire très discrètement, loin des yeux et oreilles des gardes, sautant sur l'occasion des moments où les corps des trois esclaves seraient proches les uns des autres -- durant un pliage, par exemple -- pour chuchoter.


Sans ralentir la cadence robotique de ses gestes, Jérémie entreprit de demander aux deux jeunes femmes :


-- Si ce n'est pas indiscret... Comment vous êtes-vous retrouvées sur l'estrade de ce marchand ?

Claire mit un moment à faire parfaitement le pliage. Heureusement, elle ne bougeait pas beaucoup. Elle devinait facilement que Marthe l'avait mis là pour éviter qu'elle gêne les autres. Cela lui convenait. Elle sentait parfois la grande ombre de Jérémie venir vers elle pour déposer une pile. Une fois, elle l'entendit murmurer.

Pourquoi ? Par un fâcheux hasard... et qu'elle n'avait même pas pu prévoir... Elle replia mécaniquement le linge, attendant que Jérémie revienne.

- Dame Rose est morte. Je n'avais plus personne...

Jérémie prenait soin de jeter des coups d'yeux de tous côtés, vigilant à ce que nul supérieur ne les remarquât à perdre du temps en conversations. La voix toujours basse, il demanda :


-- Dame Rose ? Qui était-ce ? Tu sembles beaucoup l'apprécier...

Claire eut l'impression que c'était presque un reproche, mais elle répondit néanmoins sincèrement.

- C'était ma maîtresse... elle prenait bien soin de moi. C'est elle qui m'a offert Crépuscule.

Le chat s'était d'ailleurs posté sur la table et faisait une toilette appliquée.

Loin d'y voir quelque chose de répréhensible, Jérémie eut une expression attendrie et réagit :


-- Je veux bien le croire. Un système est mauvais, mais des personnes peuvent être bonnes. Très bonnes. Des êtres comme cette dame que tu décris sont précieux.


Il achevait de plier une lourde couverture, offrit au passage une caresse à Crépuscule, puis s'employa à frotter avec vigueur les draps qui attendaient dans la cuve. Ses mains ne tardèrent pas à devenir rouges et râpeuses. Il choisit, durant un autre instant propice à parler sans écoute, à évoquer des souvenirs à son tour. Confidence pour confidence. Une amitié n'allait pas que dans un sens.


-- Je viens d'Iswyliz. Quand Gérald Der Ragascorn a envahi le pays, il a organisé des rafles. Des gens de mon village et moi avons été pris et déportés jusqu'ici.

Claire hocha la tête. Elle continua son travail, ressassant quelques uns de ses souvenirs. Le jour où Dame Rose l'avait conduit dans cette pièce. Je suis sûre que tu seras ravie. Et en effet, elle avait été tellement heureusement en sentant la fourrure de ce chaton et ses gentils coups de tête.

Cependant les confidences de Jérémie la ramenèrent au présent.

- Oh, toi aussi tu viens d'ailleurs ? Je suis désolée pour ta famille...

Un piètre grognement de Jérémie quitta sa gorge, en guise de remerciement à Claire pour sa compassion. Un silence. Ne résonnèrent plus à leurs oreilles que les froissements des linges, les vapeurs chuintantes, les claquements des fers et des fils d'étendage. Jérémie reprit :


-- Heureusement, je sais que mon père n'est pas mort. Du moins... Il a été vendu à un autre noble, sur le même marché que moi. Je suppose donc qu'il est en vie. Et pas trop mal traité je l'espère. Ma mère et ma sœur... J'ignore ce qu'elles sont devenues. (Un temps, préférant causer d'autre chose et s'enquérir de comment Claire trouvait sa nouvelle maîtresse) Comment cela va-t-il avec l'aînée de Monthoux ?

Claire continua à plier, songeuse. Elle, elle n'avait jamais eu de famille, ou pas au sens strict du terme. Elle soupira légèrement. Elle n'avait connu que sa grand-mère qui lui manquait beaucoup et Dame Rose qui finalement l'avait traitée comme une petite sœur. Lorsqu'elle entendit Jérémie évoquer la possibilité que ses parents soient encore un vie, elle sourit.

- Oh... mais alors, tu pourrais les retrouver.

Elle laissa passer un silence, le temps que Jérémie vienne à lui poser une autre question.

- Eh bien, oui, la maîtresse me traite bien.

-- En effet. J'espère les retrouver un jour. (Un temps, plus bas encore) Mais pour cela je n'aurai d'autre choix que de me mettre hors-la-loi.


Il sourit quand elle lui rapporta que Florentyna se montrait bonne avec elle.


-- Cela ne m'étonne pas. C'est fort bien que tu aies été assignée à son service. Elle est de loin la plus respectable de tout ce domaine. Un destin qui sait se montrer parfois clément. Enfin... Destin. J'en suis à me demander s'il faut croire à ceci. Si ce que nous vivons est voulu.

Claire-Maire ne peut s'empêcher d'être effrayée lorsque Jérémie lui parle de hors-la-loi. Mais elle se sent tout aussi soudainement bête ; bien sûr pour les retrouver il doit être libre... Et ils sont loin de l'être.

Elle acquiesce à la mention de Florentyna.

- Oui, elle est très gentille. (un temps lorsqu'il parle du destin) Oh mais nous pouvons décider. Seulement, parfois il y a certaines choses qu'on ne peut pas changer...

Elle s'arrête à temps, rougissant et consciente qu'elle en a peut-être trop dit. Elle se remet sagement à plier.

-- Oh. "Ce contre quoi tu ne peux rien, fais en sorte que cela ne t'atteigne pas." Voilà qui est très stoïcien, sourit le jeune homme, intrigué et très intéressé soudain par la conversation qui s’enclenchait. Reste à savoir où poser cette limite, entre ce que nous avons le droit de faire et ce qui nous dépasse.


Il ravale un léger rire d'angoisse plutôt que de moquerie, devant cette terrible mais passionnante question à laquelle il n'entrevoir nulle réponse claire.


-- Parfois, je souhaiterais presque une réponse claire à tout ceci, une recette miracle. Et cependant ce serait ôter toute la sève de l'incertitude de la condition humaine. Les choix qu'elle permet... Enfin... Je ne sais pas ?

Claire rougit. Elle ne comprenait pas tout ce que son ami disait.

- Des... sto... sto... qu'est-ce que c'est ?

Elle reste silencieuse à sa dernière question, se sentant gênée.

- Je... je ne sais pas... ce serait aussi terrible de tout savoir, non ?

Les mains noueuses de l'esclave frottaient sans relâche les draps rêches qu'il venait de laver. Il releva les yeux vers Claire à sa question hésitante. Jérémie et sourit et expliqua à voix basse :


-- Les stoïciens. Ce sont des penseurs qui recherchent l'ataraxie... euh... la maîtrise et le détachement de ses émotions si tu veux. Et devant les événements qui les dépassent, ils estiment que le plus sage est de rester neutre et de ne pas se laisser atteindre. Cette philosophie est très riche mais... il me semble qu'en raisonnant ainsi, on se concentre sur soi et jamais on ne lutte pour faire changer les choses à grande échelle.


Il s'interrompit pour échapper à l'oreille et à l’œil rapaces des contremaîtres qui circulaient et observaient le travail des serviteurs. Une fois plus en sécurité, sa voix feutrée s’enthousiasma au constat que lui soufflait son amie.


-- Oui... Ce serait terrible en effet. Je ne suis pas sûr que nous pourrions supporter de tout connaître du monde si l'on ne peut pas agir. Et nous n'aurions plus rien à tester ni à découvrir. Pourtant j'aime chercher à comprendre. Toujours et encore. Mais plus on trouve de réponses et plus de nouvelles questions germent à chaque pas.


Jérémie avait prononcé ces derniers mots avec un fond de fatalisme et d'angoisse. Jusqu'où le savoir était-il permis sans s'avérer vain ? Surtout quand les autorités en place faisaient dire ce qu'elles voulaient aux textes érudits. L'esclave reprit, avec un fond de légèreté taquine dans la voix :


-- Au moins, Mademoiselle Florentyna a la sérénité de sa foi en les Écritures. D'ailleurs, je suis curieux, Dame Rose, t'a-t-elle transmis certaines croyances ?

Claire hoche la tête à ce que dit Jérémie

- Oh je vois. C'est vrai que ce n'est pas une mauvaise façon de penser. Mais tu as raison, il faut aussi penser au monde et aux autres.

Elle se retient de dire qu'effectivement, elle a plus tendance à se replier pour elle-même. Crépuscule lui donne un coup de langue, comme pour lui faire penser qu'elle fait aussi partie du monde. Elle lui sourit en le caressant. Elle réfléchit alors à ce que dit Jérémie.

- Oui mais... cela veut dire que le monde est bien fait. Tu es né curieux et le monde te donne des choses à chercher. Alors c'est bien, non ? (elle rougit) Enfin, je pense cela comme ça, mais toi tu es plus intelligent.

Elle se crispe quand elle parle de croyance. Elle fait mine de plier le linge le temps de savoir quoi répondre. Elle se mords la langue avec appréhension. Hilde lui a bien dit de faire attention.

- Euh... Dame Rose ne me parlait pas souvent de ces choses-là.

J'ai le droit de croire ce que je voulais... pense-t-elle. Mais aujourd'hui, on dirait que ça a changé.

Marie-Anne écoutait la conversation des deux comparses sans dire un mot. Non pas qu'elle ne veuille rien partager mais elle avait peur. Peur que les deux jeunes gens la rejettent en sachant qu'elle faisait partie de la noblesse dans son île. Sa famille était certes contre le principe de l'esclavage et traitait les siens comme des égaux et dans le secret les rémunérés mais est-ce que cela suffirait ?

Elle ne pouvait plus être légitime en temps que fille de bonne famille, l'était-elle vraiment parmi les esclaves ?

Perdue dans ses pensées, ses réflexions la perturbaient au plus haut point jusqu'à ce que ses mains en tremblent. La chaleur des lieux n'arrangeait rien et un effleurement de son front lui appris qu'elle avait surement de la fièvre. Prenant comme toujours sur elle, elle tentait d'effectuer correctement son travail.

Le petit couinement timide qu'émit Jérémie ressembla davantage à un grognement, alors que Claire le complimentait sur son intelligence. Peu habitué à ce genre de paroles, il grommela :


-- Oh, je... euh... je ne sais pas. Merci. (Un temps) Je suis effectivement un invétéré curieux. Ce qu'il y a à la fois de beau et de glaçant dans cet univers est que jamais il ne révélera toutes ses clés. Tant mieux. Ou tant mis : l'humanité est ainsi libre de se fourvoyer sans qu'aucune morale absolue ne le puisse confirmer.


Claire se montra plus qu'évasive concernant les croyances de Dame Rose. Il se contenta d'acquiescer :


-- Entendu. Je suppose donc que toi-même n'as pas vraiment de voie religieuse nettement tracée ?


Soudain, il découvrit le front de Marie-Anne tout perlé de sueur. Elle tremblait et ses mains fébriles tentaient d'effectuer son travail malgré tout. Son corps entier cependant criait son malaise. Jérémie porta une main à l'épaule de sa camarade et murmura, après avoir abandonné son propre labeur :


-- Tout va-t-il bien ? Tu ne sembles pas au mieux de ta forme... Peut-on t'aider ?


Déjà, ses yeux se portèrent vers un seau d'eau voisin. De l'eau fraîche. Si son amie se sentait mal, il faudrait y tremper un chiffon et lui donner de quoi se tamponner le front.

- L'univers fait ce qu'il veut en somme... répondit Claire.

Et il imposait ce qu'il voulait se retint-elle d'ajouter.

- Non, avoua-t-elle quand il repartit sur la religion. J'ai juste... je crois à tout ce qu'il m'est donné de percevoir.

Elle sentit alors que quelque chose n'allait pas. Jérémie faisait un mouvement vers quelqu'un. Claire papillonna des paupières pour essayer de se repérer. Que se passait-il ?

Marie-Anne remercia comme elle le put le jeune homme qui s'inquiétait pour elle, malgré son malaise.

- J'ai la tête qui tourne mais cela peut aller, avoua-t-elle à demi mot. Ce qui me trouble est plus d'ordre moral. Suis-je légitime parmi vous, serais-je faire correctement un travail que je n'ai jamais effectué. Et surtout serais-je supporter les relations maître-esclave qui sommes toute est bien différent dans ce pays que dans le mien ...

Jérémie tendit à Marie-Anne un linge trempé avec lequel elle pourrait se rafraîchir et se remettre de ses émotions. Ce qu'elle expliqua interpella le jeune homme.

-- Comment cela, "pas légitime parmi nous" ? (plus bas, sombre) Personne ne devrait mériter cette place de travailleurs sans droit ni salaire. No toi, ni moi, ni aucun d'entre nous. Je veux bien qu'il existe une nécessaire hiérarchie entre les êtres et dans le monde... Cependant, l'autorité ne s'acquiert pas par la force sur d'autres gens. (plus curieux et animé) Et qu'en était-il, des relations entre maîtres et esclaves chez toi ? D'où es-tu ?

Ses yeux brillaient, il était très curieux de connaître un peu plus sa camarade qui s'était montrée très secrète jusqu'à présent.

Claire-Marie si'nquiéta lorsqu'elle entendit Marie-Anne se plaindre de mot de tête. Allait-elle vraiment aussi bien qu'elle le disait ? Elle en douta soudain. Puis elle se posa les mêmes questions que Jérémie.

- Tu... tu fais très bien ton travail, chuchota-t-elle d'un air mal assuré.

Elle s'interrogea sur sa propre condition. Elle était certainement moins douée que sa compagne, plus limitée. Si Marie-Anne doutait, que devait-elle faire de son côté. Elle se rapprocha pour entendre leur conversation. C'est vrai, elle aussi avait connu quelque chose de différent, avant, même si elle avait presque oublié auprès de Dame Rose. Elle hocha la tête en direction de Jérémie, lui signifiant qu'elle était d'accord. Puis elle se fixa sur l'endroit où paraissait se trouver Marie-Anne. Elle s'en tint aux questions de Jérémie, attendant elle aussi les réponses. Elle continua néanmoins à sagement plier. Peut-être qu'on apprécierait pas de les surprendre ainsi à bavarder alors qu'il y avait encore du travail.

- Sur l'île Bourbon, ma famille et plusieurs autres étaient contre l'esclavage. Nous avions libéré les "esclaves" de notre famille, ceux qui sont restés avec nous travaillaient pour nous contre des pièces d'or mensuels.

Marie-Anne ferma les yeux un instant en repensant au passé

- Enfin jusqu'à ce que l'on pende mon père et que l'on m'envoi sur ce bateau qui me conduisit en ces terres si lointaines...

-- L'Île Bourbon ? Cela voudrait-il dire que ces charognards Monbriniens viennent chercher des prisonniers encore plus loin que leurs territoires ? Leur collection de colonies ne leur suffit donc pas, grommela Jérémie.

Il se mit à réfléchir aux moyens qu'il faudrait pour surveiller ces relations internationales. Qui avait fait ces captures ? Des pirates ? Un frisson parcourut l'esclave quand son ami évoqua son père pendu, puis la capture. Il ne jugea pas délicat du tout de poser davantage de questions sur ce sujet douloureux.
Le jeune homme profita de la courte absence de la surveillante pour filer chercher une boisson fraîche à sa camarade. C'était un fond de jus de fruits chipé dans la glacière et qu'il coupa avec de l'eau. Il s'en revint et tendit le tout à Marie-Anne. Jérémie prendrait soin de laver vite le verre juste derrière et de le remettre en place, ni vu ni connu. Il espéra que cela aiderait à apaiser son passage fiévreux.

-- Tu as donc été d'une famille d'importance sur cette île ? reprit-il. Votre choix d'affranchir os gens est admirable et devrait servir d'exemple. Je ne comprends toujours pas comment garder des esclaves peut-être compatible avec la chrétienté, quoi qu'en dite soute leur pseudo-philosophie.

Marie-Anne accepta volontiers la boisson que lui apportait le jeune homme. La fraîcheur de celle-ci l’apaisa grandement au point de devenir honteuse de son comportement envers ses camarades d'infortune. Se plaindre ainsi et étaler sa pauvre vie qui n'est pas aussi misérables que le pourrait être celle des autres esclaves la mit mal à l'aise. Bégayant presque elle s'excusa et essaya tant bien que mal d'effectuer ses obligations.

- Oui je l'étais mais cela est du passé à présent. En tant que bonne chrétienne je ne justifie pas les agissements de la bourgeoisie de cette contrée, mais je garde la foi envers notre seigneur. Si dans mon cas il souhaite me soumettre à une telle épreuve c'est qu'il attend quelque chose de moi...

Sa voix s'éteignit presque sur ces derniers mots :

- Enfin je l'espère...

Un sourire vint éclairer quelque peu le visage rêche de Jérémie. Ses grands yeux enfoncés se rallumèrent à la vue de sa camarade qui récupérait un peu d'énergie. Un voile de confusion demeurait cependant logé dans les pupilles sombres de Marie-Anne. Le jeune homme resta statique à écouter sa réponse, son visage fixé dans une immobilité respectueuse. Il poussa un "hum..." presque ému. D'ordinaire, Jérémie méprisait les croyants qui n'avaient que la foi du charbonnier mais ne réfléchissaient pas aux dogmes, béatement satisfaits qu'ils étaient de leur condition. Chez sa camarade d'infortune toutefois, il sentait davantage. L'espérance. Et cela était l'essentiel.

-- Une épreuve. Oui...

Il songea à Abraham, soumis à l'épreuve du sacrifice de son propre fils avant que Dieu ne se révèle -- épreuve cruelle ou dont le sens le dépassait... Ou encore à Job, confiant dans le Seigneur malgré sa déchéance de plus en plus crue d'un mal à l'autre.

-- Et tu as bien raison de l'espérer, je crois, répondit sa voix noire et monocorde rythmée par le lent roulis de ses R. J'ose espérer aussi que tout existe selon une finalité précise. Sans pour autant être programmés d'office sans que nous n'ayons nulle possibilité de choix... mais que des buts, des options, des chemins à prendre puissent être présents en germe dans ce que nous sommes. Et dis-moi, je suppose que chez toi, tu as eu une formation, culturelle ou artistique ?

Elle devait sûrement s'avérer fort savante, distinguée comme elle l'était. Jérémie ne pouvait que s'en montrer curieux. Soudain, il prit soin de ployer la tête et de plonger à nouveau ses mains dans l'eau chaude de la lessive. L’œil implacable de la surveillante ne devait pas le surprendre à baguenauder ou il lui en cuirait.