[Automne 1594] Quand on a tout essayé...

par **Hyriel Radgery** Lun 1 Mar - 18:57

C’était… étrange. Très étrange. Pourquoi de si riches personnes venaient le trouver, lui ? Pour soigner leur fils ? Enfin non, c’était normal vu l’incompétences des médecins agréés mais pourquoi… lui ? Pourquoi aller chercher un éclopé dans la forêt quand on pouvait se payer… n’importe quoi ? Ça n’avait aucun sens… Pourtant, il était là, dans une voiture de nobles, en chemin pour une maison de nobles, pour soigner un fils de noble. Lui. Lui, un Iswylan clandestin, sans famille autre que les trois gars tout aussi perdus que lui qu’il a rencontrés. Non, vraiment, c’était un songe, rien de plus… Rêve, d’une telle richesse, ou cauchemar, d’aller rencontrer des nobles du pays qui avait ruiné le sien ? Impossible de trancher mais… bon, si ces nobles-là allait chercher un éclopé dans la forêt, ils ne devraient pas être aussi cruels que les autres… Il jugerait. En attendant, il n’avait rien à faire d’autre qu’observer le paysage et se laisser transporter. Que pouvait-il faire d’autre ? Rien… on le transportait. On conduisait le véhicule dans lequel il était. C’était si différent de béquiller soi-même jusqu’à Braktenn… Ou à travers les montagnes d’Iswyliz…

Hyriel jeta un regard au messager, valet ou il ne savait quoi. Il s’en détourna aussitôt. Cet homme travaillait pour des nobles, il ne devait sans doute pas lui parler sous peine d’être… inconvenant, ce genre de chose… Il regarda plutôt par la fenêtre. Un château apparut à l’horizon. Puis il se rapprocha. Puis la voiture s’arrêta devant. Hyriel ne put s’empêcher d’être étonné. C’était ça, un château de nobles ? C’était si grand… Il aurait dit que c’était le palais royal… Mais alors comment était-il, lui ?

On ouvrit la portière et il revint à la réalité. Il récupéra ses béquilles et se hissa comme il le pouvait dessus dans l’espace exigu, s’aidant de ses jambes pour descendre. Fichu… escalier, ou qu’importe comment ça s’appelait ! Ce n’était pas fait pour les béquilleux dans son genre. Il parvint toutefois à descendre et se tint debout, attendant la suite et observant le château, ébahi. C’était vraiment grand, quand même…

par **Nehalan De Torienel** Jeu 4 Mar - 16:57

[Automne 1594] Quand on a tout essayé... S17u

Léontine Renaudin, 35 ans

Le valet ouvrit la porte pour découvrir que le « médecin » choisit par ses maîtres ressemblait davantage à un mendiant qu’à un véritable docteur. Il soupira.

« Entrez, je vais avertir Monsieur de votre arrivée. »

Il laissa l’homme dans le hall, ne sachant où lui proposer d’attendre, au vu de sa position pour le moins douteuse. Il disparu par la porte au fond de la salle et quelques minutes plus tard, une nourrice passa la porte.

« Bienvenue, bienvenue, le pauvre petit se trouve à l’étage. Il est bien mal en point vous savez, c’est il est de nature fragile le pauvre garçon. »

Léontine continua de jacasser ainsi jusqu’à ce qu’ils parviennent devant la chambre de son protégé. Cela lui permettait de garder la tête froide. C’était la seule fois où elle voyait le Seigneur et sa femme passer autant de temps avec un de leurs enfants. Elle qui s’en était occupée toutes ces années, n’avait que le droit de jouer les servantes, maintenant qu’ils se préoccupaient du jeune Nehalan. Elle aurait tant préféré pouvoir être à son chevet, lui murmurer des paroles rassurantes, mais aujourd’hui sa mère avait décidé de se souvenir que c’était elle qui l’avait enfanté. Elle se faisait tellement de soucis pour lui. Cela faisait des jours qu’il toussait, et la fièvre avait encore augmenté.

Enfin, au bout de laborieuses minutes, ils furent en haut de l’escalier. Elle se mi brusquement à parler tout bas :

« Nous sommes arrivés devant la chambre du jeune Monsieur. Ne faites pas un bruit, il souffre d’atroces migraines. »

***

L’enfant gémi, puis parti dans une douloureuse quinte de toux. Au même moment, la porte de la pièce dont on avait clos les rideaux pour permettre au malade de mieux se reposer s’ouvrit. Il entendit vaguement le valet murmurer qu’« il » était arrivé. D’autres paroles s’échangèrent, puis quelqu’un sorti de la pièce, sans doute pour aller accueillir le « il » en question. Une main froide se posa sur son front, tandis qu’une voix douce lui chuchotait avec tendresse que tout allait s’arranger.

Les yeux mis clos, tourna la tête quand la porte s’ouvrit de nouveau. Un bruit de pas qu’il reconnaissait bien, suivit d’un autre inconnu et bien étrange. Un toc, toc, amorti par le tapis qui entourait sa couche. « Il » s’approchait de lui.

par **Hyriel Radgery** Ven 5 Mar - 15:42

La porte s’ouvrit, Hyriel baissa la tête et vit un valet qui… ne semblait pas très heureux de le voir. Ou plutôt déçu. Quoi, il aurait dû s’acheter de beaux vêtements ? Hyriel inclina la tête par réflexe et entra en béquillant avant de s’arrêter dans le hall. Il s’étonna de se voir laissé là et en profita pour s’émerveiller du bâtiment, avant de voir arriver une femme. Il lui sourit et écouta ce qu’elle lui disait avant de hocher la tête.

« Bonjour Madame. Je vous suis et… je vais faire de mon mieux. »

Il prit une grande inspiration et la suivit. Des escaliers. Il détestait ça. Il entreprit de les grimper pas à pas en écoutant bavasser la femme, sans manquer d’acquiescer de temps en temps, parfaitement convaincu. Il comprit sans peine qu’elle était angoissée et ne lui en tint pas rigueur. Il se pencha pour entendre son murmure et approuva d’un hochement de tête pour lui signifier qu’il avait compris. Il se laissa introduire, salua avec respect les parents inquiets et leur assura qu’il ferait tout son possible pour soigner le garçon. Il laissa la mère rassurer son enfant et béquilla le plus délicatement possible sur le tapis pour venir s’asseoir à côté de lui.

« Bonjour… Je me nomme Hyriel et je suis là pour te soigner. »

Naturellement, il parlait bas, ne souhaitant pas réveiller ses migraines. Il posa en douceur sa main sur le front du jeune garçon. Il était bien chaud. Cette même main alla donc fouiller dans sa besace pour en sortir le bocal de compresses imbibées de verveine, menthe et ortie qu’il avait préparé. Il en sortit une, l’essora un minimum et la déposa sur le front de son patient.

« Là. Les plantes vont aider ton corps à faire baisser ta fièvre et tu iras mieux. »

Il se tourna vers la nourrice pour lui formuler une demande, toujours à voix basse.

« Madame, pourrais-je vous demander d’aller faire chauffer de l’eau ? Une infusion pourrait l’aider. »

Il avait prévu les ingrédients. Et de quoi les noter pour les parents quand il partirait, après les avoir dits à haute voix, bien sûr, comme il le faisait d’habitude. Comme Lif le faisait. Ça lui faisait toujours si étrange de soigner sans elle à ses côtés, ou qui attendait son retour…

par **Nehalan De Torienel** Dim 28 Mar - 19:52

[Automne 1594] Quand on a tout essayé... Tjv9

Nehalan, 14 ans et Léontine Renaudin, 35 ans

A l'entrée du... médecin, Madame de Torienel ne put retenir une grimace. Il avait tout l'air d'un homme de mauvaise vie. Et dire qu'elle mettait la vie de son fils entre ses mains. Son époux lui adressa un regard courroucé. Ce n'était pas le moment de contrarier le nouvel arrivant ! Il pourrait tout aussi bien partir et décider de les laisser se débrouiller avec leur fils. Le seigneur entraîna sa femme vers la sortie, non sans avoir salué leur dernier espoir d'un signe de tête. Ils devaient le laisser travailler, sous la bonne garde de la nourrice. C'était son rôle après tout.

***

Lentement, le malade tourna la tête vers le nouvel arrivant. Il sentait la main de Léontine dans la sienne, seule présence familière, depuis que ses parents avaient quitté la pièce, presque sans un regard pour lui. Il aurait voulu saluer l'étranger en béquilles à son tour, mais aucun son ne franchit ses lèvres, gercées à force d'être mordues pour supporter la douleur.

Le dénommé Hyriel se mit presque aussitôt au travail. Il l'observa fouiler dans sa besace en silence, les paupières mi-closes. Le linge humide qu'il posa sur son front diminua un peu la sensation que l'on avait plongé sa tête dans l'eau bouillante. Il ouvrit la bouche pour le remercier mais il ne réussi qu'à tousser d'avantage. Léontine serra sa main encore plus fort. Le sang pulsait contre ses tempes, sourds tambours que lui seul pouvait entendre.

L'enfant sentit sa nourrice se lever. Elle lâchait sa main. Il tourna la tête de l'autre côté du lit, dans sa direction. Elle lui adressa un sourire inquiet avant de reculer. Elle n'avait pas le droit de partir ! Elle ne pouvait pas le laisser tout seul... Il ne pouvait rien lui dire, simplement lui adresser un regard désespéré qui voulait dire "Reste avec moi".

Elle lui tourna quand-même le dos, après lui avoir murmuré une parole d'encouragement. Il entendit le son étouffé de ses pas, puis la porte se refermer avec douceur. Il ferma les yeux. Elle était partie, elle aussi. Elle l'avait laissé tout seul.

Les yeux rivés sur la porte, il n'attendait que son retour. Allait-elle revenir ? Ou bien disparaitrait-elle à son tour ? Ses yeux commencèrent à se remplir de larmes. Elle ne reviendrait pas. Elle l'avait abandonné. Elle ne reviendrai même pas pour les fêtes, elle. Ses parents l'avaient sûrement congédiée. Ils pensaient peut-être que c'était de sa faute s'il était tombé malade.
Non ! Il ne devait pas les maisser croire ça ! Il amorça un mouvement pour se lever, affolé, quand la porte s'ouvrit de nouveau.

Elle revenait, une bassine et des linges propres dans les bras. Elle ne l'avait pas abandonné. Il ne se sentit pleinement appaisé que lorsqu'elle reprit sa place auprès de lui. Elle serrait toujours sa main du côté où on l'avait saigné. Allait-il trancher ses veines lui aussi ? Il ne voulait pas. Non, non, non. Plus jamais ça. Il ne supporterait pas une fois de plus de sentir son sang s'écouler dans la vasque, comme si sa vie s'enfuyait le long de son bras à flots ininterrompus.

Léontine sentit qu'il s'agitait. Elle se mit à tracer des ronds avec son pouce sur le dos de sa main. Pauvre enfant. Elle espérait de tout coeur que cet Hyriel parviendrait à le guérir. Elle ne supporterait pas de devoir le regarder mourir.

par **Hyriel Radgery** Lun 29 Mar - 12:21

Non, Madame, désolé, je ne suis pas un joli médecin en robe de corbeau. À quoi s’attendait-elle en allant chercher un médecin en forêt ? Hyriel ne montra toutefois rien de sa réaction aux parents. Mieux valait ne pas contrarier les gens importants qui l’engageaient, surtout que le petit gars en pâtirait.

Quand il eut posé la compresse, il crut voir le visage du jeune garçon se détendre et il lui sourit, même s’il ne pouvait sans doute pas le voir clairement. Il le vit ouvrir la bouche pour parler mais se mordit les lèvres quand il toussa. Sa nourrice le rassura de son côté et Hyriel posa une main sur son épaule.

« Courage. Ne force pas plus que nécessaire, cela t’épuisera plus qu’autre chose. »

Il veillait à ne pas hausser la voix, pour ne pas lui causer davantage de douleurs au crâne. Pour le soigner, il avait besoin d’une infusion et il demanda alors à la nourrice de s’en charger. Elle accepta bien volontiers. Il se mordit toutefois la lèvre en voyant l’inquiétude que cela causait au jeune garçon. Il prit sa main à son tour, pour le rassurer, surtout qu’il voyait ses larmes poindre.

« Ne t’inquiète pas, ta nourrice va revenir bien vite. Je lui ai simplement demandé de l’eau, pour te soigner. Ne t’inquiète pas. »

Il espérait que ces simples mots feraient effet.
La nourrice revint et Hyriel la remercia d’un signe de tête reconnaissant. Il prit de l’eau et y mit à infuser du thym, de la sauge, de la menthe et de la verveine. Il se mordit la lèvre en voyant le jeune Torienel s’agiter et approcha l’infusion pour qu’il la sente.

« Tu ne crains rien, mon garçon. Sens cette bonne odeur : ces plantes vont te soigner. »

Il laissa passer un peu de temps, confiant dans la capacité de la nourrice à rassurer le jeune malade, et porta le gobelet à ses lèvres quand il jugea que c’était bon.

« Tiens, bois. C’est chaud mais ça te fera du bien. »

Il se tint prêt à accompagner le mouvement, pour qu’il ne se brûle pas et puisse boire à son rythme.

par **Nehalan De Torienel** Dim 4 Avr - 23:30

Nehalan, 14 ans et Léontine Renaudin, 35 ans

Léontine sortait. Elle le quittait, elle aussi. C’est à peine s’il entendit les mots rassurant de l’étrange médecin, trop occupé à chercher une solution pour convaincre Monsieur votre Père et Madame votre Mère de la garder à leur service. Il ne se cala de nouveau entre les oreillers de plume, que lorsque sa main froide fut de nouveau dans la sienne, chaude et moite.

Rassuré, Nehalan tourna sa tête vers le médecin. Il l’observa en silence mettre différentes plantes dans un broc d’eau fumante. L’odeur vint embaumer toute la pièce. Pas comme avec les remèdes des autres médecins. Ceux-là faisaient peur et laissaient un goût atroce sur son palais. Profitant de voir la sacoche ouverte, il s’étendit le plus qu’il pouvait. Pas de bocal de sangsues en vue. Il poussa un soupir soulagé, avec un peu de chance, il ne déferait pas ses bandages.

Hyriel approcha le verre de lui. L’enfant le regarda sans comprendre. Il fallait qu’il boive ? Il cligna plusieurs fois des yeux, puis se redressa dans sur son lit, pendant que sa nourrice l’aidait à caler les coussins dans son dos. Le liquide chaud coula dans sa gorge. Il fit une grimace. Sa langue lui piquait. Il se força tout de même à prendre une autre gorgée, et puis encore une autre. Cela n’avait pas mauvais goût. A la gorgée suivante, il put profiter pleinement du goût délicieux du breuvage, sa langue s’était habituée à la chaleur.

"C’est quoi ? Les plantes ?"

Il but une autre gorgée. Malgré le liquide chaud, sa groge restait un désert arride. À chaque parole, un râteau de fer rouillé venait racler contre ses parois. Poussé par la curiosité, il se risqua à poser une autre question.

"Pourquoi vous n'êtes pas comme les autres médecins ?"

Il était trop tôt. Le râteau racla jusque dans ses poumons. Il se mit à tousser. À tousser encore. À tousser si fort, qu'il cru apercevoir un postillon de salive voler non loin de lui. Il se plia en deux, alors que rien ne sortait vraiment de sa bouche, et que le râteau raclait dans l'autre sens.

Il la sentit commencer à se construire, la pernicieuse. Il sentait les maillons se tisser peu à peu dans sa poitrine. Il jeta un regard paniqué à Léontine. Est-ce qu'il allait mourir ?

par **Hyriel Radgery** Lun 5 Avr - 18:33

Pauvre enfant… Hyriel sentait bien qu’il ne l’entendait même pas. Il en fallait heureusement plus pour le décourager et l’herboriste continua de rassurer son patient jusqu’à ce que sa nourrice revienne.

Tout à son mélange, Hyriel regardait le jeune garçon de temps en temps pour voir comment il se portait. Il remarqua son regard vers sa sacoche et l’ouvrit un peu plus pour qu’il la voit. Un sourire étira ses lèvres quand il le vit soulagé.

« Si tu craignais d’y trouver sangsues et couteau à saigner, rassure-toi : les seuls couteaux dont je me sers pour soigner servent pour les plantes. »

Il lui présenta justement son infusion et le laissa dicter son rythme de gorgées, attentif pour cela à la moindre de ses mimiques. Il reconnut sa grimace comme de celles causées par la chaleur et non par le goût, aussi écarta-t-il un instant le gobelet avant de le reporter quand il se sentit prêt à reprendre une gorgée. Il sourit à sa question, toujours aussi ravi quand on lui demandait d’expliquer un peu de son art.

« Dans l’eau que tu bois, j’ai mis à infuser du thym, de la sauge, de la menthe et de la verveine. Quant à la compresse sur ton front, elle est imbibée de verveine, de menthe et d’ortie. »

Il continua de le faire boire, tout en croyant percevoir comme une gêne. Il sourit à sa question et allait répondre quand le garçon se mit à tousser. Hyriel éloigna aussitôt le gobelet, pour éviter de le renverser, et passa un bras sous les épaules de son patient, une autre sur l’une d’elles.

« Respire, ça va aller, ça va aller… »
Il capta son regard paniqué et se douta de ce qui l’inquiétait.
« Ce n’est pas grave, c’est ton corps qui cherche à expulser le mal, ça va passer. »
Alors qu’il s’apaisait, Hyriel sourit.
« Pour te répondre, je ne suis pas comme les autres médecins parce que je me soucie de la vie des gens, à l’inverse d’eux. »

par **Nehalan De Torienel** Jeu 29 Avr - 14:36

Nehalan, 14 ans et Léontine Renaudin, 35 ans

A l’instant où Léontine franchi de nouveau le seuil de la pièce, Nehalan s’apaisa. Elle n’était pas partie pour toujours. Il profita du regard absent de sa nourrice pour regarder dans la sacoche du docteur. Il ne voulait pas qu’on le saigne encore. Hyriel lui montra avec gentillesse ce qu’il y avait dans sa sacoche. En temps normal, le jeune garçon aurait sans doute demandé plus d’explications, là, il se contenta seulement de pousser un soupir soulagé quand il comprit que la saignée n’était pas au programme.

Il s’appliqua ensuite à finir le breuvage. Il avait beau être brûlant, il était bien meilleur que tout ce qu’on avait pu lui donner comme remède jusque-là. Il se risqua même à demander quelles plantes le médecin avait utilisées. Nehalan écouta avec la plus grande attention tous les noms qu’il lui donna. Il irait chercher dans ses manuels quand il serait guéri.

La question suivante était trop prématurée. Il se mit à tousser, plié en deux, sous le regard inquiet de Léontine et les paroles rassurantes d’Hyriel. Si cela n’avait été qu’une simple quinte de toux, il aurait enduré la chose avec plus de facilité, mais il sentait l’air s’envoler de ses poumons. Le filet de glace commençait à se tisser tranquillement dans sa cage thoracique.

Fort heureusement, la nourrice avait l’habitude de ce genre de crises. Elle rangea son inquiétude au fond d’un placard et se mit à faire des cercles dans le dos du malade, tout en lui murmurant de se calmer. Elle inspira lentement, et il s’efforça de faire de même, guidé par le rythme de ses inspirations. Au bout de quelques minutes, le filet commençait enfin à fondre. Nehalan s’enfonça de nouveau entre les édredons.

Le souvenir persistait encore dans chacun de ses membres, et sa bouche cherchait encore à happer le plus d’air possible, mais l’un comme l’autres savaient que les choses allaient en s’améliorant. Léontine profita de l’accalmie pour expliquer la situation au médecin.

- J’aurais sans doute dû vous le dire plutôt mais le jeune monsieur souffre de difficultés respiratoires depuis qu’il est enfant. C’est sans doute en partie pour cette raison que son état est aussi déplorable.

Alors que la respiration de Nehalan reprenait un rythme normal, Hyriel répondit à sa question.

- Pourquoi sont-ils médecins alors ? Et pourquoi ils font mal alors qu’ils doivent soigner les gens ?

Léontine lui jeta un regard réprobateur. Elle était très inquiète pour lui mais cela ne l’autorisait pas à se comporter de manière inconvenante. Elle se contenta de serrer un peu plus fort sa main, en rappel à l’ordre silencieux.

par **Hyriel Radgery** Jeu 8 Juil - 8:36

Voir la nourrice revenir et le garçon se détendre ôta un poids du cœur d’Hyriel. C’était toujours ça de mieux, surtout pour le petit. Il fut encore plus ravi quand il découvrit qu’il n’y avait rien à craindre dans sa sacoche. Ça aussi, c’était un bon point. Il le fit donc boire et répondit à ses questions. Après tout, il ne prétendait aucunement avoir le monopole de sa science et il n’avait rien à cacher dans ses recettes. Et à partir du moment où sa condition de guérisseur était connue, de toute manière, il n’avait rien à perdre. Et puis on acceptait plus facilement une médecine si on la comprenait. Hyriel retrouva même un peu du regard attentif du petit Guillaume dans celui de son patient. C’était plus que bon signe !

Malheureusement, il retoussa bien vite mais sa nourrice parvint à l’apaiser, de même que le guérisseur. Celui-ci laissa faire la femme, qui mettrait en confiance le petit et savait procéder avec lui particulièrement – tant que c’est efficace, ce n’était pas Hyriel qui allait remettre en question des pratiques n’impliquant pas de plantes. Et justement, le petit retrouva l’apaisement et se ralongea. Hyriel l’observa tout de même, inquiet d’une rechute. Il reconnaissait là d’autres symptômes qu’une simple grippe mais il aurait besoin de plus d’information pour se prononcer. Justement, la nourrice les lui donna et Hyriel hocha lentement la tête.

« Je comprends, oui… Je vous remercie pour cette information. Pour soulager quotidiennement ces difficultés, je peux aussi vous suggérer une infusion de fleurs de coquelicot – une grande cuiller environ – chaque soir. C’est très efficace. Une infusion en même quantité de baies de tilleul fait aussi cet effet, si vous préférez le goût. »

Il regardait autant l’un et l’autre en répondant. La nourrice car elle était la plus à même de retenir et de préparer, le jeune homme car il était le principal intéressé. Celui-ci reprit justement assez de souffle pour poser sa question. Très bonne question, à la vérité. Il rassura d’un regard et d’un geste la nourrice. Ce n’était pas lui qui allait faire des réflexions sur des remarques un peu osées, surtout que c’était lui qui avait commencé, il fallait bien le reconnaître. Il s’employa donc à répondre et haussa légèrement les épaules.

« Ils sont médecins car ceux qui contrôlent leurs études sont eux-mêmes convaincus qu’ils font le bien, et il transmettent cette idée à leurs élèves, et ainsi de suite. Et il est très difficile de voir le mal quand on nous a dit que c’était le bien toute sa vie. »

Et pas que dans la médecine, malheureusement...

par **Nehalan De Torienel** Lun 23 Aoû - 12:02

Nehalan, 14 ans et Léontine Renaudin, 35 ans

Léontine revenue, tout allait tout à coup bien mieux, jusqu’à ce que Nehalan ne s’enhardisse à poser des questions. Son emballement trop prématuré lui valut une nouvelle quinte de toux beaucoup plus violente, que sa nourrice réussit à apaiser comme à leur habitude. Même malade, il trouvait le moyen de poser des centaines de questions.

Léontine se décida à expliquer la situation un peu particulière du petit, regrettant de ne pas l’avoir fait plus tôt. Elle enregistra les précieux conseils dans un coin de sa tête en hochant la tête, pendant que Nehalan achevait de reprendre son souffle. Cela ne coûtait rien d’essayer, au vu de l’efficacité des traitements administrés par le guérisseur jusque-là.

- Nous essaierons, je vous remercie Monsieur.

Comme il se sentait mieux, Nehalan poursuivit son interrogatoire, de plus en plus fasciné par cet étrange docteur. A sa réponse sur la vision biaisée des médecins, il haussa les épaules. Ils devaient être un peu bêtes alors, s’ils ne comprenaient pas que c’était mal alors que tous leurs patients avaient mal quand ils les soignaient.

- Il suffit de leur expliquer et de leur montrer que ça fait mal quand ils soignent, déclara-t-il le plus naturellement du monde, s’attirant au passage un soupir fatigué de Léontine.

- Et qui se chargerait de cette mission ?

- Moi je le ferais, si personne ne veux s’en occuper, je suis sûr qu’ils ne sont pas méchants. Il se tourna vers Hyriel, le regard fier. Je suis bientôt un homme vous savez. Dans une année quand père m’emmènera à la ville et que je serais grand, j’irais trouver les médecins pour leur expliquer qu’ils font mal quand ils soignent et je leur dirais de venir vous voir pour que vous leur montriez comment il faut faire !

Cette fois-ci, Léontine ne le laisserai pas passer. Elle rallongea le jeune malade qui s’était redressé sous l’effet de l’idéalisme et changea la compresse sur son front en jetant un regard d’excuse au médecin. Nehalan ne savait rien de l’origine douteuse de cet homme que ses parents étaient aller dénicher au font d’une forêt après avoir entendu une rumeur sur un guérisseur très doué. C’était le genre de personne avec laquelle il ne valait mieux pas montrer une affinité et encore moins le déclarer comme étant de confiance. Et celui-ci avait sans doute grand intérêt à rester discret. Elle lui expliquerait tout cela en temps voulu, quand il irait mieux.

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