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[23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé]

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[23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé] Empty [23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé]

Message par Le Cent-Visages Sam 3 Avr - 19:40

– Rendez-le présentable, ordonna un garde en pointant Hyriel, encore allongé sur son matelas au fond de ce cachot moins lugubre que les autres, adjacent à la salle de torture.

Le soleil s'était couché. La septième heure venait de retentir. Deux geôliers détachèrent le sorcier, le redressèrent tant il était faible. Un commis épongea son visage. Sans toucher à ses bandages, on lui passa ses vieux habits. Ses attelles lui furent remises – même s'il n'y avait plus grand chose à soutenir : ses jambes étaient en bouillie. Un vigile s'amusa à lui tapoter la joue et à lui susurrer :

– Tu vas voir Sa Majesté le Roi et le palais avant de mourir. Je t'envierai... presque...

On l'enchaîna : même en piteux état, le Cardinal avait demandé la plus grande vigilance au cas où l'idée lui vienne d'user de ses maléfices. Les soldats, qui commençaient à être habitués à le traîner en le maintenant par en-dessous les bras, le menèrent ainsi jusqu'à la voiture de Son Éminence où il fut installé. Pas de cage cette fois-ci. Relative discrétion, plutôt, pour l'acheminer jusqu'au domaine de Gérald Der Ragascorn. Le véhicule s'ébranla. La route prendrait une petite demi-heure.

Se rendre au château de Sa Majesté impliquait de franchir une infinité de portails, de passer devant autant de cordons de sécurité. La forêt de lances s'ouvrit quand on comprit avoir affaire au Cardinal. De loin, l'ecclésiastique et son captif pourraient entrevoir les luxueux jardins, auxquels l'éclairage aux flambeau donnait un charme particulier. Presque inquiétant au milieu de leur majesté, à l'image des goûts du monarque. De hautes plantes folles sur lesquelles dansaient les flammes. Des arbres qui avaient l'air de se déhancher ou de boiter avec panache tant leurs formes affichaient fièrement un goût du décalage. Difforme beauté. Plus loin cependant, les jardins s'assagissaient. D'immenses parterres taillés déployaient leurs motifs. Ici, nulle sauvagerie, nulle imperfection donnant diversité et sublime à l'univers. Tout était paradoxalement trop sage et démesuré à la fois – plantes corsetées. Des statues parsemées. Rois prédécesseurs, muses... et une sculpture équestre de Der Ragascorn.
Quand Matthieu Cassin se fut présenté aux huissiers, on l'aura retenu dans un bureau le temps de régler des formalités, pendant lesquelles sont captif aura attendu au coin d'un discret couloir, rivé au mur par la chaîne de ses menottes. Aussitôt satisfaits les dieux de l'administration, le Cardinal pourra entrer dans une grande salle, suivi du sorcier déplacé par deux soldats. Le roi les y attendait. Mais pas seul. La reine Alma était présente – elle avait tenu à assister à cette rencontre.

[23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé] Der_ra10

Gérald Der Ragascorn, roi de Monbrina

Deux rangées de figures antiques marmoréennes se faisaient face, contre les murs de l'immense pièce où régnait un calme austère. Tout était de bois sombre. Sculpté, doré, poncé jusqu'à le rendre aussi doux que s'il était la peau du palais. Peau où se coulaient les larmes de lumière, tombée depuis le lustre en balancier comme un pendu. Sous les jeux des bougies, les yeux pourtant vides des vénérables sculptures avaient l'air de vous suivre. Le parquet vibrant théâtralisait le pas de chacun qui entrait et se déplaçait. Au cœur des regards, point de fuite vers lequel s'inclinaient toutes les lignes : les sièges d'apparat. Gérald Der Ragascorn sur l'un, Alma d'Espagne sur l'autre.
Grand, large d'épaules, vigoureux en dépit de ces cinquante ans bien sonnés, le roi était assorti aux Antiques le long des murs. Jusqu'aux plis sculpturaux de sa cape qui eut pu sembler de pierre. Ses immenses yeux bleu foncé vous fixaient – sans bouger, clignant très rarement – vous coupaient des iris. Il observa les arrivants. Il laissa se prosterner. Les gardes auront presque lâché Hyriel, à genoux en contrebas du trône. Fracas de chaînes. Ce fut en lui que l'œil royal fut tenté de se ficher, mais il devait en toute bienséance aviser Son Éminence. De même, Der Ragascorn retiendra l'envie d'une plaisanterie ayant consisté à demander au prisonnier et non à l'ecclésiastique la motif de sa demande d'audience. Mais pas devant la très catholique reine Alma. Il savait que pour la bonne santé de la diplomatie avec l'Empire d'Espagne, ses petits plaisirs devaient se faire sérieusement oublier.

– Nous présumons qu'il s'agit là de votre sorcier, Éminence, engagea le souverain. Nous vous laissons le soin des présentations, puis de la pieuse instruction de Sa Majesté la reine d'Espagne autant que de nous-même.

Gérald Der Ragascorn avait, en réalité, reçu il y deux heures un compte rendu détaillé du procès, de la part de Coldris de Fromart. Ainsi qu'un rapport de la torture. À l'un et à l'autre, on ne pouvait enlever à Hyriel – puisque tel était le nom du prétendu démon – une certaine vaillance malgré ses aveux finaux. Le roi abandonna un bref coup d'œil sur l'homme : bonne carrure bien que peinturlurée et lacérée par les supplices ; jambes convexes et terriblement maigres. Regard d'un bleu de fleuve fou qui, sorti de son lit, avait débordé sur le blanc. Il serait dommage de laisser perdre ce phénomène... Le roi garda tout cela pour lui : la pièce réclamait de renvoyer au condamné sévérité et réprobation. Évidemment, le dirigeant observa aussi avec attention les réactions de la reine Alma.
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Message par Hyriel Radgery Sam 3 Avr - 20:56


« Rendez-le présentable. »

Quoi ?

Lent réveil. Hyriel se laissa détacher, redresser, sommairement toiletter, tout en émergeant peu à peu. Quoi encore ? Il faisait nuit… pourquoi ? Que lui voulait-on ? Il ne fit pas de résistance quand on l’habilla et qu’on lui remit ses attelles. Pas de résistance, certes, mais tout de même beaucoup de grimaces de douleur. Il n’avait pas le souvenir que ses jambes se fussent autant cassées. Était-ce donc ainsi qu’il était né, dans cette souffrance ? Comme il avait dû pleurer… Mais si bébé Hyriel avait supporté ça, grand Hyriel en serait capable aussi. Comme avec n’importe quelle douleur, il l’ignorerait. Il continuerait d’agir, comme si elle n’était pas là. Il ne se concentrerait pas dessus pour se plaindre. Il ne ferait pas ce cadeau au cardinal. Il lui avait déjà trop donné.
Il haussa un sourcil quand on lui tapota la joue. Le roi. Il allait voir le roi. Reverrait-il Lénius ? Et pourquoi y allait-il ? Comme bouffon, lui aussi ? Ou parce que le roi voulait voir l’éclopé qu’il était avant de le faire rôtir ? Qu’importe, il verrait. Puisque, de toute manière, il allait mourir, savoir où on l’emmenait n’avait plus d’importance. Il avait passé la torture, le reste n’était rien. Il sourit donc avec malice au garde.

« Presque ? Comment, la torture ne vous tente pas ? Comme c’est étrange… »

Lui aussi aura susurré, amusé, parce qu’il faut s’adapter à son interlocuteur quand on parle : le garde voulait jouer, il jouerait !

Il se laissa enchaîner, puis traîner. Ignorer la douleur, elle n’existe pas, tout va très bien. Il sourit en retrouvant le cardinal.

« Bien le bonsoir, Éminence. Pardonnez si je ne vous baise pas la main, eh, je suis un peu limité dans mes mouvements… »

Sourire contrit en écartant les mains dans ses chaînes. Dommage…

Ils se mirent en route. Pendant le trajet, Hyriel aura regardé à travers la fenêtre de la voiture. Toutes ces plantes… Les ombres dansant sur leurs feuilles leur donnaient un aspect inquiétant et mystérieux. Attirant également, comme s’il appâtait le passant pour qu’il vienne s’y perdre, à l’image d’une araignée. Hyriel aurait adoré s’y perdre.
Ce jardin laissa place à un autre, plus sage, plus rangé. Moins attirant pour l’œil de l’herboriste. La nature n’était pas vraiment faite pour être à ce point corseté. Même dans une serre, il fallait laisser un peu de liberté aux plantes, pour qu’elles grandissent sans souffrir et qu’elles s’épanouissent dans toute leur beauté. Ses yeux accrochèrent un instant la statue du souverain, au milieu des jardins rangés. De ce qu’il savait de lui, ses vrais jardins n’étaient sûrement pas cela, plutôt les autres, plus… fantaisistes.
Au moins, ce serait amusant, comme rencontre avant de mourir…

L’herboriste se laissa de nouveau conduire à travers les couloirs – il en profitait pour observer la décoration, éberlué – et asseoir, le temps des formalités.
Puis on le reprit, comme un objet, et il admira de nouveau la décoration des salles qu’ils franchissaient, sans chercher à masquer son étonnement, surtout quand ils arrivèrent dans la grande salle, splendide. Eh bien… Ça rapportait gros, de massacrer ses voisins.
Et justement, le massacreur était devant lui. L’homme qui, en plus du sieur de Fromart, était responsable de la ruine de son pays natal. Mais Hyriel n’était pas Iswylan, pas ici, aussi occupa-t-il toute son énergie à cacher son aigreur envers le roi et celle qui semblait être sa reine, même si elle était bien jeune.

On le lâcha. Hyriel étouffa un gémissement en touchant le sol. Au moins ne restait-il pas debout…  Il pinça les lèvres en songeant qu’il se prosternait devant l’homme qui était responsable de la mort des siens. Il ne devait pas y penser, il n’était pas là pour ça. Pourquoi même était-il là ?

Le roi engagea la conversation et Hyriel releva les yeux – juste les yeux, pas la tête qu’il gardait légèrement baissé – avec étonnement. La reine d’Espagne, rien que ça ! Eh bien ! Il allait devoir donner le meilleur de lui-même pour être à la hauteur. Ce serait sans doute fort peu triste…
L’espace d’un instant, Hyriel aura saisit le regard du souverain sur lui. Pour toute réponse, il aura souri et incliné la tête. Mais il ne dit pas « bonjour » pour l’instant : il était un sorcier poli ; il devait attendre d’être présenté pour cela.

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Message par Irène d'Aubeville Lun 5 Avr - 20:23

[23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé] Cardin13
Cardinal Matthieu Cassin, 31 ans

Matthieu s’était préparé à cela toute la journée. Non, tout le mois même. Il était prêt, fin prêt. Il avait ses preuves, tout ce qu’il fallait pour prouver ce qu’il avançait. Sans tricher cette fois. Quoique… dire la vérité, quand on était certaine qu’elle existait, même s’il n’y avait rien de tangible pour le prouver, était-ce tricher ou mentir ? Bien sûr que non.

Il avait passé un moment à lisser sa robe pourpre ainsi qu’un oiseau cardinal l’aurait fait avec son plumage. Il tenait à être sous son meilleur jour. Pas question de se faire reprendre sur le moindre élément cette fois-ci. Cecilia lui avait heureusement assuré qu’il était parfait tout en lui rappelant gentiment l’heure. Il avait pris une grande inspiration avant de passer la porte.

La voiture l’avait entrainée tout d’abord jusqu’à la prévôté, dans un grand silence. Quand Hyriel avait été amené face à lui, il l’avait toisé. Il n’était plus en position de force. Sa langue si caustique semblait ne pas encore avoir été coupé mais qu’importe. Il ne prit même pas la peine de répondre. Ce petit jeu était désormais terminé. Il évitait surtout son regard. Peur ? Prudence ? Les deux peut-être. Matthieu n’avait pas s’empêcher d’esquisser un petit sourire suffisant. Il avait le dessus, il avait gagné la plus grande bataille. Le reste ne serait qu’une formalité.

Néanmoins, à mesure qu’ils s’enfonçaient sous les arceaux du palais comme on s’enfonçait dans les cercles de Dante, une terreur étrange commençait à lui saisir le cœur. Et si le roi était trop têtu ? Après tout, la dernière fois n’aurait certainement pas été un échec devant un souverain tel que la reine d’Espagne. Il respira. La reine, bien sûr ! Elle serait là et, à eux deux, deux âmes pieuses et ferventes, il saurait ramener le souverain dans le droit chemin ! Il en était certain désormais, cela serait un franc succès. Ce soir, la lettre qu’il commencerait à rédiger pour le Pape serait des plus satisfaisantes.

Il observa vaguement le paysage par la fenêtre et fut soudain saisit par d’étranges formes. Il fronça les sourcils. Tout cela sortait de la nuit comme un cauchemar rampant. Les branches branlantes ressemblaient à des bras squelettiques terminés par de longs doigts osseux. Ou encore par un fouet… Matthieu préféra détourner le regard, comme s’il venait de voir un fantôme. Il demeura malgré tout aussi droit et digne que possible tout en observant le sorcier qui semblait fascinée par le spectacle. Il renâcla. Bien évidemment…  

Le deuxième jardin le rendit encore plus perplexe. C’était comme un modèle bien gentil, bien sage, le bon élève face à un jumeau démoniaque. Deux frères ennemis séparés par une mince frontière, qui n’attendaient qu’un prétexte pour se déclarer la guerre. Un déséquilibre, une balance cassée. Et le maître des lieux appréciait cela. Matthieu serra les dents, tâchant de se recentrer.

Le roi. La reine. La rencontre. La mission.

Penser à la mission…

Il avait réussi, pourquoi douter maintenant ? Cela n’avait aucun sens.

Maudit jardin… Lui aussi, il faudrait bien l’exorciser ! Un instant, une lueur passa dans le regard de Matthieu. Une simple torche… malencontreusement décrochée. Il grimaça. L’idée était tentante mais un peu risqué. Il cherchait à le convaincre, non à détruire tout ce qu’il chérissait. Pourtant, il ne pouvait pas s’empêcher de penser que son oncle, lui, n’aurait pas hésiter une seule seconde à embraser ces plantes démoniaques. Matthieu frissonna avant de définitivement arrêter de regarder dehors.

Quand il crut le chemin de croix terminé, il fallut encore en passer par un bureau. Matthieu n’était pas ravi mais fit tout ce qu’on lui demandait. Il avait malgré tout la fâcheuse impression de déjà tomber dans un traquenard. Cette fichue impression ne voulait pas la quitter. Une impression qui remontait où un jeune homme de dix-huit ans entrait dans une salle du palais papale remplie de nouveaux « collègues » qui dissimulait sous des sourire de façade mille et un masques infernaux. Matthieu déglutit en signant le dernier papier. À cette époque, la seule qui qui l’avait retenue avait été le bras que son oncle tordait dans son dos.  

Après les cercles de Dante, le labyrinthe. Matthieu se demandait non sans ironie où se cachait donc le Minotaure. Peut-être au bout de la grande salle où se tenait leur souverain. Il se crispa légèrement alors qu’ils s’avançaient entre des corps figées. Matthieu n’avait jamais apprécié la statuaire. Il avait quelque chose de glaçant à voir l’expression d’un corps sans vie et pourtant dans un essai de mouvement. Ce paradoxe ne lui plaisait pas. Il préférait de loin la chaleur et la lumière d’un tableau religieux. D’autant que ces statues paraissaient bien trop vivantes à son goût… Encore des monstres, de marbre cette fois. C’était une manie…

Il suivait du regard la danse des flammes au bout de la cire fondante. Matthieu commençait à se demander pourquoi le souverain n’avait accepté de les recevoir que le soir. On se sentait petit et perdu dans ce palais, encore davantage dans le noir relatif. Le plancher craquait de façon bien sinistre et Matthieu ne pouvait s’empêcher de tendre l’oreille pour s’assurer que seuls leurs pas renvoyaient un écho railleur.

Matthieu fixait déjà son objectif. Le roi, au bout du couloir. Ses yeux semblaient déjà rire, comme s’il assistait une farce. Matthieu se redressait. Qu’il ne s’en fasse pas, lui et sa Cour seraient satisfaits du spectacle. Arrivé à la limite, il plongea dans une révérence plus de correcte et très respectueuse. Qu’on ne se leurre pas cependant. Il était prêt à guerroyer. Et cette fois, il osait espérer que les batailles de son frère ne viendraient pas empiéter sur les siennes !

Cela commençait bien, il remarqua que le roi était tenté de fixer Hyriel comme une mouche une tranche de confiture. Heureusement, la bienséance le ramenait à lui. Cependant, cette fois, il ne partait pas la fleur au chapelet. Il laissa les gardes s’occuper d’Hyriel, peu importe s’il le lançait au sol ou même s’il lui faisait traverser le plancher à cause de la lourdeur des pierres. Matthieu se permet également d’accrocher le regard de la reine d’Espagne qu’il observe avec révérence. Elle sera son principal appui, il espère qu’elle le comprend.

La première salutation tombe. Bon. C’est mieux que rien et le roi semble se tenir en présence de sa royale invitée. Le tout va être de déchiffrer le sous-texte qui se dissimule sous les politesses. Matthieu devrait y arriver, il a eu le meilleur professeur à ce propos. Il se râcla discrètement la gorge avant de présenter Hyriel de la main, sans pour autant lâcher les souverains des yeux.

-Très Honorables Majestés, voici Hyriel, le sorcier infirme qui corrompait notre bonne ville. Il a avoué cet après-midi même son commerce avec Satan et les dons qu’il a obtenu en échange de ses jambes.

Il se tourna davantage vers la reine, pour qui il inclina la tête.

-Ainsi que je vous l’avais promis il y a quelque jour, Majesté, le voici devant vous, enchainé. Je souhaite de tout cœur que la justice suive son cours par la suite et sauve nos concitoyens comme j’ai cherché à le faire.


@Alma Alvarez
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[23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé] Empty Re: [23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé]

Message par Invité Jeu 8 Avr - 3:07

Le voilà, il arrivait. Le démon que Son Éminence le Cardinal Mathieu Cassin lui avait indiqué rechercher activement, une quinzaine de jours plus tôt lors de leur entretien. Il avait été capturé, emprisonné, passé à la torture pour le faire avouer ses méfaits, et enfin présenté à son Roi. La reine d’Espagne avait demandé à être présente pour voir de ses yeux la créature sur laquelle l’homme de Dieu appuyait sa thèse, et Alma était d’accord avec celle-ci, que les infirmes – au moins ceux de naissance – étaient envoyés par le Diable. Elle le voulait mort. Ce n’était pas son pays, mais elle ne voulait pas qu’il se répande jusqu’en Espagne ou en France le bruit et l’idée qu’un païen puisse pratiquer la sorcellerie impunément ou qu’il soit possible de se déguiser et d’user d’une fausse identité pour s’introduire chez des nobles. Elle se tourna vers lui alors qu’ils attendaient l’arrivée de l’envoyé du Pape et de l’accusé, et qu’ils étaient encore seuls.

Il faut l’envoyer au bûcher. Il le mériterait ne serait-ce que pour la sorcellerie mais il s’est aussi fait passer pour un jardinier chez des nobles de haut rang ! Qui sait quelles malédictions a-t-il pu leur lancer ?!

Elle voulut dire que cela venait probablement de son infirmité mais s’abstint. Elle pouvait faire pression mais elle ne voulait pas non plus le froisser. Il était comme elle monarque de droit divin et elle ne pouvait lui dicter ses décisions, bien qu’elle pût tenter de les influencer.
Il y avait une deuxième raison à sa présence, mais elle avait gardé cette raison pour elle : observer Gérald der Ragascorn, ses réactions, tenter de déceler la moindre faille dans sa foi, le moindre plaisir à la présence de cet infirme maléfique et la moindre mollesse à réagir comme elle estimait être bon.
Puis ceux qu’ils attendaient arrivèrent. Alma observa les arrivants avec attention et ne cilla pas lorsqu’Hyriel fut lâché à terre. Elle ne prononça pas un mot jusqu’à ce que le Cardinal s’adresse à elle. Elle le remercia d’un signe de la tête avec un sourire et prononça quelques mots en latin :

Éminence, voilà un travail bien fait. Le démon est passé aux aveux, il a échangé ses jambes en échange de dons destinés à faire le mal. C'est dans son infirmité natale que se cache le démoniaque. Sorcellerie et déguisement à des fins maléfiques, sans même évoquer les autres chefs d’accusation, voilà qui devraient suffire à ce que la justice monbrinienne le condamne à la peine nécessaire. J’espère qu’aucun mal n’a été fait à la fille et à la femme du Comte de Monthoux ainsi qu’au Comte lui-même. Elles ont dû être ébranlées par cette découverte.

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[23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé] Empty Re: [23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé]

Message par Le Cent-Visages Jeu 8 Avr - 11:20

[23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé] Der_ra10

Gérald Der Ragascorn, roi de Monbrina

Le prétendu démon était là, prosterné aux pieds de Ses Majestés. Il ne faisait pas de remous, tête ployée - ne se redressant un peu avec un inévitable bruit de chaînes que pour observer du bout des yeux la reine d'Espagne. Fort peu de gens pourraient se vanter d'avoir vu d'aussi près deux têtes couronnées en une soirée et dans un cadre si restreint. Ce devait être cependant la cadette des préoccupations de l'estropié.
Le cardinal s'inclina. Gérald Der Ragascorn le sentait des plus concentré. Et pour cause : une grande partie de sa mission se jouait dans cette scène, et reposait sur les épaules de cet Hyriel. Prénom d'ange, comme avait dit le petit fils de son ministre, sur le trajet de la cage qui avait mené le sorcier en prison, d'après les rapports détaillés auxquels Coldris lui avait donné accès. Le monarque s'interdit le moindre sourire - ni le moindre sourcillement - à l'ironie de la chose. Visage statuaire. Gravité de circonstances alors que Matthieu Cassin et Alma, son alliée, eurent rappelé les faits. Alma qui d'ailleurs s'adressa au cardinal en latin, langue que le roi connaissait et comprit sans trop de difficulté. Lui-même s'exprimerait en langue de son Empire.

Hyriel avait avoué sous la question. Certes tardivement : les comptes rendus faisaient état de son endurance, qui pour les uns aurait été héroïque, pour les autres une nouvelle aide de Satan. Curieux tout de même, cette manière dont on louait la résistance aux supplices quand c'étaient des martyres chrétiens dans l'arène - et comment on la prêtait à Lucifer quand cela arrangeait. Mais passons : il avait avoué. Voilà qui était contrariant. Or il serait hors de question pour Gérald Der Ragascorn de s'amuser, là, ce soir, à remettre en cause la légitimité de la torture : oh oui elle l'était, impropre à faire émerger la vérité. Toutefois lui-même avait su en tirer plus d'une fois parti. Autant donc se garder cette carte et abonder dans le sens des Tribunaux ainsi que de Son Éminence : oui, les tourments faisaient émerger le vrai. Si Hyriel s'était tu jusqu'au bout, la situation aurait été beaucoup plus délicate et la comparaison avec quelque martyr bien plus ardue à balayer.
Il réfléchit aux autres charges. Avortements. Fausses identités. Exercice illégal de la médecine. Oui, tout cela enfreignait concrètement la loi et il en serait puni. Ces points-là ne relevaient pas des fantasmes. Quant aux femmes de Monthoux, oh le Diable n'était pas forcément nécessaire pour séduire deux péronnelles d'à peine vingt ans. Sur cela aussi, il faudra se taire. Le souverain avait conscience que le Cardinal et la reine très catholique allaient le mettre à l'épreuve, lui, davantage que le sorcier. Hyriel ne se réduisait qu'à leur outil. Parti comme ce l'était, le roi se devait de donner à Braktenn son feu de joie d'ici la fin de l'année. Démonstration publique de la bonne foi - littéralement - de l'Empire monbrinien.

-- Nous ne tolérerons pas que nos sujets soient davantage mis en danger par des individus pourvus de dons maléfiques. (Cette promesse de dirigeant, au moins, serait aisée à tenir. Plus aisée que "Nous promettons du pain pour tous et moins de chômage.") La justice s'appliquera, puisque cet inculpé a avoué. Et nous ne pouvons que vous féliciter, Votre Éminence, pour votre chasse efficace et solidement appuyée par Sa Majesté la Reine, notre amie et alliée dans la foi en le Très-Haut. (Un temps. Il acquiesça avec compassion au soucis que prend la souveraine de l'état des femmes de Monthoux, puis se retourna vers le cardinal) Avez-vous des renseignements à leur sujet ? Quelque chose a-t-il été mis en œuvre afin de les tirer de leur emprise ?

Il se cala un peu plus dans le creux de son trône, main au menton, dans une pose profondément pensive. Puis de son air très humble ne demandant que l'instruction, il poursuivit à l'attention de l'ecclésiastique et de la souveraine :

-- Nous devons confesser humblement ne pas maîtriser aussi bien que vous la démonologie. Une vie terrestre est si courte, elle n'offre pas de pouvoir se pencher équitablement sur toutes les sciences... (Alors autant la réserver aux sciences qui en sont vraiment.) Et cela est très frustrant. Nous sollicitons donc votre éclairage : ce qu'un mortel peut avoir à gagner de pouvoirs offerts par Satan, nous le concevons très bien. Cependant, que peut avoir à faire Satan du don d'une paire de jambes ?

Il aura demandé cela en toute naïveté, observant la maigreur de celles d'Hyriel. Son regard alors devenu non moins naïf paraissait demander : est-ce ici que Lucifer mange sa viande, ne laissant que les os comme lui-même à table quand il savourait ses bonnes cuisses de poulet ? Ou bien serait-ce que le Diable était un amateur de mode très en avance sur son temps - au milieu de ce siècle qui appréciait les porte-manteaux bien en chair ? Ou bien se faisait-il payer en membres uniquement pour le symbole ? Ou bien... Arquant un sourcil, le roi ajouta :

-- Mais demandons d'abord au principal intéressé, avant que nous ne recevions derrière vos très sages explications. Ainsi du reste aurons-nous l'occasion de recueillir de nos propres oreilles de nouvelles preuves de ses égarements. (Il se pencha vers Hyriel, glacial, tenant parfaitement son expression de Très Croyant scandalisé et qui voulait entendre de la bouche du sorcier d'énièmes démonstrations de sa vilenie. Sa voix grondante ordonna : ) Qu'en dis-tu, toi ? Quel bénéfice tire ton maître infernal de ce pacte ? Ne l'aurais-tu pas mieux servi en gambadant à toute allure à travers rues et forêt ? Ou est-ce que, comme l'avancent certains naturalistes, il faut bien que les petites pattes soient maigrelettes pour avoir par ailleurs un usage optimal de ses ailes ?

Il écoutera avec intérêt et suspicion la réponse du drôle d'oiseau dont pour l'instant il ne voyait pas les ailes de géant l'empêchant de marcher - ne peut s'empêcher de penser la narratrice en coulisses avec quelques siècles d'avance. Puis avec pas moins d'intérêt, les explications de la reine Alma et du Cardinal.
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[23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé] Empty Re: [23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé]

Message par Hyriel Radgery Jeu 8 Avr - 19:56


Oh, le cardinal le boudait… Comme c’était mal élevé de sa part ! Était-ce donc cela qu’on apprenait à l’école des cardinaux ? Par l’orgueil tu te laisseras submerger une fois arrêté ton sorcier ? Ce n’était pas très chrétien, du peu qu’il en savait. Enfin, tant pis. Regarder le paysage serait de toute manière beaucoup plus intéressant… même si adresser un regard par en-dessous au cardinal quand il renâcla fut une tentation à laquelle céda le sorcier.

Après de longues formalités fort instructives, ils arrivèrent dans la grande salle du trône. Le cardinal fut bien aimable et présenta Hyriel, qui se para d’un immense sourire en inclinant de nouveau la tête à la mention de son nom. La suite était du déjà vu, à base de justice et de protection, parfaitement pompeux et idiot, ce qu’un roulement d’yeux du condamné signifiera. Bien entendu, si le cardinal venait à retourner la tête vers l’herboriste, celui-ci lui adresserait son plus beau sourire !

Aux premières paroles du roi, une expression étonnée se peignit sur le visage d’Hyriel. Des individus pourvus de dons maléfiques ? Vous voulez dire… lui ? insinuera-t-il en pointant d’un doigt le cardinal avant de revenir à un air plus défaitiste. Pauvre Justice, si elle savait les bêtises perpétrées en son nom…

La reine parla alors. En latin. Hormis les noms de plantes et quelques bases, Hyriel devait bien reconnaître ne pas y comprendre grand-chose, et surtout pas à l’oral. Il n’y avait bien que les formules juridiques qu’il commençait à connaître, puisque plus efficace que n’importe quel somnifère pour endormir un insomniaque et souvent utilisées par un certain apprenti notaire de sa connaissance quand l’un des quatre camarades en ressentait le besoin. Et puis les prières. Grâce à tout cela, Hyriel parvint à saisir quelques mots mais fut loin de tout comprendre, aussi en profita-t-il pour plier ses genoux douloureux et s’asseoir sur son séant, jambes tendues devant lui et un petit sourire ravi – d’aucuns diraient insolent – aux lèvres. Après tout, pourquoi être triste ? Il ne ratait sans doute que les idioties à bases de purger des démons, ce genre de bêtises, autant dire rien.
Le rebondissement du souverain l’éclaira toutefois sur le sens des paroles de la reine, au moins les dernières. Sans doute à propos de Kalisha et de sa belle-fille. L’herboriste soupira en secouant la tête. Toujours les mêmes bêtises…

Le roi se mit alors à réfléchir et en ressortit… avec modestie ? Oh, cela ne correspondait pas du tout à au portrait que lui en avait dépeint Lénius, ça. Un plissement d’yeux et un petit sourire naquirent sur le visage de l’humble sorcier qui entreprit de jouer avec deux maillons de ses chaînes entre ses mains. Malgré tous les griefs qu’il avait contre ce souverain, il était prêt à se rallier de son côté pour se payer la tête de l’inquisiteur. Et puis s’il pouvait ainsi s’amuser un peu… Il releva la tête sur la fin, concernant les jambes, et haussa les épaules, dents serrées pour faire passer les restes de douleur. Qu’en savait-il, lui ?
Et c’était justement à lui qu’on s’adressait. Hyriel ne put masquer un instant d’étonnement avant de se redresser, le dos bien droit, un immense sourire sur le visage. Il se fit un plaisir tout aussi grand de soutenir avec insolence le regard du roi si pieux, si bon et si sérieux, le bon roi Gégé le Pieux. La fin le fit même ricaner.

« Des ailes ? Allons bon, avec tout le respect que je vous dois, Majesté, pensez-vous réellement que je me compliquerais la vie avec des béquilles si j’avais des ailes, voire que je serais encore là ? Une fois avoué, j’aurais pu m’envoler, comme un petit oiseau, pour partir loin… loiiiiin… »

Ce disant, il aura croisé les poignets pour mimer de ses mains un oiseau s’envolant, tout en fournissant également l’effet sonore grâce à un tchip, tchip, tchip soufflé de sa moue innocente. Il retrouva bien rapidement son sourire en ramenant ses mains sur ses jambes.

« Quant à votre autre question, je pense qu’en gambadant à toute allure à travers la forêt, comme vous dites, j’aurais été si épuisé que je serais tombé de fatigue sans n’avoir rien pu faire de réellement productif alors je ne pense pas que ce soit à l’avantage de qui que ce soit, vous ne croyez pas ? »

Là encore, son sourire se sera fait parfaitement angélique, le temps d’une seconde durant laquelle il soutint le regard du roi. Et que du roi. Les deux autres, il s’en fichait un peu : le roi lui parlait à lui, pas à eux, alors il se devait de ne répondre qu’au roi, comme tout sujet bien élevé, non ?

« Enfin, pour votre question plus générale, que pourrais-je en savoir ? Selon toute votre théorie, là, je ne suis qu’un instrument, non ? Pas le Diable lui-même, ou alors on ne me l’a pas dit, et donc je ne sais pas. Comme vous êtes maître de tout, vous, vous ne saisissez peut-être pas ça mais quand on est un instrument, comme la plupart de vos sujets, on ne comprend pas toujours vos décisions, par exemple. Eh bien là, c’est pareil. Enfin de ce que je pense. Après tout, le cardinal en sait beaucoup plus que moi sur la question. »

Y avait-il beaucoup de double sens dans ses mots ? Oui.

Étaient-ils là à dessein ? Peut-être…


S’amusait-il, avec son sourire aussi insolent que ses innocentes et naïves paroles ?

Totalement.

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[23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé] Empty Re: [23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé]

Message par Irène d'Aubeville Sam 10 Avr - 20:16

[23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé] Cardin13
Cardinal Matthieu Cassin, 31 ans


Concentré. Il devait rester concentré.

Matthieu tentait de lire dans les yeux du souverain mais cela semblait bien moins simple que de le faire avec les cardinaux. Il se pinça un peu les lèvres avant de légèrement secouer la tête. Il pouvait y arriver…

Il semblait réfléchir ? À quoi ? Il espérait que tout cela soit en sa faveur… La réponse le satisfit et il hocha la tête avec aplomb. Cependant, rapidement son esprit lui susurra que c’était bien trop facile. Vu l’esprit retors et incrédule dont il avait fait preuve… Ne lui fallait-il que des preuves pour le convaincre ? Était-ce si facile ? Non, certainement pas… Tout cela cachait sans doute quelque chose. Matthieu serra les dents. Il ne remarqua pas le geste d’Hyriel, trop concentrée sur ce qui se jouait. C’était si grave, si solennel, si important. Il jouait l’avenir de l’Eglise de Rome à Monbrina, il pouvait le sentir. Matthieu serra les dents.

La justice s’appliquera…

Pour celui-ci… Les preuves étaient de toute façon contre lui. Mais les autres ? Cette vile passion qui tenait le souverain ? Elle ne disparaitrait pas en un clin d’œil… Il salua cependant le compliment, avec un hochement de tête poli et une légère inclinaison du buste. Il ne goûtait guère au compliment, il avait même tendance à ne pas les croire. Pourquoi, d’ailleurs ? Il s’était toujours posé la question, alors que ses collègues semblaient les rechercher à tout prix et s’en délecter.

Les compliments sont pour les faibles. Tu ne seras jamais parfait, jamais ! Seul notre Seigneur le Très-Haut l’est ! Personne d’autre, tu entends ? Personne ! Maudit soit celui qui n’oserait ne serait-ce qu’accepter un compliment

Matthieu se retint de porter une main à sa tempe. D’où venait encore cette pensée ? Il se retint de grimacer. Il allait falloir que ça s’arrête, ça devenait très désagréable. Heureusement, cela s’arrêtait relativement vite… Était-ce bon signe ? Il n’avait pas vraiment envie de se poser la question pour le moment…

Les mots de la reine le réconfortèrent et l’assurèrent dans sa position. Il posa une main sur le torse en s’inclinant, ravi qu’elle puisse ainsi l’aider. Il ne saisit pas tout à fait pourquoi elle parlait en latin mais s’adapta en passant dans la langue de Cicéron.

- En effet, je suis heureux de pouvoir vous le prouver aujourd’hui. J’espère également que, ainsi que le promet Sa Majesté, la justice sera être claire-voyante et prononcer la peine adéquate.


À savoir le bûcher. Oui, rien d’autre. Rien ne pourrait le purifier et purifier cette ville autrement. Il n’avait pas à douter, c’était ça, c’était… La seule solution. Oui. Point final.

Quand vint le sujet des deux pauvres nobles envoûtées par le sorcier, il hocha gravement la tête et répondit, toujours en latin.

- Non, pas du tout. Au contraire, mon apprentie, la jeune sœur Cecilia Candore s’est rendues auprès d’elle et les a trouvées repentantes. Il semble que tout aille bien mieux de leur côté mais il est certain qu’elles ont été choquées. Nous ne serons assurés qu’elles soient totalement libérées qui lorsque le sorcier n’aura plus aucun pouvoir en ce monde.

Voilà, distiller des informations, y aller petit à petit… Néanmoins, tout allait bien. La jeune novice avait été tellement radieuse qu’il n’avait pas douté un seul instant du succès de son entreprise. Il repassa en monbrinien pour répondre au roi – sacrée gymnastique linguistique.

- En effet, ainsi que je l’ai dit, la jeune novice qui m’a été confié les pense guéries ! Je l’ai laissé exercer ses talents et force est de constater que même moi, je n’aurais su faire mieux. Je me félicite que le Vatican m’ait envoyé une aide aussi chevronnée, nous avons ainsi pu nous diviser les tâches et être efficace !

Il rayonnait de fierté. Quel idiot d’avoir pensé qu’elle lui mettrait des bâtons dans les roues ! Incrédule qu’il était alors qu’il aurait dû directement la considérer comme un don du ciel. Enfin, il devait demeurer sérieux, surtout que les questions importantes arrivaient. Bien. Il s’était répété des phrases bien tournées et des réponses très éclairantes. Il hocha la tête, comprenant que le roi avait autre chose à traiter. Ensuite, alors qu’il prenait une grande inspiration pour répondre, il se trouva coupé dans son élan. Les yeux du cardinal s’agrandirent et – détail amusant – les têtes du geôlier et du prisonnier devaient être équivalentes. Matthieu serra les dents, avec une longueur amère en bouche. Bien sûr, cela avait été bien trop beau…

C’était fini, ses beaux discours ne le dupaient plus. Il se contentait de ronger son frein en silence. Il n’avait aucun pouvoir ici et s’indigner aurait l’effet totalement inverse. Tant pis… et puis, cela lui donnait le temps de mieux développer ses arguments et de contrer tout ce qu’il dirait. Les bêtises qu’il énonçait l’aurait presque fait grogner. Il avait lui-même admis être ignorant quelques secondes auparavant, pourquoi s’avancer autant maintenant ? Matthieu ne voyait qu’une explication… Il avait encore ses idées malsaines en tête…

Matthieu jeta un bref coup d’œil vers le ciel. Que fallait-il pour que cette fascination cesse ? Que le Seigneur lui envoie un signe…

Les yeux de Matthieu s’agrandirent au numéro d’Hyriel. Il… Non mais quel…

Non, du calme… Du calme…

Il respira un bon coup. Pas de violence, pas ici, ce serait certainement utilisé contre lui vu la tournure que prenait les événements ! il serra les dents en dardant un regard noir sur le prisonnier. Visiblement, il y avait encore du travail avant de lui faire avaler sa langue…

Son insolence était à son sommet en tous les cas… S’il devait lui reconnaitre quelque chose, c’était qu’il se surpassait ! Il plissa les yeux quand il abonda plutôt dans son sens. Tout cela était fort suspect… Il y avait autre chose mais il ne parvenait pas à saisir… Cependant, c’était son tour et il avait bien l’intention de rebondir !

- Vous voyez, il le reconnait lui-même ! Il est un instrument du Malin et corrompt ainsi les bonnes âmes… Et pour répondre à votre première question, Majesté, il s’agit là de théories complexes, impossibles à vraiment connaitre puisque nous ne pouvons entrer dans les détails pour des raisons évidentes. Cependant, il est apparu que la magie démoniaque réclame un prix, les sorciers eux-mêmes en parlent. Nous ne savons pas exactement pourquoi ni la nature exacte de ce marché car il semble différent à chaque cas mais il y a toujours cette notion de prix à payer. Quant au don, ma foi, il est difficile d’établir exactement pourquoi. Cependant, il s’agit comme vous l’avez vu de ces jambes, c’est donc un don important, qui explique que ses terrifiants pouvoirs !


Un temps pour souffler. Il soupira, espérant avoir été convainquant. Il se redressa davantage pour la suite.

- Si je puis me permettre, en étant infirme, il attire ainsi plus facilement ses proies. Il a l’air innocent mais en réalité, il est à l’image d’une toile d’araignée.


Bien… Et maintenant, il espérait que tous ces grands discours ne tombaient pas dans l’oreille d’un sourd.

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Message par Invité Lun 12 Avr - 20:24

- Auraient-elle pêché ?

Le sorcier les avait donc ensorcelées. Évidemment. Il n’avait pas seulement projeter de s’attaquer à des nobles mais avait agi. Au moins c’était un chef d’accusation de plus pour convaincre le Roi de la présence du Malin en ces êtres.

- Cela pourrait être une façon pour tous les envoyés Diable de se reconnaître entre eux. Ou bien une façon d’être pris en pitié par certains afin de mieux les piéger et empoisonner leur âme.

Alma avait quelques théories mais n’avait pas vraiment d’idée sur la cause de leur infirmité. Elle prit la parole en premier pour donner ses théories mais elle fut bien plus d’accord avec celles du Cardinal et elle hocha la tête à la fin de ses paroles.

- Le Cardinal a raison. C’est tout à fait plausible.

Alma avait employé le latin car elle ne parlait pas monbrinien et parmi les trois langues qu’elle parlait couramment, l’espagnol le français et le latin, elle avait estimé que le latin était la plus appropriée à cette affaire.

Elle hocha un sourcil en entendant le ton de l’accusé. Elle ne comprenait pas un traître mot de ce qu’il disait mais elle ne mît que quelques secondes à comprendre qu’il se montrait insolent. Elle avait complètement négligé la partie linguistique de la chose avant de venir. Enfin, elle n’était pas mécontente d’avoir insisté pour être présente.

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Message par Le Cent-Visages Mar 13 Avr - 11:10

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[23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé] Der_ra10

Gérald Der Ragascorn, roi de Monbrina

Gérald Der Ragascorn acquiesça gravement en direction de la reine Alma : oui, d'après quelques comptes-rendus du procès, les dames de Monthoux se seraient rendues coupables en public de comportements indignes de leur statut pour les beaux yeux du sorcier. Il laisserait néanmoins soin à Son Éminence - qui y avait assisté - de fournir les détails à Sa Majesté. Puis ce fut avec une expression soulagée, les doigts tranquillement croisés devant lui avec toutes les marques de la piété, que le roi accueillit la nouvelle des exploits de la novice dont Matthieu Cassin faisait l'éloge.

-- Grâce au Ciel, déclara-t-il en latin à l'attention d'Alma et de l'ecclésiastique.

Le roi avait d'abord bien noté la fébrilité de Son Éminence en paraissant devant lui - les intenses réflexions par lesquelles il paraissait aspiré. Comme si des pensées contraires travaillaient sous son crâne et qu'il ressortait victorieux d'une pareille lutte intérieure, ce qu'il salua d'un regard admiratif. Une admiration qui ne décrut pas lorsqu'il perçut la fierté flambante de sa personne toute de rouge vêtue. Il pouvait l'être : il avait capturé sa preuve parfaite.

Le dirigeant se retourna vers Hyriel. Le prévenu commençait fort : pointer du doigt le Cardinal Cassin alors qu'il était question d'individus maléfiques. Le roi plissa les yeux sur un regard sévère tout en ne manquant pas de noter son culot. L'entretien risquait d'être mouvementé. Derrière l'accusé, les gardes s'échangeaient des mines déconcertées. Si deux d'entre eux travaillaient à ne pas laisser voir qu'ils se réjouissaient du spectacle à venir, leurs collègues - plus sérieux - leur adressèrent une mine grave : il allait falloir intervenir si les choses prenaient un mauvais tour. Ils étaient tout de même en présence de Ses Majestés et d'un cardinal.
Et le sorcier ne semblait pas décidé à se calmer : pendant les interventions respectives de la reine Alma - en latin, qu'il ne devait donc pas bien comprendre - et du roi, il se mit à sourire et jouer avec les maillons de ses chaînes. Le monarque roula des yeux, avant de se pencher plus en détail sur ses réponses formulées toujours avec un rictus, des mimiques irrévérencieuses et même un ricanement. Gérald Der Ragascorn plissa le front. Ses prunelles restaient froidement fichées dans celles du prisonnier insolent. Comme si la perspective quasi certaine du bûcher faisait sauter ses digues. Qu'à cela ne tienne : au moins cela ne déplut-il pas à Sa Majesté que chacun - et lui le premier - contemple sa vraie nature.

-- Il se dit pourtant que des sorciers vieux ou malades, ou des femmes impotentes compensent leurs infirmités en envoyant leur âme ou leur ombre voler au tourment de leurs proies, évacua-t-il concernant les ailes, avant d'arquer un sourcil et de laisser s'installer un silence quand Hyriel se permit de faire le pitre avec ses mains.

La suite ne valut guère mieux. L'estropié se moquait ouvertement de lui en feignant ne l'avoir pas compris : bien évidemment qu'il n'était pas question de courir en permanence jusqu'à épuisement, mais simplement de souligner que la validité de ses jambes eut certainement été plus pratique au quotidien pour servir un maître. C'était comme ces esclaves cabossés qu'il fallait bien brader sur les marchés pour espérer qu'il trouve quand même acheteur et utilité même si cela réduisait grandement le champ possible des corvées que l'on pouvait leur confier. Quant à la dernière question, le sorcier y répondait avec un ton doucereux et un sourire toujours aussi angéliquement insolent : et il ne niait pas ! Il semblait même assumer d'être un potentiel serviteur de Satan, ignorant des desseins de son maître. Si Gérald Der Ragascorn s'était attendu à cela ! Il avait plutôt auguré que l'individu s'en défende, qu'il proteste contre ses propres aveux extorqués dans la douleur, ce genre de chose. Voilà qui devait contenter le Cardinal au-delà de ses espérances.

Les vigiles se seront échangés des regards consternés aux coups d'yeux irrévérencieux d'Hyriel sur le roi, à ses sourires, et surtout à cette comparaison fort déplacée entre Sa Majesté et le Diable, faisant de ses sujets des instruments. A peine le sorcier aura-t-il refermé la bouche que la poigne solide d'un garde tomba sur son épaule, en signe rappel à l'ordre et menace encore diffuse - accompagnée de sa voix rauque :

-- Prends bien garde, accusé, tu t'adresses à ces Majestés en personne.

Il sembla clair à leurs attitudes qu'au prochain manquement, un coup partirait. Gérald Der Ragascorn quant à lui, à l'instar de Matthieu Cassin dont il nota et admira le phlegme, ne réagit par aucune colère aux provocations. Cela aurait été trop facile. Et attendu. Et stérile. D'autant qu'il ne se défendra pas de faire "usage" de ses sujets : le sorcier n'avait pas complètement tort. Si l'Empire s'apparentait à une gigantesque mécanique, lui-même et son gouvernement constituaient les gros maillons dont les mouvements faisaient agir des milliers de tous petites pièces utiles à la grandeur du continent. Oui, il devait service à ses sujets. Mais n'éprouvait nulle honte à les diriger : la couronne ceignait sa tête dans ce but.
Il adressa toutefois un regard d'alliance à la reine Alma : tous deux partageaient la même fonction, tous deux étaient à la tête de puissants empires et se comprendraient dans les charges que cela impliquait. L'associant donc au jugement émis quant à l'office des souverains, il répondit avec la sévérité qui s'imposait :

-- Tous ici-bas sommes censés être au service des desseins du Très-Haut, dont les monarques sont eux-mêmes en quelques sortes les instruments. Les plans du Seigneur sont bons. Nous tentons de les atteindre par nos manières de diriger. Nos sujets ne comprennent pas l'entièreté de nos plans mais nous doivent confiance et obéissance de la même manière que chaque être humain, les rois eux-mêmes, ne percent pas l'ensemble des mystères du Ciel et de la nature à l'œuvre. (Sourire en coin à Hyriel) Au moins pouvons-nous donc te reconnaître une certaine lucidité humble quant à la chose politique.

Satan devait en effet avoir lui aussi quelque chose d'un politicien, avec ses plans, ses sujets, ses instruments, sa hiérarchie, ses pactes. Tel fut d'ailleurs le sens dans lequel alla la reine Alma pour expliquer le don des jambes au Diable. Il l'écouta avec grande attention. Une manière pour les démons de se reconnaître entre eux ? Oui, sans doute... Mais une manière pour les bonnes âmes de les reconnaître aussi, apparemment, et de les capturer. Ce qui de la part de Lucifer ne serait pas franchement malin. A moins que, comme le soulignait ensuite la reine, ces mutilations de leur apparence soient nécessaires dans le cadre d'un pacte et des ruses. Il accueillit donc ses analyses d'un acquiescement et dit en latin :

-- Ce sont paroles éclairantes. En effet, en appeler à la pitié est toujours une façon efficace d'attirer des proies. Quoi de mieux que le corps fragile pour cela ? (Et pourtant... il connaissait plus d'un invalide qui, dans leurs attitudes, faisaient tout pour ne pas recevoir de pitié. Plusieurs de ses bouffons détestaient cela et le prouvaient au quotidien en faisant mieux que les valides dans bien des domaines. Sans compter que d'un autre côté, l'Eglise prétendait que la présence d'infirmes faisant pitié permettait à la charité de s'exercer. Il faudrait savoir. Ou alors... il fallait juste apprendre à distinguer le bon invalide du mauvais invalide ? Comme bon chasseur du mauvais chasseur ?) Quant aux marques corporelles, à présent nous saisissons : c'est la signature d'une alliance, comme certaines peuplades s'engagent de leur sang versé sur quelque stèle. Mais vous devez connaître cela mieux que nous, Majesté : c'est l'Espagne qui a fort étudié les sauvages de deux continents dans le cadre de la Controverse de Valladolid et des décisions qui ont suivi. C'est aussi à votre empire que nous devons des performances sans précédent en matière d'Inquisition.

Il aura évidemment pris soin ensuite de reprendre tout cela mais en langue du continent : la reine Alma et le Cardinal l'auront compris, mais il serait dommage que le principal et enchaîné intéressé rate un morceau de la partition. Quant à son tour Matthieu Cassin confirma et développa les théories émises par la reine Alma, le monarque réfléchit quelques instants. Il décréta enfin, d'abord en latin, puis dans sa langue pour Hyriel - là encore dans l'esprit juridique de "nul n'est censé ignorer la loi et pour cela il la faut comprendre" - or la loi allait peut-être se faire dans les secondes prochaines :

-- Le sorcier effectivement ne nie pas sa sujétion au diable. C'est chose entendue. Et à présent que nous voilà instruit de la nécessité d'attendrir les bonnes âmes et de remettre à Satan une part de soi en marque de pacte, Ma Reine et Votre Éminence : quelle serait votre opinion au-delà même du cas de cette créature ? (Coup d'œil vers Hyriel) Devons-nous entendre dans vos mots qu'il serait bon de soumettre tout invalide de naissance à examen de piété ? Qu'il faut séparer le bon grain de l'ivraie ? Nous ne pouvons en effet ignorer, d'un autre côté, que certains estropiés ont l'âme bonne et permettent à la générosité de tout chrétien qui se respecte de s'exercer.

Et comment distinguer les bons des mauvais ? Et un bon ne peut-il devenir mauvais, ou un mauvais se réformer ? Et de quelle manière passe-t-on des milliers d'infirmes à examen ? Gérald Der Ragascorn avait bien conscience de la tournure un peu folle que prenait cette conversation.

-- Nous avons bien évidemment à cœur de ne garder auprès de nous et de ne laisser en compagnie de nos sujets que les anormaux dont la présence est saine et utile. acheva-t-il à l'attention d'Alma.
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Message par Hyriel Radgery Mar 13 Avr - 15:27


Le regard du roi avait quelque chose de pénétrant… et d’amusant : c’était comme s’il disait tout haut « provoquez-moi, montrez-moi jusqu’où vous pouvez aller… », ce qui n’était pas pour déplaire à l’herboriste, d’autant plus qu’il était aussi là pour faire sa cour auprès du roi. Comme avant de se faire engager à Monthoux mais en mieux ! Ainsi, par-dessus son amusement, il enfila le masque de l’innocence quand le souverain ficha ses yeux électriques dans les siens. Il n’avait fait que montrer la vérité pourtant : ne disait-on pas l’Enfer un grand brasier et le Diable, celui qui l’entretenait ?

Et cardinal se mettait justement au latin à son tour. Décidément ! Ce n’était pas très gentil. Hyriel afficha une petite moue en continuant de faire mumuse avec ses maillons de chaîne. Mais le cardinal finit par repasser en monbrinien. Cette fois, il saisit et fut intérieurement soulagé par ce qu’il entendait : les deux femmes ne craignaient rien. Puisqu’il ne les avait pas livrées et qu’il semblait que le poison n’ait pas été trouvé, alors tout allait parfaitement bien.
Naturellement, en tant que son plus proche voisin, Hyriel ne manqua pas la grande inspiration du cardinal pour la suite et, même s’il fut tout aussi étonné que lui, il ne put s’empêcher de rire mentalement. Il devait être vraiment rouge…

Tandis qu’il parlait, Hyriel continua de fixer les yeux du roi. Il savait qu’il n’était pas pieux pour un sou, grâce à Lénius, et lui aussi voulait voir jusqu’où il serait prêt à aller devant une reine très catholique et un cardinal inquisiteur.
À la réponse du souverain sur les ailes, Hyriel haussa les épaules.

« Il se dit également qu’il existerait d’autres dieux que Notre Seigneur mais nous savons tous ici qu’il n’en est rien… »

Et il avait bien conscience d’atteindre les limites en s’engageant sur ce terrain mais cela ne l’empêcha pas de continuer de soutenir le regard du roi à la suite.
Naturellement, quand il finit, il se fit rappeler à l’ordre. C’était étonnant qu’ils l’aient laissé finir, il n’en attendait même pas autant. Mais il prenait garde, il prenait garde. Il s’amusait simplement à jouer les funambules. Et désormais, comme il l’avait fait au procès, il allait tranquillement continuer d’avancer sur sa branche tel un cochon pendu, afin que le bois ne se brise pas…
Et puis le souverain ne nia pas. Au contraire, il approuva. Et oui, c’est vrai, Hyriel avait oublié un maillon dans la chaîne mais bon… Il avait dit ce qu’il avait à dire. Au compliment, il inclina la tête avec humilité, une main sur le cœur.

« Un tel compliment d’un si grand souverain m’honore, Majesté. »

Oui, un grand homme : le roi était en effet très grand, sans doute d’une ou deux têtes de plus qu’Hyriel ! Et puis sur son trône, alors que l’herboriste était assis par terre, il semblait vraiment très grand. Le sens figuré, en revanche, Hyriel avait du mal à le voir, même s’il reconnaissait quelques qualités, dont le beau parler, au souverain.

La reine parla de nouveau et le souverain répondit. Les yeux d’Hyriel allèrent de l’un à l’autre en essayant de saisir quelques mots au passage mais n’y parvint pas. Bah, encore une fois, ce devaient être des fadaises sur les infirmes diaboliques, comme d’habitude… Mais il reparla ensuite en monbrinien. Était-ce la même chose ou non ? Comment savoir ? Si c’était la même chose, c’était donc pour lui, surtout, et cela valut au roi un remerciement de la tête. Et donc, bien sûr, Hyriel leva les yeux au ciel. Comme si lui et tous les autres infirmes avaient choisi de se condamner au bûcher, de se promener avec une pancarte au cou montrant en grosses lettres « Bonjour ! Je suis un serviteur du Diable ! » et de s’handicaper dans la vie quotidienne. Mais bon, mieux valait attendre cette fois qu’on lui rende la parole pour balancer des évidences. Et puis il voulait voir jusqu’où irait le roi car Hyriel savait qu’il ne pensait pas vraiment ce qu’il disait : aurait-il tout plein d’infirmes de compagnie, sinon ?

Et cela ne manqua pas, le cardinal vitupéra, tout content. De nouveau, Hyriel leva les yeux au ciel et recommença à jouer avec ses chaînes, mais pas trop fort pour ne pas embêter les gardes. Et puis, tout de même, quand le cardinal évoqua ses terrifiants pouvoirs, Hyriel plaqua ses mains sur sa bouche en une expression horrifiée. Et alors la suite, mais la suite ! Une toile d’araignée ? Malgré tous ses efforts pour se contenir – un peu faibles par rapport à ce qu’il savait faire en général, mais ce n’était pas la question –, Hyriel fut pris d’un fou-rire sans éclat mais tout de même visible. Oh, ça lui faisait mal aux côtes mais comme plus tôt avec Eymar, c’était libérateur. Il fallait relâcher la pression de toutes ces bêtises.
Mais il fallut redevenir sérieux et écouter le roi qui, là encore, semblait lui faire la traduction. Hyriel soupira tandis qu’il continuait dans cette voie… discutable, pour exprimer son avis sans parler, mais adressa tout de même un regard par en dessous au souverain qui signifiait clairement qu’il ne croyait pas du tout en la sincérité de ses paroles, surtout qu’elles devenaient abracadabrantesques. Avant-bras croisés sur ses genoux, Hyriel sourit donc sur la fin, très insolent, l’air de dire « Je vous souhaite bien du courage, Sire ! »
Et on ne pouvait rien lui dire, non ? Il ne s’était en effet adressé à personne en particulier, cette fois… Était-ce sa faute si le Très Haut l’avait pourvu d’un cœur sincère qui ne cachait pas ses émotions ?

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[23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé] Empty Re: [23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé]

Message par Irène d'Aubeville Mar 13 Avr - 21:40

[23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé] Cardin13
Cardinal Matthieu Cassin, 31 ans


Lorsque la reine Alma évoqua le péché de deux dames de Monthoux, il secoua la tête.

- Je ne le pense pas et Mlle Candore m’a assurée qu’elles étaient tout à fait repentantes. Cela me fait songer qu’elles ont très probablement été envoûtées. Dans ce cas, elles seront pleinement purifié quand cette créature du Diable aura rejoint les Enfers.

Il approuva le roi, néanmoins toujours sur ses gardes. Il avait toujours cette retenu qui l’empêchait de pleinement profiter. De plus, il fallait que cet imbécile de sorcier y mette du sien ! Il plissa les lèvres. Ses yeux s’arrondirent à l’affirmation d’Hyriel qui suivit la réponse du roi. Il fronça le nez.

- Méfie-toi, siffla-t-il à son intention.

Loin de l’offusquer, les paroles d’Hyriel semblaient vivement intéresser le roi. Bon sang, si l’un paraissait innocent, il n’était pas convaincu et quand celui-ci était insolent, il ne l’était pas non plus, au contraire ! Il semblait encore plus fasciné ! Comment était-il censé se sortir de ce guêpier ? Tout cela lui semblait insoluble. Même son discours sur le respect des dessins divins ne le convainquait pas, surtout avec ce qu’il pouvait y entendre en tendant davantage l’oreille.

Il commençait d’ailleurs à être violemment angoissé par une potentielle grâce royale, même implicite. Il ne manquerait plus qu’il s’entiche suffisamment pour le sauver. Mais cela, c’était hors de question. Tout roi qu’il était, il n’interromprait pas le cours de la justice divine !

Heureusement que la reine pouvait le soutenir un minimum et les gardes lui venaient un peu en aide avec des rappels à l’ordre. Pendant ce temps, Matthieu s’assurait de toujours bien réfléchir à ses réponses ou ses justifications avant de les prononcer. Il acquiesça pour confirmer sa pensée auprès de lui-même s’il le sentait toujours incrédule. Pourtant, étrangement, il semblait relativement accepter ses dires. Bon. Peut-être n’était-ce pas si désespéré que cela même s’il restait sceptique. Il se tourna vers la reine, espérant confirmation de sa part. En effet, elle devait bien en avoir conscience.

Il hocha de nouveau la tête à la suite. Les remarques d’importance commençaient à arriver. Il leva le nez avec intérêt bien que le bruit des chaînes commençât à l’agacer. Cependant, il ne se laissa pas déconcentrer.

- C’est une question complexe, il est vrai et tous les souverains doivent agir à ce sujet en leur âme et conscience. Il faut surveiller les infirmes de manière générale, là est la priorité. Ensuite, il faut faire ce qu’il est possible ; lorsque j’en ai discuté avec le pape, il était d’avis de créer des sortes de centre d’accueil où des religieux pourraient prendre en charge les infirmes à la naissance. Ainsi, nous pourrions les éduquer et prendre garde à ceux qui entrent déjà en tentation dès le plus jeune âge. Ainsi, ils ne seraient pas au contact de la population et ne les inciteraient pas à la débauche. Quant à l’examen de piété, cela pourrait être une bonne idée mais il faut voir dans quelles modalités cela peut être mis en place.

Il n’était pas idiot, il savait que dans un empire aussi vaste, c’était loin d’être aussi évident. Cela demanderait énormément de travail et de logistique. Il fallait réellement le vouloir. Il doutait qu’ils en soient à ce stade, d’autant que les finances exigées seraient conséquence. Connaissant le roi, tout cet argent aurait tôt fait de partir plutôt dans des campagnes militaires. Il soupire. Vaine gloire terrestre alors qu’il pouvait gagner le salut éternel… Mais comment le lui faire entendre… Il leva le nez avec assurance.

- Ainsi que vous l’avez dit, un bon roi protège son peuple et vos sujets vous seront certainement éternellement reconnaissants d’avoir songé à leur salut.


Il espérait que cela pèse dans la balance. De ce qu’il savait, un roi aimait se faire apprécier. En le faisant valoir comme un bon moment de satisfaire son peuple, peut-être que cela le persuaderait.

Sa dernière phrase lui fit serrer les dents. Il aurait préféré qu’il abandonne ces inclinations… Malheureusement, cela ne se ferait pas tout de suite et en le disant ouvertement, il risquait de le braquer.

Cependant, autre chose le figea. L’imbécile se mit à rire ! Le visage de Matthieu se déforma de colère et il eut bien du mal à se retenir de le gifler. Il se tourna vers lui, furieux.

- Qu’as-tu à rire ainsi, démon ? (aux gardes) Et vous, resserrez donc ses chaines, c’est infernal !

Il se tourna vers le roi en le pointant du doigt.

- Vous voyez à quel point il se gausse ? Son air supérieur ? Il nous montre son vrai visage !

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Message par Invité Sam 24 Avr - 17:24

Elle pataugeait complètement, elle n’avait pas encore d’avis quant à la question qui était une question complexe. Enfin, elle finirait bien par se forger une opinion, ce n’était que le début.

- Il est vrai que depuis plus d’un siècle que l’Inquisition espagnole a été créée, mes prédécesseurs ont sauvé de nombreuses âmes perdues. J’espère leur succéder dignement et pouvoir vous apporter l’efficacité de l’Inquisition pour mener votre combat contre les envoyés du Diable.

Bien-sûr cela ne relevait pas de l’Inquisition mais si les techniques employées par celle-ci pouvaient contribuer au combat, quelque soit son nom, mené par le Saint-Empire monbrinien contre le Démon.

Elle ne prononça plus rien mais écouta attentivement le Cardinal. Des centres d’accueil pour infirmes ? Très bonne idée. Des examens de piété ? Comme le disait Son Éminence le Roi et ses conseillers devraient réfléchir aux modalités, avec les hommes d’Église, mais cela serait certainement un moyen efficace de ne pas mettre en danger la population.

Bien qu’ayant des réactions plus intenses ces derniers mois, elle était ce soir tout à son calme naturel et resta stoïque quand le sorcier rit. Elle avait assisté quelques fois à ce genre de scène dans le cadre de l’Inquisition mais les accusés essayaient plutôt de clamer leur innocence et d’échapper à la sentence qui leur était réservée. Était-il stupide ? Comprenait-il qu’il devait terminer sur le bûcher pour sorcellerie ? Enfin, si Sa Majesté ne faisait pas preuve d’une curieuse clémence...
De toute façon, le Cardinal avait de la colère pour tout le monde. Et c’était bien normal, le rire du sorcier était un véritable affront.

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Message par Le Cent-Visages Dim 25 Avr - 10:19

[23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé] Der_ra10

Gérald Der Ragascorn, roi de Monbrina

Candore ? En voilà une qui porte bien son nom, songea Der Ragascorn en écoutant Matthieu Cassin répondre à la reine au sujet de la jeune nonne qui s'était rendue auprès des deux femmes de Monthoux. Il en fallait, de l'optimisme et de l'innocence, pour croire à un aussi prompt et intense miracle mais soit : Sa Majesté ne savait rien de ce qui avait pu se passer réellement tous ces derniers jours à Monthoux. Alors admet-on, tout serait bien qui finirait et brûlerait bien. D'un sourire il fit voir à Son Éminence et à Alma à quel point lui-même était soulagé pour la comtesse et sa belle-fille.
Le monarque allait s'inquiéter de la suite des recommandation de la reine et de l'ecclésiastique quand soudain, le sorcier joua de nouveau avec les maillons de ses chaînes - ce qui devenait agaçant il fallait l'admettre. Sans compter qu'il osait aviser Sa Majesté droit dans les yeux et ne pas en décrocher ; comportement qui eut valu le fouet, voire la potence, à plus d'un sujet. Il ne pouvait plus laisser passer pareils affronts. Encore moins devant une autre tête couronnée en la personne de la reine d'Espagne. Il laissa donc voir sa lassitude. Oh, nulle exaspération : Gérald se positionnait au-dessus de cela, ne se sentait pas personnellement atteint par ces pitreries - mais de la lassitude pour cette pauvre âme irrécupérable, oui.

Quand Hyriel reprit la parole par deux fois, ce fut pour tenir des propos dont la provocation était évidente. Oh, pas tant la seconde fois. Mais oser mettre sur le même plan les théories inquisitoriales quant au possible vol de l'âme des démons... et l'existence de plusieurs dieux, cela tenait de l'affront qui ne se pouvait plus tolérer. Le cardinal ne manqua pas d'arrondir des yeux choqués à pareille déclaration. La reine Alma n'en aurait du reste sans doute pas pensé moins si elle avait eu le loisir de saisir aussi scandaleux propos. Matthieu siffla une menace à peine voilée à son prisonnier. Le roi renchérit :

-- Tu dépasses les bornes, démon. Te rends-tu compte de ce que tu insinues ?

Et il osa faire le bouffon en plaquant les mains à sa bouche quant il fut question de ses pouvoirs, puis pousser un froid éclat de rire en se trouvant comparé à l'araignée tissant sa toile. Pauvres araignées, elles n'avaient rien demandé. Il n'en fallut pas davantage pour que Gérald Der Ragascorn crispe ses traits de courroux et se retourne vers le cardinal qui s'exaspérait.

-- Nous constatons, en effet. Et avec grand dépit. Puisque ce cas est désespéré et que nous en avons suffisamment vu ce soir, il est temps d'agir.

Résonnèrent de nouveau de pénibles grincements de chaînes entre les mains du sorcier. Autour de lui, les gardes remuèrent à l'ordre donné par Matthieu Cassin. Avant d'obtempérer, ils consultèrent Sa Majesté de discrets coup d'œil à son attention, quoique têtes légèrement inclinées. Le roi leur commanda, d'un signe de la main, de faire ce que Son Eminence demandait. Les soldats s'exécutèrent : deux tinrent fermement Hyriel aux bras pendant qu'un autre lui ôtait les fers, mais pour mieux les lui remettre - cette fois-ci en attachant ses poignets bien serrés l'un à l'autre, derrière son dos, avant de passer quelques tours de chaîne autour de ses bras et de son buste. Ils prirent soin de ne laisser que ce qu'il fallait de prise au niveau des aisselles pour le moment où il faudrait le redéplacer. Voilà qui allait lui empêcher de faire encore des siennes. Si cela pouvait aussi lui rebattre son caquet, espérèrent les vigiles en regardant vers le cardinal. Et pourtant le démon sourit avec suffisance aux engagements que prenait le roi. Cette fois-ci, ce fut la main métallique d'un soldat qui partit faire résonner contre sa joue une forte claque. Ne savait-il pas se tenir même en présence de deux personnes royales ?!
Satisfait que l'on ait calmé Hyriel, Gérald se retourna vers la reine d'Espagne et le cardinal - ils allaient pouvoir terminer en toute tranquillité leur conversation. Alma confirma ses intentions de prendre la relève de ses très catholiques prédécesseurs hispanique et de l'institution religieuse en charge de tant de redressement des âmes.

-- Nous ne pouvons que vous souhaiter en effet de devenir la digne héritière de la grande Isabelle. Monbrina ne manquera pas de solliciter votre conseil en matière de foi si nécessité s'en fait sentir.

Regard accusateur vers Hyriel à ces mots. Puis il revint à Alma et au Cardinal. Pour ce qui était d'importer dans son Empire l'Inquisition espagnole, le monarque n'était pas des plus enjoués par l'idée d'une quelconque ingérence. Il espérait bien être en mesure de mener lui-même tous les ménages nécessaires avec les moyens déjà à son bord, mais saurait entretenir les coopérations utiles avec Rome et l'Europe le cas échéant.
Il s'intéressa ensuite à ce que détaillait le cardinal et que parut approuver Alma : une éducation de piété pour les jeunes infirmes. Une surveillance. Oh, il existait déjà en son Empire des orphelinats et autres structures. L'affaire ne serait pas bien ardue que d'y ajouter la couche d'enseignement clérical attendue et une venue de membres du clergé.

-- Nos guerres engagent de grosses ressources financières et humaines. Mais cette œuvre-ci touchera tôt ou tard à son terme et nous pourrons mobiliser toutes les sortes de moyens, qui lui étaient jusqu'alors dévolus, au renforcement interne de l'Empire. Et à la sécurité de nos sujets et de nos colonisés, tant du point de vue de leur vie terrestres que de la bonne inclination de leurs âmes. Le projet concernant les infirmes y pourrait trouver place, déclara Der Ragascorn en latin puis en langue monbrinienne. Notre Premier Conseiller est très pieux. Nous le chargerons du dossier et attendrons de lui qu'il soumette projets de loi et plans d'action détaillés. Il nous semble d'ailleurs, Votre Majesté, (ajouta-t-il à l'attention d'Alma) que vous l'avez déjà rencontré et avez semblé plutôt en accord ? Nous le jugeons homme droit et de confiance.

Ennuyeux, procédurier, avec fort peu d'humour, bourreau de travail, austère... mais droit, honnête, plein d'éthique, d'attention pour autrui et de soucis de faire les choses au mieux, cela ne pouvait guère lui être ôté. Des infirmes, il y en a des bien. Or en tant que concerné, le seigneur de Frenn devrait prendre l'affaire très à cœur et ne pas rechigner à ce qu'on lui mette le dossier sur ses bras prothésés. Et puisqu'il en était aux infirmes, il y en avait un à ses pieds à propos duquel venait le temps de rendre son appréciation. Le roi retourna donc ses yeux de ténèbres vers Hyriel. Déjà, d'autres obligation allaient appeler Sa Majesté, qui se devait de clore l'entretien. Il reprit en main sa canne d'apparat, se leva, solennel. Il asséna, en latin puis monbrinien :

-- Ce sorcier a dépassé toutes les limites. (Un temps) D'ici la fin très prochaine de cette année, la Grand' Place de Braktenn aura un bûcher. De quoi purger par l'exemple la ville de ses impiétés et rappeler chacun à œuvrer pour son salut. (Au cardinal et à Alma) Grand merci pour cet entretien des plus instructifs. Et pour votre soutien en excellente concorde, avec la grâce de Dieu.

D'un ample geste du bras, il pointa la porte et ordonna aux soldats en baissant une dernière fois la tête vers l'estropié :

-- Remmenez-le à son cachot. Pauvre cardinal qui allait devoir encore supporter la présence de cet insolent dans sa voiture sur le chemin du retour vers la prévôté. Gérald salua ensuite Matthieu Cassin d'un petit hochement de tête et d'un : Votre Éminence. Puis saluant Alma d'une révérence un peu plus marquée et du protocolaire baisemain : Majesté. Bonne fin de soirée à vous et il ne fait aucun doute que nous nous rencontrions à nouveau fort prochainement.

Sur ces dernières politesses, Gérald Der Ragascorn attendra que les soldats soient sortis avec le prisonnier - et que se soit éteint le long grincement de ses chaînes tandis qu'on le traînait - pour se retirer à son tour.

:bucher:

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[23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé] Empty Re: [23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé]

Message par Hyriel Radgery Mar 27 Avr - 15:18


Naturellement, la réponse d’Hyriel fit siffler le cardinal. Ces gens qui allaient chercher la mouche en donnant aux autres des pensées qui n’étaient pas les leurs, vraiment… et à la question du roi, il ne sut deviner s’il comprenait et jouait ou s’il avait mal interprété. Cette fois, l’expression d’effroi du sorcier fut presque sincère – il espérait ne pas avoir épuisé ses chances de grâce…

« Sauf votre respect, Majesté, il y a méprise, je n’insinues rien de ce que vous pensez, au contraire, même ! »

Et la dissertation reprit. Surveiller les infirmes, mais oui, bien sûr. Autant surveiller tout le monde, tant qu’on y était. Parce que comment feraient-ils pour les infirmités cachées alors ? Ces gens qui avaient des problèmes de souffle ou une faiblesse des articulations qui ne se voyait pas et les faisait juste passer comme « faibles », eux aussi, ils pouvaient être des réceptacles potentiels du diable, selon leurs théories fumeuses, non ? Et toutes les femmes ? Et même tous les hommes ? Non mais vraiment, se rendaient-ils compte des énormités qu’ils proféraient ? Et ils confiaient ça à un infirme. Aucun sens. Après, au moins, cet homme était droit et juste, ce serait toujours ça…

Vint la comparaison avec l’araignée. Hyriel aurait put se retenir, et aurait préféré, mais c’était tellement… idiot ! Il secoua la tête en essayant de s’apaiser pour répondre à la question.

« Pardonnez-moi mais… c’était si inattendu ! Et puis… déjà avec quatre pattes, une araignée ne va pas loin, mais vous imaginez avec deux ? »

Il n’eut pas le loisir ni le besoin d’en dire plus vu que, de toute manière, on le ficelait comme un beau saucisson. Et puis il n’avait pas envie de répondre aux autres bêtises du cardinal. Il se contenta de lever les yeux au ciel… à moins qu’il ne relève juste les yeux dans le mouvement causé par l’action des gardes. Ils le détachaient pour mieux l’attacher. C’en était presque cruel, de laisser un tel faux espoir.

Le reste lui valut une nouvelle claque. Bah, rien d’inhabituel, surtout qu’il en avait fini. Et que les autres blablataient en latin. Il se concentra plutôt sur le sol, très propre et très joli, et ne vit donc pas le regard accusateur du roi sur lui. Il ne releva la tête qu’à la fin, quand le roi se leva. Il retint son souffle à la sentence. Un bûcher, le sien. Certes, il y avait des chances pour que ce ne soit pas le cas mais… tout de même. C’était glaçant, bien paradoxalement, de l’entendre dire.
Politesse par-ci, politesse par-là, Hyriel hésita et, quand on le reprit pour le traîner, il se résolut à tout de même saluer les souverains, histoire de finir ça bien, d’un salut de la tête – à défaut de pouvoir bouger autre chose –, et d’un quasi-murmure, tout de même pas très sûr de lui quant à l’étiquette.

« Votre Majesté… » (vers la reine, avec un autre salut de tête, encore plus bas) « Salve Regina… »

En même temps, son latin était au ras des pâquerettes religieuses…



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[23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé] Empty Re: [23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé]

Message par Irène d'Aubeville Ven 30 Avr - 18:43

[23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé] Cardin13
Cardinal Matthieu Cassin, 31 ans


Aux sages paroles de la reine, Matthieu acquiesça. Au moins, il y avait quelqu’un pour l’aider et l’épauler dans cette pièce. Fort heureusement, le commentaire du démon provoqua l’indignation de tous, au moins pour un moment.

Matthieu siffla à la réponse d’Hyriel.

- Tu ferais mieux de te taire, sorcier !

Il releva la tête à la nouvelle insolence d’Hyriel qui sembla être enfin un véritable déclic. Matthieu se tendit légèrement. Il n’entendit même pas la nouvelle insolence d’Hyriel tant il attendait autre chose, de la part du roi. Il devait l’entendre, enfin… Sans ça, il aurait échoué… Il devait ramener une preuve concrète de sa réussite aujourd’hui…

Au moins, il eut la satisfaction de voir qu’il n’était pas le seul à corriger le sorcier. Il sourit, satisfait de voir que le roi affirmait son soutien à la reine. Au moins, il aurait une autre obligation spirituelle après lui, qu’il serait davantage forcé d’écouter.

Il tendit l’oreille aux affirmations du roi à ses propositions. Il hocha la tête avec un léger sourire même s’il se doutait que les guerres passaient en priorité. Il fallait bien satisfaire les vanités des puissants avant qu’ils comprennent qu’il fallait qu’ils s’occupent également de leur âme.

- Je m’en réjouis et je remercie votre Majesté. Je ne manquerai pas d’informer le Pape sur toutes vos bonnes actions afin de sauver les âmes de vos sujets.

Matthieu avait également entendu parler du Premier Conseiller qui paraissait tout à fait sage et mesuré. Nul doute que cet homme saurait y faire ! Il se trouvait désormais bien plus confiant. Il n’y avait pas de raison que quelque chose aille de travers à présent. S’il s’engageait ainsi, en public, il était tenu de le faire, surtout s’il voulait garder le soutien de Rome et de l’Espagne.

Quand le monarque se leva, il retint de nouveau son souffle. Quand le couperet de la sentence tomba, il ferma les yeux. Il les leva un peu au ciel, comme pour exécuter une courte prière. Bien. C’était fait. La seconde partie du procès serait une promenade de santé, sans avocat bouffon ou juges corrompus. Il hocha profondément la tête et acquiesça.

- J’en suis ravi, Votre Majesté. Nous ferons en sorte que l’exemple soit édifiant.

Sans aucune considération pour les émotions d’Hyriel, il salua le roi avant de tourner les talons. Maintenant, il fallait s’occuper des préparatifs…

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[23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé] Empty Re: [23 décembre 1597, soirée] Ecce Venefico [Terminé]

Message par Invité Lun 17 Mai - 20:24

Alma regarda le sorcier et son gardien, le Cardinal, s'en aller. Elle les suivit du regard jusqu'à ce que deux valets referment la porte derrière eux. Puis elle se tourna vers le roi Gérald.

A l'avant veille de la fête de la naissance du fils de notre Seigneur, voilà une bien belle offrande à Lui faire. Peut-être aura t-il apporté Son aide au Cardinal Cassin pour que nous puissions célébrer cette fête en toute quiétude, dans la certitude de la bonne avancée de notre cause. Je vais à présent me retirer, il est tard et sans doute avez-vous déjà beaucoup à faire ainsi que du repos à prendre, pour veiller jusqu'à tard demain pour assister à la messe.

Elle salua le Roi Gérald et sortit de la pièce pour se rendre dans la chambre qui lui avait été attribuée à la Cour, il était bien trop tard pour se rendre dans le château prêté par le Roi Gérald pour la durée de son séjour, et de toute façon elle préférait rester sur place.

Alma sortait ravie de cet entretien qui annonçait de bonnes nouvelles. Et le lendemain, elle assisterait à la messe de minuit pour célébrer la naissance du Christ. Ce serait la première fois qu'elle n'y assisterait pas en la Chapelle Royale de l'Alhambra ou en la Cathédrale de Notre-Dame, où elle avait célébré Noël par deux fois. Si ce n'est le lieu et l'entourage, la messe était de toute façon la même et toujours célébrée en latin.

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