[23 décembre 1597, suite de soirée] Quel animal est-ce là ? [Terminé]

par **Le Cent-Visages** Sam 3 Avr - 19:40

Gérald Der Ragascorn, roi de Monbrina

Le reine d'Espagne venait de se retirer. Gérald Der Ragascorn, lui, ne comptait pas en rester là. Il prit grand soin de se renseigner sur le couloir emprunté par le cardinal et son prisonnier... pour les rejoindre par surprise après être passé par d'autres embranchements de son labyrinthe. C'était toujours aussi intéressant, amusant et pourvoyeur de bonnes opportunités, que de disposer d'un palais aux corridors aussi complexes et désarticulés que Lénius – ou qu'un corps passé à la question.
Au sortir d'un de ces couloirs, donc, Sa Majesté arrêtera Matthieu Cassin et les deux gardes qui déplaçaient Hyriel. Il se tenait debout devant eux cette fois-ci, droit, de toute sa hauteur, canne d'apparat en évidence. Entre ses épais favoris marron, le roi s'ourla un sourire indéchiffrable.

– Votre Éminence. Nous avons eu l'élégance d'épargner à Sa Majesté Alma le récit de votre précédente visite au palais, peu concluante, se fit-il un plaisir de rappeler. Toutefois le souvenir de cette audience mérite que nous continuions un peu céans cette conversation.

Voilà qui eut le double avantage de justifier, sans en avoir l'air, son retour dans ce couloir afin de converser davantage... et de déguiser cela en fleur faite au Cardinal : pas d'humiliation. Pas de narration pour la reine d'Espagne de cette infructueuse venue de l'ecclésiastique au palais en septembre, avec un malheureux petit infirme à roulettes, inoffensif, qu'il avait essayé de lui faire passer pour démoniaque. Qu'en serait-il avec ce nouvel estropié au menu du jour ?

– Sans vouloir remettre en cause votre Sainte mission ni vos connaissances, votre précédent objet de démonstration tenait davantage du chaton que du démon. Comment se porte-t-il d'ailleurs ? (Un temps, baisse les yeux vers Hyriel, dont il remue la tête d'un versant de sa canne afin de pouvoir le fixer dans les yeux. Toujours à Matthieu, accordant sa voix tel un instrument pour la moduler subtilement de la suspicion vers le compliment plein de confiance : ) Mais il arrive même aux meilleurs de se tromper et, avec la grâce de Notre Seigneur, nous sommes convaincu que cette fois-ci vous n'avez, n'est-ce pas, guère vu rouge pour rien ?

par **Irène d'Aubeville** Mar 20 Avr - 21:42

[23 décembre 1597, suite de soirée] Quel animal est-ce là ? [Terminé] Cardin13

Cardinal Matthieu Cassin, 31 ans

Jamais encore Matthieu n’avait été si triomphant. Il avait gagné la partie. Un bûcher, une surveillance des infirmes, c’était tout ce qu’il lui fallait pour le moment. Il pensait déjà à faire sa lettre au pape. Il réfléchissait à la meilleure formulation d’entrée. Enjouée… mais peut-être pas trop non plus…

Très Saint Père, nous avons…

Non, non, trop pompeux. Alors quoi d’autre…

Votre Sainteté, le Seigneur a entendu nos prières…

Ah oui, voilà qui était mieux, bien mieux ! Il n’eut cependant pas bien le temps de réfléchir. Au détour d’un couloir surgit le Roi, d’une manière si étonnante que le religieux faillit bien sursauter. Il se mordit la lèvre et hocha lentement la tête, plus impressionné que quelques minutes auparavant. Bien qu’il n’ait pas à rougir de sa taille, il ne pouvait pas nier que le roi avec cette taille imposante qui faisait la grandeur des hommes de poids.

Matthieu se redressa également. Que pouvait-il bien vouloir ? L’entrevue était pourtant terminée, tout était en règle, du moins à ce qui lui semblait… Sa bouche s’assécha. Avait-il encore une fois été trop naïf ? Trop crédule ? Il ne voulait rien envisager trop vite, aussi présenta-t-il son meilleur visage.

Cependant, l’entrée en matière le refroidit. Matthieu se ferma comme une huitre tout en gardant un masque de bienséance. Il sentait malgré toute la crispation prendre peu à peu possession de tout son corps… Le rappel de cette humiliation l’obligea à prendre une bonne respiration. Du calme. De la maîtrise. Il avait réussi cette fois, rien d’autre ne devait compter.

Sauf si le roi devait tout remettre à terre.

Il baissa légèrement les yeux à la question avant se redresser, mains croises dans le dos.

- Je l’ai laissé à mon frère. Je ne doute pas que le démon le laisse tranquille, surtout entre les bonnes mains de ma nièce qui a reçu une excellente éducation au couvent.

Bien, ça c’est fait… Il serra un peu plus les dents.

- Bien entendu Votre Majesté. Cette fois, j’ai eu des preuves solides à vous présenter. Et vous l’avez vu, cet individu a avoué et ne nie rien.

Il n’y a peut-être plus aucun témoin mais allez-y, essayez de me contredire… montrez donc votre vrai visage.

par **Hyriel Radgery** Mer 21 Avr - 19:09

Tout cela ne s’était pas si mal goupillé finalement ! Ils l’avaient juste saucissonné et il avait pu parler au moins une fois pour dire ce qu’il pensait. Et puis il avait rencontré le roi, ce n’était pas rien. Et puis le cardinal avait un air victorieux fort amusant et ça, c’était savoureux. Toutes ses études ne lui avaient-elles pas parmi de voir toute l’ironie du roi, quand il semblait abonder dans son sens ? Allons bon, il s’attendait à mieux comme cardinal…

Il se demandait toutefois à quelle sauce il allait être mangé, saucissonné comme il était, quand surgit le roi. Hyriel dut bien lever la tête et se casser le cou pour voir son visage, un peu comme le cardinal. Avait-on idée d’être aussi grand, vraiment ? Mais cette question ontologique ne resta pas longtemps dans l’esprit d’Hyriel quand il vit le léger sourire du roi, qui fit déchanter le cardinal. Hyriel lui-même plissa les yeux en entendant ses mots, intrigué. La fameuse précédente visite évoquée tantôt. Le sourire de l’herboriste se sera légèrement étiré au « Sans vouloir remettre en cause votre Sainte mission ni vos connaissances », qui laissait clairement entendre que c’était justement le cas, et un très léger souffle de rire lui échappa à la suite. Un chaton ? Eh bien, ça, c’était de l’échec !
Le roi revint vers lui et Hyriel se fit un plaisir de regarder le souverain dans les yeux, ciel contre océan, après avoir bien entendu laissé glisser son menton de la canne du roi pour le relever de lui-même. Et à sa question, il lui adressa un regard par en-dessous – sans difficulté vu leur différence de taille –, l’air de dire « Vraiment, Majesté, vous y croyez ? »

Mais alors le cardinal répondit sur l’esclave. Un infirme, laissé à son frère, et surtout, à sa nièce. Non, la coïncidence serait trop belle ! Avait-il vraiment cru que Tristan… Que l’adorable petit Tristan était un démon ? Hyriel ne put se retenir de rire en comprenant, et qu’importe s’il se prenait une nouvelle gifle. Un démon ? Lui ? Le roi avait bien raison, il tenait de loin bien davantage du chaton que du démon.

Mais le cardinal reparlait de lui et Hyriel dut se mordre la lèvre pour se calmer, tout en s’éclaircissant la gorge, sans rien perdre toutefois de son sourire. Et il se sentit en droit de corroborer plus ou moins les dires du cardinal.

« Oh oui, aussi solide que la glace… en été. Je maintiens que si l’on vous enfonçait dans la peau le même tampon piquant que j’ai eu, vous hurleriez de douleur, peut-être même en latin ! Et puis qu’à ma place, vous avoueriez pareil n’importe quoi pourvu que ça s’arrête. Alors non, je ne nie pas avoir avoué et j’avoue ne pas avoir nié mais vous, vous niez le vrai, avouez ! »

Il sourit bien largement, très fier de son trait d’esprit et jeu sur les mots. Il n’en faisait pas souvent mais il ne manquerait pas de remercier Eugène pour ses jeux d’élocution, s’il le revoyait !

par **Le Cent-Visages** Jeu 22 Avr - 15:40

Gérald Der Ragascorn, roi de Monbrina

En arrivant par le côté, le monarque eut tout juste le temps de surprendre la belle fierté que ses décisions venaient de faire naître aux traits du Cardinal. Oui, il aurait une retentissante victoire à exprimer à Sa Sainteté. Gérald Der Ragascorn imagina cela d'ici. Il en eut presque eu un pincement au cœur au moment de briser en vol cette stature de triomphe - car il fallait reconnaître que Matthieu Cassin en avait, de la stature - quand il lui tomba dessus tel un diable sorti de sa boîte.
Son Éminence se tendit comme un arc. Revenait sur ses gardes, en soldat estimant sa rixe gagnée... mais surpris au moment ultime par un nouvel assaillant qu'il n'avait pas prévu. Le roi s'en amusa en son for intérieur. Hors de question évidemment de se dédire de ce qu'il avait promis : ce que souverain commandait devait être pensé, pesé, et exécuté sans reculer d'aucun pas sur le champ de bataille. Quelle image donnerait-il dans le cas contraire ! Que Matthieu se rassure. Néanmoins, Gérald Der Ragascorn allait jouer un petit moment encore avec les deux pièces à disposition. Une très grande, rouge et solide comme une colonne. Et l'autre, imposante aussi dans son genre - bien qu'agenouillée à terre, ligotée, aux mains de soldats qui le traînaient par les aisselles. Cocasse assemblage en ce couloir.

Stoïque, l'ecclésiastique baissa les yeux et croisa les mains dans le dos. Le roi l'écouta évoquer le fameux esclave-démon-chaton, puis hocha la tête avec une compassion et un soulagement fort travaillés à ses traits. Il ne manqua cependant pas le sourire de délice d'Hyriel à ses paroles, dont il était évident que le sorcier de deuxième manche saisissait l'ironie. Quand l'estropié souffla de rire, toutefois, Der Ragascorn le piqua d'un regard noir en accord avec sa promesse de bûcher. Pour ce qui était de répondre à son regard insolent, Sa Majesté ne le fera qu'en laissant flotter un blanc - pesant, ni trop gênant, ni pas assez - que l'un et l'autre pourraient remplir comme ils le souhaitaient. Enfin, il répondit au Cardinal :

-- C'est un grand soulagement d'apprendre que Braktenn n'a pas à trembler de l'existence de ce jeunot à roulettes. Nous ignorons ce qu'y ont fait les bonnes mains de votre nièce, l'autorité de votre frère et la vôtre, mais le résultat de vos efforts conjugués semble là. (A moins évidemment que ce pauvre gamin n'ait jamais été un serviteur du Diable, ce que Sa Majesté se gardera d'avancer. Il regarda Hyriel qui encore une fois ne se laissait pas faire et dégagea sa tête quand le roi la remua de sa canne - pour mieux la relever lui-même. D'un ton navré Gérald reprit : ) Il est regrettable que ce second cas soit au-delà des capacités rédemptrices de votre famille. Que n'a-t-il suivi la même voie que le chaton... Nous n'en serions pas là. Mais nul ici bas n'est tenu à miracle. Nous vous le réaffirmons donc : vous serez très prochainement délivré de ses maléfices.

Oh il ne mentait pas. D'une manière ou d'une autre, le Cardinal serait soulagé de cette charge encombrante. Le monarque y réfléchissait avec sérieux, depuis les compte-rendu de qualité de son Ministre des Affaires étrangères - ce cher vicomte, lui qui en plus de ses fonctions gouvernementales le connaissait si bien sur le registre de ses loisirs. Il venait à Gérald presque l'envie parfois de le nommer également "Pourvoyeur des plaisirs Royaux" - quand bien même il existait déjà un tenant officiel de cette charge. Toutefois, garder ce second titre en sous main, à l'état de plaisanterie entre les deux hommes, était beaucoup plus convenable. Et pratique : la discrétion offrait tant d'avantages qu'il serait dommage de gâcher !

Le roi revint à l'instant présent en entendant l'éclat de rire du sorcier, puis sa prise de parole plus décomplexée encore que devant Sa Majesté la Reine. Eh bien ! Si au moins il ne jouait plus à faire grincer ses chaînes, solidement harnaché bras derrière le dos comme il l'était, sa langue demeurait toujours aussi pendue. De n'importe lequel de ses sujets ordinaires, le souverain ne laisserait pas passer le dixième de ce qu'il venait d'entendre en moins d'une heure. Mais aux êtres extra-ordinaires sur lesquels il lorgnait pour sa ménagerie, le roi octroyait certains privilèges. Celui de ses amuseurs et fous. Et cet individu-ci l'amusait. Quant le reste de l'univers se pliait à vos moindres désirs, envisager le subtil plaisir d'un peu de désobéissance - et surtout le sport de la faire plier, les paris à prendre sur le temps que cela demanderait - attirait Gérald.
Pour l'heure, après les nouvelles irrévérences de l'estropié, il haussa le menton dans un geste aussi dédaigneux que le sec souffle qui lui sortit du nez. Il adressa au Cardinal une lorgnade de côté comme invitation - et ordre - à corriger Hyriel comme bon lui semblait : après tout ce guérisseur était son prisonnier et restait sous sa responsabilité. Que Son Éminence montre donc jusqu'au bout comment elle le gérait. Restait que le captif ne manquait pas d'esprit et de répartie, entre cette pirouette de mots - faute de n'en pouvoir faire de son corps - et ce "peut-être même en latin" qui avait amusé le roi. La belle scène, que de s'imaginer le Cardinal hurler ses versets ! Mains croisées, regard dur, le roi coupa Hyriel d'un sec :

-- Assez. Chacun sait que les voies du Seigneur sont impénétrables. Laisse donc aux spécialistes le soin de nous apprendre en quel cas la douleur égare et dans quelles circonstances, au contraire, elles rend la vérité plus claire que le jour.

Gérald Der Ragascorn pourrait se vanter d'être aussi spécialiste que Matthieu Cassin en cette science. Tout était affaire de récit politique que l'on construisait à partir des faits. Jamais ne comptaient les phénomènes pour eux-mêmes - mais toujours l'interprétation marionnettiste desdits phénomènes. Tirer les bonnes ficelles dans les bonnes circonstances, c'était comme tirer tel tendon du corps pour que sorte ce que l'on souhaitait obtenir. Il se retourna vers l'ecclésiastique :

-- D'ailleurs nous serions très intéressé, Votre Eminence, d'en entendre davantage sur votre parcours. Comment en êtes-vous venu à vous spécialiser dans une telle science ? Et à découvrir que les infirmes étaient hôtes de prédilection du Malin ?

par **Irène d'Aubeville** Jeu 22 Avr - 20:40

Cardinal Matthieu Cassin, 31 ans

Matthieu demeurait sur ses gardes, attentif au moindre geste suspect. Après tout, il n’avait plus la pression de la reine Alma pour l’empêcher de se laisser aller à ses fantasmes qu’il préférait ne pas connaitre.

Le rire d’Hyriel acheva de l’agacer. Il lui asséna une tape assez forte à l’arrière de la tête.

- Ça suffit !

Il se redressa, de fort mauvaise humeur pour demeurer droit et ferme face au roi. Il n’allait pas les laisser ternir sa joie tous les deux ! Oh, comme il aurait voulu saisir son prisonnier par le col puis le trainer jusqu’à la sortie en contournant cette tête couronnée bien obstinée ! Il jetait bien un regard noir mais Matthieu doutait de tout…

Il hocha la tête à la suite, vaguement. Cela ne fit que serrer un peu plus sa mâchoire. Cela n’était pas une attaque mais pas un compliment non plus. S’il fallait lui reconnaitre quelque chose, c’est qu’il avait le sens de la formule pour jouer au funambule.

- En effet…

Il jeta un regard noir à Hyriel, malgré la promesse renouvelée. Tout cela était de sa faute ! S’il ne l’avait pas aguiché avec son insolence ! Et voilà qu’il recommençait. Matthieu serra les poings à s’en faire mal. Il commençait à en avoir assez de se contenir. Il ne put retenir une gifle bien mérité.

- Tais-toi ! Tu ne sais pas de quoi tu parles alors cesse tes médisances !

Tout cela n’était que mensonge. Si cela arrivait et il en doutait beaucoup, il résisterait. Dieu lui viendrait en aide et le protégerait de toute douleur. Lui n’avait rien à cacher.

Vraiment rien ?

Il secoua aussi discrètement que possiblement la tête. Maudit ! Encore heureux qu’il finisse rapidement dans les flammes de l’Enfer, là où était sa juste place.

Il ne vit même pas le regard du roi auquel il ne faisait même plus attention. Il frappa de nouveau, pour faire bonne mesure. Cependant, au moins, le roi semblait avoir trouvé un peu de bon sens, quelque part. À moins que ce ne soit encore une façade, mais ça… Qui pouvait savoir ? Les voies des rois étaient aussi impénétrables que celles du Seigneur.

Il daigna enfin se retourner vers le roi quand il s’adressa à lui. Matthieu se sentit tout à coup déstabilisé par la question. Pourquoi s’intéresser à lui alors que Hyriel avait été la cible de toutes ses attentions, de toutes ses questions au point de le couper en pleine audience. Il se râcla la gorge.

- Ce n’est rien de très intéressant, Votre Majesté. Mon grand-oncle a perçu très tôt mon intérêt pour la religion et mon potentiel alors il m’a emmené avec lui pour m’entrainer à un jour reprendre sa place.

Il tentait d’ignorer les images, encore des bribes qu’il ne reconnaissait pas vraiment mais qui semblaient être à lui… Des cris… Des pleurs… Des mains qui l’agrippaient, le forçaient…

Non, ce n’était pas arrivé. Impossible. Il se laissait encore aller à des faiblesses. Il déglutit.

- Mon oncle et le Pape avant sa nomination avait leurs propres théories sur les infirmes qui ont été par la suite confirmé. Je n’ai fait que suivre leurs pas et leurs volontés et j’ai… J’ai pu moi-même voir à quel point ils étaient démoniaques par nature. J’ai malheureusement été victime d’une de ses créatures.

Pas créature.
Jean.
Il s’appelait Jean et tu le sais.
Tu t’en rappelles.

par **Hyriel Radgery** Ven 23 Avr - 18:54

Le roi semblait… soulagé de savoir que le cruel démon d’avant était dédémonisé. Soulagé. Mais oui, bien sûr. Et Hyriel crut comprendre que le roi savait qu’il savait. Tant mieux, ce serait encore plus amusant ! Ils joueraient ! À son regard vilain – et à la tape dans le cou – Hyriel se mordit donc les lèvres et baissa la tête, penaud. Oui, mon bon roi, je ne le ferai plus. Pas dans les prochains instants tout du moins.

Il laissa ensuite le roi jouer son rôle sans interruption. S’il voulait avoir ses chances avec lui, il devait le ménager. Et puis c’était fort sympathique de le voir jouer le jeu du cardinal tout en sachant qu’il n’en pensait pas un mot.

Il intervint alors et se vit retourner le dédain et les réprimandes du roi. Et la gifle. Ça faisait longtemps, tellement qu’il avait perdu le compte. Soit, il ne recommencerait pas. Mais il ne s’en formalisait pas, de la réaction du roi : comment savoir si c’était du jeu ou non ? Il osait croire à du jeu et il retourna donc un bref instant un regard amusé au souverain avant… de se prendre une nouvelle tarte, violente. Il cligna plusieurs fois des yeux, surpris, cette fois. Il finit par se reprendre et plisser les yeux en regardant le cardinal. Il commençait à se briser dans son flegme ? Il fut d’autant plus curieux d’entendre son histoire… Il se mordit la lèvre, au fil du récit. C’était bien ce qu’il se disait : envoûtement, même si c’était du « bon côté ». Il ne se priva pas pour le dire, de ses lèvres muettes. Envoûtement.

La fin le rendit toutefois curieux. Victime ? D’un malfrat comme les autres, juste qu’il était infirme, ou d’un camarade de galère qui avait essayé de lui faire entendre raison mais qui s’était vu tourné en diable par l’oncle et le Saint Père ?

par **Le Cent-Visages** Sam 24 Avr - 20:15

Gérald Der Ragascorn, roi de Monbrina

Ainsi qu'il s'y attendait, le cardinal punit Hyriel d'un coup sec dans la nuque - réponse méritée à son rire - puis de deux gifles pas volées. Ou plutôt : logiques du point de vue de l'ecclésiastique. Le roi décida d'approuver d'un retroussement de lèvre satisfait. Mais Matthieu Cassin, lui qui sortait si triomphant de la salle du trône quelques instants plus tôt, paraissait désormais courroucé. Et sur ses gardes, à en croire sa mine crispée. Allons, pourquoi telle tension ? Il l'aurait pourtant, son bûcher et sa victoire dont faire état au pape. Gérald Der Ragascorn planta ses yeux dans ceux de Son Éminence et l'écouta narrer son histoire. Oh, très succinctement : Matthieu ne serait donc pas du genre à faire grand étalage de choses personnelles. Genre de modestie qu'il se donnait, ou mystère - voire malaise qui s'y cachait ?
Le début fut banal en somme : un parent ayant pris à son compte l'éducation d'un des membres de la fratrie, mis sur la voie de la religion prétendument par vocation. Mais peut-être aussi par défaut, quand tel ou tel aîné se voyait tracer une carrière plus prestigieuse ? Le monarque laissa cela de côté et fut surtout intrigué par la deuxième partie. Bien sûr, Gérald répondit d'abord de sa mine compatissante - sachant toutefois rester sobre. Avec une pointe de dégoût en outre, à l'encontre de la terrible créature en question - cela faisait bien. Puis il déclara :

-- Quelle terrible histoire. (Un temps) Nous espérons que la lutte avec cette vile créature ne vous avait pas trop éprouvé ? Quel mal avait-elle fait ? Il est heureux en tous les cas que vous en soyez venu à bout, fort aujourd'hui de tous les enseignements qu'il fallait en tirer.

Son attention retomba sur le sorcier, qu'il avait vu plisser les yeux avec curiosité alors que le cardinal ouvrait son anamnèse. Le roi avait fort envie de jouer une ultime fois avec Hyriel avant de libérer sous peu ce pauvre ecclésiastique et son prisonnier. Enfin, libérer, il fallait s'entendre... Le souverain visage redoubla de sévérité. Il parut méditer. Puis afficha son courroux à l'encontre de l'estropié, comme si tout le déroulement de cette soirée l'avait rendu cette fois-ci sûr et certain de son allégeance au Diable. Il chercha une seconde comment tourner son idée puis ordonna :

-- Une dernière chose, sorcier. Voyons jusqu'où tu peux aller... et si tu oses mentir une fois encore, devant Son Éminence et ton roi qui plus est. Toi qui prétends soigner en toute innocence, décris-nous le protocole de préparation de la meilleure et plus complexe potion qu'il t'ait été donné de confectionner. Seras-tu parjure jusqu'au bout en n'évoquant ni les ingrédients démoniaques, ni les invocations au Malin, ni aucun des sacrifices que nous devinons ?

Et de terminer sur une petite œillade de complicité et de soutien à Matthieu, l'air de dire : Qu'il parjure. Laissons-le donc achever de se condamner.

par **Irène d'Aubeville** Mar 27 Avr - 23:35

Cardinal Matthieu Cassin, 31 ans

Les nerfs de Matthieu allaient bientôt lâcher si cela continuait… Il resta cependant droit. Digne. Au moins, le roi avait l’air relativement satisfait…

Il se crispa davantage alors qu’ils évoquaient le sujet du sorcier. Corde sensible. Corde raide sur laquelle il marchait depuis des années. Il serra les dents à s’en faire mal pour ne rien laisser paraitre.

Dis… Tu me feras voir quand je serai dehors ?

Bien sûr, petit frère. On ira voir tout ce que tu veux !

Il hocha gravement la tête à la suite.

- J’étais encore un enfant mais cela m’a au moins formé à mon futur métier. Je sais maintenant à quel point il faut être impitoyable avec ses créatures et combien elles sont traîtresses.

Tu vois, Matthieu ? Maintenant tu sais. Et tu ne referas pas deux fois la même erreur, n’est-ce pas ?

Il redressa la tête, déglutissant pour garder contenance. Dans son dos, ses poings se serraient.

- Il m’a abusé. Il a tenté de me détourner de mon grand-oncle et de ma vocation. Fort heureusement, mon maître veillait et il a fait en sorte de me tirer de ses griffes. J’ai ainsi pu comprendre toute l’importance de ma mission.

Il observa Hyriel. Celui-ci aussi servirait d’exemple. Celui-ci aussi leur ouvrirait les yeux, comme ce démon l’avait fait.

Jean…

Il secoua la tête. Non, il devait penser à sa mission, à rien d’autre. C’était le passé, c’était terminé et il devait se concentrer sur l’avenir. Il adressa un dernier regard mauvais à Hyriel avant de se recentrer le roi. Matthieu fronça les sourcils alors qu’il s’adressait encore une fois au sorcier. Sans l’entrave de la reine d’Espagne, il se demandait bien ce qu’il allait inventer… Il se retrouva incrédule face à sa question. Il n’osait pas vraiment lui que c’était risqué. Après tout, il n’avait pas vraiment droit à la parole. Malgré le regard complice du roi, il ne savait trop quoi en penser… mais après tout, ce ne serait jamais qu’une extravagance de plus…

par **Hyriel Radgery** Jeu 29 Avr - 22:36

La compassion du roi était belle à voir et à entendre et ses questions, très plaisantes. Hyriel était intéressé par les réponses et son visage, loin de montrer de la malice, fut presque neutre durant le récit. Un neutre légèrement curieux. Un « traumatisme » d’enfance, donc. L’herboriste haussa naturellement un sourcil à la mention de la traîtrise et de cette mission. Bien évidemment…

Mais le roi se reconcentra sur lui, sévère. Hyriel craignit avoir fait une bêtise, même s’il devait reconnaître ne pas savoir que penser avec le roi et le rôle qu’il jouait devant le cardinal. L’herboriste soutint son regard sans peur durant sa question. Très bonne question… Bien entendu, il serait menteur, parjure et tout ce que les autres voudraient bien lui dire mais il se prêta au jeu et réfléchit, baissant les yeux pour remonter ses souvenirs. La potion la plus compliquée… Oh, si, il savait ! Il releva les yeux, calme et neutre, comme quand il soignait.

« C’est une tisane que je n’ai pas toujours réalisée avec tous les ingrédients, je ne vous le cache pas. Elle permet d’améliorer l’état général du corps en le purifiant. Une sorte de tisane de bonne santé, quoi, à prendre quand vous ne vous sentez pas bien, ballonné, las ou même malade, pour aider votre corps. Quant aux quantités que je vais vous citer, quand je dis cuiller, c’est une petite, plutôt rase. Mettez-donc ensemble trois fleurs de camomille, une cuiller d’écorce de cannelle de Ceylan – si vous en avez, et je n’en doute pas –, une cuiller de semence de cardamome – je pense que vous pourrez vous en procurer aussi –, un petit bout de racines de cette plante orientale que l’on nomme curcuma, un ou deux clous de girofle – là aussi, rare et cher mais pour Votre Majesté… –, deux feuilles de gui, un bout de racines d’acore, une cuiller d’aigremoine en poudre, une cuiller d’angélique – rien de diabolique, vous voyez ? –, trois feuilles d’artichaut, une cuiller d’écorce de berbéris, quelques feuilles de thym – c’est très bon, le thym, vous pouvez soigner beaucoup de maux avec une infusion de thym –, une bonne cuiller d’écorce de bourdaine, quelques feuilles de cassis, une bonne cuiller de semence de fenouil, une ou deux baies de genévrier, un morceau de racine de gentiane, un bon bout de racines de gingembre, une petite poignée de feuilles de pervenche, une bonne racine de petit houx, une bonne racine de pissenlit, une bonne poignée de feuilles de prêles, une bonne poignée de feuilles de romarin, un bon bout de racines de chicorée, un bon bout de racine de saponaire, deux poignées de feuilles d’orties piquantes – je vous conseille de les prendre avec un tissu ou de vous tamponner la main de vinaigre après les avoir prises –, deux poignées de feuilles de sauge – très bonne aussi en infusion – et, enfin, un bon bout de racine de zédoaire. »

Il reprit son souffle et sourit, satisfait.

« Faites-en bouillir une grande cuiller par tasse pendant trois minutes et laissez ensuite infuser une dizaine de minutes avant de boire. »

Spoiler:

par **Le Cent-Visages** Sam 1 Mai - 14:55

Gérald Der Ragascorn, roi de Monbrina

Les souvenirs du cardinal devaient être éprouvants, à en croire la raideur qu'il affichait au long de sa conversation avec le roi. Bras statufiés dans le dos, serré dans son propre corps, l'ecclésiastique eut par cette posture un point commun avec le sorcier ligoté à ses pieds. Tableau édifiant. Gérald Der Ragascorn acquiesça sans fournir de commentaire. Le condamné lui-même parut sensible - ou du moins, exempt de moquerie - au discours de Matthieu Cassin : quelque tromperie subie dans son enfance... ou plutôt quelque manipulation... l'avait conduit à cette vocation si nécessiteuse de boucs-émissaires. Bon à savoir. Quiconque connaissait les besoins en souffre-douleur d'autrui disposait du pouvoir sur cette cible. Travailler l'opinion publique telle une pâte à modeler pouvait orienter le viseur contre d'autres souffre-douleurs - et ériger d'autres divinités.

-- C'est effroyable. Au moins, à quelque chose malheur fut bon. Vous comme nous savons qu'il importe à présent de regarder vers l'avenir de l'Empire et des croyants.

Le roi posa sa question au sorcier - ce qui fit se froisser les sourcils du Cardinal. Aussi s'employa-t-il à le rassurer d'un regard quant au fait qu'il ne s'agissait que de recueillir un parjure. Hyriel s'engagea à lui répondre - sans peur aucune. Il ne manquait pas d'air, tout de même. Sa Majesté écouta le protocole. Bien évidemment, n'y trouvèrent place aucun démon, aucun farfadet, aucune danse béquilleuse, le corps nu baigné de sang de vierges valides... Non. Le roi entendit ce qu'il cherchait à vérifier : un discours scientifique, précis et raisonnable. Où apparaissaient la folie ou le Diable ? Ne paraissait que l'érudition d'un spécialiste de son domaine - médecine et herboristerie - comme d'autres connaissaient la géologie, les mécanismes d'horloge ou la cuisine. Un coin de sa lèvre s'ourla quand le sorcier insista sur le thym - oui, c'était très bon, le thym, soit, soit. A la fin de la longue réponse du guérisseur, le souverain croisa les bras sans extérioriser davantage de réaction. Un simple coup d'œil entendu à Matthieu Cassin : il comprendrait ce qu'il voudrait.

-- Bien. Il est dommage que les juges n'aient pas posé des questions de ce type pour enrichir le dossier. (Un temps) Nous en avons bien assez entendu à présent.

Le temps courait. Gérald Der Ragascorn fit claquer sa canne contre les dalles dans un geste s'apprêtant à reprendre sa route. Il adressa un ultime hochement de tête à l'ecclésiastique et déclara en un vague rictus mi-amusé mi-compatissant :

-- Votre Éminence, nous vous saluons cette fois-ci pour de bon. Encore merci pour vos précieux apports. Nous nous en voudrions de retarder davantage un repos que vous avez amplement mérité après une pareille mission. Au plaisir de vous revoir en de plus agréables circonstances.

Pourquoi pas à l'une de ses soirées spéciale "invalides de compagnie" ? Ce serait délicieux. Le roi voyait de là le tableau. Il dut demeurer très grave pour se retenir de sourire quand lui vint le portrait du Cardinal, au milieu de ses monstres désirables arrosés de musique et d'alcool. Dans le flot de son imagination, ses prunelles tombèrent sur Hyriel avant de s'éloigner définitivement. Les gardes reprirent le sorcier par les aisselles. On le traîna en chemin inverse à la suite de Son Éminence. Sa voiture l'attendait dans la cour. Un valet lui ouvrit la porte. Puis les soldats y jetèrent le prisonnier. Le battant claqua sur eux, les plongeant dans l'obscurité du véhicule au milieu de la nuit quasi noire qui recouvrait Braktenn. Retour vers la prison.

par **Irène d'Aubeville** Ven 28 Mai - 16:54

Cardinal Matthieu Cassin, 31 ans

Les dents toujours serrées, Matthieu faisait face au roi, aussi impassible qu’il pouvait l’être. Il soupira. Tout cela, c’était du passé. À quelque chose, en effet malheur était bon… Il avait ainsi pu voir très tôt la noirceur des hommes et se centrer sur son combat.

Et s’il était parti avec Jean… Non, il n’avait pas à y penser ! Ce n’était pas arrivé, c’était donc que Dieu l’avait voulu.

Il hocha gravement la tête à l’affirmation du roi, heureux qu’il entende son point de vue. Son extravagance n’en resta pourtant pas là et il continua avec sa question farfelue… Il serra les lèvres et regarda le prisonnier répondre. Il fronça les sourcils à son long discours… Qu’est-ce que c’était que cette mascarade. Il siffla.

-Tss, rien que de l’esbrouffe ! Et bien entendu, que des ingrédients exotiques et rares !

La réponse du roi le rendit encore davantage suspicieux. Il se râcla la gorge.

- Oui, hum… Nous devons y aller, en effet…

Il fut heureux qu’il accepte lui-même qu’il s’en aille. Tant mieux ! Matthieu poussa un discret soupir de soulagement. Enfin ils allaient pouvoir se libérer de ce qui ressemblait à un piège à rat. En tous cas pour lui… Il hocha la tête en déglutissant à la proposition du roi, soucieux d’être poli mais espérant ne plus avoir à remettre les pieds ici.

- Oui… Bien entendu, Votre Majesté, ce serait un honneur.

Il donna le signal aux gardes et ils s’en furent, sans un regard en arrière.

par Contenu sponsorisé

[23 décembre 1597, suite de soirée] Quel animal est-ce là ? [Terminé]

[23 décembre 1597, suite de soirée] Quel animal est-ce là ? [Terminé]

Re: [23 décembre 1597, suite de soirée] Quel animal est-ce là ? [Terminé]

Re: [23 décembre 1597, suite de soirée] Quel animal est-ce là ? [Terminé]

Re: [23 décembre 1597, suite de soirée] Quel animal est-ce là ? [Terminé]

Re: [23 décembre 1597, suite de soirée] Quel animal est-ce là ? [Terminé]

Re: [23 décembre 1597, suite de soirée] Quel animal est-ce là ? [Terminé]

Re: [23 décembre 1597, suite de soirée] Quel animal est-ce là ? [Terminé]

Re: [23 décembre 1597, suite de soirée] Quel animal est-ce là ? [Terminé]

Re: [23 décembre 1597, suite de soirée] Quel animal est-ce là ? [Terminé]

Re: [23 décembre 1597, suite de soirée] Quel animal est-ce là ? [Terminé]

Re: [23 décembre 1597, suite de soirée] Quel animal est-ce là ? [Terminé]

Re: [23 décembre 1597, suite de soirée] Quel animal est-ce là ? [Terminé]