[RP solo] [12 Décembre 1597] Le début d'un deuil
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[RP solo] [12 Décembre 1597] Le début d'un deuil
Depuis sa visite au château de Frenn, Cassandre n'était plus réellement sortie plus loin qu'au bout de la rue où se trouvait la boutique de la Roza Azul. Ses pensées évitaient de revenir à ce qui s'était déroulé deux jours plus tôt dans cette écurie avec Eldred. Elle évitait également de songer à Alexandre et Alduis de Fromart. Tout ceci ne la concernait pas.
Lors de cette matinée, le temps était plutôt clément même si l'air se révélait un peu frais. Après le petit-déjeuner, Cassandre sortit pour aller aider la voisine, une vieille femme qui peinait à se déplacer, à nettoyer sa cour. En échange, celle-ci avait promis de lui donner deux pièces. Pendant que la dame cuisinait à l'intérieur, la fillette passait le balai sur les pavés. Au retour, que ferait-elle ? aider Dame Irène si des clientes se trouvaient au magasin ? Jouer avec Grâce ? Travailler sa lecture ou son écriture ? Elle ne savait pas encore.
Au beau milieu de son ouvrage, un garçon, de deux ou trois ans de moins que Cassandre sauta dans la cour depuis la faite du mur. il se releva aussitôt, sans mal. La fillette l'observa et reconnut son ami Nicolas. Son cœur se serra. Elle l'avait chargé, sous réserve de provisions en échange, de surveiller la prison où son père était retenu. Depuis son arrivée à la capitale, avec ses copain, elle s'était affairée à retrouver sa traces. Elle avait essayé de le joindre. En vain. Les captifs demeuraient à jamais clos du monde extérieur. Cassandre lâcha le balai, qui tomba sur les pavés, et courut vers Nicolas.
"Nico ! Nico, t'as des nouvelles de mon père ?"
"Euh... ouais."
Cassandre n'aimait pas le timbre de sa voix. On ne dirait pas de bonnes nouvelles. Nicolas baissa la tête, comme honteux.
"Je.. Je l'ai appris hier, Cassy. Ton père.. Il vient de décéder. Enfin, il y a trois jours."
La fillette resta tétanisée quelques instants, le souffle coupé. Son visage ne trahit cependant pas ses émotions.
"Papa... Que s'est-il passé ? Comment.. ? Tu sais ?"
Sa voix devenait autoritaire et sèche. Pour se protéger.
"Une maladie. De ce que j'ai apprendre, il toussait depuis plusieurs jours. Fort. Puis, un matin, un gardien l'a découvert mort. Il a même pas pu recevoir la visite d'un curé. il a rien demandé."
"Et les médecins ? Pourquoi aucun médecin n'est venu le soigner ?"
Nicolas grimaça, hésitant avant de répondre.
"Il était là-bas pour payer des dettes. Il devait de l'argent. Alors ils allaient pas appeler un médecin."
Passée le moment de sidération, la colère prit le relais. Toute la haine pour le royaume, les créanciers ou les geôliers se déversaient en elle puis se fondaient vers le porteur de la nouvelle funeste. Elle se pencha, ramassa une pierre et la lança vers le garçon.
"'Tais-toi ! Tu es avec eux, c'est eux ?"
Nicolas était si surpris qu'il n'eut pas la présence d'esprit d'esquiver. La pierre le blessa à la joue.
"Cassy... Je suis avec toi, de ton côté. Tu es en colère, malheureuse.. c'est normal. Tu..."
Elle ramassa une seconde pierre et la lui lança. Cette fois, Nicolas recula et l'évita.
"Va-t-en ! Va-t-en ! Je veux plus te voir !"
"Mais... Cassy !"
Devant les deux autres pierres qui volèrent, l'enfant déguerpit, sans demander son reste. Cassandre en jeta une dernière par -dessus le muret, puis s'immobilisa. Ses mains tremblaient. Elle avait besoin de défouler encore plus ses nerfs.Elle marcha d'un pas rapide vers la petite réserve au bout de la cour et sortit sa dague pour réduire en morceaux trois bûches. Toute sa rage se déversait dessus. Elle frappait encore et encore.
Finalement, elle retomba au sol, épuisée, essoufflée.
Allongée sur le sol meuble, Cassandre contempla le plafond, apathique.
Les liens ne servaient à rien. Sauf à se blesser soi-même. Eldred, Sylvère... Ils ne disaient que des bêtises. Comprenaient-ils cette douleur qui lui perçait le cœur et lui donnait envie de plonger sa dague dans la poitrine pour l'en extirper à jamais ? Non, ils ne savaient pas. Ils ne comprenaient pas.
Les liens rendaient faibles.
Les liens faisaient prendre des risques.
Les liens étaient inutiles.
Cassandre se releva, résolue à ne se plus se laisser abattre. Cette nouvelle ne l'affectera pas. Après tout, ce père, ils ne s'étaient pas revenu depuis cinq ans. C'était un inconnu.
Sur cette pensée, la fillette retourna balaya la cour et se montra normale quand la vieille femme vint admirer le résultat de son ouvrage. En rentrant, elle se comporterait de la même manière avec Dame Irène et Grâce. Elle ne montrerait à personne sa faiblesse. Il n'y en avait de toute façon aucune.
Cet homme, qui venait de mourir en prison, n'était rien pour elle.
Elle, elle était Cassandre Velasquez, une orpheline, depuis des années, qui aurait demain treize ans.
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