[RP solo] Janvier 1598 - Fraternité
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[RP solo] Janvier 1598 - Fraternité
Lors de la première semaine de la nouvelle année, Alexandre quitta le domaine de Fromart pour se rendre en ville. Une pensée l'occupait depuis quelques semaines et il ne pouvait plus rester avec celle-ci à tourner dans son esprit. Il ne pouvait nier ce lien, incontestable, entre eux. Son père avait beau être dépourvu de conscience, sans le moindre souci pour les enfants qu'il semait, mais pas lui. Il assumerait ainsi, comme cela lui serait possible, les charges que cet imbécile se refusait à porter. La manière dont son maître traitait ses bâtards l'inspirait.
Alexandre se présenta à la porte d'une toute petite maison, en pierre, implantée dans un quartier misérable de la ville. Il frappa deux coups et une adolescente, plutôt jolie, bien mise en dépit de ses vêtements pauvres, l'accueillit. Le jeune homme la salua poliment, établissant toutefois un rapport hiérarchique entre eux. Son manteau et ses habits camouflaient la marque de son épaule et la qualité de éducation ferait illusion. Il pénétra dans la demeure pour apercevoir trois jeunes enfants qui jouaient au sol. deux se disputaient un bout de chiffon. Une marmite bouillait dans la cheminée, là où la fille qui venait de l'introduire retourna. Un garçon de son âge à lui taillait un morceau de bois, adossé contre un mur. Alexandre contempla avec impassibilité le tableau, fermant son cœur pour ne pas se laisser apitoyer par sa sensibilité, et se tourna pour apercevoir une femme qui cousait à la fenêtre, profitant de la faible lumière hivernale, le regard triste.
Alexandre chassa le souvenir de sa mère qui revenait s'inviter et durcit un peu plus son cœur. Ne pas céder à ses sentiments qui ne demandaient qu'à éclater. Il s'avança.
"Bonjour madame, j'ai aperçu quelques semaines plus tôt un enfant infirme. Est-il possible de le rencontrer ?"
Elle releva la tête, interloqué.
"Mais... Que pouvez-vous vouloir à cet enfant ? Il... il ne sait rien faire. Il est inutile. Prenez plutôt un de ses frères si vous avez besoin d'un service."
Le jeune homme étouffa intérieurement de l'entendre dénigrer ce garçon qui n'avait pas mérité un pareil traitement. sa propre mère le dénigrait, le considérait inutile... Il songea à la sienne qui était décidément véritablement exceptionnelle.
"Cet enfant est mon frère."
Sa voix était sèche et autoritaire. Les enfants s'interrompirent et tournèrent la tête, brusquement inquiets, sentant un malaise palpable. Le plus jeune s'apprêtait à pleurer. Alexandre s'adoucit légèrement.
"Je souhaiterais le visiter de temps à autre. Mes moyens sont limités. je ne peux actuellement peu pour lui, mais au moins, j'aimerais être là pour lui, comme tout bon frère se doit d'être présent pour un des siens."
La mère le fixait et ses yeux le toisaient avec méfiance et calcul. Alexandre percevait que celle-ci envisageait si cette rencontre pourrait être utile ou non à sa famille, sans songer une seconde à l'enfant dont il était question. Les sentiments ne compteraient pas. Il réprima une fois la tristesse qui l'envahissait et et sortit quelques pièces pour les glisser dans les mains de la femme.
"Puis-je voir mon frère, madame ?"
Son corps ut un tressaillement au moment où les pièces tombèrent dans sa paume. Elle les fixa, puis dévisagea Alexandre, et se leva. Elle le mena dans la pièce voisine, une chambre minuscule, avec un grand lit pour les parents, et des paillasses disséminés ici et là, chacune pourvues de couvertures. Le jeune homme observa les lieux, impassible, puis sursauta en apercevant un jeune garçon, au teint maladif, si semblable au sien, dans un baquet.
La mère pâlit en apercevant son fils laissé dans son bain, incapable de s'en sortir seul du fait de son infirmité. Elle se précipita pour l'en sortir rapidement, l'essuyer prestement, lui remettre une tunique et le placer sur une paillasse, entouré de couvertures.
"Un monsieur est là pour toi."
Elle se retira vite, évitant de croiser le regard de son visiteur. Alexandre la remarqua à peine, les yeux fixés vers le jeune garçon. son frère. Son petit frère. Il se sentait étrange à découvrir cet être qui partageait ce lien de sang avec lui. Si vulnérable. entièrement dépendant de sa famille. L'enfant l'observait lui aussi, adossé contre le mur, sous ses couvertures. Il tremblait.
"Tu veux quoi ?"
C'était lui qui avait brisé le silence en premier. Alexandre sourit. Il serra ses béquilles et vint le rejoindre. Ses mains les posèrent contre le mur t le jeune homme s'abaissa pour s'asseoir à la hauteur de l'enfant.
"Bonjour, Sébastien. Je me nomme Alexandre et je suis... ton frère.
"Mon frère ?"
Alexandre hésita, mais se rappela sa promesse à assumer les responsabilités de son père à sa place.
"Nous sommes frères, oui. Tu n'es pas le fils de celui qui est l'époux de ta mère. Notre père, à tous les deux, est un curé qui aime séduire les mères de famille. il n'a rien de très reluisant, j'en conviens, mais moi je souhaite te connaître et t'aider à sortir de ton isolement. Je suis infirme, comme toi. J'ai passé moi aussi d'assez longs moments, reclus dans un lit."
Sébastien resta quelques instants sans rien dire, puis ajouta :
"Vous allez m'emmener ? Je vais vivre avec vous maintenant ?"
Alexandre s'attrista et se pencha pour embrasser le front de l'enfant qui lui sourit.
"Non, je n'ai pas les moyens de t'élever correctement. et j'ai un travail accaparant. Mais je viendrai te voir régulièrement. Une fois par semaine même, si je le peux. Je te le promets, Sébastien."
Le garçon garda un sourire doux, opinant timidement de al tête. Il hésita, puis vint difficilement, gêné par un corps encore plus faible que le sien pour se blottir dans ses bras. D'abord surpris, Alexandre l'accueillit avec joie, heureux de savoir son frère dans d'aussi bonnes dispositions, et l'embrassa à nouveau.
Durant le reste de la journée, Alexandre garda un bras autour de la taille de son jeune frère, tous deux réfugiés sous les couvertures, et lui lisait l'ouvrage historique qu'il avait apporté dans son sac. Il se doutait bien que l'enfant ne devait que peut comprendre mais au moins i s'agissait là d'une première activité commune qui leur permettait de commencer à tisser les premiers liens de leur relations.
Lorsque le soleil déclina, Alexandre se redressa, à regret, et embrassa une dernière fois Sébastien avant de se relever en saisissant énergiquement.
"Tu pars déjà ? Tu viens juste t'arriver !"
Alexandre eut un sourire triste.
"Chronos est un dieu cruel qui aime accélérer le temps quand on s'amuse, mon enfant. Mais nous nous reverrons. Je le promets."
Sébastien baissa la tête, l'air malheureux, et Alexandre lui caressa une dernière fois les cheveux.
"A bientôt, mon frère."
Le cœur lourd, il lui tourna le dos, quittant la chambre.
Alexandre se présenta à la porte d'une toute petite maison, en pierre, implantée dans un quartier misérable de la ville. Il frappa deux coups et une adolescente, plutôt jolie, bien mise en dépit de ses vêtements pauvres, l'accueillit. Le jeune homme la salua poliment, établissant toutefois un rapport hiérarchique entre eux. Son manteau et ses habits camouflaient la marque de son épaule et la qualité de éducation ferait illusion. Il pénétra dans la demeure pour apercevoir trois jeunes enfants qui jouaient au sol. deux se disputaient un bout de chiffon. Une marmite bouillait dans la cheminée, là où la fille qui venait de l'introduire retourna. Un garçon de son âge à lui taillait un morceau de bois, adossé contre un mur. Alexandre contempla avec impassibilité le tableau, fermant son cœur pour ne pas se laisser apitoyer par sa sensibilité, et se tourna pour apercevoir une femme qui cousait à la fenêtre, profitant de la faible lumière hivernale, le regard triste.
Alexandre chassa le souvenir de sa mère qui revenait s'inviter et durcit un peu plus son cœur. Ne pas céder à ses sentiments qui ne demandaient qu'à éclater. Il s'avança.
"Bonjour madame, j'ai aperçu quelques semaines plus tôt un enfant infirme. Est-il possible de le rencontrer ?"
Elle releva la tête, interloqué.
"Mais... Que pouvez-vous vouloir à cet enfant ? Il... il ne sait rien faire. Il est inutile. Prenez plutôt un de ses frères si vous avez besoin d'un service."
Le jeune homme étouffa intérieurement de l'entendre dénigrer ce garçon qui n'avait pas mérité un pareil traitement. sa propre mère le dénigrait, le considérait inutile... Il songea à la sienne qui était décidément véritablement exceptionnelle.
"Cet enfant est mon frère."
Sa voix était sèche et autoritaire. Les enfants s'interrompirent et tournèrent la tête, brusquement inquiets, sentant un malaise palpable. Le plus jeune s'apprêtait à pleurer. Alexandre s'adoucit légèrement.
"Je souhaiterais le visiter de temps à autre. Mes moyens sont limités. je ne peux actuellement peu pour lui, mais au moins, j'aimerais être là pour lui, comme tout bon frère se doit d'être présent pour un des siens."
La mère le fixait et ses yeux le toisaient avec méfiance et calcul. Alexandre percevait que celle-ci envisageait si cette rencontre pourrait être utile ou non à sa famille, sans songer une seconde à l'enfant dont il était question. Les sentiments ne compteraient pas. Il réprima une fois la tristesse qui l'envahissait et et sortit quelques pièces pour les glisser dans les mains de la femme.
"Puis-je voir mon frère, madame ?"
Son corps ut un tressaillement au moment où les pièces tombèrent dans sa paume. Elle les fixa, puis dévisagea Alexandre, et se leva. Elle le mena dans la pièce voisine, une chambre minuscule, avec un grand lit pour les parents, et des paillasses disséminés ici et là, chacune pourvues de couvertures. Le jeune homme observa les lieux, impassible, puis sursauta en apercevant un jeune garçon, au teint maladif, si semblable au sien, dans un baquet.
La mère pâlit en apercevant son fils laissé dans son bain, incapable de s'en sortir seul du fait de son infirmité. Elle se précipita pour l'en sortir rapidement, l'essuyer prestement, lui remettre une tunique et le placer sur une paillasse, entouré de couvertures.
"Un monsieur est là pour toi."
Elle se retira vite, évitant de croiser le regard de son visiteur. Alexandre la remarqua à peine, les yeux fixés vers le jeune garçon. son frère. Son petit frère. Il se sentait étrange à découvrir cet être qui partageait ce lien de sang avec lui. Si vulnérable. entièrement dépendant de sa famille. L'enfant l'observait lui aussi, adossé contre le mur, sous ses couvertures. Il tremblait.
"Tu veux quoi ?"
C'était lui qui avait brisé le silence en premier. Alexandre sourit. Il serra ses béquilles et vint le rejoindre. Ses mains les posèrent contre le mur t le jeune homme s'abaissa pour s'asseoir à la hauteur de l'enfant.
"Bonjour, Sébastien. Je me nomme Alexandre et je suis... ton frère.
"Mon frère ?"
Alexandre hésita, mais se rappela sa promesse à assumer les responsabilités de son père à sa place.
"Nous sommes frères, oui. Tu n'es pas le fils de celui qui est l'époux de ta mère. Notre père, à tous les deux, est un curé qui aime séduire les mères de famille. il n'a rien de très reluisant, j'en conviens, mais moi je souhaite te connaître et t'aider à sortir de ton isolement. Je suis infirme, comme toi. J'ai passé moi aussi d'assez longs moments, reclus dans un lit."
Sébastien resta quelques instants sans rien dire, puis ajouta :
"Vous allez m'emmener ? Je vais vivre avec vous maintenant ?"
Alexandre s'attrista et se pencha pour embrasser le front de l'enfant qui lui sourit.
"Non, je n'ai pas les moyens de t'élever correctement. et j'ai un travail accaparant. Mais je viendrai te voir régulièrement. Une fois par semaine même, si je le peux. Je te le promets, Sébastien."
Le garçon garda un sourire doux, opinant timidement de al tête. Il hésita, puis vint difficilement, gêné par un corps encore plus faible que le sien pour se blottir dans ses bras. D'abord surpris, Alexandre l'accueillit avec joie, heureux de savoir son frère dans d'aussi bonnes dispositions, et l'embrassa à nouveau.
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Durant le reste de la journée, Alexandre garda un bras autour de la taille de son jeune frère, tous deux réfugiés sous les couvertures, et lui lisait l'ouvrage historique qu'il avait apporté dans son sac. Il se doutait bien que l'enfant ne devait que peut comprendre mais au moins i s'agissait là d'une première activité commune qui leur permettait de commencer à tisser les premiers liens de leur relations.
Lorsque le soleil déclina, Alexandre se redressa, à regret, et embrassa une dernière fois Sébastien avant de se relever en saisissant énergiquement.
"Tu pars déjà ? Tu viens juste t'arriver !"
Alexandre eut un sourire triste.
"Chronos est un dieu cruel qui aime accélérer le temps quand on s'amuse, mon enfant. Mais nous nous reverrons. Je le promets."
Sébastien baissa la tête, l'air malheureux, et Alexandre lui caressa une dernière fois les cheveux.
"A bientôt, mon frère."
Le cœur lourd, il lui tourna le dos, quittant la chambre.
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