[10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
Page 1 sur 1 • Partagez
[10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
Dyonis n'a eu de cesse de se ronger les sangs depuis un nombre d'heures qu'il ne compte même plus. Il va, vient, ne tient pas en place, tremble, essuie régulièrement ses yeux rougis. Il a pris un retard monumental dans son travail mais peu importe ! Lavinia était en danger ! Par tous les Saints, que lui est-il passé par la tête ? Fuguer, seule, par ce temps épouvantable. Être déclarée disparue. Le malheureux père en a pleuré, lui que les larmes atteignent si rarement. Cet après-midi, il s'est détesté. A détesté son impuissance crasse. Que n'a-t-il pas fait comme il faut ? Que n'a-t-il pas vu dans la vie de sa fille ou dans ses toutes récentes affaires ? Il essaie pourtant de prendre de ses nouvelles aussi souvent que son office le lui permet.
Le rez-de-chaussée aura vrombi des interminables cent-pas du Premier Conseiller. Mais voici qu'enfin - grâce à Dieu ! - on annonce le retour de la patrouille de gardes et d'Eldred... en compagnie de la malheureuse Lavinia frigorifiée ! Un frémissement de soulagement en parcourt les membres du baron, des larmes lui labourent les joues. Il tombe à genoux et serre ses prothèses en prière d'action de grâce. Une fois ses esprits repris, il se relève non sans ressentir les douleurs de l'âge. Sans compter son cœur mis à rude épreuve ces dernières heures.
Il se précipite à travers tous son château. Passant comme une bombe devant tous les employés qu'il croise sans les saluer. Une fois rejointe la porte du domaine, il se rue vers Lavinia qui vient d'apparaître. Encore toute convulsée de froid, sans doute trempée, la tenue dans un sale état... mais vivante. Vivante ! Dyonis l'étreint de toutes ses forces. Il pleure à chaudes larmes dans l'épaule de la jeune femme.
"Lavinia... Oh par le Ciel, Lavinia..." Il se reprend, ravale de nouveaux sanglots et cille pour cacher tant bien que mal ses yeux gorgés de pleurs et dont tous les vassaux sanguins sont apparents, comme prêts à éclater. "Vous, vivante. Oh..." Après un chaleureux baiser sur la joue, il reprend : "Que s'est-il donc passé ? Venez donc au chaud..." Il la conduit vers le feu crépitant. Ses émotions se chamboulent sous son crâne. Sa main métallique passe tendrement sous celle de sa fille, son crochet vient par-dessus, tremblant. "Pardon... Pardon, ma fille... S'il y a quelque chose que je n'ai pas vu, pardon..." Quelque chose d'autre, à part l'agression commise par l'odieux Thierry et dont il avait déjà parlé avec Lavinia. "Je crois... qu'il me faille comprendre beaucoup de choses quand vous vous en sentirez le cœur." Qu'elle s'apaise d'abord. Une nouvelle fois, il la prend dans ses bras, la réchauffe d'un geste lent comme lorsqu'il la retrouvait enfant, congelée après de longues heures de jeux dans la neige.
Le rez-de-chaussée aura vrombi des interminables cent-pas du Premier Conseiller. Mais voici qu'enfin - grâce à Dieu ! - on annonce le retour de la patrouille de gardes et d'Eldred... en compagnie de la malheureuse Lavinia frigorifiée ! Un frémissement de soulagement en parcourt les membres du baron, des larmes lui labourent les joues. Il tombe à genoux et serre ses prothèses en prière d'action de grâce. Une fois ses esprits repris, il se relève non sans ressentir les douleurs de l'âge. Sans compter son cœur mis à rude épreuve ces dernières heures.
Il se précipite à travers tous son château. Passant comme une bombe devant tous les employés qu'il croise sans les saluer. Une fois rejointe la porte du domaine, il se rue vers Lavinia qui vient d'apparaître. Encore toute convulsée de froid, sans doute trempée, la tenue dans un sale état... mais vivante. Vivante ! Dyonis l'étreint de toutes ses forces. Il pleure à chaudes larmes dans l'épaule de la jeune femme.
"Lavinia... Oh par le Ciel, Lavinia..." Il se reprend, ravale de nouveaux sanglots et cille pour cacher tant bien que mal ses yeux gorgés de pleurs et dont tous les vassaux sanguins sont apparents, comme prêts à éclater. "Vous, vivante. Oh..." Après un chaleureux baiser sur la joue, il reprend : "Que s'est-il donc passé ? Venez donc au chaud..." Il la conduit vers le feu crépitant. Ses émotions se chamboulent sous son crâne. Sa main métallique passe tendrement sous celle de sa fille, son crochet vient par-dessus, tremblant. "Pardon... Pardon, ma fille... S'il y a quelque chose que je n'ai pas vu, pardon..." Quelque chose d'autre, à part l'agression commise par l'odieux Thierry et dont il avait déjà parlé avec Lavinia. "Je crois... qu'il me faille comprendre beaucoup de choses quand vous vous en sentirez le cœur." Qu'elle s'apaise d'abord. Une nouvelle fois, il la prend dans ses bras, la réchauffe d'un geste lent comme lorsqu'il la retrouvait enfant, congelée après de longues heures de jeux dans la neige.
Re: [10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
Lavinia se laissa aller dans les bras de son père. Sa détresse lui fit prendre conscience du calvaire que cela avait dû être pour lui. Elle était si égoïste. Elle n’avait pensé qu’à son propre malheur sans prendre en compte son entourage. Elle avait été faible en cédant à la facilité, mais quelque chose en elle continuait à lui murmurer qu’elle n’avait pas d’autre choix.
— Je suis vraiment désolé, sanglota-t-elle.
La peine de son père était comme des coups de poignard en plein cœur. Elle suivit son paternel près du feu. Elle ne pouvait pas lui dire la vérité, cela mettrait à mal sa propre position et sa réputation. Elle ne supporterait pas d’être en plus la cause de sa ruine.
— Je...je me suis perdue.
Elle essayait de se convaincre que tout ceci n’était qu’un accident. On l’avait encouragé à vivre. Tous, à leur manière, ils leur avaient promis protection. Alduis lui avait promis qu’elle ne retournerait pas là-bas. Eldred lui avait affirmé que tout irait bien même sans vraiment savoir de quoi il en retournait. Mais s' ils échouaient ? Ingrid et Gérald savaient quoi faire…
— Non père.. vous n'avez pas à … c’est moi qui.
Tout s'embrouillait dans sa tête. Elle n’arrivait plus à réfléchir correctement. Elle avait peur. Peur de commettre une erreur. Donner une information compromettante. Elle se sentait si seule et abandonnée. Une nouvelle fois les bras de son père la couvrèrent comme un cocon protecteur. Elle ne voulait pas le voir aussi vulnérable. Son père était un homme que rien n'ébranlait et elle…
— Pardonnez-moi. Je ne voulais pas vous décevoir d’avantage. Vous devez avoir tellement honte de ma personne. Je vous ai forcé à déployer tellement de personne qui ont risqué leur vie juste pour moi...
— Je suis vraiment désolé, sanglota-t-elle.
La peine de son père était comme des coups de poignard en plein cœur. Elle suivit son paternel près du feu. Elle ne pouvait pas lui dire la vérité, cela mettrait à mal sa propre position et sa réputation. Elle ne supporterait pas d’être en plus la cause de sa ruine.
— Je...je me suis perdue.
Elle essayait de se convaincre que tout ceci n’était qu’un accident. On l’avait encouragé à vivre. Tous, à leur manière, ils leur avaient promis protection. Alduis lui avait promis qu’elle ne retournerait pas là-bas. Eldred lui avait affirmé que tout irait bien même sans vraiment savoir de quoi il en retournait. Mais s' ils échouaient ? Ingrid et Gérald savaient quoi faire…
— Non père.. vous n'avez pas à … c’est moi qui.
Tout s'embrouillait dans sa tête. Elle n’arrivait plus à réfléchir correctement. Elle avait peur. Peur de commettre une erreur. Donner une information compromettante. Elle se sentait si seule et abandonnée. Une nouvelle fois les bras de son père la couvrèrent comme un cocon protecteur. Elle ne voulait pas le voir aussi vulnérable. Son père était un homme que rien n'ébranlait et elle…
— Pardonnez-moi. Je ne voulais pas vous décevoir d’avantage. Vous devez avoir tellement honte de ma personne. Je vous ai forcé à déployer tellement de personne qui ont risqué leur vie juste pour moi...
Re: [10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
Dyonis ne cesse de trembler, alors même que sa fille est là, saine et sauve dans ses bras. Sa peur a été si grande, et maintenant son horreur demeure vivace à la seule pensée que cette sortie ait pu être fatale à Lavinia. Il secoue négativement la tête lorsqu'il entend la jeune femme demander pardon. "Oh non... non." soupire-t-il : elle n'a pas à s'excuser. Il plonge alors ses yeux très bleus dans ceux de la demoiselle et hausse les sourcils à sa confidence. "Perdue ? Que s'est-il donc passé ? Je vous en prie, racontez-moi toit cela. Et qui vous a retrouvée en premier, et quels gens ont pu vous aider."
Dyonis veut tout savoir. Tout comprendre. Ses enfants sont aujourd'hui ce qu'il a de plus précieux. Qu'un seul d'entre eux soit en danger et le baron est aussitôt dans tous ses états. Il doit être instruit de ceux qui sont venus au secours de Lavinia, et leur exprimer toute sa reconnaissance.
"Dites-moi, Lavinia, dites-moi tout ce que je peux faire pour vous à présent. En plus bien sûr de vous recevoir ici aussi souvent et aussi longtemps que vous en aurez besoin." Le seigneur de Frenn sait combien les choses sont délicates entre Lavinia et son époux... bien qu'évidemment il n'en mesure pas l'ampleur et soit loin de tout savoir. Mais il n'a pas à poser lui-même des questions indélicates et laisse à sa fille le soin d'aborder les choses comme elle le souhaite, dans l'ordre qu'elle le souhaite. Le reste viendra ensuite, petit à petit, à mesure que la demoiselle retrouvera ses esprits et sa sérénité.
Entre temps, le seigneur aura appelé un servante pour lui demander d'amener immédiatement un bon thé chaud et des gâteaux à Lavinia. Il lui faut récupérer des forces et se réchauffer. La domestique arrive et dépose devant la jeune femme un beau plateau garni, puis se retire après s'être inclinée devant le père et sa fille, suite aux remerciements du Premier Conseiller.
"Je n'aurai jamais honte de vous." affirme le seigneur, d'un ton très décidé et convaincant, son regard plongé dans les yeux embués de Lavinia. "Au contraire, vous savez à quel point j'admire tut ce que vous entreprenez. Votre créativité, votre entreprise joaillère dans laquelle vous vous lancez avec Dame Despina, votre sens de l'honneur qui fait que je pense bien souvent à vous comme bien meilleure héritière de nos valeurs que vos frères..." Ces mots lui ont échappé. On ne devrait pas faire de préférence entre ses enfants, cependant Dyonis pense sincèrement que, pour avoir observé ses fils et filles des années durant, c'est de Lavinia qu'il se sent le plus proche. "Et même sans compter tout cela, vous êtes ma fille, je déploierai tous les efforts du monde pour vos secourir, vous tout comme vos frères et sœurs. Je sais que je suis austère et très occupé... trop... Et que je ne le dis pas souvent, mais je vous aime de tout cœur."
Dyonis veut tout savoir. Tout comprendre. Ses enfants sont aujourd'hui ce qu'il a de plus précieux. Qu'un seul d'entre eux soit en danger et le baron est aussitôt dans tous ses états. Il doit être instruit de ceux qui sont venus au secours de Lavinia, et leur exprimer toute sa reconnaissance.
"Dites-moi, Lavinia, dites-moi tout ce que je peux faire pour vous à présent. En plus bien sûr de vous recevoir ici aussi souvent et aussi longtemps que vous en aurez besoin." Le seigneur de Frenn sait combien les choses sont délicates entre Lavinia et son époux... bien qu'évidemment il n'en mesure pas l'ampleur et soit loin de tout savoir. Mais il n'a pas à poser lui-même des questions indélicates et laisse à sa fille le soin d'aborder les choses comme elle le souhaite, dans l'ordre qu'elle le souhaite. Le reste viendra ensuite, petit à petit, à mesure que la demoiselle retrouvera ses esprits et sa sérénité.
Entre temps, le seigneur aura appelé un servante pour lui demander d'amener immédiatement un bon thé chaud et des gâteaux à Lavinia. Il lui faut récupérer des forces et se réchauffer. La domestique arrive et dépose devant la jeune femme un beau plateau garni, puis se retire après s'être inclinée devant le père et sa fille, suite aux remerciements du Premier Conseiller.
"Je n'aurai jamais honte de vous." affirme le seigneur, d'un ton très décidé et convaincant, son regard plongé dans les yeux embués de Lavinia. "Au contraire, vous savez à quel point j'admire tut ce que vous entreprenez. Votre créativité, votre entreprise joaillère dans laquelle vous vous lancez avec Dame Despina, votre sens de l'honneur qui fait que je pense bien souvent à vous comme bien meilleure héritière de nos valeurs que vos frères..." Ces mots lui ont échappé. On ne devrait pas faire de préférence entre ses enfants, cependant Dyonis pense sincèrement que, pour avoir observé ses fils et filles des années durant, c'est de Lavinia qu'il se sent le plus proche. "Et même sans compter tout cela, vous êtes ma fille, je déploierai tous les efforts du monde pour vos secourir, vous tout comme vos frères et sœurs. Je sais que je suis austère et très occupé... trop... Et que je ne le dis pas souvent, mais je vous aime de tout cœur."
Re: [10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
Son père insistait pour savoir ce qu’il s’était passé durant la tempête. Sa demande était tout à fait légitime, mais que devait-elle vraiment révéler ? Si elle parlait de tentative de mettre fin à ses jours, le sujet du pourquoi serait abordé et d’Antoine également. Elle ne pouvait pas lui avouer la réalité de son mariage, pas en sachant que c’était lui son père qui lui avait trouvé mari. Il la jugerait peut être/ lui dirait que tout est de sa faute, que si elle peinait tant à se rendre désirable pour son époux, il était normal qu’il la corrige de la sorte. Elle devait trouver une histoire qui tienne la route, un subtile mélange entre la réalité et l'omission.
— J’ai reçu une missive de la part du médecin de mon époux avant de me rendre à cette partie de chasse. Cela m’a perturbé voire terriblement chamboulé. Je… J’ai paniqué et me suis enfui dans la forêt. J’avais besoin d’être seule quelques instants pour reprendre contenance, vous comprenez ?
Jusque là, tout était véridique, elle n’avait pas de suite penser à s'ôter la vie. Elle souhaitait juste qu’on l’oubli et que son mariage n’ai jamais existé.
— Quand la tempête s’est déclarée, j’ai rencontré une femme qui vivait reclu dans les bois. Elle vit dans une ancienne chapelle, avec des loups. Elle m’a accueilli, donné à manger et fourni un feu. Je lui ai laissé mes bijoux pour la remercier
La partie la plus délicate tendait à arriver. Elle devait absolument trouver une parade, quelque chose pour camoufler la vérité.
— Je voulais m’en aller et nous avons entendu des gens approchaient...Elle s’est effondrée de fatigue ou de froid et …
Et Eldred était arrivé, elle s’était détourné de lui pour s’enfuir à l’aveuglette.
— J’ai cru… Elle m’avait parlé de sorcières, que la forêt n’était pas sûre… J’ai cru que des braconniers me voulaient du mal alors je me suis enfuie. Je suis arrivée sur cette glace qui se fissurait…
Lavinia repensait aux paroles du jeune homme, à cette inquiétude dans sa voix, dans son regard… Cela lui faisait mal, elle n’aurait jamais voulu voir de tels sentiments valser dans les prunelles d’Eldred.
— Il y avait encore un homme à mes trousses… Je l’ai reconnu une fois piégée sur cette étendue gelée. C’était Eldred père. Il m’a rassuré, m’a guidé pour échapper à ce piège mortel. J’ai eu si peur quand la glace s’est brisée ! Il m’a sauvé la vie père.. Il, m’a sauvé la vie…
Elle n’oublierait pas de mentionner Alduis. À cause elle, il avait replongé dans ses ténèbres, mais elle n’aurait pas pu continuer à s’accrocher à la vie sans lui. Elle devait absolument avoir une conversation avec lui. Lui expliquait ce qui s’était passé, même si il était tout à fait au courant. Lavinia avait seulement besoin d’en parler à quelqu’un sans devoir mentir.
— Ensuite à notre retour auprès de vos hommes, c’est Alduis de Fromart qui a pris soin de moi. Il a été d'un grand soutien, un parfait gentleman.
De quoi avait-elle vraiment besoin en ce moment ? Elle voulait s’enfermer dans une pièce sans lumière, s’enrouler dans les draps dans une position foetale, et ne plus bouger. Elle voulait se couper du monde.
— Père… je ne veux pas retourner auprès de mon mari. Pas pour le moment.
Elle s’était du d’ajouter cette dernière phrase pour atténuer sa déclaration, ne pas donner lui à son père de réellement s’inquiéter. Elle écouta les sentiments de son père à son égard et les larmes coulèrent en abondance sur son visage. Elle ne savait pas que son paternel la tenait en si haute estime.
— Oh père, je vous aime également. Vous ne savez pas à quel point vos paroles me réchauffent le cœur !
Les aveux de Dyonis pesèrent plus lourds sur les remords de Lavinia. Ses entrailles se serrèrent. Elle avait besoin de dormir pour ne plus penser à rien.
— J’ai reçu une missive de la part du médecin de mon époux avant de me rendre à cette partie de chasse. Cela m’a perturbé voire terriblement chamboulé. Je… J’ai paniqué et me suis enfui dans la forêt. J’avais besoin d’être seule quelques instants pour reprendre contenance, vous comprenez ?
Jusque là, tout était véridique, elle n’avait pas de suite penser à s'ôter la vie. Elle souhaitait juste qu’on l’oubli et que son mariage n’ai jamais existé.
— Quand la tempête s’est déclarée, j’ai rencontré une femme qui vivait reclu dans les bois. Elle vit dans une ancienne chapelle, avec des loups. Elle m’a accueilli, donné à manger et fourni un feu. Je lui ai laissé mes bijoux pour la remercier
La partie la plus délicate tendait à arriver. Elle devait absolument trouver une parade, quelque chose pour camoufler la vérité.
— Je voulais m’en aller et nous avons entendu des gens approchaient...Elle s’est effondrée de fatigue ou de froid et …
Et Eldred était arrivé, elle s’était détourné de lui pour s’enfuir à l’aveuglette.
— J’ai cru… Elle m’avait parlé de sorcières, que la forêt n’était pas sûre… J’ai cru que des braconniers me voulaient du mal alors je me suis enfuie. Je suis arrivée sur cette glace qui se fissurait…
Lavinia repensait aux paroles du jeune homme, à cette inquiétude dans sa voix, dans son regard… Cela lui faisait mal, elle n’aurait jamais voulu voir de tels sentiments valser dans les prunelles d’Eldred.
— Il y avait encore un homme à mes trousses… Je l’ai reconnu une fois piégée sur cette étendue gelée. C’était Eldred père. Il m’a rassuré, m’a guidé pour échapper à ce piège mortel. J’ai eu si peur quand la glace s’est brisée ! Il m’a sauvé la vie père.. Il, m’a sauvé la vie…
Elle n’oublierait pas de mentionner Alduis. À cause elle, il avait replongé dans ses ténèbres, mais elle n’aurait pas pu continuer à s’accrocher à la vie sans lui. Elle devait absolument avoir une conversation avec lui. Lui expliquait ce qui s’était passé, même si il était tout à fait au courant. Lavinia avait seulement besoin d’en parler à quelqu’un sans devoir mentir.
— Ensuite à notre retour auprès de vos hommes, c’est Alduis de Fromart qui a pris soin de moi. Il a été d'un grand soutien, un parfait gentleman.
De quoi avait-elle vraiment besoin en ce moment ? Elle voulait s’enfermer dans une pièce sans lumière, s’enrouler dans les draps dans une position foetale, et ne plus bouger. Elle voulait se couper du monde.
— Père… je ne veux pas retourner auprès de mon mari. Pas pour le moment.
Elle s’était du d’ajouter cette dernière phrase pour atténuer sa déclaration, ne pas donner lui à son père de réellement s’inquiéter. Elle écouta les sentiments de son père à son égard et les larmes coulèrent en abondance sur son visage. Elle ne savait pas que son paternel la tenait en si haute estime.
— Oh père, je vous aime également. Vous ne savez pas à quel point vos paroles me réchauffent le cœur !
Les aveux de Dyonis pesèrent plus lourds sur les remords de Lavinia. Ses entrailles se serrèrent. Elle avait besoin de dormir pour ne plus penser à rien.
Re: [10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
Dès les premiers mots de sa fille, un élément alerte Dyonis. Quelle nouvelle a-t-elle pu recevoir qui l'ait faite paniquer ? Cependant il garde la question rangée dans un coin de sa tête et veille à ne pas interrompre Lavinia dans ses explications. Il l'écoute sans la quitter des yeux, ses prothèses toujours tendrement serrées autour des mains fines de la demoiselle. A plus d'une reprise, le baron s'étonne des malheureux concours de circonstance de tout ceci... mais pas seulement. "Une femme dans les bois, vivant avec des loups ? Quelle étrangeté. Et quelle tristesse, cette malheureuse doit avoir faim et froid bien trop souvent." (Un temps) "Qu'elle soit louée en tout cas pour l'hospitalité qu'elle a eue envers toi. Et connaitriez-vous son identité ? Une personne épuisée ainsi que vous le dites, isolée de cette manière dans la nature..."
Le seigneur se dit qu'il y aurait peut-être moyen que cette curieuse femme trouve une situation moins dangereuse, soit admise en hospice ou en foyer si elle rencontrait des difficultés. Puis il écarte l'idée cependant : après tout, elle a peut-être choisi cette vie et est une ermite ? Par ailleurs, l'essentiel pour l'heure demeure Lavinia. Aussi laisse-t-il de côté ces informations pour entendre le bout de sa mésaventure. "Grâce au Ciel !" s'exclame le seigneur quand il se voit confirmer qu'Eldred s'est comporté en véritable sauveur. Devant l'émotion de Lavinia et la ferveur avec laquelle elle répétait que le Zakrotien "lui a sauvé la vie", le baron acquiesce. "Oui, j'entends cela. Et soyez sûre c'est une chose que je saurai ne pas oublier, à son sujet." Il n'entre pas dans les détails. Toutefois, réfléchir sérieusement à l'affranchissement futur de certains esclaves lui est une chose habituelle - et les mérites d'Eldred sont indéniables.
Soudain, un autre nom l'étonne. "Alduis de Fromart ? Il se trouvait donc dans les environs ?" Il se rappelle de la confidence d'Eldred : les deux hommes s'étaient rapprochés malgré leurs différends passés. Ils sont devenus amis. "Je n'en doute pas." acquiesce-t-il alors que sa fille rappelle combien le jeune Alduis est un gentilhomme. Oui, le Zakrotien aussi lui a vanté sa valeur et Dyonis a appris à connaître mieux le fils Fromart. Assez pour comprendre qu'en effet il relève davantage d'un esprit torturé que du monstre sanguinaire que d'aucuns se plaisent à décrire. Il a même eu l'occasion de découvrir en lui un homme à la parole d'acier, droit, fort d'un sens certain de l'honneur. "Il serait même convenable, qu'en dites-vous, d'envisager un moyen d'exprimer ma reconnaissance à Alduis de Fromart pour son secours auprès de vous ? Le convier prochainement, par exemple. Ou envisager un présent." Il n'oublie pas du reste le projet d'affranchissement d'Alexandre - la situation servile du garçon étant sujet légitime d'inimitié entre les deux Sieurs.
Le père et la fille s'échangent là-dessus une tendre étreinte, au milieu de laquelle il sent cependant le cœur de Lavinia lourd malgré l'amour qu'il vient de le ré-affirmer. Et surtout, il y a cet aveu. Presque un appel au secours. Ne pas retourner chez son époux. Dyonis se redresse. Les yeux chargés d'émoi, il promet d'abord : "Mais il est évident que vous pouvez rester à Frenn ou dans votre résidence personnelle autant que vous le souhaiterez." A plus forte raisons quand on sait... l'état et les récents comportements du sieur de Kergement, que Lavinia lui a décrits lors de leurs retrouvailles. "D'ailleurs dites-moi, je vous en prie : que contenait cette missive du médecin, qui vous a tant chamboulée ? Et..." Il inspire, s'élance, en sentant que décidément non, quelque chose ne tourne pas rond - des choses qu'il est grand temps qu'il découvre : "Lavinia... dites-moi... Dites-moi ce qui se passe avec Antoine. Hormis bien sûr son état de santé et ce que vous m'avez déjà confié à votre arrivée. L'on espère toujours faire le meilleur choix pour sa fille, mais... si de toute évidence les choses se sont dégradées, je vous en prie, éclairez-moi. Je ne peux pas vous laisser ainsi."
Le seigneur se dit qu'il y aurait peut-être moyen que cette curieuse femme trouve une situation moins dangereuse, soit admise en hospice ou en foyer si elle rencontrait des difficultés. Puis il écarte l'idée cependant : après tout, elle a peut-être choisi cette vie et est une ermite ? Par ailleurs, l'essentiel pour l'heure demeure Lavinia. Aussi laisse-t-il de côté ces informations pour entendre le bout de sa mésaventure. "Grâce au Ciel !" s'exclame le seigneur quand il se voit confirmer qu'Eldred s'est comporté en véritable sauveur. Devant l'émotion de Lavinia et la ferveur avec laquelle elle répétait que le Zakrotien "lui a sauvé la vie", le baron acquiesce. "Oui, j'entends cela. Et soyez sûre c'est une chose que je saurai ne pas oublier, à son sujet." Il n'entre pas dans les détails. Toutefois, réfléchir sérieusement à l'affranchissement futur de certains esclaves lui est une chose habituelle - et les mérites d'Eldred sont indéniables.
Soudain, un autre nom l'étonne. "Alduis de Fromart ? Il se trouvait donc dans les environs ?" Il se rappelle de la confidence d'Eldred : les deux hommes s'étaient rapprochés malgré leurs différends passés. Ils sont devenus amis. "Je n'en doute pas." acquiesce-t-il alors que sa fille rappelle combien le jeune Alduis est un gentilhomme. Oui, le Zakrotien aussi lui a vanté sa valeur et Dyonis a appris à connaître mieux le fils Fromart. Assez pour comprendre qu'en effet il relève davantage d'un esprit torturé que du monstre sanguinaire que d'aucuns se plaisent à décrire. Il a même eu l'occasion de découvrir en lui un homme à la parole d'acier, droit, fort d'un sens certain de l'honneur. "Il serait même convenable, qu'en dites-vous, d'envisager un moyen d'exprimer ma reconnaissance à Alduis de Fromart pour son secours auprès de vous ? Le convier prochainement, par exemple. Ou envisager un présent." Il n'oublie pas du reste le projet d'affranchissement d'Alexandre - la situation servile du garçon étant sujet légitime d'inimitié entre les deux Sieurs.
Le père et la fille s'échangent là-dessus une tendre étreinte, au milieu de laquelle il sent cependant le cœur de Lavinia lourd malgré l'amour qu'il vient de le ré-affirmer. Et surtout, il y a cet aveu. Presque un appel au secours. Ne pas retourner chez son époux. Dyonis se redresse. Les yeux chargés d'émoi, il promet d'abord : "Mais il est évident que vous pouvez rester à Frenn ou dans votre résidence personnelle autant que vous le souhaiterez." A plus forte raisons quand on sait... l'état et les récents comportements du sieur de Kergement, que Lavinia lui a décrits lors de leurs retrouvailles. "D'ailleurs dites-moi, je vous en prie : que contenait cette missive du médecin, qui vous a tant chamboulée ? Et..." Il inspire, s'élance, en sentant que décidément non, quelque chose ne tourne pas rond - des choses qu'il est grand temps qu'il découvre : "Lavinia... dites-moi... Dites-moi ce qui se passe avec Antoine. Hormis bien sûr son état de santé et ce que vous m'avez déjà confié à votre arrivée. L'on espère toujours faire le meilleur choix pour sa fille, mais... si de toute évidence les choses se sont dégradées, je vous en prie, éclairez-moi. Je ne peux pas vous laisser ainsi."
Re: [10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
Son père l’interrogea sur cette mystérieuse femme vivant en solitaire au fond des bois. Le tableau qu’il lui dépeignit ne collait pas avec ce qu’elle en avait pu voir. La jeune femme semblait apprécier sa vie ainsi à l’écart de la société et elle avait sa meute de loup pour lui tenir compagnie.
— Elle semblait apprécier sa vie et ne manquer de rien d’essentiel. Elle m’a confié s'appeller Sylvia. Je pense qu’elle vit seule depuis de nombreuses années, son discours était loin d’être celui d’une personne socialisée. Pour tout dire, j’ai cru comprendre qu’elle a souffert de mauvais comportements de la part de villageois environnants.
La conversation s’était orientée sur les deux jeunes hommes qui étaient venus lui porter secours. À la mention d’Eldred, Dyonis sembla tellement lui être reconnaissant que Lavinia fut libérée d’un poids. Elle n’avait de cesse de s’inquiéter pour le zakrotien et était heureuse d’apprendre qu’il n’aura pas risqué sa vie pour rien… Elle ne pouvait pas s’étendre sur Eldred sous peine de devenir suspecte, alors elle mentionna Alduis qui avait également dû braver bien des démons pour rester à ses côtés.
— Alduis de Fromart ? Il se trouvait donc dans les environs ?
— Alduis est un ami, père. Nous partageons des points communs inattendus… Ces derniers temps nous avons beaucoup échangé. Nos conversations m'aident beaucoup.
Lavinia se mordit l’intérieur de la joue. Avait-elle était trop franche dans ses déclarations ? Son père ne pouvait pas savoir que ce qui les avait réunis était ce mélange de souffrance et cicatrices. Elle rebondit aussitôt sur la proposition que lui fit son père pour ne pas s’attarder sur les sujets qui fâchent.
— Je comptais lui rendre visite demain si j’arrive à me reposer correctement, afin… de discuter un peu des évènements et pour le remercier. Je pourrais m’enquérir de ce qui lui ferait plaisir et lui transmettre une invitation ? Qu’en pensez-vous ?
Elle s’abandonna à l’étreinte que lui offrit Dyonis en pensant que l’interrogatoire était terminé. Malheureusement, son père s’aventura sur un terrain qu’elle n’était pas sûre de vouloir arpenter après les événements. Un frisson de dégoût incontrôlable la parcourut. Elle s’écarta de son père pour venir perdre son regard dans les flammes dansantes tellement hypnotisantes.
— Le médecin pense qu’Antoine est sur la voie de la guérison…
Sa voix n'avait certes pas tremblée, mais ses larmes traçaient des sillons sur ses joues. Elle ne pouvait plus reculer, sa dernière phrase était criante de vérité. Lui dire ? Mais que devait-elle lui dire ? Elle ferma les yeux, plus elle pensait à Antoine, plus elle s’enfonçait dans ses souvenirs douloureux. Sa peau la démangeait, elle ressentait chaque coup reçu comme si elle y était encore. La voix de son époux, ses injures, elle était en proie à un cauchemar éveillé. Soudain une porte claqua dans la pièce à côté, ce son se répercuta dans son esprit. Identique à la porte qui se refermait sous l’impulsion de la rage d’Antoine quand il la traînait dans ses appartements avant de..
— Non ! Je vous en prie ne…
Son corps fatigué avait réagi de façon automatique. Lavinia s’était recroquevillée sur le sol avec seule barrière ses bras tremblants. L’espace d’un instant, elle avait avoué sa faiblesse. Bien vite son esprit se reprit, elle n'était pas à Kergemont, Antoine n’était pas entré d’un pas précipité dans la pièce. Non, il était bien loin, à sa place se tenait son père qui la regardait d’un regard qu’elle n’aurait jamais voulu voir.
Son sang ne fit qu’un tour, elle s’empressa de se relever et de minimiser le spectacle ridicule qu’elle venait de lui offrir.
— Veuillez m’excuser, je… c’est toutes ses émotions qui…
Mais elle savait que son père avait compris. Elle ne pouvait pas le laisser se mêler de cette affaire comme il l’entendait. Elle savait de quoi était capable Antoine, famille ou pas, il était prêt à tout.
— Père, écoutez-moi. Il n’y a vraiment pas de quoi s’inquiéter. Je..Antoine est seulement stressé par ces combats… et moi je ne sais pas comment m’y prendre correctement. Il est dans son bon droit, je ne suis pas capable de répondre à ses attentes… Je… il suffit que je m’améliore et …
Elle ne croyait pas une seule seconde à ce qu’elle disait et abandonna aussitôt de se justifier. En réalité, elle avait peur. Peur qu’il s’en prenne à sa famille, il en était capable. Était prête à sacrifier sa personne pour protéger les siens de cet être qu’elle peinait à appeler son mari.
— Je ne veux pas qu’il fasse de mal à ma famille
Ses jambes ne la portaient plus, elle s'effondra à même le sol en sanglots.
— Elle semblait apprécier sa vie et ne manquer de rien d’essentiel. Elle m’a confié s'appeller Sylvia. Je pense qu’elle vit seule depuis de nombreuses années, son discours était loin d’être celui d’une personne socialisée. Pour tout dire, j’ai cru comprendre qu’elle a souffert de mauvais comportements de la part de villageois environnants.
La conversation s’était orientée sur les deux jeunes hommes qui étaient venus lui porter secours. À la mention d’Eldred, Dyonis sembla tellement lui être reconnaissant que Lavinia fut libérée d’un poids. Elle n’avait de cesse de s’inquiéter pour le zakrotien et était heureuse d’apprendre qu’il n’aura pas risqué sa vie pour rien… Elle ne pouvait pas s’étendre sur Eldred sous peine de devenir suspecte, alors elle mentionna Alduis qui avait également dû braver bien des démons pour rester à ses côtés.
— Alduis de Fromart ? Il se trouvait donc dans les environs ?
— Alduis est un ami, père. Nous partageons des points communs inattendus… Ces derniers temps nous avons beaucoup échangé. Nos conversations m'aident beaucoup.
Lavinia se mordit l’intérieur de la joue. Avait-elle était trop franche dans ses déclarations ? Son père ne pouvait pas savoir que ce qui les avait réunis était ce mélange de souffrance et cicatrices. Elle rebondit aussitôt sur la proposition que lui fit son père pour ne pas s’attarder sur les sujets qui fâchent.
— Je comptais lui rendre visite demain si j’arrive à me reposer correctement, afin… de discuter un peu des évènements et pour le remercier. Je pourrais m’enquérir de ce qui lui ferait plaisir et lui transmettre une invitation ? Qu’en pensez-vous ?
Elle s’abandonna à l’étreinte que lui offrit Dyonis en pensant que l’interrogatoire était terminé. Malheureusement, son père s’aventura sur un terrain qu’elle n’était pas sûre de vouloir arpenter après les événements. Un frisson de dégoût incontrôlable la parcourut. Elle s’écarta de son père pour venir perdre son regard dans les flammes dansantes tellement hypnotisantes.
— Le médecin pense qu’Antoine est sur la voie de la guérison…
Sa voix n'avait certes pas tremblée, mais ses larmes traçaient des sillons sur ses joues. Elle ne pouvait plus reculer, sa dernière phrase était criante de vérité. Lui dire ? Mais que devait-elle lui dire ? Elle ferma les yeux, plus elle pensait à Antoine, plus elle s’enfonçait dans ses souvenirs douloureux. Sa peau la démangeait, elle ressentait chaque coup reçu comme si elle y était encore. La voix de son époux, ses injures, elle était en proie à un cauchemar éveillé. Soudain une porte claqua dans la pièce à côté, ce son se répercuta dans son esprit. Identique à la porte qui se refermait sous l’impulsion de la rage d’Antoine quand il la traînait dans ses appartements avant de..
— Non ! Je vous en prie ne…
Son corps fatigué avait réagi de façon automatique. Lavinia s’était recroquevillée sur le sol avec seule barrière ses bras tremblants. L’espace d’un instant, elle avait avoué sa faiblesse. Bien vite son esprit se reprit, elle n'était pas à Kergemont, Antoine n’était pas entré d’un pas précipité dans la pièce. Non, il était bien loin, à sa place se tenait son père qui la regardait d’un regard qu’elle n’aurait jamais voulu voir.
Son sang ne fit qu’un tour, elle s’empressa de se relever et de minimiser le spectacle ridicule qu’elle venait de lui offrir.
— Veuillez m’excuser, je… c’est toutes ses émotions qui…
Mais elle savait que son père avait compris. Elle ne pouvait pas le laisser se mêler de cette affaire comme il l’entendait. Elle savait de quoi était capable Antoine, famille ou pas, il était prêt à tout.
— Père, écoutez-moi. Il n’y a vraiment pas de quoi s’inquiéter. Je..Antoine est seulement stressé par ces combats… et moi je ne sais pas comment m’y prendre correctement. Il est dans son bon droit, je ne suis pas capable de répondre à ses attentes… Je… il suffit que je m’améliore et …
Elle ne croyait pas une seule seconde à ce qu’elle disait et abandonna aussitôt de se justifier. En réalité, elle avait peur. Peur qu’il s’en prenne à sa famille, il en était capable. Était prête à sacrifier sa personne pour protéger les siens de cet être qu’elle peinait à appeler son mari.
— Je ne veux pas qu’il fasse de mal à ma famille
Ses jambes ne la portaient plus, elle s'effondra à même le sol en sanglots.
Re: [10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
"Sylvia." note Dyonis. Il juge intéressant de, pourquoi pas, chercher prochainement à en apprendre davantage sur la situation de cette femme. Mais pour l'heure, il acquiesce en apprenant qu'elle semble se contenter de cette vie d'ermite dans la nature. Qu'elle soit agressée par des gens des environs en revanche est anormal. Cette information en tête, le seigneur revient immédiatement à ce qui l'occupe davantage ; l'état de sa fille.
Voir Lavinia comme libérée d'un poids quand il est question d'Eldred et Alduis met du baume au cœur de son père, même si une fois de plus il s'étonne du lien fort de quelqu'un de son domaine avec le jeune Fromart. Décidément. Toutefois, il l'admet sans trop de mal pour avoir déjà entendu le point de vue d'Eldred concernant Alduis... et pour avoir lui-même constaté les valeurs du jeune homme lorsqu'ils s'étaient rencontrés un mois plus tôt. "Je vois. Dans ce cas je te fais confiance et à moi aussi il me semble qu'Alduis est quelqu'un de droit, en qui vous pouvez mettre foi."
Entendre Lavinia prendre l'initiative d'un bon repos puis d'une visite à Fromart est de bon augure aux yeux de son père. Ce serait en effet un geste honorable et quand vient sa dernière proposition, le baron hoche la tête. "Faisons ainsi." Qu'est-ce qui pourrait faire plaisir à Alduis ? Bonne question. En tout les cas, une invitation à Frenn et en compagnie de Lavinia est une idée que le seigneur retient - d'autant qu'il sent le plaisir que cela ferait à la demoiselle puisqu'elle se dit amie avec Alduis. Dyonis se retient d'un léger sourire amusé : la dernière fois qu'Alduis et lui se sont vus, ça avait été pour rouler le corps de Thierry assommé dans un coin de son domaine avant de se livrer à des confidences à vif. Thierry... Voilà maintenant cinq jours qu'Eléonore est venue à Frenn et que le Premier Conseiller a ordonné l'arrestation du prêtre. Cela ne devrait plus être une question que d'un ou deux jours pour qu'il se rendre à Saint Eustache superviser - enfin ! - son arrestation. Ce que d'ailleurs il préfère ne pas dire à Lavinia. Ce serait retourner le couteau dans la plaie. Et Dyonis aime le travail bien fait et discret. Justice sera rendue, sa fille le saura tôt ou tard.
Enfin vient ce qui inquiète le plus Dyonis : le motif de la crise de panique de sa fille. Les nouvelle de son époux. Le médecin semble annoncer l'amélioration de son état mais étrangement... cela ne réjouit en rien Lavinia. Bien au contraire. Dès cet instant, un pressentiment se fait de plus en plus net dans l'esprit du baron. Et la suite... confirma cet épouvantable intuition.
Cette porte claquant brusquement. Lavinia qui se terre aussi sec, tremble, frémit, comme un coup que ce bruit soudan lui aurait directement porté. Alors, Dyonis comprend. Il pâlit. La voix suppliante de sa fille et ses excuses lui déchirent le cœur et déjà ses yeux rougissent. Lavinia essaye déjà de minimiser et d'excuser Antoine mais c'est trop tard. Son père maintenant a parfaitement saisi. Déjà, il se lève, il enveloppe Lavinia de son étreinte tendre et protectrice. Son visage se trouvant dans le dos de la demoiselle alors qu'il la câline, elle ne le verra pas pleurer. Pleurer en silence.
Sa fille... est battue. Par un homme qu'il lui a choisi. Un homme qui lui avait semblé bien sous tous rapports. Le souffle de Dyonis se bloque net. Il se mord violemment la joue pour s'empêcher de lui faire entendre son chagrin. Il pleurera plus tard. Comme après les confidences d'Eldred en décembre sur ces attouchements que le seigneur n'a pas pu empêcher. Comme après le passage d'Eléonore pour lui révéler que l'évêché n'avait toujours rien fait. Comme après le retour de l'Hôpital Général avec le corps martyrisé d'Edouard entre quatre planches. Et aujourd'hui, le voilà qui apprend le calvaire enduré par sa fille depuis sûrement des années. Par sa faute. Il n'a pas pu empêcher. Il n'a. Rien. Vu.
Une fois assez maître de ses émotions, il murmure à Lavinia : "Vous ne reverrez pas cet homme, ma fille. Je... vous le promets : c'est terminé. Moi vivant il ne vous fera plus le moindre mal, Lavinia. Vous restez ici, loin de lui... avec ceux qui vous aiment..." Soudain, malgré tout ses efforts, Dyonis renifle. Tant de question lui brûlent la gorge. Depuis quand ? Pourquoi n'avoir rien deviné avant ? Quelle meilleure décision prendre maintenant ? Comment être à la hauteur de la situation à présent ? A peine audible suivra un : "Pardon."
Voir Lavinia comme libérée d'un poids quand il est question d'Eldred et Alduis met du baume au cœur de son père, même si une fois de plus il s'étonne du lien fort de quelqu'un de son domaine avec le jeune Fromart. Décidément. Toutefois, il l'admet sans trop de mal pour avoir déjà entendu le point de vue d'Eldred concernant Alduis... et pour avoir lui-même constaté les valeurs du jeune homme lorsqu'ils s'étaient rencontrés un mois plus tôt. "Je vois. Dans ce cas je te fais confiance et à moi aussi il me semble qu'Alduis est quelqu'un de droit, en qui vous pouvez mettre foi."
Entendre Lavinia prendre l'initiative d'un bon repos puis d'une visite à Fromart est de bon augure aux yeux de son père. Ce serait en effet un geste honorable et quand vient sa dernière proposition, le baron hoche la tête. "Faisons ainsi." Qu'est-ce qui pourrait faire plaisir à Alduis ? Bonne question. En tout les cas, une invitation à Frenn et en compagnie de Lavinia est une idée que le seigneur retient - d'autant qu'il sent le plaisir que cela ferait à la demoiselle puisqu'elle se dit amie avec Alduis. Dyonis se retient d'un léger sourire amusé : la dernière fois qu'Alduis et lui se sont vus, ça avait été pour rouler le corps de Thierry assommé dans un coin de son domaine avant de se livrer à des confidences à vif. Thierry... Voilà maintenant cinq jours qu'Eléonore est venue à Frenn et que le Premier Conseiller a ordonné l'arrestation du prêtre. Cela ne devrait plus être une question que d'un ou deux jours pour qu'il se rendre à Saint Eustache superviser - enfin ! - son arrestation. Ce que d'ailleurs il préfère ne pas dire à Lavinia. Ce serait retourner le couteau dans la plaie. Et Dyonis aime le travail bien fait et discret. Justice sera rendue, sa fille le saura tôt ou tard.
Enfin vient ce qui inquiète le plus Dyonis : le motif de la crise de panique de sa fille. Les nouvelle de son époux. Le médecin semble annoncer l'amélioration de son état mais étrangement... cela ne réjouit en rien Lavinia. Bien au contraire. Dès cet instant, un pressentiment se fait de plus en plus net dans l'esprit du baron. Et la suite... confirma cet épouvantable intuition.
Cette porte claquant brusquement. Lavinia qui se terre aussi sec, tremble, frémit, comme un coup que ce bruit soudan lui aurait directement porté. Alors, Dyonis comprend. Il pâlit. La voix suppliante de sa fille et ses excuses lui déchirent le cœur et déjà ses yeux rougissent. Lavinia essaye déjà de minimiser et d'excuser Antoine mais c'est trop tard. Son père maintenant a parfaitement saisi. Déjà, il se lève, il enveloppe Lavinia de son étreinte tendre et protectrice. Son visage se trouvant dans le dos de la demoiselle alors qu'il la câline, elle ne le verra pas pleurer. Pleurer en silence.
Sa fille... est battue. Par un homme qu'il lui a choisi. Un homme qui lui avait semblé bien sous tous rapports. Le souffle de Dyonis se bloque net. Il se mord violemment la joue pour s'empêcher de lui faire entendre son chagrin. Il pleurera plus tard. Comme après les confidences d'Eldred en décembre sur ces attouchements que le seigneur n'a pas pu empêcher. Comme après le passage d'Eléonore pour lui révéler que l'évêché n'avait toujours rien fait. Comme après le retour de l'Hôpital Général avec le corps martyrisé d'Edouard entre quatre planches. Et aujourd'hui, le voilà qui apprend le calvaire enduré par sa fille depuis sûrement des années. Par sa faute. Il n'a pas pu empêcher. Il n'a. Rien. Vu.
Une fois assez maître de ses émotions, il murmure à Lavinia : "Vous ne reverrez pas cet homme, ma fille. Je... vous le promets : c'est terminé. Moi vivant il ne vous fera plus le moindre mal, Lavinia. Vous restez ici, loin de lui... avec ceux qui vous aiment..." Soudain, malgré tout ses efforts, Dyonis renifle. Tant de question lui brûlent la gorge. Depuis quand ? Pourquoi n'avoir rien deviné avant ? Quelle meilleure décision prendre maintenant ? Comment être à la hauteur de la situation à présent ? A peine audible suivra un : "Pardon."
Re: [10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
Lavinia était tétanisée. Pourquoi son corps avait-il réagit de la sorte devant son père ? Son père...son regard en disait long et malgré ses paroles pour justifier le comportement d'Antoine, il ne semblait pas en penser moins. Il vint l'envelopper de son étreinte paternel rassurante, mais sa déclaration la fit frissonner.
— Père… Lorsqu'il sera remis, il exigera mon retour. Vous ne savez pas de quoi il est capable… Je ne veux pas vous mettre en danger pour...un caprice.
Oui, un caprice. C'est bien ce qu'elle avait fait en venant jusqu'à Braktenn sans l'autorisation de son époux. Elle savait que ce répit était éphémère et que pour les gens qu'elle aimait, elle devrait tôt ou tard faire face à Antoine. Et en subir les conséquences. Son père, Eldred, Alduis, Gérald ou Ingrid, pourquoi tous les mettre en danger uniquement pour elle ? Un nouveau sanglot la parcourut à l'instant où Dyonis lui demanda pardon.
— Ce n'est pas à vous de demander pardon. Vous n'êtes en rien en cause dans cette histoire… C'est moi qui ne suis pas à la hauteur des espérances des gens qui m'entourent. Vous avez tellement de choses à faire de bien plus important que de s'occuper de ce détail insignifiant par rapport à vos responsabilités. Laissez moi gérer cela, s'il vous plaît.
Antoine n'avait pas de limite, s'attaquer à son père n'était pas un souci pour lui. Il ne reculerait devant rien. De nouveau, elle se sentit misérable. Inutile. Mais elle avait promis, elle ne devait plus essayer de mettre fin à ses jours. Son ventre la tiraillait, elle avait besoin de reprendre des forces
— Puis-je rester à Frenn cette nuit ? Et...puis-je abuser de votre hospitalité en vous demandant un repas chaud ?
— Père… Lorsqu'il sera remis, il exigera mon retour. Vous ne savez pas de quoi il est capable… Je ne veux pas vous mettre en danger pour...un caprice.
Oui, un caprice. C'est bien ce qu'elle avait fait en venant jusqu'à Braktenn sans l'autorisation de son époux. Elle savait que ce répit était éphémère et que pour les gens qu'elle aimait, elle devrait tôt ou tard faire face à Antoine. Et en subir les conséquences. Son père, Eldred, Alduis, Gérald ou Ingrid, pourquoi tous les mettre en danger uniquement pour elle ? Un nouveau sanglot la parcourut à l'instant où Dyonis lui demanda pardon.
— Ce n'est pas à vous de demander pardon. Vous n'êtes en rien en cause dans cette histoire… C'est moi qui ne suis pas à la hauteur des espérances des gens qui m'entourent. Vous avez tellement de choses à faire de bien plus important que de s'occuper de ce détail insignifiant par rapport à vos responsabilités. Laissez moi gérer cela, s'il vous plaît.
Antoine n'avait pas de limite, s'attaquer à son père n'était pas un souci pour lui. Il ne reculerait devant rien. De nouveau, elle se sentit misérable. Inutile. Mais elle avait promis, elle ne devait plus essayer de mettre fin à ses jours. Son ventre la tiraillait, elle avait besoin de reprendre des forces
— Puis-je rester à Frenn cette nuit ? Et...puis-je abuser de votre hospitalité en vous demandant un repas chaud ?
Re: [10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
Dyonis ravale ses larmes. Il ne montrera pas à Lavinia un visage labouré de pleurs alors qu'il ne désire rien de plus que d'être pour elle un appui. Il écarquille des yeux scandalisés aux craintes formulées par sa fille. De quoi il serait capable ?! Qu'il essaie seulement quoi que ce soit ! Et encore faudrait-il dans un premier temps qu'il se remettre pleinement de sa maladie avant d'oser la moindre menace. "Qu'il exige." siffle-t-il. "Qu'il exige seulement et je saurai le recevoir, croyez-moi. Il est hors de question que vous y retourniez après ce que je viens de voir. Et ce..." La suite lui fend le cœur. "Cela n'a rien d'un caprice, par le Ciel. Des caprices, ce sont les jérémiades de ces mijaurées de salon pour de petites histoires futiles de rubans ou de boudoir. Ce sont ces colères enfantines de trop de jouvenceaux qui exigent toujours plus de pécunes pour des parties de chasses, des jeux d'argent ou des fanfreluches, quand ils feraient bien d'honorer leurs fonctions chevaleresques. Vous... vous me parlez là de quelque chose de bien trop grave." Sans vraiment le formuler, c'est de son propre fils que Dyonis aura parlé entre les lignes, bien dépité qu'il est de voir son aîné s'occuper à des choses frivoles alors que son cadet et Lavinia elle-même font bien plus que lui preuve de discernement et de grandeur d'âme en bien des choses.
Il l'écoute, meurtri, se dévaloriser une énième fois. Bien que Dyonis n'en montrera jamais rien en public et ne se laissera jamais donner de leçons, le voilà à commencer à se demander ce qui a tant pu dérailler dans l'éducation de Lavinia. Ou bien... serait-ce cet époux qui lui a fait tant de mal que cela, au point de saper en elle toute assurance, toute estime d'elle-même ? Tout bas, sa voix douce reprend : "La famille sera toujours la chose la plus importante qui soit. L'Empire et les dossiers peuvent attendre un peu quand les personnes les plus chères à mon cœur sont en danger. J'ai peut-être trop tardé à m'en apercevoir, mais désormais il est plus que temps que j'intervienne. Non pas à votre place, car j'ai toute confiance en votre capacité à gérer comme vous le dites. Je vous sais forte pour cela, même si pour l'heure vous êtes ébranlée - et c'est bien humain. Non, pas à votre place mais à vos côtés. Ensemble comme une famille est censée le faire." Il sourit. Enfin, son visage commence à retrouver des couleurs un peu plus acceptables. Le voile de larmes quitte ses yeux. "Bien entendu que vous pouvez rester à Frenn. Ce soir, demain soir, autant qu'il le faudra en réalité. Je vais aussi faire venir le médecin de famille pour constater précisément ce que..." (Il n'osera même pas nommer Antoine, pas même "votre époux") "ce qui vous a été fait." Il se doute bien que la nouvelle ne réjouira pas Lavinia, cependant, sa décision est prise et il espère bien qu'elle la comprendra. "Il ne parlera à personne de ce qu'il verra, je vous en fais la promesse. Je souhaite seulement qu'il constate. Afin que le moment venu, il puisse rendre témoignage et preuves tangibles qui serviront d'arguments utiles à vous défaire de cette odieuse union."
Il l'écoute, meurtri, se dévaloriser une énième fois. Bien que Dyonis n'en montrera jamais rien en public et ne se laissera jamais donner de leçons, le voilà à commencer à se demander ce qui a tant pu dérailler dans l'éducation de Lavinia. Ou bien... serait-ce cet époux qui lui a fait tant de mal que cela, au point de saper en elle toute assurance, toute estime d'elle-même ? Tout bas, sa voix douce reprend : "La famille sera toujours la chose la plus importante qui soit. L'Empire et les dossiers peuvent attendre un peu quand les personnes les plus chères à mon cœur sont en danger. J'ai peut-être trop tardé à m'en apercevoir, mais désormais il est plus que temps que j'intervienne. Non pas à votre place, car j'ai toute confiance en votre capacité à gérer comme vous le dites. Je vous sais forte pour cela, même si pour l'heure vous êtes ébranlée - et c'est bien humain. Non, pas à votre place mais à vos côtés. Ensemble comme une famille est censée le faire." Il sourit. Enfin, son visage commence à retrouver des couleurs un peu plus acceptables. Le voile de larmes quitte ses yeux. "Bien entendu que vous pouvez rester à Frenn. Ce soir, demain soir, autant qu'il le faudra en réalité. Je vais aussi faire venir le médecin de famille pour constater précisément ce que..." (Il n'osera même pas nommer Antoine, pas même "votre époux") "ce qui vous a été fait." Il se doute bien que la nouvelle ne réjouira pas Lavinia, cependant, sa décision est prise et il espère bien qu'elle la comprendra. "Il ne parlera à personne de ce qu'il verra, je vous en fais la promesse. Je souhaite seulement qu'il constate. Afin que le moment venu, il puisse rendre témoignage et preuves tangibles qui serviront d'arguments utiles à vous défaire de cette odieuse union."
Re: [10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
Face au discours de son père au sujet du danger que représentait Antoine, elle ne savait plus quel argument avancé et se contenta de baisser la tête, épaules baissées , acceptant son impuissance. Au plus profond d’elle même, elle savait que son père ne lâcherait pas l’affaire, même en mettant de côté l’aspect familial de la chose. Il avait ce caractère fort que de temps à autre elle arborait, mais qui chez elle en fonction du sujet et de la personne qui se tenait face à elle retombait si vite tel un soufflé raté.
— Ensemble...souffla-t-elle. Cela fait si longtemps.
Lavinia saisit de ses deux mains le crochet de son père et vint poser avec légèreté sa tête contre son épaule. Toutes ces années loin de sa famille. Pourquoi s’être évertuée à garder cette distance ? Par fierté ? Par honte…
— J’ai été une fille bien ingrate toutes ses années…
Elle se crispa à l'énoncé de la visite du médecin, jusqu’à s’écarter de quelques pas de son paternel. Un inconnu allait poser ses yeux sur sa personne, sur ses cicatrices ? Il ne dira peut-être rien, mais constatera sa faiblesse d’esprit. Par réflexe, ses doigts se crispèrent sur le tissu de sa robe au niveau de son ventre.
— Il ne pourra pas constater grand chose… cela fait si longtemps. Je suis si maladroite, une chute dans les escaliers, quelques angles de meubles...des maladresses domestiques ordinaires !
C’est comme cela qu’Antoine voyait les choses, comme cela que les autres hommes le verraient. Ces idées répétaient depuis des années, c’est lui qui lui avait mis en tête, comme un avertissement. C’était comme cela qu’il la maintenait prisonnière dans son silence. Ses mots emplis de détresse sortirent spontanément tout comme son geste qui la conduisit à s’accrocher à la chemise de son père.
— Je veux pas que vous...vous voyez..
Cela. Elle avait peur de sa réaction en regardant ces immondes marques qui couvraient sa peau et qu’elle cachait aux yeux de tous.
— Ensemble...souffla-t-elle. Cela fait si longtemps.
Lavinia saisit de ses deux mains le crochet de son père et vint poser avec légèreté sa tête contre son épaule. Toutes ces années loin de sa famille. Pourquoi s’être évertuée à garder cette distance ? Par fierté ? Par honte…
— J’ai été une fille bien ingrate toutes ses années…
Elle se crispa à l'énoncé de la visite du médecin, jusqu’à s’écarter de quelques pas de son paternel. Un inconnu allait poser ses yeux sur sa personne, sur ses cicatrices ? Il ne dira peut-être rien, mais constatera sa faiblesse d’esprit. Par réflexe, ses doigts se crispèrent sur le tissu de sa robe au niveau de son ventre.
— Il ne pourra pas constater grand chose… cela fait si longtemps. Je suis si maladroite, une chute dans les escaliers, quelques angles de meubles...des maladresses domestiques ordinaires !
C’est comme cela qu’Antoine voyait les choses, comme cela que les autres hommes le verraient. Ces idées répétaient depuis des années, c’est lui qui lui avait mis en tête, comme un avertissement. C’était comme cela qu’il la maintenait prisonnière dans son silence. Ses mots emplis de détresse sortirent spontanément tout comme son geste qui la conduisit à s’accrocher à la chemise de son père.
— Je veux pas que vous...vous voyez..
Cela. Elle avait peur de sa réaction en regardant ces immondes marques qui couvraient sa peau et qu’elle cachait aux yeux de tous.
Re: [10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
Si longtemps, en effet. Trop longtemps. Dyonis acquiesce. Il sait bien qu'il ne voit pas ses enfants autant qu'il le faudrait - à plus fortes raisons depuis les mariages des uns et des autres, impliquant tout naturellement qu'ils s'éloignent du giron parental. Mais avec ce qu'alors il vient de voir paraître, c'en est à regretter cet ordre des choses pourtant si naturel de voir les fils et filles mener leur vie...
Il reçoit tout doucement la tête de Lavinia dans le creux de son épaule et penche la sienne par-dessus, avant de refermer ses bras dans une étreinte semblant vouloir signifier cette séparation qui n'aurait pas dû être aussi longue. Ses yeux s'écarquillent d'incompréhension à entendre la jeune femme se trouver... ingrate ? Mais pourquoi donc ? "Vous n'avez rien fait qui ne soit pas naturel : vivre avec votre... votre... époux. Passer du temps dans votre domaine. Non, si les choses ne sont pas allées comme elles doivent aller dans n'importe quelle famille ordinaire, vous n'en êtes en rien responsable." la rassure-t-il. Oh, Seigneur ! Comme elle a dû en entendre, des horreurs, de la bouche de certaines formatrices mais surtout de celle de son mari, pour en venir à penser de pareilles choses ! Il est hors de question de laisser aller cela plus longtemps. Dyonis se jure d'être là désormais, de faire avec Lavinia le ménage dans ses pensées parasites, non sans avoir également toute confiance en William ou encore en Eldred pour cet objectif. Il pense même déjà à lui faire ramener la jeune esclave Claire-Marie : les négociations sont en cours avec le seigneur de Wllenbach, son maître actuel. "On vous a dit beaucoup trop de choses dont il va falloir vous débarrasser, ma fille : car vous valez infiniment mieux que ce que certains vous auront fait croire des années durant." sourit-il.
Et à propos de valoir, se demande au passage Dyonis, comment évolue la peur de Lavinia vis-à-vis des chevaux ? Il garde en tête de lui demander des nouvelles de ses progrès. Mais pour l'heure un sujet bien plus grave fait priorité : comme il s'y attendait, Lavinia est horrifiée à l'idée de se présenter à un médecin. Son père se pince la lèvre. Cherchant ses mots, il tient à compléter : "Pardonnez-moi... je... n'ai pas été très adroit. Et je conçois parfaitement qu'une telle consultation sera une épreuve, mais je vous en prie, il le faut... Pour engager quoi que ce soit et démontrer clairement les abus, une constatation légale est essentielle. Beaucoup trop d'individus violents profitent précisément du fait qu'en face, les concernées n'ont rien fait constater. C'est terrible, je sais. Agir dans ce sens cependant ne pourra qu'appuyer toute action à venir de notre part." (Un temps, une idée lui vient) "Désirez-vous que ce soit une matrone qui vienne plutôt qu'un médecin ? J'ai quelques bons noms en tête. Des personnes très professionnelles et bienveillantes. Et ce n'est certainement pas vous qu'elles jugeront." Une femme docte ferait le même travail et Lavinia serait probablement un peu moins mal à l'aise si un homme n'est pas chargé des constatations.
Il déglutit à l'excuse bien pratique des accidents ménagers. C'est ce que toutes les victimes disent. Ce que leurs bourreaux entretiennent et leur font dire. Très doucement, il argue : "L'on ne se trouve pas dans un état émotionnel comme le vôtre pour de simples maladresse domestiques, cela ne prendra pas." (Un temps, la voyant effrayée de le laisser observer les plaies. Il hoche la tête.) "Je comprends. Si vous le souhaitez, je ne verrai rien."
Il reçoit tout doucement la tête de Lavinia dans le creux de son épaule et penche la sienne par-dessus, avant de refermer ses bras dans une étreinte semblant vouloir signifier cette séparation qui n'aurait pas dû être aussi longue. Ses yeux s'écarquillent d'incompréhension à entendre la jeune femme se trouver... ingrate ? Mais pourquoi donc ? "Vous n'avez rien fait qui ne soit pas naturel : vivre avec votre... votre... époux. Passer du temps dans votre domaine. Non, si les choses ne sont pas allées comme elles doivent aller dans n'importe quelle famille ordinaire, vous n'en êtes en rien responsable." la rassure-t-il. Oh, Seigneur ! Comme elle a dû en entendre, des horreurs, de la bouche de certaines formatrices mais surtout de celle de son mari, pour en venir à penser de pareilles choses ! Il est hors de question de laisser aller cela plus longtemps. Dyonis se jure d'être là désormais, de faire avec Lavinia le ménage dans ses pensées parasites, non sans avoir également toute confiance en William ou encore en Eldred pour cet objectif. Il pense même déjà à lui faire ramener la jeune esclave Claire-Marie : les négociations sont en cours avec le seigneur de Wllenbach, son maître actuel. "On vous a dit beaucoup trop de choses dont il va falloir vous débarrasser, ma fille : car vous valez infiniment mieux que ce que certains vous auront fait croire des années durant." sourit-il.
Et à propos de valoir, se demande au passage Dyonis, comment évolue la peur de Lavinia vis-à-vis des chevaux ? Il garde en tête de lui demander des nouvelles de ses progrès. Mais pour l'heure un sujet bien plus grave fait priorité : comme il s'y attendait, Lavinia est horrifiée à l'idée de se présenter à un médecin. Son père se pince la lèvre. Cherchant ses mots, il tient à compléter : "Pardonnez-moi... je... n'ai pas été très adroit. Et je conçois parfaitement qu'une telle consultation sera une épreuve, mais je vous en prie, il le faut... Pour engager quoi que ce soit et démontrer clairement les abus, une constatation légale est essentielle. Beaucoup trop d'individus violents profitent précisément du fait qu'en face, les concernées n'ont rien fait constater. C'est terrible, je sais. Agir dans ce sens cependant ne pourra qu'appuyer toute action à venir de notre part." (Un temps, une idée lui vient) "Désirez-vous que ce soit une matrone qui vienne plutôt qu'un médecin ? J'ai quelques bons noms en tête. Des personnes très professionnelles et bienveillantes. Et ce n'est certainement pas vous qu'elles jugeront." Une femme docte ferait le même travail et Lavinia serait probablement un peu moins mal à l'aise si un homme n'est pas chargé des constatations.
Il déglutit à l'excuse bien pratique des accidents ménagers. C'est ce que toutes les victimes disent. Ce que leurs bourreaux entretiennent et leur font dire. Très doucement, il argue : "L'on ne se trouve pas dans un état émotionnel comme le vôtre pour de simples maladresse domestiques, cela ne prendra pas." (Un temps, la voyant effrayée de le laisser observer les plaies. Il hoche la tête.) "Je comprends. Si vous le souhaitez, je ne verrai rien."
Re: [10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
Entendre les paroles réconfortantes de son père la rassura quelque peu. Elle aurait tant aimé avoir la vie de famille qu’il avait dû avoir avec sa mère. Lavinia souhaitait de tout cœur qu’un jour cette perspective lui soit accordée, mais pour le moment son avenir était assez incertain.
Lavinia sourit légèrement à son père lorsqu’il lui fit son discours sur sa valeur. Si il la voyait comme une personne plus forte qu’elle le pensait elle-même, c’est qu’il fallait peut-être qu’elle se remette effectivement en question.
Quand le sujet du médecin fut abordé et que Lavinia partagea ses craintes, Dyonis tenta de l'apaiser et lui faire entendre raison.
— Si vous pensez que cela est nécessaire… je préfèrerai une matrone si vous en connaissez. Je ferai comme il vous plaira, père.
De simples maladresses domestiques… Son état était certes dû à sa frayeur de retourner chez elle et retrouver son mari, mais pas que. Ce qui s’était passé dans la forêt, sur cette glace, Eldred… Mais que lui arrivait-il ? Elle porta ses doigts à ses lèvres et, l’espace d’un instant, elle ressentit la chaleur des lèvres du jeune homme sur les siennes. Y-avait-il un petit espoir finalement ou bien elle conduirait son entourage dans un gouffre où rien de bon ne les attendrait ?
Lavinia se reprit et s’en voulut d’avoir partagé ses craintes. Elle réduit la distance qu’elle avait elle-même établie et s’accrocha à son bras.
— Ce n’est pas ce que… je ne voulais juste pas que vous puissiez voir ces… Qu’ensuite votre regard sur moi change…
Elle déglutit en pensant qu’il pourrait avoir pitié d’elle et qu’il la voit comme cette petite créature blessée qu’elle était.
— Mais je ne veux pas être seule durant cette auscultation. J’ai besoin de quelqu’un de confiance et qui pourra me soutenir. Enfin si… je ne veux rien vous imposer, ce que vous allez voir ne risque pas de vous enchanter.
Lavinia sourit légèrement à son père lorsqu’il lui fit son discours sur sa valeur. Si il la voyait comme une personne plus forte qu’elle le pensait elle-même, c’est qu’il fallait peut-être qu’elle se remette effectivement en question.
Quand le sujet du médecin fut abordé et que Lavinia partagea ses craintes, Dyonis tenta de l'apaiser et lui faire entendre raison.
— Si vous pensez que cela est nécessaire… je préfèrerai une matrone si vous en connaissez. Je ferai comme il vous plaira, père.
De simples maladresses domestiques… Son état était certes dû à sa frayeur de retourner chez elle et retrouver son mari, mais pas que. Ce qui s’était passé dans la forêt, sur cette glace, Eldred… Mais que lui arrivait-il ? Elle porta ses doigts à ses lèvres et, l’espace d’un instant, elle ressentit la chaleur des lèvres du jeune homme sur les siennes. Y-avait-il un petit espoir finalement ou bien elle conduirait son entourage dans un gouffre où rien de bon ne les attendrait ?
Lavinia se reprit et s’en voulut d’avoir partagé ses craintes. Elle réduit la distance qu’elle avait elle-même établie et s’accrocha à son bras.
— Ce n’est pas ce que… je ne voulais juste pas que vous puissiez voir ces… Qu’ensuite votre regard sur moi change…
Elle déglutit en pensant qu’il pourrait avoir pitié d’elle et qu’il la voit comme cette petite créature blessée qu’elle était.
— Mais je ne veux pas être seule durant cette auscultation. J’ai besoin de quelqu’un de confiance et qui pourra me soutenir. Enfin si… je ne veux rien vous imposer, ce que vous allez voir ne risque pas de vous enchanter.
Re: [10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
Voir un sourire refleurir aux lèvres de Lavinia réchauffe le cœur de Dyonis et il lui rend un regard aussi ému que rassurant. Oui, sa fille vaut infiniment plus qu'elle ne le croit sans doute. Il connaît ses ressources, sa droiture, sa créativité, ses valeurs... mais aussi sa sensibilité qui en fera sans aucun doute une grande dame - une fois libérée d'Antoine : ce sens d'autrui que devraient avoir beaucoup plus de nobles. Cette attention bienveillante aux gens qui les servent et à ceux que leur aristocratie leur commande de protéger.
Il acquiesce doucement quand vient la douloureuse mais nécessaire question d'un examen. Oui, une matrone sera beaucoup plus indiquée. Il préfèrera ne pas poser de questions en surprenant le geste furtif de sa fille, le bout de ses doigts porté à ses lèvres comme pour couvrir un secret de son cœur. Il ne vaut mieux pas se montrer trop invasif. Puis elle se reprend et son père écoute ses craintes. Il secoue aussitôt la tête et affirme : "En aucune façon. Jamais mon regard ne changera sur vous pour des traces sur un corps." L'homme invalide est bien placé pour savoir ne tenir en rien une personne responsable des souffrances que laisse voir son physique. Il n'y a nulle faiblesse ni culpabilité à en tirer. Et à sa dernière demande, il promet : "Dans ce cas, je serai là. A distance respectable, mais je serai présent." Hors de question de la laisser sans son soutien au cours de cette auscultation. "Je suis prêt." souffle-t-il enfin, bien conscient qu'il ne va pas du tout aimer ce qu'il va découvrir. Mais il saura se tenir, ne rien dire, être là comme un soutien. "Dès demain je me mettrai en recherche de la femme compétente pour assurer cette étape." Il a bien quelques noms en tête - et ignore encore que l'arrestation du père d'Anjou va lui faire rencontrer celle qui lui semblera toute indiqué...
"Comment se passent vos leçons d'équitation ?" demande-t-il, visage enthousiaste, pour en venir à des choses plus réjouissantes. Dyonis a préféré ne pas venir encore assister à l'une d'entre elle - laissant le temps à sa fille pour prendre ses marques et faire les progrès escomptés. "Je n'ai pas encore eu l'occasion d'en voir les résultats. Quand l'hiver sera passé nous trouverons bien le temps pour quelques promenades à cheval, si cela vous plaisait ? Mais d'ici-là nous allons pouvoir dîner et discuter de vos impressions." se réjouit-il tout en sonnant une cloche : aux domestiques qui se présenteront, le seigneur demandera de faire servir ici sans tarder le bon repas chaud - comme demandé par Lavinia quelques instants plus tôt - autour duquel sa fille et lui converseront. Pas de dîner dans la cérémonieuse salle à manger pour ce soir. Puisque les voilà bien installés ici dans le salon, autant rester là, bien tranquillement pour déguster un repas simple et sans manière.
Il acquiesce doucement quand vient la douloureuse mais nécessaire question d'un examen. Oui, une matrone sera beaucoup plus indiquée. Il préfèrera ne pas poser de questions en surprenant le geste furtif de sa fille, le bout de ses doigts porté à ses lèvres comme pour couvrir un secret de son cœur. Il ne vaut mieux pas se montrer trop invasif. Puis elle se reprend et son père écoute ses craintes. Il secoue aussitôt la tête et affirme : "En aucune façon. Jamais mon regard ne changera sur vous pour des traces sur un corps." L'homme invalide est bien placé pour savoir ne tenir en rien une personne responsable des souffrances que laisse voir son physique. Il n'y a nulle faiblesse ni culpabilité à en tirer. Et à sa dernière demande, il promet : "Dans ce cas, je serai là. A distance respectable, mais je serai présent." Hors de question de la laisser sans son soutien au cours de cette auscultation. "Je suis prêt." souffle-t-il enfin, bien conscient qu'il ne va pas du tout aimer ce qu'il va découvrir. Mais il saura se tenir, ne rien dire, être là comme un soutien. "Dès demain je me mettrai en recherche de la femme compétente pour assurer cette étape." Il a bien quelques noms en tête - et ignore encore que l'arrestation du père d'Anjou va lui faire rencontrer celle qui lui semblera toute indiqué...
"Comment se passent vos leçons d'équitation ?" demande-t-il, visage enthousiaste, pour en venir à des choses plus réjouissantes. Dyonis a préféré ne pas venir encore assister à l'une d'entre elle - laissant le temps à sa fille pour prendre ses marques et faire les progrès escomptés. "Je n'ai pas encore eu l'occasion d'en voir les résultats. Quand l'hiver sera passé nous trouverons bien le temps pour quelques promenades à cheval, si cela vous plaisait ? Mais d'ici-là nous allons pouvoir dîner et discuter de vos impressions." se réjouit-il tout en sonnant une cloche : aux domestiques qui se présenteront, le seigneur demandera de faire servir ici sans tarder le bon repas chaud - comme demandé par Lavinia quelques instants plus tôt - autour duquel sa fille et lui converseront. Pas de dîner dans la cérémonieuse salle à manger pour ce soir. Puisque les voilà bien installés ici dans le salon, autant rester là, bien tranquillement pour déguster un repas simple et sans manière.
Re: [10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
La tête posée sur l’épaule de son père, Lavinia se décrispa. Ses mots finirent par la rassurer et lui fit accepter cette auscultation qui dévoilera, sans nul doute, les horribles cicatrices offertes par son époux. Elle avait pourtant pensé que personne ne verrait ce spectacle affligeant avant sa propre mort. Après tous les efforts effectués pour les garder cachés sous ses vêtements.
Mais, Lavinia ne serait pas seule à affronter les regards sur son corps, elle ne serait pas seule à soutenir l’air désolé ou dégoûté de la matronne à cette vision. Son père serait à ses côtés. Petit à petit, elle refoula ses idées noires, les repoussant au plus profond de son être. Elle ne pouvait faire que cela, elle n’était pas assez forte pour les éradiquer complètement.
Elle hocha la tête lorsque Dyonis lui annonça vouloir entreprendre les démarches de cette visite médicale dès le lendemain.
— Faites donc, père. Je serais me mettre à disposition selon votre emploi du temps.
Lavinia, surpise par la question sur ses leçons d’équitation, ne put se retenir de rougir. Son père s’attendait à ce qu’elle lui narre ses exploits équestres, mais les seules pensées qui lui venaient en tête à l’énoncé de ces moments étaient toutes autres. Elle se revoyait le premier jour : les échanges de baisers avec Eldred, les confidences à la mare, le jeune homme abandonnant sa tunique sans aucune hésitation ou gêne. Elle ne pouvait décemment pas porter de telles scènes aux oreilles de son père. Encore moins, ce qui s’était passé le soir au clair de lune. Allongée dans la poudreuse, l’esclave de son père étendu sur son corps… Si celui-ci avait esquissé le moindre geste envers sa personne, que serait-il vraiment arrivé sous l'œil appréciateur de l’astre lunaire ?
— Je.. je pense que l’on peut dire que cela se passe doucement, mais que j’emprunte la bonne voie. Ce n’est pas à moi qu’il faudrait demander cela.
Seigneur Dieu ! Heureusement que l’envi d’observer ses progrès ne lui était pas venu à un moment si inconvenant. Les conséquences auraient été désastreuses ! Elle retrouva, tant bien que mal, une contenance tout en espérant que sa coloration soit camouflée par la danse des flammes de l’âtre près d’eux.
— J’arrive à m’approcher et à effectuer quelques soins rudimentaires, mais je ne suis pas encore prête à monter seule. Eldred m’a aussi parlé de pouvoir faire quelques balades au printemps ! J’espère être à la hauteur des espérances de mon instructeur et ainsi pouvoir partager vos promenades que vous appréciez tant.
Dyonis sonna les domestiques pour servir le dîner. Elle était morte de faim. Mais, les questions continuaient à se bousculer dans son esprit. Après cet épisode, qu’allait-il se passer ? Comment les autres la verraient ? Avec pitié ? On plaindrait la pauvre chose fragile qu’elle était devenue ? Quand reverrait-elle Eldred ?
Mais, Lavinia ne serait pas seule à affronter les regards sur son corps, elle ne serait pas seule à soutenir l’air désolé ou dégoûté de la matronne à cette vision. Son père serait à ses côtés. Petit à petit, elle refoula ses idées noires, les repoussant au plus profond de son être. Elle ne pouvait faire que cela, elle n’était pas assez forte pour les éradiquer complètement.
Elle hocha la tête lorsque Dyonis lui annonça vouloir entreprendre les démarches de cette visite médicale dès le lendemain.
— Faites donc, père. Je serais me mettre à disposition selon votre emploi du temps.
Lavinia, surpise par la question sur ses leçons d’équitation, ne put se retenir de rougir. Son père s’attendait à ce qu’elle lui narre ses exploits équestres, mais les seules pensées qui lui venaient en tête à l’énoncé de ces moments étaient toutes autres. Elle se revoyait le premier jour : les échanges de baisers avec Eldred, les confidences à la mare, le jeune homme abandonnant sa tunique sans aucune hésitation ou gêne. Elle ne pouvait décemment pas porter de telles scènes aux oreilles de son père. Encore moins, ce qui s’était passé le soir au clair de lune. Allongée dans la poudreuse, l’esclave de son père étendu sur son corps… Si celui-ci avait esquissé le moindre geste envers sa personne, que serait-il vraiment arrivé sous l'œil appréciateur de l’astre lunaire ?
— Je.. je pense que l’on peut dire que cela se passe doucement, mais que j’emprunte la bonne voie. Ce n’est pas à moi qu’il faudrait demander cela.
Seigneur Dieu ! Heureusement que l’envi d’observer ses progrès ne lui était pas venu à un moment si inconvenant. Les conséquences auraient été désastreuses ! Elle retrouva, tant bien que mal, une contenance tout en espérant que sa coloration soit camouflée par la danse des flammes de l’âtre près d’eux.
— J’arrive à m’approcher et à effectuer quelques soins rudimentaires, mais je ne suis pas encore prête à monter seule. Eldred m’a aussi parlé de pouvoir faire quelques balades au printemps ! J’espère être à la hauteur des espérances de mon instructeur et ainsi pouvoir partager vos promenades que vous appréciez tant.
Dyonis sonna les domestiques pour servir le dîner. Elle était morte de faim. Mais, les questions continuaient à se bousculer dans son esprit. Après cet épisode, qu’allait-il se passer ? Comment les autres la verraient ? Avec pitié ? On plaindrait la pauvre chose fragile qu’elle était devenue ? Quand reverrait-elle Eldred ?
Re: [10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
Lavinia semble peu à peu moins tendue. Seigneur... puisse cette soirée soigner le début de réparations qui n'ont que trop attendu. Dyonis sourit à sa fille, avant de prendre place plus confortablement sur un des sièges quand on amène un bon repas pour le duo. Les mets sont bien vite servis : il n'y a eu qu'à déplacer au salon ce qui était initialement prévu à la salle à manger - et pour la dégustation de quoi le contremaître n'aurait pas tardé à convier le baron et sa fille.
Dyonis et Lavinia pourront donc profiter du bon fumet de beignets aux légumes, de petits pains grillés avec leurs bols de sauces fruitées et confitures dont napper les tartines, d'un peu de canard arrosé au miel enfin - accompagnées du soufflé au fromage. Le tout les attend sur la table basse. Les domestiques leur déposent verres, carafe d'eau et couverts : simple couteau et fourchette à deux dents pour la jeune femme, et pour son père - cette vaisselle si particulière aménagée spécialement pour son infirmité.
"Bon appétit, Lavinia." sourit-il, alors que sa main métallique passe dans la longue et étroite anse de l'aiguière conçue exprès pour sa prothèse. Il sert ainsi un verre à la demoiselle, avant d'en faire autant pour lui. Il hoche la tête : pour l'instant, son emploi du temps n'est pas en détail dans ses pensées, mais dès le lendemain matin il travaillera à y dégager un créneau le plus tôt possible, afin de soutenir Lavinia au cours de cette future consultation.
Alors que de la pointe de son crochet, Dyonis porte un premier beignet à ses lèvres, il s'étonne du rose qui vient empourprer les joues de Lavinia à ses curiosités quand à ses cours. N'est-elle encore pas assez à l'aise pour parler de véritables progrès ? Tient-elle à garder pour elle l'avancement de sa lutte contre la phobie qu'elle a si longtemps eue ? Dyonis le comprendrait. "Oh certes oui, ce n'est que le début, je veux bien vous croire. Et ce n'est pas moi qui vous blâmerai de prendre le temps nécessaire à un tel apprentissage : moi-même, tout enfant, j'ai eu une formation laborieuse en matière de chevaux et avec le recul je rends grâce à mes instructeurs pour leur patience. Vous m'auriez vu à dix ou onze ans me casser la figure en beauté, ou tout penaud à voir le destrier s'en aller pile au moment où j'essayais de monter dessus !" Ses yeux pétillent d'une nostalgie amusée. Des souvenirs de prime jeunesse lui remontent. Ces heures à cheval, ces sauts d'obstacles, ces nombreuses chutes... Le seigneur revoit la persévérance à laquelle il avait dû souscrire pour ne pas se laisser décourager par l'idée que, infirme, il ne monterait jamais aussi bien que les autres Grands. Ses professeurs avaient même eu raison d'être très exigents, songea le baron avec un regard attendri pour l'enfant qu'il avait été. Aussi ne peut-il que comprendre à quel point, pour Lavinia également, les choses doivent aller lentement mais sûrement. A leur rythme sans se décourager. "Je ne manquerai pas de m'enquérir de vos progrès auprès de votre professeur." sourit-il à la suggestion de Lavinia : peut-être qu'Eldred serait en effet bien indiqué pour donner certaines nouvelles au seigneur. Il serait intéressant d'avoir son point de vue.
Dyonis déguste un nouveau beignet puis attaque le canard avec un contentement non dissimulé. Toutes ces émotions lui ont donné si faim ! Et jusqu'à présent l'effroi ne lui a même pas laissé l'occasion de s'apercevoir que son ventre criait à être rassasié. Il espère que sa fille se régalera aussi de bon cœur et retrouvera ses forces après sa terrible mésaventure.
"Je vois. Voilà qui est très sage. Avant même que de monter le cheval, nouer une complicité avec lui est essentiel, autant que de savoir bien s'en occuper. Comme vous, je n'ai jamais méprisé les soins des montures, alors que bien d'autres Grands estiment que ce sont de basses besognes à déléguer aux domestiques. Les brosser, les ferrer, les nourrir, ce sont autant de moments partagés avec l'animal et où se faire apprivoiser de lui autant que nous l'apprivoisons." Encore une fois, Dyonis apprécie là le bon cœur et la sagesse de Lavinia, qui ne dédaigne pas la partie plus utilitaire et matérielle des arts équestres. Ils font pleinement partie de la chose et peuvent même concourir à ce que la demoiselle se familiarise avec les destriers. Peu à peu, puisse sa phobie ainsi s'éteindre. "Oh j'en suis certain !" s'enthousiasme-t-il : d'ici le printemps, Lavinia aura progressé. "Eldred a bien raison : de premières balades seront l'occasion de constater votre évolution et je ne réjouis déjà que nous en partagions !"
Dyonis et Lavinia pourront donc profiter du bon fumet de beignets aux légumes, de petits pains grillés avec leurs bols de sauces fruitées et confitures dont napper les tartines, d'un peu de canard arrosé au miel enfin - accompagnées du soufflé au fromage. Le tout les attend sur la table basse. Les domestiques leur déposent verres, carafe d'eau et couverts : simple couteau et fourchette à deux dents pour la jeune femme, et pour son père - cette vaisselle si particulière aménagée spécialement pour son infirmité.
"Bon appétit, Lavinia." sourit-il, alors que sa main métallique passe dans la longue et étroite anse de l'aiguière conçue exprès pour sa prothèse. Il sert ainsi un verre à la demoiselle, avant d'en faire autant pour lui. Il hoche la tête : pour l'instant, son emploi du temps n'est pas en détail dans ses pensées, mais dès le lendemain matin il travaillera à y dégager un créneau le plus tôt possible, afin de soutenir Lavinia au cours de cette future consultation.
Alors que de la pointe de son crochet, Dyonis porte un premier beignet à ses lèvres, il s'étonne du rose qui vient empourprer les joues de Lavinia à ses curiosités quand à ses cours. N'est-elle encore pas assez à l'aise pour parler de véritables progrès ? Tient-elle à garder pour elle l'avancement de sa lutte contre la phobie qu'elle a si longtemps eue ? Dyonis le comprendrait. "Oh certes oui, ce n'est que le début, je veux bien vous croire. Et ce n'est pas moi qui vous blâmerai de prendre le temps nécessaire à un tel apprentissage : moi-même, tout enfant, j'ai eu une formation laborieuse en matière de chevaux et avec le recul je rends grâce à mes instructeurs pour leur patience. Vous m'auriez vu à dix ou onze ans me casser la figure en beauté, ou tout penaud à voir le destrier s'en aller pile au moment où j'essayais de monter dessus !" Ses yeux pétillent d'une nostalgie amusée. Des souvenirs de prime jeunesse lui remontent. Ces heures à cheval, ces sauts d'obstacles, ces nombreuses chutes... Le seigneur revoit la persévérance à laquelle il avait dû souscrire pour ne pas se laisser décourager par l'idée que, infirme, il ne monterait jamais aussi bien que les autres Grands. Ses professeurs avaient même eu raison d'être très exigents, songea le baron avec un regard attendri pour l'enfant qu'il avait été. Aussi ne peut-il que comprendre à quel point, pour Lavinia également, les choses doivent aller lentement mais sûrement. A leur rythme sans se décourager. "Je ne manquerai pas de m'enquérir de vos progrès auprès de votre professeur." sourit-il à la suggestion de Lavinia : peut-être qu'Eldred serait en effet bien indiqué pour donner certaines nouvelles au seigneur. Il serait intéressant d'avoir son point de vue.
Dyonis déguste un nouveau beignet puis attaque le canard avec un contentement non dissimulé. Toutes ces émotions lui ont donné si faim ! Et jusqu'à présent l'effroi ne lui a même pas laissé l'occasion de s'apercevoir que son ventre criait à être rassasié. Il espère que sa fille se régalera aussi de bon cœur et retrouvera ses forces après sa terrible mésaventure.
"Je vois. Voilà qui est très sage. Avant même que de monter le cheval, nouer une complicité avec lui est essentiel, autant que de savoir bien s'en occuper. Comme vous, je n'ai jamais méprisé les soins des montures, alors que bien d'autres Grands estiment que ce sont de basses besognes à déléguer aux domestiques. Les brosser, les ferrer, les nourrir, ce sont autant de moments partagés avec l'animal et où se faire apprivoiser de lui autant que nous l'apprivoisons." Encore une fois, Dyonis apprécie là le bon cœur et la sagesse de Lavinia, qui ne dédaigne pas la partie plus utilitaire et matérielle des arts équestres. Ils font pleinement partie de la chose et peuvent même concourir à ce que la demoiselle se familiarise avec les destriers. Peu à peu, puisse sa phobie ainsi s'éteindre. "Oh j'en suis certain !" s'enthousiasme-t-il : d'ici le printemps, Lavinia aura progressé. "Eldred a bien raison : de premières balades seront l'occasion de constater votre évolution et je ne réjouis déjà que nous en partagions !"
Re: [10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
Elle n’aurait pas cru être autant affamée ! Les victuailles lui donnaient l’eau à la bouche et elle se retint de ne pas se jeter sur la nourriture. Elle restait une dame, même à l'article de la mort, elle se devait de garder un minimum de convenance.
— Bon appétit à vous aussi, père.
À la première bouchée, son estomac gargouilla. Honteuse, elle prit une gorgée de son breuvage pour atténuer le supplice de son corps affamé. La conversation sur ses cours d’équitation n’arrangèrent pas sa gêne et elle tenta de s’en sortir à l’aide de quelques cabrioles. Les souvenirs de son père enfant la fit doucement sourire.
— Vous avez eu le mérite de vous accrocher pour exceller dans la matière. Si seulement à votre âge j’aurais eu le même courage, je ne serais pas dans cette situation.
Dyonis émit le souhait de se renseigner directement auprès d’Eldred. Un frisson la parcourut à cette perspective. Elle espérait que le jeune homme ne soit pas pris au dépourvu, ou pire, qu’il pense qu’elle avait commis un impair pour éveiller la curiosité de son paternel.
Elle était heureuse d’entendre que le point de vue de son père concernant l’emploi des domestiques et la complicité avec l’animal était en accord avec le sien. Dans la haute société, il était encore rare de penser ainsi et encore plus de le clamer haut et fort. Pourtant cela n’avait jamais gêné leur mère. Un jour, peut-être, elle arriverait à se hisser au même rang qu’elle, un jour…
— Il devrait y avoir plus de gens qui pensent comme vous sur notre bonne terre. La vie n’en serait que meilleure.
D’ici le printemps… où serait-elle ? Quel malheur s’abattra encore sur elle ou inévitablement sur ses proches ? Avec un peu de chance Antoine succombera à sa maladie, une rechute était encore possible. Aura-t-elle retrouver goût à la vie, une vie normale, celle qu’elle aurait toujours dû avoir ? Le premier pas vers ce futur incertain était de passer l’épreuve de l'auscultation, et cela l’angoissait plus qu’elle n’oserait l’admettre.
— En effet, j’espère que le printemps amènera des moments joyeux.
— Bon appétit à vous aussi, père.
À la première bouchée, son estomac gargouilla. Honteuse, elle prit une gorgée de son breuvage pour atténuer le supplice de son corps affamé. La conversation sur ses cours d’équitation n’arrangèrent pas sa gêne et elle tenta de s’en sortir à l’aide de quelques cabrioles. Les souvenirs de son père enfant la fit doucement sourire.
— Vous avez eu le mérite de vous accrocher pour exceller dans la matière. Si seulement à votre âge j’aurais eu le même courage, je ne serais pas dans cette situation.
Dyonis émit le souhait de se renseigner directement auprès d’Eldred. Un frisson la parcourut à cette perspective. Elle espérait que le jeune homme ne soit pas pris au dépourvu, ou pire, qu’il pense qu’elle avait commis un impair pour éveiller la curiosité de son paternel.
Elle était heureuse d’entendre que le point de vue de son père concernant l’emploi des domestiques et la complicité avec l’animal était en accord avec le sien. Dans la haute société, il était encore rare de penser ainsi et encore plus de le clamer haut et fort. Pourtant cela n’avait jamais gêné leur mère. Un jour, peut-être, elle arriverait à se hisser au même rang qu’elle, un jour…
— Il devrait y avoir plus de gens qui pensent comme vous sur notre bonne terre. La vie n’en serait que meilleure.
D’ici le printemps… où serait-elle ? Quel malheur s’abattra encore sur elle ou inévitablement sur ses proches ? Avec un peu de chance Antoine succombera à sa maladie, une rechute était encore possible. Aura-t-elle retrouver goût à la vie, une vie normale, celle qu’elle aurait toujours dû avoir ? Le premier pas vers ce futur incertain était de passer l’épreuve de l'auscultation, et cela l’angoissait plus qu’elle n’oserait l’admettre.
— En effet, j’espère que le printemps amènera des moments joyeux.
Re: [10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
Lavinia doit mourir de faim après ses terribles mésaventures de la journée. Pourtant, elle semble se retenir dans ses gestes - par préceptes, pour ne déroger en rien à l'élégance d'une dame. D'un sourire et d'un hochement de tête, Dyonis entend l'encourager à ne pas se gêner. Le repas prendra autant de temps qu'elle voudra. L'essentiel est qu'elle se détende et qu'elle mange autant qu'elle en a envie. Lui-même ne se prive pas et picore allègrement de la pointe de son crochet, tandis que la jeune femme trempe timidement les lèvres dans son verre.
Et ce petit gargouillis au ventre de Lavinia confirme les appels de son estomac ! "Prenez tout ce qu'il vous plaît, c'est pour vous." sourit Dyonis. Mais bien vite, au milieu des bruits des couverts de la demoiselle, et des prothèses du seigneur, il sent sa gêne à la mention de l'équitation et aussitôt aura tenté de la mettre à l'aise en lui parlant de sa propre laborieuse formation.
"Il n'est jamais trop tard voyons ! Vous serez excellente vous aussi je n'en doute guère. Et puis, il va arriver d'ici quelques années le moment fatidique où la tendance s'inverse, où les enfants font beaucoup mieux que leurs parents." plaisante-t-il avec tendresse : Lavinia sera une très bonne cavalière, il 'en doute pas, tandis que pour lui, l'avancée en âge va tôt ou tard commencer de faire son œuvre sur ses compétences.
Au moins sa remarque quant à la proximité avec les activités équestres même les plus humbles - et l'absence de honte à avoir à côtoyer les employés dans l'exercice de celles-ci - paraît rassurer sa fille et ramener une meilleure atmosphère sur ce repas. Le compliment de Lavinia le fait rosir et porter les yeux ici et là, toujours aussi touché et un peu gauche à en recevoir. "Ces valeurs seront perpétuées. En tout cas par vous, j'en suis certain." Par ses frères, notamment Goderigue, c'est une autre paire de manches... Dyonis essaie pourtant d'inculquer également à chacun la dignité, le sens de l'honneur et du respect de leurs vassaux.
D'un sourire un peu fragile et songeur, il acquiesce de tout cœur au souhait de Lavinia : oui, que le printemps amène des moments plus heureux pour toute la maisonnée. Pour Lavinia notamment qui n'a que trop mérité de renouer avec ce bonheur, auquel il espèrera contribuer de son mieux.
Et ce petit gargouillis au ventre de Lavinia confirme les appels de son estomac ! "Prenez tout ce qu'il vous plaît, c'est pour vous." sourit Dyonis. Mais bien vite, au milieu des bruits des couverts de la demoiselle, et des prothèses du seigneur, il sent sa gêne à la mention de l'équitation et aussitôt aura tenté de la mettre à l'aise en lui parlant de sa propre laborieuse formation.
"Il n'est jamais trop tard voyons ! Vous serez excellente vous aussi je n'en doute guère. Et puis, il va arriver d'ici quelques années le moment fatidique où la tendance s'inverse, où les enfants font beaucoup mieux que leurs parents." plaisante-t-il avec tendresse : Lavinia sera une très bonne cavalière, il 'en doute pas, tandis que pour lui, l'avancée en âge va tôt ou tard commencer de faire son œuvre sur ses compétences.
Au moins sa remarque quant à la proximité avec les activités équestres même les plus humbles - et l'absence de honte à avoir à côtoyer les employés dans l'exercice de celles-ci - paraît rassurer sa fille et ramener une meilleure atmosphère sur ce repas. Le compliment de Lavinia le fait rosir et porter les yeux ici et là, toujours aussi touché et un peu gauche à en recevoir. "Ces valeurs seront perpétuées. En tout cas par vous, j'en suis certain." Par ses frères, notamment Goderigue, c'est une autre paire de manches... Dyonis essaie pourtant d'inculquer également à chacun la dignité, le sens de l'honneur et du respect de leurs vassaux.
D'un sourire un peu fragile et songeur, il acquiesce de tout cœur au souhait de Lavinia : oui, que le printemps amène des moments plus heureux pour toute la maisonnée. Pour Lavinia notamment qui n'a que trop mérité de renouer avec ce bonheur, auquel il espèrera contribuer de son mieux.
Re: [10 janvier 1598, soir] Après la mort glaciale [Terminé]
Cela faisait bien longtemps que Lavinia n’avait pas partager un moment si agréable avec son père. Un simple repas pourtant et de nombreux souvenirs remontèrent du fin fond de son esprit. Pourquoi avoir attendu un événement aussi tragique pour renouer ainsi ? À bien y réfléchir, n’était-ce pas elle qui s’était imposée tout cela ? Trop occupée à avoir peur de son époux, trop occupée à frémir rien qu’en pensant à son retour au domaine… Finalement, c’était peut-être elle qui se mettait des bâtons dans les roues. Son père avait toujours été là pour elle, mais à aucun moment elle n’avait tenté de lui tendre la main, ne serait-ce que pour quérir de l’aide. Depuis quand s’était-elle autant coupée du monde ? Il était peut être temps qu’elle fasse confiance à autrui et qu’elle se mette enfin à vivre comme elle l’entends.
— Je suis heureuse de pouvoir partager du temps avec vous. À l’avenir, je ferais en sorte que de tels moments arrivent plus souvent, avoua-t-elle timidement.
— Je suis heureuse de pouvoir partager du temps avec vous. À l’avenir, je ferais en sorte que de tels moments arrivent plus souvent, avoua-t-elle timidement.
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum