[22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
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[22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Quand sonna l'Angélus, une pâle lumière orangée filtra à travers les barreaux de la cellule. Le cliquetis des clés, puis le fracas de la porte du cachot ouverte, dérangea le morne silence de la geôle. Deux gardes s'introduisirent au rythme métallique de leurs bottes dans l'étroite cellule - empuantie d'odeurs d'urine et d'excréments depuis la bonne dizaine de jours de son occupation. Louise dormait profondément, harassée de fatigue, la tête échevelée roulée contre sa poitrine. Un des vigiles se dirigea vers le sorcier, lui saisit les poignets qu'il leva pour les délivrer de leurs entraves en un sec tour de clé. Menottes et chaînes retombèrent en un cliquetis le long du mur.
Un sourire mauvais vint à l'un des deux geôliers. Le tandem n'avait bien évidemment pas amené les béquilles du détenu. Il toisa Hyriel, pointa la porte du cachot restée ouverte et ordonna :
-- Dehors !
Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Une nuit avait passé depuis le départ de leur adorable compagnon de cellule. Louise était épuisée, Hyriel commençait à l’être. Combien de temps en avaient-il encore, que Louise au moins puisse sortir de là ?
Le soleil se leva et ses premiers rayons agressèrent les yeux de l’herboriste. Il soupira en les ouvrant peu à peu, espérant que ce serait la dernière fois, quand cliquetèrent des clefs. Il releva alors brusquement la tête, étonné. Cela ne réveilla pas Louise et tant mieux, peut-être. Qu’elle se repose au maximum.
Des gardes. Il les regarda approcher, sans rien dire, et le détacher. Allait-il être libéré ? Non, impossible. Pas lui. Il entreprit de masser ses poignets quand l’ordre sonna à ses oreilles. Il vit le sourire cruel. Rapide calcul. Les chiens…
Le regard de l’herboriste se plissa, malicieux.
« Que voilà une adorable attention… C’est donc vous qui me servirez de béquille ? C’est si gentil… »
Il n’était pas dupe mais il ne ramperait pas sans mot dire. Il leva donc la main, prêt à saisir celle du garde pour se hisser.
Hyriel Radgery- Sorcier, herboriste, écrivain public ~ Pharmakós de service
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Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Les geôliers furent quelque peu surpris d'entendre le prisonnier oser leur répondre. Les railler. De l'autre côté de la porte, un troisième soldat en observation étira un sourire et laissa souffler un petit rire à la répartie du détenu : celui-là n'était pas du genre à se laisser dompter. Les deux importuns quand à eux s'échangèrent un regard. Celui qui s'était adressé à Hyriel hocha la tête et se pencha pour présenter son bras, un air doucereux et coopératif au visage. Mais à peine l'estropié aura-t-il eu le temps de s'accrocher que l'homme le repoussera violemment au sol, avant de reculer de deux pas avec son collègue.
Là-dessus, le comparse sortit de la geôle. Un court instant après, il revint avec entre les mains le bol de brouet ainsi que la gourde du jour. Il les montra au captif en sifflant. Puis alla les poser par terre un peu plus loin dans le couloir sans qu'Hyriel ne le perde des yeux. Son collège vit où il voulait en venir et pouffa. La malignité dans le regard, l'autre revint et expliqua d'abord à son acolyte :
-- Tu sais pas y faire voyons. Faut attirer la bête. (à Hyriel) Là bas, c'est la ration de ta complice. Tu sors. Sinon elle s'ra pour les chiens.
Ils savaient que le cardinal Cassin n'allait pas tarder à arriver. Ce serait donc une très bonne nouvelle qu'ils aient des choses à lui raconter en matière du mauvais comportement du sorcier. Et pour cela, quoi de mieux que de le chauffer à blanc juste avant son premier interrogatoire ? Nerfs vrillés, Dieu savait ce qu'il pourrait laisser échapper ou faire voir de sa nature démoniaque... Poussé à bout, le démon serait peut-être même dans les conditions optimales pour craquer sous les questions de Son Éminence. Ils jouaient donc un peu avec lui dans ce but.
-- Ou sinon, relança l'un des geôliers en frottant son pied à terre pour envoyer un peu de poussière à l'éclopé, fais donc démonstration de tes pouvoirs ! (Un temps) Ah mais non, c'est vrai ! Là tout d'suite t'as plutôt intérêt à les dissimuler. A ta guise donc.
Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Hyriel n’était pas dupe. Pas du tout. Mais il refusait de partir défaitiste. Il sourit au garde qu’il fit rire et prit le bras qu’on lui tendait si… gentiment. Bien sûr, on le repoussa. Bien sûr, il retomba sur son séant et son poignet, pas de la meilleure manière mais assez bien pour qu’il n’ait aucune difficulté à cacher sa grimace. Il prit alors une mine déçue et renifla exagérément.
« C’est méchant de donner de faux espoirs aux gens… »
Il releva vers eux des yeux faussement affligés mais revint à une attitude intriguée en les voyant revenir avec une ration. Il plissa les yeux au sifflement et les suivit du regard. Quel jeu était-ce, cette fois. Il soupira quand il s’expliqua. Attirer la bête, mais oui, bien sûr. Il écouta ensuite les modalités et soupira.
« Je vois. Vous savez, il suffisait de demander gentiment. »
Il allait le faire, bien sûr. Il allait céder à leur ignoble chantage, ces avorton insignifiants et prétentieux, tellement en mal de pouvoir qu’ils en devenaient tyranniques dès qu’ils en avaient accès à une goutte. Toutefois, il n’allait pas leur donner ce qu’ils attendaient. Ils voulaient qu’il explose de colère, qu’il renâcle, qu’il se rebellent, ils voulaient qu’il leur donne une raison supplémentaire d’user de la force.
Eh bah non.
Et puis ce serait amusant de jouer un peu. Il anticipa légèrement le vol de poussière et détourna brusquement la tête, si bien qu’il ne se prit rien dans les yeux, tout dans le bras. La suite le fit sourire, mais seulement des lèvres, avant que ses yeux ne se fasse aussi joueurs.
« D’accord ! C’est gentil à vous de me laisser le choix. »
Avec une pointe d’insolence, il se mit alors sur le côté, coudes au sol et… et il s’exécuta, sans rien perdre de son sourire de façade. Quelle humiliation… Quoiqu’après tout… le faire en donnant l’impression que c’est de bonne grâce, et même amusant, n’était-il pas un moyen de retourner l’effet ? Ce n’en restait pas moins humiliant, certes, mais moins et c’était déjà un début. Les muscles endoloris, il rampa donc, telle un immense boa, vers la sortie, tout en espérant que Louise ne se réveille pas à ce moment-là. Une fois dehors, il s’assit et épousseta pour la forme ses bras.
« Voilà, j’ai fait ma part, à vous de faire la vôtre. Et maintenant, nous continuons à jouer ? Vous jouez quoi, au fait ? Les mulots ? Vous voulez que je vous mange, pour continuer le jeu ? »
Il leur adressa un immense sourire faux, se tenant toutefois près à se couvrir le visage, si jamais.
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Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
- Trigger warning:
- Injures salaces
Un des vigiles ricana à la répartie du sorcier. Ses mimiques, ses grimaces étaient exaspérantes. Était-il donc si sûr de lui pour se comporter de manière aussi ouvertement... détachée pour ne pas dire provocatrice ?
-- Vaut plutôt mieux t'y entraîner, à pas avoir d'faux espoirs, siffla le plus bourru. Et à ramper, si par miracle t'échappes au feu !
Un nouveau rictus mauvais lui traversa la face. Cet après-midi, la première session du procès allait se tenir. Avec ce qui constituait le dossier à charge de ce démon, il était quasiment certain qu'il flamberait sur la Grand' Place d'ici Nouvel An. Ou dans le meilleur des meilleurs des cas, aurait à se repentir par le dur labeur loin de ses activités démoniaques, entre les mains d'un maître.
Il quittèrent la pièce, toujours aux son des réparties salées du prisonnier qui n'avait décidément pas froid aux yeux. Un garde serra le poing et s'apprêta à le décocher contre le sorcier quand son collègue resté à l'entrée l'intercepta. Ce dernier marmonna :
-- Hé ! C'est bon les gars abusez pas...
D'un mouvement de tête autoritaire, l'un des deux lascars - malheureusement mieux gradé - lui commanda d'aller ailleurs se mêler de ses affaires. L'importun se tut, mais resta tout de même à observer, un peu à distance, soucieux. Ses deux collègues firent limacer leurs visqueux regards satisfaits le long du sorcier qui rampait à leurs pieds... avant de s'asseoir en face d'eux et de les titiller à nouveau. Un geôlier fronça les sourcils et grogna, contrarié. L'autre se mit à tourner lentement en rapace autour de l'éclopé et répliqua :
-- Nous manger ? Ah b'en ma parole ! T'as faim comme ça ? Les cœurs de boucs te suffisent pas ? Et les bébés, aussi ? C'est bien ça qu'y paraît qu'on mange aux Shabbats avec le Diable, hein, pas vrai ?
-- Et ta mère, elle bouffe quoi, elle ? C'ta chienne de mère qui t'a eu avec l'Diable ?
Sa main gantée de métal partit dans la nuque d'Hyriel. Le collègue enchaîna en pointant la suite du couloir et un virage à gauche :
-- Tu continue. Par là.
Navré, le troisième vigile n'aura pas eu le temps d'intervenir avant que le coup ne parte à l'arrière du crâne du prisonnier. Il soupira et se contenta d'aller ramasser la ration de Louise restée au sol. Il la lui apporta, elle la trouverait à son réveil.
Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Aux remarques du vigile, Hyriel se contenta de siffler, tel un serpent joueur, comme s’il lui disait « Je suis prêt ! » ou « Nous verrons, nous verrons. », voire « Cause toujours ! ». Il le laissait interpréter. Il releva la tête, surpris, au marmonnement du garde et s’étonna – en apparence – de le voir réprimandé. Il haussa les épaules, un peu bougon, pour marmonner à lui-même.
« Moi, on m’a toujours dit qu’il fallait être charitable quand on était chrétien. Le cardinal manque des choses… »
Il s’amusa intérieurement d’avoir asticoté les gardes. Rira bien qui rira le dernier, disait l’autre… Il suivit le vautour d’un regard acéré, réhaussé d’un fin sourire du coin de la lèvre.
« J’en connais qui n’ont pas su se détacher des histoires de grand-mère, les soirs de veillée… »
Il serra les mâchoires, les poings, tous ses muscles à la suite. Les fils de chien ! Mais il ne fallait pas leur faire plaisir, non, c’est ce qu’ils attendaient. Garder le regard acerbe ou, même… blasé, oui. Sérieusement, vous n’avez que ça à inventer ? Il ne put retenir un gémissement qu’entre ses dents au coup à la nuque. Et c’était lui, le fils du Diable… Il ne l’avait pas volée, certes, et il la sentait passer. Il nota la direction, prit une grande inspiration et se tourna vers le virage après avoir massé sa nuque. Il fit faire un tour à sa tête pour la détendre, serra les dents et reprit sa reptation serpentine. Il adressa un dernier regard à Louise, rassuré qu’au moins un garde prenne soin d’elle, et tourna la tête, tout en la levant afin de parler aux gardes.
« Au fait, où dois-je aller, comme ça ? Est-ce un endroit où il faut y aller bien habillé ou plus… décontracté ? Je ne voudrais pas faire mauvaise impression… »
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Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Une fois hors de vue du troisième collègue parti donner sa ration à Louise, un des geôliers abattit une gifle au visage du sorcier quand il osa répliquer, et surtout siffler avec désinvolture. Se moquait-il si ouvertement que cela de la perspective de finir sur le bûcher ou même - au mieux - d'être asservi ? Qu'importait. Il aurait très vite l'occasion de regretter. Sa langue venimeuse allait en rabattre. Un soldat bougon se mit à tourner autour de l'accusé, lui décochant un regard sournois et rappelant les glorieux faits alimentaires prêtés aux démons de son genre.
-- Des histoires de grand-mère ? Vraiment ? (Il cracha un rire rauque) T'iras dire ça t't'à l'heure à Son Éminence ! Lui et tous les démonologues ont enregistré ce genre de crimes dans des traités très sérieux, et tu voudrais nous faire croire qu'ça relève que du conte ?!
-- Assez perdu de temps. En route, coupa son acolyte en pointant la direction à emprunter.
Le prisonnier accusa le coup des injures en serrant une seconde les poings et la mâchoire, puis parvint cependant à retrouver aussitôt ses nerfs, à la surprise des deux corniauds. En rampant, il les suivit sans discuter. Le petit groupe progressa dans le couloir étroit. Mais par la barbe, il ne pouvait pas s'empêcher d'ouvrir encore sa gueule ! Ce fut cette fois-ci un coup de lance qu'Hyriel recevra de côté, avant que le geôlier qui venait de le frapper ne grommelle :
-- T'occupe, insolent ! Le cardinal Cassin se soucie certainement davantage de la propreté de ton âme et j'crois qu'y a beaucoup à dire.
-- Et pour te répondre, c'est à ton interrogatoire que tu vas. Le juge instructeur et Son Éminence vont t'entendre avant l'audience de c't'après midi. Alors tu ferais mieux de ravaler ton impertinence et très vite.
On arriva au sommet de l'escalier menant au deuxième sous-sol. Les soldats se baissèrent pour saisir Hyriel par les dessous de bras, de leurs vigoureuses poignes. Ils le traînèrent à travers les quelques marches - au pied desquelles ils le laissèrent retomber sans ménagement. L'homme à sa droite le saisit au col et tira un coup vers l'avant, pour l'inciter à se redresser sans attendre et à progresser encore. Du menton il pointa une porte au bout du sinistre déroulé de ce corridor.
-- La troisième, à gauche.
Son collègue pressa le pas et alla ouvrir. D'autres frappes toutefois résonnèrent, cette fois-ci dans leur dos. Des pas rapides. Le vigile qui avait malmené le sorcier se retourna pour découvrir, étonné, le Cardinal Cassin accompagné du magistrat. Ainsi étaient-ils donc arrivés un peu en avance et venaient-ils de les rattraper. Depuis quand les suivaient-ils et les observaient-ils ?
-- Votre Honneur. Votre Éminence.
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Une giffle.
La première de beaucoup, sans doute. Hyriel serra les dents, tourna par réflexe la tête et ne répliqua pas. Il avait atteint leur limite, autant ne pas forcer davantage. Il sourit avec insolence à la réponse du garde sur les histoires. Pauvres idiots qui refusaient de voir le vrai, de reconnaître qu’ils étaient dans le faux. À sa question finale, il ne put que lui adresser un regard par en dessous – bien obligé… - assez univoque, l’air de dire « Eh beh… oui ? »
La surprise des deux gardes ne lui échappa pas et il en sourit intérieurement en se remettant à ramper. Il grimaça et adressa un « Rho… » plus symbolique qu’autre chose aux coups de manche. Quel manque d’humour ! Il écouta la première réponse et soupira, puis prêta plus d’attention à la seconde. Il allait donc revoir son cher ami, le cardinal. Bien, bien, bien. Et l’audience. Louise serait donc fixée sur son sort le soir-même. Au « conseil » final, il se renfrogna.
« Bien, bien, si vous le prenez comme ça… »
Il se crispa à la vue de l’escalier, encore plus en se sentant saisir aux bras. Il sentait venir le lâcher de sorcier… Il s’y prépara comme il le put, ignorant la douleur à ses chevilles traînées, mais se fit lâcher trop vite et s’écrasa sur le sol sans aucune grâce. La douleur le traversa, fulgurante ; il ne put retenir un gémissement. Et sa côte tout juste réparée qui rallait de nouveau… Il serra les dents. On ne plaisantait plus, il devait se ress… On le saisit au col et le tira. Il se rattrapa comme il le put et leva le bras en hochant sa figure grimaçante, l’air de dire « Ça va, ça va, j’arrive ! », avant de recommencer à ramper. Troisième à gauche, oui. Il continua d’avancer, même en entendant les pas, mais ne put que se retourner en entendant de qui il s’agissait. Il inclina alors la tête, sombre.
« Bonjour à vous, Messieurs. »
Il recommença aussitôt à se traîner jusqu’à la porte, ignorant sa côte qui le tirait. Au moins, on ne pourrait pas lui reprocher son impolitesse…
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Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
C'était le grand jour. Matthieu se sentait un peu nerveux. Cecilia lui avait donné quelques timides encouragements. Il se les remémora alors qu'il descendait de sa voiture et allait à la rencontre du juge. Il se présenta et échangea les quelques civilités de rigueur avant qu'ils n'entament leur descente.
Matthieu se sentait toujours aussi fébrile. Sa nuit avait été peuplée de cauchemars et cela ne lui disait rien qui vaille même si cela commençait à être la norme pour lui. Il avait cédé cette fois à la tentation du maquillage léger, au moins pour ses cernes. Il ne voulait pas paraître faible devant le sorcier. Il était intelligent, il devait bien le reconnaitre et il maniait les mots, certainement tout autant que ses maudits sortilèges qui avaient fait remonter les images qui hantaient désormais ses cauchemars. Il était hors de question qu'il lui laisse la moindre ouverture, qu'il dévoile la moindre faille. Il respira un bon coup en lissant les perles du chapelet qu'il arborait au poignet. Il l'avait aspergé d'eau bénite avant de partir, par précaution.
Alors qu'ils descendirent, ils entendirent de grands bruits, comme si on faisait tomber quelque chose. Il fronça les sourcils en se tournant vers le juge.
- Que se passe-t-il ?
Est-ce qu'un maladroit avait déjà fait tomber le matériel ? Il croyait pourtant avoir demandé un professionnel, quelqu'un qui sache y faire, pour éviter qu'ils ne perdent du temps ! Ce n'était tout de même pas compliqué... Il soupira en accélérant le pas pour tirer cette affaire au clair. Quelle ne fut pas sa surprise de trouver, au bas des escaliers Hyriel, rampant avec trois soldats qui semblaient être au spectacle. Il fronça aussitôt les sourcils, encore plus quand le sorcier les salua.
Sa colère ne fut pourtant pas dirigée vers lui, mais vers ce qu'il qualifia sur le moment d'imbéciles. Depuis quand faisait-on ce genre de chose ?
- Peut-on savoir ce à quoi vous vous livrez exactement ?
Il regretta ses mots à peine les eut-il prononcés. Qu'est-ce. Qui. Lui. Prenait ?
Enfin, il s'en fichait ! Il aurait même dû être satisfait qu'on épuise déjà son corps et son esprit, pour qu'il lâche plus facilement des informations ! Alors pourquoi ? Venait-il encore de l'ensorceler, par son simple "bonjour" sépulcrale ? Non, il y avait autre chose... Des restes du sortilège de l'autre fois ? Méfiant, Matthieu serra son chapelet, afin de se rassurer mais attendit toutefois une réponse. Ça commençait bien...
Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Le sorcier finit par s'écraser. Très bien. Il salua même le juge instructeur et le cardinal qui venaient d'arriver dans le corridor. Les vigiles aussitôt se mirent au garde-à-vous, en position de salut. Ni les deux hommes ni le magistrat ne purent apercevoir les traits tirés de l'ecclésiastique - dissimulés derrière un habile maquillage. Les geôliers s'échangèrent des regards interloqués alors que Matthieu Cassin sembla mécontent de les voir traîner et battre le prisonnier. Ils... le défendait ? Le juge lui-même ne sut trop comment se positionner et attendit la réponse des vigiles. L'un d'eux s'avança et expliqua, en pointant Hyriel du bout de sa lance :
-- Votre Éminence, Votre Honneur. Nous nous sommes simplement occupés de rabattre le caquet de ce sorcier. Le voilà plus docile et tout disposé à vous répondre, nous l'espérons.
Le collègue guetta d'un œil inquiet l'approbation de l'ecclésiastique. Son comparse poussa la porte et fit signe à son acolyte. Cette fois-ci - dans le doute - ils ne traîneront pas l'estropié à l'intérieur de la salle mais prendront soin de passer calmement ses bras autour de leurs épaules, pour le hisser puis le porter jusqu'au poste duquel il aurait à répondre. On entra. Le juge pria d'un geste déférant Matthieu Cassin de le devancer, puis fermera la marche. On rabattit la porte sur eux.
La pièce était étroite, sombre, aux murs épais. Dans le coin attendaient un long bureau et trois sièges. Le premier où le Cardinal fut convié à s'installer, le second pour le magistrat - et le dernier déjà occupé par un silencieux secrétaire, prêt à consigner l'interrogatoire dans ses moindres détails. Un sinistre crépitement de chandelles attirait l'attention sur un lustre de métal, lequel jetait depuis le plafond un éclairage coupant sur l'épaisse chaise de métal où les gardes installèrent Hyriel. Ses bras furent plaqués le long des accotoirs, au bout desquels étaient fixées des menottes. Elles furent rabattues et verrouillées autour de ses poignets. Autant ne pas risquer le moindre débordement - d'autant que Matthieu Cassin avait, quelques jours plus tôt, informé la prévôté des probables écarts de cette créature.
Après un silence solennel, le juge déroula un parchemin. Il croisa ses mains noueuses devant lui. Ses grands yeux aussi gris et fixes que les serrures des prisons dévisagèrent le prisonnier. Sa voix froide engagea :
-- Nous, Juge instructeur Bontempoix, au nom Sa Majesté et du Grand Parlement de Braktenn, entendons ce 22 décembre de l'an de grâce 1597, dans le cadre d'une procédure criminelle, le dénommé Hyriel... (il s'étonna de l'absence de nom de famille) ici présent, pour les faits ci-après énoncés : sorcellerie, envoûtements, fabrication et usage de potions, exercice illégal de la médecine, avortements, empoisonnements, usage de fausses identités.
Il se tourna vers Matthieu :
-- Son Éminence Matthieu Cassin, Cardinal, démonologue et envoyé de Sa Sainteté le Pape en personne, va apporter son regard précieux dans cette affaire et reçoit la priorité pour poser dès à présent toutes les questions qu'il estimera nécessaires.
Puis à Hyriel :
-- Accusé, jurez de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité à chaque interrogation qui vous sera ici soumise.
L'ecclésiastique pourra s'engager aussitôt que le sorcier se sera exécuté.
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Le cardinal en personne prenait donc sa défense. Euh… Oui ? En quel honneur ? Plus rien n’avait de sens depuis son réveil. Malgré la douleur, il ne put se retenir de pouffer à la justification du garde.
« Vous pouvez aussi dire que vous avez trouvé rigolo de ne pas me donner mes béquilles pour me voir ramper, avant même d’avoir voulu me faire taire parce que je jouais à mon tour… »
Sur ces mots, il reprit son mouvement pour entrer dans la salle mais, très vite, il se retrouva soulevé. Quelle étrangeté ! Tout de suite, ils étaient plus gentils ! Vraiment, c’était à n’y rien comprendre ! Il sourit donc comme un bienheureux et se laissa confortablement asseoir et attacher avant et lancer un « Merci ! » souriant aux gardes.
Silence.
Bon.
Puis le juge parla.
Oh, non, taisez-vous, c’était mieux en silence, par pitié…
Il lui rappelait Eugène et ses lectures d’actes exagérément ronflants qui servaient de punitions pour les bêtises de Guillaume. Au moins, dans ces moments, il pouvait aller dans son arrière-salle, alors que là… Enfin. Il espérait qu’ils aillent bien…
L’herboriste sourit et hocha la tête à l’hésitation du juge quant au nom de famille. Non, non, il n’en avait pas. Plutôt, il n’en avait plus. Il cligna plusieurs fois des yeux à la suite. Cela faisait beaucoup, en effet… Mais ils trichaient, ces petits malins : certains, comme les potions ou les envoûtements, dépendaient d’autres. C’était pour se donner une contenance, sans doute. Il hocha la tête, impressionné, aux titres du cardinal. C’était-y pas beau, tout ça…
Mais on revenait à lui. Il se redressa sur son siège et offrit son plus beau sourire aux messieurs en hochant la tête.
« Oui, je le jure ! »
Dois-je préciser en une liste ronflante dans quelles mesures s’appliquent mon serment ou ne jugez-vous pas cela nécessaire ?
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Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Matthieu plissa les yeux en prenant un air sévère, espérant que cela occulte tout le reste et que les gardes exécutent les ordres sans poser de questions. Il haussa alors un sourcil.
- Je vois. Eh bien, je vous remercie pour votre sollicitude quant à la bonne marche de notre investigation. Nous verrons si cela aura porté ses fruits.
Il refusa de répondre au prisonnier et même de le regarder. Il n'avait que faire de sa justification. Ou plutôt il se donnait cette apparence. Au moins, les gardes réglèrent la question en le trainant de manière plus conventionnel. Il se rendit alors dans son fauteuil que lui indiqua le juge. Il observa le prisonnier, ou plutôt ses bras pour s'assurer qu'on l'attache solidement. Il garda le silence en reportant son attention sur le mur qui lui semblait absolument très bien isolé. Par une impression de vent en plein hiver, c'était exceptionnel.
Cependant, il fallut le lâcher des yeux quand le juge commença son laïus. Un peu long et solennel mais il faut ce qu'il faut... Lui aussi trouva étrange l’absence de nom de famille, mais c'était peut-être encore cette historie de fausse identité. Une accusation de plus à lui mettre sur le dos, parfait ! Il sourit avec un air satisfait à l'énonciation de tous ses crimes. Ils avaient largement de quoi faire. Il restait à obtenir un aveu en bonne et due forme et tout serait parfait.
Il hocha la tête vers le juge, prêt à accomplir sa mission, raffermit dans sa décision au rappel de sa mission pour le Pape. Il allait réaliser l’œuvre de Dieu, enfin et délivrer cette terre des maléfices des infirmes. Il renifla à son serment. Des mots qu'ils n'allaient pas tarder à éclairer. Il serra son chapelet et se leva pour venir tourner autour de l'accusé, tel un vautour qui attendait que sa proie périsse pour venir la dévorer.
- Bien. Nous allons commencer par quelque chose de simple : depuis quand pratiquez-vous votre art démoniaque ? Quand avez-vous pactisé avec Satan ? répondez avec sincérité et Dieu aura peut-être pitié de votre âme.
Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
-- Nous ne voyons pas du tout de quoi il parle ! simula un des gardes en ouvrant les bras d'un air parfaitement étonné, à la réponse du prisonnier.
L'affaire toutefois en resta là quand l'intervention du cardinal vint clore le débat, sans compter que le juge instructeur adressa lui-même un regard coupant à ses soldats - coup sec de prunelles assez éloquent pour leur signifier "Qu'importe. Il suffit maintenant." Le magistrat se moquait de savoir qui avait commencé. Cependant, l'air menaçant qu'il prit devant les vigiles leur ordonna clairement de rester à leur place désormais. Et de ne pas réitérer ce genre de traitements.
On s'installa. Le prisonnier fut menotté sur la chaise en face de ses interrogateurs ainsi que du secrétaire. La plume de ce dernier commença de crisser sans relâche sur le papier. Elle ne s'arrêterait pas avant la fin de la séance, une fois consigné chaque mot, chaque geste du côté de l'accusé comme de celui du juge et de l'ecclésiastique. Bontempoix hocha la tête au serment du détenu. Arrivèrent les premières questions portant sur les pratiques démoniaques de l'homme. Le magistrat ajusterait ses propres demandes en fonction de celles du cardinal et des réponses qu'allait fournir Hyriel. D'ici là, ses yeux sévères ne quitteront guère l'invalide. Toutefois ils n'épargneront pas pour autant les deux vigiles restés dans le fond de la salle, de part et d'autre de la porte : que ceux-ci se tiennent à carreaux et n'interviennent à l'avenir qu'en cas de problème.
Matthieu Cassin parut lui aussi surpris de l'absence de nom de famille de l'accusé. Ce point surprenant ne manquerait pas de faire partie des interrogations que le magistrat préparait dans sa tête.
Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Un roulement d’yeux réagit à la réponse des gardes et un simple haussement d’épaules, à la réponse de Matthieu. Après tout, qu’importe s’il l’ignorait en apparence : il avait entendu la vérité et c’était tout ce qui comptait. S’il y avait vraiment des manières d’ensorceler dans ce monde, c’était par les mots et il fallait bien reconnaître que, de ce point de vue-là, il était effectivement sorcier. Les prêtres aussi. Tout le monde, en fait. Sauf les muets ne sachant écrire. Ça ferait un beau feu de joie, tout ça…
Mais on le porta à sa chaise, interrompant ses réflexions. Il écouta donc le juge et rendit un regard neutre au cardinal qui jubilait. On aurait dit qu’il se réjouissait de voir toutes ces abominables horreurs exister, rien que pouvoir jouer à les arrêter. Pas très catholique, tout ça.
Il il ignora le regard du juge et suivit le cardinal des yeux, nullement impressionné. Il se retint de soupirer à sa question, hocha plutôt la tête et s’adossa pour répondre.
« C’est en effet assez simple. Je ne pratique aucun art démoniaque et n’ai jamais pactisé avec Satan. »
Il soupira vraiment, cette fois, et leva un regard presque désolé au cardinal.
« Mais, bien entendu, vous allez dire que je mens, sans doute, comme le fieffé suppôt du malin que je suis, parce qu’en vous, vous avez déjà répondu à cette question pour moi et ne souhaitez pas vous dédire, au risque de passer pour quelqu’un qui ne sait pas ce qu’il dit, ce que je peux comprendre. »
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Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Matthieu leva les yeux au ciel à la justification du garde. Inutile de glapir ainsi... Le magistrat les calma également, ce qui rassura Matthieu. Il leur fallait commencer dans le calme.
Il oublia le reste de la pièce dès qu'il eut commencé son interrogatoire. Elle paraissait désormais irradier l'aura terrible d'un véritable inquisiteur. Comme prévu, le début ne fut pas simple. Avec flegme, il lui asséna une première gifle encore assez gentille.
- Tu te parjures déjà démon, j'aurais cru que tu aurais la décence d'attendre avant de mentir éhontément. Nous avons tous les témoignages et les preuves avec nous, pour prouver ce que tu persistes à nier. Tu as préparé des potions pour arracher des enfants au ventre de leur mère, pour ôter la vie, avoue. C'est toi qui est dans l'erreur et persiste à inventer des fables et de mauvaises paroles pour nous tromper. je sais ce que j'ai déjà pu voir, tu as des pouvoirs surnaturels. Inutile de nier ou de dissimuler.
Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Une première gifle. Le prisonnier ne l'avait pas volée en faisant semblant de ne pas comprendre de quoi le Cardinal parlait. Ce dernier rappela donc les activités démoniaques en question : les philtres, les potions, les envoûtements, les avortements. Le juge ne put qu'approuver Matthieu dans ses saines explications, clarifiantes, puis dans sa question à laquelle cette fois-ci le sorcier ne pourrait nier. Attendant la réponse de ce dernier, le magistrat ajoutera - dans un esprit retors bien dissimulé derrière sa neutre gravité :
-- Puisque vous le prenez ainsi, accusé : quand avez-vous commencé à faire usage de vos plantes, potions et autres traitements ? Et qui vous l'a enseigné ?
Voilà. A cela, il devra répondre. C'était concret. Ne restera ensuite qu'à produire la démonstration que ces activités étaient belle et bien démoniaques ainsi que l'avait soulevé justement, dans un premier temps, Son Éminence.
Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Et une nouvelle gifle ! Bon, ce n’était pas la première fois, surtout avec le cardinal et surtout depuis son réveil. Puis elle était gentille. Il ne retint pas son soupir à la réponse qui vint avec. Qui c’est qui avait prédit ça ? C’était lui ! Pouvait-on alors dire qu’il était devin ? Bah, il ne se risquerait pas à poser la question, même par curiosité. Il se pinça la lèvre à la suite, toutefois. Ça, il l’avait fait. Et ils le savaient. Parce qu’une traîtresse l’avait vendu. Ça, il ne pouvait pas le nier et il ne le ferait pas. Faute avouée à moitié pardonnée, qu’on disait ? Après tout…
« J’ai effectivement préparé ce type de breuvage, peu de fois, afin d’aider ces pauvres filles qui perdraient possiblement leur travail à cause de cet enfant conçu dans le dégoût, travail qui leur permet de survivre, même pas de vivre, et je l’ai fait au plus vite, quand le fœtus n’est pas encore une vraie vie. Je pourrai m’étendre davantage sur mes raisons mais vous en avez l’essentiel. Toutefois, je pourrai vous retrouver la recette : ce n’est rien de plus qu’un mélange d’herbes que l’on trouve en se penchant dans nos contrées, il n’est nullement cas de magie ou de pacte avec le Diable, je ne suis donc pas parjure. Quant à ces prétendus pouvoirs surnaturels, je crains d’avoir seulement dit des mots qui ont touché un point faible, comme n’importe qui peut le faire, même si vous refusez de reconnaître que ce n’est que cela. Je suis désolé pour vous. »
Et il l’était sincèrement, même si cela lui vaudrait sans aucun doute une nouvelle gifle. Il releva la tête vers le juge et serra intérieurement les dents. Bien joué. Vraiment bien joué. Mais… on entrait dans les clauses spéciales de son serment alors il allait falloir la jouer fine… Il hocha donc naturellement la tête et se redressa, le temps de rassembler ses idées avec l’air de la conversation.
« Pour répondre en toute honnêteté, j’ai commencé à m’intéresser aux plantes quand j’ai commencé à être un enfant et à ne plus pouvoir être constamment veillé par mes parents. Mon… état, si je puis dire, (il désigna et regarda ses jambes, signe le plus évident) fait que j’ai pu avoir besoin de soulager mes douleurs en prenant des infusions, le même genre que pour les rhumes et autres grippes, avec des plantes cueillies dans les campagnes, comme c’est d’usage hors de la ville quand on a un petit mal passager à apaiser. C’est donc surtout ma mère qui m’a transmis ces connaissances, et ce que j’entendais dire de la part des autres personnes des villages. »
Ah mais c’est qu’il n’avait pas demandé tous les professeurs, et puis sa question ne recoupait que les débuts ! Mais il se garda bien de sourire et conserva son expression neutre, regardant le juge puis le cardinal, attendant la question suivante.
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Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Matthieu attendit avec patience et esquissa un sourire triomphant, quoiqu'encore discret - tout était encore à faire - à sa réponse. Le reste cependant le fit hausser un sourcil. Il se dressa de toute sa hauteur avant de siffler.
- Comment oses-tu ? Qui es-tu pour juger quand la vie commence et qui mérite de la vivre ? Penser avoir ce pouvoir, c'est se croire au-dessus des lois divines, au-dessus de Dieu. Tu n'avais pas la possibilité de voir quelle serait la vie de ses enfants et si Dieu les rappellerait à lui par charité afin de leur éviter une vie de misère.
Son sourcil se haussa soudain avec un air intéressé.
- A moins que si ? (se retournant) Notez donc, greffier. Il semble que nous ayons aussi à creuser la piste d'un possible pouvoir de prescience. Encore un don de Satan sans doute.
Il redressa ensuite le menton à la suite de ses explications, en soupirant.
- De simples herbes... Mais bien entendu...
Ses yeux s'étrécirent à sa déclaration suivante. Il n'avait rien fait ? Le maudit ! Il savait ce qu'il avait ressenti, il ne pouvait en être autrement ! Rien ni personne n'aurait pu glisser ces mots dans son esprit. A cet instant, il tint plus du bloc de glace que de l'être humain.
- C'est typique de ta race que d'altérer la vérité par des pensées impies et par une hérétique duplicité.
Il se détourna, sans un mot de plus. Il mentait, c'était la seule explication. Il tentait de le duper, de l'embrouiller... Rien d'autre ne pouvait venir expliquer ce trou béant qui commençait à s'étendre dans sa poitrine. Tout à sa colère sourde, il laissa le juge poser sa question prosaïque. Malgré la réponse plutôt convaincante et satisfaisante, Matthieu sentit que ce n'était pas assez. Il se rapprocha de nouveau.
- Ce que tu entendais ? Était-ce seulement ta mère ou y avait-il quelqu'un d'autre ? Sans doute un infirme qui vivait lui aussi dans la forêt, en marge, prompt à t'enseigner loin de notre monde chrétien les bons usages. Tu as eu un autre maître, je suis prêt à le parier.
- Spoiler:
- @Fatum Défi relevé, et de un !
Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Le juge entendit avec une grande satisfaction, à l'instar du Cardinal, que le prisonnier reconnaissait sans difficulté l'empoisonnement du ventre de ces femmes et les avortements. Bien. Ce serait un aveu de moins à extorquer sous la contrainte. L'aveu fait de la bouche même du fautif favorisait un possible salut de son âme... et peut-être même la clémence du Tribunal dans la prononciation de la peine. Il avait tout intérêt à coopérer. Nier aurait du reste été stupide : ils disposaient de toutes les preuves de ces faits-là.
La suite fit naturellement tiquer le magistrat comme le secrétaire. De pauvres filles qui accomplissaient ce travail par misère, oui. Mais cela ne pouvait excuser un acte aussi sacrilège. Quant à la vie... Pour qui se prenait ce sorcier ?! Qui pouvait avoir l'outrecuidance de dire où exactement commençait la vie une fois conçu un être en devenir et mis dans le ventre de sa mère ? Le magistrat acquiesça aux saines paroles de Son Éminence qui exposait très bien les tenants de ce péché, et ne jugea pas nécessaire d'en rajouter.
Les deux hommes s'étonnèrent cependant des hypothèses suivantes formulées par le Cardinal. Un pouvoir de prescience ? Si le juge sut garder un masque de neutralité, le greffier pour sa part haussa un sourcil... tout en obéissant. Il n'avait qu'à se contenter de prendre en note la moindre parole prononcée, ainsi que l'exigeait sa fonction. Sans commentaire. Pourtant, quelque chose les troublait. Si cet infirme disposait d'une telle faculté, alors il aurait vu juste quant au fatal destin des enfants qu'il éliminait ? Ce qui quelque part... lui donnerait raison ? Cela tenait-il ? Après tout... peut-être pas, trancha intérieurement le magistrat ! Même si ces fœtus étaient déjà condamnés, qu'Hyriel l'avait vu et que ses mains pécheresses n'avaient fait que prendre de l'avance, cela ne lui donnait en rien l'autorisation d'outrepasser la main de Dieu sur leur vie et leur mort. C'était faire preuve d'un orgueil sans borne, et sortir de la condition dans laquelle le Seigneur avait mis chaque être vivant : ne pas s'arroger le droit de décider - ni même de savoir - quand la mort viendrait emporter un innocent. Prescience ou non, se décida-t-il, la culpabilité était manifeste. Orgueil. Et faiseur d'anges.
-- Pour ce qui est de la prescience, vous êtes plus qualifié que moi en la matière, Votre Éminence. Je vous laisse le soin de l'expertise. Toutefois oui, prescience ou non, l'orgueil et l'usurpation d'un rôle divin sont nets. Son regard tomba, coupant, sur leur prisonnier attaché. Il se rappela alors du rapport dont il avait été instruit quant à la tenue du circuit de l'accusé dans les rues de Braktenn. Il n'y a qu'à voir aussi cette cohorte de miséreux et d'éclopés qui se sont amassés autour du fourgon lors de son transfert, tels des adeptes avec leurs offrandes sous l'influence d'une idole.
Un envoûteur. Un mystificateur sacrilège qui aimait à recevoir des honneurs outrepassant sa condition. Avaient-ils affaire à cela ? La tension s'accrût dès l'instant suivant : même le magistrat et le greffier se sentirent le souffle suspendu, une fine vague de froid le long du derme, devant la figure de glace que devenait le Cardinal. L'homme semblait presque absent, cédant la voix à quelque chose d'inquiétant venu du fond de lui. Le greffier nota sans mot dire son commentaire, tandis que le juge plissa du front à la réponse d'Hyriel. Puis aux commentaires du Cardinal. Un intérêt pour les plantes qui remonterait à l'enfance. Une instruction donnée par sa mère et au gré de quelques recettes de bonne fame entendues ici et là. Met-on. Encore fallait-il que seules des plantes soient bien en cause, ainsi que suggérait Matthieu Cassin.
Il approuva sa nouvelle demande. Sa figure sèche se retourna vers l'infirme : qui l'avait formé ? Quant à la question du "où", les interrogations que le magistrat lui formulerait au sujet de son identité et de l'endroit d'où il venait ne tarderaient pas. Le juge se fit tout de même la réflexion étonnée que l'ecclésiastique semblait soupçonner tout particulièrement les invalides : à l'entendre, ce serait un autre estropié qui aurait initié celui qui les occupait en ce moment. La nature ne manquait pas non plus de sorcières et autres félons bien valides... Pour l'heure, il attendra les réponses du sorcier au Cardinal - et laissera ce dernier poser ses questions suivantes.
- Spoiler:
- @Irène d'Aubeville j'ai vu que tu as relevé les deux défis, je t'ajoute les bonus de ce pas
Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Le premier étonnement d’Hyriel fut qu’il ne se prit pas de nouvelle gifle. C’était bien, ça, même si la satisfaction du juge voulait tout et rien dire. Le second fut d’entendre le cardinal siffler comme un serpent. Pourtant, c’était lui, le serpent de l’histoire. Mais bon. Ce qu’il débita était attendu… sauf la fin. L’étonnement se peignit sur ses traits. Vraiment ? Il se contenta de soupirer avant de regarder le juge, songeur.
« Puis-je vous demander, Excellence, pour comprendre ma faute, en quoi votre fonction échappe-t-elle à cela quand il s’agit de condamner à mort ? Je vous avoue en toute simplicité ne pas comprendre. »
Et il était sincère… même s’il avait une petite idée sur la question. Il fixa le juge le temps de son intervention et il soupira légèrement.
« Croyez bien que je n’ai aucune intention de me prendre pour un dieu, quel qu’il soit. Si je devais défendre ces gens, je dirais juste qu’ils ont peut-être eu pitié d’un prisonnier, dans le froid. »
Il retourna la tête vers le cardinal en hochant la tête à son soupire douteux. Oui, oui, de simples herbes. Il fronça les sourcils d’incompréhension ensuite.
« Ma race ? Humaine, monbrinienne ? Nous appartenons à la même, je ne vois pas où vous voulez en venir… »
La race des sorciers ? Des infirmes ? Là, peut-être… Il aurait quand même tort mais il aurait au moins eu l’intelligence de s’exclure du lot. Il le suivit ensuite du regard. Il commençait à se fendiller, il le sentait, mais craquerait-il ? Et que se passerait-il alors ? Révélerait-il un cœur tendre ou un cœur de pierre ? Le risque en valait-il la peine ? Il soutint le regard du cardinal alors qu’il se rapprochait. Il fronça les sourcils. Un infirme… il faisait vraiment une fixette, c’était évident. Eh bien manque de chance, non ! Mais bon, ce n’était plus la question, il n’aurait même pas à parjurer, simplement à secouer la tête, impuissant, sans comprendre vraiment pourquoi s’acharner à ce point. Bien les gens de la ville, ça…
« Je vous l’ai dit, tous les gens du village sont mes maîtres, à ce compte. Allez dans les campagnes si vous ne me croyez pas, vous verrez que presque tout le monde sait que telle ou telle plante est dangereuse pour les bêtes ou les hommes, pour les enfants ou les adultes, ou que celle-ci donne bonne haleine ou celle-là un joli teint, voire que celle-là soigne à petite dose les petits maux mais qu’il ne faut pas en abuser… Monbrina aurait une mortalité inquiétante dans ses campagnes, dans le cas contraire… »
Et c’était toujours vrai ! Il dirait la vérité tant qu’il le pourrait, pour qu’on ne lui rajoute pas parjure…
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Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Matthieu fut tout aussi satisfait de l'aveu et encore plus satisfait de voir que le juge se rangeait à son avis concernant l'insolence de ce diable boiteux. En revanche, le greffier sembla plus sceptique. Matthieu haussa un sourcil en retour, lui intimant silencieusement de s'occuper de son travail comme lui s'occuper du sien. Il acquiesça vers le juge.
- En effet, Excellence, nous pouvons tous les deux constater.
Constater, oui, et d'autant plus à son insolence suivante. Cette fois, une autre gifle partit.
- Insolent ! Vas-tu cesser d'aggraver ton cas avec des paroles outrageantes ? Son Excellence exerce sa fonction, la justice sous la protection et avec l'aval de Dieu tandis que tu t'octroies pour toi-même un pouvoir immense, celui de vie ou de mort ! As-tu conscience de la stupidité de ta question ?
Le reste fut la goutte d'eau. La gifle qui partit ensuite fut plus violente. Plus viscérale. Dans les yeux de Matthieu venait de naître un incendie et sa voix grave semblait gronder comme le tonnerre.
- Comment oses-tu ?! Hérétique ! Impie ! Païen ! Maudit ! De quel droit remets-tu en cause l'existence de Dieu, de la Sainte Trinité . N'as-tu donc aucune considération ? Aucune foi ?
Il se retourna vers le juge, toujours comme habité par un orage.
- Voyez, Excellence, quelle impudence est la sienne ? Qui d'autre qu'un démon pourrait ainsi douter de la Sainte Église et même considérer ces autres dieux païens et sanguinaires, ces fausses idoles des peuples barbares ?
Il devait brûler. Se consumer sur un bûcher jusqu'à ce que la moindre parcelle de son âme soit purifiée de toute cette souillure qui semblait l'avoir corrompue tout entier.
Nouvelle insolence. Matthieu abattit ses poings sur la chaise avec violence.
- Exactement ! Ta race de démons maudits, éclopés, invalides. Des menteurs, des voleurs, des assassins, des sorciers ! Tous ! Vous nous précipiterez un par un vers l'infernale abysse par vos maléfices. Vous êtes la marque que le diable a laissé sur terre pour tenter de nous corrompre. Mais il n'y parviendra pas ! Au nom de notre Saint Père et de notre Saint Église, je vous traquerai, je vous aurai, un par un, même si je dois retourner tous les bas-fonds maudits de cette ville ! Satan quittera cette terre grâce aux serviteurs de Dieu qui auront ramené leurs brebis égarées dans le droit chemin et qui auront brûlé jusqu'au dernier des moutons noirs de votre race !
Il se releva et dut reprendre son souffle, presque en sueur, comme s'il venait de cracher tout l'air de ses poumons. Un ange passa un instant dans la pièce avant qu'il ne perçoive une autre incursions du juge. Il reprit en levant un doigt, plus calme.
- Oui, voilà. Exactement, votre Excellence. Il y a là nous seulement envoûtement de braves gens mais appel à ses congénères de le suivre. Voilà la preuve. Ils sont là, partout. Ils cherchent à nous corrompre.
Il s'approcha de nouveau d'Hyriel, un sourire mauvais aux lèvres.
- Et je suis prêt à parier qu'il est l'un de leurs chefs. Nous avons attrapé l'une des têtes et cela fait peur aux autres : Croyez-moi, celui-là doit servir d'exemple et nous serons débarrassé de cette vermine, elle se tiendra à carreau, au moins pour un temps.
Il se redressa de nouveau, fier, assuré, triomphant. Ce serait l'exemple final. Le couronnement de sa carrière. La suite l'intéressa si peu qu'il le balaya de la main. Les herbes n'étaient qu'une bagatelle secondaire. L'envoûtement et tout le reste, il pouvait le prouver, ce serait le plus probant auprès des foules. Ils sauraient alors tous la vérité. Sa vérité.
La tienne ? Vraiment ?
Il chassa cette petite voix agaçante et écouta à peine la fin de la justification d'Hyriel.
- Soit, soit... Mais nous diras-tu alors quand tu as pactisé avec le diable ? Quand est-il venu murmurer à ton oreille et de quelle façon ?
Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
La question de l'accusé eut à peine le temps de scandaliser le juge que déjà, Son Éminence se chargeait d'y répondre - par une claque bien méritée d'abord, puis par un sain rappel quant à la justice en tant que mission institutionnelle, tout comme le roi l'était de droit divin. L'essentiel était dit. Le magistrat ajoutera seulement :
-- Quand la Justice tue, la chose est légale : ce sont des coupables qu'elle punit. Rien à voir avec des philtres qui ôtent la vie à des innocents.
La mort avait toujours été autorisée pour les deux seules exceptions du châtiment mérité ordonné par les Tribunaux - et des guerres ordonnées par un État. Cela tombait sous le sens et le sorcier ne faisait qu'amener sur lui davantage d'ennuis en proférant autant d'insolences sous ses faux airs ignorants. La suite ne fut guère mieux. Un dieu quel qu'il soit ? Osait-il sous-entendre qu'il puisse y en avoir plusieurs ou qu'il accordait le moindre crédit à d'autres divinités que le Seigneur et son Fils Jésus Christ ? Le greffier et le juge s'échangèrent des regards consternés avant que la nouvelle gifle du Cardinal au prisonnier ne ramène sur eux toute leur attention.
Cette fois-ci, Matthieu Cassin sortit de ses gonds. Il y avait de quoi ! Le juge hocha gravement la tête à l'interpellation de l'ecclésiastique : effectivement, l'on pouvait s'inquiéter des croyances impies de cet estropié. Cette seule parole qu'il avait prononcée donnait largement à entrevoir l'étendue de ses hérésies. Du désordre qu'il devait semer dans les esprits de qui tombait sous son influence. Incendiaire, Son Éminence se retourna vers le sorcier pour frapper de toute sa force aux accotoirs de la chaise où il était menotté. Gronda une voix furibonde pour accuser derechef les invalides qui, décidément, à en croire le Cardinal et les enseignements qu'il avait reçus, portaient particulièrement en eux le stigmate du mal. Leurs corps, disait-on, était marqué par le péché ou par le Diable. Dans un silence de plomb, on laissa Matthieu reprendre son souffle et se calmer. Comme il se promettait de faire un exemple avec ce démon, le magistrat le soutint d'une intervention qui, espéra-t-il, assurera le Cardinal dans sa mission et l'apaisera un tant soit peu - il semblait en avoir besoin... son affaire du jour l'éprouvait :
-- Je dirais même que maintenant que nous tenons celui-là, nous aurons bientôt les autres. Ces misérables sous influence qui s'étaient précipités autour de lui. Mais également ses complices. Faire donner sous peu à Hyriel les identités de ses acolytes, clients et victimes n'allait pas être une mince affaire. Cela viendrait en son temps. Ceci dit je partage votre espoir : qu'une fois une mauvaise herbe arrachée, cela contribue déjà à assainir un peu les alentours sans que nous n'ayons à trop frapper.
Il regarda le secrétaire prendre en note la réponse de l'accusé concernant les plantes connues dans les campagnes. Le juge souffla du nez. Il y avait une grande nuance entre connaître quelques petits éléments botanique de bon sens et être capable de composer des philtres d'un rare danger. Si les campagnes étaient remplies d'empoisonneurs, cela se saurait aussi ! Il semblait donc évident au magistrat que l'accusé persistait à cacher qui avait pu l'initier à ses dangereuses pratiques. Soit. On laissera ceci de côté pour l'heure. Les questions auxquelles il se sera montré retours lui seraient à nouveau soumises sous peu. Pour l'heure, le Cardinal réitéra une demande déjà faite un peu plus tôt : celle de son pacte avec le diable. Cette fois-ci, après les mots impies qu'il venait de proférer, le prisonnier persisterait-il à nier ?
-- Soyez raisonnable, accusé. Un aveu fait à temps vous vaudra l'indulgence du Tribunal autant que de notre Sainte Mère l'Église. Reconnaissez vos égarements : le châtiment sera bien moindre, et il ne sera pas trop tard pour retrouver le droit chemin.
Silence. Le juge, tout autant que le Cardinal, guettera la réponse d'Hyriel quant à ses accointances diaboliques. L'infirme serait ensuite à point pour répondre à quelques questions que l'ecclésiastique ne manquerait sans doute pas de lui adresser quant à la qualité de sa foi, de son baptême, au encore au sujet de l'état de son corps... Il y aurait là probablement encore grande matière à déceler plus d'un indice.
Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Et encore une ! Ah, ce refus de se remettre en question… Surtout que la réponse du cardinal ne faisait qu’accentuer le paradoxe mais bon, il n’était pas à un concile et allait donc éviter d’entrer en débat, pour son propre bien, surtout que le juge eut la bonté de répondre à sa question. Il le remercia d’un rapide hochement de tête. C’était toujours aussi idiot mais au moins, c’était une réponse calme à la question posée. Il serra les dents à la nouvelle gifle et ne redressa pas la tête tout de suite pour laisser partir la brûlure. Bon. Il aurait peut-être dû se souvenir que ses interlocuteurs étaient étroits d’esprits, prêts à réagir au quart de tour à ses mots. Il ne ferait plus la même erreur. Il releva brusquement la tête et la secoua quand le cardinal prit le juge à témoin et que celui-ci approuva.
« Non, Excellence, Éminence, il y a méprise, ce n’était pas du tout ce que je voulais dire. Vous me reprochiez de me prendre pour une idole et donc un dieu concurrent, non ? Je vous disais alors qu’il n’en est rien, que je ne me prends ni pour Dieu, ni pour un hypothétique autre, soyez-en sûr ! Je vous le jure, si cela peut vous rassurer, mais je n’avais aucune intention de blasphémer, simplement de me défendre de ce dont vous m’accusiez. »
Il n’eut pas trop le temps de se reprendre que le cardinal s’en prenait à sa pauvre chaise qui n’avait rien demandé à personne. Il sursauta, surpris, et écouta la suite. Il en avait décidément contre les infirmes. Il ne put que revoir cet Ulysse, quand il avait fait preuve d’un avis similaire avant de le soigner. Il s’était bien amusé à le faire chanter en lui disant qu’il risquerait de devenir manchot s’il ne se laissait pas soigner… Que lui arriverait-il, au cardinal, si on lui coupait un bras, lui aussi ? Ou s’il perdait ses jambes ? Il se garda bien de poser la question, sachant pertinemment qu’il avait atteint la limite, mais demeurait curieux. Il pourrait lui demander sur le bûcher, tiens, vu qu’il y avait de fortes chances qu’il y finisse. Ce serait amusant, comme dernière parole, publiquement…
Il ne répondit donc pas et se contenta de se réadosser, après le mouvement de recul qu’il n’avait pu contenir. Il se retint de rire au calme retrouvé et à l’index levé et secoua la tête tout le long que dura le reste de ses paroles. Non, non, non, il n’était pas leur chef, ils n’étaient que des gens au cœur plus pur que la plupart à force d’avoir trop souffert et qui étaient venu en aide à un ami, seulement, rien de plus, rien de ce que disait le cardinal. Il ne fallait pas que ses amis souffrent à cause de lui… Il soupira légèrement à l’air fier du cardinal et se concentra sur cette petite victoire : il acceptait son histoire.
Il soupira plus fort à sa question et à la… gentillesse ? du juge. Ils ne comprenaient vraiment rien, bornés qu’ils étaient dans leurs idées préconçues… À quoi servait donc cet interrogatoire puisqu’ils avaient déjà répondu à toutes les questions ?
« Je vous ai déjà dit qu’il n’en était rien et je vous le jure de nouveau : je n’ai pas pactisé avec le Diable et il n'est jamais venu me parler. »
Accusez-moi à nouveau de parjure, allez-y…
Il espérait seulement que, s’il existait et qu’il les regardait, Dieu était aussi désespéré que lui des bêtises effectuées en son nom et des moutons automates qui lui servaient d’émissaires…
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Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Matthieu approuva immédiatement le juge, soucieux e corriger ce caractère rebelle qui retournait plus de questions qu'il ne répondait. Pendant qu'Hyriel tentait de se justifier, Matthieu secoua la tête, peu dupe de ce qu'il pensait être de nouveau un manège et de belles paroles pour les embrouiller. Surtout qu'il persistait le bougre. Il frappa de nouveau du poing sur la chaise.
- Assez, impie ! Non seulement tu t'octroies les pouvoirs de Dieu mais tu sous-entendu tes doutes et ta considération des dieux païens ! Il n'y a qu'un Dieu, un seul ! Tes doutes sont les preuves de ta grande faute en ton esprit ! As-tu au moins la foi ? As-tu été seulement baptisé ? Comprends-tu le rite sacré de la communion ? As-tu jamais reçu la confirmation ? Je suis prêt à parier que non et que ta soit-disant démonstration de foi l'autre jour à l'église de Monthoux n'était qu'une sainte comédie que tu a joué pour les yeux crédules de tes malheureux maîtres.
Il vit le mouvement de recul d'Hyriel et fut satisfait d'enfin pouvoir tirer une réaction satisfaisante de lui, autre que son agaçante insolence. Il se retourna vers le juge et l'approuva encore une fois. Bien sûr. Comme l'Hydre des légendes, il fallait se concentrer sur la tête du centre pour avoir le reste.
Il soupira à sa réponse. il persistait l'imbécile : Ils devraient aller chercher leur réponse eux-mêmes. Il se tourna vers le juge.
- Bien. Puisque l'accusé est si réticent à avouer, quand bien même vous lui tendez une main, je suggère que nous procédions à un petit examen de son corps, pour déceler les marques que Satan aura déposé sur lui. S'il ne veux pas nous faire un aveu concret, nous irons chercher les preuves nous-mêmes.
Il se tourna de nouveau vers Hyriel, déterminé et dressé de toute sa hauteur. Ils allaient bien voir qui était le plus fort à ce jeu-là.
Re: [22 décembre 1597, matin] Rampe, serpent, puis te confesse [Terminé]
Les violentes gifles laissèrent le prisonnier brièvement sonné et tête penchée. Il écouta leurs réponses respectives sans broncher davantage - Dieu merci, voilà qui était reposant ! Puis il se redressa net aux accusations d'hérésie, soucieux alors de clarifier sa pensée. Le voilà à prétendre que ses mots avaient été malhabiles. Nouvelle tentative de se rattraper et de brouiller les pistes, comme avait l'air de le dénoncer le Cardinal... ou véritable maladresse de langage ? Pour le coup, le juge fit signe à son greffier de noter en marge un code indiquant que le bénéfice du doute était laissé à l'accusé. Le renouvellement de ses dénégations de fréquentation du malin fut lui aussi enregistré.
Son Éminence saisit en tout cas l'opportunité afin de poser les questions de foi qui s'imposaient. Était-il baptisé ? Confirmé ? Croyait-il comme il le fallait en Dieu et en sa Sainte Église ? Les réponses promettaient d'être instructives. L'ecclésiastique souleva alors une anecdote qui arrêta la vigilance du magistrat : Hyriel s'était montré fort pieux lors des messes au domaine de Monthoux. Un aporie se dessinait en cela aux yeux du Sieur Bontenpoix : s'il n'avait pas été pieux, l'infirme aurait été réprimandé et immédiatement suspecté d'hérésie. Et à présent on lui reprochait de l'avoir été. Malheureusement, s'il était aussi simple pour débusquer les démons et les impies de se concentrer sur ceux qui venaient ou non aux offices... Le juge pouvait toutefois comprendre le dépit de Matthieu Cassin si un serviteur du malin avait réussi à pousser sa duplicité jusqu'à apparaître comme le meilleur des croyants aux yeux de ses anciens patrons !
Il fallait espérer que des informations éclairantes allaient surgir des nouvelles réponses qu'allait fournir l'accusé quant à la nature de sa foi et à la qualité des sacrements reçus de l'Église. Le secrétaire et le magistrat regardèrent Hyriel, mains croisées sur le bureau, yeux fixés dans toute leur concentration.
Vint alors le moment de l'examen, comme les manuels le recommandaient à tous les démonologues et chasseurs de sorciers. Le juge acquiesça à la demande du Cardinal. En termes de marques, il y avait déjà - évidemment - cette infirmité en elle-même. Mais qui disait que l'ecclésiastique n'allait pas découvrir d'autres traces recensées par les spécialistes ? Le moment n'allait pas être agréable, toutefois le juge en comprenait la nécessité : l'administration exigeait l'établissement des comptes-rendus les plus complets possible. Le cas d'Hyriel, s'il se révélait être un sorcier, irait d'ailleurs lui aussi enrichir d'ici quelques mois les catalogues de traces à rechercher.
-- Gardes. Dévêtez l'accusé. Entièrement.
Les soldats revinrent. Sans un mot, ils délivrèrent Hyriel de ses menottes, le levèrent et le déplacèrent un peu à côté de la chaise. Tandis qu'ils le maintenaient à peu près debout - posture dans laquelle il resterait tout le temps qu'il serait nécessaire à Matthieu Cassin - un troisième homme appelé en renfort par le magistrat fit son entrée. Tout aussi distant et fermé que ses collègues, ce nouveau venu batailla à retirer les attelles du prisonnier, qui tombèrent finalement dans un fracas métallique. La petite médaille déjà trouvée lors de la fouille chuta elle aussi au milieu du fatras. Le geôlier la ramassa, la posa sur le coin du bureau en attendant la fin de l'inspection : ils ne referaient pas l'erreur de la confisquer, puisque - pour une bien mystérieuse raison - le Ministre des Affaires étrangères avait, la veille, ordonné qu'on la restitue au sorcier. Puis le garde déshabilla Hyriel, dont il évita de croiser son regard. Pour ne pas y lire l'humiliation du moment... mais tout autant pour ne pas donner à voir sa propre gêne. Les inspections corporelles n'étaient jamais une procédure réjouissante. Pas pour lui en tout cas : certains gardes y prenaient bien plus de plaisir et de curiosité malsaine...
Les prunelles des deux collègues ne manquèrent pas de plonger vers les si étranges jambes de l'accusé. Maigres comme deux bâtons, tordues. L'air si fragiles. L'un des hommes déglutit - de dégoût ? de pitié ? - avant de préférer détourner le regard, qu'il ramena sur le haut du corps, pour le coup fort charpenté sans doute par compensation. L'habitude de le solliciter davantage, probablement. Son voisin grimaça ostensiblement et eut même le début d'un de ces rires qui protègent devant ce qui heurte.
Le juge resta de marbre. Il laissera le soin des analyses au Cardinal. Tout comme celui des questions qui s'imposeraient quant à la nature précise de cette infirmité. Voire de ses origines douteuses ? Comment Hyriel en parlait-il lui-même ?
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