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[RP Solo][Flashback - Automne 1571] - Le jour où tout a commencé [Terminé]

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Message par Coldris de Fromart Sam 20 Fév - 15:29



Coldris de Fromart, 26 ans

Il est vrai que lorsque tu es né,
Je n'ai pas daigné te regarder,
Car c'est un autre que j'attendais,
Dans ce blanc berceau de  nouveau-né.

Mais je n'ai pas pu le rencontrer,
Car elle m'en a dépossédé
De celui que déjà j'adorais
Cette jalouse mer courroucée.

Les jours ont défilé.
Les nuits ont défilé.
Les mois ont défilé.

Sans que ne puisse cicatriser
Ces purulentes, souffrantes plaies
Ne laissant qu'un coeur pétrifié
Hanté, torturé, supplicié.

Les jours ont défilé.
Les nuits ont défilé.
Les mois ont défilé.

Incapable de pouvoir t'aimer
Sans pouvoir fuir et te rejeter
Incapable de te regarder
Sans pouvoir fuir et partir pleurer.

Mais il n'est qu'une immuable et dur vérité :
Tu n'y es pour rien dans ce qui est arrivé.

Les jours vont encore défiler.
Les nuits vont encore défiler.
Les mois vont encore défiler.

Avant que je ne puisse t'aimer
Mais je sais bien que j'y parviendrai,
Car tu es mon fils, mon héritier,
Rien ne saurait nous le retirer.

Ni mère enfiellée.
Ni début tourmenté.



A mon fils, Coldris






1570 - 1571

Quand Virgil lui avait annoncé que des rumeurs concernant un nourrisson sur un navire avaient été entendues au port de Nérée, il était sorti de la torpeur dans laquelle il s’était enfoncé durant huit mois. C’était comme une lueur d’espoir dans la noirceur qui l’habitait et dans laquelle il avait tenté plusieurs fois de s’abandonner. Son ami avait raison : si son fils était vivant, il ne pouvait pas baisser les bras. Il devait tout faire pour le récupérer. Cette simple annonce avait suffi à lui faire verser toutes les larmes qu’il lui restait.
Son désespoir se mua en obsession et il n’eut dès lors de cesse de retourner chaque port, de s’enquérir de chaque navire qui accostait à Monbrina dans l’espoir de le retrouver. Il devait le faire. Pour elle, pour lui, pour eux. Il était devenu ce fil ténu qui le maintenait en vie, la corde lancée qu’il lui avait permis de regagner la rive. Seulement après des mois de recherches intensives, la flamme vacilla. Devant l’inefficacité de ses recherches, le doute s’installa. Les voix dont la présence avait décuplé, profitant de sa propre absence, ne cessaient de contester les paroles de son ami. Il en arriva à se dire que Virgil n’avait fait que lui mentir dans l’unique dessein de l’empêcher de mettre fin à ses jours. Et Coldris replongea, plus profondément encore dans l’obscurité.

Aurélia était morte.
Son fils était mort.
Sarkeris était mort.

C’était la seule explication cohérente. Un nourrisson ne survivait pas à bord d’un navire. Il était mort. De froid. De faim. D’une quelconque maladie. Peut-être l’avait-on simplement jeté par-dessus bord comme on noyait les chiots. Cette simple idée suffisait à l’obliger à étouffer ses pensées dans le laudanum dont il usait et abusait chaque jour pour se maintenir à flot.

Il ne la reverrait plus jamais.
Il ne rencontrerait jamais son fils.

Chaque fois qu’il posait son regard sur cette garce d’Asoana, toutes ses blessures se rouvraient et de grands doigts griffus prenaient un malin plaisir à triturer ses chairs. Infernal supplice que de côtoyer celle qui avait provoqué son départ. Elle aurait dû mourir, elle. Pourquoi n’était-elle pas morte ! Elle aurait dû mourir et Aurélia aurait dû vivre avec lui ! Ils auraient dû l’élever ensemble, mais non, on l’avait privé de son amour et de son fils.

Il avait bien eu un autre fils avec sa femme, Alduis. Il l’avait baptisé quelques mois avant la naissance de Sarkeris : il n’avait daigné lui adresser qu’un vague regard le jour de sa naissance. Son devoir était accompli et c’était tout ce qui comptait. Ce n’était pas lui qu’il comptait prendre comme héritier, car il n’avait jamais envisagé une seule seconde de ne pas légitimer celui qui aurait dû l’être. La vue du petit blondinet l’insupportait. Il la fuyait autant que possible de peur de réveiller ses démons tout juste assoupis. Il évitait de le côtoyer. Ne lui parlait pas. Ne le regardait pas. Il refusait de croiser ce regard aussi bleu que le sien et ses cheveux aussi blonds que cette sournoise catin de malheur qu'il voulait enterrer.

Coldris haïssait ce château plus que tout. Il l’avait ravagé pour éponger sa souffrance. Cela n’avait pas suffi. Il n’y avait qu’une pièce qu’il avait fini par apprécier : son bureau. Là où trônait le portrait de sa jolie déesse devant qui il pouvait écouler silencieusement toutes ses larmes avec pour seul témoin les astres.

septembre- octobre 1571

Il s’était fait une raison. Sarkeris avait disparu. Il était sans doute mort ou peut-être avait-il échoué dans un quelconque pays étranger. Il ne le retrouverait jamais. Ce n’était pas un, mais deux deuils qu’on l’avait obligé à faire. Si encore on avait pu lui ramener le petit… Il fallait désormais tourner la page et tout reconstruire. Y compris sans la moindre envie. Il devait faire ce qu’il faisait toujours : avancer encore et toujours, qu’importe la peine ou les difficultés. Il avait même réussi à coucher de nouveau quelques fois avec sa femme en fermant les yeux de dégout. Simplement pour avoir un second fils. Juste au cas où. Mais il avait eu une fille qu’il avait nommée Bérénice. Tant pis. Il faudrait que celui-ci survive. Il refusait d’avoir de nouveau le moindre centimètre carré de chair contre celle d’Asoana.

***

Coldris passa devant le salon principal, machinalement, il jeta un œil à l’intérieur et croisa celui d’Alduis. Il s’immobilisa sans pouvoir retenir un frisson. Le garçonnet se figea de concert, figurine de chevalier suspendu dans les airs. Il déglutit péniblement.

Tu devrais essayer de lui parler, Coldris. Il reste ton fils. Je sais que c’est dur, mais te lier avec lui ne les trahira pas. S’il te plait, essaye.

Il s’appuya d’une main contre le chambranle de la porte, sans le quitter du regard.

Il n’y est pour rien, tu le sais n’est-ce pas.
Je sais.
Elle n’aurait pas voulu cela.
Laisse-là en dehors de ça.
Laisse-lui une chance, Coldris.
Je ne peux pas, Virgil. Je n’y arrive pas. Dès que je le vois je pense à elle.

Terrifié, Alduis se mit soudainement à pleurer et Coldris tourna les talons reprenant sa route.

***

Il n’y avait guère que la lueur faiblarde des dizaines de bougies pour déchirer le voile de ténèbres qui engloutissait le bureau et l’âme de Coldris. Dans l’âtre, crépitait timidement un feu oublié par le maitre des lieux qui se tenait debout, face à lui, un verre de whisky-laudanum à la main. Comme tous les soirs, il n’avait pas su résister à l’appel de la petite fiole de verre qui engourdissait ses sens et noyait ses noires pensées. C’était devenu une habitude. Un rituel auquel il ne pouvait plus se soustraire sous peine de s’agiter dans une colère qu’il ne parvenait plus à endiguer seul. Alors, il cédait sans discuter et en versait quelques gouttes dans un quelconque breuvage. Le regard rivé vers la jolie nymphe blonde au regard océan, il semblait tenter de se perdre dans ces prunelles qui le fixaient avec malice.  Parfois, lorsqu’il abusait du remède, il lui semblait la voir se mouvoir dans son cadre. Il tendait alors timidement la main, mais n’y rencontrait que la craquelure rugueuse de la peinture séchée et c’était finalement tout son être qui se craquelait jusqu’à se désagréger complètement.

Poussière, tu étais. Poussière, tu reviendras et demeureras.

J’aimerais que tu sois là. J’aimerais que tu me dises quoi faire. Mais si tu étais là, la question ne se poserait pas n’est-ce pas. Je t’aime tellement, le sais-tu ? J’aimerais entendre ta voix. Tu sais qu’il m’arrive encore de rêver de toi et de te chercher à côté de moi ? Je rêve que je glisse mes doigts dans tes longs cheveux et que tu me souris. Je rêve que l’on se promène tous les trois, main dans la main. Je voudrais ne jamais me réveiller et rêver pour l’éternité. Les jours filent et défilent, mais vivre ici est une vraie torture. Un supplice qui m’empêche de faire cicatriser mes plaies. Je ne sais plus quoi faire. Je ne veux plus souffrir. J’en ai assez. Je voulais le retrouver, mais je n’y arrive pas! Est-ce qu’il est avec toi ? Virgil dit que je devrais m’intéresser à Alduis. Je n’y arrive pas. Je ne peux pas. C’est plus fort que moi. Toi aussi tu serais de son avis, pas vrai ? Je sais que vous avez raison. Cela ne sert à rien de regarder derrière soi et oui… Ça ne me ressemble pas… Je sais… Mais comment veux-tu que j’y arrive ? Dès que je le vois, je pense à vous et je me consume de l’intérieur. Il finit par se mettre à pleurer et je m’enfuis… Il ne dit toujours pas un mot... Non, je ne sais pas m’y prendre. Si tu étais là, tout aurait été plus simple. Je l’aurais trouvé, la force de lui parler... Oui, je sais que je l’effraie surement autant qu’il ne m’effraie. Que puis-je y faire ? Au fond, je n’ai pas vraiment envie de franchir ce fossé. Je n’ai pas envie de lui donner satisfaction à elle… Tu peux bien dire que je suis idiot, ce n’est pas ça qui me changera. Dis-moi quelque chose s’il te plait. Rien qu’une chose…

Il se laissa tomber sur le tapis, le visage ruisselant, baigné par le rougeoiement des braises.

***

Cela faisait plusieurs jours et nuits qu’il retournait encore et toujours cette même question. Il n’était arrivé qu’à une seule conclusion : il devait le faire. Parce qu’il n’avait pas le choix. Il devait oser tourner cette page pour en écrire une autre. Parce qu’il avait besoin d’un héritier et qu’il n’en aurait jamais d’autres que lui. Parce qu’il ne pouvait pas lui donner raison en se laissant torturer ainsi. C’était lui accorder bien trop de crédit et de joie que de s’avouer vaincu. Parce que Coldris n’abandonnait pas. Il avait bien tenté de se laisser aller à la facilité, mais Virgil avait raison, ce n’est pas ce qu’elle aurait voulu. De cela, il en était certain, car ce n’est pas ce que lui aurait souhaité si leur place avait été inversée. Il l’aurait veillé de là où il était. Il aurait patienté. Il aurait voulu qu’elle vive pour eux. Ils auraient toute l’éternité pour se retrouver. Si éternité il y avait.
Malgré toute sa bonne volonté naissante, il ne savait toujours pas comment briser la glace qui s’était solidement créée entre eux. Qui plus est, Alduis ne parlait pas. Comment aurait-il pu avoir le moindre échange avec lui puisqu’il ne pouvait pas lui répondre ? Ce n’était pas comme lorsqu’il rendait visite à Virgil, Démétrius aurait bientôt six ans. Avec lui, on pouvait refaire la Guerre de Troie (ou celle des Gaules si c’était son père qui décidait) ou monter à cheval ou l’écouter rêver d’intégrer la cavalerie. Avec lui, c’était facile de tisser une relation, d’autant plus qu’il était aussi avenant que son père. Mais Alduis ? Alduis était muet comme une tombe. Dès qu’un regard se posait sur lui, il enfouissait sa tête entre ses épaules comme si le ciel allait l’assommer. Dès qu’il sentait une présence -encore plus la sienne- il se figeait. Il n’y avait que pour sa maudite mère qu’il n’avait d’yeux. À elle, il souriait. À elle, il apportait des jouets. À elle, il offrait ses petites mains pour faire quelques pas.

Emmène-le faire une activité que tu apprécies. Je ne sais pas moi… Lit, sort, chasse… Emmène le voir tes chevaux tiens !

C’était ce qu’avait dit Virgil en guise de réponse entre-deux « Haro ! ». C’était une bonne idée, mais… Il songea à son étalon, Alkaios. Ce qui l’entraina vers Sillage puis vers sa divine propriétaire et leurs innombrables, mais pourtant trop peu nombreuses promenades matinales. Ses entrailles se serrèrent propulsant un frisson qui remonta sa colonne vertébrale jusqu’à transpercer ce cœur pétrifié.

Je ne sais pas. avait-il répondu dépité tandis que son ami coursait son fils dans le grand salon de l’hôtel Saint Éloi.

Il fallait se rendre à l’évidence : elle était et serait toujours partout. Dans les écuries, dans chaque livre de sa bibliothèque -même les plus indécents et surtout dans le Prince-, dans son bureau, dans chacune de ses plumes et encrier, sur chacun de ses écritoires de bois ou de porcelaine, dans son lit et sur son oreiller, dans chaque fil d’or ou d’argent qui brocardait ses velours qu’il n’osait plus porter, dans chaque flèche qu’il sortait de son carquois, dans chaque rivière, dans chaque flocon qui tomberait, dans chaque navire qui accostait, dans chaque goutte d’eau… Elle était partout. Quoi qu’il fasse, il en revenait toujours à penser à elle. Comment pouvait-il réussir à faire quoi que ce soit avec lui sans être pris de vertiges ? Cela lui semblait impossible.


***

Quelques semaines s’étaient écoulées. Il avait essayé. Vraiment essayé. Mais chaque projet fut avorté. Il trouvait toujours une excuse valable. Ou Alduis la trouvait pour lui -ce qui l’arrangeait bien-. Quelques semaines qu’il refusait l’obstacle ou qu’il s’écrasait lamentablement dessus -question de point de vue-. Sa plus proche réussite constituait également son échec le plus critique : il avait réussi à combler la distance entre eux pour s’approcher du farouche petit d’homme qui n’était rien d’autre que son propre fils, il avait tendu la main pour le toucher et son bras s’était tétanisé. Son regard hagard avait contemplé cette main tremblante avant de la rabattre vigoureusement grâce à la seconde. Puis il avait fui -il s’était de toute façon remis à hurler à gorge déployée-. Coldris avait couru jusqu’à son bureau où il avait claqué la porte, haletant.

Résigné, il avait harponné Virgil dans l’un des couloirs du Conseil de Justice où il travaillait. Et ce n’était pas les dossiers sous son bras qui l’avait empêché de le trainer quelques salles plus loin pour lui parler de ses déconvenues. Et non, ça ne pouvait pas attendre qu’il ait terminé, ni même ce soir. Parce que Coldris, lui de journées et de nuits, il n’en avait plus. Tout se mélangeait désormais, et la seule distinction qu’il parvenait encore à faire était aussi évidente que la course des astres qui chaque jour suivait l’infaillible même rythme. Il avait besoin de son ami. Il avait besoin du seul élément stable de sa vie. Quoi qu’il se passe, quoi qu’il advienne, Virgil demeurait invariablement calme et égal à lui-même. Il avait le recul qu’il n’avait pas. Il avait la patience qui contrebalançait son impulsivité. Il avait sagesse qui pouvait enfermer ses démons. Virgil était un rocher battu par les flots déchainés et les vents turbulents, solides et infaillibles. On pouvait s’y arrimer et attendre une météo plus clémente. On pouvait questionner son discernement lorsqu’on se sentait aveugle. Et par-dessus tout, quoi qu’il advînt : Virgil ne jugeait jamais.

Peut-être que tu devrais regarder le problème sous un autre angle. Au fond, ce n’est peut-être pas lui qui te ramène à ton malheur. Et si… Si au contraire c’était la clé pour que tu ailles mieux et que tu panses tes plaies ?

Toujours aussi philosophe, la réponse de son ami l’avait tout d’abord fortement agacé. Premièrement parce que c’était absurde, deuxièmement parce que ce n’était pas ce qu’il voulait entendre et troisièmement parce que c’était hors de sa portée. Comment faisait-il, lui, pour toujours tout prendre avec autant de flegme ? Rien ne semblait pouvoir l’atteindre. Pire que tout : il avait toujours raison. Coldris ne pouvait que le reconnaitre : aussi pénibles soient ses conseils, ils s’avéraient pourtant parfaitement pertinents.
Il s’était laissé l’après-midi, puis la soirée pour y songer. Il devait bien reconnaitre que l’idée n’était pas idiote. Lorsqu’un problème lui résistait, il l’attaquait par un autre versant. Pouvait-il y parvenir ? Cela valait coup d’essayer. La nuit venue, il en profita pour jeter sur le papier les vers qui le rongeaient. Il devait se débarrasser de ses parasites pour réussir à se relever et à l’apprivoiser. Lorsqu’il reposa finalement sa plume sur le bord de l’encrier, il se sentait bien plus léger, comme si l’encre utilisée n’était rien d’autre qu’une partie de cette noirceur qui l’empoisonnait. Momentanément soulagé, il se laissa happer par un sommeil sans rêves.

***

Les mots de Virgil résonnaient toujours sous son crâne. Il était la clé. La clé pour cesser de souffrir face à chaque chose qu’il rencontrait dans son quotidien. Coldris se sentait plus calme. Bien sûr, il avait toujours peur. Bien sûr, il n’avait toujours aucune idée de comment faire, mais pour la première fois, il entrevoyait un vague espoir. Pour la première fois, il ne partait pas défaitiste. Il allait le faire. Il pouvait le faire. Même si son cœur tambourinait et que des frissons glacés continuaient de le secouer par intermittence. Chaque fois que l’effroi le gagnait, il se raccrochait aux paroles de son ami, à celles qu’elle aurait tenues si elle avait pu. Et s’ils se trompaient tous les deux ? Et s’il n’y avait nulle autre échappatoire à son désespoir que la froide et infinie mort ?

Il chassa ses pensées comme il avait l’habitude de le faire avec ses pernicieuses  envahisseuses qui aimaient à répandre leur venin dans son âme. Il était sans doute là dans le salon, comme à son habitude à jouer avec ses cubes ou ses chevaux sous l’œil vigilant de sa gouvernante. Coldris inspira profondément, main sur la poignée. Il ferma les yeux et l’enclencha. Lorsque la porte s’ouvrit, il découvrit avec horreur que sa femme se tenait là, en lieu et place de la nourrice. Ses mâchoires se serrèrent quand ses commissures s’ourlèrent d’un sourire mauvais. Elle savait qu’il était venu. Elle savait qu’il avait essayé de s’approcher de son fils. Elle savait qu’il refusait de la côtoyer. Elle était là pour l’en empêcher. Il la foudroya de son regard de glace et fit un pas. Asoana se trompait sur un point : si elle le connaissait, elle aurait su qu’elle n’était qu’une motivation supplémentaire pour récupérer son fils. Elle croyait être l’eau qui éteindrait sa motivation, elle avait été l'huile qui l’avait embrasée.

Sans un mot, il traversa le salon. Comme toujours, Alduis s’était figé, effrayé. Il questionnait sa mère du regard, elle effectuait un discret signe de la tête pour lui intimer de reste à distance. C’est dans cette atmosphère lourde et électrisante que le père se pencha pour tendre pour la première fois la main à son fils.

- Alduis, suis-moi. ordonna-t-il d’un ton qui ne souffrait d’aucune contestation.

Timidement, le bambin leva sa petite main jusqu’à rencontrer celle si grande de son père. À son contact, Coldris frissonna. Elle était à peine plus grande sa paume.

Il a les cheveux bruns et des yeux bleus. Comme tous les nourrissons.

Une fois le petit levé avec l’hésitation dû aux pas incertains, ils quittèrent le château pour les jardins. Il ne pouvait pas rester ici, l’atmosphère viciée l’étouffait.
Emmène-le faire une activité que tu apprécies. Je ne sais pas moi… Lit, sort, chasse… Emmène le voir tes chevaux,, tiens !

Coldris n’osait pas poser le regard sur son fils, il redoutait d'y croiser le reflet de ses propres craintes. Son cœur battait si fort qui l’oppressait sa poitrine. Ce n’était que son fils. De quoi avait-il peur ? Il ne serait jamais pire père que le sien. C’était impossible. Il inspira profondément dans l’espoir de retrouver son calme. Les chevaux, il l’emmènerait voir ses andalous après. Lorsqu’il serait apaisé. C’est sous l’allée d’érables qu’il s’arrêta enfin : Alduis et ses petits pas ne parvenaient plus à le suivre. Leurs regards se croisèrent : c’était comme un miroir, un miroir sur son propre passé. Ses mêmes yeux si bleus que le ciel en paraissait sombres en comparaison. Il était si petit. Si fragile. Coldris se baissa pour le saisir sous les aisselles et le porter sur son avant-bras.
C’était son fils.

- Alduis..

Alduis, parce que ça sonnait fort et honorable.

- Pa...
- Cela ne fait rien, Alduis. Tu as juste besoin d’écouter.

Alduis ne parlait toujours pas. Quelques monosyllabes. C’était tout ce qu’il parvenait à former malgré ses deux ans bien entamés. Au fond ce n’était pas si important. Il finirait bien parler un jour.

- Tu aimes les chevaux ? Tu voudrais m’accompagner aux écuries ? s’enquit-il hésitant

Devant l’absence de réponse du garçonnet toujours emmuré dans sa retenue, il effectua un demi-tour en direction des dépendances. Les chevaux ne parlaient pas et il parvenait pourtant à les comprendre. Ça ne devait pas être bien plus compliqué.

- Il est temps que tu deviennes un Fromart, mon fils. déclara-t-il finalement avec solennité.
Coldris de Fromart
Coldris de Fromart
Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar

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