Les cachots
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Re: Les cachots
Lorsqu'il bougea, Lucrezia ne masqua pas sa surprise. Il n'était pas dans son esprit. L'endroit déchut dans l'échelle de l'ontologie : il s'agissait d'un lieu sensible. Elle jeta finalement un coup d'œil autour d'elle. Lucrezia avait déjà visité la prévôté l'an dernier : il lui avait fallu guérir l'un de ses pensionnaires pour le compte d'un orfèvre ; et, plus tard, l'empoisonner pour le compte de son frère.
Elle était en cellule : on l'avait traité d'une façon plutôt courtoise. Elle avait l'habitude de traverser la nuit le dos raide et le regard détraqué, fixant le mur de l'antre ; elle se plut tout de suite en ce nouvel appartement. Elle remarqua le pain, le fromage et la cruche. Assise sur la couchette, elle mangea, d'une façon trop lente et inhumaine. Elle avait toujours des alliés, les hommes les plus puissants du royaume, et ils œuvraient à sa vengeance : il lui suffirait d'attendre ici, le temps qu'ils lui ramènent le peintre. Alors sa torture et son assassinat, dans l'espace de confrontation, seraient suivis d'un incendie sur la grand'place et, très certainement, d'un suicide, ou d'une exécution.
Cela la rassura beaucoup. Maintenant tout à fait tranquille, elle reporta son attention sur l'autre. Il était, lui, enchaîné. Comme à son habitude, Lucrezia pencha la tête sur le côté, mais sans le quitter du regard. Elle finit par lui montrer le pain, comme pour savoir s'il en voulait.
Elle était en cellule : on l'avait traité d'une façon plutôt courtoise. Elle avait l'habitude de traverser la nuit le dos raide et le regard détraqué, fixant le mur de l'antre ; elle se plut tout de suite en ce nouvel appartement. Elle remarqua le pain, le fromage et la cruche. Assise sur la couchette, elle mangea, d'une façon trop lente et inhumaine. Elle avait toujours des alliés, les hommes les plus puissants du royaume, et ils œuvraient à sa vengeance : il lui suffirait d'attendre ici, le temps qu'ils lui ramènent le peintre. Alors sa torture et son assassinat, dans l'espace de confrontation, seraient suivis d'un incendie sur la grand'place et, très certainement, d'un suicide, ou d'une exécution.
Cela la rassura beaucoup. Maintenant tout à fait tranquille, elle reporta son attention sur l'autre. Il était, lui, enchaîné. Comme à son habitude, Lucrezia pencha la tête sur le côté, mais sans le quitter du regard. Elle finit par lui montrer le pain, comme pour savoir s'il en voulait.
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Re: Les cachots
Les mains osseuses de Jérémie pendaient entre ses jambes pliées. Il perçut un mouvement. La femme venait de bouger, de prendre la nourriture. Elle avalait lentement, dans des gestes rouillés, toujours absorbée dans des pensées qui échappaient à l'esclave. Il cilla et lui rendit son regard qui, perdu au milieu de son visage ahuri et penché, cherchait à sa manière à le connaître.
Ses gestes mécaniques se ralentirent pour laisser place à une attitude étrangement détendue, comme si elle venait de comprendre un élément clé et que les choses n'avaient plus qu'à se faire. Jérémie considéra alors son propre cas : il faisait l'objet de marchandages qui lui échappaient, passant d'une main à l'autre, d'un maître à un suivant sans qu'il n'y put rien. Quel homme viendrait le prendre à son service ? Ou bien l'exécuterait-on, ou le renverrait-on sur l'infâme estrade du marchand ? Il se cala de nouveau tout contre le mur et haussa le menton, clouant ses yeux, immobiles au fond de leurs cavernes, à une arrête du mur de la prison.
Il entendit d'autres mouvements de sa voisine. Il lui fallut quelques secondes pour redescendre de ses pensées et revenir sur elle - qui lui tendait du pain. Un instant, Jérémie resta interdit, peu habitué à ces attentions. Elle devait en outre être encore si faible, cette nourriture lui serait nécessaire. L'esclave sourit toutefois et, approchant, se coupa un petit morceau dans la miche proposée, à laquelle il ne disait pas non. Il lui rendit le reste - la plus grosse partie.
-- Je vous remercie.
La nourriture eut vite fait de craquer sous ses dents, avec des bruits secs et aussi monocordes que la voix noire qui venait de quitter ce tronc. Nouveau coup d’œil à la jeune femme. Elle ne parlait pas ? Qu'elle ne le veuille pas ou ne le puisse pas, qu'importait. Jérémie inspecta rapidement les alentours, fouillant de ses pupilles les dalles crasseuses sur lesquelles il était assis. Il y trouva, perdue tout près du mur, une brindille un peu longue et tellement sèche qu'elle ferait office de bâtonnet. Il la présenta à sa voisine, qui comprendrait l'idée : il y avait au sol bien assez de poussière, de traînées et de grains de paille pour y tracer des lettres si elle le souhaitait.
-- Qui êtes-vous ?
Re: Les cachots
Lucrezia récupéra la miche. Elle la termina, absente, en y ajoutant le fromage, et vida la moitié de la cruche. En fixant le vide, elle voyait tournoyer le saphir noir.
Puis le jeune homme lui tendit la brindille. Elle eut un sourire. Il avait rapidement deviné son mutisme. Elle regretta la privation de sa besace et, surtout, des douze cristaux de lithomancie.
Elle hésita. Mais Lucrezia avait tout son temps. Le roi de Monbrina avait dû, intérieurement transporté par la voix de la muette, entreprendre de nommer le baron de Frenn, retrouver le peintre et terminer l'œuvre en respectant l'ordre effrayant donné dans l'espace de confrontation. Il n'y avait qu'à attendre. Fuyant la rue Sourde, Lucrezia n'avait plus son refuge, et la prison lui convenait tout à fait.
Une lueur joueuse, à la faveur d'un haussement de sourcils, s'immisça dans son regard. Lucrezia attrapa la brindille et rédigea : Sibylle ; on lisait distinctement les lettres sur la terre, à l'endroit où la brisure de la dalle la laissait nue. Elle interrogea alors son compagnon de cellule en le fixant d'un air curieux, la tête encore penchée.
Puis le jeune homme lui tendit la brindille. Elle eut un sourire. Il avait rapidement deviné son mutisme. Elle regretta la privation de sa besace et, surtout, des douze cristaux de lithomancie.
Elle hésita. Mais Lucrezia avait tout son temps. Le roi de Monbrina avait dû, intérieurement transporté par la voix de la muette, entreprendre de nommer le baron de Frenn, retrouver le peintre et terminer l'œuvre en respectant l'ordre effrayant donné dans l'espace de confrontation. Il n'y avait qu'à attendre. Fuyant la rue Sourde, Lucrezia n'avait plus son refuge, et la prison lui convenait tout à fait.
Une lueur joueuse, à la faveur d'un haussement de sourcils, s'immisça dans son regard. Lucrezia attrapa la brindille et rédigea : Sibylle ; on lisait distinctement les lettres sur la terre, à l'endroit où la brisure de la dalle la laissait nue. Elle interrogea alors son compagnon de cellule en le fixant d'un air curieux, la tête encore penchée.
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Re: Les cachots
Jérémie acheva les dernières miettes qui lui gisaient entre les mains, jusqu'à la dernière. Il ne leur prêtait aucun intérêt outre des gestes machinaux et scrutait plutôt les dallages sur lesquels écrirait la femme. Il sentit un temps d'hésitation et de méditation - toujours aussi paisible - en elle, avant qu'elle ne se baisse pour lui répondre. Sibylle. Intéressant. S'agissait-il de son vrai nom, d'un surnom qu'autrui lui donnait ou qu'elle même s'offrait ? Au moins, la captivité allait donner le temps à Jérémie d'explorer cela. Alors à son tour, l'esclave s'anima d'un air qu'on n'eut su dire grinçant ou amusé. Se présenter à son tour lui sembla pertinent. Rebondissant d'abord sur l'appellation que s'attribuait la camarade d'infortune, il dit :
-- Sibylle. Je m'appelle Jérémie Torrès. Ferions-nous à nous deux aussi bien qu'une héroïne de Christine de Pizan...
L'association d'idée lui était venue de suite et l'esclave sourit au souvenir de la lecture clandestine convoquée par ce nom. Peut-être que la femme ne connaissait pas et il poursuivit :
-- La dame Sibylle de la Tour, rhétoricienne, lucide et éducatrice. (toujours par jeu) Direz-vous que vous vous retrouveriez là-dedans ? (se penchant un peu plus vers elle, dans un geste lent et enraciné) Que voyez-vous ?
Re: Les cachots
Lucrezia avait imaginé, du fait des chaînes, qu'elle faisait face à un esclave. Il paraissait trop érudit pour l'être : on ne lisait plus Cristina da Pizzano, même en France ; en redécouvrant l'Antiquité, l'on avait rejeté loin dans l'obscurité les vers sapientiaux de la poétesse, bien qu'ils fussent d'hier. Comment l'homme en lambeaux mit-il la main sur le Chemin de longue étude et La Cité des Dames ?
Le père de Lucrezia avait été le marchand-voyageur ramenant les merveilles du monde lointain, mais son goût de l'exotisme lui tenait lieu d'esprit. Lorsqu'il fit fortune, il tâcha d'éduquer l'aventurier rude et hirsute qu'il était devenu. Comme il n'avait plus sa jeunesse et l'attention nécessaire, il ne put jamais mettre en conformité la réussite de son commerce et sa culture. Une fois solidement établi, dans son manoir de la grand'place, il voulut débarrasser la famille de l'accusation d'être un ramassis mal dégrossi de parvenus surgis de la fange de l'autre monde, où les métaux précieux jonchaient la terre et où les fruits les plus beaux donnaient le vertige et la mort. Il paya les précepteurs les plus savants, s'escrimant à faire de Lucrezia, sa seule enfant, le trésor de la capitale, en lui donnant la fortune et l'éducation qu'il lui faudrait ; tout cela avait péri, du fait de l'oncle et de Giacometti : l'or remplissait les coffres de l'oncle et l'éducation n'était plus qu'un terreau mélangé de références sur lesquelles se déployait le rosier noir de la folie.
Lucrezia avait atteint le cinquième ciel : l'échelle de la spéculation montait dans les nuages sur lesquels la Sibylle et Cristina avaient une vue d'ensemble. Pourquoi l'avait-on nommée la Sibylle ? C'était sans doute le bon mot d'un patient de la bourgeoisie lettrée. La deuxième union du christianisme et de l'Antiquité rouvrait les Enfers d'une autre civilisation, redécouvrait leur géographie dans le Phédon, dans l'Énéide et dans l'invention. Gardant l'antre des morts, les dix Sibylles scrutaient l'avenir, recevaient les signes secrets de l'au-delà, réconfortaient Séverin Boèce et filtraient le passage en direction du séjour de l'éternité. Tout cela avait dû décider l'un des moribonds sauvés, sur son lit de mort, à couronner Lucrezia d'un surnom moins significatif qu'utile, à l'heure où son oncle, en la chassant du manoir di Subiaco, l'incitait à rejeter son patronyme, afin de faire oublier qu'il avait, dans la ville, une nièce, à la fois folle et muette, à laquelle il avait tout pris.
Elle eut un léger rictus : son mutisme la murait hors de la rhétorique. À contre-courant de l'éducatrice, elle avait tout déversé à l'intérieur d'elle-même ; et cela avait, comme il était logique, entretenu la folie, comme chez les joueurs d'échecs s'acharnant à disputer leurs parties sans fin, dans leur tête et contre eux-mêmes.
Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas pensé à elle-même. Elle s'en trouva indécise et flottante. À la question "Que voyez-vous ?" qui la tira, au bout d'un instant, de la sensation de dérive, elle finit par répondre, en fixant le jeune homme : Un homme à l'intérieur d'un autre.
Le père de Lucrezia avait été le marchand-voyageur ramenant les merveilles du monde lointain, mais son goût de l'exotisme lui tenait lieu d'esprit. Lorsqu'il fit fortune, il tâcha d'éduquer l'aventurier rude et hirsute qu'il était devenu. Comme il n'avait plus sa jeunesse et l'attention nécessaire, il ne put jamais mettre en conformité la réussite de son commerce et sa culture. Une fois solidement établi, dans son manoir de la grand'place, il voulut débarrasser la famille de l'accusation d'être un ramassis mal dégrossi de parvenus surgis de la fange de l'autre monde, où les métaux précieux jonchaient la terre et où les fruits les plus beaux donnaient le vertige et la mort. Il paya les précepteurs les plus savants, s'escrimant à faire de Lucrezia, sa seule enfant, le trésor de la capitale, en lui donnant la fortune et l'éducation qu'il lui faudrait ; tout cela avait péri, du fait de l'oncle et de Giacometti : l'or remplissait les coffres de l'oncle et l'éducation n'était plus qu'un terreau mélangé de références sur lesquelles se déployait le rosier noir de la folie.
Lucrezia avait atteint le cinquième ciel : l'échelle de la spéculation montait dans les nuages sur lesquels la Sibylle et Cristina avaient une vue d'ensemble. Pourquoi l'avait-on nommée la Sibylle ? C'était sans doute le bon mot d'un patient de la bourgeoisie lettrée. La deuxième union du christianisme et de l'Antiquité rouvrait les Enfers d'une autre civilisation, redécouvrait leur géographie dans le Phédon, dans l'Énéide et dans l'invention. Gardant l'antre des morts, les dix Sibylles scrutaient l'avenir, recevaient les signes secrets de l'au-delà, réconfortaient Séverin Boèce et filtraient le passage en direction du séjour de l'éternité. Tout cela avait dû décider l'un des moribonds sauvés, sur son lit de mort, à couronner Lucrezia d'un surnom moins significatif qu'utile, à l'heure où son oncle, en la chassant du manoir di Subiaco, l'incitait à rejeter son patronyme, afin de faire oublier qu'il avait, dans la ville, une nièce, à la fois folle et muette, à laquelle il avait tout pris.
Elle eut un léger rictus : son mutisme la murait hors de la rhétorique. À contre-courant de l'éducatrice, elle avait tout déversé à l'intérieur d'elle-même ; et cela avait, comme il était logique, entretenu la folie, comme chez les joueurs d'échecs s'acharnant à disputer leurs parties sans fin, dans leur tête et contre eux-mêmes.
Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas pensé à elle-même. Elle s'en trouva indécise et flottante. À la question "Que voyez-vous ?" qui la tira, au bout d'un instant, de la sensation de dérive, elle finit par répondre, en fixant le jeune homme : Un homme à l'intérieur d'un autre.
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Re: Les cachots
Une nouvelle dérive, dans des eaux lointaines et troubles, apparaissait dans les yeux de la jeune femme. A son air dubitatif lorsqu'il avait mentionné la dame de Pizan, Jérémie comprit qu'elle connaissait. L'étonnement s'avérait donc partagé, pour faire bonne mesure. L'esclave aimait sentir chez autrui l'étonnement que provoquait ses paroles, pour le moins non conformes à sa classe sociale. Être particulier, il y prenait goût - bien loin maintenant de la gêne que cela occasionnait quelques années plus tôt chez le gamin naïf et bouffé de sensiblerie qu'il était. Croquer dans ce fruit était bon. Et le sauverait peut-être.
Il gardera cependant pour lui l'explication de sa connaissance d'une auteure si oubliée : il ne savait pas qui était cette femme et n'avait pas à lui faire confiance. Hors de question d'abattre ses atouts, ni de mentionner ce noble qui venait parfois chez son maître traiter d'affaires purement matérielles - ce qui convenait parfaitement à ce sot de Monthoux. Cet homme là, Jérémie avait eu tôt fait de le hameçonner, de l'intriguer, et au fil des discussions clandestines, d'apprendre les nombreux périples qu'il menait, avec sa propension à pouvoir lire les textes les plus rares, les plus oubliés ou interdits grâce à un réseau de connaissances versant dans ce domaine hors de Monbrina. Un jour, entre autres choses, ce voyageur avait ramené et prêté à Jérémie une liasse de copies de textes médiévaux, dans le secret de son maître.
Un fin sourire aux lèvres, il observa la femme cette fois-ci plus seulement par simple jeu, mais par réel intérêt qu'elle commençait à éveiller chez lui : elle aussi était érudite. Et elle aussi, pour d'autres raisons, ne pouvait le dire. Jérémie retint un rire sec.
Son rictus ne disparut pas quand elle écrivit la réponse à sa question - faute de ne pouvoir verbaliser l'origine du nom qu'elle s'était donné. Dommage. L'esclave aurait aimé savoir. Un homme à l'intérieur d'un autre, disait-elle. Un sourcil arqué et un voile flou au fond de ses yeux accueillirent l'affirmation. Il y avait de cela. Un esprit au fond d'une prison, ou d'un corps charpente. Corps tombeau ou déguisement, là était la question. Les quelques mots lui inspirèrent une autre pensée : les désillusions drainées par la servitude, ainsi que son apprentissage de la dureté et de la sournoiserie, avaient tué l'autre Jérémie Torrès, l'enfant.
A son tour. Observant la muette, qu'en dirait-il ? Il y avait ce regard qui semblait si souvent se décrocher du réel et partir dans bien d'autres dimensions. Dans son passé peut-être ? Ou dans quelque cercle d'au-delà ? Il lâcha, à demi sérieux :
-- A vous voir si voyageuse, je crois plus que jamais en la pluralité des mondes.
Mondes mystiques, cosmiques ou intérieurs, l'on pouvait y mettre ce que l'on voulait. La conversation aurait pu être aussi atypique que divertissante. Une bâtonnet et deux dalles n'y suffiraient pas. Cocasse tableau que l'esclave et la muette.
Re: Les cachots
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- RP sensible à partir de ce post, contient des violences répétées
Ulysse suivait avec une docilité feinte le soldat qui le menait jusqu'aux cachots et montrait, avec une véritable sincérité, son dégoût pour ces lieux sinistres. Même le logis pour les esclaves chez ses maîtres, en dépit de sa sobriété, s'avérait plus propre et confortable. Néanmoins, ces gens-là étaient faibles, pensant que les esclaves, malgré leur infériorité, devaient être traités avec respect et charité. De là-haut, le précédent duc de Rottenberg devait se sentir bien idiot de sa naïveté.
Lorsque la porte du cachot lui fut ouverte, il demanda à ce qu'on la referme, souhaitant être seul pour évaluer le potentiel de l'esclave. Il laissa ses yeux s'habituer à l'obscurité puis fixa les lieux. Un grand homme, au visage buriné, était enchaîné aux murs. Sa peau tannée, abîmée par le soleil, lui rappelèrent instantanément la sienne dissimulée sous la couche de fard. La félicité du destin l'envahit alors. Sans la douce clémence de Dieu qui le soutenait dans le moindre de ses pas, peut-être aurait-il pu lui aussi terminer entravé à un mur similaire. Mais ce n'était pas ainsi. Il se tenait face à ce vermisseau d'esclave et il le dominait.
Non loin de l'esclave reposait une autre personne. Une femme. intrigué, Ulysse la détailla. D'où sortait-elle ? Pourquoi était-elle ici ? Se pourrait-il... Il voulut confirmer le doute qui lui venait. Ulysse s'avança vers elle et la piqua au bras du bout de sa canne.
Oh là, manante, pourquoi es-tu là ? Quel est ton nom ?
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Re: Les cachots
Jérémie observait la muette, guettait une nouvelle réaction ou d'autres mots écrits de sa main, lorsqu'un noble fit irruption dans la cellule. L'esclave plissa le front. Que voulait-il donc ? L'homme le toisait, le jaugeait. Aurait-il eu vent de sa mise à la revente avant même qu'il n'aille sur le marché ? Ses yeux sévères suivirent soudain la canne de l'intrus allant d'un coup heurter la jeune femme. Jérémie serra les poings entre ses menottes et refréna à temps un coup d’œil plein de mépris vers l'homme. Une manante, disait-il ? Il serait bien surpris.
Re: Les cachots
Il lui apparaissait à la vue. Il était déjà apparu à l'esprit.
Visiblement il fallait des trésors de patience et de sophistication pour lui donner l'air désinvolte et beau de la noblesse, un air savamment négligé qui tenait à quatre épingles : s'il avait trop bougé, il aurait ruiné un travail de deux heures sur sa personne, tant il était devenu un individu postiche, un nobliau de basse-cour à monter soi-même, avec ces faux ongles, ces deux couches de fard lui plâtrant le visage et ces sourcils démontables. Il ressemblait au papillon prisonnier de la chrysalide de sa métamorphose incomplète : au sortir de la table anatomique, où les siens s'acharnaient à procéder à sa résurrection ratée comme un rafistolage de momie, il était bien là, lui, l'homme à l'intérieur d'un autre, dont Lucrezia avait, juste un instant avant son surgissement, mentionné l'existence à Jérémie Torrès.
Elle lui jeta un coup d'œil très ambigu. Puis, se taillant un rictus sarcastique, elle signala d'un doigt, faisant le chemin de sa bouche à l'extérieur, qu'il lui était impossible de parler ; lorsqu'il parut avoir compris, sa main mima l'écriture, afin de lui signifier qu'il pourrait, s'il lui donnait de quoi rédiger, obtenir la réponse aux deux questions qu'il avait formulées.
Enfin Lucrezia repoussa la canne d'un revers de la main. Comme on chasserait une mouche.
Visiblement il fallait des trésors de patience et de sophistication pour lui donner l'air désinvolte et beau de la noblesse, un air savamment négligé qui tenait à quatre épingles : s'il avait trop bougé, il aurait ruiné un travail de deux heures sur sa personne, tant il était devenu un individu postiche, un nobliau de basse-cour à monter soi-même, avec ces faux ongles, ces deux couches de fard lui plâtrant le visage et ces sourcils démontables. Il ressemblait au papillon prisonnier de la chrysalide de sa métamorphose incomplète : au sortir de la table anatomique, où les siens s'acharnaient à procéder à sa résurrection ratée comme un rafistolage de momie, il était bien là, lui, l'homme à l'intérieur d'un autre, dont Lucrezia avait, juste un instant avant son surgissement, mentionné l'existence à Jérémie Torrès.
Elle lui jeta un coup d'œil très ambigu. Puis, se taillant un rictus sarcastique, elle signala d'un doigt, faisant le chemin de sa bouche à l'extérieur, qu'il lui était impossible de parler ; lorsqu'il parut avoir compris, sa main mima l'écriture, afin de lui signifier qu'il pourrait, s'il lui donnait de quoi rédiger, obtenir la réponse aux deux questions qu'il avait formulées.
Enfin Lucrezia repoussa la canne d'un revers de la main. Comme on chasserait une mouche.
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Re: Les cachots
La femme le jaugeait d'un air revêche. Ulysse la toisait de la même manière et grinça des dents quand elle repoussa sa canne. il s'apprêta à la frapper plus violemment, aux côtes, lorsque celle-ci mima le geste d'écrire. Son action s'interrompit, suspendue à cette révélation inattendue. Pourrait-elle être... muette ? Elle exigerait de communiquer par écrit ? Il fut tenté d'arrêter là son intérêt pour elle. Serait-il capable de suivre leur conversation ? Il avait essayé vainement mais la lecture restait un écueil. Il avait appris avec la benjamine de la famille Rottenberg, suivant avec son percepteur, sans qu'ils ne le remarquent, les mêmes cours mais la fillette de cinq ans s'était révélée bien meilleure élève. En l'espace de quelques mois, elle avait su lire dans des livres. Comme ses frères et ses parents. Depuis tout ce temps, il continuait d'essayer mais ces maudites lettres lui résistaient. Il devait déchiffrer lentement syllabe après syllabe d'une seule phrase avant de pouvoir la restituer. L'obstacle se révélait impossible à franchir.
Se retournant vers l'esclave pour lequel il avait été introduit, Ulysse s'avança et toucha son visage du bout de la canne, guettant sa réaction. Il remarqua alors des lettres tracées sur le sol, autour de l'homme entravé. Ulysse tressaillit et étudia les caractères. ils formaient des phrases et réussit, difficilement, à décrypter quelques mots. Sibylle notamment. Il connaissait ce terme : cela désignait une femme dans l'Antiquité qui prédisait l'avenir. Son attention se reporta vers l'esclave. Ainsi il saurait lire ? Ces deux captifs auraient communiqué ? Intéressant. Finalement, l’obstacle serait peut-être levé.
Ulysse ouvrit sa longue veste et sortit quelques feuilles de parchemin et le lança avec autorité devant la femme. Il trouva ensuite un bout de fusain qui trainait dans une de ses poches et lui donna. Le noble se tourna vers l'esclave et commanda d'une voix forte :
Je n'ai point envie de me salir à saisir les feuillets qu'elle noirciras, ni même de m'abaisser à votre bassesse. Tu me liras donc ce qu'elle écrira, compris, esclave ?
D'un rictus sadique qui déformait à nouveau son visage, il serra sa canne et piqua avec la joue de l'esclave.
Au fait, quel est ton nom ? Et d'où viens-tu ? Comment es-tu devenu esclave ?
Il se détourna ensuite de l'esclave, prônant l'indifférence, puis cracha à la femme :
Réponds à mes question maintenant ! Qui es-tu ? pourquoi es-tu là ? Quels crimes te sont reprochés ?
Se retournant vers l'esclave pour lequel il avait été introduit, Ulysse s'avança et toucha son visage du bout de la canne, guettant sa réaction. Il remarqua alors des lettres tracées sur le sol, autour de l'homme entravé. Ulysse tressaillit et étudia les caractères. ils formaient des phrases et réussit, difficilement, à décrypter quelques mots. Sibylle notamment. Il connaissait ce terme : cela désignait une femme dans l'Antiquité qui prédisait l'avenir. Son attention se reporta vers l'esclave. Ainsi il saurait lire ? Ces deux captifs auraient communiqué ? Intéressant. Finalement, l’obstacle serait peut-être levé.
Ulysse ouvrit sa longue veste et sortit quelques feuilles de parchemin et le lança avec autorité devant la femme. Il trouva ensuite un bout de fusain qui trainait dans une de ses poches et lui donna. Le noble se tourna vers l'esclave et commanda d'une voix forte :
Je n'ai point envie de me salir à saisir les feuillets qu'elle noirciras, ni même de m'abaisser à votre bassesse. Tu me liras donc ce qu'elle écrira, compris, esclave ?
D'un rictus sadique qui déformait à nouveau son visage, il serra sa canne et piqua avec la joue de l'esclave.
Au fait, quel est ton nom ? Et d'où viens-tu ? Comment es-tu devenu esclave ?
Il se détourna ensuite de l'esclave, prônant l'indifférence, puis cracha à la femme :
Réponds à mes question maintenant ! Qui es-tu ? pourquoi es-tu là ? Quels crimes te sont reprochés ?
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Re: Les cachots
Lucrezia ramassa le parchemin, n'en garda qu'une feuille (en prenant soin du reste) et prit le fusain. Faisant un hochement de tête en direction de Jérémie Torrès, Lucrezia l'encouragea à accepter les règles du jeu de l'homme, en attendant qu'elle eût terminé la rédaction.
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Re: Les cachots
Ulysse détourna la tête en apercevant la femme écrire si habilement et prestement. Son visage exprimait un agacement et une frustration qu'il ne pouvait dissimuler. La jalousie le possédait toute entière. Comment ces misérables savaient-ils si bien lire et écrire ? Malgré le poids des ans, il restait toujours un illettré, ou presque. Ses mains serrèrent avec davantage de rage sa canne. il finit par la relever et donner des coups aux mollets de l'esclave pour tromper l'impatience et la colère.
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Re: Les cachots
Jérémie serait bien retourné à ses considérations cosmiques et à ce qu'il pouvait essayer de deviner de cette femme. La larve peinturlurée était cependant partie pour s’incruster. Les pupilles noires découpèrent lentement le visage pâteux de cet infatué importun pour tenter de lire ses intentions. L'individu semblait si sûr du pouvoir de sa canne - attribut qui semblait le plus efficace chez lui - que Jérémie eut bien aimé à la longue découvrir ses intentions. Pourquoi donc se mêlait-il d'interroger la muette ?
Accolé au mur, aussi droit que le solide pilier d'une croix, il soutint le regard de l'homme et ne lui obéira qu'avec l'autorisation donnée par la femme d'un hochement de tête. Jérémie répondit ensuite à ses questions. Sa voix sombre roulait les R comme un rocher tandis qu'il ne s'endurcissait que davantage, à la vue de la canne s'apprêtant une nouvelle fois à frapper Sibylle.
-- Je m'appelle Jérémie Torrès. Je viens d'Iswyliz. Après l'invasion du pays, lors de l'attaque des soldats de Sa Majesté contre le village où vivaient les miens, j'ai été capturé. Puis amené ici pour être vendu.
Il poussa un grognement rauque entre ses lèvres pincées quand le noble lui battit les mollets, aussi impatient qu'un gamin capricieux. Jérémie ne bougea pas, attendant que la muette eut achevé.
Re: Les cachots
Lucrezia acheva la rédaction. Marchant jusqu'à Jérémie Torrès, elle lui confia le message et l'invita, d'un signe, à débuter la lecture. Alors qu'il lisait, le visiteur retourné vers lui, Lucrezia rejoignit le faux duc, contempla le vêtement qu'il portait, l'homme en-dessous du vêtement.
Quand la lecture en fut au point crucial, Lucrezia arracha, d'un geste de folle, le vêtement de l'homme, et, tirant telle la démente qu'elle était, découvrit la marque du M sur l'épaule. Ainsi Jérémie Torrès, surpris par l'assaut tout pendant qu'il lisait, la verrait lui aussi : il comprendrait tout lorsqu'il aurait terminé la lecture ; et l'imposteur répondrait.
Quand la lecture en fut au point crucial, Lucrezia arracha, d'un geste de folle, le vêtement de l'homme, et, tirant telle la démente qu'elle était, découvrit la marque du M sur l'épaule. Ainsi Jérémie Torrès, surpris par l'assaut tout pendant qu'il lisait, la verrait lui aussi : il comprendrait tout lorsqu'il aurait terminé la lecture ; et l'imposteur répondrait.
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Re: Les cachots
Jérémie reçut le papier et sa voix d'outre-tombe entama la lecture, détachant chaque mot comme autant de pierres :
"Je suis la Sibylle. Et toi l'homme à l'intérieur d'un autre."
Il s'interrompit une seconde, troublé dans sa rationalité. L'homme à l'intérieur d'un autre n'était donc pas lui-même ainsi qu'il l'avait pensé plus tôt, mais cet individu croulant sous ses fards tel un circassien sur le déclin. L'aurait-elle donc réellement vu, dans son esprit, avant qu'il n’apparaisse ? Ou alors il ne s'agissait que d'un hasard. Un concours de circonstances avec cette formule tout à fait applicable aux deux hommes, et qu'elle avait habilement réemployée. Quoi qu'il en fut, le scepticisme mathématicien de Jérémie se trouvait chatouillé. Et amusé.
L'esclave poursuivit, toujours aussi neutre :
"Tu n'es pas qui tu prétends : les morts sont bavards sur ton compte. Et ton ancienne forme n'a pas brûlé dans l'incendie. Tue-nous tous les deux, maintenant, sinon ton secret sera révélé ; et tu seras détruit. Ou bien redeviens toi-même, esclave, et sers-moi !"
Jérémie s'était efforcé de demeurer impassible jusqu'au bout du texte, bien que sa voix s'était faite de plus en plus forte, à frémir en cratère prêt à cracher sa lave. Ce qu'il vit en relevant les yeux le fit définitivement exploser : la marque à l'épaule de ce M. Un usurpateur ! D'une soudaineté qui aurait de quoi surprendre les deux autres - et peut-être même attirer des gardes - Jérémie ne put se retenir d'éclater d'un rire tombal.
Tout s'éclairait : l'individu avait tué ses maîtres dans un prétendu incendie. Que d'incendies décidément ! Il ne disposait probablement pas de la formation d'un aristocrate, ce pourquoi il ne savait pas bien lire. Par corollaire, l'homme caché dans un autre homme venait de déverser sa jalousie sur lui, bon lecteur, en tant qu'il représentait un danger et un rival : le soi-disant duc ne savait que trop bien ce dont un esclave pouvait se montrer capable.
Pour la première fois, une émotion animait le visage creux de Jérémie et des braises riaient au fond de ses cavernes, prêt à se délecter de la suite.
Re: Les cachots
La main serrée autour de as canne, Ulysse étouffait intérieurement devant la lecture si fluide que faisait l'esclave Jérémie. Comment parvenait-il si bien à lire ? Ils partageaient une origine commune : prises de guerre rapportées à ce royaume, esclaves au service de puissants. Comment avait-il pu parler à ce point à s'élever ? Pendant que lui évoluait dans les hautes sphères de la société, peinant à converser avec son faible niveau de culture et d'éducation, ce vermisseau était gorgé de savoirs. Pourquoi ?
Ulysse se concentra malgré tout sur le sens du message lu et sentit rapidement mal à l'aise. "L'homme à l'intérieur de l'homme" ? Que voulait-elle dire ? Pourrait-elle... Il secoua la tête. Impossible. Comment pourrait savoir qu'il usurpait une identité ? Au mieux, elle bluffait dans le seul but de l'impressionner et cela avait failli fonctionner. Il se figea brusquement en entendant évoquer l'incendie. Sa silhouette resta sans bouger. Seuls doigts continuèrent à serrer, tremblant, le pommeau de sa canne. "L'ancienne forme qui n'a pas brûlé dans l'incendie" ? Elle.... Elle connaissait réellement sa véritable nature ? Immédiatement, les voiles d'une terreur incommensurables se levèrent dans son esprit. Il se vit dépouillé de tous ses habits et richesses, mis à nu, conduit en chemise vers l'échafaud pour y être pendu. Il se mit à haleter, ayant la brusque impression de suffoquer.
Soudain, au milieu de sa tourmente, Ulysse ressentit l'agression sans comprendre au début. Sa respiration sifflait toujours, l'esprit encore hanté par la possibilité d'un supplice à venir. Il tourna la tête et découvrit avec horreur son bas découvert. Sa veste gisait au sol arrachée. Les bandages, qui recouvraient jusque là sa maudite marque, avaient eux aussi cédé sous les doigts déments de cette folle. Sa terreur s'amplifia. il la contempla, elle, puis l'esclave qui venait de se mettre à rire, triomphant de sa déchéance à venir. Sa main se resserra sur le pommeau de sa canne. L'insolence, naturelle, de Jérémie lui rendit de la force et et de la lucidité. Il ne lui ferait pas le plaisir d'admirer sa chute. Il ne tomberait pas !
Saisissant d'une poigne ferme sa canne, il la leva et infligea à cette maudite femme de fulgurants coups qui l'écroula sur le pavé. Qu'elle crève ! Qu'elle crève ! Des sons sinistres, semblables à ceux d'une bête sauvage s'échappaient de sa gorge. Il se rappela cependant assez vite du lieu peu sûr où il se trouvait. Il devait se protéger. au plus vite. il ramassa vite sa veste et l'enfila vite. Elle n'avait heureusement assez peu d'entailles et elle couvrait bien la marques. Cela irait. Il traça rapidement un signe de croix et murmura :
Seigneur, prête-moi vie et force.
Le cœur battant à tout rompre, la respiration encore haletante, il tendit l'oreille. Les gardes entendaient-ils tout ce tapage ? Allaient-ils vers ? Dévoré par la nervosité, Ulysse s'approcha de la porte et écouta ce qui venait dans le couloir.
[lancer de dé : Les soldats entendent-ils les cris et le rire de Jérémie ?]
Ulysse se concentra malgré tout sur le sens du message lu et sentit rapidement mal à l'aise. "L'homme à l'intérieur de l'homme" ? Que voulait-elle dire ? Pourrait-elle... Il secoua la tête. Impossible. Comment pourrait savoir qu'il usurpait une identité ? Au mieux, elle bluffait dans le seul but de l'impressionner et cela avait failli fonctionner. Il se figea brusquement en entendant évoquer l'incendie. Sa silhouette resta sans bouger. Seuls doigts continuèrent à serrer, tremblant, le pommeau de sa canne. "L'ancienne forme qui n'a pas brûlé dans l'incendie" ? Elle.... Elle connaissait réellement sa véritable nature ? Immédiatement, les voiles d'une terreur incommensurables se levèrent dans son esprit. Il se vit dépouillé de tous ses habits et richesses, mis à nu, conduit en chemise vers l'échafaud pour y être pendu. Il se mit à haleter, ayant la brusque impression de suffoquer.
Soudain, au milieu de sa tourmente, Ulysse ressentit l'agression sans comprendre au début. Sa respiration sifflait toujours, l'esprit encore hanté par la possibilité d'un supplice à venir. Il tourna la tête et découvrit avec horreur son bas découvert. Sa veste gisait au sol arrachée. Les bandages, qui recouvraient jusque là sa maudite marque, avaient eux aussi cédé sous les doigts déments de cette folle. Sa terreur s'amplifia. il la contempla, elle, puis l'esclave qui venait de se mettre à rire, triomphant de sa déchéance à venir. Sa main se resserra sur le pommeau de sa canne. L'insolence, naturelle, de Jérémie lui rendit de la force et et de la lucidité. Il ne lui ferait pas le plaisir d'admirer sa chute. Il ne tomberait pas !
Saisissant d'une poigne ferme sa canne, il la leva et infligea à cette maudite femme de fulgurants coups qui l'écroula sur le pavé. Qu'elle crève ! Qu'elle crève ! Des sons sinistres, semblables à ceux d'une bête sauvage s'échappaient de sa gorge. Il se rappela cependant assez vite du lieu peu sûr où il se trouvait. Il devait se protéger. au plus vite. il ramassa vite sa veste et l'enfila vite. Elle n'avait heureusement assez peu d'entailles et elle couvrait bien la marques. Cela irait. Il traça rapidement un signe de croix et murmura :
Seigneur, prête-moi vie et force.
Le cœur battant à tout rompre, la respiration encore haletante, il tendit l'oreille. Les gardes entendaient-ils tout ce tapage ? Allaient-ils vers ? Dévoré par la nervosité, Ulysse s'approcha de la porte et écouta ce qui venait dans le couloir.
[lancer de dé : Les soldats entendent-ils les cris et le rire de Jérémie ?]
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Re: Les cachots
Le membre 'Ulysse de Rottenberg' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
'Audace' :
'Audace' :
Re: Les cachots
[lancer de dé : les gardes viennent-ils voir ce qu'il se passe en entendant ce tapage ?
Réussite : ils viennent échec : ils restent à leur place]
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Re: Les cachots
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'Audace' :
'Audace' :
Re: Les cachots
- Spoiler:
- Les gardes se sont mis en grève ou quoi ? Bon OK, je suis les dés : ils ne viennent pas pour l'instant. Mais ce sera pour le tour suivant. Ulysse : n'abuse pas du lancé de dés pour annuler avec un second lancé ce que tu as obtenu au premier.
Le sourire sinistre de Jérémie s'élargit à mesure que le visage du noble se décomposait. Il perdit toutefois sa délectation quand la canne frappa violemment et à plusieurs reprises la muette. L'esclave bondit, avec l'irrépressible envie d'arrêter la main cruelle. Mais les chaînes se rappelèrent à son souvenir et il se débattit entre les liens qui l'empêchaient de tenter quoi que ce fût. Il hurla :
-- Au secours ! Ici ! Au secours ! Un usurpateur !
Re: Les cachots
[lancer de dés : Les gardes se décident-ils finalement à intervenir suite aux cris de Jérémie :
Réussite : ils viennent échec : ils sont toujours en grève]
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Re: Les cachots
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'Audace' :
'Audace' :
Re: Les cachots
Elle s'effondra au premier coup de canne. Étant de constitution fragile, elle résistait difficilement à l'évanouissement lors d'un tel assaut.
[Lancer n°1 : Acte à point faible (physique). Réussite : elle se redresse. Échec : elle s'évanouit (je ne joue plus jusqu'au retour du calme).
Lancer n°2 : Dé à 6 faces (à prendre en compte en cas d'Échec au lancer n°1). 1 ou 2 : évanouissement seul. 3 ou 4 : blessure réclamant des soins médicaux. 5 ou 6 : blessure entraînant un handicap durable.]
[Lancer n°1 : Acte à point faible (physique). Réussite : elle se redresse. Échec : elle s'évanouit (je ne joue plus jusqu'au retour du calme).
Lancer n°2 : Dé à 6 faces (à prendre en compte en cas d'Échec au lancer n°1). 1 ou 2 : évanouissement seul. 3 ou 4 : blessure réclamant des soins médicaux. 5 ou 6 : blessure entraînant un handicap durable.]
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Re: Les cachots
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#1 'Acte à point faible' :
--------------------------------
#2 'Dé à 6 faces' :
#1 'Acte à point faible' :
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#2 'Dé à 6 faces' :
Re: Les cachots
- Spoiler:
- Noté pour tes lancers Lucrezia. Quant à ceux d'Ulysse, ils ont temporisé mais les gardes vont quand même arriver au tour prochain, sinon c'est un peu gros ! Ulysse, je te laisse répondre et après, syndiqués ou pas, les soldats se pointent.
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