[12 janvier 1598] L'épreuve du marché

William confia la lettre à la jeune femme et s'empourpra légèrement en l'apercevant la glisser dans le décolleté de sa robe. Il s'agissait effectivement d'une excellente cachette mais impudique pour le regard. Surtout le regard masculin. Il s'empressa de tourner la tête et attendit de longues minutes en observant, les joues encore légèrement colorées, un paysan qui pestait contre son âne qui refusait à avancer avant de juger convenable de revenir vers Katarina.

"J'espère que tout ira bien pour vous."

Il ne savait pas bien de quoi ils pourraient encore parler. Ils se contentèrent ainsi de contempler le spectacle tranquille de la vie quotidienne. Les citadins s'en allaient en course ou n repartaient, les sacs chargés de lourdes provisions. parfois, un enfant en guenilles surgissait et William serrait les dents. Il sifflait alors doucement et offrait au petit une pièce. Son regard se tournait ensuite vers Katarina et expliquer avec un sourire bienveillant :

"C'est le devoir de ceux qui ont que de tenter de réparer, à la hauteur de leurs moyens, les misères."

La sérénité de l'instant se troubla malheureusement par l'arrivée impromptue de la servante grossière. Elle se permit d'agresser Katarina et de déprécier ses efforts. malgré son agacement, William n'en laissa rien paraitre et répondit avec une légère ironie :

"Bien sûr. Tout ceci n'est que la chance. Comment une autre chose serait-elle possible ?""

Au cours de ton petit instant dans ta bulle, tu assistes à quelque chose de banal pour beaucoup, mais d'un peu étonnant pour toi. Plusieurs fois, un enfant défavorisé vient vers vous, et alors que tu ne peux lui offrir que de la pitié et de la compassion par un regard, tu vois Wiliam lui donner de l'argent. Tu as encore un rapport très distant avec ça, mais le simple fait de voir le visage des mendiants s'illuminer un brin suffit à te faire comprendre que c'est très important pour eux. Très probablement qu'ils pourront s'acheter un peu de quoi manger ce soir. De quoi leur redonner de l'espoir. C'est beau comme geste. Tu réponds au généreux intendant.

Vous êtes quelqu'un de bien Monsieur Wiliam. ça fait plaisir parce-que ça a l'air d'être rare ici.

Cette fois-ci, tu as rajouté "Monsieur" totalement volontairement. Une sorte de respect naît en toi pour cette personne bienveillante, alors tu as eu envie pour une fois de te montrer polie spontanément, sans menace derrière. Puis, après un petit retour dans ta bulle, tu es bien vite reconduit à la réalité, quand madame je-suis-chiante-du-matin-au-soir revient. Tu saisies pas vraiment l'ironie de Wiliam mais tu t'en fous. Tu es juste triste que ce moment de calme s'arrête. Tu as envie d'envoyer chier la servante avec une réplique du genre "lui a la chance que je n'ai pas de vous revoir" avec tes mots à toi, mais vu la leçon que tu viens d'avoir, tu te tais et tu gardes ceci pour toi.

La servante répond d'un simple rictus un peu vexé à Wiliam, puis te tend les sacs.

Bon allez viens Katarina, il faut qu'on rentre avant d'être en retard, t'as encore plein de travail.

Tu soupires et t'exécutes mollement. C'est le début de l'exercice vraiment pratique cette fois. Alors que la servante entame déjà la marche vers Phietom, tu as un dernier regard pour Wiliam, bientôt suivi d'un sourire sincère, mais teintée de mélancolie de devoir partir.

Encore merci pour les conseils. J'aurais très envie de vous revoir une fois...

Tu n'as pas trop le temps de t'éterniser car la servante n'est pas patiente. Tu conclus donc avant de partir

Aurevoir Monsieur.