Un message qui parvient au-délà de l'océan
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Un message qui parvient au-délà de l'océan
Braktenn, le 9 Février 1598,
Cher oncle Matthieu,
Il y a plusieurs que je réfléchis à comment écrire cette lettre, mais les mots tournent dans la tête, avec beaucoup de choses dedans, sans que j’arrive à décider comment écrire mes pensées. Je vais commencer par le début.
Je suis née à Sainte-Marie la Chapelle, un petit village au nord-ouest de Braktenn. J’étais heureuse là-bas jusqu’au jour, quand j’avais sept ans, où la grêle a détruit nos vignes. Nous avons tout perdu. Sauf les dettes. Mon père a été arrêté et enfermé pour les rembourser. Je me suis retrouvée seule. J’ai erré dans la forêt et je suis arrivée à Braktenn. J’étais perdue. C’était grand. Immense. J’ai rencontré des garçons qui m’ont aidé à m’adapter à ma nouvelle vie. J’étais à nouveau heureuse.
Je pensais être forte,être capable de penser par moi-même, mais tout ce que j’ai fait pendant toutes ces années, c’est suivre les opinions des garçons. J’ai toujours voulu être plus forte que n’importe qui, surtout si c’était un garçon, car Benoît me répétait chaque fois que je réussissais quelque chose que c’était par chance, ou parce que j’étais une fille. Je me battais alors toujours avec lui. Ou je trichais. J’ai commencé à être de plus en plus de mauvaise foi à partir de cette période. A vouloir avoir toujours raison.
Puis, il y a eu Simon.
Simon…
Simon était un garçon de quinze ans quand je l’ai rencontré. Il était fascinant. Je voulais tout faire pour qu’il me laisse entrer dans le groupe et y rester. Il nous apportait souvent de la viande et nous apprenait comment défier l’autorité. Simon répétait toujours que les enfants des rues finissaient tous pendus. Je l’ai cru. Simon a été pendu à dix-sept ans après l’une de ses mauvaises farces à la prévôté. Je suis devenue esclave quelques semaines plus tard.
Tant que je travaillais au lupanar, je restais sage. Je savais qu’à la moindre faute, la patronne ne me raterait pas. Me tuer d’une série de coups de bâtons ne l’aurait pas empêché de dormir. Et il y avait Louise et Phaïde pour veiller sur moi. Comme elles le pouvaient. Mais elles s’assuraient que je puisse manger et dormir. Puis, quand, je suis arrivée chez Irène, j’ai peu à peu retrouvé mes instincts de liberté. Ce n’est pas que je ne voulais pas obéir, mais il y a tant de choses qui n’étaient pas logiques dans mon esprit. Et puis, j’étais en colère. Contre la société, la religion et l’esclavage. J’ai commencé à faire des choses dangereuses et je ne voyais pas de problème si mes intrusions dans un domaine pouvaient causer des ennuis. Je n’y pensais même pas. Simon l’aurait fait. Alors, je pouvais le faire.
L’évasion d’Hyriel, c’était moi. Du début à la fin, c’est moi qui ait réfléchi au plan et qui ait expliqué à mes complices comment l’organiser. C’est moi qui ait manipulé les gardes pour leur faire boire une flasque qui les a endormi.
Irène m’a expliqué un jour que tu agissais de manière méchante par ignorance du Bien. Elle parlait aussi de Platon, mais ça, je n’ai pas compris de quoi elle parlait. Mais moi aussi je suis méchante , insolente et je crois avoir toujours raison parce que je suis moi aussi ignorante des bonnes choses. J’ai passé trop de temps dans les ténèbres..
Tu comprends ce que j’essaie de te dire ?
Pour ce qui s’est passé en décembre, avec le procès, avec Hyriel, je te pardonne.Je te pardonne même pour cette phrase que tu as prononcé et qui m’a beaucoup blessé. j’ai été en colère après toi pas parce que tu l’ais dit, mais parce que tu ne te sois pas excusé tout de suite, que tu ais eu besoin du regard d’oncle Joseph pour te décider. Nous nous ressemblons beaucoup, je l’ai compris maintenant, mais il ya une chose que j’ai et tu n’as pas encore, enfin, je crois, c’est le courage. Si tu fais une faute, si tu as pu le comprendre, alors tu essaies de la réparer. Même si c’est difficile. Même si c’est effrayant. Fuir ses responsabilités, je pense que c’est le pire qu’on peut faire. Bien pire qu’être méchant. Mais je te pardonne maintenant. parce que moi aussi je dis beaucoup de paroles méchantes aux gens. Même quand je ne veux pas en dire.
Je ne sais pas comment finir cette lettre.
Je ne sais pas écrire. Alors je suis désolée si ma lettre est confuse. J’aurais pu la montrer à Irène pour qu’elle l’explique comment faire, mais je voulais pas qu’elle lise ce que je te disais. J’ai seulement demandé à Irène l’orthographe des mots que je ne connaissais pas.
Quand tu reviendras à Braktenn, est-ce qu’on pourrait se voir ? je veux te dire, je voudrais te voir, seul à seule, avec personne pour nous écouter. Est-ce que tu voudrais bien toi aussi ? Je veux à nouveau discuter avec toi, comme quand on s’était croisés dans la rue, comme quand on été voir un spectacle de marionnettes après.
Prends soin de toi et évite de de faire de bêtises.
Et si t’en fais pas, c’est pas grave, mais n’oublie pas d’aller t’excuser !
Te nièce, Cassandre Velasquez
:copyright: sobade.
Re: Un message qui parvient au-délà de l'océan
Braktenn, le 27 Février 1598,
Cher oncle Matthieu,
Il y a beaucoup de choses qui se sont passées depuis ma dernière lettre. Je ne sais pas bien comment te les raconter, mais rassure-toi, tout le monde va bien. Je ne sais pas si Irène te l'a déjà écrit, mais je ne vis plus chez elle. Nous sommes un peu fâchées, je crois. Parce que je ne suis qu'une gamine qui ne comprend rien aux choses mais qui voudrait pourtant essayer de se faire entendre des adultes. tu te souviens du jour de Noël ? Quand tu m'as traité de gamin et d'"esclave. J'étais vexée et en colère. Mais ce n'était que la vérité. Je ne suis même pas une simple gamine, je suis une gamine mal élevée, sans aucune manière. Mais je peux apprendre !
Je travaille maintenant au château de Freen. Dame Kalisha, qui est maintenant l'épouse du seigneur de Freen, m'emploie comme pour assister sa camériste. J'aide à sa toilette. Je peux ensuite lire à la bibliothèque du château, puis coudre. Je n'ai pas de nouvelle d'Irène, ni e Grâce. J'espère qu'elles vont bien. En plus, j'ai laissé un cadeau sous mon lit pour l'anniversaire de Ludovic, une tuque que j'avais cousu et brodée, mais je ne sais pas si elles le trouveront.
J'ai peur de parler à nouveau Irène. Peur de dire encore des choses qui la blesseront. Je sais que c'est lâche. Je t'ai reproché que tu ne soit excusé pour m'avoir traité de gamine. Ce n'est pas cohérent. Mais j'ai peur. J'ai vraiment trop peur de prononcer les mauvaises paroles. Je suis douée pour ça. Est-ce que tu comprends, oncle Matthieu ? Désolée, je sais que ce n'est pas clair, mais c'est la meilleure phrase que j'ai pu trouver. je ne sais vraiment pas m'exprimer.
Je vais arrêter là pour ne pas te déranger davantage. Tu as sûrement beaucoup de travail à Rome. Prends soin de toi !
Te nièce, Cassandre Velasquez
:copyright: sobade.
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