[26 Février 1598] Rencontre inattendue dans les couloirs
[26 Février 1598] Rencontre inattendue dans les couloirs
Cassandre quitta les appartements de Kalisha dans le milieu de la matinée, une fois que celle-ci eut terminé de s'apprêter. Pour aujourd'hui, elle s'était appliquée à lui réaliser une coiffure beaucoup plus simple que la veille. Elle avait maintenant la permission d'aller lire en toute liberté. En arrivant à la bibliothèque, la fillette s'était questionnée si le mystérieux Sébastien serait présent. Son identité l'intriguait. Monsieur Wagner le lui avait présenté comme le protégé du baron. Protégé... Cela voulait à la fois dire beaucoup de choses et bien peu. Elle était cependant certaine que ce ne soit pas un membre de la famille. Autrement, l'intendant l'aurait introduit comme un neveu ou un cousin. Si le Premier Conseiller n'avait pas eu une morale inflexible, elle l'aurait soupçonné de dissimuler derrière ses murs un batard. Mais il était loin de répandre sa semence comme le faisait Coldris quotidiennement. Une de ses hypothèses s'orientait vers les fils du baron. L'aîné souffrait par ailleurs d'une mauvaise réputation. En ville, elle avait entendu ici et là que celui-ci fréquentait des tables de jeux, souvent à son désavantage. Dans ces conditions, pourquoi n'avait-il pas engrossé une femme et le baron, avec son intégrité, n'avait pu fermer sur les yeux sur cette injustice. Surtout s'il s'agissait de son petit-fils.
Néanmoins, aussi bonne que celle-ci soit, une hypothèse restait une hypothèse. Cassandre comptait bien éclaircir ce mystère et cela ne pourrait se faire qu'en interrogeant Sébastien. Ainsi, elle parcourait le château, à la recherche officiellement d'une salle où lire sans déranger personne, et ouvrait les pièces qui les pièces qui lui étaient accessibles dans l'espoir d'y découvrir le jeune garçon. Il devait forcément se trouver dans l'une d'elles. Dans son dos, la fillette transportait un sac de cuir qui abritait son livre de Gargantua. Pas question que monsieur Wagner l'aperçoive comme hier ! Il avait lourdement insisté pour le lui porter, inquiet du poids de l'ouvrage. Elle avait contenu son agacement en ravalant que ce n'était pas plus lourd qu'un baquet de linge sale et avait raconté d'une voix faussement ingénue avoir cru apercevoir un des commis en simple chemise. Cassandre avait difficilement retenu un sourire d'amusement en découvrant le visage de l'intendant pâlir, puis elle avait éclaté de rire quand celui-ci avait détalé au pas de course.
Au fil de son exploration, Cassandre poussa une porte et arriva dans un couloir. Une forte lumière éclairait les lieux grâces aux croisées. Elle s'approcha de l'une d'elles et aperçut la vue impressionnante depuis le sommet du château. D'ici, la ville semblait ridiculement minuscule. C'était une sensation étrange qui la parcourait à imaginer les rues familières que son regard se forçait à deviner. Elle baissa la tête en songeant aussitôt à Mésange. Mésange... Combien de temps pourra-t-elle encore survivre seule ? Et si elle y parvenait, quelle adulte deviendrait-elle ? Est-ce qu'elle pourrait avoir une vie meilleure que celle que sa misère la destinait ?
Soudain, le bruit de la porte la ramena à la réalité. Instinctivement méfiante, Cassandre se retourna et n'aperçut qu'une jeune femme qui portait quelque chose dans les mains. Ses nerfs se relâchèrent aussitôt. Tout allait bien. Elle s'avança pour la saluer en esquissant une légère révérence.
"Bonjour, ma..."
Puis, elle s'interrompit en reconnaissant le visage. Toutes deux s'étaient vues à une occasion unique, mais bien trop forte pour l'oublier.
"Claire ? Tu travailles ici ?"
Re: [26 Février 1598] Rencontre inattendue dans les couloirs
Claire coulait des jours tranquilles à Frenn. Plus de courses extravagantes à faire, plus de pieds et de mains à faire pour sortir. C’était presque étrange d’ailleurs de n’avoir pas grand-chose à faire parfois ! Elle songeait d’ailleurs de plus en plus à aller demander à la duchesse si elle n’aurait pas besoin d’aide, même si elle devait avoir une camériste de talent, elle avait remarqué ses jolies coiffures ces derniers jours !
Pour sa part, elle avait rempli toutes ses obligations et elle s’en allait joyeuse avec une montagne de laine sur les bras. Elle allait rejoindre la vieille Agathe. Cette dernière s’était prise d’affection pour elle. C’était réciproque. Claire la trouvait gentille et adorait l’observer filer. Elle avait même accepté de lui apprendre ! Quelle chance ! Décidément, le bon Dieu faisait pour elle des merveilles en ce moment. Il faudrait qu’elle demande à Agathe comment bien le remercier, ça aussi, elle devait le savoir. Claire sourit en arrivant dans un couloir, ses petits pas foulant le sol alors qu’elle maintenait la laine contre elle. Toute dirigée vers elle, elle ne remarqua pas la petite silhouette qui venait vers elle en sens inverse. Cependant, elle entendit sa voix. Elle cligna des yeux avant de l’observer. Sa bouche s’ouvrit en une expression surprise et ravie.
- Cassandre, quelle bonne surprise ! Oui, mais… Toi aussi ? J’étais loin de m’en douter ! Je croyais que tu habitais en ville !
Néanmoins elle était ravie de cette rencontre. Une nouvelle amie, quelle chance !
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Re: [26 Février 1598] Rencontre inattendue dans les couloirs
"Oui, je travaille au service de madame la baronne depuis deux jours."
Désireuse de passer rapidement le sujet, Cassandre reprit joyeusement :
"Par exemple, maintenant, c'est moi qui m'occupe de ses coiffures ! Oh, ce n'est pas très compliqué ! C'est un peu comme quand j'étais petite et que je coiffais mes poupées !"
Son coeur se serra un instant en songeant à ses trois poupées, restées dans sa chambre, sans avoir pu les emporter. Est-ce qu'elles y étaient encore ? De temps en temps, Cassandre se surprenait à avoir envie de les retrouver et les serrer dans ses bra.
Changer de sujet. Elle devait vite changer de sujet avant que d'autres souvenirs ne resurgissent. Son regard se baissa un instant et fixa les pieds de Claire. Une idée lui vint aussitôt.
"Dis, avec ton pied... Monsieur Wagner doit t'accorder un tas de pause, non ?"
Hier, l'intendant lui avait suggéré d'arrêter de broder, craignant qu'elle ne s'abime les yeux à fixer trop longtemps son ouvrage. Elle n'osait pas imaginer tout ce qui devait lui passer par la tête face à une femme réellement infirme.
Re: [26 Février 1598] Rencontre inattendue dans les couloirs
Claire était également surprise de voir Cassandre là, mais contente aussi. Cela voulait dire qu’elle allait pouvoir se croiser plus souvent ! Elle s’illumina à la réponse de Cassandre.
- Ohhhhh ! Mais c’est formidable si tu as trouvé du travail ici ! Et madame la baronne est si gentille ! Je suis contente pour toi !
Tout à sa joie, elle ne posa pas davantage de question. Cela aurait été très indiscret de toute façon… Elle sourit à Cassandre.
- Moi aussi, je faisais des coiffures à ma maîtresse. Je ne savais pas le faire, mais j’ai appris avec dame Rose. Elles devaient être gentille, ces Poupées pour t’apprendre !
Elle la sentit hésiter, mais pas très longtemps. Elle devait se souvenir… Les gens se perdaient souvent comme ça. Avant, elle l’entendait, mais, maintenant, elle pouvait le voir aussi. C’était assez amusant, quand les gens se perdaient, les yeux dans le vide. Peut-être ressemblait-elle à ça, avant…
Claire regarda son pied puis haussa les épaules d’un air joyeux.
- Oh oui, j’ai le droit de me reposer quand je veux mais je n’ai pas trop mal alors je ne le fais pas tant que ça ! Il faut bien aider les autres aussi et tant que tout va bien, je peux bien le faire !
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Re: [26 Février 1598] Rencontre inattendue dans les couloirs
"Moi, j'aime beaucoup faire des chignons. C'est compliqué, mais c'est très intéressant."
Malgré elle, le flot de souvenirs l'emporta à l'évocation de ses trois anciennes poupées. Elles devaient être gentilles de lui apprendre à les coiffer. La vision déprimante des deux poupées de chiffons, faites avec de la paille, du bois et des chutes de tissus s'imposa à son esprit. Elle les avait aimé autrefois, mais elle songeait maintenant combien elles étaient laides en réalité. Celles vendue se villes ou celles de Grâce étaient beaucoup plus belles. Et leurs cheveux ressemblaient à de véritables cheveux. la fillette lâcha un faible soupir.
"Je ne suis pas sûre qu'elles aient pu m'apprendre... Ces poupées, ce n'étaient qu'un assemblable de paille et de tissus, que mes tantes possédaient déjà. L'une d'elles avait même eu la paille de ses cheveux brûlées. Puis, je n'aime plus trop les poupées maintenant. Je préfère coiffer de vrais gens. C'est plus difficile, mais, c'est là que ça devient vraiment intéressant si on veut les satisfaire."
Sur cela, Cassandre préféra changer de sujet et s'intéressa au pied de Claire. Elle affirma cependant gérer et ne pas tenir compte des remarques de l'intendant qui la poussait régulièrement au repos. La fillette pouffa aussitôt? Est-ce qu'il existait une seule personne pour obéir à ces consignes de monsieur Wagner ? Eldred, lui aussi, désobéissait ouvertement et apportait les lourdes hottes de bois alors que leur cher intendant lui demandait de demander à un autre esclave de l'aider.
"Dis, il y a quelqu'un pour l'écouter, monsieur Wagner ? Moi, il m'a dit de pas aller à l'écurie voir Eldred et de l'attendre dans le château. Mais je le fais quand même !"
Il lui revint à cet instant son interrogation au sujet du jeune Sébastien. Claire se trouvait au château depuis quelques temps. peut-être.. Cela ne coûtait rien d'essayer.
"Dis, Claire, le jour de mon arrivée, j'ai aperçu un garçon dans la bibliothèque. Monsieur Wagner m'a dit qu'il se nommait Sébastien, mais j'ai oublié de demander qui c'était. Tu sais qui c'est toi ? Il avait l'air en habillé. C'est un parent du baron ? Un cousin ou un neveu ?"
En son for intérieur, elle soupçonnait bien plus l'enfant illégitime. L'air timide de ce garçon, mal à l'aise, cela se sentait, malgré le peu de temps qu'elle avait eu pour le voir que celui-ci ne vivait pas ici depuis longtemps et qu'il n'appartenait pas à la noblesse. Un secret important était peut-être en jeu dans cette histoire. Il y aurait alors sûrement moyen de le rapporter à Coldris et d'en tirer quelque avantage. Peut-être même qu'elle pourrait réussir à négocier son affranchissement si l'information se révélait juteuse. La partie promettait, bien sûr, d'être difficile. Le ministre ne céderait jamais facilement, mais une victoire acquise sans difficulté, ce n'était pas amusant.
Néanmoins, soucieuse dissimuler ces calculs, Cassandre reprit joyeusement :
"Enfin, il avait l'ai gentil, ce garçon !"
Re: [26 Février 1598] Rencontre inattendue dans les couloirs
Claire ne fit pas attention à la dissimulation de Cassandre. Elle ne la remarquait même pas. Elle se réjouit surtout de pouvoir parler de coiffure. Cela faisait longtemps ! Elle hocha la tête.
- Oh oui ! Les chignons, il n’y a rien de plus amusant ! Je me souviens que j’en faisais plein de compliqués quand j’étais chez Dame Rose. Je pourrais t’en montrer si tu veux.
Elle perdit cependant un peu son sourire en entendant le récit de Cassandre. Claire fronça des sourcils, pas certaine de comprendre.
- Mais… Ce ne sont pas des personnes alors ? Du tissu, tu dis ? Alors c’est… une sorte d’objet ?
Elle pencha la tête. Peut-être était-elle vraiment peu savante car cela paraissait évident… Claire s’étonna de l’entendre pouffer mais sourit. Elle se mordit la lèvre.
- Oh… Je lui obéis quand même… Quand il le faut… Mais bon, il m’a dit de faire selon mes capacités, alors c’est ce que je fais ! Et puis, il doit quand même être plus content qu’on fasse notre travail !
Claire s’avança ensuite un peu à sa question et s’éclaira aussitôt.
- Oh oui, Sébastien ! C’est le protégé du baron. Il a été abandonné par sa famille… Et il est ensuite allé avec Thierry, qui est son père je crois, donc c’est un peu mon petit frère. Seulement, il s’est passé quelque chose, je ne sais pas bien quoi… Et maintenant, il vit ici et le baron a décidé de prendre soin de son éducation.
Claire, ignorant tout des pensées de Cassandre et pensant qu’elle voulait un compagnon de jeu acquiesça joyeusement.
- Oh oui, il est adorable ! Vous vous entendriez sûrement bien !
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Re: [26 Février 1598] Rencontre inattendue dans les couloirs
"Oh oui ! Je serais très heureuse d'apprendre !"
Leur conversation dériva à parler de ses anciens jeux avec les poupées. Cassandre décrivit son ressenti sur elles, sur ce qu'elles représentaient désormais. Claire parut surprise que les poupées ne soient que des objets. Pourtant, cela semblait évident. Ou alors, était-ce encore une chose qu'elle avait deviné par ses capacités de déduction ? La fillette se décida à répondre d'un sourire confiant.
"Oui, ce sont des objets, mais les enfants croient pendant longtemps qu'elles sont vraies. Alors, il doit être normal que les adultes aussi. En plus, celles en ville font si vraies..."
Sur cela, Cassandre évoqua la question particulière de l'intendant et s'amusa d'entendre que Claire n'obéissait pas plus que les autres aux demandes de repos. Elle opina d'un hochement de tête. Le travail devait être fait, oui, c'était une évidence. Il n'y avait que les paresseux comme son frère pour préférer ne rien faire. Cassandre interrogea ensuite Claire sur l'identité de Sébastien et sentit son intuition se confirmer. Le jeune garçon était le protégé du baron et avait abandonné par sa famille ? Cela sentait plus bon le batard que Goderigue aurait négligé et que le grand-père souhaitait rendre une place plus digne de son sang. Elle tiqua cependant que Claire déclare que ce soit son petit frère.
"Ton petit frère ?"
Elle sourit en l'entendant ajouter que Sébastien et elle s'entendraient bien.
"Oui, je suppose. Enfin, il a l'air très timide."