[12 Septembre 1597] en sortant de la prévôté [Terminé]

Joseph rit à sa question.

- Ah, il est vrai que nous n'avons pas été présenté ! Mais ma femme me dit souvent que je n'ai pas besoin de l'être.

Il éclata encore d'un grand rire avant de reprendre plus sérieusement.

- Je suis Général pour être précis. Je sers mon roi aussi bien que je peux. Nous avons récemment fait une conquête, alors je suis venu le lui annoncer en personne ! J'espère faire monter ma femme et mes filles ici avant le jubilé. J'aimerai qu'elles soient là.

- Oh vraiment ? (un temps) Oh, mais Dame oui ! Siegfried, bien sûr ! Mon grand frère et moi aimions ce conte là, nous le demandions tous les soirs ! Ainsi donc vous êtes son descendant. Bigre... Sait-on jamais. Au cas où, je vous garderais une place.

Il éclata d'un grand rire en donnant un coup de coude au prêtre.


Don Juan commençait à en avoir assez de cette ville. Pas un habitant ne lui donnait une indication rationnelle. Ou alors, son sens de l'orientation était vraiment mauvais. Il s'était décidé à retourner à la place. Il trouverait bien quelqu'un ! Alors qu'il tournait en rond à la recherche d'un visage amical, il plissa les yeux. Etait-ce... ? Non enfin, que ferait-il sur la capitale. Cela dit, il serait bête de le manquer. Juan marcha rapidement jusqu'à arriver nez à nez avec Joseph.

- Santa Maria... José ?

Joseph le regarda tout aussi fixement.

- Juan ? Mais ça alors !

Il s'avança et donna une bonne accolade à l'homme qui la lui rendit en souriant.

- Ah, la ruine de tous les nobles à ce qu'on dit... le luxe, l'oisivité. Voilà pourquoi je dit tout l'temps à Marc que c'est pas une bonne idée c't'histoire !

Joseph rit de bon cœur à l’ironie mordante du père Thierry. Il sentait qu’il allait lui plaire lui. Ce n’était pas un précieux celui-là. Il s’arrêta lorsque Juan lui donna l’accolade.

- Sacrebleu, que fais-tu là ?

- J’ai un baptême à honorer, te rappelles-tu ?

Juan souriait. Enfin quelqu’un qui pourrait l’aider. Il était d’ailleurs content de tomber sur Joseph. Des quatre frères, c’est lui qu’il connaissait le mieux.

- Y tu ? Que fais-tu ici ?

- Ah, je m’en reviens de guerre. Comme tu vois, elle ne m’a pas encore eu ! Je suis venu en avertir le roi et j’ai croisé ma sœur, je pensais bien que je te verrais aussi.


Juan hocha la tête. Avant de demander ce qui l’intéressait vraiment, le noble remarqua le prêtre légèrement retiré.

- Holá, vous êtes, señor ?

- Oh, je te présente le père Thierry. C’est lui qui va célébrer le baptême. Père Thierry, voici le parrain de Ludovic, Don Juan de la Vega.

Juan hocha la tête à la présentation du prêtre.

- Yo aussi, je suis ravi. Nous avons tellement attendu pour ce baptême. Je suis enchanté moi aussi mon père.

Joseph se frappa les mains avant de les frotter.

- Bien, alors maintenant que diriez-vous d'aller tous en semble retrouver Irène ? Autant nous ramener tous ensemble !

Juan baissa la tête quand le prêtre évoqua l'urgence.

- C'est ma faute... j'ai pensé que mon voyage serait court... Puis Antoine a souhaité conclure cette affaire et ensuite...

Juan se passa une main sur le visage. Il se sentait responsable. Si son ami ne l'avait pas tant envié, il n'aurais pas fait ce voyage si périlleux et Grâce et Ludovic auraient encore un père... Il soupira alors que Joseph posait une main sur son épaule.

- Allons Juan, tu sais que tu n'y pouvais rien. Le Seigneur a voulu rappeler Antoine, il avait sans doute ses raisons.

Juan se signa rapidement avant d'acquiescer. Joseph lui tapota dans le dos.

- Allez ! Marchons d'un bon pas alors ! Que nous puissions conclure cette affaire pour la fêter ensuite !

Juan et Joseph se tournèrent vers Thierry qui pourtant semblait parler tout seul. Juan se trouva perdu. Qui était cet Alex ? Il fronça surtout les sourcils en entendant "mon garçon". Ce prêtre aurait brisé ses vœux. Juan marmonna une prière pour le salut de son âme. Il savait qu'Irène ne partageait pas ses idées sur la virginité des prêtres, mais tout de même. Il soupira. Après tout, il pouvait bien le tolérer, c'était pour Ludovic. Et c'était un prêtre comme un autre, son filleul n'en suffirait pas, ce serait à cet homme de s'expliquer le moment venu devant Saint Pierre et le Très-Haut.

Joseph lui se gratta la tête devant cette réflexion dont il n'avait pas tous les tenants et aboutissants. il finit par hausser les épaules et, à l'instar de Juan, reprit la marche. Celui-ci lui sourit.

- Au fait, comment vont Pauline et tes filles ? Rosa-Blanca a dû grandir.

- Ah, ça oui ! Elle a hâte que Pauline accouche, elle voudrait un petit frère. Et moi aussi.

Il éclata d'un grand rire dans lequel le suivi Juan.

Juan ne sut quoi répondre. Il préféra avancer sans rien dire. Joseph passa de l'un à l'autre avec un air gêné.

- Ah... bien, si vous êtes en paix avec vous même, mon père...

Il ne sut quoi dire d'autre, connaissant Juan pour très catholique et attaché aux traditions. Il préféra rebondir sur l'autre sujet, plus joyeux.

- Oh, ça oui, vous en faites pas ! Pauline est aussi solide que ma bonne mère ! C'est bien pour ça qu'elles ont le même prénom... J'suis sûr que tout ira bien et le père Jacques sera ravi de baptiser encore un de nos enfants.

- D'ailleurs, pourquoi Irène n'a-t-elle pas fait appel à lui ?

- Oh, tu sais, il se fait vieux... il n'aurait pas pu monter à la capitale, de plus en laissant sa paroisse. Et irène voulait vite emménager après la vente de la maison.

Juan redressa légèrement la tête.

- En effet, le père Juan est un modèle pour tous les chrétiens. Il est bon, généreux, compréhensif et non corrompu comme tous ces italiens...

- Ah, ah ! Vous n'en avez pas fini avec ces vieilles querelles ?

- Pas tout à fait, marmonne Juan.

Joseph se retourne vers Thierry.

- Ca m'étonne pas qu'elle vous ait parlé de lui. On l'a connu tous petits le père Jacques. C'est lui qui a marié Irène, Marc et moi aussi d'ailleurs ! Et puis il a baptisé la plupart de nos enfants...