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Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé]

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Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé] Empty Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé]

Message par Alduis de Fromart Dim 13 Sep - 13:25

On va voir Maman, Alduis ?


Alduis ne savait plus s'il avait froid ou chaud...

… et peut-être était-ce parce qu'il n'avait ni chaud, ni froid, justement, mais les deux simultanément. Le monde autour de lui n'était plus qu'un univers de tâches floues, comme si on lui avait versé de l'eau dans les yeux. Tout était brumeux, pris dans un brouillard qui refusait de se dissiper.


Dis, on va la voir ?


La voix se rapprochait, devenait plus nette, plus précise, elle perçait la chape de plomb qui l'emprisonnait. Il ne savait plus où il était. Les clameurs extérieures disparaissaient, il ne restait que cette petite voix, qui l'appelait, qui l'entraînait vers un monde abstrait, un monde brûlant.

Sa langue était sèche, lourde et pâteuse dans sa bouche, et il avait beau boire – qu'est-ce qu'il avait soif, bon sang, qu'est-ce qu'il avait soif - cela n'y changeait rien. Avaler sa salive lui brûlait la gorge, comme s'il engloutissait des poignées de sable à chaque fois.

Et il frissonnait.
Frissonnait à l'infini.


Alduis, tu viens ?
Qu'est-ce que tu fais ? Viens, on va jouer !


L'intérieur de sa tête ressemblait à un champ de bataille. Son crâne était l'enclume sur laquelle le marteau tombait inlassablement, avec une force toujours décuplée. Ses pensées s'enchaînaient, sans aucune logique, toutes emmêlées les unes aux autres.

Et toujours cette voix au premier plan, qui l'appellait, Alduis.
Et les frissons. Encore les frissons. Ils ne faisaient qu'augmenter.

Il avait envie de vomir. Ses muscles étaient engourdis et douloureux. Ce n'était pas son corps. Ce ne pouvait pas être son corps qui tremblait comme cela, pris dans les délires de la fièvre, qui se couvrait ainsi de ces étranges macules, qui devenait faible. Il n'était pas comme ça. Il s'entraînait tous les jours, sans faute, il était fort, il avait la santé vigoureuse. Il ne pouvait pas être malade, son corps ne pouvait pas le trahir lâchement ainsi.

Mais il était réduit à cette chose honteuse, tremblante, fièvreuse, … agonisante. Parce qu'il était en train de mourir, n'est-ce pas ? Il n'avait plus de force dans les doigts, il arrivait à peine à serrer ses propres poings. Il avait froid, maintenant, bel et bien froid... Il claquait presque des dents. Il n'était plus qu'un corps, réduit à se pisser dessus, qui n'avait plus qu'à attendre la fin.

Il aurait dû mourir sur le champ de bataille ! Pas ici. Comment son corps pouvait-il céder si facilement, rendre les armes si vite, devant une vulgaire maladie quand il avait déjà essuyé tant de blessures et toujours, s'était relevé ? Comment le pouvait-il ?


Maman est en train de mourir, hein, Alduis ?


Et il se retrouvait là, devant un immense lit, pleins de draps blancs, avec cette forme décharnée, maternelle, qui disparaissait sous les couettes. Avec cette auréole de cheveux blonds, ce visage pâle, gangréné par la maladie, ce visage vide et déjà mort. Et lui qui avait peur de ce fantôme mi-morte, mi-vivante. Était-il vraiment destiné à finir ainsi ?

Si Dieu avait existé en ce monde, il l'aurait achevé depuis longtemps. Il n'aurait pas eu à subir cette humiliation.

Le tissu qui barrait la tente se souleva soudain. Quelqu'un entra. Une ombre, une ombre gigantesque. La vision toujours obstruée par il ne savait quelle brume, il fit d'une voix cassée, tout juste audible et articulée :

- Vous venez pour me tuer, dites-moi que vous venez pour me tuer...


Maman ! Alduis a pris ma poupée !


- Il faut pas prendre les poupées, il faut la rendre... reprit-il. Il faut rendre la poupée.
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Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé] Empty Re: Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé]

Message par Irène d'Aubeville Dim 13 Sep - 18:21


Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé] Joseph11

Joseph Cassin, 33 ans

Maudit typhus... Il semblait poursuivre les armées où qu'elles allaient, comme un démon. Joseph grommelait en passant de tentes en tentes voir l'étendue des dégâts, bien qu'on veuille l'en empêcher. Peu importe, il aiderait ses hommes, il les visiterait, chacun d'entre eux.

On vint avertir Joseph que la fièvre de certains commençaient à s'aggraver. Notamment celle d'un certain Alduis. Joseph fronça les sourcils. Il connaissait pourtant son... enthousiasmé collègue pour être résistant. Il grinça des dents mais demanda qu'on le guide. Arrivé à la tente il prit une grande inspiration et entra.

L'odeur lui saisit les narines en premier mais il ne fit que froncer le nez. Après tout, ce n'est pas comme s'il n'avait pas l'habitude... Il vit surtout une figure pâle, engoncée dans des draps malodorants. Il secoua la tête. Quelle misère... On eut dit qu'il pourrait avoir déjà rejoint le Ciel. Joseph serra les dents en s'approchant. Était-il seulement encore vivant ? Oui, semblait-il... Il l'entendait respirer. Et surtout, il parla. Bien qu'on le lui déconseillait, il s'approcha encore et eut un mince sourire.

- Non, garçon... Je suis là pour m'enquérir de votre santé. Je vois qu'elle n'est guère fameuse.

Il avisa une vasque d'eau sur une commode de bois ainsi qu'un linge blanc. Il le prit et le passa avec douceur sur le front d'Alduis. Il fronça les sourcils en l'entendant délirer.

- Allons, apaisez-vous. La fièvre va bien finir par tomber. C'est encore une bataille, garçon et vous pouvez la gagner.
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Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé] Empty Re: Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé]

Message par Alduis de Fromart Lun 14 Sep - 10:34

On va dire que moi je suis une fée, et que toi tu es un chevalier !


Il y avait du mouvement aux bords de son champ de vision. L'ombre était entrée dans la tente. Elle s'approchait, il lui semblait qu'elle se mouvait avec tant de facilité quand lui ne faisait plus que se traîner tant bien que mal – et majoritairement mal. Haute et large, elle avait l'allure de la Mort, l'allure de la Délivrance.

Quelque chose qui signait la fin de cette humiliation, la fin de cette trahison. La fin de sa faiblesse. Il se tourna laborieusement vers la toile de tente, le monde se flouta encore plus. Tout était devenu terriblement compliqué, terriblement douloureux. Le moindre geste était une épreuve à lui seul. Il y avait à peine quelques jours, il avait encore toute sa force, toute sa vigueur. Que s'était-il passé ?

Les choses se détachaient une à une. Le monde prenait les couleurs de la souffrance. Tout n'était qu'une immense image difforme, absurde. Et au milieu de tout cela, il y avait l'ombre.

Alduis, pourquoi tu pleures ? Tu veux un câlin ?


Ses yeux larmoyaient, il avait du mal à avaler sa salive. Il sentait presque sa peau irradier tant elle était brûlante. C'était comme si les flammes le dévoraient en dedans, et toute l'eau qu'il buvait ne suffisait pas à éteindre l'incendie. Quand elles n'auraient plus rien à réduire en cendres, serait-il enfin mort ? Et son corps, son faible corps, continuait de lutter. Comme s'il se pensait capable de gagner.

L'ombre était au-dessus de lui. Ses yeux refusaient de faire la mise au point, il ne parvenait pas à distinguer les traits. Mais la fièvre se chargea de donner une identité à l'homme au bord du lit.

- Papa, dit-il, dans un souffle rauque.- Tu es venu.

C'est fini, on ne peut plus rien pour lui. Sois un homme et donne-lui la mort.


Durant un bref instant, la cour du château se superposa avec l'univers brûlant qui l'entourait. Il revit la lame du couteau dans sa main, il revit les grands yeux humides du cheval. C'était lui, le cheval, maintenant. C'était lui qu'il fallait achever. Il n'y avait plus rien pour le sauver.

Une voix s'éleva. Elle lui parvenait étouffée, comme si elle devait traverser un mur avant de parvenir à ses oreilles. Il ne comprenait qu'un mot sur trois, et encore. Tout ce dont il était sûr, c'était que l'ombre n'était pas là pour le tuer. Une peur sourde inonda son corps, lui redonnant un regain d'énergie.

Non, non, non... Non ! Ils ne pouvaient pas le laisser comme ça ! Ils ne pouvaient pas lui faire ça ! Ils n'avaient pas le droit ! On tuait les animaux malade, et il était malade. On tuait les bêtes qui n'avaient plus d'utilité, et il n'était plus bon à rien. Ils se devaient de le tuer, de lui épargner cette humiliation.

L'ombre s'approcha encore. S'il ne voulait pas le tuer, alors de quel droit venait-il ?

Tu ne peux compter que sur toi même, personne ne t'aidera.


Il repoussa la main qui tenait le linge humide qui lui épongeait le front. Il ne voulait pas de cette aide. Il devait mourir, et si personne ne voulait le faire, alors il le ferait lui-même. Il n'y avait pas de bataille à gagner. C'était le combat de son corps contre son esprit, et toute la volonté du monde ne pouvait plus rien faire quand le corps vous faisait défaut. Si une forme de clémence avait existé, la vie lui aurait déjà donné la mort. Elle lui aurait épargné cette agonie honteuse.

Mais aucune forme n'existait. On ne pouvait compter que sur soi-même. Et même cela, même ce dicton que son père n'avait cessé de lui répéter... C'était faux. Personne ni rien n'était digne de confiance.

Son corps l'avait trahi.
Son corps était faible.

Il ne pouvait pas lui faire confiance.
Alduis, tu dois devenir fort.


Il se redressa. Le monde autour de lui demeurait flou. Mais malgré cela, il se leva. Il devait trouver son couteau. Mettre fin à cette odieuse trahison. Ici et maintenant. Il devait le trouver. Où était-il ?

Il tâtonna au hasard. Lentement. Il devait trouver son arme. Il devait la trouver, il n'avait pas le choix.

- Je te hais, je te hais, je te hais, je te hais, scandait-il sans arrêt, comme si plus rien d'autre n'existait.

À qui le disait-il ? À son père, à son corps, à cette ombre qui refusait de le tuer, Bérénice... il ne savait pas, et peut-être le disait-il au monde en entier.

- Où est-ce qu'il est ? grommela-t-il.

Où était-il, ce maudit couteau ? Pourquoi ne le voyait-il pas ?
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Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé] Empty Re: Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé]

Message par Irène d'Aubeville Dim 20 Sep - 22:18


Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé] Joseph11

Joseph Cassin, 33 ans

Une lueur de folie, de fièvre brûlait dans son regard. Joseph se pinça les lèvres. Il n'avait pas aisément peur mais il fallait reconnaître que cela avait quelque chose de terrifiant, de voir un homme terrassé par un ennemi qui n'avait ni forme, ni visage. Il serra les dents alors qu'Alduis tentait de se tourner. Il était si faible, comme si on avait drainé toute son énergie. il posa une main sur son épaule.

- Allons, restez couché, vous devez vous reposer.

Il ne l'entendait pas. Il était prisonnier d'un monde de brume et de limbes, à l'équilibre sur une corde entre la vie et la mort. Peu parvenait à jouer ce jeu d'équilibriste mais Joseph comptait bien être la perche qui leur permettrait de rester droits. il se rapprocha à la question d'Alduis. Il sourit maladroitement, n'ayant pas la force de lui mentir. Il choisit de rester flou. inutile de trop contrarier les malades avaient dit les médecins.

- Tout va bien, garçon.

Il recommença à délirer et secoua la tête. Qu'entendait-il au juste ? Ses mots ou autre chose, comme dans un rêve étrange ? Il pesta de ne pas savoir. Comment pouvait-il les aider s'il ne savait rien ? Pourquoi était-on si impuissant alors qu'on faisait plier des monts et des vallées avec la force d'une armée ? Ça n'avait pas de sens...

Et voilà qu'il refusait son aide. Joseph se passa une main sur le visage.

- Je ne veux que vous aider voyons... Laissez vous faire pour une fois !

Il ne l'écoutait pas ses paroles glissaient sur lui. Il grinça de nouveau des dents en posant son linge. Soit, mais il faisait quoi maintenant lui ? Alduis se redressa brusquement. Joseph cligna des yeux. Bon sang ! Mais qu'est-ce qu'il avait dans la tête. Et en plus il semblait chercher quelque chose. Oh non, ça sentait mauvais tout ça... Surtout vu ses mots... ils n'étaient pas pour lui, il le savait, mais bon sang, qu'est-ce qu'il avait dans la tête ? Il chercha ce qu'il pouvait bien chercher et crut bien comprendre. Il posa sa main puissante sur le torse d'Alduis et le força à s'allonger.

- Oh non, pas de ça, garçon ! Vous allez rester couché et guérir, point !
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Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé] Empty Re: Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé]

Message par Alduis de Fromart Mar 22 Sep - 7:21

Alduis est à l'ouest mais décidé à trouver un couteau. Voit-il celui que Joseph a dans sa botte ?
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Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé] Empty Re: Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé]

Message par Fatum Mar 22 Sep - 7:21

Le membre 'Alduis de Fromart' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


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Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé] Empty Re: Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé]

Message par Alduis de Fromart Mar 22 Sep - 13:43

La main était là, juste sur son épaule. Elle possédait toute la force qu'il n'avait plus, toute la force qui l'avait déserté et qui laissait dans ce lit un cadavre vivant. Elle lui rappelait, avec une perception accrue, à quel point son corps n'était pas digne de confiance. Pourquoi lui ? Pourquoi était-ce lui, qui devait subir cette humiliation, pourquoi la main était-elle épargnée ?

Cette main, cette voix. Elles ne pouvaient lui refuser la mort. Il y avait une vie dont on pouvait disposer librement : celle qui était propre à chacun. Il voulait mourir, c'était sa volonté, sa dernière volonté. Il ne voyait plus rien, sa tête lui faisait horriblement mal. Et il avait soif, soif, soif… Il se consumait de l'intérieur, et il n'y avait plus que ce feu de douleur qui le maintenait en vie. Éteindre ce feu, éteindre sa misérable existence de cafard. Lui accorder le peu de dignité qu'il pouvait encore sauver.

Il prit une inspiration qui siffla. Voulut se redresser. La main le retint, le cloua au lit. Elle était plus forte que lui, et il n'eut pas le choix que de se recoucher. Mais même malade, même au bord de la mort, personne ne lui imposerait jamais quoi que ce soit. Alors même si cela lui coûta un effort démentiel, il se dégagea de la main.

Tout va bien.
Non ! Rien n'allait ! Rien n'allait plus ! Ses mains farfouillèrent dans les draps humides, il ne trouva rien. Où était-il ? Où était-il, ce satané couteau ? Il envoya valser une couverture de rage, mais même cela eut l'air pitoyable.

Tu ne peux faire confiance à personne.

Personne ne voulait le tuer. Ils allaient le laisser mourir, le laisser crever comme un chien[i]. Il siffla entre ses dents, se redressa. On se souviendrait de lui comme d'un guerrier impitoyable, et non pas comme d'un homme réduit à l'état de bête. [i]À l'état de proie.

Il y a deux types de personnes dans la vie : les prédateurs ; et les morts.

Il ne pouvait plus être prédateur. Dans ce cas, il ne lui restait plus qu'à mourir dans l'ordre des choses. Une froide détermination s'était allumée en lui. Il n'allait pas se laisser aller. Il avait droit au repos, et il se l'offrirait. Ici et maintenant. Il écarta la main inquisitrice de l'ombre.

- M'aider à quoi ? grogna-t-il. Achevez-moi, maintenant.

Il devait trouver son couteau.
Il devait trouver…
Il… que devait-il faire, déjà ?

Son arme avait pourtant été posée là, il en était sûr. Le seul problème, c'était que les choses ne se ressemblaient plus. Où était sa droite et sa gauche ? Le sol et le plafond ? C'était comme si quelqu'un s'était amusé à modifier la place de chaque chose, pour lui embrouiller les pensées.

- Je te hais, répéta-t-il soudain, comme s'il n'avait jamais cessé — et cette fois, c'était clairement à l'intention de l'ombre qui restait là, qui prétendait l'aider.

La main se posa à nouveau sur lui. Sur son torse, cette fois, pour le retenir. Le sang s'enflamma dans les veines d'Alduis, l'adrénaline monta d'un coup. Il bondit, comme un animal qui se sait perdu et qui donne tout ce qu'il a pour mordre une dernière fois. Et qui, alors, déployait une force surprenante, vive et inattendue, comme la braise qui se ravive avant de s'éteindre définitivement.

Ce fut toutes griffes et crocs dehors, tout muscle si tendu qu'il pouvait rompre à tout moment, qu'il attaqua cette main, ce corps, dans un réflexe instinctif. Le chien blessé mordait la main qui le soignait, c'était bien connu. Il atteint sa cible — ou ce qu'il pensait être sa cible, mais toujours était-ce que c'était mou. Il passa outre la main.

Un couteau.

C'était un mot d'ordre dans son esprit, qui l'aveuglait, qui résonnait toujours plus fort. Tout son esprit n'était plus tourné que vers cela. Trouver. un. couteau. Il n'existait plus rien d'autre.

Un éclat argenté attira son attention. Et sans réfléchir, il se jeta en avant. Ses doigts se refermèrent sur un manche dur et glacé contre sa peau en feu. Ce n'était pas le sien, il aurait reconnu son couteau les yeux fermés entre mille et la fièvre ne lui enlèverait pas cela. Mais c'en était un.

Il tint l'arme comme un objet précieux, d'une valeur inestimable, et le serra contre lui, roulé en boule par terre, pour être sûr que personne ne le lui reprenne. Là. Sa respiration se calma un peu. Là, il l'avait. Ses mains tremblaient, il avait même du mal à le tenir. Il parvint à le retourner contre son ventre, au prix d'un effort certain. Il était appuyé contre il ne savait quoi. Ses yeux étaient humides, ses joues trempées, son regard brûlant de la flamme du délire.

- Tues-moi, s'il te plaît, dit-il d'une voix qui ne s'entendait même plus, tant sa force s'était toute vidée.

Il roula sur le dos, sans lâcher le couteau. Sa vision s'était un peu éclaircie. Suffisamment pour qu'il distingue les yeux au milieu du visage des jambes — car c'étaient des jambes — contre lesquelles il était appuyées. Il continuait de serrer le couteau entre ses mains, et il avait réussi à les entailler avec la lame.

Il voulait juste mourir. C'était trop demandé ? Il était fatigué de vivre, fatiguer de se battre pour quelque chose qu'il allait perdre de toute façon. Pour quelque chose qui l'avait trahi.
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Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé] Empty Re: Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé]

Message par Irène d'Aubeville Dim 27 Sep - 23:15


Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé] Joseph11

Joseph Cassin, 33 ans

Joseph sentit un malaise envahir la tente toute entière. Comme si un esprit mauvais passer dans l'air... Il secoua cependant la tête. Non mais, et puis quoi encore ! Sa sœur lui avait pourtant dit et répété que tout cela n'était que superstitions ridicules...

Alduis semblait aller de plus en plus mal. Joseph plissa les lèvres. Devait-il appeler un prêtre ? Non, ce garçon allait vivre... il le pouvait, il en était capable, Joseph en était certain !

Il réussit d'ailleurs à dégager sa main mais, curieusement, Joseph y vit plutôt là un mauvais présage. Qu'est-ce qu'il cherchait à la fin ? Il ouvrit des yeux ronds en ayant sa réponse dans un souffle morbide d'Alduis.

- Non mais quelle est cette histoire garçon ! La fièvre vous a fait définitivement perdre la tête ! Je n'ai pas à vous achever et vous, vous allez rester couché, bon sang de bois !

Il tenta de nouveau de le retenir sous les couvertures mais le filou trouva un moyen de s'échapper en s'agitant dans tous les sens. Ah, elle était bonne celle-là ! Il n'allait pas réussir à maîtriser un malade ? Et puis quoi encore... Il serra les dents quand il lui cracha sa haine ne pleine figure.

- Dites, garçon, la maladie n'autorise pas tout non plus ! Alors restez à côté de vos bottes à marmonner mais laissez-moi en dehors de ça, je ne cherche qu'à vous aider, Grand Dieu !

Tout à coup, ce fut l'anarchie total. L'animal sauvage bondit hors de ses draps et surpris Joseph qui resta coi. Que...

- Aïe ! Par tous les saints ! Mais qu'est-ce qui vous prend ?!

Il ramena à lui sa main qui ne saignait pas mais qui, fichtre, faisait mal ! Il avait l'impression de se l'être coincée dans une porte ! Ah mais il lui aurait tout fait cet imbécile... même malade il trouvait le moyen de ne rien faire comme tout le monde. Alors qu'il regardait ailleurs, Joseph sentit quelque chose disparaitre de sa botte. Son poignard de secours ! Bon sang, mais non ! Il n'allait pas le laisser entre ses mains délirantes ! Il chercha aussitôt à le récupérer mais Alduis le tenait fermement et commençait à se rouler en boule comme un enfant. Joseph s'agenouilla en soupirant mais n'en restait pas moins tendu.Ce petit avait déjà un grain de folie mais là, il était devenu champs fertile... Et ça n'allait pas arranger ses affaires. Puisque rien n'avait marché jusqu'alors, il se décida à s'approcher en douceur, en levant les mains et en parlant doucement.

- Allons garçon, lâchez ça. Vous vous faites du mal pour rien... Je vous connais, vous êtes fort, vous pouvez surmonter cette maladie. Ce n'est pas le grand Alduis de Fromart qui va renoncer si facilement tout de même ! Et surtout pas de cette façon ! Reprenez-vous, allons...
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Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé] Empty Re: Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé]

Message par Alduis de Fromart Mar 20 Oct - 12:46

Il avait trouvé un couteau.

Et maintenant qu’il l’avait, il le serrait contre lui, comme le plus précieux des biens. Comme s’il s’agissait d’un doudou, avec lequel on se rassurait des mauvais rêves.

Maman était juste au-dessus de lui. Elle caressait ses cheveux, en chantonnant. Sa douce odeur de lavande l’enveloppait, sa voix apaisait sa peur. C’est juste un mauvais rêve, disait sa voix.

Alduis demeurait roulé en boule sur le sol, prostré, d’une étrange immobilité comparée à l’agitation par laquelle il venait d’être pris. Entre ses doigts faiblards, il continuait de tenir, de toutes ses forces maigrelettes, l’arme. Il ne bougeait plus. Les yeux fermés. La respiration qui n’était désormais guère plus qu’un filet tremblant.

Il n’aurait pas su dire où il était. Le monde autour de lui n’était plus qu’un vaste océan de brume. Il avait la gorge sèche, la langue pâteuse, l’envie de vomir revenait.

- Maman, gémit-il soudainement.
Je suis là.

Sa voix lui répondit si distinctement, sa présence le baignait tellement, avec son odeur de lavande et sa main douce, qu’Alduis y crut. Les intonations douces apaisèrent quelque peu le rythme affolé de son coeur.

Il ne rouvrit pas les yeux quand il répéta :

- J’ai mal à la tête, Maman.
Calme-toi Alduis. Je suis là, tu vois.
- Raconte-moi une histoire…
Laquelle veux-tu entendre ? Celle avec le chevalier ?
- Non, une nouvelle.
Oh, très bien. Eh bien.
- Avec un trésor. Et aussi un dragon.
Il était une fois...

Une autre voix vint soudain s’immiscer dans son délire fiévreux. Une voix qui parlait de force. Alduis eut un long frisson. Il avait froid.

- J’ai soif, répondit-il d’une voix rauque.
Tiens. Un peu d’eau.

Ses doigts se desserrèrent enfin autour du couteau. Il le lâcha et passa ses bras au-dessus de sa tête, pour se replier davantage sur lui-même.
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Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé] Empty Re: Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé]

Message par Irène d'Aubeville Lun 26 Oct - 21:17


Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé] Joseph11

Joseph Cassin, 33 ans

Alduis ne lâchait rien. Ça devenait vraiment inquiétant... Qu'est-ce que cette saleté était en train de lui faire en le rongeant ainsi de l'intérieur ? Il se mordit la lèvre. Il détestait être aussi impuissant, juste rester là sans savoir quoi faire. C'était horriblement rageant.

Le couteau qu'il tenait l'inquiétait aussi mais il ne pouvait se résoudre à le lui enlever. Il risquait de perdre totalement la tête. Joseph demeurait donc là, bête, les bras ballants. Il fronça le nez. Et s'il essayait de le remettre dans le lit ? Vu le rapport de taille,ce ne devrait pas être compliqué. Il fut interrompu dans ses réflexions par la voix plaintive d'Alduis. Joseph cligna des yeux. Sa mère ? Du peu qu'il en savait, elle était morte, lorsqu'il était très jeune. Mais alors... Les yeux de Joseph s'agrandirent. Est-ce qu'il était en train de partir ? Ah non ! Joseph le prit et le secoua un peu.

- Garçon ! Bon sang, ne cédez pas ! Réveillez-vous !

Il divaguait complètement. Joseph pinça les lèvres et n'hésita plus. Il le prit, une main sous le dos et une autre sous les genoux du jeune homme.

- Allez, au lit...

Il le redéposa sur le lit, ne touchant à rien d'autre et surtout pas au couteau. Il semblait frissonner aussi rabattit-il les couvertures sur lui. Il entendit son appel et hocha la tête. Le temps qu'il prenne le verre, il vit qu'Alduis avait lâché le couteau. Joseph garda une de ses mains pour faire boire le jeune homme et l'autre alla attraper le couteau et le glisser de nouveau dans sa botte. Il soupira un peu et reposa le verre vide.

- Là... est-ce que ça va mieux ?
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Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé] Empty Re: Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé]

Message par Alduis de Fromart Mer 28 Oct - 16:18

Maman.
Est-ce que je vais mourir enfin ?


Est-ce que la vie daignerait enfin le laisser tranquille ? Est-ce que la mort le laisserait rejoindre son monde vide et insipide, où le néant était le maître ? Il ne voulait plus rester ici. Alors pourquoi l’y forçait-on ? Pourquoi personne ne venait-il l’achever ? Il n’en pouvait plus, de ce calvaire. Il voulait qu’il termine. Définitivement.

Laissez-moi tranquille.
Laissez-moi mourir.


Il était fatigué. Fatigué de tout cela. Il avait mal, rien qu’en avalant sa salive. Ses yeux étaient humides et coulaient tout seul. Il ferma les yeux, désespéré. Si personne ne voulait le tuer, et qu’il ne pouvait pas le faire lui-même, dans ce cas, il allait rester là. Jusqu’à ce que la mort vienne le cueillir. Il allait se laisser mourir de faim.

Des mains l’attrapèrent et le secouèrent, en l’appelant. Alduis n’avait pas la force de s’en défaire. Mais pourquoi ? Pourquoi insistait-on autant ? Il se laissa partir en avant, sans se soucier d’être retenu par quoi que ce soit. Et si Joseph n’avait pas été là, en face de lui, il se serait simplement éclaté le nez sur le sol.

Il se sentit soulever. Et ne résista pas. Il en aurait bien était incapable de toute manière. On le coucha dans le lit, remit la couverture par-dessus lui. Sa gorge était sèche. Le verre que l’on porta à ses lèvres craquelées lui fit du bien. Même si la moitié tomba à côté de sa bouche et se déversa dans son cou et sur son torse.

- Là… est-ce que ça va mieux ?

Alduis enroula les bras autour de sa taille, et répondit :

- Ne me laissez pas tout seul, gémit-il, comme un dernier appel, avant de s’endormir, épuisé.
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Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé] Empty Re: Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé]

Message par Irène d'Aubeville Lun 2 Nov - 20:51


Flashback ~ le 5 juin 1595 | Au chevet du délire [terminé] Joseph11

Joseph Cassin, 33 ans

Il ne répondait plus. Bon sang, où était-il partit. Sans savoir pourquoi, un courant glacial gela les entrailles de Joseph. Ça n'allait pas, quelque chose n'allait pas du tout. Mais lui, il ne savait pas quoi faire. Qu'est-ce qui était en ce pouvoir en ce moment ? Rien. Il ne pouvait que regarder ce gamin souffrir. Il grinça des dents. Ces choses qui étaient seulement entre les mains de Dieu... Ça faisait parfois peur.

Il ne se débattait même plus. Joseph ne savait pas s'il devait s'en réjouir ou non. Peut-être qu'il devrait l'assommer, il pourrait alors roupiller sans penser à rien. Il n'osa cependant pas le frapper. Ce n'était peut-être pas très indiqué pour une maladie de ce genre... Il grimaça en voyant la moitié de l'eau tomber à côté et appela un petit gars près de la tente pour lui demander de nouveau draps propres. Il en avait bien besoin...

Sa dernière phrase le fit soupirer mais il sourit. Il rabattit un peu plus les couettes et se rassit mieux sur sa chaise.

- Oui garçon, je reste là, je ne bouge pas.
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