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[8 janvier 1597] [Solo] Et l'horloge sonna l'heure de grandir

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Message par Nehalan De Torienel Lun 31 Mai - 22:53

[8 janvier 1597] [Solo] Et l'horloge sonna l'heure de grandir Doran111
Doran de Torienel, père de Nehalan

Le baron renvoya la servante – venue apporter du thé et des biscuits – et sa femme, qui se retira dans son boudoir avec ses deux suivantes. Quelques minutes plus tard, on toquait à la porte. Il s’enfonça un peu plus dans son fauteuil et croisa les deux mains sur son ventre. Il était grand temps. Antoinette pouvait lui faire les gros yeux et minauder tant qu’elle voulait, il ne regrettait pas sa décision. Il ordonna à son fils d’entrer d’une voix forte. La porte s’ouvrit silencieusement, on se glissa par l’entrebâillement et elle se referma de la même manière, si ce n’était avec plus de discrétion encore.

Nehalan s’avança jusqu’au centre du petit salon, raide comme un manche à balais, la peur au ventre. Ils n’avaient toujours pas abordé le sujet de son séjour à la capitale, cette convocation n’annonçait rien d’autre que cela, il en aurait mis sa main à couper. Doran esquissa un sourire rassurant et lui indiqua le fauteuil en face de lui.

- Installez-vous mon garçon, je vous en prie. Il hésita un instant puis ajouta tendrement : Allons, soyez sans crainte, je ne compte pas vous fâcher, il me semble que votre précepteur s’est déjà occupé de la chose avec beaucoup de zèle.

Le jeune homme s’exécuta en silence. Il se souviendrait longtemps de la colère noire qu’il avait déversé sur lui à son retour de la taverne. Nehalan ne lui donnait pas tort. Il savait qu’il avait été irresponsable et désobéissant. Il méritait son châtiment.

- Pardonnez cette convocation formelle, je ne voulais pas vous effrayer. Je désire m’entretenir avec vous de sujets de la plus haute importance qui ne sauraient être abordés au détour d’un couloir.

Son père essayait de le rassurer, mais ne parvenait qu’à lui faire appréhender de plus en plus la discussion à venir. Nehalan lui fit signe qu’il écoutait, d’un timide hochement de tête.

- Je vous ai beaucoup protégé Nehalan. Vous êtes mon fils, et je tiens à vous comme à la prunelle de mes yeux. Ce que je m’apprête à vous annoncer ne vous réjouira sans doute pas mais je ne pourrais vous protéger éternellement. Votre mère aurait voulu que j’attende encore, je crois pour ma part que cela serait vous porter préjudice.

Nehalan regardait son père sans comprendre. Pourquoi tournait-il ainsi autour du pot ? Était-ce pour le plaisir de voir sa terreur grandir et le punir de son comportement à Braktenn ? Il avait pourtant dit qu’il avait déjà été suffisamment punis par Monsieur Retmer…

Monsieur votre Père évoqua d'un ton doux ce qu'il s'était passé durant ce mois de décembre fort en émotion, décortiquant avec lui les bonnes et les moins bonnes expériences. Il le réprimanda pour ses aventures avec Coldris de Fromart et Thierry d'Anjou, mais s'attarda davantage sur ce qu'il eut mieux valu faire en pareilles circonstances. Il le félicita pour sa prise de paroles lors du procès à l'encontre du sorcier qui l'avait soigné, non sans lui répéter qu'il devait penser aux conséquences que ces actes pourraient avoir sur lui ou son entourage avant d'agir et être prêt à les assumer le cas échéant. Ce faisant, ils établirent un bilan de cette fin d'année 1597 jusqu'à la venue d'Alexandre en leur domaine.


- Je vous ai laissé inviter cet esclave hier, uniquement parce qu’il est au service de Coldris de Fromart et que vous avez déjà suffisamment attiré ses foudres sur notre famille. Je veux que vous sachiez, avant que nous passions aux choses sérieuses, que cet esclave n’est en aucun cas votre ami. Il ne s’est rapproché de vous que pour profiter de votre statut et de vos privilèges. Je sais que vous pensiez avoir rencontré un ami, et cela me peine de voir que vous souffrez des manipulations de ce drôle mais prenez-le comme une leçon sur le monde dans lequel nous vivons. Les gens ne sont pas tels que vous les voyez Nehalan, en aucun cas. Vous devez exercer votre mental à déceler qui ils sont vraiment, au risque de vous retrouver piégé.

Le jeune homme se leva d’un seul bond.

- C’est faux ! Vous ne le connaissez pas ! Il …il est tolérant et gentil et il m’a beaucoup aidé !

Nehalan se laissa retomber sur le fauteuil. Il ne pouvait pas avoir raison. Pourtant, Doran ne venait-il pas de lui dire de se méfier des gens, et Alexandre ne lui avait-il pas dit lui-même que la vérité avait de nombreuses facettes ? A qui fallait-il faire le plus confiance pour dire la vérité ? Son père, à qui la seule chose qu’il pouvait reprocher était d’aller trahir sa mère au lupanar ou à Alexandre, un esclave qui s’était comporté avec la plus grande des gentillesses mais qu’il ne connaissait finalement que très peu ?

- Vous n’avez pas le droit de dire ça… Moi je le connaît et je… je suis certain qu’il ne lui viendrait pas à l’idée de faire une chose pareille…

Le baron se leva à son tour pour poser une main compatissante sur l’épaule de son fils.

- Allons… vous n’en êtes pas convaincu vous-même. La réalité n’est pas toujours un enchantement, c’est ainsi. Cette expérience vous apprendra que la confiance est une denrée rare et qu’il ne faut la donner qu’à ceux qui la méritent vraiment.

Nehalan ne bougea pas. Il se contenta de hocher la tête en silence dans l’attente de la suite. Alexandre était son ami, son père ne pouvait qu’avoir tort… Devant son absence de réponse, celui-ci retourna s’assoir, et repris la parole après un raclement de gorge. Nul besoin de continuer d’enfoncer le clou.

- Hum. Vous approchez de votre dix-huitième année Nehalan. Ce n’est plus l’heure d’être un enfant et… il va falloir songer à vous marier. J’ai rencontré il y a quelques jours le général Cassin. Un homme droit, et dont l’entrée du nom dans la famille ne serait que bénéfique. On dit sa fille douce et cultivée. C’est un excellent parti. Vous la rencontrerez un jour prochain, je compte sur vous pour faire bonne impression.

- Entendu, père. Mais… pardonnez-moi de vous contredire, je… je pensais que n’étant pas héritier, j’aurais pu avoir le loisir d’épouser la femme de mon choix…

- Il est vrai que vous n’êtes pas héritier Nehalan, aussi ce n’est pas seulement notre lignée que je cherche à avantager, mais surtout votre propre avenir. Un mariage arrangé ne signifie en aucun cas que vous n’apprécierez pas votre fiancée, et il arrive aussi que de tendres sentiments naissent entre deux époux. Je ne choisirais pas une épouse qui vous soit nocive, soyez-en assuré.

- Je comprends.

- Parfait. Je suis fier de vous.

Doran frappa sur ses genoux, se leva et se dirigea vers la fenêtre. Le plus délicat restait à venir. Il pouvait sentir d’ici la peur de son fils, qui anticipait ce qu’il allait dire.

- Vous n’êtes pas sans savoir que le mariage implique un certains nombres de... devoirs, auxquels vous devrez vous soumettre. L’un d’eux étant, comme chacun sait, de produire des héritiers. Je suis conscient que votre première visite au lupanar fut éprouvante et je ne souhaite revenir une fois de plus sur ce qu’il s’y est déroulé mais le Ministre avait raison sur un point, Nehalan. Vous allez devoir apprendre, que cela vous plaise ou non. Tous les hommes passent un jour par cette étape, c’est ainsi. Je… demain soir, je vous emmènerait et vous saurez ce qu’il y a à savoir.

Le cœur de Nehalan manqua un battement, sa respiration s’arrêta, l’espace de quelques secondes, avant qu’elle ne se décide à reprendre son court, dans une aspiration qui fit tourner la tête de Monsieur votre père. Celui-ci se contenta de poser une main compatissante sur son épaule et de lui tendre un mouchoir, alors que des larmes silencieuses s’écoulaient sur les joues de Nehalan qui encaissait la nouvelle.

Alexandre avait dit que s’il ne voulait pas, personne ne le forcerait. Alexandre avait dit que cela ne dépendait que de lui, qu’il pouvait attendre tant qu’il voudrait. Ses sanglots redoublèrent. Il ne voulait pas, il avait peur. Alexandre avait dit qu’il choisissait. Que s’il voulait attendre, il attendait. Alors pourquoi… pourquoi tout le monde voulait-il le contraindre ? C’était important il le savait mais… mais il ne voulait pas lui… Il ne savait comment s’y prendre, il ne voulait pas entrer dans cet établissement une nouvelle fois, c’était honteux, il ne voulait pas, il ne voulait pas, jamais.

Doran contempla son fils pleurer sans pouvoir s’arrêter pendant des minutes qui lui semblèrent une éternité avant de se décider à la prendre dans ses bras. Il devait apprendre à prendre sur lui, à contrôler ses émotions et surtout à affronter les difficultés plutôt qu’à les laisser l’accabler. Pourtant voir Nehalan ainsi effondré lui fit reconsidérer les choses. Il ne voulait pas que son fils souffre.

- Si cette… perspective vous rebute autant, je ne vous en voudrais pas si vous décidiez d’entrer dans les ordres. Vous y seriez à l’abri de ces exigences. Je pense néanmoins que vous gagneriez à surmonter vos peurs car c’est quelque chose que vous apprécierez, j’en suis sûr. Le tout est de dépasser cette peur qui vous habite, car il s’agit bien de cela n’est-ce pas ? Vous avez peur. Mais vous n’avez pas à avoir peur Nehalan, ni à avoir honte en réalité. C’est une chose qui doit rester dans le cadre privé et dans le cadre strict des relations encadrées, mais rien ne vous empêche d’en profiter, si ces limites sont respectées. Comprenez-vous ?

Nehalan regardait fixement la bibliothèque derrière eux, sans rendre son étreinte à Monsieur votre Père. La religion ? Il n’était même plus totalement sûr que Dieu soit une réalité ou une chimère, et la seule solution pour échapper au lupanar serait de se mettre à son service pour le restant de ses jours ? Aucune des deux alternatives ne l’enchantait plus que l’autre. L’une ne concernait que sa peur oui. L’une serait terminée en une soirée alors que l’autre durerait toute la vie. S’il devait choisir, alors ce serait le supplice le plus court qui l’emporterait.

- Je ferais comme il vous siéra, père, murmura le jeune homme d’une voix éteinte.

Monsieur votre père poussa un soupir, le sera plus fort encore puis s’écarta et rejoignit son fauteuil.

- Bien. Puisque cette question pour le moins épineuse est résolue, laissez-moi vous annoncer une nouvelle qui vous réjouira davantage.

Une lueur fugace d'intérêt renouvelé passa dans le regard de Nehalan, qui ne répondit pas pour autant.

- J'ai discuté avec votre précepteur et nous avons convenu d'essayer quelque chose. Il m'a rapporté que vous pouviez vous montrer dissipé lors de ses leçon, et je ne vous en félicite pas. Au regard des récentes bévues que vous avez pu faire à la capitale le mois dernier et de ce que vous avez pu y voir, nous avons décidé de vous trouver une charge sans grande responsabilité auprès d'un noble de la Cour. Vous apprendrez sous sa tutelle les ficelles de sa charge et pourrez observer de plus près mais en toute sécurité le monde dans lequel vous devrez vous intégrer tôt ou tard. Cette expérience ne peut que vous être bénéfique et vous aider à vous construire une réputation solide en dépit de vos derniers déboires.

Voyant que Nehalan ne réagissait toujours pas, le père toussota puis repris après avoir obtenu un hochement de tête, signe que son fils écoutait toujours.

- J'écrirais en premier lieu au Baron de Frenn, le Premier Conseiller du Roi, comme vous le savez puisque vous avez bien appris vos leçons. C'est un homme d'une honnêteté à toute épreuve, qui saura vous enseigner avec sagesse, sans vous entraîner dans des  manigances dangereuses ou dans des lieux de mauvaise vie.

Monsieur votre père se tu, avec la ferme intention de ne pas poursuivre sans une réponse claire de Nehalan. Lorsque celui-ci s'en rendit compte, il se releva et obéit mécaniquement.

- Je ferais comme il vous plaira, père. Et je vous remercie de vos attentions à mon égard.

- Fort bien. Vous resterez ici jusqu'à ce que nous ayons trouvé un accord. Si le baron accepte de vous prendre à son service, cela vous ouvrira de nombreuses portes, j'en suis certain. Cette charge s'accompagnera également d'une certaine liberté, j'ose espérer que votre séjour ici vous aura permi de reconsidérer vos actions passées et d'envisager l'avenir avec un regard plus mature. C'est pourquoi je décide de vous faire confiance. Vous serez dorénavent responsable de vous-même.

- Je tâcherai d'y faire honneur père.

- Eh bien dans ce cas, je ne vous retiens pas plus longtemps. Allez vous promenez ou jouer quelques notes si cela vous sied, mais détendez-vous.

À ces mots, le baron se leva, imité par Nehalan, qu'il enlaça une dernière fois avant de lui glisser à l'oreille :

- Je sais que cette conversation fut éprouvante et je suis fier de voir que vous l'affrontez avec courage. Je vous aime, mon fils, ne l'oubliez jamais.

Nehalan s'en retourna vers son clavecin sans un mot, tout juste avec un demi-sourire humide. Il aurait beau dire, il le forçait, alors que lui n'était pas prêt.
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