L'envol de la jeunesse

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Message par Cassandre Velasquez Sam 2 Déc - 15:09

L'envol de la jeunesse May_vu12

13 Mai 1598

Tous les matins, il s’éveillait dans la cathédrale, couché sur les dalles froides, au son des cloches. Parfois, comme aujourd’hui,  il grognait. Ils appellaient ça les Matines. Mais ce n'était pas une heure pour se lever. La  lumière n'était pas revenue. Dans son enfance, sa mère lui interdisait de quitter sa couche quand le soleil n'était pas levé. Pourquoi en ville n'agissaient-ils pas comme à la compagne ? Il ne comprenait pas. avec le couvre-feu, aucun fidèle ne viendrait. Il avait été atrapé une fois par un soldat et ça lui avait servi de leçon. Une journée en cellule, avec de pauvres gens ramassés comme lui, serrés les uns contre les autres, il ne voulait pas le revivre. Il se redressa et observa les travailleurs sans maison se relever. Tous dormaient sur les pavés. Comme lui. C'était mieux que la rue. ou encore la prison. Deux hommes étaient debouts et marchaient vers les bancs. Au loin, des formes noires marchaient vers l'autel. Les prêtres. Il se demandait parfois comment faisaient les curés pour arriver toujours à la bonne heure. Ils ne dormaient peut-être pas. ou alors, Dieu leur apparaissait dans leurs rêves et leur disait d'aller dire la messe à sa gloire.

Il se leva lui au aussi et se mélangea à un groupe pour écouter ces paroles étranges. Il ne comprenait pas ces phrases que les curés répètaient tous les jours. Un jour, sa mère lui avait expliqué que c'était la langue des anges et que seuls ceux qui juraient de servir Dieu savaient la parler. Elle avait ajouté qu'ils mangeaient alors toujours à leur faim. Elle espérait le pousser à être curé, mais il n'avait pas voulu. Il avait préféré aller à la ville. Il croyait échapper au travail des champs et devenir riche. Dans les contes des veillées, on disait souvent que tout le monde était riche en ville. Quelle bêtise !

Quel ennui que les messes !

Il imitait ses voisins qui priaient, les mains poséesn l'une sur l'autre, mais ne murmurait rien. Il aurait bien demandé une femme, comme aurait dû avoir un homme de son âge, mais Dieu ne lui avait jamais donné. Il ne lui donnait même pas de travail. Il le laissait seulement rester dans cette cathédrale. Après la messe, les travailleurs partiraient tous vers la place pour se louer. Ils attendraient un peu, mais tous trouveraient un maître pour la journée. Il ne les suivait plus depuis longtemps. Personne ne voulait de lui. Il était bête. On lui disait toujours. Des artisans lui avaient proposé une place, mais avant la fin de la journée, ils le chassaient. Avec un coup de pied au cul. Ils disaient qu'il ne comprenait pas. Ou qu'il avait fait quelque chose de mal. Il ne voyait pas quoi. Ils ne lui expliquaient pas bien, c'était tout.

Tout le monde était parti. La cathédrale était presque silebcieuse. Il marcha vers la chapelle de la sainte-Vierge et sourit à la bonne Marie. Cette bonne mère le compfrenait sûrement. Il aurait aimé rencontrer une jolie fille, gentille, mais toutes les filles avaient peur de lui. Il ne disait rien de mal. il leur souriait et proposait de se promener. Comme les autres hommes faisaient. Elles reculaient et leur père arrivait pour le frapper. On le chassait. On lui ordonait de ne plus approcher la fille. Il ne comprenait pas pourquoi. Il voulait juste en faire sa femme. Lui aussi avait le droit à une femme.

Il resta longtemps à regarder la bonne mère au visage doux. Une fille passa alors près de la chapelle et ne le reamarqua pas. c'était elle. Il l'avait répéré depuis plusieurs semaindes et la trouvait jolie. Puis, à un âge encore jeune, elle ferait sûrement moins de manières. Et puis, elle était seule. Il y avait bien un frère de temps en temps, mais il n'était pas toujours là. La semaine dernière, ce stupide frère l'avait cogné. il ne voulait pas le voir regarder sa soeur. Maintenant, il faisait bien attention. Il ne la regrdaiut que s'il n'était pas là. Il se leva et la suivit de quelques pas en arrière et se cacha derrière une colonne. La fille marcha vers la chaire et parla au vieil évêque.

Qu'elle était belle !

Ses cheveux bruns donnaient envie de glisser la main dedans.

Puis, cette peau brune, comme la sienne, elle donnerait la même couleur à leurs enfants.

C'était elle sa femme !

Cette fois, il réussirait à en séduire une !

Le vieil évêque se leva et marcha au côté de la fille vers le confessionnal. Dès que les portes se refermèrent, il s'installa sur un prie-Dieu proche et dirigea les yeux vers le bas. Sous cet angle, il remarquait presque toujours les genoux de la paroissienne qui avouait ses fautes au prêtre. Parfois, quand les jupons étaient très relevés vraiment fort et il voyait précisement leurs jambes, et même les cuisses. Mais c'était souvent de vieilles femmes, à la peau moche. Il préférait voir la peau tendre d'une jolie fille. Il espèra voir la sienne, mais cette fille cachait bien ses jambes. Même ses chevilles. Tant pis ! Il les verrait plus tard. Elle lui montrerait.

Quand elle sortit, il eut peur.

Et si elle fuyait, comme les autres ? Il tourna la tête vers la bonne mère et la supplia de lui donner sa femme. Il se leva et la fille ouvrit la première la bouche. Elle le salua joyeusement et lui sourit.

“Bonjour !”

Il bredouilla et remercia la bonne mère. Elle lui avait accordé son voeux !  

“Tu viens souvent ici ? Tu vis ici, peut-être ?”

Il toussa, ayant du mal à parler. Il n'était pas sorti depuis des semaines, et ici, discuter, ça n'arrivait pas souvent.

“Je… Je suis Jean. Je vis ici, oui. Je n’ai pas de travail.”

“Les curés ne t’aident pas ? Souvent, ils peuvent persuader un patron de prendre un apprenti. ou alors trouver une place de serveur dans une auberge ou de commis en cuisine”

“ils… ils ont essayé. Mais on veut pas de moi.”

“J’en suis désolée.”

Il sourit, de plus en plus confiant. La bonne mère soufflait à l'oreille de cette fille. Elle le suivrait.

“Euh… tu veux te promener avec moi ?

“ Se promener... ?”

Elle l'observa longtemps, sans répondre, et ses yeux l'effrayèrent. Elle n'avait pas l'air effrayé. Ni en colère. Il n'arrivait pas à comprendre ce regard. Il supplia pendant ce long silence la bonne mère de l'aider. La fille recula alors d'un pas et murmura :

“D’accord. Allons sur le parvis.”

Elle acceptait !

Il en avait enfin séduit une !

Que la bonne mère soit louée !

Elle marcha la première pour sortir de l’église et il la suivit d’un pas rapide. Sur le haut des marches, elle ne se retourna pas. Ni même ne l’attendit. Elle semblait vouloir descendre. Seule. Sans lui. Il courut et lui attrapa la main.

“Attends-moi !”

Elle s’arrêta et lui répondit pas. Elle était devenue bien mal élevée. Ou alors, c’était une attitude féminine. Il avait entendu des maris ricaner et s’exclamer s’occuper de dresser leurs épouses. Une fille, c’était donc comme un cheval. Ou un taureau. Si on ne la canalisait pas, elle dominait. Il se souvenait des parties à jouer avec les taureaux dans son village natal. Plus d’une fois, lui et ses amis avaient été désarçonnés. Mais il avait appris comment faire. Il suffisait de faire pareil.

D’une poigne ferme, il entoura sa taille. Elle se cambrerait, essayerait de résister, et verrait enfin qui était le maître.

Elle…

Elle lui donna un coup entre ses jambes.

Il tomba à terre. Son crâne cogna la pierre. Il cria, mais personne ne lui tendit la main. Ils étaient plusieurs à le regarder, à parler, à dire du mal de lui, mais ils ne l'aidaient pas. Il n'avait rien fait de mal. Il ne faidsait rien de mal ! Une fille ! Il voulait juste une fille ! Pour être comme les autres hommes. La bonne mère lui avait donné cette fille. Il avait donc le droit de la dompter. Comme un homme. il ne comprenait pas pourquoi il se retrouvait à terre à pleurer tant les parties entres ses cuisses le brûlaient.

Une poigne le soulèva.

Il hurla.

Le grand frère !

Il bredouilla en claquant des dents :

"Pitié..."

***
Cassandre Velasquez
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Message par Cassandre Velasquez Sam 2 Déc - 15:51

L'envol de la jeunesse Cassan67
Cassandre Velasquez

Cassandre avait couru longtemps avant de s’arrêter dans une ruelle, faute de souffle, et de s’appuyer contre un mur de briques. Il… La nausée l’emportait sur la colère. Il avait entouré ses hanches de ses mains. Elles étaient restées plusieurs secondes dessus. Sa robe lui sembla soudainement dégoûtante. La fillette baissa la tête pour observer le tissu. Rien n’était visible, mais pourtant, elle, elle les voyait encore. Elle les sentait encore.

Elle avait envie de laver sa robe.

Elle avait envie de la brûler.

C’était ridicule.

Ce n’était qu’une robe et il n’avait fait que toucher le tissu. Sa peau n’avait pas atteint la sienne. Pourtant, elle se sentait quand même souillée, contaminée, comme si cette odeur répugnante de châtaignes et de fraises ne la quitterait jamais.

Elle avait envie de courir dans le fleuve pour s’en débarrasser définitivement. Ce qui serait rudement idiot quand on ne savait pas nager. Elle posa la tête contre le mur de briques et souffla. Il était loin. Il ne la toucherait plus. Si elle le recroisait, elle l’éviterait. En sortant du confessionnal, elle avait perçu quelque chose d’étrange émanant de lui et son invitation à se promener était suspecte, mais lui refuser ouvertement aurait été dangereux. Son regard avait quelque chose de dérangeant. Elle s’était imaginée marcher rapidement et le perdre, mais elle n’aurait jamais pu le soupçonner de l’arrêter de la sorte. Un frisson d’effroi la parcourut à nouveau. Ses mains. Ses mains posées sur ses hanches. Elle les frappa, brusquement rageuse.

Il n’était pas là.

Il n’était plus là.

A quelques mètres de là, hors de la ruelle, des silhouettes s’agitaient et les roues des chariots résonnaient sur les pavés. Elle ne se sentait pas encore de sortir. Sa respiration sifflait encore, et ses hanches… Ses hanches étaient encore pleines de ses mains.

Elle souffla, frappa brusquement les briques.

Elle ne devait pas le laisser gagner.


***

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Message par Cassandre Velasquez Sam 2 Déc - 16:07

L'envol de la jeunesse Enfant14
Angélique Lesueur, 13 ans

La maison tranquille l'inquiètait toujours. Même quand elle se savait parfaitement seule. Elle s'imaginait Damien, dans la chambre, faire une bêtise sous les conseils d'un de ses deux aînés idiots qui croyaient drôles de se moquer de sa naïveté. Ils n'étaient pas là. Sa soeur était sortie avec une amie et reviendrait en fin d'après-midi si elle ne désobéissait pas. Baptiste traînait quelque part et un de leurs oncles avait emmené le benjamin pour quelques jours. Elle était bien seule. Elle pouvait se détendre.

En se relevant du tabouret pour examiner la soupe, Angélique observa par la fenêtre. Deux femmes discutaient, juste sur le pas de leur porte. Elles étaient déjà là une heure plus tôt quand elle épluchait les légumes. Un soupir lui échappa alors qu’elle remuait la longue cuillère de bois. Elle goûta la préparation lorsque la porte s’ouvrit brusquement et se referma aussi sèchement.

“Tu as encore oublié ta veste ?”

Elle se retourna, s’attendant à apercevoir Baptiste ou Clémence, courant vers l’escalier, et découvrit Cassandre appuyée contre la porte. Son amie baissait la tête vers ses bottines, les jambes serrées l’une contre l’autre. Angélique s’approcha.

“Tu veux monter ?”

Elles seraient mieux dans sa chambre pour des confidences, et si Clémence rentrait, tant pis ! La porte serait bloquée et elle taperait dessus autant de temps qu’elle le penserait nécessaire. Angélique préféra sourire à Cassandre alors que celle-ci s’avançait lentement. A l’étage, pendant que son amie s’effondra dans le lit, la jeune fille appuya une chaise contre la cliche. Elle alla ensuite s’asseoir pour caresser doucement les cheveux de Cassandre.

“Alors, qu’est-ce qui va pas ?”

“Je… je pensais pas que ça me ferait ça. Je devrais pas m’en soucier. C’est juste… Il mérite pas que je pense à lui. Il… Tout à l’heure, à l’église, un homme m’a abordé. il était… vieux. Le regard… malsain… Il m’a proposé une promenade et j’ai dit oui pour lui échapper sans le mettre en colère. Il faisait sombre. Et il y a des recoins. Il aurait pu…”

Sa gorge se serra. Sans entendre de plus longues explications, elle savait tout. Depuis quelques mois, son corps se transformait, notamment cette poitrine gênante, et les regards masculins avaient peu à peu évolué. De temps en temps au marché, une main s’égarait sous sa jupe, ou se posait sur ses fesses. Angélique chassa ces visions et se rapprocha de Cassandre.

“C’était la première fois ?”

“Pas vraiment. Quand je travaillais au lupanar, des clients me tripotaient souvent. Enfin, j’avais appris à les éviter, mais ça arrivait encore qu’un réussisse à me coincer. Dans les rues, j’ai toujours cru que courir me permettrait de les fuir, mais… Mais quand je suis sorti, quand j’allais descendre l’escalier, et il… Il m’a saisi les hanches.”

Elle se redressa brusquement pour se frotter nerveusement les hanches. Angélique lui bloqua la main.

“Ca sert à rien. Accepte qu‘il t’a touché.”

Sa fermeté l’arrêta et Cassandre se mordit les lèvres.

“Je sais. je suis ridicule. Je me prends la tête alors que c’est lui qui… c’est lui qui devrait se sentir mal.”

Une idée lui traversa l’esprit et Angélique lui tira doucement la main pour l’installer un peu plus confortablement. Se lamenter à ces pensées, c’était stupide. Au contraire, l’important, c’était de vivre des souvenirs plus heureux. Comme quand Cassandre l'emmenait chasser les grenouilles ! Elle se leva pour aller chercher sa brosse et commença à lui brosser les cheveux en défaisant lentement le chignon qui composait aujourd’hui sa coiffure. Tout en tressant, la jeune fille s’amusa à énumérer les commérages que lui rapportaient ses frères et sa soeur. Peu à peu, Cassandre se détendit et apprécia le moment passé ensemble. Vers la fin, elle s’observa dans le petit miroir la couronne tressée qu’elle venait de ceindre sur sa tête.

“C’est joli.”

En se reculant, Angélique soupira. Son regard était encore triste.

“J’aime bien me faire belle, me coiffer, me maquiller, mais avant… Avant, avec mes cheveux lâchés, juste peignés, j’aurais sûrement pas attiré cet homme.”

Avant, quand elle travaillait dans un bordel ? Avant, quand elle vivait dans son ancienne famille bourgeoise ? Angélique n’était pas certaine de suivre la pensée de son amie, mais elle commençait à la connaître pour savoir que celle-ci glissait sur la pente du pessimisme. Elle grogna.

“Avant, tu veux dire quand à dix ans, on t’a mis une main au cul ? C’est vrai que tu devais drôlement être maquillée !”

“C’est pas pareil, Angie !”

“Les hommes qui vont au bordel, ils ont les mêmes envies partout. c’est comme Baptiste ! Je lui répète de pas pisser dans la cour, mais il y va toujours !”

Cassandre l’observa un instant surprise, puis pouffa.

“Tu viens de comparer des porcs à ton frère, là ?”

Angélique, mains sur les hanches, haussa les épaules.

“Bah… A un degré différent, c’est un cochon lui aussi !”

Son amie éclata joyeusement de rire et la jeune fille se rassit, satisfaite. Cassandre se calma peu peu et tourna la tête pour fixer la porte.

“C’était stupide. Je sais. Je sais maintenant que tous les hommes ne sont pas comme ça. Il y en a beaucoup comme Eldred, mais beaucoup aussi comme des porcs. J’ai déjà vécu ça, pourtant, mais je l’avais mis à distance. Et quand il m’a touché, je me suis sentie paralysée. comme si je devais à nouveau cesser de faire confiance.”

“T’as le droit de te sentir écoeurée. C’est dégoûtant et énervant quand ils font ça. Moi, ça m’arrive parfois au marché. Quand je rentre, j’enlève mes vêtements, je me lave entièrement, puis je lave ma robe.”

Elle hocha lentement de la tête.

“Ouais… Ma première réaction, c’était d’arracher ma robe !”

“Ben, heureusement que tu l’as pas fait !”

Elles pouffèrent en même temps, toutes deux amusées de cette vision.

“Je ne suis pas si stupide !”

Angélique sauta du lit en se tournant vers la fenêtre.

“Si on allait jouer ? J’ai bien envie, moi, de capturer des grenouilles !”

Cassandre lui sourit, se laissa glisser du lit et lui prit la main.

“Oui !”

***

Cassandre Velasquez
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Message par Cassandre Velasquez Sam 2 Déc - 16:29

16 Mai 1598

L'envol de la jeunesse Image_11
Quentin Velasquez

Comme chaque Dimanche, Cassandre quittait le château en compagnie des deux garçons pour assister à l’office. Ce jour-là, elle marchait en retrait, la main serrée autour de son panier, en observant ses deux amis rire insouciamment. Hier, elle avait préparé, aux cuisines, des confitures avec Kalisha pour les apporter à Sylvère et Nico. Bon nombre de domestiques avaient été choqués et les avaient observé tout le long avec incrédulité. En aidant sa maîtresse, elle avait rappelé que Nico avait longtemps parlé des fameux pots reçus pendant l’hiver et qu’il n’avait jamais mangé de meilleure nourriture. Elle s’était toutefois gardée de préciser que le jeune garçon répétait ces paroles pour chaque plat que l’on lui offrait. Ou il était trop poli ou sa mémoire était peu développée. Elle s’amuserait encore à le taquiner et Nico protesterait faiblement en expliquant qu’il goûtait rarement de bonnes choses. Elle pourrait alors s'exclamer qu’il disait régulièrement à Sylvère que c’était le meilleur lapin jamais mangé. Il serait alors bien embarrassé, puis proposerait de jouer.

Ce serait une belle journée, à profiter d’un moment tranquille en forêt. En paix.

Alors que les murailles se rapprochaient, l’anxiété montait. Revenir en ville, frôler des hommes et risquer de sentir encore la main… Elle se traita d’idiote. Elle n’allait pas vivre enfermée parce qu’un abruti l’avait touché. D’autres l’avaient déjà fait et bien d’autres le referaient. Plus elle grandirait, plus son corps attirerait leurs regards malsains. Au moins, personne au château ne soupçonnait rien de cette agression. Et surtout pas Eldred ou monsieur Wagner. Elle les aurait entendu pendant des jours, peut-être des semaines, et ils auraient tenu à la voir escortée. Elle n’était plus une gosse ! Et puis, elle s’était défendue seule. Sa main glissa sous sa robe pour caresser le manche de sa dague. Ils pouvaient essayer, mais ils ne feraient rien de plus que lui saisir les hanches.

Deux jours s’étaient écoulés depuis, et revenir à la cathédrale serait sans doute difficile. S’il était encore là… Tant pis ! Elle le fixerait dans les yeux et lui montrerait ne pas avoir peur. Ce n’était pas à elle de se cacher.

En arrivant en ville, le petit groupe se resserra et Cassandre jeta des regards partout pour repérer les hommes risquant de la frôler. Ses amis la laissèrent sur le parvis de la cathédrale et elle les salua de la main en leur souhaitant une bonne journée. Depuis que son frère était réapparu, ell avat accepté d’obéir, à contrecoeur, à l’évêque de venir entendre la messe avec Quentin. Au début, cela la mettait mal à l’aise et elle avait beaucoup de mal à ne pas penser à son père ou ses soeurs. Lors des deux premiers offices, elle était restée silencieuse et avait suivi d’un air concentré le sermon en priant Zita. Une heure. Une heure ! C’était si long. Si ennuyeux ! Ses prières ne duraient jamais que quelques minutes. Après un moment, elle s’était occupée en essayant d’entendre les mots latins et de deviner leur sens selon l’avancement du rituel. Grâce à cet exercice, elle savait dire pain, poisson, fils, mère et mère dans cette langue. Mais maintenant, elle n’écoutait à nouveau plus. Quentin l’avait détourné en lui proposant de raconter des histoires sur leur famille. Des histoires d’avant sa naissance.

Maintenant, elle attendrait presque avec impatience la messe dominicale.

Au bas de marches, Cassandre leva la tête et fixa leur sommet. Il y a deux jours, là-haut… Elle secoua la tête. Ce n’était rien. Il ne méritait pas qu’elle pense à lui. Elle monta rapidement et approcha de l’entrée lorsque son regard se posa vers la silhouette de Quentin à l’opposé. Elle s’écarta d’un groupe de fidèles et le rejoignit. Il lui parut triste, mais son frère avait souvent cette expression, à ruminer le passé ou ce qu’il appelait son incapacité sociale. Il se redressa, l’observa un court instant et baissa la tête.

“Pardon…”

“Qu’est-ce que t’as fait encore ?”

“Je… Je suis désolé, Cassandre pour…”

Il chercha ses mots et ceux-ci ne semblaient pas venir. A la place, il pointa les escaliers, l’endroit où elle avait été agressée. Elle soupira et lui sourit.

“C’est pas grave, Quentin. J’ai déjà oublié. Et il ne m’a rien fait, en plus.”

“Il… C’est ma faute, Cassandre. Il… Depuis trois semaines, je l’ai vu te regarder quand tu venais te confesser. Il fait ça pour beaucoup de filles. Il fait semblant de prier et regarde vers le confessionnal. Le bas. Les deux fois où je l’ai vu, avec toi, je lui ait collé une raclée. Monseigneur Zacharie m’a puni pour ça.”

Cassandre pouffa.

“Te battre dans une église aussi !”

“Je croyais que personne nous verrait. je l’avais traîné dans une chapelle. Et puis, je pensais que ça le ferait dégager.”

“C’est pas ta faute, Quentin.”

“J’aurais dû être là. J’aurais dû te remarquer plus tôt. Je…”

“J’aurai pu me faire agresser dans la rue par un autre. Toutes les femmes, toutes les filles, subissent ça, Quentin. Je ne suis ni la première, ni la dernière.”

“J’ai pas envie que tu subisses ça, toi.”

“Et moi, j’ai envie qu’aucune femme ne subisse ça. Mais visiblement c’est pas une possibilité. Alors, accepte juste que ça m’est arrivé, que ça m’arrivera encore, et que tu peux rien y faire.”

Elle le fixa, agacée de tenir cette conversation qu’elle avait cru éviter en taisant cette agression à Frenn. Son regard, comme toujours, désarma Quentin et le fit reculer. Elle hésita, puis se décida à s’adoucir. L’évêque lui avait dit d’encourager tout moment comme signe de rapprochement et d’y voir un signe positif. Si elle s’écoutait, dans ces paroles, elle ne percevait qu’un désir de la contrôler, mais ce vieux naïf défendrait que c’était une forme d'inquiétude. Elle souffla en se répétant ses enseignements.

Ne pas juger les gens trop vite.
Ne pas s’énerver trop vite.

Pour un peu, il ressemblerait presque à Sylvère, mais Kalisha avait raison sur ce point, ce dernier était un bien plus beau curé que l’évêque.

“Je… Je te remercie de t'inquiéter pour moi, mais ça va, Quentin. Je sais prendre soin de moi et me défendre.”

S’il était assez intelligent, il se rappellerait qu’elle avait vécu, par sa faute, dans la rue et trois années dans un lupanar. Quentin hocha de la tête. Il tourna ensuite la tête vers un clocher lointain pendant quelques secondes avant de revenir vers elle.

“Il… Il a été arrêté.”

“Juste… pour ça ?”

“Je ne pensais pas ça possible  non plus, mais quand monseigneur Zacharie a appris qu’il avait tenté de forcer une enfant, il a été… Je ne l’avais jamais vu en colère ! Je ne savais même pas qu’il pouvait se mettre en colère ! Jusque-là, il n’avait pas cru que cet homme observait les filles. Il supposait toujours que je me trompais. Mais quand plusieurs personnes ont rapporté l’histoire, il… Tous les autres curés avaient filé avant même la fin !”

Cassandre écouta, pensive, touchant une des mèches de son chignon. Contrairement à son frère, elle se représentait bien sa colère pour l’avoir expérimenté lors de sa première confession lorsqu’il avait considéré qu'elle mentait alors qu’elle avait raconté la stricte vérité sur l’évasion d’Hyriel. Cet évêque était doux, un peu rêveur, mais malgré tout il gardait les pieds sur terre et savait se défendre lorsqu’un sujet perturbait ses convictions. Elle nota aussi que Quentin ne l’appellait plus le vieux curé et lui témoignait un respect sincère.

“Et après ?”

“Après, il a été parlé à cet homme et il l’a emmené à l’extérieur en m’ordonnant de rester avec lui. Moi, j’avais encore envie de lui refaire sa stupide face. j’ai eu beaucoup de mal à me contenir.”

“Tu ne passes pas assez de temps en confession à écouter l’évêque te répéter que la colère est mauvaise conseillère !”

Il lui tira superbement la langue avant de poursuivre.

“Assez vite, monseigneur Zacharie est revenu. Accompagné de trois soldats. Ils l’ont arrêté. Nous les avons suivi à la prévôté et monseigneur Zacharie a parlé longtemps pour expliquer que cet homme représentait un danger pour un société et tous un tas de paroles compliquées. A la fin, le juge a décidé de l’emprisonner pour quinze ans. En rentrant, monseigneur Zacharie m’a expliqué cette peine. Que pour ton agression, il ne pouvait demander ni la corde ni l’asservissement. Il s’est alors concentré à expliquer qu’il était un danger pour les femmes qui croiseraient sa route et que la justice devait le tenir éloigné.”

“C’est un raisonnement très intelligent.”

Quentin acquiesça d’un hochement de tête.

“Peut-être… Peut-être que je pourrais devenir curé. Enfin, j’aimerais bien devenir quelqu’un comme ça. Quelqu’un qui peut défendre les gens et qui a assez de pouvoir se faire entendre en justice.”

Cassandre l’observa, un instant surprise, puis apprécia de l’entendre énoncer enfin des projets. Pour une fois, il ne se plaignait pas et envisageait sérieusement d’avancer.

“Pourquoi pas ? Dans ce cas, vise d’être Pape !”

“Quoi ? Moi… Moi, Pape ?”

“Il faut avoir un minimum d’ambition dans la vie. Où te vois-tu dans dix ans ?”

“Eh bien, euh, je… Si je veux devenir prêtre, dans dix ans, euh… je serais évêque ? Je pourrais remplacer monseigneur Zacharie. ou au moins le seconder.”

Cassandre émit un sifflement désapprobateur.

“Et si tu visais à être cardinal plutôt ? Un cardinal, ça a bien plus de pouvoirs. Et tu pourrais aider bien plus de monde.”

“Tu penses vraiment que c’est possible ? Je suis…”

“Tu as appris à lire et à écrire seul, Quentin ! A seize ans ! Si tu essaies vraiment, si tu le veux vraiment, tu peux accomplir des choses compliquées ! Déjà, tu sais le latin ?”

“Je trouvais ça inutile par rapport à la littérature et au droit.”

“Je comprends. Mais pour faire carrière dans l’église, faut savoir bien parler le latin. J’ai commencé à l’étudier avec mon précepteur. On pourra réviser ensemble de temps en temps !”

Il la contempla d’un air gêné, sans trouver de quoi répondre, lorsque le carillon sonna. Cassandre pouffa et lui prit la main.

“Bon ! Allons écouter cette messe ! Il faut bien qu’un futur curé fasse acte de présence !”

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Message par Cassandre Velasquez Sam 2 Déc - 17:18

L'envol de la jeunesse Auiber10

26 Juin 1598

Cassandre descendait rapidement la pente pour rejoindre la ville, un panier serré au bras. Dans la matinée, un désastre avait eu lieu dans la chambre de Kalisha. Un chat. Un chat inconnu, sorti du néant, était apparu pendant que sa maîtresse et sa camériste écoutaient à la chapelle l’office du vicaire. A leur retour, la pièce était sans dessus dessous alors que le félin ronflait paisiblement sur le lit, les couvertures griffées. Cassandre l’avait brusquement saisi pour le jeter par la fenêtre, indifférente à son sort. De toute manière, ces bestioles, comme les mauvauses herbes, cela résistait à tout. Elle avait ensuite soupiré devant le travail qui l’attendait et avait commencé à ranger. La camériste avait alors poussé un cri d’effroi. Elle s’était retournée et avait découvert les produits de maquillage tous répandus au sol. Devant sa panique à imaginer le déshonneur de Kalisha à paraitre non fardée, puis du sien. Elle avait hurlé à tout le château son désespoir. Même Eldred, dès écuries, avaient dû entendre qu'elle serait renvoyée, condamnée à la rue, la misère, la protistution et son chant strident aurait duré longtemps si elle ne s'était pas vite proposée d’aller en racheter. a ses yeux, cela ne semblait pas un bien grand drame, mais il apparaissait visiblement que les dames de la noblesse ne puisseent sortir avec un visage naturel.

Au moins, cela lui faisait une sortie de plus entre son congé dominical et la journée pour visiter Louise.

En arrivant en ville, Cassandre traversa rapidement la place qui menait à la cathédrale et jeta un regard rapide au haut des marches. Depuis plusieurs semaines, son frère s’accrochait à son nouveau rêve et l’évêque s’illuminerait à chacun de leurs entretiens, ravi de former un futur prélat. Au moins, sous son aile, il deviendrait un gentil curé, tolérant, et pas un de ces prêtres stupides autoritaires qui aimaient abuser de leur position sur leurs fidèles. De toute manière, Quentin avait intérêt à se tenir, car même s’il devenait Pape, elle le gronderait si elle considérait qu’il faisait une bêtise.

Elle ralentit pour laisser passer plusieurs chariots qui encombraient la rue et repensa à l’évêque. Peu après son agression, lors de la confession de la semaine suivante, il l’avait entraîné dans son bureau et l’avait interrogé pour savoir si elle allait bien. C’était un peu agaçant, même s’il était gentil à se soucier d’elle. Il n’inventait pas de prétexte, lui, comme monsieur Wagner, mais s'intéressait à une situation réelle et ses questions, même si elles étaient embarrassantes, avaient été étonnamment pragmatiques pour un religieux. Il ne cherchait pas à éluder le sujet et allait directement au but alors que la sexualité lui causait toujours un grand embarras.

Depuis ce jour-là, elle n’osait plus le taquiner et se trouvait trop sage lors de ses confessions. Cela ne lui ressemblait pas, mais embêter un religieux aussi bon lui aurait pesé sur la conscience. Bien plus que ces doutes et ces inquiétudes qui lui venaient au quotidiennement et dont elle discutait avec Eldred et l’évêque.

Après avoir traversé une partie de la ville, Cassandre entra dans une échoppe à laquelle Kalisha avait ouvert un compte peu après son premkier mariage. Elle donna son nom et indiqua les produits ayant besoin d’être remplacés avant de suivre la vendeuse. Prudente, elle écouta ses paroles et négocia habilement en s’amusant du mécontentement croissant de la jeune femme. De temps en temps, Cassandre laissait entendre que sa maîtresse préférerait une autre boutique finalement ou que la qualité d’une des crèmes avait été discutable. La facture ne diminua que d’une quinzaine de rilchs, mais c’était une petite victoire satisfaisante.

En ressortant de là, un ciel noir menaçait et ds éclairs illuminaient régulièrement le ciel. Cassandre frissonna en jetant un rapide au château au sommet de la colline lointaine. La remontée allait être éprouvante si un orage éclatait. Elle se dépêcha de retraverser la ville dans l’espoir de rentrer avant la pluie. Les chariots et les passants avaient presque tous disparus. Elle espéra elle aussi être bientôt à l'abri.

Une mauvaise surprise l’attendit devant les portes. Les gardes les refermaient. Elle se précipita, essayant de passer entre la mince fente, mais l’un des soldats l’arrêta.

“C’est dangereux, jeune fille, de sortir. Rentrez chez vous.”

“Mais je travaille à Frenn, monsieur.”

Le soldat parut embêté.

“C’est… problématique. Une coulée de boue est descendue de la pente qui mène au château de notre Premier Conseiller. Nous avons justement reçu l’ordre de fermer les portes à cause de ça.”

Cassandre baissa la tête. Revenir en cet fin d’après-midi serait aussi stupide que dangereux. Une première pluie avait dû tomber pendant qu’elle faisait ses courses et le sentier, déjà peu praticable par temps sec, était assurément le meilleur moyen de casser une jambe ou le cou. Mais son statut était si compliqué. Prendre une initiative pouvait lui coûter. Kalisha la couvrirait, mais le baron… Elle ne lui accordait pas encore sa confiance.

“Je suis esclave, monsieur. Au service de la baronne de Frenn. Si je reste là, demain, est-ce que vous pourriez me raccompagner ?”

Elle garda la tête dirigée vers ses bottines en conservant l’air de la petite fille se sentant coupable d’une petite bêtise. Il demanderait peut-être à voir sa maudite marque. Elle espéra que non. Se dénuder en public, afficher son épaule brûlée… L’humiliation la ferait vomir. Par bonheur, il sourit.

“D’accord. Tu n’as nulle part où passer la nuit alors ?”

Cassandre ravala une répartie ironique et secoua la tête.

“Il y a une auberge pas loin. Je vais t’y amener et je viendrai te chercher demain matin. D’accord ?”

Elle hocha poliment de la tête et le suivit vers une petite auberge, comme il en existait des dizaines dans Braktenn, à quelques pas de la muraille. Au moins, demain matin, elle n’aurait pas un long chemin à faire. Le soldat la présenta grossièrement, puis repartit rapidement. Le tenancier, un vieil homme aux cheveux encore bruns, lui sourit et lui proposa une écuelle de soupe. Elle refusa poliment et assura avoir déjà mangé. Un petit-déjeuner avec deux tartines de confitures et de la brioche, un repas de midi avec de la viande et des légumes, son estomac saurait se passer sans mal de nourriture. Monsieur Wagner s’évanouirait s’il apprenait qu’elle avait jeûné, mais elle mentirait en affirmant avoir accepté cette écuelle généreusement ouverte. Eldred ne lui reprocherait sûrement pas. Et sinon… tant pis ! Elle ne se créait pas, elle, de dettes non nécessaires.

Soucieuse de ne pas se faire remarquer, elle s’installa sur un banc près du feu et tira un ouvrage d’un pan de sa robe. La petite salle était remplie et bien animée. Un troubadour clamait de belles chansons en jouant du luth. Plusieurs personnes l’écoutaient hâtivement et quelques unes lui donnaient des pièces tandis qu’une table l’ignorait complètement, occupée par une partie de cartes. Elle broda longtemps et constata peu à peu les hommes monter un à un se coucher. Ils étaient nombreux à bailler et deux titubaient, ayant abusé sans doute trop du vin. A l’odeur, pourtant, ce n’était que la piquette. L’alcool avait dû leur brûler le palais.

La salle était devenue silencieuse et elle restait seule, au coin du feu, à broder toujours. Une nuit de veille ne l’effrayait pas. C’était plus confortable que toutes celles passées à servir les clients jusqu’à l’aube. Le grincement des marches retendit et elle tourna la tête pour apercevoir une silhouette arriver au bas de l’escalier. Elle s’approcha lentement, puis à la lueur des flammes, Cassandre reconnut un visage masculin. Des cheveux lui tombaient sur les épaules et la lumière du foyer éclairait une lame pendue à son ceinturon. Un noble. Elle se cambra, nerveuse, et fit semblant de ne pas le remarquer.

“Bonsoir, mademoiselle, vous ne trouvez pas le sommeil vous non plus ?”

“Je n’ai pas envie de dormir, c’est tout. J’aimerais rentrer tôt demain.”

“Vous avez une longue route ?”

Cassandre hésita, puis estima que la destination ne lui fournirait pas d’indication précise.”

“Au château de Frenn.”

Il hocha de la tête et se tourna vers la cheminée avant de revenir vers elle quelques minutes plus tard.

“Si vous ne dormez pas, accepteriez-vous de jouer aux échecs ?”

L’idée de se confronter à un nouvel adversaire lui plut, mais s’il imaginait qu’elle serait d’un niveau égal au sien, il serait déçu. Elle l’emportait facilement face à Sébastien, ou parfois Eldred, quand elle réussissait à le persuader d’y jouer. Par contre, avec monsieur Wagner, quand il était sérieux, il la matait en cinq tours.

“J’ai appris depuis peu. Je ne sais pas si mon niveau sera acceptable.”

“J’ai juste envie de m’occuper, pas de me dépasser.”

Il s’écarta pour installer un jeu sur une des tables alors que Cassandre se leva pour aller chercher une chandelle. En rejoignant ce jeune noble, elle s’immobilisa en croyant déceler un teint étonnamment brun. C’était toutefois, peut-être, les effets du manque d’éclairage. Il lui tira la chaise et elle s’assit en le remerciant.

La première partie fut assez longue et son adversaire s’amusa à perdre des pièces avant de réussir à la mater avec une Tour et un Cavalier. Il revint ensuite sur ses erreurs et lui montra sur deux positions le meilleur coup à jouer pour éviter de perdre une pièce précieuse. Les deux parties suivantes furent longues, mais le jeune homme cessa de le tester pour se concentrer sérieusement sur le jeu. De temps en temps, il l’arrêtait quand sa main se posait sur une pièce et lui soufflait de mieux observer l’échiquier.

Après sa troisième défaite, Cassandre se leva pour se chercher de l’eau et rapporta un pitch. Le jeune homme leva le bras et effleura prudemment sa main, le pouce sur le bas de sa paume.

“Vous avez grandi à la campagne, non ?”

Elle le dévisagea, perplexe.

“Comment le savez-vous ?”

“Vos paumes sont usées, comme le creux de vos doigts. Je l’avais remarqué quand nous jouions.Vous avez été servante aussi ?”

Elle se recula, subitement, mal à l’aise, alors que le jeune homme se confondit en excuse.

“Pardon ! Je… je ne voulais pas… J’ai pour habitude depuis que je suis petit d’observer les mains. Surtout celles des domestiques qui travaillent pour mon père. C’est bizarre, je sais, mais elles me fascinent. J’adore les comparer et comprendre quelles activités. Elles… Je…”

Il s’emmêlait dans ses paroles et celles-ci devenaient confuses. Cassandre l’observa, un temps incertain, mais cette passion de prêter attention aux mains de ceux qui travaillaient lui devint vite agréable. Dans ce désir s’intérresser à cela, il comprenait, lui, sûrement les efforts et les douleurs.

“Comment avez-vous su que je suis servante alors ?”

Il releva la tête, encore nerveux.

“C’est… la base des mains. La gauche surtout. Vous êtes longtemps appuyée dessus pendant que la droite frotte le sol.”

Il avait véritablement bien étudié son sujet. Cassandre acquiesça d’un léger hochement de tête et se rassit.

“Vous me trouvez bizarre ?”

“Non.”

“Pourquoi ? Tout le monde… J’essaie de me retenir, mais il m’arrive souvent de le faire. avec un ouvrier, un boulanger, un meunier… Mais tout le monde paraît gêné. Mais on n’ose rien me dire. Par peur. Dans mon milieu, en revanche… Pourquoi vous pensez que ce n’est pas étrange ? ou vous me mentez ?"

Cassandre accrocha son regard et répondit sèchement.

“J’ai été exposée au pilori il y a cinq mois pour avoir insulté une noble. La fille du ministre des affaires étrangères. Si je vous trouverez étrange, monsieur, je n’aurai aucune honte à vous me le dire.”

Il la fixa quelques instants, puis éclata de rire.

“Alors, c’est une histoire vraie. Excusez-moi, mais insulter la fille du vicomte de Fromart… Comment avez-vous échappé à la potence ? Non ! Il aurait dû vous étrangler et vous jeter votre cadavre aux chiens !”

“Je ne suis pas sûre de le savoir moi-même. Je ne m’en vante pas non plus. J’étais… stupide ce jour-là. Je ne me souviens à peine de ce que j’ai dit ou pensé. Je me sentais alors… vide.”

“Je vois.”

Il balança la tête et se pencha pour remettre les pièces en ordre sur l’échiquier.

]“Souhaitez-vous disputer une nouvelle partie ?”

Elle s’étonna de ne pas l’entendre insister davantage pour en savoir plus, mais elle préféra cela. Revenir sur cette période, ses mauvaises habitudes… Elle n’en avait aucune envie. Ils commencèrent une nouvelle partie et, à sa surprise, il l’interrompit pour discuter.

“Vous… vous accepteriez de me parler de votre famille ?”

La question l’intriguait, mais la curiosité du jeune homme pour le monde au-delà de la noblesse la touchait. Elle le sentait perdu, vulnérable, se raccrochant à une branche pour ne pas tomber dans les eaux agitées de la rivière.

“Je suis née dans un village pas loin de Braktenn. Je suis la dernière de ma famille. Ma mère, je ne me souviens que peu d’elle, mais quand mon frère m’en parle, il prétend que je lui ressemble et qu’elle était très belle. Mes parents étaient très amoureux. Ma mère était la fille d’un viticulteur. Sa famille produisait du vin depuis un peu plus d’un siècle qu’on disait souvent. Elle est morte quand j’avais trois ans et ma grande soeur Agathe a pris sa place. J’étais si jeune et je l’ai souvent détesté alors qu’avec le recul, je comprends qu’elle faisait de son mieux pour remplacer notre mère.”

Elle essuya une larme au souvenir de son aînée sacrifiée au devoir, enfermée à la ferme, aux corvées, et sursauta en découvrant son interlocuteur sangloter.

“Je… je suis désolé. Pour votre mère. Pour votre soeur.”

“Ce sont des choses habituelles.”

Elle lui sourit alors qu’il reniflait en essuyant ses larmes du revers de sa manche.

“Je.. Je peux toujours écouter. enfin, si vous voulez encore en parler.”

“Malgré notre vie rude, nous étions heureux et notre ferme était prospère. Mais mon frère a été un idiot. Il s’est enfui un jour en emportant nos économies, et peu après la grêle a détruit nos récoltes. Nous avons tout perdu. Mes soeurs se sont vendues et mon père a été enfermé pour dettes. Il est décédé l’année dernière.”

“Et vous ?”

“Moi…”

Elle se frotta l’épaule, gênée de sa question.

“Je me débrouille comme je peux. Pour le moment, je travaille à Frenn. Sinon… Vous, vous accepteriez de me parler de votre famille ?”

“Il n’y a rien de fascinant à dire. Mes parents sont des courtisans qui recherchent toujours la meilleure position. Je suis leur cinquième fils et sans doute le plus désagréable. Ils ne me détestent pas, mais ils m’auraient sûrement préféré plus docile. Mais moi, depuis mon plus jeune âge, je n’arrête pas de poser des questions. Tout le temps. A tout le monde. Mais le plus souvent, on me rétorque que j'ai tort ou que je ne suis pas en mesure de comprendre.”

“Je fais ça aussi. Depuis petite. On m’a souvent dit que je mentais. Depuis, j’ai appris à me taire. Et à ironiser en silence.”

“Avant, j’étudiais des philosophes pour essayer de trouver une voie à suivre, mais depuis plusieurs mois, je n’arrive plus à ouvrir un livre. les mots me semblent… vides. creux. Comme s’il n’existait aucune réponse à mes problèmes. Je suis noble. Je devrais être militaire ou prélat. Mais je déteste les armes. J’ai toujours déserté la salle d’armes et quand un de mes frères m’y trainait, je pleurais. Je pleurais jusqu’à ce qu’il renonce et que je puisse fuir.”

“Et vous n’aimez pas plus la religion, je suppose.”

Son expression se transforma et devint méprisante.

“Jésus et ses apôtres, je leur vomis dessus, et je pisse par dessus.”

Cassandre pouffa, impressionnée par la puissance du blasphème.

“Vous avez pour ambition de finir brûlé alors ?”

“Non. Mais je ne serai jamais un curé ou un moinillon. ca, jamais ! D’ailleurs, à dix ans, j’ai juré à mon père de brûler une Bible en place publique en criant fort le nom de notre famille !”

“C’est quelque chose que j’aurai pu dire, je crois. Mais plus maintenant. Maintenant, je trouve que la religion peut aider des personnes et ce n’est pas elle le problème, mais bien plus ceux qui l’utilisent. Vous devriez rencontrer l'évêque de Braktenn qui officie à la cathédrale.”

“Le jour où j’entrerai dans une putain d’église, ce sera pour mes funérailles.”

Son entêtement l’amusa et lui rappela sa propre conduite. Elle préféra changer de sujet et revint à la partie pour lui demander la signification du dernier coup qu’il avait joué.

Le reste de la nuit passa ainsi, tranquillement, à multiplier les parties. De temps en temps, son adversaire s’arrêtait et semblait sur le point de lui poser une question, mais se retenait et revenait au jeu. Une heure avant l’aube, un long bâillement lui échappa, puis peu après, il tomba lourdement sur l’échiquier. Cassandre se releva pour installer une couverture sur son corps avant de s’appliquer à ramasser une à une les pièces.

Lorsque les premiers rayons entrèrent dans la salle, elle observa le profil du noble et jugea que celui-ci était jeune. Sans doute, de deux ans de plus qu’elle, mais certainement pas plus. Dans l’obscurité, de par sa taille, elle lui aurait donné la vingtaine. Elle s’éloigna en silence, regrettant de ne pouvoir le saluer, mais c’était probablement mieux ainsi. Leurs mondes n’étaient pas supposés se croiser et cette longue conversation sera vite oubliée. Elle lui souhaita de se libérer de sa colère et quitta l’auberge. A Frenn, on l’attendait avec impatience, et le pauvre monsieur Wagner avait dû veiller toute la nuit en se rongeant les sangs. Ou alors Eldred l’avait assommé ou enfermé pour le bien-être collectif.

***

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Message par Cassandre Velasquez Sam 2 Déc - 17:29

13 Juillet 1598

L'envol de la jeunesse Copain10
Juvénal de Morcanis, 15 ans


Après une énième nuit d’errance, il revenait au château pour laisser sa monture à l’écurie en évitant de croiser les palefreniers qui oeuvraient déjà depuis deux bonnes heures. Il s’était endormi à la même auberge, après une longue marche dans les rues pour s’épuiser, sans la revoir. Un spectre ! Il y songeait de plus en plus. Cette apparition près du feu avait dû être une présence fantomatique. Il se maudit immédiatement et releva la tête vers les statues d’anges qui décoraient la cour d’honneur. Les esprits, les démons, rien de ces êtres n’existaient ailleurs que dans les légendes ou au théâtre. A leur époque, malgré les progrès, il fallait être sot pour avaler ces inepties lorsqu’on possédait un minimum d’éducation.

Elle, pourtant, elle y croyait.

Il pénétra dans le hall et contempla avec distance les nombreuses armures exposées. Lors des réceptions, son père aimait rappeler que leurs ancêtres n’avaient eu de cesse d’oeuvrer pour le royaume et énumérait pour chacune d’elle un fait d’arme. Pathétique. Il ne savait pas exister par lui-même. Il se reposait sur le labeur d’autrui, comme tout bon noble, pour plaire à la Cour. Au moins, avait-il l’intelligence de ne pas l’y présenter. Ni même de le forcer à visiter les salons ou les jeunes gens de son âge. Sa mère, elle, ne le comprenait pas et lui reprochait continuellement une vie d’ermite ennuyeuse. Il esquissa un sourire en s’avançant vers le grand escalier au souvenir du bon mot sorti par son père la semaine dernière. “Si le suicide est un objectif, ma chère, gardez toutefois à l’esprit qu’une éxecution publique serait douloureuse”. Elle ne l’avait pas compris. Lui si. Il avait relevé la tête pour le remercier silencieusement.

Au milieu de l’escalier, trois petites tornades le bousculèrent en oubliant de le saluer. Il se raccrocha vite à la rampe et observa ses neveux sauter en bas pour mieux reprendre leurs jeux. Il monta ensuite rapidement les dernières marches et se mit à l’abri sur le palier dans la crainte que le quatrième ne les suive. Depuis plusieurs années, les naissances se succédaient et chaque nouvel enfant le rendait plus interrogatif. Il ne voyait pas le sens d’ajouter un être de plus dans un monde aussi chaotique, rempli de règles absurdes. Dans son enfance, il s’était amusé à les briser, mais maintenant… Désormais, il se sentait ridicule. Ridicule et inutile. Deux de ses frères étaient mariés. L’aîné avait déjà engendré trois fils et l’un des plus jeunes un seul. Leur unique soeur avait épousé, elle, un vieil homme, pour satisfaire les affaires de leur père, et ne revenait plus qu’une fois par an. Quant à ses deux autres aînés, ils étaient cardinaux.

Ses parents en bavaient de fierté.

Au moins, ces cinq aînés, tous vertueux, lui apportaient la paix. Personne ne s'intéressait au petit dernier et il était possible que dans la capitale on ait oublié son existence. Qu'on le suppose décédé dans sa petite enfance comme tant d'êtres. Il y contribuait. Il détestait tant ce prénom de philosophe antique qu’il s’inventait régulièrement de nouveaux noms pour se présenter lors de ces sorties. Il possédait tant d’identités qu’il en avait même perdu le compte.

“Alors, Juvénal, la nuit fut délicieuse, je présume !”

La plaisanterie l’agressa immédiatement. Il se redressa et distingua un homme de plus de trente ans le rejoindre. Agrippa lui frotta le dos en riant.

“Alors, raconte-moi un peu petit frère ! Moi, un homme marié, je n’ai plus le luxe de choisir la bonne chaire !”

“Je ne vais pas au bordel.”

“Et pourquoi sortirais-tu si souvent le soir alors ?”

Il soupira et préféra ne pas répondre. Au moins, cela lui donnait une raison pour aller s’enfermer dans sa chambre. Son frère l’imaginait épuisé après une nuit de débauches. Il aurait pu essayer une fois, mais cette consommation outragière des corps des prostituées le gênait. Si elles vivaient dans de meilleures conditions, probablement qu’aucune ne se vendrait. Il l’entendit alors. Elle. Ses sœurs s’étaient vendues. Pour solder des dettes.

Elle.

En se laissant tomber dans son lit, son esprit se libéra et revécut cette nuit inhabituelle. Elle se dressait devant ce feu, silencieuse, puis devant lui, la table d’échecs entre eux. Ils avaient si bien parlé et elle ne l’avait pas jugé. Elle ne s’était pas non plus énervée ou paru gênée. Même son blasphème ne l’avait pas surprise.Elle s’était uniquement contentée de mieux surveiller ses paroles.

Elle.

Il ne connaissait pas son nom, mais il savait une partie de son histoire. La fille condamnée au pilori pour avoir insultée la fille du ministre des affaires étrangères. Il aurait pu se renseigner à la prévôté, tout savoir à son sujet, mais il se l’interdisait. Elle n’avait peut-être pas envie de le revoir, elle. Sa vie de servante se résumait au château de Frenn et elle n’aspirait sûrement pas à le recroiser.

Il aurait dû l’oublier, mais depuis une dizaine de jours, une fièvre étrange le brûlait. Les quelques heures où il s’endormait, sa silhouette obscure  lui apparaissait en rêve, le dos tourné, et s’éloignait progressivement.

Il avait besoin de la revoir.

Une fois. Rien qu’une fois.

S’il lui avouait ses sentiments naissants, elle le repousserait et il pourrait enfin oublier.

***
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Message par Cassandre Velasquez Sam 2 Déc - 17:39

L'envol de la jeunesse Cassan68
Cassandre Velasquez

18 Juillet 1598

Après plusieurs journées à arpenter le sentier qui menait au domaine de Frenn, il avait bien noté que peu de domestiques en descendaient. Les fermes situées de l’autre côté suffisaient à nourrir le château entier. Toutefois, de temps en temps, une jeune fille passait en début d’après-midi et revenait lors du crépuscule. De loin, elle lui paraissait plutôt grande et devait avoir quatorze ans, ou peut-être quinze.

Un soir, il se décida à l’attendre au milieu du chemin.

Il fixait avec appréhension les pierres sous ses pieds en réfléchissant à ses prochaines paroles. Il se sentait soudain bête. Personne n’agissait ainsi. Cela n’avait rien de logique. Elle troublait son jugement. Depuis cette nuit-là, son esprit n’était plus confusion, mais après cette déclaration, une fois rejeté, il se porterait mieux. Il ne pourrait qu'aller mieux.

La jeune fille s’arrêta en le remarquant, mais il n’osa pas la regarder. S’il parlait en fixant son visage, ses mots se figeraient. Sa requête était si embarrassante.

“Je… Je vous demande pardon de vous déranger, mademoiselle, mais… mais il y a deux semaines, non trois, une de vos servantes a… a passé la nuit à une auberge. Vous en avez entendu parler ?”

Un long silence lui répondit avant d’entendre une voix légèrement anxieuse.

“Oui, bien sûr.”

[color=#9a09d9]“Je… Vous connaissez bien cette servante ?”[/color]

“Oui, messire.”

“Je… je suis désolé de vous embarrasser, mais… Est-ce que vous accepteriez de parler de moi à cette servante ? Je… J’ai passé avec elle une nuit… inoubliable. Je voudrais la revoir. une fois. Rien qu’une fois. Je voudrais lui parler. Juste lui parler. Je… Je comprends ce que vous imagineriez mais il n’est rien de ça ! Je.. Je veux juste discuter !”

De nouveau, un silence suivit, bien plus long que le précédent, mais cette fois, il sentit un regard le scruter attentivement. Il aurait dû se redresser, lui sourire, mais la peur le paralysait entièrement. Le moindre geste, même anodin, serait susceptible d’intriguer la messagère et elle pourrait décider de ne rien transmettre.

“Où dois-je lui dire de vous retrouver ?”

“Me… retrouver ?”

“Si vous invitez une jeune fille, messire, il faut convenir du lieu de la rencontre.”

La raillerie s’entendait dans sa voix et il lui semblait reconnaître la sienne. Il secoua la tête. Une erreur. Il songeait tant à elle que son esprit déformait le timbre de son interlocutrice pour reproduire celle qu’il se désespérait de revoir.

“Je n’ai pas pensé à cela. Où apprécierait-elle de me rejoindre ?”

“Que diriez-vous du cimetière de Saint-Ignace ?”

Le choix lui peut pour le moins incongru. Le cimetière où les petites gens étaient mises en terres, le plus souvent anonymement. Une petite dizaine de monuments funéraires de bourgeois s’y trouvaient également, mais ils dataient de tous de plus d’un siècle. Le lieu serait idéal pour une embuscade. La méfiance lui soufflait de refuser, mais si sa messagère était honnête, il perdrait son unique chance de la revoir. Pour elle, il irait dans l’antre du Diable.

“D’accord. Et… quand ?”

“Demain.”

“Si tôt ? Vous êtes sûre…”

“Je la connais bien et elle ne le refusera pas.”

“Je vous remercie sincèrement, mademoiselle. Merci beaucoup.”

Il leva alors la tête pour la regarder enfin mais elle était déjà partie. Sa silhouette remontait le sentier au pas de course. Elle redoutait certainement la bastonnade. Il aurait dû l'interpeller près du château. Les gardes l’auraient vu et elle n’aurait pas risque d’être réprimandé pour son retard. Quel sot !

***
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Message par Cassandre Velasquez Sam 2 Déc - 18:05

L'envol de la jeunesse Cimeti10

19 Juillet 1598

Le cimetière de Saint-Ignace avait toujours été un repaire agréable depuis ses premières semaines dans la capitale. Benoit lui avait montré cette cachette en lui conseillant de se glisser dans les mausolées abandonnés. Avec sa petite bande, ils avaient souvent joué entre ces tombes ou s’étaient amusés à effrayer les visiteurs venus se recueillir. Quand elle y repensait, cela n’avait rien de drôle. C’était même cruel.

Pour la première fois, elle avait peur de passer ses grilles.

La main sur la porte, Cassandre fixait les nombreuses croix, indécise. Il ne semblait pas être là. Ce jeune noble rencontré hier sur le sentier de Frenn avait pu se moquer d’elle. Sa voix ressemblait à celle de cet aristocrate avec laquelle elle avait passé la nuit, mais il avait pu les surprendre. Ce garçon, moins âgé qu’elle ne l’aurait cru dans l’obscurité, elle s’était efforcée de ne pas y penser. Sa conversation avait été agréable, mais une relation entre un noble et une esclave n’était pas vouée à un bon avenir. Eldred le lui avait prouvé. Alduis également. Même une amitié serait dangereuse. Pourtant, ce garçon... En se souvenant de la douceur de son visage ou de son émotion lorsqu'un sujet le touchait, elle n'arrivait plus à le rejeter. Ses paroles de la veille résonnaient. Elles avaient résonné toute la nuit et elle s'était écroulée fort tard, brisée par l'épuisement. Il.. Il éprouvait des sentiments pour elle. Elle s'obligea à y résister. Il avait être ouvert d'esprit, sa famille ne le serait pas. Il lui serait interdit de la fréquenter. Ou elle en subirait, elle, les conséquences. Le baron la protégerait des attaques directes, mais il existait tant de manières de se débarrasser d’une personne indésirable.

Elle n’aurait pas dû venir.

Hier, au retour, elle s’était ouverte à Kalisha après avoir pris la précaution de savoir la camériste loin de la chambre. Sa maîtresse l’avait encouragé à honoréer ce rendez-vous en riant derrière sa main. Elle n’avait rien dit, mais Cassandre avait bien senti que celle-ci s’imaginait une histoire romantique.

Ils n’étaient que des connaissances, vagues, et même s’ils se fréquentaient, ils ne seraient que des amis.

Elle n'était pas amoureuse et elle ne le serait jamais d'un noble.

Elle passa une main dans ses cheveux, encore hésitante, puis se résolut à pousser enfin cette foutue grille. Une brise légère l’accompagnait alors qu’elle circulait entre les tombes. Après quelques déambulations, elle aperçut une silhouette lointaine. Elle s’immobilisa et s’approcha à pas de loup. Un jeune homme arpentait une allée de long en large ou décrivait des arcs de cercle. Il s’arrêtait de temps en temps pour s’asseoir sur une pierre ou s’adosser au mur de pierre d’un mausolée.

Dissimulée de l’autre côté du monument funéraire, Cassandre hésita. Elle n’était pas sûre de le reconnaître. Elle n’avait vu son visage que dans l’obscurité, à la lumière d’une chandelle qui éclairait en priorité l’échiquier. Hier, il baissait la tête. Elle ne savait vraiment pas comment se décider, mais la panique qui claquait à chacun de ses pas lui brisait le coeur.

Elle accomplissait un geste irréfléchi, sans calcul, et les conséquences entraînées pouvaient être terribles. Cassandre ferma un court instant les yeux avant de s’avancer et pria Zita de la protéger. Elle s’en était tirée toujours à bon compte, même la dernière qui aurait dû s’achever bien pire. Sa protectrice trouverait encore le moyen de remplir son rôle.

“Je suis là.”

Ils n’étaient qu’à quelques pas l’un de l’autre et elle tremblait malgré le soleil ardent estival. Le jeune homme se retourna et la dévisagea.

“Vous… Vous êtes…”

Elle dirigea le regard dans différents endroits, trop nerveuse pour l’observer directement. Cette conversation difficile était pénible. Elle ne savait pas comment s’annoncer, mais lui non plus ne devait pas savoir quoi lui dire.

“Je… Je m’excuse pour hier. Je… J’avais compris qui vous étiez, mais je.. j’étais gênée. J’avais besoin d’ordonner mes pensées. Pardon.”

Il ne lui répondit pas, se contentant de la fixer, et poursuivit de plus en plus nerveuse:

“Je.. Puis, j’ai eu peur. Ce n’est pas ma faute, mais quand vous avez mentionné l’auberge où j’ai passé la nuit, j’ai pensé… J’ai pensé que quelque chose s’était passé. Un vol, peut-être. Et que comme je suis esclave que quelqu’un m’avait accusé, que j’étais un coupable facile. Je…”

“Je suis désolé.”

Les mains dans le dos, il baissa la tête.

“Ma conduite d’hier, de ces derniers jours, n’était pas digne de moi. Je désirais vous revoir, c’est certain, mais j’aurais dû davantage réfléchir à la méthode, à…”

“Vous avez agi en utilisant la meilleure méthode. Je ne vois rien à redire.”

“Vous ne me reprochez pas de vous avoir embarrassé ?”

“Je préfère la franchise et l’approche directe.”

Il esquissa un sourire, puis après quelques secondes de silence lui proposa de s’asseoir sur une petite butte de terre. Elle l’observa placer ses mains sur ses cuisses, hésitant avant de reprendre la parole.

“Lors de notre nuit, je ne pensais pas que descendre me causerait un tel chamboulement. J’ai des insomnies depuis plusieurs mois. Les premières heures, je dors dans ma chambre, puis je m’éveille en proie à l’angoisse. Je sors en ville pour chasser mes pensées. Pour me fatiguer. je finis bien souvent par descendre à une auberge. Je m’y endors. mais je me réveille toujours après une heure ou deux. Toujours, avec cette angoisse. Puis, ce besoin de m’occuper. De canaliser cet esprit qui pense trop.”

Elle se reconnaissait dans chacune de ses paroles et aurait pu les prononcer. Malgré de longues journées de travail, il lui arrivait assez souvent s’éveiller au milieu de la nuit car son cerveau s’était figé sur une idée et elle restait une à heures dans l’obscurité à fixer le plafond en essayant de s’apaiser progressivement.

“Il m’arrive souvent la nuit de revivre un événement vécu dans la journée. Une discussion. Une scène insignifiante. Mais ça tourne, ça tourne… Moi, je n’ai pas la possibilité de quitter mon lit. Sinon, je serai punie. Alors je reste étendue et je m’oblige à rester calme. J’essaie de penser à des choses positives. Comme de réciter un chapitre de Gargantua.

“Je n’avais pas pensé à une idée comme ça”

“Avant Frenn, ça m’arrivait de sortir moi aussi la nuit et de courir dans les rues. Une nuit, j’ai même rencontré un garçon qui m’a proposé de jouer à la marelle.”

Il lui jeta un regard indigné.

“Ce garçon… Il a essayé de vous violer ?

Malgré elle, un éclat de rire lui échappa. Imaginer ce pauvre Nehalan essayant de la toucher était tout simplement à se pisser dessus. Le malheureux aurait été incapable de juste l’embrasser. Son interlocuteur la dévisagea, perdu.

“Pardon, mais quand on connait celui que vous supposez… Oh, Seigneur ! Mais que c’est drôle ! Effectivement, il y a bien souvent dans les rues des garçons pour proposer de telles choses aux filles, et même aux très jeunes, mais celui-là… celui-là était un ange de candeur. A part pour pisser, sa bite ne lui aura pas servi.”

Il acquiesça d’un bref hochement de la tête, après quelques instants de gêne. Cassandre se mordit les lèvres en se rappelant que la plupart des gens détestaient parler de sexualité. Si seulement ils pouvaient être tous être si ouverts comme Eldred ou Coldris, mais la société les avait tous si bien conditionné que ces mots étaient scellés.

“Pardon. Je m’exprime de manière crue, j’en ai conscience, mais j’ai travaillé plusieurs années au lupanar, et j’ai encore du mal à éliminer ce vocabulaire de mes manières.”

“Je n’étais pas choqué de votre langage, je vous l’assure, mais… Vous avez travaillé.. là-bas ? Comme vos soeurs ?”

“Non. j’étais heureusement trop jeune. Et j’ai trop mauvais caractère. Si on m’y avait forcé, j’aurais enfoncé un couteau dans la panse de celui qui aurait voulu me prendre. J’aurais été pendue après, je sais, mais plutôt la potence que ça !”

Cela n’allait pas du tout. Ses manières se relâchaient trop et même un jeune aristocrate ouvert la trouverait lui aussi infréquentable. Mal élevée. A sa surprise, il releva la tête et sourit.

“Je comprends. Mais je préfère vous savoir vivante.”

“Moi aussi.”

Un nouveau silence s’installa pendant lequel Cassandre tira nerveusement sur l’une de ses mèches. Elle craignait de prendre à nouveau la parole et de paraître encore impolie. Kalisha avait beau lui enseigner les bonnes manières, son mauvais caractère reprenait toujours le dessus.

“Vous devez considérer que je suis un garçon capricieux, aux problèmes insignifiants.”

“Non ! Bien sûr que non !”

Son emportement revenait déjà. Elle s’obligea à se canaliser avant de poursuivre.

“Nous avons tous nos propres problèmes, qui correspondent à notre vie, et aucun n’est plus important qu’un autre. Ils sont juste... différents. Et l’autre nuit, j’ai apprécié de vous écouter. Vous étiez… touchant. J’avais envie de vous réconforter, mais sans savoir comment. Vous voulez me parler un peu plus de votre famille ?”

“Je ne crois pas avoir beaucoup à en dire. Nous sommes juste une famille de nobles, comme il existe des centaines dans ce pays. La seule différence, c’est que son petit dernier s’agace contre tout et aime tout remettre en question. Enfin, c’était avant. J’ai appris à me faire et à faire semblant. Enfin, pas réellement faire semblant, mais à donner la sensation que j’apprécie de participer aux réunions familiales.”

“Je suppose que vous ne fréquentez pas les salons."

Elle ne sut résister d’ajouter une pointe d’ironie à sa question et il lui répondit en riant.

“Que le Diable m’en garde ! Je déteste rien de moins que l’hypocrisie et les mensonges et la réputation qui se tissent dans ces lieux m’incommodent. Je pourrais être brillant, retenir l’attention, mais je serai surtout tenté de commettre le plus d’impertinences possible.”

“Comment occupez-vous vos journées alors ?”

“Je me promène à cheval et j’observe le monde. Avant, je lisais. Je pensais comprendre le monde en étudiant la philosophie et les sciences, mais plus j’apprenais, moins je me sentais rassuré. A un moment, j’ai l’impression qu’un trou s’est ouvert sous mes pieds et que depuis je lutte pour ne pas tomber dedans.”

“Je connais cette sensation. Enfin, moi, avec l’angoisse, la colère vient aussi. J’essaie d’apprendre à la contrôler, mais j’ai une facilité effrayante à m’énerver. Mon… mon parrain m’apprend l’escrime pour m’apprendre à contrôler mes nerfs. Avant, quand je débordais de colère, je me défoulais en plantant ma dague dans du bois ou un mur. Une fois, j’ai découpé trois rondins tellement je ne me contrôlais plus.”

Un nouveau silence vint pendant lequel le jeune noble médita. Sa main enveloppa son menton, puis il soupira.

“Je déteste les armes. En tenir une… Je songe aux vies qu’une épée peut prendre avec, aux familles impactées ensuite. Pendant longtemps, je pleurais quand on m’ordonnait de m’exercer. Maintenant, j’ai simplement la nausée quand je touche mon épée.”

“Pourquoi la portez-vous si vous la détestez ?”

“C’est un symbole d’aristocratie et elle m’assure de ne pas être importuné lorsque je sors. Je ne suis pas non plus stupide. Je sais que des brigands peuvent m’assaillir et que je dois pouvoir me défendre.”

“Vous possédez un grand courage pour vous battre malgré un tel dégoût.”

“Merci.”

Elle lui sourit en songeant que cette conversation lui faisait autant de bien qu’à lui. Se découvrir autant de points communs avec une autre personne l’apaisait. Après toutes ces années, elle se croyait seule contre la société, contre le reste du monde. Que personne ne pourrait la comprendre complètement. Puis, lui, en seulement quelques heures, lui avait permis de découvrir qu’elle n’était pas seule à éprouver ces longs moments de réflexion où le cerveau refusait de se couper ou ces fortes angoisses qui qui la submergeaient soudainement. Ils n’étaient pas unique, mais différents. Un soulagement se répandit en elle et elle posa la tête contre l’épaule du jeune noble sans y réfléchir.

“Merci. Merci d’être venu hier.”

“C’était une démarche assez égoïste, à bien y réfléchir.”

“Penser à soi d’abord, puis aux autres, c’est la base de la survie.”

Il ne lui répondit pas, mais sa main remonta pour enrouler avec prudence son corps et lui éviter de glisser en bas de la butte.

“Vous… Vous reviendriez discuter ?”

“Avec plaisir. Lors de mes sorties alors. Le Jeudi. J’ai la permission de sortir le Jeudi pour apporter des provisions à une femme qui m’a sauvé la vie. Je peux rester une heure, puis venir vous voir. Je ne dois rentrer qu’au crépuscule.”

“Je vous attendrai.”

“Par contre, nous pourrions peut-être nous présenter. Moi, je me nomme Cassandre. Cassandre Velasquez.”

“Cassandre… c’est un prénom inhabituel pour une jeune fille d’origine paysanne.”

“Mon père aimait la mythologie grecque. Mes soeurs ont eu des prénoms plus modestes. Mes frères, au contraire, se nommaient Achille, Jason et Persée.”

“Vos frères… Vous en aviez d’autre que celui qui vous a trahi ?”

“Oui et non. Ils sont décédés un an avant ma naissance.”

“Je vois.”

Il se redressa et une grimace le défigura.

“Moi, je me nomme… Je déteste ce prénom. je le déteste et je hais plus encore ce philosophe auquel je le dois. Et bien plus sa doctrine. Je… Je me nomme Juvénal. Juvénal de Morcanis.”

“Vous me raconterez en quoi ce philosophe vous dégoûte ?”

“Promis. Mais avant, nommez-moi ! Lorsque je sors, j’adopte toujours un autre nom. Toujours différent, mais je commence à m’y prendre. Choisissez, vous, celui, que vous estimez le meilleur pour moi !”

Cassandre se mordit les lèvres, amusée, en songeant à ce nouveau point commun. Depuis ses premières aventures dans les rues, elle aussi avait multiplié les identités. Comme Sylvère ou même son frère. C’était finalement bien peu de choses un nom. Elle reprit son sérieux pour réfléchir à la tâche et un prénom s’imposa tout de suite pour un garçon aussi sensible à autrui.

“Noé !”

“Pourquoi Noé ?”

“Quand j’étais petite, j’aimais cette histoire, et je trouvais que c’était un homme très généreux pour voyager si longtemps et sauver tant d’animaux. cette compassion que je lui avais trouvé, elle vous va bien.”

Il étudia quelques secondes l’hypothèse, puis secoua la tête en lui souriant.

“Alors, ce sera Noé. Merci.”

Il ouvrit la bouche pour commencer à lui expliquer la philosophie de Juvénal lorsqu’une cloche lointaine sonna. Cassandre soupira et s’excusa de devoir déjà rentrer. Il secoua la tête en assurant que ce n’était rien et espérer la revoir la semaine prochaine. Elle le lui promit et recula avec hésitation le long du sentier qui la ramenait à la grille et au monde ordinaire. Sept jours avant leur prochaine rencontre. Soudainement, cela lui parut atrocement long.

***

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Message par Cassandre Velasquez Sam 2 Déc - 18:15

L'envol de la jeunesse Cimeti11

19 Septembre 1598

Malgré l’automne proche, l’été se prolongeait et la chaleur était devenue supportable pour tous. Si les nobles et les bourgeois s’étaient calfeutrés dans leurs habitations plus ou moins fraîches, Cassandre n’avait jamais souffert des semaines les plus oppressantes. Au contraire, elles lui avaient rappelé la période bénie des récoltes, lorsque tout le monde travaillait joyeusement ensemble en chantant et des fêtes qui venaient ensuite.

Cet après-midi-là, après une matinée passée avec le précepteur à étudier le latin, Cassandre descendit en ville en pensant joyeusement à toutes ses visites. En passant les portes, elle aurait bien pris la direction directement du cimetière, mais si elle retrouvait tout de suite Noé, leur longue conversation la retiendrait jusqu’au crépuscule. La semaine dernière, il lui avait récité trois poèmes de plumes différentes, debout sur l’une des pierres qui dépassait du mausolée, en mimant chaque action décrite par les vers. Ils avaient ensuite discuté de leurs lectures. Les siennes étaient toujours moins conséquentes. Depuis Gargantua, elle n’avait terminé que deux romans, et assez courts. Lui, en revanche, en terminait un par jour. Elle aimait l’entendre en parler. Malgré ses connaissances bien plus élevées que les siennes, il lui expliquait toujours simplement et lui donnait envie de découvrir cet univers qu’il lui partageait.

Coupant vite le flot de souvenirs, Cassandre marcha rapidement pour se rendre chez Louise. Son amie l’embrassa en la remerciant, toujours aussi gênée de recevoir un panier de victuailles. Elle, elle était heureuse que Kalisha lui permette de continuer à lui offrir ce don. Sans Louise, elle serait morte. Bien avant sa maladie. Dès les premières semaines, la maquerelle l’aurait brisé. Au sens littéral. Elle aurait péri sous les coups de fouet et la mauvaise femme aurait fait passer cela pour un accident. ou n’aurait rien dit. Son corps aurait pu être jeté dans la cheminée et personne n’aurait rien soupçonné.

Après une heure de visite à mémoriser les rumeurs et les informations que Louise avait pu entendre à la taverne, Cassandre prit congé et alla voir Angélique. Cette dernière reprisait du linge en marmonnant contre la petite Clémence qui lui avait répondu dans la matinée, sans s’excuser, ou contre Baptiste qui avait oublié de couper le bois. Cassandre se proposa de s’occuper des bûches, mais son amie le refusa en rappelant que son frère devait apprendre que chacun devait travailler et que le travail ne se faisait pas seul. Elle lui tint compagnie pendant une petite heure en essayant de la divertir avec des histoires amusantes, notamment celles de monsieur Wagner et de son zèle. Malheureusement, peu d’entre elles amenèrent un sourire sincère sur le visage d’Angélique. Si ses lèvres s’étiraient un peu, assez vite, le souvenir d’une tâche lui revenait et elle se levait pour vérifier la soupe ou monter ranger des vêtements.

Comme chaque Jeudi, Cassandre ressortait le cœur triste, déçue de ne pouvoir accomplir plus pour son amie. Le Dimanche, avec sa mère et cet idiot de Thierry présents, elle était plus insouciante et elles sortaient, mais en semaine, si la journée avait été difficile, Angélique se refermait. Complètement. Elle marcha tristement jusqu’au cimetière, puis puis après les grilles, retrouva toute sa joie en distinguant une silhouette connue installée aux abords de leur mausolée.

Tout ce qui existait hors du cimetière s’effaça. Elle courut pour le rejoindre et Noé releva la tête en lui offrant un sourire magnifique. Un ouvrage était posé sur ses genoux. Curieuse, elle s’installa à ses côtés et posa la tête contre son épaule afin de lire quelques lignes. Ses yeux déchiffraient encore lentement les syllabes, mais l’effort devenait moins de moins pénible.

“Tu lis quoi ?”

“Un recueil de poèmes de Clément Marot. Tu aimerais tant il sent le soufre, le bougre. D’ailleurs, je l’ai appris il y a peu, mais Rabelais a fait éditer ses œuvres et il s’est servi de son portrait pour créer Panurge.”

Cassandre l’écouta développer avec sa passion habituelle les liens de cet auteur avec une certaine Marguerite d'Angoulême, soeur d’un roi de France, et de ses démêlés avec les autorités religieuses du fait de ses positions dans la réforme protestante. Son regard brillait, comme à chaque fois que le jeune homme lui parlait des idées de cette nouvelle religion. Elle ne savait pas bien quoi en penser, mais ces personnes qui osaient braver la norme pour tenter de proposer une réflexion nouvelle de leur foi la fascinait.

Lorsque Noé s’interrompit pour reprendre son souffle, elle releva la tête et remarqua ses cernes.

“Noé !”

“C’est pas ma faute !”

“C’est entièrement ta faute si tu ne dors pas !”

Le jeune homme baissa le regard, piteux, semblable à un chiot devant sa pisse qui imaginerait attendrir son maître. Depuis leur rencontre, elle lui avait conseillé de rendre service aux gens et que le travail physique lui permettrait de retrouver le sommeil. Cela avait fonctionné, surtout que son ami ne ménageait sa peine. Lorsqu’une veuve se plaignait de manquer de bois pour l’hiver, il lui aurait presque ramené un arbre entier. Mais avec le goût pour la lecture revenue, il en oubliait maintenant de dormir.

“Je me laisse encore emporter par mes livres.”

“Ne l’emporte pas au lit. Après le repas, ne retourne pas lire.”

“Je vais m’ennuyer. Comment tu t’occupes, toi, le soir ?”

“Je couds ou je brode.  C’est un excellent exercice pour occuper les mains et l’esprit !”

Il fit la moue, sceptique.

“Si on me voit coudre…”

“Tu n’as qu’à dire que tu travailles dans ta chambre.”

Noé la contempla d’un regard doux, puis sourit.

“Tout parait si simple avec toi.”

Elle haussa les épaules.

“C’est juste que tout le monde passe trop de temps à se compliquer la vie !”

Il posa la tête à son tour sur son épaule, sans l’écraser, et elle lui conta sa propre semaine. Elle se moqua notamment beaucoup des fanfaronnades de son précepteur qui affirmait trois à cinq fois par séance être l’enfant chéri de Dieu, celui qui recevait les connaissances par la bouche divine. Noé s’agita alors tant de rire qu'il roula au sol, au bas de la butte. il revint peu après s'installer et elle reprit ensuite plus calmement pour évoquer la version latine sur laquelle elle avait travaillé dans la matinée et dans laquelle elle n’avait fait que quelques fautes du fait de l’utilisation des mauvaises déclinaisons. Noé siffla d’admiration.

“Tu es forte pour comprendre le latin en si peu de temps..”

“Les mots, c’est facile, je les ait entendu pour beaucoup à la messe. Tu vois, il y a un intérêt à fréquenter l’église ! Après, pour chaque phrase, je n’ai qu’à déduire. Je trouve ça très amusant”

Il lui tira superbement la langue à son tacle et elle rit ouvertement de sa grimace. Peu après, elle reprit pour raconter les dernières sottises du petit Sébastien. Il ne faisait jamais rien de mal, mais sa crédulité était telle que le jeune garçon imaginait toujours une histoire abracadabrante à partir d’une phrase anodine. Hier, il avait notamment dit à monsieur Wagner que les femmes étaient très courageuses pour se maquiller chaque jour avec des souris. Elle s’était retenue de rire et avait préféré observé l’intendant se débattre avant de lui expliquer avoir évoqué devant l’enfant un simple produit de maquillage.

“Il est quand même crédule votre intendant !”

“Il est un peu naïf, mais il est gentil. Trop gentil pour son bien.”

Par la suite, elle s’allongea dans l’herbe, près de Noé, et tous deux observèrent le ciel en inventant une histoire à partir des nuages qui passaient sous leurs yeux. Rapidement, cela devint absurde, mais malgré les fréquentes crises de rire, ils continuèrent longtemps ce jeu.

Lorsque le soleil commença à décliner, Cassandre se releva, déçue, et se retira en le saluant. Noé la suivit jusqu’à la grille, sa main glissée dans la sienne, puis s’écarta quelques pas avant le portail et la regarda s’éloigner.

Elle poussa un soupir en lui accordant un dernier regard. Dans une semaine, elle reviendrait. Une semaine... Que cela pouvait être long !

***
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Message par Cassandre Velasquez Sam 2 Déc - 18:43

13 Décembre 1598

L'envol de la jeunesse Cassan69
Cassandre Velasquez, 14 ans

La neige était tombée à trois reprises depuis le début du mois et monsieur Wagner avait paniqué à chaque mois. Il jugeait cela tôt, envisageait un nombre élevé de maladies cet hiver et courait dans le château pour réorganiser le travail. Une de ses obsessions était d’empêcher les gens de sortir s’ils n’avaient pas une tâche importante à accomplir à l’extérieur. Grâce à cela, c’était aussi le retour des longues négociations entre lui et Eldred sur l’utilité ou non d’enfiler un manteau. Cassandre les observait en riant intérieurement de leurs disputes stériles. De temps en temps, elle les interrompait en leur donnant une pièce à chacun et quittait la pièce en les félicitant de l’excellence de leur farce. Depuis le couloir résonnait alors le rire puissant d’Eldred, puis après le silence, ce dernier réconfortait l’intendant.

Aujourd’hui, elle n’avait pas envie de rire.

Prisonnière de la bibliothèque, Cassandre soupirait en contemplant la capitale lointaine au milieu des champs recouverts par la neige. Dès le petit-déjeuner, monsieur Wagner lui avait ordonné de rester dans cette pièce de d’attendre le précepteur qui devrait lui donner une leçon. Elle n’avait rien dit, mais il aurait pu trouver un meilleur mensonge. Monsieur Bergaud ne donnait jamais de cours particuliers. Ni à elle ni aux petits-enfants du baron. Il était officiellement bien plus occupé à rendre honneur à la grâce divine en priant toute la journée à l’église. Ou à passer discrètement du bon temps dans les bras de sa maîtresse. Elle gardait secrète cette information découverte, persuadée que celle-ci serait utile en temps voulu. Ou au moins, si elle n’avait rien un jour à fournir à Coldris, il serait ravi de l’entendre avec une bonne histoire de fesses assortie. Monsieur Wagner n’aurait pu trouver pire excuse ! De toute manière, elle savait déjà ce qui se préparait. L’an dernier, au même jour, Kalisha avait fait partie d’un complot pour l’organisation d’une fête d’anniversaire. Elle avait sûrement agi de même cette année. Cette fois, elle verrait certainement le visage d’Eldred, puis peut-être ceux de Claire et du petit Sébastien. Dans sa dernière lettre, Noé lui avait suggéré d’espionner et de deviner leurs plans, mais ce ne serait pas gentil. Ils se donnaient du mal pour lui faire plaisir. Elle pouvait au moins faire l’effort que garder un petit effet de surprise.

Une vague de tristesse remonta en songeant à Noé. Ils ne s’étaient pas vus depuis presque un mois. Un mois sans leur conversations stimulantes ! C’était pourtant inévitable. Depuis la Toussaint, le cimetière devenait trop exposé et son ami aurait facilement attrapé une pneumonie. Ou même elle. Elle était peut-être endurante au froid et aux maladies, mais pas non plus invulnérable. Ils devaient attendre le printemps en déposant chaque semaine une lettre dans leur mausolée. Les siennes s’étalaient en plusieurs feuillets et partaient souvent dans tous les sens. Elle l’imaginait rédiger rapidement, sans prendre le temps de réfléchir, et de noter ses pensées de l’instant. Elle, elle écrivait lentement et peu. Leur correspondance atténuait un peu la distance à défaut de ne plus se voir.

Afin de fuir ses pensées, Cassandre s’avança vers la table et commença l’un des ouvrages posés dessus. Un conte philosophique accessible à son niveau encore faible. Elle s’en amusa vite dès les premières pages et la réclusion devint peu à peu moins pénible.

Une heure plus tard, la porte s’ouvrit. Elle releva la tête pour accueillir monsieur Wagner venue la chercher pour la fête secrète et découvrit Noé, les mains dans le dos, qui lui souriait. Il entra rapidement et referma vite derrière lui. Son regard s’attarda ensuite à observer son visage, pétri d’admiration. Elle lui rendit un sourire, heureuse de le découvrir à un moment aussi inattendu, en percevant en lui une émotion particulière. Elle avait déjà imaginé cette idée au tout début de leur relation, puis de temps en temps, elle était revenue la hanter, mais son esprit la chassait vite. Elle n’était qu’une esclave, et sûrement pas aussi jolie que Quentin le prétendait. Il s'intéressait à elle pour leurs particularités communes, mais il n’y avait rien de plus.

“Tu me manquais. Tu me manquais beaucoup.”

Elle se leva en même temps qu’il s’avançait. Ses mains, toujours cachées dans son dos, se levèrent finalement et tendirent, tremblantes, une étoffe rouge pliée.

“Je… Je voulais te voir, à nouveau, mais je n’avais pas de prétexte. Puis, mon père avait un cadeau à apporter au Premier Conseiller. Alors je me suis dépêché de le prendre pour lui apporter en son nom : Et en même temps, en même temps je voulais te donner ça. Je suis désolé. Je ne savais pas quoi prendre qui soit discret et qui puisse te plaire. Je…”

Cassandre posa la main sur la sienne, touchant alors la soie du tissu, et lui sourit.

“C’est parfait. Merci.”

Elle se moquait bien du foulard entre ses doigts. L’intention du jeune homme lui était bien plus précieuse. Elle le déplia lentement, s’émerveillant de la douceur de l’étoffe.

“Elle est très belle.”

“Toi aussi.”

Noé releva timidement les yeux, gêné de son commentaire, et elle baissa les siens. Alors, son intuition... Il.. il serait bien… Elle hésita, puis s’avança pour lui prendre les mains.

“Je n’arriverai pas à le mettre correctement sans miroir. Tu veux bien le faire pour moi, s’il te plaît ?”

Il hocha lentement de la tête et leva les bras pour nouer efficacement le foulard autour de sa nuque. Ses gestes étaient étonnamment précis et ses mains qui ne cessaient de s’agiter sur sa peau excitaient ses sens. Dans son ventre, il lui semblait qu’une colonie entière de vers de terre remuait tous en même temps. Elle fixait tout le long un léger creux de sa joue en sentant à la fois sa respiration siffler et son cœur tambouriner. Il se recula aussitôt dès sa tâche accomplie, sans chercher à la toucher plus longtemps.

“Tu es… vraiment très belle.”

“Merci.”

La colonie de vers de terre s’agitait toujours et l’empêchait de se concentrer efficacement. Elle n’arrivait seulement qu’à le fixer et à sourire. Noé jeta soudain un regard triste à la porte.

“J’ai prétendu un besoin, mais on va sûrement rapidement me chercher. L’intendant… Il m’avait l’air normal, loin de toutes les histoires que tu m’as raconté.”

“Oui ! Devant les visiteurs, il se comporte dignement, avec retenue. Mais devant nous les domestiques et les esclaves, c’est… Il est gentil. Bien trop gentil. Dès fois, j’ai peur que certains en profitent et je descends en cuisine pour voir s’il n’y a pas de tire-au-flanc. et si j’en remarque un, j’oriente discrètement monsieur Wagner vers l’endroit où il est supposé travailler !”

“Une vraie justicière !”

Durant ce début de conversation, Noé s’était rapproché et elle aussi. Ils s’observaient à présent dans les yeux, sans pouvoir regarder dans une autre direction, alors que leurs visages s’avançaient de plus en plus l’un vers l’autre.

Puis, il y eut... ce baiser.

Le monde entier s’effaça pendant ce baiser et seules les sensations que lui offraient Noé la guidait. Elle humait l’odeur de cannelle et de menthe et s’en imprégnait tandis que ses les mains du jeune homme l’enlaçait maladroitement. Leurs lèvres remuaient étrangement, se chevauchaient et lui faisaient perdre ses repères.

Alors qu’elle recula, à regret, pour reprendre de l’air, Noé leva doucement le bras pour lui caresser lentement la joue. Elle lui sourit tendrement et appuya la tête contre son torse. Ses yeux se fermèrent et elle laissa son corps se repaitre de toutes ces sensations que les mains du jeune homme faisaient naître en parcourant son dos ou ses épaules.

Brusquement, le bruit de l’ouverture de la porte les fit sursauter et ils s’écartèrent rapidement avant que monsieur Wagner ne surgisse dans la bibliothèque. Tremblante, persuadée que l’intendant avait dû les voir, Cassandre évita de regarder Noé et s’obligea à fixer le mur dans le dos du visiteur.

“Ah, monsieur de Morcanis, vous voilà enfin ! Je craignais que vous vous soyez perdus ! J’aurais dû vous accompagner. Veuillez me pardonner mon étourderie.”

Noé gloussa discrètement dans sa main, puis s’avança.

“Il n’y a rien à excuser, monsieur, et même si je me suis un peu égaré, j’ai beaucoup aimé visiter cette belle bibliothèque. Par ailleurs, la conversation avec cette jeune fille était des plus agréables !

L’intendant lui adressa un bref sourire avant de revenir vers Noé.

“Ah, vous avez fait connaissance avec Cassandre ! Une jeune fille très intelligente, oui, et très agréable à discuter.”

Le moment de leur nouvelle séparation arrivait finalement. Monsieur Wagner se reculait déjà. Noé se tourna vers elle et lui sourit.

“J’ai été enchanté de notre rencontre, mademoiselle.”

Elle lui répondit aussitôt d’un sourire aussi large que le sien, ayant du mal à contenir ses émotions.

“Moi de même, messire.”

Il la salua en courbant poliment la tête, puis la porte se referma et la rendit à la solitude. Un long frisson lui monta dans le dos en se remémorant du baiser qu’ils venaient de partager et de l’étreinte tendre qui avaient suivi. Elle marcha lentement vers la fenêtre, un doigt sur sa lèvre inférieure, et contempla la neige d’un air rêveur.

Peu après son départ, ils l'appelaient pour la fameuse fête, mais malgré tous les efforts, ils ne lui offriraient aucun cadeau plus magnifique et plus précieuse que sa visite.

Elle était amoureuse.

Elle était amoureuse et elle s’impatientait déjà de le revoir.

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Esclave domestique ~ Grande prêtresse du culte d'Hyriel

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