[9 septembre, dans la soirée] Visite des gens d'armes [Terminé]

Pendant que Dyonis Howksley de Frenn avait été vu au bal masqué, une troupe de vingt soldats était dépêchée à son château. Ils durent s'arrêter devant la massive entrée et annoncer d'un cri sec :

-- Ouvrez, au nom de la justice du Roi !

Même de loin, les uniformes et drapeaux ne laissaient aucun doute et des employés du château durent bien venir ouvrir. On tenta fébrilement d'expliquer que le maître était absent, ce à quoi les émissaires feignirent la surprise avant d'ajouter que cela ne posait pas de problème. Les gens d'armes pressèrent les troupes du noble de leur donner accès à tout le château pour une minutieuse inspection. Les papiers officiels de demande de fouille furent tendus et l'intendant -- en charge du domaine en l'absence du seigneur de Frenn -- signa l'avis de passage de la troupe pour le maître à son retour. Il serait informé de la procédure et ne pourrait se plaindre de rétention d'informations. Les visiteurs se faisaient accompagner d'un greffier qui consignerait tout ce qui attirerait l'attention suspicieuse et, dans un petit véhicule, un huissier serait en charge de potentielles pièces à conviction.

De la cave aux tours, tout le domaine fut fouillé avec soin, en dépit de la rapidité avec laquelle les hommes devaient officier. Les sous-sols leur laissèrent voir deux prisonniers en attente de jugement et les instruments de torture dont disposaient légalement de hauts placés de la justice. On remonta les étages, on alla à l'arrière du domaine, on fouilla bibliothèque, bureaux, chambres. Les murs subirent un passage au crible dans le but de trouver d'éventuelles ouvertures ou des passages.

Après trois heures de fouille, car il semblait que le seigneur prenait son temps à la soirée, rien d'anormal ou de suspect ne fut déniché dans les affaires du noble. Le chef de la brigade en était à moitié étonné : ce baron était austère, raide comme la justice et n'avait jamais commis le moindre manquement. Ou alors, il les cachait très bien. Ce fut avec un sentiment de perte de temps et une certaine frustration que les agents rentrèrent donc bredouille. Une mission sans résultat. Au moins, on leur avait promis une petite paie supplémentaire pour cette intervention de dernière minute et beaucoup d'entre eux iraient sous peu la dépenser à la taverne.
L'intendant de Dyonis pourra tout de même montrer à son maître, lorsqu'il reviendrait, le document stipulant le passage de la prévôté chez lui dans le cadre d'une enquête après une plainte.

Anxieux, Guillaume suit la fouille, mais il reste très neutre, professionnel. Il n'est en revanche pas mécontent de voir partir les hommes, sans rien contre son supérieur qui plus est. L'intendant garde le document et le présentera au seigneur à son retour.

La nuit était bien avancé quand, encapuchonné et le plus discret possible dans le pas imprimé à sa monture, un jeune garçon se présente au château de Frenn. Devant l'air inoffensif du messager, des gardes s'avanceront sans doute vers lui pour quérir le pli qu'il venait porter. Un des soldats pourra lire :

"C'est accompli. Faites refroidir la fiole en laquelle vous constaterez un fort bouillonnement. Il faut la manipuler avec précaution. Tenez maintenant votre parole."

Dyonis ne dort pas cette nuit. Revenu tard du bal masqué, il a l'esprit tout occupé au procès du lendemain et à la question de la réussite de sa complice. Le noble s'installe dans sa bibliothèque et laisse passer le temps en lectures, quand on vient l'informer qu'un jeune messager est là. Dyonis descend et se saisit du message que le garçon a remis.

Des nouvelles de la muette. Il retient un sourire pour ne rien trahir. Si elle dit vrai, d'ici peu il aura son poste de premier conseiller et il pourra mettre en branle tous les moyens entre ses mains pour trouver le dénommé Giacometti. Il tiendra sa promesse. Reste cependant la question de la façon de rester en contact avec sa complice. Il ne peut pas l'accueillir chez lui : Dyonis se doute bien qu'il serait malgré tout l'objet de surveillance (et d'essais de vengeance de la part du prêtre et de ses acolytes). Aller à la fameuse rue Sourde dont avait parlé Tristan, sous la torture, serait aussi une mauvaise idée. Ce serait le meilleur moyen d'attirer l'attention sur les moyens de remonter les traces de la muette.

Il ne sait pas où la trouver, mais elle sait comment le contacter avec des messagers comme elle vient de le faire. Il faudra qu'ils se mettent d'accord et se donnent bientôt des renseignements de cette façon.