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[14 Septembre 1597] Une sordide annonce

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Message par Cassandre Velasquez Ven 8 Mai - 21:56

14 Septembre 1597,  début d'après-midi

[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Isabel12
Isabelle, 38 ans, patronne du Lupanar

Isabelle ne se remettait pas du départ du petit Tristan qui repartait vers les mains sordides du vil cardinal Cassain. Quel sort l’attendait dans son antre ? Cette peste de béquilleux l'escortait. Qu'allait-il inventer pour se faire bien voir de leur imbécile de maître ? Son cœur saignait pour les tourments que le garçon vivrait à nouveau. Il ne le méritait pas. Non, il ne le méritait  absolument pas. sa sensibilité et sa détresse l'avaient tant ému. Comme elle aurait désiré le garder avec elle.

Elle ne pouvait garder personne.

Elle ne pouvait protéger personne.

Isabelle ne se rappelait que trop des constats tirés à la fin de soirée par Louise sur leurs recettes et leurs dépenses. Si on retirait les esclaves du commerce, les garder au sein de l'établissement était strictement impossible. Huit femmes à nourrir sans que celle-ci n'apporte quelque chose, ce n'était pas viable économiquement. Les arguments de Louise étaient froids et incontestables. Si on gardait les esclaves, en devant bien les nourrir, le Lupanar fermerait définitivement en un mois.

La morale avait un coût et le goût de cette leçon était amère.

La mine sombre, elle s'avança vers Louise qui relisait le livres des comptes et demanda d'une voix lasse.


"Va chercher les filles."

[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Louise11
Louise, 41 ans, co-gérante du Lupanar

Louise referma le livre de comptes en adressant un sourire tendre à sa chère amie qui se laissa choir dans un fauteuil de la salle principale. La secrétaire rangea l'ouvrage dans le placard puis s'avança pour embrasser le sommet du crâne d'Isabelle. Elle murmura avec tendresse, la main pétrissant avec douceur son épaule :

"Courage."

Louise quitta la salle d'un pas lent et monta à l'étage avant de traverser le couloir jusqu'au deux dortoirs où étaient réparties les huit esclaves. La démarche la peinait aussi. Elle s'était attachée à ces femmes et toutes étaient devenues des compagnes, peu importe les différences de statuts et d'ethnies.

Restant sur le seuil de la porte, la gorge serrée, Louise eut du mal à cacher l'émotion :


"Les filles, Isabelle voudrait vous parler en bas. Descendons, s'il vous plait."
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[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Empty Re: [14 Septembre 1597] Une sordide annonce

Message par Phaïdée Sam 9 Mai - 17:42

Les filles gazouillaient autour d'elle. Enfin "gazouiller" en des temps si mauvais correspondait plutôt à : "chuchotaient prudemment de graves propos". Phaïdée y avait participé d'abord, et puis lassée du sujet qui remuait trop de chagrin dans son cœur elle s'était mise à l'écart et s'employait à démêler ses cheveux avec une vieille brosse. Les clients aimaient ses cheveux... Mais ils venaient plutôt le soir. Et ce simple geste de se brosser les cheveux, hors du temps de préparation habituel qu'elle haïssait, lui était d'un réconfort immense quand elle se disait qu'elle le faisait pour elle.

D'un autre côté cela empêchait les autres filles de lui poser trop de questions sur son silence. La fenêtre était ouverte, laissant monter jusqu'à elle les bruits et les odeurs de la rue. Ces dernières n'étaient pas très agréables, mais la chaleur douce de septembre caressait ses épaules à peine couvertes. Abandonnant sa brosse, elle s'égara dans ses pensées. La couleur de la terre au mois de septembre, une fois toutes les récoltes passées, les odeurs enivrantes d'humidité riche et fertile. Phaïdée se souvenait avec plaisir de tout cela. Que ne donnerait-elle pas pour retrouver une vie simple de paysanne ! Mais voilà, elle n'avait rien. Elle ne se possédait plus légalement elle-même.

Son doigt suivi le contour du "M" de l'esclavage. La marque d'une condition infamante, et d'un pays qui n'était pas même le sien, qui pouvait tout autant être celle des "maudits" ou des "méprisables".

Les chuchotis derrière elle s'étaient interrompus. Elle tourna la tête et vit Louise dans l'embrasure, qui leur demanda de descendre. Ses compagnes plus proches de la porte sortirent avant elle, qui les suivit avec curiosité et inquiétude. Tout dans le ton et l'expression de Louise annonçait une mauvaise nouvelle. Encore.
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[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Empty Re: [14 Septembre 1597] Une sordide annonce

Message par Théodosie Dim 10 Mai - 10:36

[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Servan10
Lucretia, prostituée au Lupanar

Il y avait une étrange ambiance au Lupanar. Les filles discutaient fiévreusement entre elles dans les dortoirs sans jamais élever la voix comme si on se confiait des secrets à la vue de toutes. Les esclaves étaient séparées des femmes libres, distinction qui s’était créée naturellement entre elles. C’était en ces temps de repos qu’on pouvait distinguer les affinités : Agnès était en grande conversation avec Christine dans le couloir, faisant tinter ses bracelets de perles à chacun de ses amples gestes ; Esther et Fedora, assises à même le sol, échangeaient au mieux quelques mots, trop concentrées sur leur partie d’osselets où chacune avait parié quelques-uns de leurs quolifichets.

Lucretia faisait partie des taciturnes, observant davantage ses compagnes qu’elle était maintenant habituée à côtoyer. Une règle s’était établie entre les prostituées pendant les temps de repos : ne jamais discuter des passes avec les clients. Ce qui se passait dans les chambres devait rester secret. Les hontes de chacune ne devaient faire écho qu’en elles-mêmes, beautés éphémères qui finiraient syphilitiques ou vérolées.
Cependant, les récents évènements étaient bien suffisants pour remplir les conversations. L’arrestation de Blanche et de Bastien, l’ancienne tenancière du Lupanar et son intendant, amenaient de nombreuses questions. Pour beaucoup, c’était un soulagement de savoir que l’établissement était à présent en des mains plus compétentes, celles d’Isabelle et de Louise qui savaient fort bien ce que leurs consœurs avaient à endurer auprès de certains de leurs clients. Lucretia n’était pas certaine que le trop bon cœur d’Isabelle soit suffisant pour tenir le Lupanar, mais le pragmatisme de Louise saurait peut-être contrebalancer ce défaut.
Les rumeurs allaient bon train sur le futur du bordel. Les plus idéalistes imaginaient même qu’Isabelle allaient affranchir les esclaves pour leur permettre de retourner dans leurs royaumes respectifs. Lucretia savait que ces rêves n’étaient que fumées. On ne se départissait pas du « M » de l’esclavage avec d’altruistes pensées et de la bonne volonté.

Elle constata que Phaïdée s’était installée à la fenêtre et se tenait loin des ragots pour prendre soin de son épaisse chevelure. Peut-être avait-elle besoin de réfléchir à l’écart de ses compagnes ? La vie en collectivité pouvait être éreintante pour certaines, surtout lorsque des inimités surgissaient à force de se côtoyer.

Lucretia entendit le pas lourd de Louise bien avant qu’elle ne paraisse sur le seuil. Isabelle voulait les voir. Pour une mauvaise nouvelle sans doute, à entendre la voix comprimée par le chagrin de Louise. L’émotion de sa voix n’affecta pas Lucretia qui avait renoncé aux bons augures depuis qu’on lui avait arrachés tous ses titres pour la faire esclave.
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Message par Cassandre Velasquez Dim 10 Mai - 14:53

[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Isabel12[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Louise11
Isabelle, 38 ans, patronne du Lupanar
Louise, 41 ans, co-gérante du Lupanar

Louise évitait de contempler trop longtemps les visages de ces amies dont il alliait falloir se séparer. Elle tourna le dos et les invita en silence à les suivre en bas, dans la salle principale. Isabelle, dans son fauteuil, les contempla avec mélancolie. Louise demanda de s'installer aux différentes tables vides. Autant être assises pour entendre une nouvelle pareille.

Pendant que toutes s’asseyaient, Louise rejoignit Isabelle qui se levait lentement et prit sa place dans le fauteuil. La nouvelle patronne, la gorge serrée, observa les esclaves puis prit la parole :


"Mes amies, comme vous le savez, j'ai repris l’établissement avec pour but de moraliser celui-ci. Je ne souhaite ainsi plus de passes pour vous qui n'avait aucun choix dans ce que le client réclamerait. Malheureusement, ce postulat a un souci. La nourriture ne se donne pas. Je ne peux vous garder en ayant rie à vous faire manger. Ce serait aussi amoral. Alors, j'ai dû prendre la décision terrible de vous revendre. Je suis désolée. sincèrement désolée. Louise a recalculé les possibilités un grand nombre de fois. en vain. Pardonnez-nous."

Isabelle termina son discours en baissant les yeux, honteuse de cette situation.
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[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Empty Re: [14 Septembre 1597] Une sordide annonce

Message par Phaïdée Lun 11 Mai - 18:07

Phaïdée s'assit à demi sur le bord d'une table, attentive, curieuse, craintive aussi, il fallait bien encore l'avouer. Quel malheur allait encore leur tomber sur le coin de la figure cette fois-ci ? Un silence inquiet précéda la déclaration d'Isabelle. Et après... même silence plat. Qui devint pesant.

- Quoi ? s'indigna finalement Phaïdée.

Le choc se lisait sur son visage, en écho au ressenti de toutes les condamnées présentes dans la pièces. Condamnées à refaire l'expérience du marché. Phaïdée ne savait pas ce qui était le pire : subir les fantasmes d'hommes lubriques sans rien pouvoir dire ou bien risquer de tomber sur un maître bien pire. En l'occurence, peut-être aurait-elle préféré la peste au choléra : rester ici, quitte à se taire, était une forme de prudence.

- Après ces années passées ensemble, vous allez nous vendre pour des histoires de morale ?

C'était le seul point où elle pouvait se défendre. La moralité.

- Garder un établissement de prostitution est peut-être moral aussi ?!

La voix vibrait d'indignation. Elle n'avait pas son mot à dire et elle le savait, mais depuis qu'elle était ici, elle avait été habituée à un traitement qui lui permettait de parler quasiment sans contrainte. Et puis être punie pour ces quelques mots ne pourrait pas être pire qu'être revendue au marché. Si ça pouvait faire changer les choses...
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[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Empty Re: [14 Septembre 1597] Une sordide annonce

Message par Théodosie Ven 15 Mai - 22:38

L’annonce d’Isabelle sidéra quelques-unes des filles qui se tenaient dans la pièce. Rendues muettes de regards et de gestes, les mots tranchés avant qu’ils ne soient prononcés. Nulle n’avait vu venir l’annonce désastreuse qu’on leur avait jeté en plein visage. Le Lupanar était le seul endroit qu’elles connaissaient de Monbrina, leur seule ancre à un royaume qui leur était étranger. Vendues comme esclaves, que leur resteraient-ils ?
Les murmures reprirent : Adelaïde à Fédora, Agnès à Christine, Esther à Lucretia.


- Qu’est-ce qu’on va faire ? chuchota Esther. Il faut qu’on reste ensemble.  

Lucretia acquiesça d’un mouvement de tête, mais ne répondit rien. Elle doutait qu’on écoute ce qu’elles avaient à dire, le choix était fait et Isabelle ne reviendrait pas sur cette parole. Lucretia la connaissait trop pour savoir qu’elle avait dû sans doute étudier toutes les alternatives avant de proposer cette solution qui lui fendait le cœur.
Phaïdée fut la plus courageuse de toutes et sortit du rang pour exprimer sa désapprobation. Ses mots avaient suffisamment de force et de sens pour que quelques-unes des prostituées moins vaillantes la suivent.


- Elle a raison ! s’exclama Agnès dont les gestes accompagnaient la colère de son discours. Tout cela n’est que mensonges. Tu parles de morale Isabelle, mais c’est la tienne que tu appliques à nous-mêmes. Chercher à nous faire croire que c’est pour le bien collectif que tu œuvres, alors que tu ne cherches qu’à tranquilliser ton âme. Ce choix-là de décider si nous souhaitons donner notre corps, tu nous l’ôtes sous le prétexte de la servilité. Merci de te soucier que nous sommes esclaves et que nous n'avons aucun choix quant à rester ici ou retourner sur le marché pour être vendues à nouveau.

Lucretia ne jugea pas bon de prendre part à la discussion et préféra observer comment Phaïdée et les autres tenteraient de défendre leur situation.
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[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Empty Re: [14 Septembre 1597] Une sordide annonce

Message par Cassandre Velasquez Mar 19 Mai - 22:11

[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Isabel12[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Louise11
Isabelle, 38 ans, patronne du Lupanar
Louise, 41 ans, co-gérante du Lupanar

Isabelle contemplait ses mains après cette terrible annonce, incapable de soutenir le regard de celles qui seraient désormais ses anciennes amies. Son cœur saignait. Elle aurait tant désiré ne pas avoir ce choix. Les cris fusaient. Phaïdée, en premier, s'insurgeait. Ses plaines étaient déchirantes et exprimaient sa détresse de se voir revendue à un inconnu, de connaitre peut-être le pire. Si seulement... Isabelle trembla quand celle-ci s'exclama que garder un établissement de prostitution ne serait pas plus moral. Elle craqua. Ses larmes éclatèrent et la patronne plaqua les mains contre son visage, misérable. Les autres esclaves se mêlaient les unes et les autres aux pourparlers. Cela transforma vite en cacophonie.

Face à l'agitation qui menaçait de devenir une révolte, Louise se leva du fauteuil et vint se tenir devant les esclaves qui tentaient de plaider leurs maigres droits. Elle poussa avec douceur Isabelle qui gémissait, broyée par les reproches dont l'accusaient les jeunes femmes. Malgré toute sa compassion, Louise refusa se laisser impressionner. Elles étaient les gérantes. Elles devaient affirmer leur autorité.


"Je prends la suite."

Pour la première fois, celle qui avait toujours montré un visage amical et compatissant apparaissait la mine sévère. Son expression était celle d'une ennemie. Indubitablement. Elle fixa l'auditoire sans laisser paraitre ses véritables émotions.

"Silence !"

Elle patienta un court instant, le temps que revienne un peu de calme, puis reprit :

"Et si vous ne vous calmez pas, nous en appellerons aux gens d'arme !"

La menace était sans appel. Elles n'oseraient pas. Il n'y aurait alors plus aucune source d'espoir.

"A présent que j'ai pu entendre vos... arguments, laissez-nous vous faire apprendre que certes un établissement de prostitution n'est guère plus moral que l'esclavage. Mais vous n'êtes pas seules ici. Il y a d'autres employées ici qui travaillent et n'ont que cela. Oui, cet arrangement est pour notre conscience. Et alors ? C'est notre établissement, nous décidons des règles. Vous souhaitez encore débattre ?"

Louise s’interrompit un bref instant et les fixa toutes :

"Nous comptons cependant nous arranger avec le marchand d'esclaves pour que vous soyez revendues à de bons maîtres. mais si vous continuez à agir comme ça, nous ferons venir les gens d'armes et ils se chargeront des transactions. Soyez libres de votre destin."

Dans son dos, en retrait, Isabelle gémissait, terrifié par cette menace.
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[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Empty Re: [14 Septembre 1597] Une sordide annonce

Message par Phaïdée Mar 26 Mai - 12:02

Phaïdée entendit Esther chuchoter près d’elle et Agnès renchérit sur ses propos. Phaïdée, atterrée de la nouvelle, se sentait moins seule. Les filles ne restaient pas silencieuses après l’accusation portée contre Isabelle et Louise. Elle refusa de se sentir coupable quand des larmes dévalèrent les joues de la gérante. Elle manipulait leur destin comme on vend un cheval, et avec un élan de colère, Phaïdée estima qu’elle ne pouvait pas éprouver pour cette femme l’amitié qu’elle lui avait accordée.

Si elles étaient vraiment amies, Isabelle n’aurait jamais envisagé une telle solution. Phaïdée serra les poings, prête à en rajouter, car elle était certaine de pouvoir faire basculer Isabelle vers une autre solution, mais son intervention fut empêchée par Louise, qui rétablit fermement le silence dans la salle. Phaïdée resta debout au milieu, têtue ou défiante. Elle foudroyait Louise du regard, sans aucune gêne à présent.

Des menaces.

Ses compagnes se rassirent, aussitôt dociles. Les arguments de Louise étaient faibles à ses yeux. Qu’est-ce qui pouvaient les empêcher de continuer ? Pourquoi ne demandaient-elles pas tout simplement aux esclaves si elles souhaitaient rester ou partir – puisque le consentement était si important à leurs yeux - ? Elles ne gêneraient pas plus le travail des autres – libres – qu’auparavant, et si les gérantes craignaient des activités par trop fantasques, elles n’avaient qu’à établir un règlement strict pour les clients. Faire un bordel de luxe, pour des clients « respectables ».

Phaïdée lâcha un rire sans joie lorsque Louise leur assura qu’elle s’arrangerait avec le marchand. Comme si ça pouvait changer quelque chose. Certes, peut-être serait-il moins humiliant de passer le balai sur le porche d’une belle maison, que de coucher avec le premier porc assez riche. Mais finalement, elles n’en seraient pas plus libres, et si leur nouveau maître, aussi bon soit-il avait la soudaine envie de les mettre dans son lit, elles ne pourraient rien dire de plus qu’ici.

- Soyez libres de votre destin… cracha-t-elle en se dirigeant vers l’étage. Affranchissez-nous pour ça. On en reparlera ensuite !

Elle savait qu’elle était provocante, mais qu’avait-elle à perdre sinon la vie ? une vie si peu désirable. La mort la libérerait de cette vie.

Non, Phaïdée ne voulait pas mourir. Elle était en train de se rebeller pour rester là, non ? et au fond d’elle la raison ne lui était pas inconnue : elle avait de l’espoir malgré sa situation, et ne comptait pas le perdre. La main sur la rambarde de l’escalier, elle s’arrêta dans son mouvement d’humeur pour monter. Ses épaules redressées dans une attitude fière se voutèrent un peu quand elle réalisa qu’elle n’était pas prête à mourir pour défendre ce qu’elle voulait, ça n’en valait pas la peine, et d’un autre côté, de façon contradictoire, elle voulait garder cette vie. Encore une fois, la soumission était le seul moyen qu’elle avait.

Elle se laissa glisser sur une marche, s’y assit, entoura ses genoux de ses bras et se mit à pleurer en silence.
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[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Empty Re: [14 Septembre 1597] Une sordide annonce

Message par Théodosie Sam 30 Mai - 23:46

[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Servan10
Lucretia, prostituée au Lupanar


Toute la bravoure qui avaient conduit quelques filles à suivre Phaïdée s’évapora sous la menace de Louise. Chacune put ressentir quelque part la douleur. La loi avait décidé pour elles de leurs destins, aucune n’avait envie de goûter au supplice de la roue. Phaïdée se désolidarisa du groupe, défiant à nouveau l’autorité des tenancières, malgré sa position manifeste d’inferiorité. Lorsqu’elle mentionna l’affranchissement, personne ne la suivit cette fois-ci. Peut-être parce que Phaïdée n’y croyait pas elle-même ou bien parce que les filles avaient déjà abandonné depuis longtemps l’idée d’être libres. Pour Lucretia, cela sonna comme un doux fantasme, une idée plaisante mais impossible à réaliser. Lorsque Phaïdée quitta la salle sans que personne ne tente de la retenir, les commérages reprirent de plus belle. Qu’allait-on devenir ? Mais je ne sais rien faire d’autre ! Et si mon prochain maître prenait plaisir à me tourmenter ?
Lucretia n’y réfléchissait pas. Contrairement à ses compagnes, elle préférait attendre que le destin vienne à elle plutôt que de faire des plans sur de la fumée. Agnès et Esther commençaient déjà à discuter sur ce qu’elles ne voulaient pas faire : la première n’accepterait pas un maître trop brutal, tandis que la seconde n’imaginait pas être obligée de travailler aux écuries. Christine qui avait de larges épaules et une stature plutôt imposante, espérait avoir un travail physique où elle n’aurait pas besoin de trop dévoiler son manque évident d’éducation. Adelaïde en revanche, angoissait à l’idée de devoir repasser au marché d’esclaves. Aucune ne croyait pouvoir échapper à la vente, mais toute gardaient une certaine rancœur envers Isabelle et Louise qui venaient de trahir quelque chose malgré elles.
Lucretia qui n’avait pas envie d’imaginer où elle serait envoyée la prochaine fois, décida de remonter au dortoir pour préparer ses affaires. Au pied des escaliers, se trouvait Phaïdée qui pleurait à chaudes larmes. Le renoncement était difficile. Lucretia préféra garder une certaine distance, de peur de gêner l’esclave qui retenait ses sanglots par fierté ou pudeur. Elle attendit qu’elle ne la remarque avant de s’adresser à elle :

- Ton intervention était courageuse. Je crains que tout ait déjà été planifié bien avant cette réunion. Louise est stricte sur sa tenue des comptes, elle a bien dû constater que c’était impossible. Isabelle quant à elle, est un paradoxe tout entier qui donne un peu trop de poids à ses principes. Je suis attristée que tu doives en faire les frais, mais telle est notre destinée.
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Message par Cassandre Velasquez Sam 6 Juin - 14:24

[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Isabel12[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Louise11
Isabelle, 38 ans, patronne du Lupanar
Louise, 41 ans, co-gérante du Lupanar

Louise détestait ce moment terrible où elle avait dû dire toutes ces choses blessantes à ces femmes qui étaient jusque-là des amies. Devenir patronne était un sacerdoce et un crève-cœur. Elle évita de regarder ces malheureuses qui se retrouvaient et se regroupaient pour se réconforter et se donner du courage. Phaïde, la meneuse, semblait s'être calmée.

Elle reprit d'une voix plus calme :


"Nous partirons dans une heure. Nous vous laissons ce temps pour vous organiser entre vous et vous préparer."

Sur ces paroles, elle tourna les talons et rejoignit Isabelle réfugiée dans le fond de la salle, une bouteille d'alcool à moitié vidée devant elle. Elle se pencha pour l’embrasser.

"Tout va bien. Va donc te reposer en attendant de partir."

Isabelle hocha la tête et se leva. Un souvenir lui revint et si air redevint sévère.


"Ah oui. Louise, j'ai entendu dire qu'un sorcier venait ici. Un sorcier avec des béquilles. Je ne veux pas de ça ici ! Si tu vois cet homme, dis-le moi. Ou va avertir les autorités. Les sorciers sont des profiteurs qui abusent des maux des gens pour les escroquer."

Louise blêmit. Hyriel ! Elle évoquait Hyriel qui venait apporter des potions abortives ou des onguents à celles qui en avaient besoins. Elle aurait bien défendu ce brave homme mais Isabelle était trop têtue. Pourtant, il avait sauvé Cassandre. Sans rien réclamer. Et même ses potions, il les donnait pour presque rien. Il souhaitait réellement aider, mieux que les médecins.

"Bien sûr. Je ferai le nécessaire."

Derrière le sourire de façade, Louise se promit au contraire de ne rien de faire du tout. Alors elle prendrait les commandes auprès des filles, discrètement, et irait chercher en forêt les potions. Ce serait la meilleure solution.
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[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Empty Re: [14 Septembre 1597] Une sordide annonce

Message par Phaïdée Mer 19 Aoû - 17:49

Phaïdée se calma au bout de quelques minutes. L'indignation d'être renvoyée au marché, avait laissé place à la résignation. Ce qui pouvait lui arriver de pire était sans doute de retourner dans un lupanar et les conditions seraient identiques - quasiment - à celles dans lesquelles elle vivait. En fait, peut-être était-ce une chance de changer de maître, elle pourrait ainsi, avec un peu de chance, troquer son quotidien de prostitution contre une vie plus saine à défaut d'être plus libre. Au moins n'aurait-elle pas à vendre son corps.

Rassérénée par cette pensée, Phaïdée releva le nez, et reniffla bruyamment, avant de remarquer la présence de Lucretia devant elle.

- Ton intervention était courageuse. Je crains que tout ait déjà été planifié bien avant cette réunion. Louise est stricte sur sa tenue des comptes, elle a bien dû constater que c’était impossible. Isabelle quant à elle, est un paradoxe tout entier qui donne un peu trop de poids à ses principes. Je suis attristée que tu doives en faire les frais, mais telle est notre destinée.

Comme Lucretia semblait vouloir passer dans l'escalier, Phaïdée lui laissa le passage libre.

- Merci Lucretia, c'est gentil. Quoi que nous fassions, cela ne changera rien aujourd'hui. Ce qui me révolte le plus c'est que Louise et Isabelle ont été gentilles avec nous ces dernières années, et là... c'est comme si elles nous tournaient le dos. C'est dur. Et je ne suis pas la seule à en faire les frais : nous toutes sommes concernées. Nous serons conduites sur ces planches infâmes ensembles. Destinée ou non, esclave ou non, je crois toujours qu'il est possible de changer les choses. Ce ne sera pas aujourd'hui, mais demain...

La voix de Louise l'interrompit : elles avaient une heure de répit pour "s'organiser" et "se préparer". Organiser quoi ? préparer quoi ? elles étaient esclaves, rien ne leur appartenaient. Elles n'allaient pas faire de bagages. Et soudain, le visage de Phaïdée s'éclaira. Si ! elle avait quelque chose à préparer !

Sans se préoccuper de laisser le passage à Lucretia, elle monta quatre à quatre l'escalier et se précipita dans le dortoir, où elle ôta une latte du plancher. La cache qui se trouvait dessous recelait un trésor cher à son coeur dont elle s'empara. C'était un objet si petit qu'il pouvait tenir dans sa main, au creux de sa paume, bien caché des regards indiscrets. Il lui fallait trouver une cachette connue d'elle seule ici, pour mettre l'objet à l'abri. Même ses compagnes ne devaient pas le savoir.

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Message par Fatum Mer 19 Aoû - 17:49

Le membre 'Phaïdée' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


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[14 Septembre 1597] Une sordide annonce Empty Re: [14 Septembre 1597] Une sordide annonce

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