[le 24 novembre 1597] - Prudence est mère de sûreté [Terminé]

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Message par Sylvère d'Aiguemorte Lun 20 Juil - 16:57

Sylvère était heureux. Malgré le danger qui guettait à l'orée de la forêt, malgré cette épée de Damoclès qui pesait au-dessus de leurs têtes, il était heureux. Pourquoi ne l'aurait-il pas été, après tout ? Il avait eu sa reine et sa princesse. Dans son palais. Les choses prenaient plus les allures d'un rêve que d'un cauchemar à ses yeux. Comment aurait-il pu laisser quelques avis de recherche, et une potence, venir ternir ces retrouvailles ?

Le réveil avait été bien plus doux que la dernière nuit passée avec Cassandre. Cette fois-ci, elle ne lui avait pas sauté sur le ventre en guise de bonjour. C'était l'air rafraîchissant de fin novembre et le soleil froid qui l'avaient éveillé, en même temps que le petit corps chaud de Kalisha dans ses bras. Il avait ouvert les yeux avant elle et il aurait passé des heures entières à la regarder dormir.

Oh oui, ce réveil avait été l'un des plus merveilleux de sa vie. Près de 9000 réveils depuis qu'il était né, et c'était certainement l'un de ceux qui resteraient le plus longtemps dans sa mémoire. Et cette fois-ci, rien ne viendrait l'entâcher. Kalisha ne lui annoncerait pas son départ.

Désormais, Cassandre était partie. Et il restait seul avec sa belle comtesse, comme la veille. A chaque fois qu'il croisait son regard, il ne pouvait s'empêcher de sourire. Elle était si belle, et lui si amoureux. A chaque fois qu'il posait les yeux sur elle,  il se sentait fondre de bonheur. Cela allait sans dire que cela avait fini par lasser Cassandre et elle n'avait pas fait de difficulté pour les laisser à nouveau. Ce qui l'arrangeait.  

Quand il repensait à la veille et à ses mots. Veuillez attendre demain soir pour pratiquer vos activités d'amoureux ou alors montrez-vous discrets. Il n'avait encore jamais été aussi gêné. A croire que Cassandre mettait un point d'honneur à les mettre mal à l'aise.

Depuis qu'il était levé, il avait bien essayé de ranger, ou de s'occuper les mains pour ne pas avoir l'air complètement dépendant de sa présence. Mais c'était en tout honnêteté inutile. Parce qu'il était effectivement dépendant, et qu'il s'était arrêté en plein mouvement sans même s'en rendre compte pour regarder ses cheveux qui cascadaient dans son dos et les ondulations qui les agitaient quand elle bougeait.

Elle méritait tellement plus que son mari. Il voulait la rendre heureuse. Plus que tout. Pouvoir profiter de son sourire, encore et encore. Alors il remarqua :

- Vous ne m'avez pas dit, ma belle reine. Avez-vous passé une bonne nuit ?

Il s'approcha d'elle et enroula une mèche de cheveux entre ses doigts. Ils étaient si fins sur ses phalanges, si doux. Il releva les yeux vers elle finalement et demanda :

- Alors, quel est donc le programme de la journée, jolie comtesse ? Je suis votre homme.

Et cela dans tous les sens du terme. Et pour l'illustrer, il s'inclina exagèrement – et comiquement - devant elle.
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Message par Kalisha Howksley de Frenn Lun 20 Juil - 21:52

Le soir venu, ils étaient retournés dans la grotte qui était… Nettement plus habitée que la première fois qu’elle était venue. Elle aurait presque pu croire qu'il s'agissait en fait de la chaumière d'Hyriel. Mais non, elle était bien de retour dans la grotte. Il y avait cette femme notamment, Sahar. Sa colocataire. Le temps d'un instant, elle avait tout de même eut un mouvement de recul. Elle la salua glacialement.

Ce soir-là, elle s’était blottie contre Sylvère, dans son lit, faute de place. Et contrairement à ce que n'avait pas manqué de dire Cassandre -les laissant au passage fort embarrassés- ce fut en tout bien tout honneur qu’ils passèrent la nuit, Kalisha lovée dans le creux de ses bras. Elle avait dormi d'un sommeil paisible bercée par le lent mouvement de sa respiration et les battements régulier de son cœur. Elle l'avait senti se lever à l'aube, mais la couverture supplémentaire qu’il avait rajouté l’avait renvoyé dans un paisible sommeil.

Son sourire, ses yeux d’azures.
Ce fut la première chose qu'elle aperçut en ouvrant les paupières. Elle en avait tant rêvé. Cette chose si simple… mais depuis dix jours elle avait ouvert ses yeux sur le velours pourpre de son baldaquin. Elle ne pouvait se retenir de sourire tout en s’étirant félinement. Sylvère se rapprocha aussitôt.

- Comment pourrais-je mal dormir si vous êtes là pour veiller sur mes rêves, mon charmant roi ?

Il enroula une mèche de ses longs cheveux. Elle le regarda amusée : le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle allait avoir du travail. Il voulait connaître le programme de la journée ?
Elle passa ses bras autour de son cou et l'attira à elle jusqu'à les faire doucement basculer à nouveau sur le lit. L'ordre du jour pouvait bien attendre quelques minutes de plus non ? Pourquoi ne pas profiter un peu de cette liberté qui s’annonçait fugace ? Elle était si bien ici, rien qu’avec lui. Sans petite sœur à langue pendue, sans colocataire forcée.

Juste eux.
Pas de barrières.
Pas de risques…

Elle avait dû mal à croire que la maréchaussée pouvait débarquer à tout instant. Ici dans son palais de pierre, elle se sentait intouchable, comme hors du temps. Mais tout cela n’était qu’illusion. Une dangereuse illusion. Pourtant elle comprenait maintenant pourquoi il le chérissait tant et ne l'aurait échangé pour rien au monde.

Elle embrassa, son si beau Roi des brigands, avant de se décider à lui souffler quelques mots dans le creux de l’oreille :
- A partir d'aujourd’hui, vous êtes ma dame de compagnie, Ysengrin Zellers, Roi d'Aiguemorte. Et à ce titre, je vais vous prodiguer toutes les leçons indispensables pour être parfaitement apte à berner mon si indélicat mari.

Elle lui adressa un petit sourire espiègle, tout en passant sa main dans ses courts cheveux bruns. Un geste anodin mais qu'elle n'avait jamais réellement eu le loisir d'effectuer. Ne pouvaient-ils réellement pas rester ici, pour l'éternité sans que personne ne vienne les chercher?

- Nous avons peu de temps mais il va falloir vous apprêter ma belle amie. Je vous ai apporté de quoi vous changer et je vous expliquerai comment tenir à la perfection votre rôle. Mais avant tout...

Ses doigts glissèrent entre les siens et elle attira sa main à son visage, l’observant attentivement avec une petite moue.
… Vous allez devoir vous faire beau mon Roi. Si ces ongles plein de terre passent encore pour un curé, une dame de compagnie n’a pas de griffes de blaireau.
Ce petit sourire espiègle qu’elle arborait se transforma bien vite en doux baiser.
Ce qu’elle pouvait être heureuse de l’avoir retrouvée !
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Message par Sylvère d'Aiguemorte Mar 21 Juil - 9:37

Comment Sylvère aurait-il pu ne pas fondre en la voyant s'étirer ainsi, tel le plus joli des félins ? Et dire qu'elle avait passé la nuit dans ses bras, blottie contre lui ! Il n'en revenait pas. C'était si merveilleux.

Il eut un sourire sincère en s'approchant d'elle, mi-amusé, mi-touché. Ses cheveux étaient si doux et si brillants. Il allait se redresser quand, soudainement, la jeune femme s'accrocha à son cou, le faisant prisonnier au passage et l'empêchant de s'écarter — ce qu'il n'aurait, de toute façon, jamais fait. Elle l'attira vers elle et il n'eut guère d'autres choix que de se recoucher dans le lit avec elle, amusé. À ne pas s'y tromper, c'était loin de lui déplaire.

Il appuya sa tête sur son bras, pour pouvoir la regarder. Et son sourire ne faisait que s'agrandir. Il passa le pouce sur sa joue, à peine plus qu'une caresse légère... Il avait la ferme intention de l'embrasser mais elle le devança.

Le silence de sa grotte était apaisant. Ici, il aurait été si facile de croire que tout allait bien. Comment penser que là, dehors, il avait toute la maréchaussée à ses trousses ? Ça semblait si improbable, dit de cette manière. C'était pourtant là les faits. Et dire que, pas si loin que ça, entre des murailles, régner l'effervescence de la ville. Comment imaginer que l'on puisse la préférer, face à l'apaisement que pouvait apporter leur forêt ? Une chose qui le dépassait.

Finalement, à peine plus qu'un chuchotis glissé dans le creux de son oreille, la plus belle des comtesses lui partagea le programme de la journée. Un programme qui s'annonçait chargé. Et pas des plus reposants. Encore heureux que ni Sahar, ni Cassandre ne soient là pour assister à cela. Sa reine serait bien assez d'elle seule pour assister à ça.

Il eut néanmoins un petit sourire en entendant son nom. Ysengrin Zellers. Ça faisait pour ainsi dire des années qu'il n'avait pas entendu son nom prononcé ainsi par quelqu'un d'autre. Et encore moins par une si merveilleuse bouche.

- Et vous pensez réellement pouvoir me transformer en dame de compagnie digne de ce nom ?

Il lui rendit son sourire. Oui, cette idée était complètement folle mais c'était ce qui en faisait son charme. Même si tous les aspects du plan ne le réjouissait pas vraiment. Mais passer du temps avec sa Reine les compensait tous largement. Il se laissa aller contre cette main qui glissait dans ses cheveux.

La jeune femme resta silencieuse quelques instants avant de continuer sur sa lancée. Pour enfin passer ses doigts entre les siens et tirer sa main vers elle pour l'examiner d'un oeil expert. À côté de ses ongles si propres, les siens — pleins de terre et de mousse — semblaient appartenir à il ne savait quel genre de mécréant. Mais de là à les qualifier de griffes de blaireau tout de même !

Il fit la moue et releva :

- Qu'est-ce que ça veut dire, ça ?

Mais il ne fut pas longtemps suspicieux puisque l'instant d'après elle l'embrassait à nouveau, avec une telle douceur que jamais il n'aurait pu lui résister. La perspective d'un bain si tôt le matin à cette époque de l'année, cependant, n'était pas pour l'enchanter. Loin de là. Pour ainsi dire, l'eau n'était plus très chaude et il aurait aimé l'éviter. Malgré tout, ça ressemblait fort à une condition sine qua non et il devinait déjà qu'il n'y échapperait pas. Alors autant s'en débarrasser le plus vite possible.

Il déposa un dernier baiser chaste sur ses lèvres, qui dura à peine plus d'une seconde, et se redressa. Ils avaient du pain sur la planche. Le bain et les leçons n'allaient pas se faire seuls.

- Allez, venez. Allons rejoindre le cours d'eau.

Rien que d'y penser, il avait froid. Il remonta à la surface, et tendit la main pour aider sa reine à le rejoindre. Quand elle fut à côté de lui, il garda sa main dans la sienne et l'entraîna à sa suite.

Le cours d'eau arriva trop vite à son goût. Il se planta devant et regarda un instant la surface miroiter sous les rayons pâlots du soleil. Elle n'avait vraiment pas l'air chaude.

Il allait se déshabiller pour y aller quand... il se tourna vers Kalisha, un bref instant, pour demander avec un air gêné :

- Ma jolie reine, je vous aime mais, eh bien... pourriez-vous vous tourner s'il vous plaît ?

Décidément... heureusement que Cassandre n'était pas là.
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Message par Kalisha Howksley de Frenn Mar 21 Juil - 13:27

Mais oui, elle était tellement bien ici! Comment ne pas résister à grapiller quelques minutes de bonheur supplémentaire en le ramenant contre elle dans ce rustique lit qui manquait de place? Appuyé contre elle, tous deux savouraient l'instant présent.

Le paradis nécessitait finalement assez peu de choses: la personne que l'on aimait, le calme et la sécurité.

Et en cet instant rare, toutes les conditions étaient réunies.
Sa dame de compagnie.
C'était assez étrange de dire cela en parlant de Sylvère. Elle aurait sans doute pu trouver mieux mais égoïstement elle avait choisi le rôle qui lui permettra de la voir à ses côtés aussi longtemps que possible. Doutait-il de pouvoir endosser le rôle? Elle en doutait fortement, il était sans doute tout au plus excité à l'idée de duper une nouvelle fois Petits et Grands. Elle lui rendit son sourire, tout en caressant sa main:

- Je n'en ai pas le moindre doute. Le jeu n'en vaut-il pas la chandelle? Passer toute une journée en compagnie de votre Reine? Je suis certaine que vous vous surpasserez. Sinon vous pouvez toujours endosser le rôle de curé... Lourde robe de velours ou voeu de chasteté? Que préférez-vous?

Elle ne résistait pas à l'idée de le taquiner un peu. D'autant plus qu'elle connaissait déjà sa réponse... Elle inspecta alors la main de son brigand et ses ongles plein de terre qui n'étaient pas vraiment ceux d'une dame de compagnie qui passait ses journées à lire, broder et prier.
Blaireau fut le premier animal qui lui vient à l'esprit mais à voir sa moue, il n'appréciait guère la comparaison pourtant...

-C'est pourtant flatteur... Grimbert est sage et avisé. elle embrassa sa main de Roi de la forêt. Je les aime comme ça mais Marthe ne sera pas de cet avis et je refuse de vous causer des soucis dès votre arrivée... Si cela ne tenait qu'à moi cette vieille mégère acariâtre serait déjà dehors!

Sylvère passa rapidement à autre chose et l'invita à se rendre à  la rivière. Rivière. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre ce que venait faire la rivière là-dedans. Se laver... Évidemment qu'il n'y avait pas de baquet d'eau chaude ici! Elle regretta soudainement sa suggestion mais il était trop tard pour faire machine arrière. Sur le chemin, les feuilles encore givrés avaient craqué sous leurs chaussures. En ce matin ensoleillé de fin novembre l'air était vif et sec annonçant l'hiver prochain. Ils s'arrêtèrent à proximité de la berge contempla les rayons du soleil qui perçaient entre les arbres et la fine brume qui flottait lentement au dessus du cours d'eau. Dire que l'eau était fraiche semblait être un doux euphémisme et elle s'en voulut terriblement. A se baigner ainsi ne risquait-il pas de tomber malade? Cette simple pensée la fit frémir et elle lui adressa un regard de sincères excuses.

Décidé à en finir au plus vite, il avait déjà retiré son manteau quand il s'arrêta soudainement pour lui demander de se retourner. Ses joues se teintèrent de rose et ce n'était pas uniquement dû au froid ambiant qui lui piquait les pommettes.

- Je.. Je.. bafouilla-t-elle Je n'avais pas l'attention de vous observer mon Roi. Enfin non pas que cela soit déplaisant, c'est simplement que...

Il valait sans doute mieux s'arrêter là avant de s'embourber un peu plus encore et que son visage ne virent définitivement au rouge à l'image de Sylvère en train de se baigner nu dans la rivière. Elle remercia cependant le Ciel, de l'absence de Cassandre qui ne se serait pas gênée pour rire et en rajouter encore un peu plus. C'était bien assez gênant ainsi.

- Vous allez devoir m'aider à compléter votre biographie, mon charmant Roi. dit-elle pour changer de sujet.
Les yeux rivés vers les bois, elle entendit derrière elle le clapotis distinctif annonçant qu'il était entré dans l'eau.

- Je n'ai pas eu le temps de songer à tous les détails... poursuivit-elle pour essayer de chasser les images qui se promenaient dans son esprit...
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Message par Sylvère d'Aiguemorte Mar 21 Juil - 18:59

Choisir entre porter une lourde robe ou faire voeu de chasteté ? Pour ainsi dire, le choix était vite fait – surtout quand il y avait une reine qui entrait dans l'équation. Mais Kalisha savait déjà très bien sa réponse, alors il se contenta de lui rendre un sourire malicieux sans mot dire. Il remarqua cependant par la suite, quand le sujet aborda ses mains sales et pleines de terre :

- Dans ce cas, si vous aimez mes griffes de blaireau, alors j'en suis heureux.

Enfin, elle aurait pu tout de même chercher une autre comparaison ! Surtout que son explication ne tenait pas la route. Lui ? Sage et avisé ? Il fit mine de réfléchir durant quelques secondes puis il lui tira la langue, par pure provocation :

- Je ne suis ni sage, ni avisé, ma jolie reine. Ne vous en êtes-vous pas déjà rendue compte ?

Puis, sans attendre, il la guida dehors. Elle voulait qu'il se baigne ? Soit. De toute évidence, il n'avait pas vraiment le choix. Ce ne serait pas la première fois qu'il le ferait, même si pour aujourd'hui, il s'en serait bien passé. Au dessus de l'eau, les brumes de la nuit flottaient encore. Un signe de plus que ce serait une baignade express. Il n'avait pas l'intention d'attraper la mort non plus. Il avait les journées d'une reine à ensoleiller et il y tenait bien !

Kalisha sembla réaliser alors ce qu'une toilette forestière, fin mois de novembre, pouvait signifier. C'était du moins une profonde gêne que traduisait le regard qu'elle lui jeta alors, en guise d'excuses. Mais il ne lui en voulait pas, au contraire. Elle était si gentille, sa jolie reine. Alors, tandis que son manteau gisait par terre et qu'elle allait se retourner, il attrapa son visage entre ses mains pour poser un baiser furtif sur son front.

Il attendit d'être certain qu'elle ait le dos tourné pour enlever le reste. Elle n'avait pas tellement l'air d'avoir envie de regarder, ceci dit, et cela l'arrangeait bien. Il entra alors dans l'eau. L'étau glacé enserra aussitôt ses chevilles. Quand il eut de l'eau jusqu'au nombril, il prit une grande inspiration. Il avait fait le plus facile. Restait la seconde étape. Il prit de l'eau dans ses mains en coupe, se mouilla les bras, la nuque, sentit les gouttes glacées dégouliner le long de sa colonne vertébrale. Mais venait le moment où toute la préparation du monde n'y ferait plus rien.

Quand il fallait y aller, il fallait y aller. C'était ce qu'on disait.

Allez. À trois, se dit-il pour s'encourager. Il gonfla ses poumons. Un, deux... Trois  ! Et il sauta. Il remonta à la surface deux secondes plus tard à peine, en restant accroupi pour que le niveau de la rivière lui arrive aux épaules et en essuyant l'eau dans ses yeux. Ce n'était pas seulement froid, c'était carrément gelé ! A tel point qu'il avait l'impression qu'un milliers de miniscules aiguilles lui transperçaient la peau.

Toujours de dos, sa reine continuait de parler. Complèter sa biographie de dame de compagnie ? Il aiderait avec plaisir, mais pour le moment, il préférait se concentrer sur son efficacité pour rester le moins longtemps possible. Alors il l'interrompit avant qu'elle n'aille plus loin dans ses explications, avec un sourire clairement audible dans la voix :

- Attendez donc que je sorte, ma dame. Je ne réfléchis pas très bien quand je suis en train de me transformer en glaçon.

Il ne traîna pas dans l'eau. Une minute plus tard à peine, il était ressorti. Il s'essuya sommairement avec sa chemise – il semblerait qu'il n'en aurait pas besoin dans les jours prochains – et renfila son pantalon pour être malgré tout présentable. Puis il reprit son manteau, comme il claquait des dents, pour se tenir chaud un minimum.

Il revint vers la jolie comtesse à grands pas, en s'essuyant les cheveux avec sa chemise. Quand il fut face à elle, il la serra dans ses bras, sans pouvoir réprimer son sourire – il avait parfaitement conscience qu'il allait la mouiller. Ses cheveux encore bien dégoulinants en profitèrent pour laisser de grandes traces d'eau sur sa robe. Finalement, il recula – toujours avec cette expression espiègle qui le caractérisait :

- Ce fut … revigorant. Excusez-moi pour votre robe, je m'en serais voulu de ne pas vous faire partager cette baignade si agréable. Vous auriez dû venir avec moi, ma reine.

Ce n'était pas tant moqueur que taquin. Finalement, il lui tendit ses mains pour qu'elle juge d'elle-même du résultat :

- J'espère au moins que mes griffes de blaireau conviennent mieux à la Reine de la Forêt.

Il s'ébroua ensuite pour se réchauffer, remit les mains dans les poches de son manteau. Il demanda alors, en sautillant distraitement sur place pour ne pas laisser le froid s'installer réellement – même s'il était déjà là :

- Et donc ? Cette biographie. Vous avez besoin de mon aide ? Dites-moi tout. D'où vient donc cette Prudence, ma jolie reine ?
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Message par Kalisha Howksley de Frenn Mar 21 Juil - 23:01

Il lui tirait la langue vraiment?! Voilà que cette chipie de Cassandre déteignait sur son beau brigand! Elle plaça ses mains sur sa taille, d'un air sévère:

- En voilà une attitude digne d'un souverain!

Cependant garder son sérieux s'avéra bien difficile devant son visage si rieur... Armé d'un effort supplémentaire, elle reprit un ton réellement plus sérieux:

- Vous avez beau faire l'intrépide et l'insouciant, je vous assure qu'il y a la dessous une forme de sagesse, mon charmant roi.
Elle tapota sa poitrine pour appuyer ses propos.

Oui c'était vrai, de prime abord, il avait l'air d'un petit diable habité d'espièglerie, pourtant lorsque l'on prenait le temps de passer au-delà des apparences, on découvrait un homme intelligent à la sagesse certaine. Il pouvait bien se montrer audacieux et avoir l'amour du risque, il n'en demeurait pas moins qu'il savait parfaitement les mesurer.
Elle en avait encore eu la preuve la veille.
Une chose était certaine: elle lui faisait entièrement confiance et suivrait chacune de ses idées -quasi- aveuglément.

Il était son Roi et elle aimait autant chacune de ses qualités que chacune de ses petites imperfections qui s'effaçait sous son amour.

Ils se dirigèrent ensuite vers la rivière. Elle regrettait terriblement cette idée. Elle la regretta encore plus lorsqu'elle réalisa à quel point elle semblait glaciale. La seule vue de cette brume indiquant la différence de température entre l'eau et l'air la faisait frissonner. C'était son premier hiver, ici, à Monbrina. Et comment dire... Il y faisait bien plus froid qu'à Djerdan! Elle commençait déjà à avoir froid et avait du faire rembourrer de duvet ses robes, pourtant les avis concordaient sur un point: le pire était encore à venir. Allait-elle finir toute bleue?

En attendant, c'était ce pauvre Sylvère qui risquait de virer au violet, si elle s'en  tenait aux clapotis de l'eau qu'elle entendait. Elle ne pouvait s'empêcher de parler pour canaliser -autant que possible- son esprit et son imagination. Mais ce n'était de tout évidence pas le moment et il avait parfaitement raison! Elle lui retourna son ton amusé en commentant:

- Je suis navrée votre Majesté! Mais voyez le bon côté des choses: vos prochains bains seront agréablement chauds!

Encore quelques remous et plus rien. Elle déduisit qu'il venait de sortir. Mais elle n'osait pas se retourner, elle attendit donc qu'il vienne la chercher avec pour tout accoutrement son manteau et son pantalon. Sa chemise, mouillée se trouvant dans sa main. Elle se figea mais Sylvère la serra aussi tôt dans ses bras. Ses cheveux trempés ruisselèrent le long de son cou puis le long de son échine comme autant de petits glaçons. Elle étouffa un petit cri de souris.
Malgré tout, elle plaça de bon cœur ses bras autour de son corps frigorifié et le serra contre le sien. Tant pis, si sa robe était humide. Ce n'était que de l'eau après tout.

- Ce fut … revigorant. Excusez-moi pour votre robe, je m'en serais voulu de ne pas vous faire partager cette baignade si agréable. Vous auriez dû venir avec moi, ma reine.
Elle lui retourna son sourire accompagné d'un regard malicieux:

- Je viendrais la prochaine mon roi. Ou bien vous n'aurez qu'à venir.
Elle embrassa pudiquement sa glaciale joue rosée par la fraicheur de l'eau, avant de refermer son manteau.

- Je m'en voudrais terriblement si vous veniez à tomber malade par ma faute.

Il lui présenta alors ses petites de pattes d'irrésistible blaireau qu'elle inspecta avec soin en hochant la tête. C'était nettement mieux mais la terre était toujours là, noircissant le dessous de ses ongles.
- Nous ferons les finitions au couteau. Ca ne partira pas différemment.

Il se mit alors à sautiller sur place tout en le questionnant sur la fameuse biographie. Kalisha détacha son épaisse cape de fourrure et lui drapa les épaules avec, tout en répondant.

- C'est bien le problème. Je ne sais pas vraiment. Je l'ai rencontrée en pèlerinage -Les meilleurs mensonges doivent toujours contenir une part de vérité-. Elle est très pieuse et a récemment fait vœu de silence. Mais je ne sais pas pour quellesraison précisémenent. Il nous faudra également un patronyme.

Il faisait soudainement un peu plus frais, et elle réprima un frisson, mais ce n'était rien en comparaison avec le bain glacial qu'il venait de subir. D'autant plus que sa robe était bien épaisse.
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Message par Sylvère d'Aiguemorte Mer 22 Juil - 13:06

Tirer la langue n'était pas une attitude digne d'un souverain ? Voyez-vous cela. Ce ne serait pas cela qui changerait la donne. Les mains sur les hanches, Kalisha tentait d'avoir l'air sérieux mais le sourire qui se pressait sur ses lèvres et qu'elle tâchait de réprimer lui enlevait toute crédibilité.

Il sourit, amusé, mais elle reprit d'un ton plus grave pour évoquer cette fameuse sagesse qui se cachait au fond de lui, en tapotant sa poitrine pour insister sur ce qu'elle disait. Sylvère ne releva pas, mais il y pensait encore tandis qu'il terminait – expressément – cette petite baignade rafraîchissante.

L'eau était décidément très froide, mais elle avait raison : autant voir le bon côté des choses. Les prochains bains qu'il prendrait seraient chauds. Un avantage non négligeable. Il fallait dire que vivre dans la forêt l'hiver comportait quelques inconvénients liés directement au manque de chauffage – si on exceptait le feu du soir. Mais cela faisait déjà plusieurs années qu'il vivait ainsi et il n'était pas encore mort de froid.

En tout et pour tout, son bain matinal durant tout juste un peu plus d'une minute. C'était rapide mais il n'aurait guère pu rester davantage de temps. En posant ses yeux sur sa chemise entre ses mains, Kalisha se figea mais il ne lui laissa pas le temps de dire quoi que ce soit, il la prit contre lui. Elle était toute chaude, et lui tout froid. Sous le coup de la surprise, elle poussa un petit cri mais ne fut pas longue à glisser ses bras autour de lui pour le serrer à son tour.

Quand il finit par reculer, elle lui rendit son air rieur. Il rangea cette demi-promesse dans un coin de son esprit. Elle posa un baiser sur sa joue avant de fermer son manteau qu'il avait laissé ouvert. Il sourit alors.

Après une courte inspection de ses mains, elle finit par hocher la tête, visiblement satisfaite. Bien sûr, ce n'était pas encore des mains dignes d'une dame de compagnie mais elles étaient déjà plus propres. Elle avait certainement raison : la seule manière d'enlever les restes de terre sous ses ongles était de se servir de la pointe d'un couteau.

Maintenant qu'il était sorti, même s'il avait encore froid, il était davantage apte à réfléchir à cette fameuse Prudence et son histoire. Mais il devait en savoir plus, ce à quoi elle répondit en posant sa cape sur ses épaules. Surpris, il arrêta un instant de sautiller sur place pour la regarder :

- Je... Vous n'allez pas avoir froid ?

Mais malgré tout, cette épaisseur supplémentaire n'était pas de trop alors il la serra autour de ses épaules plus étroitement pour conserver la chaleur du corps de Kalisha.

- Venez, rentrons, conseilla-t-il ensuite puisqu'un bon feu était encore le meilleur moyen de réchauffer quelqu'un. Nous pourrons réfléchir au reste en chemin.

Et il reprit le chemin de la grotte. Marcher refaisait circuler son sang et le réchauffait bien mieux que toutes les épaisseurs du monde. Il réfléchit quelques instants à cette fameuse biographie pour finalement répondre :

- Les meilleurs mensonges ont une part de vérité ? Très bien. Alors dans ce cas, Prudence sera la fille unique d'une famille très pieuse, ce qui lui aura conféré sa grande croyance en Dieu. Quelques années plus tôt, elle aura fui le domicile de ses parents, lassée d'une vie trop monotone et rêvant d'aventures. Elle aura alors mené une existence davantage cavalière pendant quelques temps, avant de rencontrer un vieux poète muet qui lui enseigna l'amour des mots. Elle prit alors conscience du précieux don divin que représente la parole humaine. Par respect pour ces mots, elle décida donc de faire voeu de silence. Vous l'avez rencontrée en pélerinage chez les Soeurs où elle avait décidé de faire un séjour pour pardonner ses péchés.

Il fit une pause, se tourna vers elle et reprit :

- Voilà. La plupart de ce que je viens de dire est vrai. Vous pensez qu'il s'agit là d'une histoire suffisamment convaincante pour tromper ceux que nous devons berner ? Quant au pourquoi vous avez voulu d'elle en tant que dame de compagnie, eh bien, à vous de me dire.

Une nouvelle pause, le temps de redescendre dans la grotte et d'aider Kalisha à en faire de même. Finalement, il conclut :

- Quant au nom de famille... Que diriez-vous de Dussart ? C'était le nom de jeune fille de ma mère.

Il sourit. La petite marche et la cape de Kalisha l'avait réchauffée. Et il ne fallait pas oublier qu'ils avaient du pain sur la planche et très peu de temps devant eux pour tout faire. Alors il enchaîna aussitôt :

- Alors donc, comment comptez-vous m'habiller ?
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Message par Kalisha Howksley de Frenn Mer 22 Juil - 22:15

Il grelottait de froid. Comment aurait-elle pu continuer à le regarder ainsi sautiller pour se réchauffer après ce bain glacial ?! Alors sans la moindre hésitation elle -qui était si frileuse- dégrafa sa cape et en drapa les épaules de son roi. Ce manteau luxueux lui conférait une allure réellement majestueuse. Elle ne pouvait s’empêcher de l’imaginer avec sa couronne de fougères et de bruyères. Un vrai Roi de la forêt.  Elle ne put s’empêcher de sourire à cette image tandis qu’il s’enquérait de son bien-être. Dire qu’elle n’avait pas froid aurait été mentir pourtant…

- Ne vous en faites pas pour moi, ma robe est épaisse et puis c’est la moindre des choses. Si je peux vous éviter de virer au violet avant que nous soyons de retour dans votre palais…

Elle sentait la fraiche brise matinale s’engouffrer dans le décolleté de sa robe, uniquement fermé par une fine chemise de soie à cet endroit. Mais qui diable avait inventé pareille chose ? C’était peut-être élégant mais ce n’était assurément pas adapté aux froides températures de la fin d’automne. Ceci dit, elle aurait affronté bien pire pour lui et avoir froid ne lui faisait pas peur. C’est de son pas altier empreint de grâce qu’elle entreprit le chemin du retour, chassant de son esprit le fin courant d’air qui lui glaçait les os. Quant à Sylvère, il avait bien meilleure mine et amorça sa proposition biographique :

- Les meilleurs mensonges ont une part de vérité ?

Elle acquiesça et écouta attentivement la suite. Prudence était pieuse. C’était en effet l’idée qu’elle avait d’elle car sinon comment aurait-elle pu la rencontrer durant un pèlerinage ? Enfin si l’on exceptait qu’elle-même n’avait qu’une piété opportuniste…

Quelques années plus tôt, elle aura fui le domicile de ses parents, lassée d'une vie trop monotone et rêvant d'aventures.

Les meilleurs mensonges ont une part de vérité

Etait-ce une part de sa vie qu’il lui contait là ? Elle n’avait jamais cru une seule seconde qu’il ait pu être issu des bas-fonds de la capitale ou de Dieu savait quel bourg miteux. C’était purement impossible. Il n’y avait qu’à voir la façon dont il s’exprimait, les mots et tournures qu’il employait. Rien que pour cette raison, il n’aurait eu aucune difficulté à faire illusion au sein de la noblesse. Elle se prit à songer à son passé : que faisait-il ? Avait-il fuit par simple ennui ? Cela paraissait tellement fou et en même temps, elle ne l’en admira que plus pour avoir ce courage qu’elle-même ne possédait pas.

Elle aura alors mené une existence davantage cavalière pendant quelques temps, avant de rencontrer un vieux poète muet qui lui enseigna l'amour des mots.

Les meilleurs mensonges ont une part de vérité

Où s’arrêtait la réalité, où commençait le mythe ? La frontière était si floue. A l’évocation du poète, elle se rappela aussitôt la si belle lettre qu’il lui avait écrite lors de leur séparation forcée. Les mots. Ils les aimaient assurément. Elle n’avait pas manqué de l’observer reprendre Cassandre. Preuve une fois de plus, si cela était nécessaire, des manières dont il disposait. Elle acquiesça à nouveau, perdue dans l'analyse de ses propres paroles. Tant de questions… Mais était-ce le moment d’en discuter alors qu’ils avaient encore tant à faire avant leur départ? Pensive, elle finit par lui répondre à son tour :

- Cela me semble parfaitement crédible. Et bien, je m’ennuie terriblement loin de ma famille et de mes amies. Lorsque je l’ai rencontré je n’ai pu m’empêcher d’admirer cette femme si pieuse aux écrits si affutés. Je l’ai donc supplié de m’accompagner à Monthoux afin de m’apprendre à manier aussi bien les mots qu’elle et… Non en fait je pense que cela est suffisant. Les femmes trop éclairées font peur...

Elle leva fébrilement ses yeux  vers lui, consciente d’être une complète novice dans l’art de duper son prochain.

- Est-ce… Cela vous parait-il crédible et suffisant ?

Il avait certes l’habitude de ce genre de stratagème mais elle était émerveillée de cette facilité avec laquelle il avait créé cette histoire. Elle attrapa sa main et sauta sur le sol de la grotte. Ils étaient de retour à l’abri et bientôt au chaud. Devaient-ils réellement quitter cet endroit si confortable et agréable ? Elle réprima un soupir.

- Quant au nom de famille... Que diriez-vous de Dussart ? C'était le nom de jeune fille de ma mère.

Les meilleurs mensonges ont une part de vérité

Elle lui rendit son sourire. Ces dernières minutes, elle avait l’impression d’avoir ouvert le livre de sa vie et cela lui réchauffait le cœur bien plus que n’importe quel manteau de fourrure. Elle n’avait qu’une envie : en poursuivre la lecture. Elle voulait tout savoir de lui. Où avait-il grandi ? Que faisait-il avant d’arriver ici ? Comment était sa famille ? Pourquoi l’avait-il quitté ? Pour l’aventure ? Comment avait-il fait ? Elle mourrait d’envie d’obtenir son secret pour en faire autant. Et si elle avait refusé son mariage ? Et si elle s’était enfuie ? Et si… Et  si tout cela était arrivé alors elle ne serait jamais venu dans ces bois, elle ne l’aurait jamais rencontré et elle n’aurait jamais rencontré celui qui faisait battre son cœur en chantonnant une ballade djerdanne sur un amour impossible.
Heureusement que son charmant roi n’oubliait pas l’objectif de cette journée, car elle, était partie bien loin de là. Elle secoua doucement la tête pour se remettre les idées en place, puis se dirigea vers une malle qu’ils avaient descendu la veille de l’attelage. La jeune Comtesse s’accroupit et la déverrouilla.
Il allait la maudire et trouver son idée nettement moins amusante lorsqu’il saurait… Elle extirpa un à un les différents vêtements tout en les présentant :

- Bien… Vous allez tout d’abord enfiler cette longue chemise de lin. Elle déposa le vêtement d’un tissu fin au col brodé.  - Ensuite il y aura les bas en soie. Et n’oubliez pas les jarretières, si vous ne voulez pas qu’ils ne terminent à terre. Ensuite, vous mettrez cette cotte puis le vertugadin puis enfin cette robe de velours bleu marine. Sobre mais élégante. Ah et j’allais oublié : les chaussures !

Elle déposa enfin les petits souliers. Elle avait oublié un léger détail : le corset était renforcé de baleines. Il allait vraiment détester cet accoutrement !

– Tout va bien mon Roi, vous êtes toujours là ? demanda-t-elle mi taquine mi inquiète, car malgré tout, elle restait consciente du sacrifice qu'elle était en train de lui demander.
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Message par Sylvère d'Aiguemorte Jeu 23 Juil - 0:11

Ne pas s'en faire pour elle ? C'était plus facile à dire qu'à faire, il ne pouvait pas s'en empêcher. Pour rien au monde il n'aurait aimé savoir qu'elle avait froid et il aurait volontiers céder cape et manteau s'il l'avait fallu. Mais malgré tout, il n'avait pas spécialement envie de perdre ses orteils, alors il accepta l'épaisse cape de sa reine sans vraiment insister davantage.

Le vêtement eut d'ailleurs le mérite non négligeable de le réchauffer enfin, lui qui sautillait sur place. Ou alors était-ce la marche ? Ou bien encore la combinaison des deux ? Quoiqu'il en soit, quand il arriva à la grotte royale, il avait moins froid et avait cessé de claquer les dents. Il ne retournerait pas se baigner par ce temps de sitôt, ça, il en faisait la promesse !

Il s'agissait désormais avant tout de construire l'histoire de cette Prudence Dussart. Et quoi de mieux, comme le signifiait Kalisha, que des mensonges empreints de vérité ? Bien sûr, il fallait remanier les événements légèrement, ne pas tout dire ou en dire davantage, le tout selon sa guise... mais il fallait que ce soit vrai. Comment pourrait-on être accusé de mentir, quand on racontait les choses sobrement, dans la mesure du possible, comme elles s'étaient passées ? Il sourit.

Il lisait dans les yeux de la jeune femme une lueur d'intérêt pour ce qu'elle entendait. Il prenait alors conscience que, tout compte fait, il ne lui avait pas dit grand chose de lui. Hormis qu'il ne s'était jamais appelé Sylvère. Mais il en était de même pour elle. Il savait qu'elle était une dame djerdanne, qu'elle avait été mariée avec un gros porc pour respecter un pacte politique et qu'elle cherchait à tomber enceinte. Mais à part ça ? Qui était-elle donc, sa belle Reine ? Quelle était sa couleur préférée ?

Il coula un regard discret dans sa direction et se perdit dans la contemplation de ses cheveux qui battaient son dos au rythme de sa marche. Il aurait pu la regarder des heures sans jamais se lasser du spectacle. Elle était si belle. Si drôle et si adorable. Comment pourrait-il ne pas avoir été séduit ? Ce Prosper de Monthoux avait-il pris seulement la peine de regarder à qui il était marié ?

Bien que Sylvère ne parlait pas souvent de son passé, manque d'envie ou d'interlocuteurs pour le faire, l'évoquer à demi-mots de cette manière avait quelque chose de plaisant. Quoiqu'il en dise, il avait été heureux, à cette époque. Et pourtant, il l'était encore davantage maintenant. Il n'y avait aucun moyen de différencier les deux : les choses étaient incomparables. Entre la ville et la forêt, entre les hommes avides de pouvoir et les animaux, le choix était vite fait. Et ce qu'il avait fait de rencontres ces cinq dernières années lui avait coupé toute envie de revenir à une vie plus rangée. Pour être marié de force, comme Kalisha ? Pour devenir esclave, comme Cassandre ? Pourquoi aurait-il voulu de cela ?

Il termina la petite biographie sur Prudence, et laissa la parole à sa Reine. À son tour d'inventer la suite de l'histoire, maintenant. Elle avait l'air impressionné par la vitesse à laquelle il avait su construire sa partie. Mais il avait toujours aimé inventer, et cette capacité l'avait déjà sorti de bien des problèmes. Sans compter qu'il était rodé à l'exercice, désormais. Il répondit en souriant :

- Il me semble que les choses sont bien ainsi. Je suis certain que vous saurez vous montrer convaincante, ma reine, quand le besoin se fera sentir. Il suffit de croire ce que vous dites et les choses se feront seules.

Il fit une pause et ajouta avec un sourire amusé :

- Et rassurez-vous, je vous apprendrai tous les mots affûtés du monde si tel est votre souhait.

L'histoire était crédible, ça oui. Suffisante, il n'en savait rien. On ne savait jamais si une couverture était suffisante avant de se trouver devant un interlocuteur. Il était évident qu'ils n'avaient pas pensé à toutes les questions. Mais l'important à ce moment-là serait avant tout de dire la même chose.

Finalement, ils sautèrent ensemble dans la grotte. Les parois étaient humides mais ici, ils étaient protégés du petit vent traître qui soufflait entre les arbres. Il s'assit alors sur le lit, pour la regarder. Elle semblait plongée dans ses pensées. À quoi songeait-elle ? Il laissa retomber la cape et sa chemise mouillée - il n'avait plus froid - et se pencha en avant. Il serait bien resté sans rien faire durant des heures, mais ils n'avaient pas des heures, justement.

Il fallait faire vite. Avant que Cassandre et Hyriel n'arrivent. C'était à ses yeux la plus grande échéance, et celle qui les menaçait plus que les autres. D'autant qu'il se doutait bien que le bain glacé n'était que la premier étape d'une longue série. Alors autant en finir au plus vite.

Elle était si loin dans ses pensées que ce fut lui qui dut lui rappeler l'objectif premier de sa visite. Lui apprendre à devenir une dame de compagnie. Elle s'approcha alors d'une malle qu'elle avait amené la veille. Il s'était déjà posé la question de nombreuses fois pour savoir ce qu'elle contenait, mais il n'avait pas demandé, de peur de connaître la réponse. À quoi devait-il s'attendre exactement ? Il n'aurait su dire réellement, mais il craignait ce qui s'y trouverait effectivement.

Il la regarda sortir tout un tas de tissus et d'objets de la malle, sans rien dire. Il n'aurait jamais pensé qu'une si petite chose puisse contenir tant d'affaires. C'était décidément très trompeur. Mais s'il n'y avait que cela, encore. Non, le pire était encore en train d'arriver. Et il ne put s'empêcher de lui lancer un regard pour vérifier qu'elle n'était pas en train de se moquer de lui, les yeux grands ouverts. Mais non. Elle semblait très sérieuse. À son grand désespoir.

Il eut un moment où il fut incapable de dire quoi que ce soit. Un moment qui s'éternisa, où il resta les yeux baissés sur tout ce qu'elle venait de sortir de la malle, littéralement abasourdi. Il y avait des mots qu'il ne connaissait même pas ! En regardant une femme, on aurait pas idée de se dire qu'elle portait autant de choses sur elle. Il trouva enfin le courage de relever les yeux vers elle :

- Mais... vous voulez sérieusement que je mette tout ça ? Ça ne fait pas... beaucoup ?

Il savait que son visage s'était sérieusement décomposé. Mais comment en aurait-il pu être autrement, au juste ? Kalisha lui demanda même s'il allait bien. Il devait en faire, une tête. Il n'aurait su quoi répondre, là, à froid. Il dardait sur la robe et le reste un regard suspicieux, comme si tout risquait de le brûler. Puis, il se leva. Bon. Il allait bien falloir essayer de toute manière. Il allait bien falloir que ça aille.

- Allez, dépêchons-nous. Avant qu'il ne me prenne l'envie de partir à l'autre bout de la forêt.

Il s'approcha de la robe et la souleva pour l'observer sous toutes les coutures. Ça. Et le reste, ensuite. Les jarretières, et tout ces autres choses. Il prit une inspiration pour se donner du courage. Ce n'étaient jamais que des vêtements. De simples, très simples, vêtements.

- Très bien. De toute façon, je n'ai pas le choix. Mais je vais avoir besoin de votre aide. Je ne sais même pas par quel bout on peut bien enfiler tout cela. Et puis ça ? À quoi ça sert ?

Il y avait beaucoup trop de tissus, de volants et autres matières non identifiées à son goût. Il allait devoir mettre sa pudeur de côté, et elle aussi. Parce que s'il était encore capable de se débrouiller avec une robe de paysanne, il n'avait guère envie de se jeter dans cette tâche là tout seul.

Il passa la main dans ses cheveux encore humides. Bon sang, mais qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour une jolie reine ? Il ne put s'empêcher de déclarer en commençant à détacher son manteau :

- Si vous êtes sûre de vous, alors mettons-nous y. Que ce soit fait.

... et bien fait. Dans la mesure du possible. Il ne pouvait s'empêcher de douter. Un peu. Juste un peu.
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Message par Kalisha Howksley de Frenn Jeu 23 Juil - 22:19

Kalisha avait entrepris de déballer le contenu de la malle apportée la veille qui ne contenait rien de moins que la nouvelle tenue de Sylvère ou plutôt de Prudence Dussart, sa dame de compagnie adepte de poésie et ayant fait vœu de silence. Cela faisait un sacré amoncellement de tissu pour qui n’avait pas l’habitude, pourtant ce n’était rien d’autre qu’une toilette classique et relativement sobre. Elle s’était retournée plusieurs fois en direction son Roi et l’avait senti se décomposer. Malgré tous ses déguisements, il n’avait apparemment jamais poussé la témérité jusque là.
Les yeux écarquillés, sur le tas d’étoffe, il semblait petit à petit se décomposer. Lui qui ne manquait jamais de réparti semblait subitement muet et atterré. Elle lui laissa le temps qu’il fallut pour qu’il puisse digérer le flot d’information, sans intervenir. Elle avait parfaitement conscience de l’épreuve qu’elle lui imposait. Lorsqu’il trouva enfin le courage de s’adresser à elle, elle ne sut quoi trop répondre pour le rassurer à part lui demander si tout allait bien. mais devant son absence de réponse plus qu’équivoque, elle tenta de le rasséréner quelque peu.

- Je… Il n’y a rien de superflu. Je suis désolée. C’est exactement ce que je porte à cet instant précis. Elle lui adressa un sourire d’encouragement Si j’y arrive, vous y arriverez également mon roi !

Avait-elle réussi ? Elle avait quelques doutes en constatant le regard suspicieux qu’il adressait à la robe, pourtant elle ne risquait pas de le mordre ou de le blesser. Bon d’accord, peut-être un peu de le faire suffoquer, mais elle ne comptait pas serrer le corset de tout façon. Il inspecta chacune des parties de la robe sans qu’elle n’intervienne. Après tout, mieux valait lui laisser le temps d’apprivoiser la bête. Lorsqu’enfin il se décida, elle lui embrassa la joue. Il n’y avait que lui pour accepter une chose aussi folle et c’était bien l’une des nombreuses qui avait fait chavirer son cœur.

- Vous avez sans doute le choix mais c’est le plus sûr que j’ai pu trouver. J’aurais pu vous trouver une autre couverture, moins… Embarrassante. Elle posa à son tour le regard sur le mille-feuille vestimentaire,  confuse C’est juste que… Je voulais vous garder à mes côtés. Je suis sincèrement navrée, c’est si égoïste de ma part…

Elle avait terriblement honte d’avouer cela mais il méritait de savoir et surtout d’avoir le droit de refuser. Ils pouvaient certainement trouver une autre identité qui lui conviendrait.
Elle observa le bourrelet qu’il tenait du bout des doigts tel un instrument de torture.

- C’est une vertugadin, ça se pose sur les hanches pour augmenter le volume du jupon et donner l’impression d’une taille plus fine Elle prit sa main et la posa à l’endroit indiqué Vous voyez ? Ce n’est rien d’autre qu’une… Sorte de grosse ceinture.

Ce qui la dérangeait plus était de devoir l’aider enfin comment allait-elle pouvoir le faire en lui laissant un peu d’intimité ? Elle ne pouvait décemment pas l’aider en restant de dos et c’était bien ce qui la rendait nerveuse et commençait déjà à teinter légèrement ses joues. Mais déjà il détacha son manteau et elle se figea. Sans pouvoir détacher ses yeux. C’était… Il était tellement beau ainsi. Elle aurait pu rester des heures à observer sa musculature sèche. En tout honnêteté, il était le premier homme qu’elle voyait ainsi, son mari ne se séparant jamais de sa chemise de nuit pour faire son devoir conjugal –et c’était sans doute mieux ainsi-. Lorsqu’elle réalisa son attitude, elle reporta vivement son attitude sur les vêtements à proximité en avalant sa salive. Qu’avait-il bien pu penser ? C’était si gênant et elle s’était montrée terriblement insistante. Elle se mit à rosir et attrapa la longue chemise en lin dont le col était brodé de dentelle. Elle s’approcha de lui et lui passa au-dessus de la tête sans quitter ses yeux du regard afin de se concentrer sur ce qu’elle faisait. Il enfila un bras puis l’autre et elle tira sur le bas afin de la faire descendre jusque sous ses genoux. Elle réprima un soupir. Le plus dur était fait même si, elle devait l’admettre, elle regrettait déjà la vision de son torse nu.

Vous préférez mettre les bas maintenant ou la cotte ? s’enquit-elle tout en sachant que cette question équivalait sûrement à lui demander s’il préférait se baigner dans une rivière gelée ou un lac glacé.
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Message par Sylvère d'Aiguemorte Ven 24 Juil - 0:48

Sylvère n'en revenait pas. Il allait effectivement devoir mettre tout cela. On était bien loin d'une simple robe. Autant il n'avait jamais rechigné à s'habiller en tout et n'importe quoi — du curé à la paysanne en passant par le vieillard — autant il n'avait jamais pensé un jour devoir faire une telle chose. À ce stade-là, on ne pouvait plus parler de déguisement, mais plutôt d'arnachement. Un véritable attirail, qui semblait tellement disproportionné pour l'objectif premier que représentaient les vêtements.

Kalisha ne le pressa pas, ce pour quoi il la remercia. Elle attendit patiemment qu'il soit prêt à se mettre en action — le laissant digérer, bien que difficilement, de quoi sa nouvelle identité relevait sur le terrain. Pleine de sollicitude et de tendresse, elle prit même connaissance de son état puis, en s'apercevant de son silence équivoque, elle reprit, sûrement dans le seul but de le rassurer. Soyons honnêtes : ce ne fut guère efficace. Il n'y avait rien de superflu. Ou comment dire à demi-mots qu'il devrait tout porter. Comment aurait-il dû être encouragé par cela ?

Il releva les yeux vers elle pour la détailler des pieds à la tête. Elle portait tout cela sur elle à l'instant ? Vraiment ? Cela n'y paraissait pas. Les tenues féminines étaient décidément très trompeuses. Il eut un petit rire quand elle ajouta qu'il y arriverait :

- Ma reine, vous oubliez simplement un petit détail.

Petit détail. C'était vite dit, n'est-ce pas, mais ils n'allaient pas chipoter sur les mots maintenant. Autant se dire que ce n'était pas grand chose, voilà tout.

- Vous y arrivez à merveille, je dois l'admettre. C'est la preuve indéniable que c'est possible. Mais la différence non négligeable entre vous et moi, ma belle reine, c'est que... vous avez l'habitude.

Alors que lui... c'était une autre paire de manche. Au sens littéral du terme, s'il fallait regarder celles de la robe — totalement différentes de celles de son manteau, par exemple. Mais il n'était plus temps de reculer, il n'allait pas se dégonfler maintenant. Même s'il avait effectivement très envie de fuir dans l'autre sens et de se réfugier au sommet d'un arbre.

Allez. Qu'ils en finissent. Il prie une inspiration. Certes, il avait le choix, elle avait raison. On avait toujours le choix, il le disait lui-même et en était intimement persuadé. Mais il avait déjà fait son choix concernant ce plan — même s'il se demandait sincèrement si c'était très raisonnable. Non, certainement pas, mais tomber amoureux d'une comtesse ne l'était pas non plus. Cela lui redonna le sourire un bref instant. Les plans les plus farfelus étaient les meilleurs. Et assurément, celui-ci faisait partie des plus farfelus dont il avait eu idée. Il ne venait même pas de lui !

Pour ainsi dire, elle n'avait pas à s'excuser. Certes, le plan était fou, mais pourquoi en arrivaient-ils donc à de telles extrémités ? Parce qu'il vivait cette vie-là, simplement. Il hocha enfin la tête pour confirmer, autant à lui-même que pour elle, qu'il acceptait la proposition. Ce à quoi elle répondit par un bisou qui claqua sur sa joue et qui l'arrêta durant une seconde. Une récompense agréable, qui fit passer aisément l'inquiétude entraînée par la suite.

Néanmoins, avant de poursuivre la séance de mode, il avait besoin de savoir — une sorte de curiosité sûrement fort malvenue — à quoi servait cette... chose, cette sorte de boudin, qu'il avait entre les mains. Et qu'il tenait, sans en avoir conscience le plus loin possible de lui.

Il écouta ses explications avec attention, sourcils froncés. Avant de baisser les yeux que le machin-gadin. Une sorte de grosse ceinture, avait-elle dit. Ça n'y ressemblait pas exactement, mais soit. Voyons les choses de cette manière, si elle les qualifiait ainsi. Il ne se laissa pas le temps de réfléchir, ni de changer d'avis, avant de retirer son manteau et de le laisser tomber. De toute façon, il n'avait — cette fois-ci réellement — pas le choix. Parce que non, jamais il n'aurait été capable d'enfiler tout cela seul. Il devait bien se résoudre à laisser de côté sa pudeur. Et puis, ce n'était qu'elle, sa douce et jolie reine.

Face à lui, Kalisha s'était figée et ses joues avaient rosi. Elle était jolie, vraiment jolie, ça oui. Il avait bien conscience de ce qu'elle était en train de regarder, mais il préférait faire comme si de rien, même si l'idée faisait accélérer son coeur. Elle avait incontestablement les yeux baissés plus bas que son visage.

Mais elle finit, de toute façon, par détourner les yeux en s'en apercevant. Comme si elle était soudain mortifiée, elle revint brutalement vers les habits. Quoi ? Lui faisait-il vraiment cet effet-là ? Cela lui tira un nouveau sourire.

Elle attrapa alors la tunique de lin et vint vers lui. Elle passa le col autour de son cou, en le fixant dans les yeux, et il en fit de même. Enfin, dans la mesure du possible, puisque de temps à autre un pan de tissu venait déranger son champ de vision. Il passa les deux bras dans les manches, sur ses impulsions, avant qu'elle ne tire la tunique vers le bas. Elle faisait grande attention à ses gestes mais même avec toute la bonne volonté du monde, elle n'aurait pu empêcher ses mains d'effleurer là ou ailleurs sa peau. D'un autre côté, ce n'était pas désagréable. Bien loin de là, même, et il n'aurait pas craché sur un peu plus de contact.

Finalement, la tunique de lin fut enfilée. Une première étape de faite. Elle soupira, en même temps que lui. Mais il restait toutes les autres. Bon sang. Quand il aurait tout mis, il ne l'enlèverait pas de sitôt. Mais le plus drôle, ou pas, c'était selon les versions, c'était encore que la tâche serait à recommencer chaque jour pendant...

Pendant combien de temps ? Il n'avait aucun moyen de le savoir. Il espérait à la fois que ce soit le plus long et le plus court possible. Pour des raisons différentes. Elle prit connaissance sur ces pensées de son avis sur la suite de la manoeuvre et il lui retourna un regard pour le moins blasé.

- Honnêtement ? Je m'en fiche. Il va bien falloir les mettre tous les deux, alors. Je vous fais confiance.

C'était elle qui était en train de l'habiller, et non pas l'inverse. Qu'elle décide elle-même la suite de la procédure, il suivrait simplement le mouvement. En attendant, autant parler d'autre chose. Ces affaires seraient certainement plus faciles si leurs attentions respectives étaient occupées ailleurs que la situation quelque peu ambiguë. Et puis... il avait bien le droit à une contrepartie, étant donné qu'il s'était brutalement changé en poupée entre ses mains :

- Parlez-moi de vous, ma dame, demanda-t-il, les yeux dans les siens, tandis qu'elle préparait la seconde étape. Racontez-moi d'où vous venez.
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Message par Kalisha Howksley de Frenn Ven 24 Juil - 23:55

Elle avait beau tenter de l’encourager et de le rassurer, il n’en menait pas large. Pourtant, elle ne se moquait pas de lui, c’était simplement le quotidien d’une noble dame que de porter ce millefeuille vestimentaire. Alors oui, elle avait l’habitude. Enfin, elle avait pris l’habitude faute de choix…

- Je comprends parfaitement ce que vous ressentez. Je l’ai vécu à mon passage de la frontière. Mais vous vous y ferez et plus vite que vous ne le penser. Et puis j’ai peut-être l’habitude mais rappelez-vous que je suis montée aux arbres avec vous, en portant tout cela ! Et cela je n’en avais point l’habitude. Ayez confiance, mon roi, tout ira bien vous verrez.

Ce qu’elle ne lui avait pas raconter en revanche c’était dans quel état et dans quelles conditions elle avait franchi cette ligne imaginaire qui séparait leurs deux royaumes. Comment on l’avait dépossédée de tous ses biens. Tous, sans exception. Comment on l’avait baigné pour la purifier. Comment on l’avait forcée à enfiler sans ménagement ce lourd carcan qui n’avait été qu’un reflet de son fardeau à venir, étouffant et pesant.

Après quelques explications supplémentaires, Sylvère se lança enfin et jeta son manteau à terre. Elle le découvrait pour la première fois et elle ne put détacher son regard alors que son cœur était en train de s’emballer. Combien de temps lui avait-il fallu avant de revenir à la raison ? Elle ignorait. Il avait eu la décence de ne rien lui faire remarquer et elle l’en remercia même si elle était fort gênée.  Elle se reconcentra donc sur sa mission et lui passa la chemise autour du cou. Elle eut beau faire de son mieux pour éviter tout contact, ses mains l’effleurèrent par endroit sans qu’elle ne puisse y faire grand-chose. Dans son esprit les voix s’entrechoquaient. L’une d’elle, impérieuse, lui intimait de laisser courir ses doigts le longs de sa si douce immaculée quand l'autre de plus en discrète lui ordonnait de prendre ses distances. Elle soupira une fois qu’il ne resta plus que ses mains et sa tête de découverte.  Enfin en toute relativité car la finesse du tissu laissait tout de même apparaître sa peau comme une ultime tentation…

Arriva alors le moment de choisir, la suite comment il n'en avait que faire, elle opta pour la cotte. Car la perspective de lui enlever les chausses sous cette fine chemise ne l’aidait pas vraiment à se concentrer. Elle se saisit donc du vêtement suivant en fin lainage bleu pervenche décoré sur les bordures de délicates broderies de feuillages tandis qu’il tentait de changer de sujet. Encore une fois, elle lui en fut reconnaissante car cela l’aida à se concentrer sur autre chose que les désirs qui l’animait à cet instant.
- Je suis là troisième enfant de la Seconde Épouse du Roi et la Quatrième Princesse du Royaume. Ma vie n'a pas vraiment été des plus palpitantes.l, vous savez.

Que pensait-il de la polygamie, lui qui était monbrinien ? Cela le choquait-il ? Elle leva la tunique au dessus de sa tête et là lui passa tout en poursuivant.

- J'ai vécu au sein du Palais Royal, dans l'aile dédiée aux Princesses. Et je n'en suis jamais sortie, une seule fois.

Comment lui expliquait ce qui devait sans doute lui paraître complètement absurde ? Et ce n’était que le début.

-Les filles de sang royal sont élevées ensemble, par des femmes et n'ont aucun contact avec des hommes exceptés les eunuques qui en assurent la sécurité. Vous vous demandez sans doute pourquoi ?

Posé sur la malle, elle récupéra le fameux vertugadin qui l’avait tant questionné, lorsqu’elle réalisa un léger détail compromettant.

-Je… Hmm… Vous devriez vous dévêtir de ce qu’il reste car cela va être compliqué ensuite demanda-t-elle un peu gêné avant de retourner vers la malle le temps qu’il ait terminé.

Elle profita de cet instant de flottement et reprit ses explications sur son enfance.

- Les princesses royales doivent rester entièrement pures. Non seulement physiquement bien entendu mais également spirituellement  et pour cette raison, elles ne voient aucun homme ni aucun garçon.

Lorsqu'enfin elle s'approcha de lui, elle réalisa à quelle point elle avait vécu prisonnière. Pourtant à cette époque, elle ne s’était pas sentie malheureuse pour autant ! Elle avait même apprécié cette vie et en avait été fière !

- C’est au tour de votre ami le vertugadin d’être posé. Vous allez voir, à part l'encombrement, il n'y a rien de bien méchant

Elle afficha un petit sourire malicieux et passa  dans son dos afin de le jouer. Elle tira légèrement sur la cotte afin d'en retirer les plis disgracieux puis ajusta le tissu en faisant glisser ses mains le long de sa taille. Tout ce là commençait à prendre forme et il ne restait plus que la robe de velours. Enfin plus que… pour la robe en elle-même !
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Message par Sylvère d'Aiguemorte Sam 25 Juil - 12:46

Les femmes portaient tout cela en permanence, il ne parvenait toujours pas à s'en remettre. Cela semblait si... improbable et exagéré. Pourquoi se compliquer ainsi la tâche, s'il s'agissait juste d'une question de pudeur et de se tenir chaud ? Encore de ces conventions urbaines qui ne lui manquaient pas. Quand il disait que la société faisait plus d'esclaves que les chaînes elles-mêmes. Il avait de la chance d'être né garçon, il fallait le dire ! Jamais il ne retournerait vivre là-bas. Il aimait trop sa liberté pour s'enfermer dans les normes imposées par quelques grosses têtes.

Évoquer leur première ascension dans les arbres le fit sourire. Certes, sur le moment, il n'avait pas réalisé quelle épreuve cela avait dû être pour elle, d'y monter engoncée dans tant de couches de tissu. Il se souvenait avec clarté de cet instant où elle avait relevé ses jupons. Et de ses jambes découvertes qui avaient trop de fois croisé son champ de vision. Il s'empêcha de rougir en y repensant.

A vrai dire, il avait dû avoir sensiblement la même tête qu'elle à ce moment, alors qu'il avait laissé tomber son manteau. Les quelques secondes de gêne passées, elle lui enfila cette longue tunique. Quand ce fut fait, il ne put s'empêcher de commenter, exactement comme elle quand, après être montée, elle lui avait fait remarqué. Il eut un sourire malicieux. Un juste rendu des choses, non ? Il s'amusa à reprendre exactement ses mots et il ne douta pas qu'elle s'en souviendrait, en les entendant :

- Je ne pensais pas vous faire cet effet.

Il eut un immense sourire. Mais il changea rapidement de sujet, pour revenir sur quelque chose de plus facile. Il remarqua alors, tandis qu'elle précisait que sa vie n'avait rien de palpitant :

- Je suis sûr du contraire, pourtant ! Laissez-moi juger par moi-même !

Et puis, quand bien même ce qu'elle allait raconter n'aurait aucun intérêt – ce dont il doutait fortement, comment la vie de sa belle reine pourrait être inintéressante ? - il l'écouterait avec plus d'attention qu'il ne l'avait jamais fait. Quasi-religieusement. Juste parce que c'était elle. La plus belle de toutes les comtesses. C'était largement suffisant pour compenser l'habillage qui se continuait – cette fois par un lainage bleu qui ne servait à il ne savait quoi. Autant dire qu'il s'en fichait.

Kalisha continuait donc le récit de sa vie. Et si la demi-évocation de la polygamie ne l'avait pas interpellé tant que cela, ce fut l'idée qu'elle ne soit jamais sortie de cette fameuse aile de princesses qui attira son attention. Jamais, jamais... Jamais !?

- Et vous ne vous ennuyiez pas, sans jamais sortir ? releva-t-il alors qu'elle poursuivait pourtant son explication.

Autant jusqu'à présent rien ne l'avait réellement dérangé, autant cela... C'était tellement loin de ce qu'il imaginait. Une vie enfermée. Sans pouvoir monter aux arbres. Sans pouvoir regarder les papillons ou les fleurs. On ne l'avait jamais enfermé et pourtant, il s'était déjà suffisamment senti contrôlé ainsi. Comment pouvait-on supporter, dans ce cas, de rester dans le même lieu toute sa vie ? Il en avait presque oublié d'écouter la suite quand Kalisha attrapa la soi-disante grosse ceinture qui n'avait de ceinture que le nom. Au rouge qui teinta très discrètement son visage alors, il comprit qu'elle avait une demande à lui faire.

Il hocha alors la tête mais de toute manière, elle lui avait déjà tourné le dos pour lui laisser le temps de le faire. Il prit soin de s'asseoir avant. Avec tous ces tissus autour de lui, il n'aurait plus manqué qu'il se prenne les pieds dedans et qu'il tombe. Kalisha, elle, continuait de lui parler. Et lui continuait de l'écouter révérencieusement.

Finalement, il se redressa, sa tâche finie et lui indiqua qu'elle pouvait se retourner. Ce qu'elle fit aussitôt, en lui indiquant le fameux boudin. Son ami. Si on lui avait demandé de qualifier cet étrange objet, il n'aurait pas dit ce mot en premier lieu mais enfin... Oui, pourquoi pas.

Kalisha passa derrière lui et ses mains passèrent sur sa taille pour lisser le tissu. Sylvère ne bougea pas d'un millimètre. Bientôt, son nouvel ami-ceinture fut en place. Cela ne semblait pourtant pas encore terminé. Il restait encore beaucoup de choses, si on croyait le reste du tas de matières indéterminées.

Kalisha semblait avoir fini son explication mais c'était sans compter que lui avait encore beaucoup de questions à lui poser. Et que, condamné à jouer les poupées encore un peu, il avait bien l'attention de mettre ce temps à parti encore. Pas question de perdre une minute. D'autant que plus tard, il serait limité par ce voeu de silence.

- Et votre famille ? Comment était-elle ?
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Message par Kalisha Howksley de Frenn Sam 25 Juil - 23:13

Elle avait pensé l’encourager, le rassurer ou encore l’attendrir en évoquant avec lui sa première ascension dans les arbres mais jamais elle n’aurait imaginé qu’il fasse ainsi écho à ses propres paroles lorsqu’elle l’avait taquiné pour avoir été si gênée face à ses jambes. Mais quoi… Il devait désormais comprendre que c’était maintenant fort compliqué de jouer les singes ainsi vêtue ! Elle dû se retenir de rougir ou peut-être bien qu’elle ne put y échapper aller savoir. Mais comment faire autrement face à ce regard espiègle et ce sourire malicieux ? Elle en fut d’ailleurs complètement contaminée car quelques secondes plus tard à peine, elle avait retrouvé contenance c’était à son tour d’afficher cette petite moue mutine, en haussant innocemment les épaules.

- Bien entendu que vous me faites cet effet-là, mon si charmant roi!

Mais ces quelques mots avaient eu le don de faire bondir son cœur dans sa poitrine en même temps que le souvenir sa peau nue… Elle lui fut donc gré de changer de sujet aussi rapidement, en lui proposant d’évoquer sa vie à Djerdan. Tant de choses avaient changé désormais qu’elle avait l’impression que cela s'était déroulé dans une autre vie, comme une sorte de rêve. Petit à petit, la réalité de ces moments semblaient la fuir comme du sable entre ses doigts. Qu’en resterait-il dans quelques années ?  Djerdan serait-elle toujours là et… Libre ?

Alors tout en poursuivant l’habillage, elle lui raconta : l’aile des princesses, la polygamie, l’absence de contact avec l’extérieur… Il écoutait avec une attention qu’elle lui avait rarement vu, semblant boire chacune des syllabes qui sortaient de sa bouche. Cela l’encouragea à poursuivre en enrichissant de détails au fur et à mesure. Ce qui l’interpella ne fut pas la polygamie mais l'enfermement. En même temps, pour lui qui chérissait sa liberté et sa forêt, elle comprenait que cela puisse paraitre insensé.

- Non pas vraiment. Nous étions nombreuses et ce n’était pas vraiment une aile au sens où nous l’entendons ici à Monbrina. C’était presque un Palais dans un Palais. Avec ses enfilades de pièces agencées autour d’une cour carrée avec une fontaine, ses jardins luxuriants. Oh Ysengrin, vous auriez du voir les jardins ! Avec ces palmiers immenses ! Et ces cascades de fleurs qui tombaient depuis les étages supérieurs ! Et le doux son rafraichissant des fontaines !

Durant un instant, elle ferma les yeux, se laissant posséder par les images qui affluaient. Elle pouvait même sentir les jasmins et les orangers.

- Ce qui me dérangeait le plus était de ne pas pouvoir découvrir le monde extérieur. Je ne sais même pas à quoi il ressemble réellement si l’on excepte les récits que l’on m’en a fait.

Elle baissa la tête et reporta son regard nostalgique sur le vertugadin, lorsqu’elle réalisa qu’il allait de nouveau devoir se déshabiller. Kalisha se détourna et le laissa faire jusqu’à ce qu’il ait terminé. Elle lui attacha ensuite son nouvel ami. Enfin façon de parler car il n’avait pas l’air de l’apprécier particulièrement tandis qu’il buvait toujours ses mots.
Le tas avait bien diminué désormais tout du moins en nombre, car le plus lourd restait encore à venir : la robe en elle-même. Cousu d’un beau velours bleue nuit, ses extrémités étaient finement brodées et elle comportait de nombreuses ouvertures afin de laisser apparaitre la cotte bleu pervenche. Et puis il y avait le corset. Elle avait volontairement omis ce léger détail afin de ne pas l’inquiéter d’avantage.

- Je ne connaissais pas votre couleur préféré alors j’ai pris du bleu. Nous pourrons aller chez Irène en choisir d’autres si cela ne vous sied guère.

Alors qu’elle s’approchait de lui tout en portant la robe, Sylvère laissait parler sa curiosité. Ah sa famille. C’était là que le bât blessait. Elle soupira.

- Je… Je ne la connais pas. Je n’ai vu mon père qu’une seule fois : pour l’annonce de mon mariage. Je ne connais de lui que ce que l’on m’a dit. C’est un souverain juste et sage. Et ma mère… Je pense que je l’ai vu deux ou trois fois avant qu’elle ne meurt. J’ai deux autres sœurs. Dayana l’ainée qui est mariée à un haut dignitaire du Royaume et Nayla qui est trop jeune pour sortir. J’ai plusieurs demi-sœurs ensuite. Enfin voilà. Je ne sais pas si l’on peut appeler ça une famille. J’ai également des frères que je ne connais pas.

Depuis son mariage, elle ne cessait de penser à sa mère : allait-on elle aussi la séparer de ses enfants pour les confier à une nourrice ? Loin d’elle ?
En même temps qu’elle parlait, elle avait préparé la robe afin que son Roi puisse l’enfiler. Elle ne fit toujours aucun commentaire sur le corset et lui posa à son tour une question.

- A votre tour de répondre maintenant ! Que faisiez-vous avant de vivre les bois ?  

C’était une question qui l’avait toujours taraudée, elle avait reçu une partie de la réponse via la biographie de Prudence mais elle voulait désormais l’histoire complète. Qui était son beau brigand ? Elle savait finalement si peu de choses sur lui ! Plus en apprenait, plus elle voulait en savoir… Plus elle l’aimait.

Elle passa la robe par-dessus sa tête, puis ses bras dans les épaisses manches légèrement bouffantes. Il ne restait plus que la partie délicate : le corset. Elle tira doucement sur le laçage, en le serrant le moins possible afin qu’il puisse être à l’aise. Ou plus exactement, pas trop mal à l’aise. Kalisha se souvenait encore de la gouvernante qui avait serré le sien le jour de son mariage ! Elle en avait suffoqué et vu les étoiles tant il était serré. Elle avait conscience que ce n’était pas là, la partie la plus agréable de l’habillage.

- Félicitations mon tendre roi de la forêt ! Vous avez fait le plus gros. Il ne reste plus que les bas, les chaussures et le manteau. Souhaitez-vous faire une pause ?
Elle se recula pour admirer le résultat. Quelques bijoux et ce serait parfait. Tout cela devait lui paraitre si lourd à porter… Et encore, il n’y avait aucune perles ou pierreries brodées dessus.
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Message par Sylvère d'Aiguemorte Dim 26 Juil - 12:30

Les joues de Kalisha s'étaient teintées légèrement de rose quand il lui avait retourné les paroles qu'elle avait dites lors de leur petite ascension. Mais son malaise ne dura guère plus de quelques secondes : elle lui rendit rapidement son sourire malicieux – son si adorable sourire malicieux.

- Bien entendu que vous me faites cet effet-là, mon si charmant roi !

Il ne répondit pas immédiatement. Mais si elle espérait qu'il passe à autre chose après une telle déclaration... elle se fourvoyait ! Il désigna la cotte et la tunique de lin qu'elle lui avait déjà passées d'un geste de main avec un sourire :

- Mais enfin, ma reine ! Je ne suis plus un roi, je suis votre fidèle dame de compagnie, vous le voyez bien !

Il oublia bien vite toutes ces conversations quand elle débuta son histoire. Histoire qu'il écouta avec toute l'attention du monde, en remarquant une fois qu'elle eut terminée ses explications :

- Vous voyez que c'est palpitant, ma reine ! Mais je n'en doutais pas un seul instant.

Il fallait dire que c'était tellement éloigné de la vie qu'il connaissait ici, à Monbrina. Certes, elle aurait pu lui dire n'importe quoi, il aurait trouvé cela intéressant dans sa bouche mais c'était un détail, ça. Ce n'était pas pour autant qu'il aurait pris sa place. Rester enfermé pendant toute une vie en attendant un mariage ? Non merci. Loin de lui toutes ces idées-là. Même si, à l'écouter, cette aile de princesses avait l'air splendide. Mais jamais rien n'égalerait sa forêt au printemps.

C'était tellement dur à imaginer, pour lui... Ne rien connaître du monde extérieur. Ne jamais être sorti d'un palais. Il serait devenu fou. L'entendre prononcer son prénom ainsi – Ysengrin – avec tant de naturel, le fit sourire, et il déclara alors :

- Je vous ferai découvrir chaque recoin de cette forêt et je vous apprendrai tout ce que je connais de ce monde, si vous voulez !

Mais venait le moment fatidique. Celui d'enfiler la robe. Le clou du spectacle, pourrait-on dire. Mais heureusement, il n'y avait pas d'autre public que Kalisha – à son grand soulagement. C'était une belle robe, bleue, brodée. Alors qu'elle s'approchait, il répondit à la question qui n'avait pas vraiement été posée, ou seulement à demi-mots :

- Ma couleur préférée, ma reine, c'est le vert.

Le vert, comme les feuilles d'arbre.
Ou bien comme la mousse sur les troncs.

La couleur de la nature.


Mais pour ainsi dire, il n'y avait rien de vraiment exceptionnel à cela. Pour lui, un brigand qui habitait dans une forêt. Il plongea ses yeux dans les siens et ajouta :

- La vraie question est plutôt quelle couleur peut bien aimer la plus belle reine du monde ?

Enfin... de là à aller chercher de nouvelles tenues chez Irène, vêtu de cette manière. Même si en y repensant, il s'était présenté à elle en curé quelques jours plus tôt. À ce rythme, elle allait le prendre pour un fou. Quoique. C'était sûrement déjà fait, en fin de compte. Alors un peu plus ou un peu moins ne changerait certainement pas la donne.

Les réflexions qui prirent soudain Kalisha, quand il parla de sa famille, lui firent pousser un profond soupir. Avoir une immense famille et ne connaître personne. Encore quelque chose qui le dépassait. Au moins, même s'il n'avait pas vu ses parents depuis plusieurs années, ils les connaissaient. C'était à croire que même cela était une chance inestimable, dans ce monde. Il n'y avait pourtant rien d'exceptionnel à avoir vécu une vie heureuse, auprès de parents heureux. En tout cas, il n'y aurait pas dû avoir une quelconque exception à cela. Il avait eu de la chance, il le disait lui-même. Mais quel était ce monde où être heureux était une chance ?

- Mais regardez, déclara-t-il enfin. Vous avez une nouvelle famille, désormais, non ? Cassandre et les cloportes vous aiment beaucoup, ma dame.

Il eut une courte hésitation, un infime sourire avant d'ajouter :

- Et moi aussi.

Sur ce, elle leva la robe au-dessus de sa tête pour la lui mettre, tout en lui demandant de raconter à son tour. Il prit le temps de réflexion – quelques secondes pour passer les bras dans les manches bouffantes. Que faisait-il avant de venir vivre ici ? Rien qui ne valait vraiment la peine d'être raconté à ses yeux mais Kalisha s'était pliée à l'exercice. Il en ferait de même. Finalement, il débuta :

- Eh bien. Je m'appelle Ysengrin Zellers, mes parents étaient verriers et ils espéraient que je reprenne la suite. Tout à fait entre nous, ça ne m'a jamais intéressé. Maintenant, j'ai vingt-cinq ans et je compte bien rester dans cette forêt encore longtemps.

Il s'arrêta là, suffisamment longtemps pour lui faire croire qu'il n'en dirait pas plus. Avant de ne plus pouvoir retenir son sourire amusé et taquin.

- … mais je suppose que cela ne vous suffit pas. – une pause – Alors. Voyons voir.

Il organisa ses pensées pour, cette fois-ci, raconter réellement. Par où commencer, exactement ?

- Mes parents avaient une bonne situation. Ils ne nageaient pas dans l'or mais nous avions largement de quoi vivre confortablement. Ils avaient une maison plutôt jolie, ils étaient très croyants et très portés sur la bienséance, aussi. Ils m'aimaient, pour ainsi dire, comme leur unique fils.

Tandis qu'elle parlait, elle continuait de l'habiller. Elle ferma à ce moment le corset, en le serrant le moins possible. Pourtant, il avait déjà la sensation de ne plus pouvoir rien avaler. Il fit une pause de deux secondes avant de reprendre son histoire pour se concentrer ailleurs que sur les noeuds qu'elle faisait. Bon sang, maintenant que tout cela était enfilé, il ne l'enlevait plus !

- Je vais être honnête avec vous, ma reine. Je n'ai jamais été un fils modèle et bien élevé que mes parents espéraient. Vous voyez ces enfants que vous ne pouvez pas lâcher des yeux plus de quelques secondes, parce que vous savez que sinon, ils en profiteront pour faire une quelconque bêtise – ou même plusieurs si l'occasion se présente ? Eh bien voilà. J'étais ce genre d'enfant.

Le genre dont les parents se mordaient les doigts d'inquiétude en le voyant monter dans les arbres. Le genre qui ne savait pas tenir en place. Le genre qui s'ennuyait terriblement lors des prières. Le genre qui avait envie d'une autre vie que celle qu'il avait.

- Vous trouverez certainement cela prétentieux, alors que j'avais tout pour être heureux, mais je n'aimais pas ma vie là-bas. Je ne me sentais pas libre. Enfermé entre les quatre murs d'une maison, elle-même enfermée entre des murailles... Faites un tour sur vous-même dans une rue et vous verrez : où que vous posiez les yeux, il y a des murs.

De la pierre. Inerte.
Ici, en forêt, il y avait toujours de la vie. Elle grouillait partout autour d'eux. Ce n'étaient pas les cris et les bruits de pas que l'on entendait, mais la brise dans les branches et le chant des oiseaux.

- Les règles n'ont jamais été mes amies, vous savez. On ne s'est jamais vraiment entendus, elles et moi. Alors mes parents ont fini par m'obliger à m'engager dans l'armée.

Il eut un sourire, fit mine de s'incliner, même si c'était plus dur avec tous ces tissus autour de lui.

- Je ne suis qu'un humble déserteur, ma reine.

Il se tut alors, tout en sachant pertinemment qu'elle aurait encore certainement des questions. Comme le corset et la robe étaient enfin mis, il eut droit aux félicitations de Kalisha, et à la proposition – appréciée - de faire une pause. Il n'était pas sûr d'avoir le courage de reprendre ensuite mais cinq minutes de répis seraient les bienvenues. Le temps de reprendre son souffle avant de poursuivre.

Il s'assit donc, tant bien que mal, sur le lit, engoncé qu'il était dans tous ces tissus. Finalement, il sourit :

- Alors j'ai le droit à une autre question, puisque je vous aies répondu ?

Certes, rapidement, mais il avait répondu tout de même, non ?
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Message par Kalisha Howksley de Frenn Lun 27 Juil - 11:49

Il ne lui laissa que quelques secondes de répit avant d’enchainer avec son sens de la répartie habituelle tout en désignant ce qui était désormais sa nouvelle identité.

Mais enfin ma reine ! Je ne suis plus un roi, je suis votre fidèle dame de compagnie, vous le voyez bien !

Ah ça oui, il n’avait plu vraiment l’air du roi des brigands qu’il était, affublé de cette chemise et de sa cotte… Mais cela n’empêchait…

- Vous pouvez bien porter tous les déguisements que vous voulez, qu’il soit curé ou dame de compagnie, vous resterez mon Roi, Sylvère 1er d’Aiguemorte !

Ses yeux pétillaient de malice mais aussi et surtout d’une profonde adoration amoureuse, car sous ses mots anodins, ce qu’elle était en train de lui dire, c’était belle et bien qu’elle aimerait toujours, lui, qu’importait les identités qu’il pourrait revêtir.

Ils se connaissaient pourtant finalement assez peu. Et c’est sans doute sur ce même constat  qu’il lui demanda de lui raconter sa vie à Djerdan. Parler d’autres choses rendait ce moment compliqué -surtout pour lui-, un peu plus agréable. Sa vie là-bas n’avait rien de bien palpitant. Elle était restée enfermée entre quatre murs. Certes, l’aile des Princesses était un véritable palais à part entière mais cela n’enlevait rien au fait qu’elle avait été élevée en vase clos dans un cocon de soie à l’abri du monde extérieur. Cela ne l’empêchait pas d’écouter religieusement chacune de ses paroles, la coupant le moins possible.

Sans grande surprise, sa vie d’isolement le laissa plus que perplexe. Comment aurait-il pu en être autrement, quand lui ne vivait que pour sa liberté ? Ce n’était que maintenant qu’elle prenait conscience de ce qu’elle avait enduré là-bas. Pourtant elle n’avait pas été malheureuse, loin de là. On pouvait même dire qu’elle y avait couler des jours heureux et insouciants. Elle n’avait même pas eu conscience que les choses puissent être réellement différentes. Etre prisonnière -car c’était finalement cela- ne l’avait pas choqué le moins du monde. Sa seule préoccupation n’avait été que de voir et savoir ce qu’il se passait de l’autre côté des hautes murailles blanchis de cette forteresse. Elle se demanda soudainement jusqu’à quel point elle ignorait les choses qui se passaient dans son propre pays. Peut-être même que l’attaque contre Djerdan avait été justifiée au fond ?

Elle n’eut pas le temps de s’épancher plus sur son ignorance : Sylvère lui proposait déjà ses services de guide et de précepteur de la vie. Elle afficha un petit sourire juste avant de se jeter à son cou pour l’enlacer en guise de remerciement. Rien n’aurait pu lui faire plus plaisir que de l’avoir à ses côtés pour combler ses innombrables lacunes.

Lorsque l’on parlait, le temps s’écoulait plus vite -du moins pour elle- et il était déjà l’heure de passer au plus important : la robe en elle-même faite d’une lourde étoffe bleu nuit. Elle s’excusa pour la couleur et lui proposa d’en choisir une autre chez Irène. Une verte donc. En même temps, elle aurait dû s’en douter que sa couleur préférée était le vert… La couleur de la forêt. Elle s’en voulut, un peu de ne pas y avoir pensé plutôt tant cela paraissait évident !

Quelle était sa couleur préférée ? La question la laissa pantoise un instant, tandis qu’elle se perdait dans ses yeux. Elle aimait bien le orange, si chaud et le fuschia des belles fleurs de son pays, mais ce qu’elle préférait c’était certainement…

- Le bleu, je dirais. répondit-elle sans le quitter du regard.

Le bleu de vos yeux.
Le bleu de la nuit.
Le bleu de la mer.
Le bleu des rivières et des lacs.
Le bleu des lacs.
Ces bleus qui ne sont ni tout à fait vert, ni tout à fait violet

- Surtout le bleu turquoise.

La question suivante porta sur sa famille. Ou plus exactement son absence de famille. Plus elle en parlait, plus elle se rendait compte de l’absurdité de la vie qu’elle avait mené jusque là. Et dire qu’elle avait trouvé cela parfaitement normal… Songeuse, elle arrêta subitement son geste et abaissa la robe tandis que son roi s’empressait de lui rappeler qu’elle avait une nouvelle famille qui l’aimait.

Surtout lui.

Elle afficha un petit sourire de gratitude. Cette famille était désormais plus précieuse à ses yeux que celle avait qui elle partageait des liens du sang. Jusqu’où pourrait-elle pour eux ? Loin, très loin.

Kalisha passa enfin la robe par-dessus sa tête et lui demanda de se plier à son tour à l’exercice des confessions de son passé. Il s’y prêta de bonnes grâces, quant à elle, elle ne perdait pas une miette de chacun de ses mots. Elle l’aimait et à ce titre, elle voulait tout savoir de lui c’était naturel. Mais elle se sentait également privilégiée de partager cette portion de sa vie que peu de personnes devaient connaitre.

Ses parents étaient verriers. Elle tenta de s’imaginer sa vie d’avant. Elle savait déjà qu’elle ne regarderait plus ni ses verres, ni ses vases de la façon. C’était un noble métier et cela expliquait certaines choses, mais comment avait-il fini dans les bois en tant que brigand, lui qui était si doux ? Il n’allait tout de même pas s’arrêter ici alors qu’elle n’avait pas été avare en détails ! Elle lissa la robe, dans ce silence pesant avant de remarquer ce sourire qu’elle connaissait si bien. Il s’était encore joué d’elle ! Elle passa dans son dos tandis qu’il lui faisait part de son enfance.

Elle s’imagina le petit Ysengrin, dans une coquette maison de ville, l’atelier de ses parents attenant à son domicile. Un couple pieux et aimant. Comment étaient-ils avec lui ? Sévère ? Doux ? Cultivés ? Passaient-ils leur temps à le réprimander ? Elle se demanda ce que cela faisait de recevoir l’amour de ses parents et de vivre seul, sans autres enfants.

Kalisha avait terminé de passer le ruban dans les œillets du corset, il devait maintenant le serrer afin de le fermer et de le maintenir en place. Elle ne résista pas à une petite vengeance personnelle et tira fortement sur les extrémités afin de le comprimer. Et encore, les habilleuses avaient pour habitude de serrer bien plus fort. Tenant le ruban dans une main, elle se pencha à son oreille :

- Ceci mon bien-aimé roi est pour m’avoir fait languir et vous être joué de moi !

Elle relâcha instantanément les rubans et les noua bien plus lâche. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre son souffle ainsi que le cours de son récit. Dans son dos, elle esquissait un sourire en imaginant Ysengrin enfant : un vrai petit singe facétieux qui ne faisait qu’une bêtise en songeant à la suivante. Il n’avait pas perdu son espièglerie avec les années. Elle avait un millier de question à lui poser mais elle garda le silence afin qu’il puisse poursuivre. Elle le contourna et entreprit d’arranger son col, tout en écoutant la suite.

- Je vous comprends maintenant et je vous admire pour avoir osé vivre la vie dont vous rêviez quand moi je n’ai toujours qu’accepté mon sort.

Elle le scrutait avec ferveur. Plus elle le connaissait, plus elle aimait, plus elle admirait l’homme qu’il était. Là où les monbriniens ne voyaient en lui qu’un simple brigand, elle, ne se lassait pas de parcourir chacune des facettes de sa personne. Il était comme un diamant qu’elle aurait pu passer des heures à contempler.

Il lui avoua avoir été enrôlé dans l’armée par ses parents et puis avoir déserté. Quel genre de parents pouvaient faire cela ? Elle avait été vendue ce n’était guère mieux mais elle se promit de ne jamais se comporter ainsi avec ses propres enfants. Elle leur offrirait le luxe inestimable de vivre la vie qu’ils voudraient, qu’il souhaite vivre dans la forêt ou en ville, qu’ils souhaitent être paysan, prêtre ou ministre. Peut-être pas brigand. Non vraiment. Elle se faisait déjà un sang d’encre avec Sylvère !

- Et c’est comme ça que vous êtes devenu hors-la-loi dans cette forêt… J’imagine que vous n’avez jamais revu vos parents depuis ?

Qu’il soit déserteur lui était bien égale, excepté sur un point : ce serait bien difficile de plaider son cas auprès Dyonis. Enfin… Ysengrin avait déserté. Sylvère était accusé de recel et d’un tas d’autres délits, alors en soit… Ce n’était pas tant un problème !

Elle le félicita pour avoir tenu bon jusque là et lui proposa de prendre une pause bien méritée, ce qu’il accepta bien volontiers, en s’asseyant sur le lit, ou plus exactement en se laisssant tomber sur le lit. Décidément, il allait devoir se plier à un rapide cours de maintien ensuite !

Alors j’ai le droit à une autre question, puisque je vous aies répondu ?

Elle lui rendit son sourire avant de rétorquer avec sérieux :

- Seulement si vous embrassez votre reine.

Au final exiger ses impôts n’étaient pas si compliqué que cela ! Elle laissa fuir un rire cristallin tout en s’asseyant avec délicatesse à ses côtés.
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Message par Sylvère d'Aiguemorte Lun 27 Juil - 20:31

Roi Sylvère Ier d'Aiguemorte.


Kalisha était bien la première à l'appeler ainsi. Il sourit. Il était peut-être le roi de cette forêt, mais elle, elle en était la Reine.

Reine Kalisha d'Aiguemorte.


Il ne put s'empêcher de sourire encore davantage. Kalisha d'Aiguemorte. C'était certainement rien d'autre qu'un doux rêve irréalisable, mais chaque rêve – même perdu d'avance – demeurait un rayon de soleil. Ses yeux pétillants et son sourire étaient les plus beaux cadeaux qu'il aurait pu avoir. Cela valait tous les déguisements, toutes les couches de vêtements, du monde.

Il aurait aimé connaître tout sur elle, et il en eut tout le loisir en l'écoutant parler de sa vie. Certaines choses lui passaient même au dessus de la tête... Vraiment, il avait le plus grand mal à savoir comment elle avait pu se contenter de cette vie pendant toutes ces années.

Mais c'était ainsi et pour ainsi dire, le passé ne construisait pas l'avenir. Il était toujours tant de se rattraper au fil du temps. Et il comptait bien l'y aider du mieux qu'il le pouvait. Lui montrer les fleurs, les papillons, les insectes, les différents arbres qui peuplaient leur forêt... Tout ce qu'elle n'avait pu découvrir pendant cette vie de princesse et bien plus encore !

Pour toute réponse à sa proposition, elle se jeta à son cou. Sous le coup de la surprise, il fit un pas en arrière pour retrouver son équilibre – la cotte et la tunique ne furent pas d'un grand soutien pour cela.

- Doucement, remarqua-t-il alors avec un sourire clairement audible dans la voix. Ne me faites pas tomber !

Mais c'était plus une protestation pour la forme, car jamais il n'aurait songé à la repousser. Bien au contraire, il passa ses bras dans son dos pour la serrer contre lui du plus fort qu'il le pouvait.

Il la garda longtemps contre lui, avant qu'il ne faille passer à la suite. À ce moment, elle continuait de lui parler. Elle ne lésinait pas sur les détails, à sa plus grande joie et pourtant... Ce n'était pas encore assez pour être rassassier sa curiosité. Après tout, pouvait-on vraiment se targuer de connaître quelqu'un tant que l'on ne connaissait ni son plat favori, ni sa taille précise ou même la date de son anniversaire ? Sincèrement pas. Et comme Kalisha lui demandait à l'instant sa couleur préférée, autant en profiter pour lui retourner la question.

Il ne s'était certainement pas attendu à ce qu'elle réfléchisse ainsi. Comme si on ne le lui avait jamais demandé. Il lui laissa le temps qu'elle avait besoin pour répondre. Finalement, elle finit par faire son choix.

Le bleu.
Il nota cette information dans un coin de son esprit.

- Vous avez de la chance d'aimer le bleu, vous savez pourquoi ?

Il lui adressa un sourire malicieux, attendit quelques secondes au cas où elle aurait une réponse à proposer avant d'ajouter enfin :

- Vous n'avez qu'à lever les yeux vers le ciel pour en voir.

Elle leva la robe pour la lui passer. Une robe bleue – il la verrait différemment, désormais, en sachant que c'était la couleur préférée de sa belle reine. Mais alors qu'il allait l'enfiler, elle disparut d'au-dessus de lui pour faire réapparaître le visage de Kalisha. Et ce petit sourire ému qui se peignait sur ses lèvres. Petit sourire qu'il lui rendit aisément. N'était-ce pas vrai, qu'elle faisait partie de la famille, désormais ? On ne choisissait pas le sang qui coulait dans nos veines, on ne pouvait que l'accepter. Mais il n'était jamais trop tard pour se construire une nouvelle famille, de nouveaux frères et soeurs.

Une fois ce petit moment de remerciement silencieux passé et la robe mise, il débuta sur sa demande l'histoire de sa propre vie. Elle l'écoutait avec autant d'attention qu'il ne l'avait fait au préalable. Il n'avait pas évoqué cette partie de sa vie souvent, ces dernières années. Pour ainsi dire, les gens à qui ils l'avaient raconter se comptaient sur deux doigts. Le premier étant Cassandre, et le second Kalisha. S'il en croyait la lueur qui brillait dans ses yeux, il savait qu'elle en était consciente. Alors il ne put s'empêcher de la taquiner... juste pour faire durer un peu plus longtemps cet instant magique.

Quand il se décida à reprendre – il n'avait pas loupé l'éclat offusqué dans ses prunelles quand il s'était arrêté – elle passa dans son dos, se dérobant à son regard. Elle lassait le corset doucement, ce dont il lui était gré, et se rapprochait ainsi de la fin. Jusqu'à... en sentant le corset se serrer davantage, sans prévenir, il ne put retenir un glapissement digne d'un chat dont on aurait écrasé la queue. Puis, en maintenant le ruban en place, elle se pencha vers lui. Pour lui souffler dans le creux de l'oreille :

- Ceci, mon bien-aimé roi, est pour m'avoir fait languir et vous être joué de moi !

Il n'eut même pas le temps de lui demander de desserrer – et pourtant, le monde savait à quel point il aurait pu lui promettre des choses pour qu'elle relâche la pression – que c'était déjà fait. Il devinait parfaitement son sourire sur ses lèvres. Il ne put s'empêcher de remarquer :

- Enfin, ma reine, vous ne savez pas vous y prendre ! Pendant que vous le pouviez, il fallait en profiter pour négocier ce dont vous aviez envie ! C'est ainsi que l'on prend des impôts !

Elle revint finalement face à lui, pour arranger son col, alors qu'il reprenait. Elle l'admirait. Il sourit, avant de répondre – faisant une brève pause au milieu de son histoire :

- Et moi je vous admire pour avoir supporter cette vie et ses règles sans jamais souhaiter en déroger.

Il fallait après tout une aussi grande force de caractère pour obéir aveuglèment aux règles que pour les contourner. Il ne put s'empêcher de prendre une de ses mèches de cheveux qui passait à portée de ses doigts pour les sentir contre ses phalanges. Ils étaient si fins, si beaux.

Quand vint le passage sur l'armée, il ajouta en constatant son regard qui ne recelait il ne savait quelle émotion exactement :

- Vous savez, mes parents étaient certainement les gens les plus gentils que je connaissais. C'est vrai, ils m'ont forcé à m'engager mais... mais disons que cela n'était qu'en dernier recours.

Pour toutes les promesses qu'il leur avait faites avant et qu'il n'avait jamais tenues. Il ne les tenait pas pour responsables de cela. Sûrement que rien de tout cela ne serait arrivé s'il avait su se montrer plus respectueux. Les actes en entraînaient d'autres. Mais sa rencontre avec Kalisha n'aurait jamais eu lieu s'il n'avait pas déserté et rien que pour cela, il ne le regrettait pas. Qu'importe comment on vivait, si on se plaisait ainsi. Rien d'autre n'aurait dû compter. Mais dans cette société, malgré toutes les choses qui entraient en ligne de compte, il n'y avait pas moyen d'y voir le moindre bonheur personnel. Sinon en envoyant valser comme lui toutes ces convenances.

- Je ne les aies jamais revus depuis, confirma-t-il finalement. Mais sans doute se portent-ils mieux sans moi !

Quand elle annonça qu'il avait mérité une petite pause, il ne put faire autrement que de l'accepter. De bonne grâce. De très bonne grâce. Quelques minutes de répis avant de s'attaquer aux dernières finitions de son costume de dame de compagnie. Et avant de reprendre, il comptait bien en profiter pour quelques nouvelles questions. Pour en savoir toujours davantage sur elle. Il avait la sensation qu'il ne serait rassassié que quand il saurait tout d'elle.

Pour toute réponse, elle lui rendit alors son sourire, avant de reprendre d'un air très sérieux :

- Seulement si vous embrassez votre reine.

Il ne put retenir son rire, en même temps que le rire carillonnant de Kalisha résonnait contre les parois de la grotte. Elle comprenait vite les leçons, sa belle reine ! Elle était merveilleuse. Et encore, même cela n'était pas à la hauteur pour la décrire. Elle vint alors s'asseoir à ses côtés.

C'était trop beau d'avoir l'obligation de l'embrasser. A ce compte-là, il pouvait bien payer tous les impôts qu'elle voulait – et même payer les intérêts qui allaient avec. Pour ainsi dire, il n'y eut pas besoin de l'en prier deux fois. Il glissa une main contre sa nuque, une seconde plus tard, il obéissait aveuglément à sa demande.

Quand il recula, quelques temps plus tard, toujours le même sourire invariable aux lèvres, il remarqua en laissant ses doigts glisser contre sa mâchoire avant de reprendre sa main.

- Je ne doutais pas une seconde que vous comprendriez vite le principe des impôts, ma dame !

Mais venait maintenant le temps de la question et il ne pouvait décemment pas le laisser passer. Imaginons qu'il lui vienne à l'idée d'ajouter quelques paiements... !

- Laissez-moi réfléchir un peu, fit-il.

Il passa toutes les questions qu'il avait en tête, beaucoup trop nombreuses pour que sa vie puisse suffire à toutes les poser, avant de la choisir :

- Avez-vous eu un animal de compagnie ? Et je vous interdit de critiquer ma question, d'accord ?
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Message par Kalisha Howksley de Frenn Lun 27 Juil - 23:32

Elle avait hâte qu’il lui montre tout ce qu’il connaissait, de la forêt et de la vie en général. Tout ce qu’elle n’avait jamais eu le loisir de découvrir. Alors forcément, elle lui sauta au cou, oubliant qu’il n’était sans doute pas à l’aise ainsi pour la réceptionner. Mais qu’importe !

Sentir ses bras se faufiler le long de son dos… Il n’y avait rien de plus agréable. A part peut-être un baiser. Même ses fausses protestations lui étiraient un large sourire jusqu’aux oreilles. Elle était si bien dans ses bras. Elle posa sa tête contre son épaule et se laissa bercer.

Que pouvait-il y avoir de mieux que de sentir la chaleur du corps de son bien-aimé contre soi ? Elle entendait même son lent souffle dans le creux de son oreille.


Elle aurait pu rester des heures ainsi, mais comme à chaque fois, l’étreinte prit fin. Elle reprit donc le cours de ses explications concernant sa vie passée. Elle y mettait autant de détails que possibles mais elle lisait toujours la même avidité dans le regard de son roi. Lorsqu’elle lui avoua que sa couleur préférée devait -sans doute- être le bleu, il lui posa une curieuse question à laquelle secoua la tête perplexe.
Encore ce sourire. Elle allait finir par le dévorer à force.

- Vous n'avez qu'à lever les yeux vers le ciel pour en voir.
Elle compléta :
-Et je n’ai qu’à lever mes yeux vers les vôtres pour en voir

Alors qu’elle lui passa la robe, elle évoqua avec lui sa famille puis se fut à son tour de parler de son passé. Elle recevait chaque mot comme un présent à part entière. Forcément lorsqu’il s’arrêta pour la taquiner un peu, elle fronça les sourcils sans rien dire. Elle était de toute façon bien incapable de lui en vouloir. Que ce soit lorsqu’il interrompait son récit ou lorsqu’elle le découvrait au milieu de la cité déguisé en curé, ou même… Lorsqu’il construisait une fausse tombe pour se gausser du Premier Conseiller. Mais ce n’était pas parce qu’elle ne lui en voulait pas qu’elle n’allait pas se venger quelques peu de ses facéties.

Arrivée au laçage du corset, elle ne put s’empêcher de serrer d’un coup sec, sans le prévenir jusqu’à ce qu’elle entende le glapissement de Sylvère. Elle garda la tension juste assez de temps pour lui expliquer l’origine de ce geste avant de desserrer. Elle ne voulait surtout pas le mettre à mal mais lui ne trouva rien de mieux à rétorquer qu’elle aurait pu lui soutirer tout ce qu’elle aurait voulu !

-Mais mon roi, je n’ai pas besoin de vous maltraiter pour négocier ce dont j’ai envie : il suffit que je vous demande gentiment.

D’ailleurs c’était bien ce qu’elle avait fait la veille en lui demandant de détruire cette affreuse farce qui risquait de lui coûter cher. Il reprit alors le cours de son histoire et elle ne put s’empêcher de lui avouer son admiration.  Compliment qu’il lui retourna. Pourtant, de son point de vue, elle se trouvait plutôt lâche au contraire de ne jamais avoir osé enfreindre les règles. Il avait fallut qu’elle fasse sa rencontre pour qu’elle se décide à envoyer valser bon nombre de limites qu’on lui avait imposé jusque là. Certes il en restait toujours : elle ne pouvait pas se montrer au grand jour avec lui, ni se marier, ni même simplement l’aimer au grand jour car la société avait décidé pour elle que c’était là chose impossible. Mais qui aurait cru, à son arrivée dans ce pays, en plein mois de février, qu’elle se trouverait ici en novembre ? A aider un brigand pour qui elle était tombée follement amoureuse. C’était bien hors des règles et des mœurs qu’elle avait rencontré son bonheur.

Il attrapa une mèche de ses cheveux, elle se laissa porter par son regard tandis qu’elle écoutait hypnotisée la suite de son récit. C’est vrai le passage sur l’armée l’avait laissé pantoise. Il avait sans doute dû le remarquer car il dédouana aussitôt ses parents.

Regrettait-il de les avoir poussés à bout ? Elle le savait heureux ici, dans sa forêt mais en même temps, elle ne pouvait s’empêcher de sentir une très vague pointe de culpabilité malgré tout. Elle glissa sa petite main dans la sienne tout en lui demandant s’il les avait revues depuis. Il confirma, comme elle le pensait que non. Kalisha baissa le regard vers le sol à ses propos. Elle trouvait cela terriblement triste. Lui avait une famille qui l’avait aimé et choyé. Contrairement à ce qu’il avançait, elle avait envie de croire qu’ils étaient inquiets pour lui et qu’ils auraient voulu avoir des nouvelles. Pensaient-ils vraiment qu’il était devenu un brigand sans foi ni loi alors qu’il était le plus charmant des rois ?  Il fallait qu’ils sachent la vérité, elle ne pouvait pas les laisser ainsi dans l’ignorance. Puisqu’elle connaissait leur nom et leur métier, elle se jura de leur rendre visite un jour. Cela ne devrait pas être bien compliqué après tout de les retrouver…

Sur ce, elle lui octroya une petite pause bien méritée tandis qu’il essayait de lui soutirer une nouvelle question. Mais elle avait cette fois-ci bien retenue la leçon et réclama en bonne et due forme ses impôts ! Leurs rires mutuels se répercutèrent avec écho dans la grotte alors qu’elle venait de s’asseoir à ses côtés. Inutile de le menacer ou de le torturer en serrant bien plus que de raison un corset, non il s’exécuta sans se faire prier. Elle regretta de ne pas avoir demandé plus car elle trouva soudainement que le temps s’écoula bien trop vite à son goût. Déjà ses lèvres quittaient les siennes et il ne resta plus que leurs deux sourires béats. Leurs de sourires béats, ce frisson sur l’échine et une terrible envie de recommencer.

- Vous verrez la prochaine fois je vous réclamerai des intérêts ! Méfiez-vous la note pourrait être bien plus salée que la gabelle !

Dans un éclat de rire, elle posa sa tête contre son épaule tandis qu’il cherchait une question à lui soumettre. Finalement il trouva et lui demanda si elle avait eu un animal de compagnie.

- Vraiment de toutes les choses que vous pouvez me demander c'est celle-ci qui vous intéresse ? Et bien j'avais un petit chien blanc et crème, plein de poils. Elle s’appelait Thana mais… Elle m'a été confisquée avec mes effets personnels lorsque j'ai passé la frontière pour mon mariage.

Elle fixa ses prunelles avec cette intensité dont elle ne pouvait se défaire. Ce moment, là, ce passage de la frontière où elle s’était littéralement retrouvée nue et dépossédée de tout choses avait constitué une épreuve absolument horrible qu'elle n’était pas prête d'oublier.

- Avez-vous d'autres questions mon Roi ? Je serai ravie de vous réclamer un paiement en bonne et dû forme le cas échéant ! Vous pouvez même payer d'avance si vous le désirez. conclut-elle un brin taquine.

A défaut en tout cas, elle avait des questions qui n’attendaient que d’être posées !
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Message par Sylvère d'Aiguemorte Mar 28 Juil - 11:19

Ils étaient restés l'un contre l'autre longtemps. Sylvère avait perdu le fil des minutes qui s'étaient écoulées, alors qu'elle s'était jetée à son cou et qu'elle avait posé la tête sur son épaule, pour se laisser bercer.

Et maintenant qu'elle avait plongé ses yeux dans les siens, après lui avoir déclaré que sa couleur préférée était le bleu, il les avaient à nouveau perdues. C'était comme si le temps décidait soudainement de s'arrêter. C'était tout juste s'il avait encore conscience de son environnement. Il aimait sa grotte comme nulle autre habitation, mais la chaleur des yeux de sa reine était encore une bien meilleure demeure.

- Je n'ai qu'à lever mes yeux vers les vôtres pour en voir, répondit-elle alors.

Il lui adressa un sourire à ces mots. Et une fois n'est pas coutume, il ne trouva rien à rétorquer. Alors il garda le silence, tout en y repensant pendant jusqu'à la fin de cette séance de mode. Ou tout du moins, jusqu'à la petite pause dûment méritée et proposée. Ce n'était que quelques temps de repos avant de reprendre les choses sérieuses.

Et puis, plus ils attendaient, plus Cassandre et Hyriel risquaient d'arriver. Ce dont il n'avait vraiment aucune envie. Non, vraiment, il n'avait pas besoin de cette cerise sur le gâteau là. Pourtant, même cette menace-là ne suffisait pas à lui passer l'envie d'en savoir plus sur elle.

Qu'était-ce qu'un baiser en échange ? D'autant plus quand il était donné à des lèvres si douces ? En tout cas, elle avait raison sur une chose : elle n'avait pas besoin de négocier pour obtenir ce qu'elle voulait. C'était fait et refait, prouvé et re-prouvé.

Et alors qu'il évoquait l'armée et sa désertion, il sentit sa petite main venir se glisser dans la sienne. Il eut un sourire et entrelaça ses doigts entre les siens pour les emprisonner et l'empêcher de la retirer. Ce dont elle ne semblait pas réellement prête à faire de toute manière.

Il ne savait comment interpréter la lueur dans ses yeux quand il parlait de ses parents. Une sorte de tristesse ? Pourquoi donc ? Il n'avait jamais douté une seule seconde qu'ils seraient mieux sans lui et aujourd'hui, il en restait persuadé. Alors non, il ne les avait pas revus depuis. Mais pour ainsi dire, il n'avait pas cherché à le faire non plus. Ils avaient droit à leur vie calme et paisible – qui était amplement méritée – et il n'aurait jamais pensé à leur attirer plus d'ennuis qu'il ne l'avait déjà fait par le passé.

Elle vint s'asseoir à côté de lui. Les impôts demandés furent payés sans autre forme de procès. Quand il recula au bout de quelques temps, il remarqua avec un sourire que Cassandre aurait certainement qualifié, dans tout son pragmatisme, d'idiot :

- Vous avez raison. Il suffit de demander.

C'était que des impôts comme celui-ci, il en aurait payé des milliers par jour. Jusqu'à se ruiner sans une hésitation s'il y avait eu besoin. Et on pouvait y ajouter les intérêts les plus chers du monde... qu'importe. Il paierait tout. Ce qui ne l'empêcha pas de remarquer avec un air mutin :

- Mais quel don m'avez-vous donc fait, ma dame, qui mérite que je vous rembourse ainsi avec les intérêts associés ? S'agit-il de celui de votre coeur ?

Elle posa sa tête sur son épaule en riant, tandis que sans attendre la réponse, il réfléchissait déjà à sa prochaine question. Alors qu'elle s'étonnait de son choix, il rappela aussi tôt :

- Laissez-moi poser les questions que je veux. Il faut bien commencer par quelque part !

Et comme elle était toujours appuyée sur son épaule, il posa sa tête contre la sienne en écoutant la réponse. C'étaient avec des détails comme cela que l'on apprenait à connaître quelqu'un. Il en était intimement convaincu. Si le début de la réponse le fit sourire, la fin l'attrista. Devoir abandonner sa culture, toutes ses affaires... Qu'est-ce que cela leur avait apporté, aux Monbriniens, de la forcer à délaisser cette petite chienne blanche, au juste ?

- Je suis désolé, souffla-t-il alors. Je suis désolé de tout ce que vous avez dû laisser derrière vous, ma reine. Je suis désolé pour tous ceux qui devraient l'être et qui ne le sont pas. Vous méritez tellement plus que ce qu'ils vous ont donné.

Il se redressa, plongea les yeux dans les siens et sourit à nouveau, en serrant sa main. Mais cet instant de silence fut de courte durée alors qu'elle lui demandait s'il avait d'autres questions. Il répondit alors, beaucoup plus dynamiquement :

- Pour qui me prenez-vous, ma reine ? Bien sûr que j'ai d'autres questions ! Tous les paiements que vous pourriez me demander ne suffiraient pas à épancher ma dette, tant j'ai de choses à vous demander.

Il fit une pause, sourit à nouveau.

- Par exemple, j'aimerais savoir à quoi vous ressembliez quand vous étiez enfant, ce que vous aimez manger, si vous avez déjà fait des bêtises un jour, à quoi vous occupez vos journées, ce que vous aimez faire, votre saison préférée...

De nouveau, il se tut, avant de sourire de nouveau et de se rapprocher imperceptiblement d'elle pour demander :

- Alors, ma reine ? Combien cela me coûtera-t-il, d'après vous ?
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Message par Kalisha Howksley de Frenn Mer 29 Juil - 20:46

Comme à chaque fois qu'ils étaient si proches le temps suspendait.

Comme à chaque fois, c'est toujours trop court.

Comme à chaque fois, elle oubliait tout le reste.

Comme à chaque fois, elle avait envie de le prendre par la main et de fuir, loin, très loin, très, très loin, là où personne ne pourrait jamais les retrouver.
Là où ils pourraient recommencer une nouvelle vie.
Ensemble cette fois-ci.

Ces impôts là, étaient les meilleurs qui soient, alors forcément, elle avait envie d'y ajouter des intérêts. D'autant plus lorsque son débiteur les payer avec autant de dévotion ! Elle s'amusa de son air malicieux tandis qu’il en questionnait les raisons. Alors Kalisha ne put résister à l’idée de renter dans son jeu et prit même la même peine d'imiter ce ton faussement réprobateur et terriblement taquin qui lui était si familier :

- Mais enfin mon beau Roi ! Un don ne se paye pas, vous devriez le savoir !

Sur ce, elle éclata de rire et posa sa tête contre l’épaule de son bien aimé, avant de répondre à sa question sur son animal domestique. Elle ne le jugeait pas. Ni lui, ni ses questions, c’était simplement qu'elle ne s’était pas du tout attendue à une telle question. Il avait entièrement raison qui plus est : il fallait bien commencer quelque part, c’était une information comme une autre. Elle s'y plia donc de bonne grâce -d'autant plus qu’il avait déjà payé cette information-. Ses paroles atteignirent ses oreilles avec douceur puis son cœur.

- Vous n’avez pas à vous excuser. Vous n'y êtes pour rien.  C'est vrai que cela a été très dur au début, mais vous savez, j'ai fini par tourner la page…

Elle avait terriblement souffert de son déracinement, de ces coutumes absurdes qu'elle avait trouvé violentes et auxquelles elle n’était pas  préparée. Et puis bien sûr il y avait eu la désillusion de son mariage, cette Cour où elle n'avait pas trouvé sa place, la pression de l'alliance qui avait pesé sur ses épaules, son infertilité supposé… Mais tout cela faisait désormais parti du passé…

… Grâce à vous.

Grâce à lui, elle avait retrouvé sa joie de vivre.
Grâce à lui, elle était désormais plus forte que jamais.
Grâce à lui, elle avait enfin une raison d’apprécier sa vie, ici à Monbrina.

… Et je retraverserais chacune de ces épreuves et pire encore sans la moindre hésitation, pour avoir la chance de vous rencontrer.

Toutes ces difficultés, toute cette tristesse, lui paraissait désormais bien anecdotiques face au bonheur qu'elle ressentait lorsqu’ils étaient côte à côte. C’était comme un cauchemar qui de bien réel devenait fugace en s’estompant peu à peu, face à la lumière grandissante du jour.

Elle enchaîna ensuite afin de savoir si elle devait ou non salé la note des questions qu’il comptait poser. Elle ne put réprimer un rire face à son enthousiasme et sa curiosité dévorante : il n'y avait rien de mieux qu'un roi endetté et joueur.
Elle écouta avec un profond sérieux chacune de ses questions puisque lorsqu’il lui demanda le montant de ces informations, elle prit un air mutin à regarder pensivement le plafond, index sur les lèvres avant de déclarer :

- Et bien d’après mes estimations et l'anticipation de vos prochaines questions… elle passa ses bras avec grâce autour de son cou …Il semblerait que je fusse obligée de vous séquestrer chez moi afin que vous puissiez épancher votre lourde dette.

Elle plongea son regard dans le sien, bleu comme l’océan et sans le quitter énonça les différentes réponses :

Enfant, j’étais sage et rêveuse. Mon plat préféré est la caille farcie aux dattes. Mon dessert favori les beignets aux figues. J’ai glissé une chenille urticante dans le col de ma gouvernante quand j’avais six ans. J'aime lire, dessiner et broder des mouchoirs pour mon roi. Depuis peu j’aime aussi monter dans les arbres et ma saison préférée est le printemps.

Elle marqua un temps d'arrêt en souriant, sans jamais fuir son regard avant de conclure :

- Considérez cela comme une mise en bouche…

Il fallait tout de même rester juste en affaire, bien qu'elle aurait pu aisément augmenter ses tarifs sans que cela ne le dérange le moins du monde. Elle avait toujours son regard accroché au sien et ses bras enlacés autour de son cou, lorsqu’elle ajouta :

- A mon tour de vous poser une question : racontez-moi comment vous en êtes venu à dompter aussi bien les mots, mon beau Roi. J'ai lu si souvent votre lettre que j’en ai perdu le compte, c’était tellement magnifique, vous avez un réel talent pour cela, Ysengrin.

Elle ne parvenait plus à quitter à son regard. C’était comme un maelstrom, on y entrait et ensuite l'on tournoyait à l’infini sans parvenir à en sortir.

Votre prix sera le mien. Oh et… après cet intermède nous reprendrons l'habillage alors je vous conseille de vous épandre en détails…

Un rire discret, un sourire charmeur : une délicate façon de lui demander de ne plus s’amuser à la faire languir. La question était [i]quels impôts son Roi allait bien pouvoir exiger [i]
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Message par Sylvère d'Aiguemorte Mer 29 Juil - 23:20

Sylvère avait visiblement des choses à payer, si on en croyait les impôts et intérêts que sa belle reine exigeait à chaque réponse donnée. Non pas qu'il s'en plaigne, bien au contraire ! Simplement, il était curieux de connaître ce qui valait ainsi qu'il s'endette aussitôt.

Kalisha ne se fit pas prier pour entrer dans son jeu. Elle reproduisit le même ton taquin qu'il avait lui-même pris, et répondit bientôt. Un don ne se payait pas, soit, puisque c'était un don. Mais alors, il restait le fond du problème initial. Son sourire s'aggrandit — sourire qu'elle ne put voir, comme elle appuyait sa tête sur son épaule, mais qu'elle entendit certainement quand il répliqua :

- Vous ne répondez pas à la question, ma reine. Que dois-je payer ainsi, si votre coeur lui-même est un don ?

En attendant, don ou pas don, il avait des questions à poser. Bien plus qu'il n'aurait pu demander en une seule fois, alors il fallait faire un choix. Et ce dernier eut l'air de surprendre la jeune femme. Non pas qu'il y ait un quelconque jugement au fond de ses yeux noisette, elle ne s'était juste pas attendue à cela... mais c'était une question comme une autre.

- Vous ne devriez pourtant pas être surprise. Pensez-vous que je déteste les animaux, pour préférer leur compagnie à celle des murs gris et de mes semblables humains ?

Quoique. Celle de sa Reine était incomparable avec n'importe laquelle autre. Il aurait passé des heures à lui parler, à l'écouter, à sentir sa tête sur son épaule et ses cheveux fins contre sa joue. Et cela sans jamais s'ennuyer.

Il avait cependant parfaitement conscience que la vie ne se montrait pas toujours si clémente et qu'ils devaient profiter ces moments d'intimité qu'ils pouvaient pour l'heure partager. Chaque chose avait une fin — les bonnes, autant que les mauvaises. La preuve demeurait là, tandis qu'elle lui contait à demi-mots cette terrible épreuve qu'avait été pour elle le passage à la frontière.

- Je n'y suis peut-être pour rien, répondit-il alors d'un ton assuré, mais les choses n'en demeurent pas moins injustes. Et puis, vous savez, je suis Monbrinien. Et chacun à sa petite part de responsabilité dans ce qu'est une contrée.

C'étaient les habitants qui faisaient Monbrina, et pas Monbrina qui faisaient les habitants. Pour que les choses changent, il fallait que chacun y mette du sien. C'était ainsi que l'on formait un pays, en défendant ses idéaux propres, et pas en observant et supportant, comme le faisait la plupart du peuple. Qui ne dit mot consent. Voilà ce que disait le proverbe. Ceux qui choisissaient de fermer les yeux étaient tout aussi responsables que les autres.

Sylvère pressa légèrement sa main lorsqu'elle ajouta qu'elle referait bien tout ce chemin pour pouvoir le rencontrer à nouveau. Et qu'elle le croit bien, il en était de même pour lui. Les cloportes, l'ascension de l'arbre, leurs couronnes... Comment aurait-il pu une seule seconde s'inquiéter des recherches menées contre lui, alors que ces souvenirs revenaient flotter dans son esprit ? Impossible. Et ça l'était encore plus alors qu'elle posait un doigt sur ses lèvres pour réfléchir aux impôts qu'elle allait exiger.

Quand elle eut décidé, elle passa ses bras autour de son cou, avec élégance, et il posa ses mains sur sa taille avec un sourire :

- Alors, si je comprends, belle reine, il s'agirait là d'une rançon ? Mais laissez-moi vous donner un conseil... il vous faudrait offrir quelques réductions à vos plus fidèles acheteurs.

Un temps. Avant de reprendre aussitôt en se rapprochant d'elle, toujours les mains sur sa taille :

- Voyez-vous, quelque chose comme deux questions achetées, une offerte. Qu'en dites-vous ?

Il en serait, dans tous les cas, la plus belle séquestration de tous les temps, et il ne manqua pas de le lui faire remarquer — bien qu'à sa manière bien à lui :

- Je crains avoir trouvé plus beau palais que ma grotte en vos yeux. J'y perdrais volontairement mon chemin, le savez-vous ?

Et tandis qu'elle plongeait dans son regard, il se laissa emporter par ses prunelles si douces et sa voix si envoûtante. Une par une, elle répondit à ses questions. Les réponses étaient encore plus merveilleuses que ce qu'il avait cru.

Il imaginait la petite Kalisha, si adorable, si sage, si pleine de rêves, vivre au milieu de ce luxueux palais. Manger ces plats exotiques. Rire et faire quelques bêtises... C'étaient de fantastiques images, qu'il aurait aimé voir de ses propres yeux.

En tout cas, elle avait bien raison, le printemps était la plus belle de toutes les saisons ! La renaissance de la vie, de la nature. De l'espoir, aussi. Il sourit.

Elle restait toujours suspendue à son cou, toujours souriante, toujours si belle. Quelle mise en bouche cela était. Mais c'était à son tour de répondre aux questions.

- Mon prix ? Eh bien, voyons voir. Vous m'avez déjà posé deux questions. Si j'applique les réductions, celle-ci est gratuite. Il ne vous reste qu'à payer les deux précédentes...

Un sourire amusé et il remonta ses bras pour faire mine de calculer sur ses doigts, d'un air concentré, avant de les passer autour de son cou à son tour.

- Hum, mais comme il y a aussi le cadeau d'entrée, qui offre deux questions. Oui, c'est ça, vous ne me devez rien ! Enfin, pour le moment, bien entendu.

Cette fois-ci, il ne s'agissait pas de la faire languir, puisque l'échéance de la reprise arrivait. Même si quelques secondes d'attente ne feraient pas de mal...

Il n'aurait plus qu'à détailler au mieux sa réponse. Pourquoi aurait-il voulu qu'elle s'éloigne, alors que chaque point de contact avec elle faisait battre des ailes des milliers de papillons en lui. Il finit donc par expliquer :

- Pour commencer, les mots ne se domptent pas. C'est comme les animaux sauvages, on peut juste les apprivoiser. Ensuite...

Il fit une petite pause, le temps de réfléchir à la manière de parler. Quand il eut décidé, il enchaîna :

- Ensuite, je m'ennuyais chez moi. Alors je sortais. Je me promenais dans les rues, et je faisais alors toutes sortes de rencontres. Il y a des tas de choses à apprendre des artistes de rue ! C'est eux qui m'ont appris à marcher sur les mains aussi.

Chose dont il ne pourrait certainement pas lui faire la démonstration dans cette tenue, elle devrait patienter un peu.

- Enfin, parmi tous ces gens, il y avait un vieux poète, muet. Et il écrivait. J'avais, je dirais, environ quinze ans. Vous savez, on ne se rend compte de la chance que l'on a de parler que devant un homme comme lui. Chaque mot que nous disons est précieux, il m'a enseigné cela, bien plus qu'à faire des rimes et des pieds. Et puisque chaque mot est précieux, alors il faut bien les choisir. Vous comprenez ?
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Message par Kalisha Howksley de Frenn Jeu 30 Juil - 11:33

De tout évidence, sa réponse ne la satisfaisait pas. Il n’y avait qu’à écouter ses paroles et entendre le sourire qu’elle imaginait déjà sur ses lèvres pour s’en convaincre. Sylvère semblait tenir tout particulièrement à savoir ce qu’il devait payer.

- Mon cœur est un don, mon Roi mais l’accès à ma mémoire et à mon âme ne l’est pas.
Elle souriait tout en jouant à entrelacer ses doigts entre les siens. Elle aurait pu tout lui offrir. Elle l’aurait fait sans la moindre hésitation même puisqu’il voulait payer si cher pourquoi s’en priver ?

C’est vrai que sa question suivant la dérouta et qu’elle ne put s’empêcher de lui faire remarquer son côté incongru. Elle ne doutait pourtant pas une seule seconde de son amour pour les animaux et encore plus de ceux de sa forêt. Elle comprenait également parfaitement qu’il préfère leur compagnie à celle des humains. Les animaux ne mentaient jamais. Avec eux tout était toujours clair. Soit ils vous aimaient, soit ils voulaient vous attaquer. Avec les animaux, il n’y avait pas de faux semblant, pas d’arrière-pensée, pas de notion de bien et de mal, pas de règle autre que celle de survivre. Non, tout cela n’existait pas. La compagnie des animaux était bien plus simple et saine que celle des humains. C’est tout du moins à cette conclusion silencieuse qu’elle parvint avant de lui répondre, la tête toujours posée sur son épaule.

Il était désolé de ce qui lui était arrivé. Elle était passée à autre chose. Il se sentait responsable au nom de sa nation pour cette absurdité. Elle retint un profond soupir. Il n’avait pas tort mais le choses n’étaient pas aussi simple, sinon, certainement qu’elles n’existeraient plus. Comment pouvait-on en vouloir aux habitants de tolérer le sort qui lui avait été réservé quand il restait indubitablement meilleur que leurs propres conditions de vie ? Elle en était persuadée, certains auraient tués pour être à sa place. Rien que pour avoir de quoi manger et dormir dans un lit si confortable, au chaud.

- Vous ne pouvez pas leur en vouloir de se préoccuper plus de leur propre survie que de celle une princesse étrangère. Je ne suis même pas sûr qu’ils aient connaissance des coutumes matrimoniales entre deux nations. Les ignorants ne peuvent nullement être blâmés mon Roi.

Et le plus important, restait le présent. Toutes ces épreuves, elle les retraversait sans hésiter pour lui. Cela n’avait plus aucune espèce d’importance désormais. Kalisha sentit sa main se resserrait autour de la sienne alors qu’elle lui avouait tout cela. Son cœur se mit à battre plus fort.

Elle décida de revenir asticoter la curiosité insatiable de son beau roi en passant ses bras autour de son cou. Il fallait qu’elle sache, après tout, à combien allait s’élever sa facture. Et vu le nombre de questions qui semblaient se pressaient au bout de ses lèvres… Elle n’allait pas avoir d’autres choix que de le séquestrer chez elle ! Si c’était une rançon, parfaitement ! Quant à des réductions et bien… Cela lui laissa échapper un rire amusé tandis qu’il lui faisait sa proposition.
- Votre reine en dit que vous ne devez sans doute pas faire de promotion à vos plus fidèles voyageurs des bois. Ont-ils droits à un passage gratuit ?

Elle ne pouvait s’empêcher de le taquiner, alors qu’elle se perdait dans la contemplation de son visage, si proche du sien, encadré par ses cheveux bruns ondulants.

- Mais puisque c’est vous, j’accepte votre offre. A ce rythme, vous n’aurez sinon, pas assez d’une vie entière en ma compagnie pour épancher votre lourde dette ! Votre prochaine question sera donc gratuite.

Il lui fit remarquer qu’il accepterait avec joie sa séquestration, d’une façon très personnelle. Mais si n’importe qui d’autre aurait pu rester interloqué face à cette comparaison d’apparence douteuse, elle, comprenait parfaitement ce qu’il essayait de lui dire. Elle répondit d’un sourire et sans jamais quitter son regard de ses yeux bruns, elle entreprit de répondre à chaque question, succinctement. Une mise en bouche, pour satisfaire son appétit grandissant, car de tout façon c’était à son tour de poser une question. Elle voulait savoir d’où lui venait son talent pour les mots. Elle avait été tellement subjuguée par sa lettre. Il fit mine de calculer le prix de sa dette avant de déclarer qu’elle était gratuite tout en passant à son tour ses bras autour de son cou. Elle ne put réprimer un petit rire.

- Je comprends mieux pourquoi votre palais si peu meublé, mon beau roi !

Mais elle ne voulait surtout pas l’interrompre alors elle attendit sagement qu’il commence son récit. Elle acquiesça à son explication sur les mots et se laisser porter par sa voix plusieurs années en arrière. Elle ferma les yeux pour mieux s’imaginer la scène qu’il décrivait. Un sourire s’étira lorsqu’elle vit son petit singe entre d’apprendre à marcher sur les mains.

- Il faudra absolument me montrer et m’apprendre cela !

Elle le laissa poursuivre et évoquer le vieux poète muet. Elle l’imaginait parfaitement, assis sur un rebord de mur, le visage buriné, une barbe grisonnante et un regard qui brillait d’intelligence. Quel formidable rencontre cela avait dût être. Elle acquiesça lentement de la tête tout en ouvrant ses paupières. Bien sûr qu’elle comprenait. C’était un message si beau. Kalisha se pencha en avant jusqu’à ce que son front finisse par trouver le sien.

- Merci. répondit-elle simplement touché par ses paroles.

Elle voulut lui dire combien elle l’aimait.
Combien il était tout pour elle.
Son soleil,
Son printemps,
Son bonheur,

Combien elle l’aimerait jusqu’à la nuit des temps.
Toujours plus.
Sans que jamais rien ne puisse être effacé.

Mais elle ne trouva pas les mots justes. Etait-ce vraiment nécessaire au fond ? Elle resta ainsi, un long moment durant, appuyé contre son front avant de finir par s’éloigner :

- Nous devrions terminer avant qu’ils n’arrivent, n’est-ce pas ?

Elle aurait dû se lever pour aller chercher les bas, mais elle n’y arrivait pas. Ses bras restèrent obstinément enroulés autour de son cou, et bien loin de s’en éloigner, elle se laissa tomber contre lui.
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Message par Sylvère d'Aiguemorte Jeu 30 Juil - 18:07

Elle lui offrait son coeur.
Et il lui offrait le sein en échange.

Mais les mots étaient précieux, il le disait lui-même. C'étaient eux qu'il devait payer. Et tous ceux qui étaient prononcés faisaient augmenter la note finale. Une note finale élevée, à n'en pas douter, qui serait difficile à rembourser. Mais il ne doutait pas que se retrouver avec un roi sequestré pour endettement n'était pas pour déplaire à la jeune femme. Au contraire. C'était du moins ce que traduisait ses doigts qui se glissaient et s'enroulaient autour des siens.

Pouvoir passer les prochains jours avec elle – les prochaines semaines, même ! - valait bien toutes les robes du monde. Y compris celle de délaisser sa forêt pendant quelques temps, ce qui n'était pourtant pas dans ses habitudes. Il demanderait à leurs amis cloportes et aux arbres de veiller sur le domaine. C'étaient eux, les véritables maîtres, dans tous les cas.

Et cependant, malgré tous les avantages qu'il voyait à passer du temps avec sa belle reine, l'idée de revenir dans la ville, entre quatre murs, ne l'enchantait pas totalement. Combien de temps devrait-il revenir à ce mode de vie d'apparences qu'il fuyait depuis cinq ans – ou depuis toujours quand on prenait le temps d'y réfléchir ?

Quand il prétendait préférer la compagnie des animaux à celle des humains, pourtant, ce n'était pas tout à fait vrai. Après tout, il y en avait beaucoup qu'il appréciait. Celle de sa belle reine, celle du petit génie des bois qui apprenait à lire, celle de ce vieux poète ou de tous les autres... Ça aurait été mentir de dire qu'il ne les aimait pas, au vu de tous les merveilleux souvenirs que leurs rencontres construisaient. À vrai dire, il croyait même en beaucoup de qualités humaines, mais cette société avait oublié le plus important : la joie de vivre.

C'était ce que lui rappelait les animaux quotidiennement, ce message que la nature transmettait et qu'il aurait fallu écouter. Le bonheur n'avait besoin de rien. Comment penser le contraire quand on voyait un jeune oisillon béqueter dans le bec de ses parents ? Ou bien une biche boire au bord d'un cours d'eau.

Alors pourquoi cherchait-on à tout avoir ?

Non, il ne pouvait pas leur en vouloir. Pas à ceux qui ignoraient, elle avait raison. Mais ce n'était pas de ceux-là dont il parlait, lui.

- Vous avez raison. Blâmer l'ignorance est inutile – et une perte de temps. Mais je parle de ceux qui savent. Et qui prennent la décision de fermer les yeux consciemment. Vous n'êtes pas la seule, ma reine, à devoir subir les déboires de cet empire. Je m'excuse au nom de ceux qui savent, et qui laissent faire.

Mais s'éterniser sur ce sujet n'y changerait rien et Sylvère n'était pas du genre – il n'avait jamais été du genre – à s'apesantir sur ce type de problème. Ce qui était encore plus flagrant quand il s'agissait de discuter paiement et réduction avec sa belle reine... qui riait, amusée. Il rétorqua alors avec un sourire en coin :

- Ma très chère reine, si vous saviez tout ceux que je laisse passer sans exiger paiement, vous seriez certainement surprise ! Et puis, les impôts sont les impôts. Pour les frais annexes, là, c'est autre chose. Il faut offrir le produit, et le vendre quand il est devenu indispensable à l'acheteur.

Et il se rapprocha un peu, autant que possible, puisqu'ils étaient déjà très proches. Il eut un sourire victorieux lorsqu'elle annonça que la prochaine question qu'il poserait serait gratuite. Celle-ci, il devrait la choisir avec soin. Prendre quelque chose dont elle ne pourrait se contenter de quelques mots rapides pour lui répondre. Non pas qu'il ne s'en satisfaisait pas pour le moment, mais il reviendrait sur nombre de points plus tard. Ils auraient tout le temps de le faire. Il ne put s'empêcher de remarquer avec un sourire malin :

- Mais ma dame... Ne craignez-vous pas qu'en me séquestrant ainsi avec vous, je vienne à vous aimer encore davantage ? C'est un risque à prendre en compte.

Il l'aimait déjà beaucoup. Mieux, il l'adorait. Et pourtant, à l'idée de découvrir sa vie et d'en apprendre plus sur elle, il ne voyait aucune autre solution. Sinon celle que de tomber définitivement, infiniment, amoureux d'elle. La voir toutes les heures de tous les jours, c'était décupler par mille les chances que son admiration pour elle augmente du même fait.

Quoiqu'il en soit, sa reine n'avait rien besoin de lui payer. Pour cette fois du moins, parce que passé les trois premières questions, les prix montaient drastiquement ! Et cela n'avait rien à voir avec l'ameublement de son palais, en réponse de quoi il lui adressa une expression rieuse.

Vint alors le moment de répondre à la troisième – et dernière – question gratuite de Kalisha. L'idée de marcher sur les mains eut l'air de l'enthousiasmer particulièrement et il remarqua alors :

- Je crains que ce ne soit pas dans cette tenue que je puisse vous apprendre, ni même vous montrer. Il faudra être patiente, ma reine !

Il n'avait pas douté une seule seconde qu'elle comprenne ce qu'il voulait dire. Et il en avait la preuve incontestée tandis qu'elle venait poser son front contre le sein et qu'ils restèrent là, immobiles, alors que les minutes s'étiraient démesurément – et terriblement vite tout à la fois. Il y aurait eu des milliers de choses à dire, et en même temps, aucune n'aurait eu sa place dans cet instant magique. Il y avait de cela : de la magie. Une magie bien plus puissante que celle des mots, et pourtant, le monde témoignait à quel point la parole était une chose exceptionnelle.

Il se taisait rarement, mais cette fois-ci en faisait incontestablement partie. Quand enfin Kalisha s'éloigna en rappelant que, bientôt, deux certaines personnes rapliqueraient et qu'il faudrait avoir fini à ce moment là. Et malgré cela, il aurait aimé pouvoir lui dire de rester. De rester pour toujours avec lui, dans la forêt.

Mais il fallait reprendre la séance de mode et travailler son rôle de dame de compagnie. Pourtant, au lieu de se redresser comme il le pensait, sa belle reine se laissa aller contre lui. Et il ne put faire autrement que d'enrouler ses bras autour d'elle et de s'allonger sur le lit.

- Je savais que je n'aurais pas dû faire de pause, déclara-t-il avec un soupir dans la voix. Vous savez que vous n'y mettez pas du vôtre, là ? Comment suis-je censé avoir envie de reprendre si vous faites ce genre de choses ?

Elle allait devoir se relever pour le motiver à poursuivre. Mais elle ne semblait pas prête à le faire et lui-même venait de resserrer son étreinte autour de ses épaules pour l'en empêcher.
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Message par Kalisha Howksley de Frenn Ven 31 Juil - 10:46

Blâmer l'ignorance ne servait à rien. Quant aux autres à ceux qui en étaient conscient... Oui, ils étaient responsables, chacun en partie. Se renvoyer la balle pour se protéger soi-même, voilà ce qu'il se passait réellement. Voilà comment un empire pouvait tenir en place sans aucune révolte. Elle acquiesça lentement de la tête, pour toute réponse. Débattre là-dessus ne les avancerait à rien et c'était de plus nettement moins agréable que de parler de négocier le prix des questions (et surtout de leurs réponses) en vrai marchand de tapis djerdan.

Elle leva un sourcil lorsque Sylvère lui indiqua laisser passer bon nombre de voyageurs librement. A part lorsqu'il dormait, il était plutôt zélé pour réclamer ses impôts. Elle avait eu amplement le temps de le constater.
En même temps, en y réfléchissant bien, la forêt était grande et durant tout le temps qu'il avait passé avec elle à grimper dans les arbres, personne n'avait surveillé les allées et venues sur le chemin... Le moins que l’on pouvait dire c’est qu’il avait le sens du commerce, ce charmant Roi aux parents verriers.

Lorsqu’elle annonça vouloir le séquestrer sa réaction ne se fit pas attendre et elle lui répondit de la même façon :

- Le risque n’en vaut-il pas le cierge, mon beau Roi ?

Discrète référence à cet instant bien plus dangereux qu’ils avaient récemment partagé. Et qu’elle réitérerait sans la moindre hésitation.

- Et dites-moi donc quel danger ce serait que de n’être encore un plus amoureux et heureux ?

C’était tout vu pour elle. Il était trop tard pour faire demi-tour. Même si elle l’avait voulu, elle n’aurait pas pu. Plus elle le découvrait, plus elle l’aimait, plus était heureuse. Bien au contraire, elle se languissait de pouvoir passer tout ce temps avec lui et d’apprendre à le connaitre encore plus.

Elle l’aimait plus que la vieille
Mais moins que le lendemain.
Jusqu’où pouvait bien aller l’infini ?

Pourtant si elle ne s’était pas voilée la face volontairement, elle aurait su que cela pourrait s’avérer problématique.
Car elle était toujours mariée.
Car il venait toujours la visiter.
Et que cela la répugner chaque jour un peu plus.
Jusque quand ?
Jusque quand pourrait-elle tenir ainsi, à se raccrocher à une utopie qui ne faisait que se superposer à la réalité ?

Mais elle avait pris soin de rendre muette cette terrible petite voix, qui parfois, se rappelait à son bon souvenir. Elle pouvait crier autant qu’elle le voudrait, aujourd’hui, elle ne l’entendrait pas.

Kalisha prit une mine boudeuse lorsqu’il évoqua sa capacité à marcher sur les mains.

- Ne l’oubliez pas, mon beau Roi : vous serez tout à moi pour les jours à venir. Je saurai vous offrir l’occasion de me faire démonstration de vos talents les plus insolites.

Mais ce n’était là qu’un interlude, comme un entracte, avant qu’il n’achève sa réponse en lui narrant cette formidable rencontre avec le poète muet. Comment pouvait-elle dire quoi que ce soit après cela ? Elle avait déposé son front contre le sien, sans un bruit. Ils étaient restés, là durant de longues minutes, dans un silence dont ils n’avaient plus l’habitude. Elle pouvait désormais entendre le « ploc » régulier des gouttes d’eau de la pluie de la nuit sur les feuilles bruissaient sous le vent. Elle sentait l’humidité de ce matin de novembre, la chaleur du corps de Sylvère, si proche. Son souffle. Ses cheveux qui lui chatouillaient le visage.
Certains s’étendaient en prière pour avoir le privilège de ressentir cette communion, cette plénitude. Elle n’avait besoin que de poser sa tête contre la sienne.

A regrets elle se détacha de lui. Il fallait terminer de l’habiller. Mais au lieu de se lever, elle ne put se résigner et se laissa tomber dans ses bras et basculer dans le lit.

Il râlait.
Elle souriait.
Elle pouvait sentir ses bras contredire ses propres paroles.


- Comment suis-je censée y mettre du mien si vous m’étreignez encore un peu plus fort ?


En vérité… Elle n’en avait vraiment pas envie. Pourquoi aurait-elle voulu s’évader de cette si douce prison ? Ce ne fut que la perspective de voir apparaitre Hyriel et Cassandre qui la motiva suffisamment à achever l’habillage. Mais avant… Elle devait payer sa caution. Elle l’embrassa avec tout l’amour dont elle disposait. Et elle en débordait. Le plus dur fut de s’extraire de son regard et de ses immobiles qui glissèrent le long de ses hanches sans pouvoir la retenir…

Une fois levée, elle rapporta les bas de laine et de soie. Ainsi que les jarretières.

- La bonne nouvelle c’est que vous avez fait le plus dur. Il ne vous reste plus que les bas et les chaussures. Vous voyez ? C’est presque terminé !


Elle lui adressa un sourire d’encouragement et l’aida à enfiler ce qui n’était autre que de très longues chaussettes.


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Message par Sylvère d'Aiguemorte Ven 31 Juil - 13:17

Le risque valait le cierge. Bien entendu, et cela sans une hésitation. Comme il n'avait pas hésité à la rejoindre dans le confessionnal deux jours plus tôt, il n'avait pas hésité à accepter de jouer les dames de compagnie pour elle non plus. L'un comme l'autre était des plans fous et délirants. Mais c'était parce que c'était fou et délirant, justement, que cela allait fonctionner.

Dyonis ne penserait jamais à venir le chercher à Monthoux. Impossible. Il ne ferait pas le rapprochement, comme personne n'avait fait le rapprochement entre lui et le curé préchant la bonne parole sur la Grand'Place. Les proverbes disaient pourtant que les apparences étaient trompeuses, que les habits ne faisaient pas les moines mais que voulez-vous ? Des leçons connues par tous, qui n'en restaient pas moins ignorer.

Repenser à ces instants de complicité, partagée dans cette église et séparée par cette grille. Désormais, il n'y avait plus de grille, plus de limite quelconque. Le mariage qui unissait Kalisha à son gros époux n'avait plus d'importance, pas plus que la différence de classe sociale entre eux.

La forêt annihilait tout – même si cela n'était que temporaire.

Non, il ne regrettait pas d'avoir pris le risque de jouer les curés. Pas plus qu'il ne regrettait celui de la suivre à Monthoux, malgré les conséquences que cela impliquaient et qui étaient moins réjouissantes.

- Et dites-moi donc quel danger ce serait que de n'être encore un peu plus amoureux et heureux ?

Sylvère sourit. Oh non, il n'y en avait aucun. Être amoureux ou heureux, quel mal y avait-il à cela ? Et puis, il l'était déjà à tel point que désormais, cela n'y changerait plus rien. A leurs morts, ils iraient en Enfers. Mais ils seraient ensemble. Et alors, il n'y aurait pas de meilleur Paradis que les flammes qui les brûleraient pour l'éternité.

- Quel danger ce serait ? Il y en a beaucoup, ma reine, répondit-il avec un sourire malicieux qui annonçait la suite : Que ferez-vous quand je ne pourrais plus me passer de vous ?

Ce passage à Monthoux ne serait pas seulement de tout repos. Parce qu'ils devraient jouer le jeu, rester prudents et – surtout – supporter ce gros mari qu'on lui avait donné. Sylvère ne l'avait jamais rencontré, mais il le trouvait déjà détestable. Il voyait guère comment cela pourrait s'arranger au fil du temps, surtout en sachant que...

Il chassa les images qui envahissaient son esprit. Non. Ça, il ne voulait pas savoir. C'était entre ses bras à lui qu'elle était pour l'heure et cette pensée lui suffisait, sans qu'elle ne soit polluée par d'autres beaucoup moins agréables. Pourtant, il devrait s'y préparer, autant qu'elle devait le faire.

Ce fut donc rieur qu'il lui répondit ensuite, au sujet de marcher sur les mains et de lui apprendre toutes autres formes d'accrobaties qu'il savait faire :

- Ne boudez pas, jolie reine, je ne doute pas que vous saurez nous octroyer ce moment-là.

Qu'il se sentait bien, là, le front posé contre le sien. Ils ne parlaient pas, ils se contentaient d'écouter le silence. Parce que le silence avait un son – d'autant plus en forêt. Il y avait les bruissements des feuilles, le souffle du vent, la lente respiration calme de Kalisha. Le silence n'était jamais totalement silence.

Quand ils reculèrent, ce ne fut que pour mieux se retrouver l'un contre l'autre. Même s'il aurait fallu poursuivre de jouer les poupées. Il ne restait pas grand chose, il le savait. Le problème, c'est que le retour d'Hyriel et Cassandre se rapprochait de minute en minute, comme une fin inéluctable. Il ne savait pas ce qui lui pesait le plus entre l'idée qu'ils écourtent ce moment d'intimité - il aurait aimé en profiter encore – ou bien qu'ils le trouvent ainsi, sans être totalement prêt. L'un comme l'autre n'était pas une perspective réjouissante.

- Comment suis-je censée y mettre du mien si vous m'étreignez encore un peu plus fort ?

Sylvère eut un sourire, sans le moins du monde désserrer sa prise. Il répondit avec un haussement d'épaules :

- Je ne saurais vous le dire, mais c'est vous qui ne vous êtes pas levée.

Même s'il le faudrait bien à un moment.
Et que ce moment était arrivé.

Elle l'embrassa une nouvelle fois, et comme tous les baisers précédents, celui-ci était rempli d'amour.

D'un amour si doux.
D'un amour commun.


Elle se redressa et il la laissa faire. Il se contenta de rouler sur le côté pour s'asseoir au bord du lit. Et la regarder ramener les bas. Il avait au moins le mérite de se dire que c'était là la dernière étape. Tandis qu'elle l'aidait à les enfiler, et qu'elle avait presque terminer, il plaisanta :

- Ne comptez pas sur moi pour pouvoir vous aider à vous habiller le matin, vous prendriez de bien trop grands risques ! Par contre... je devrais être capable de vous aider à les enlever.

Pour l'embrasser encore une fois, par surprise, sans lui laisser le temps de répondre. Quand il recula finalement, il reprit :

- Je vous ferais néanmoins remarquer, ma reine, que vous n'avez pas pensé à tout. Il me manque certains attributs féminins pour pouvoir faire une dame de compagnie parfaite.
Sylvère d'Aiguemorte
Sylvère d'Aiguemorte
Brigand et roi de la forêt

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