[5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
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[5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
Ti-tu. ti-tu-ti-tu-ti-tu…
Le pépiement des mésanges charbonnières.
Les premiers rayons du soleil n’allaient pas tarder à chasser l’encre du ciel.
Kalisha s’étira doucement, avant de sombrer à nouveau dans un demi-sommeil, emmitouflée sous l’épais édredon de duvet d’oie.
Bou-boum, bou-boum, bou-boum…
Elle était bercée par le rythme régulier et apaisé de son cœur. Sa tête posée contre sa peau si chaude, elle finit par ouvrir les yeux. Ce matin-là, ce ne fut pas les rideaux de velours carmin de son baldaquin qu’elle découvrit en premier lieu.
Il était là.
Ysengrin était là.
Ysengrin était là.
Animée d’un large sourire, elle enroula ses bras autour de lui et vint se blottir encore un peu plus près.
~***~
La veille, ils avaient fini par franchir ce point de non-retour. La muraille qui se dressaient entre eux avait finalement été pulvérisée. Les journées passées à Monthoux, n’avaient, comme prévu, fait que les rapprocher un peu plus encore. Depuis plusieurs jours déjà, les longues séances d’habillage et de déshabillage s’étiraient dans le temps : les mains se promenaient plus que de raison, les baisers s’envolaient par milliers.
Ce soir-là, l'habituelle lecture de poésie fut un peu plus voluptueuse que d'ordinaire. La dernière séance d’effeuillage qui s'en suivit eut raison de leur maigre volonté et du peu de sage pudeur dont ils disposaient encore.
Les mœurs. Les règles. L’interdit. Le danger.
Tout avait été calciné instantanément,
Sous le feu de cet amour qui les dévorait.
Il n’en resta bientôt plus que l’instant présent.
Tout avait été calciné instantanément,
Sous le feu de cet amour qui les dévorait.
Il n’en resta bientôt plus que l’instant présent.
Lorsque son corps avait rencontré le sien, elle n’avait pu réprimer ni frisson, ni tension. Il n’avait pas manqué de le remarquer.
Comment aurait-il pu en être autrement quand elle n’avait rien d’autre que de dérangeants souvenirs gravés dans la mémoire de sa peau ?
Il avait voulu tout arrêter.
Et même insisté.
Mais elle avait refusé.
Et même insisté.
Et elle avait eu raison. Parce que passé cet instant d’hésitation et d’appréhension, cela n’avait plus rien eu à voir avec ce qu’elle connaissait et elle l’avait serré encore plus fort.
Si fort, qu'elle en avait oublié tout le reste.
Si fort, qu’il n'y avait plus qu'eux.
Si fort, qu'elle s’était crue au sommet d'un arbre, entre les feuilles émeraudes à ne faire plus qu'un avec lui.
~***~
Il dormait toujours. Ou peut-être faisait-il semblant ? Elle sourit en songeant à cet hypothèse. Il était si beau ainsi. Elle aurait pu le regarder des heures durant.
Pour une fois qu'elle ouvrait les yeux avant lui ! D'ordinaire, il était toujours le premier debout et les rôles étaient inversés !
Elle embrassa sa joue pour le réveiller en douceur.
- Le soleil est levé mon beau Roi murmura-t-elle en traçant un chemin de bisous.
Est-ce qu'elle regrettait ses écarts de la veille ? Certainement pas ! Les limites étaient faites pour être dépassées c’était bien ce qu’avait dit son charmant curé, non ? Quel mal y avait-il à s'aimer et à se le montrer ? On ne résistait pas à l'amour, c’était comme une vague qui vous submergeait et vous envoyait là où elle le désirait. Il était vain de résister. Où l’emmènerait-elle ? Elle l'ignorait.
Elle ne pensait ni au risque, ni au fait que… peut-être… son infertilité se solderait ainsi par un enfant d’Ysengrin avec toutes les difficultés qui en découleraient.
Non, rien de tout cela ne venait troubler ce réveil plein de douceur.
Le futur s’était effacé
Il n'en restait que le présent.
Vivre et savourer chaque seconde qui passait
Avant qu'elle ne s'envole prestement.
Il n'en restait que le présent.
Vivre et savourer chaque seconde qui passait
Avant qu'elle ne s'envole prestement.
Re: [5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
Ils l'avaient fait.
Sans plus aucun souci des risques ou considération du danger que cela représentait. Le peu de prudence qu'ils avaient jusque là conservée venait d'être réduite en poussière, noyée sous les immenses vagues qui avaient déferlé sur eux.
Ils avaient franchi la dernière porte, et elle s'était refermée dans leur dos. Ils progressaient à l'aveuglette mais ce n'était pas grave puisqu'ils étaient ensemble. Tout le danger du monde n'aurait pu le faire regretter ce qui s'était passé cette nuit-là.
Les quelques poèmes récités – comme chaque soir – la veille, avaient eu leur influence sur le reste de la soirée. Si de tels vers étaient écrits... pourquoi pas eux ? Alors ils avaient écrit leur propre poème. A leur manière. Un poème qu'ils n'oublieraient jamais, même dans la mort.
Il avait senti son mouvement de recul. Et cela lui avait rappelé, avec une conscience accrue, ce que les rumeurs disaient sur lui. Il n'était pas un violeur, et il ne voulait pas le devenir. Jamais, ô grand jamais, il ne l'aurait forcée à faire quoi que ce soit. Parce que l'amour devait aller dans les deux sens, à valeur égale, ou alors ce n'en était pas.
Mais elle n'avait pas cédé.
Et le reste, du début à la fin, avait été merveilleux.
Le plus beau rêve qu'il aurait pu partager.
Et il n'aurait voulu le faire avec personne d'autre qu'elle.
Le réveil fut à la hauteur de la nuit.
Pour la première fois depuis des années, il ne fut pas réveillé par la lumière du soleil mais par les baisers de Kalisha et par sa voix. Elle était juste là, tout contre lui, sa peau tiède contre la sienne.
Et lui, il était heureux.
À peine avait-il ouvert les yeux qu'il les refermait avec un sourire. Pour appuyer sa tête contre son épaule. Il ne pensait à rien, sinon à sa belle reine blottie dans ses bras. Il en avait oublié jusqu'à sa forêt.
Au fond, qu'importe le lieu. Tant qu'elle était là, rien ne saurait être plus merveilleux. A vrai dire, la forêt sans elle lui aurait paru bien vide, désormais, et sûrement aussi triste que ces murs de pierre dont il était entouré.
Il finit par rouvrir les yeux définitivement et s'étira. Puis, il appuya sa tête sur son bras et sourit, en jouant avec ses cheveux bruns, à les enrouler et à les tortiller autour de ses phalanges pensivement.
- Tu as bien dormi, jolie reine ? demanda-t-il enfin, en lui adressa un large sourire lumineux.
Après tout, ils venaient de faire tomber les murailles dressées entre eux, non ? Alors autant les faire tomber toutes, jusqu'à la dernière. Annihiler toute cette distance que la société essayait d'instaurer entre eux.
En croisant son regard, cependant, littéralement ahurie, il éclata de rire et haussa des épaules avant de lui adresser un nouveau sourire – plus mutin, cette fois, en faisant semblant de ne pas comprendre de quoi il releva :
- Eh bien quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? J'ai un truc dans les cheveux ?
Son sourire augmenta encore – d'autant plus qu'il s'était fait un malin plaisir à appuyer sur le tutoiement. Avant d'expliquer enfin en se retournant sur le dos et en passant ses mains derrière sa nuque :
- Tu ne pensais tout de même pas que j'allais te vouvoyer toute la vie ?
Mais vu son regard, si.
Elle l'avait cru.
Et il trouvait cela si... adorable.
Sans plus aucun souci des risques ou considération du danger que cela représentait. Le peu de prudence qu'ils avaient jusque là conservée venait d'être réduite en poussière, noyée sous les immenses vagues qui avaient déferlé sur eux.
Ils avaient franchi la dernière porte, et elle s'était refermée dans leur dos. Ils progressaient à l'aveuglette mais ce n'était pas grave puisqu'ils étaient ensemble. Tout le danger du monde n'aurait pu le faire regretter ce qui s'était passé cette nuit-là.
Les quelques poèmes récités – comme chaque soir – la veille, avaient eu leur influence sur le reste de la soirée. Si de tels vers étaient écrits... pourquoi pas eux ? Alors ils avaient écrit leur propre poème. A leur manière. Un poème qu'ils n'oublieraient jamais, même dans la mort.
Il avait senti son mouvement de recul. Et cela lui avait rappelé, avec une conscience accrue, ce que les rumeurs disaient sur lui. Il n'était pas un violeur, et il ne voulait pas le devenir. Jamais, ô grand jamais, il ne l'aurait forcée à faire quoi que ce soit. Parce que l'amour devait aller dans les deux sens, à valeur égale, ou alors ce n'en était pas.
Mais elle n'avait pas cédé.
Et le reste, du début à la fin, avait été merveilleux.
Le plus beau rêve qu'il aurait pu partager.
Et il n'aurait voulu le faire avec personne d'autre qu'elle.
o~o~o
Le réveil fut à la hauteur de la nuit.
Pour la première fois depuis des années, il ne fut pas réveillé par la lumière du soleil mais par les baisers de Kalisha et par sa voix. Elle était juste là, tout contre lui, sa peau tiède contre la sienne.
Et lui, il était heureux.
À peine avait-il ouvert les yeux qu'il les refermait avec un sourire. Pour appuyer sa tête contre son épaule. Il ne pensait à rien, sinon à sa belle reine blottie dans ses bras. Il en avait oublié jusqu'à sa forêt.
Au fond, qu'importe le lieu. Tant qu'elle était là, rien ne saurait être plus merveilleux. A vrai dire, la forêt sans elle lui aurait paru bien vide, désormais, et sûrement aussi triste que ces murs de pierre dont il était entouré.
Il finit par rouvrir les yeux définitivement et s'étira. Puis, il appuya sa tête sur son bras et sourit, en jouant avec ses cheveux bruns, à les enrouler et à les tortiller autour de ses phalanges pensivement.
- Tu as bien dormi, jolie reine ? demanda-t-il enfin, en lui adressa un large sourire lumineux.
Après tout, ils venaient de faire tomber les murailles dressées entre eux, non ? Alors autant les faire tomber toutes, jusqu'à la dernière. Annihiler toute cette distance que la société essayait d'instaurer entre eux.
En croisant son regard, cependant, littéralement ahurie, il éclata de rire et haussa des épaules avant de lui adresser un nouveau sourire – plus mutin, cette fois, en faisant semblant de ne pas comprendre de quoi il releva :
- Eh bien quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? J'ai un truc dans les cheveux ?
Son sourire augmenta encore – d'autant plus qu'il s'était fait un malin plaisir à appuyer sur le tutoiement. Avant d'expliquer enfin en se retournant sur le dos et en passant ses mains derrière sa nuque :
- Tu ne pensais tout de même pas que j'allais te vouvoyer toute la vie ?
Mais vu son regard, si.
Elle l'avait cru.
Et il trouvait cela si... adorable.
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Jeux forestiers.
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Multi-comptes ? : Alduis de Fromart / Victor Millard
Messages : 526
Date d'inscription : 17/03/2020
Localisation : Dans la forêt d'Aiguemorte
Re: [5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
Elle était là à ses côtés. Il avait à peine ouvert les yeux pour les refermer aussitôt un sourire bien heureux sur le visage.
Comment aurait-il pu en être autrement ?
Elle-même souriait béatement.
La nuit avait été merveilleuse. La plus merveilleuse de toute. Et ce matin, il était toujours là, contre elle. Elle pouvait sentir sa peau chaude contre la sienne. Qu’auraient-ils pu demander de plus si ce n’était de ne jamais plus être dérangés ?
Elle ferma à son tour les yeux, pour graver cet instant dans sa mémoire. C’était donc à cela que l’amour, le vrai, ressemblait lorsqu’on le laissait s’exprimer. C’était si fantastique… Si loin de tout ce qu’elle avait connu jusqu’à présent. Comment pourrait-elle y retourner un jour ?
Elle ne le pourrait pas.
Elle rouvrit les yeux en même temps que lui, alors qu’il s’étirait avant de s’installer lascivement sur le côté. Elle souriait en retour. Elle ne pouvait pas s’empêcher de sourire. Ce sourire était figé sur son visage.
Tu as bien dormi, jolie reine ?
Elle cligna des yeux plusieurs fois tandis qu’il continuait de jouer avec ses longues boucles brunes.
Elle avait dû rêver.
Son esprit lui jouait des tours.
Son sourire s’évapora pour faire place à une mine pleine de réflexion.
Ses yeux interrogateurs se perdirent dans les siens alors qu’elle cherchait désespérément quelque chose auprès de quoi se raccrocher.
Tu as bien dormi, jolie reine - Eh bien quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? J'ai un truc dans les cheveux ?
Non cette fois-ci il n’y avait plus le moindre doute possible. Il riait et avait même volontaire accentué le pronom...
Elle secoua doucement la tête de surprise. Sa bouche s’ouvrit pour prononcer quelques paroles mais se referma aussitôt.
A son tour, elle se redressa sur son coude. Perdu dans une incompréhension complète.
Ce mot semblait s'être gravée en lettres de feu dans son esprit, si rougeoyantes qu'elle ne pouvait les ignorer.
Pourquoi se mettait-il subitement à la tutoyer ? Avait-elle fait quelque chose de mal ? Non, c’était évident que non, son sourire le démontrer parfaitement mais pourquoi alors ?! Personne ne l’avait jamais plus tutoyé depuis bien des années si l’on exceptait Cassandre qui ne devait, à vrai dire, pas vouvoyer grand monde.
Sylvère se laissa retomber sur le dos. Elle le regardait toujours… Stupéfaite.
Une explication. Il lui fallait une explication.
Pourquoi ?
Tu ne pensais tout de même pas que j'allais te vouvoyer toute la vie ?
Cette phrase lui fit hausser les sourcils aussitôt. Eh bien si, c’était ce qu’elle pensait ? Il n’y avait rien d’étrange là-dedans, non ? On tutoyait les enfants. Les adultes se vouvoyaient. C’était ainsi. Depuis toujours. C’était une marque de respect et Kalisha ne respectait personne plus que lui. Alors oui, elle comptait le vouvoyer jusqu’à la fin de ses jours.
Vraiment, elle ne voyait pas ce qu’il y avait de mal là-dedans.
-Pourquoi ? finit-elle par articuler d'une petite voix, toujours perdue dans un vortex d’incompréhension.
- Je ne vois vraiment pas ce qu’il y a d’anormal là-dedans ! Au contraire ! Trouvez-vous que je ressemble à une enfant ? ajouta-t-elle naïvement.
C’était décidément bien trop étrange pour elle. Alors oui, elle espérait qu’il ait une explication à lui fournir car pour l’instant, elle se sentait surtout comme… Déséquilibrée par une violente bourrasque tandis qu’elle se tenait debout en équilibre à la cime d’arbre…
Comment aurait-il pu en être autrement ?
Elle-même souriait béatement.
La nuit avait été merveilleuse. La plus merveilleuse de toute. Et ce matin, il était toujours là, contre elle. Elle pouvait sentir sa peau chaude contre la sienne. Qu’auraient-ils pu demander de plus si ce n’était de ne jamais plus être dérangés ?
Elle ferma à son tour les yeux, pour graver cet instant dans sa mémoire. C’était donc à cela que l’amour, le vrai, ressemblait lorsqu’on le laissait s’exprimer. C’était si fantastique… Si loin de tout ce qu’elle avait connu jusqu’à présent. Comment pourrait-elle y retourner un jour ?
Elle ne le pourrait pas.
Elle rouvrit les yeux en même temps que lui, alors qu’il s’étirait avant de s’installer lascivement sur le côté. Elle souriait en retour. Elle ne pouvait pas s’empêcher de sourire. Ce sourire était figé sur son visage.
Tu as bien dormi, jolie reine ?
Elle cligna des yeux plusieurs fois tandis qu’il continuait de jouer avec ses longues boucles brunes.
Elle avait dû rêver.
Son esprit lui jouait des tours.
Son sourire s’évapora pour faire place à une mine pleine de réflexion.
Ses yeux interrogateurs se perdirent dans les siens alors qu’elle cherchait désespérément quelque chose auprès de quoi se raccrocher.
Tu as bien dormi, jolie reine - Eh bien quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? J'ai un truc dans les cheveux ?
Non cette fois-ci il n’y avait plus le moindre doute possible. Il riait et avait même volontaire accentué le pronom...
Elle secoua doucement la tête de surprise. Sa bouche s’ouvrit pour prononcer quelques paroles mais se referma aussitôt.
A son tour, elle se redressa sur son coude. Perdu dans une incompréhension complète.
P O U R Q U O I ?
Ce mot semblait s'être gravée en lettres de feu dans son esprit, si rougeoyantes qu'elle ne pouvait les ignorer.
Pourquoi se mettait-il subitement à la tutoyer ? Avait-elle fait quelque chose de mal ? Non, c’était évident que non, son sourire le démontrer parfaitement mais pourquoi alors ?! Personne ne l’avait jamais plus tutoyé depuis bien des années si l’on exceptait Cassandre qui ne devait, à vrai dire, pas vouvoyer grand monde.
Sylvère se laissa retomber sur le dos. Elle le regardait toujours… Stupéfaite.
Une explication. Il lui fallait une explication.
Pourquoi ?
POURQUOI?
Pourquoi?
Tu ne pensais tout de même pas que j'allais te vouvoyer toute la vie ?
Cette phrase lui fit hausser les sourcils aussitôt. Eh bien si, c’était ce qu’elle pensait ? Il n’y avait rien d’étrange là-dedans, non ? On tutoyait les enfants. Les adultes se vouvoyaient. C’était ainsi. Depuis toujours. C’était une marque de respect et Kalisha ne respectait personne plus que lui. Alors oui, elle comptait le vouvoyer jusqu’à la fin de ses jours.
Vraiment, elle ne voyait pas ce qu’il y avait de mal là-dedans.
-Pourquoi ? finit-elle par articuler d'une petite voix, toujours perdue dans un vortex d’incompréhension.
- Je ne vois vraiment pas ce qu’il y a d’anormal là-dedans ! Au contraire ! Trouvez-vous que je ressemble à une enfant ? ajouta-t-elle naïvement.
C’était décidément bien trop étrange pour elle. Alors oui, elle espérait qu’il ait une explication à lui fournir car pour l’instant, elle se sentait surtout comme… Déséquilibrée par une violente bourrasque tandis qu’elle se tenait debout en équilibre à la cime d’arbre…
Re: [5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
A ce stade-là, ce n'était plus de l'étonnement mais un véritable ahurissement qui se peignait sur ses doux traits. Qui le fit sourire encore davantage. Elle était si belle avec cet air surpris qui équarquillait ses yeux et plissait innocemment sa bouche. Interdite, elle ne disait rien, mais sa question se lisait clairement sur tout son visage, comme écrite en lettres capitables sur son front.
En réponse silencieuse, il haussa des épaules, pour reprendre ensuite. Il prit un malin plaisir à faire comme si de rien, comme si tout était normal – et puis, au fond, tout l'était ! Il n'y avait guère besoin de faire tout un plat d'un pauvre tutoiement.
Kalisha se redressa sur un coude pour le regarder. Toujours sans un mot. L'incompréhension restait gravée au fond de ses prunelles. Un immense point d'interrogation qui semblait ne jamais finir et que toutes les réponses ne suffiraient pas à faire disparaître.
Elle ne comprenait pas pourquoi. Il le voyait bien. Au même titre qu'il n'avait pas compris pourquoi elle mettant tant d'importance dans un petit mariage. Depuis leur rencontre, c'était la deuxième fois qu'ils prenaient conscience de la différence de leurs mondes respectifs. La deuxième fois que la séparation des classes sociales, et des opinions, s'imposait un bref instant entre eux.
Les conventions.
Encore et toujours.
Elles étaient solidement ancrées en Kalisha. Elle avait été élevée ainsi. On lui avait appris toutes ces choses que Sylvère avait toujours fui. Toutes ces règles. Un carcan dans lequel on enfermait chaque citoyen. Un carcan différent selon les pays et les coutumes, mais qu'importe, il était toujours là. Monbrina ou Djerdan.
Enfin, Kalisha parvint à formuler sa question en mot, d'une voix pleine de questions, pour enchaîner sans plus tarder :
- Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a d'anormal là-dedans ! Au contraire ! Trouvez-vous que je ressemble à une enfant ?
Il avait ri face à son regard perdu, il ne put s'empêcher de rire à nouveau. De bon coeur. Qu'est-ce qu'il l'aimait ! Par ailleurs, à ne pas s'y tromper, il était bien loin de se moquer d'elle. Ce rire n'avait rien avoir avec la moindre moquerie. Ce n'était que l'expression de sa joie et de son amusement combinés.
Elle vouvoyait tout le monde.
Il tutoyait tout le monde.
Mais elle attendait une explication, comme il en avait eu besoin d'une lors du mariage. Alors il la lui donna.
- Je ne vois pas ce qu'il aurait d'anormal à tutoyer non plus ! Tu trouves que je ressemble à un grand-père ? Ou à un inconnu ?
Les inconnus – et encore ! pas tous ! – et les vieillards... De loin les seules personnes qui pouvaient avoir le droit à cette forme de respect. Et elle n'était ni l'un, ni l'autre. Pas plus qu'elle n'était une enfant. Et puis, les enfants ! C'était merveilleux !
- C'est beaucoup trop formel, le vouvoiement ! Tu ne penses pas que c'est un encore un mur qui nous sépare ?
Lui en était intimement persuadé. Le vouvoiement mettait de la distance entre les gens, créait des murs. N'avait-elle pas dit, elle-même, qu'elle aurait voulu les pulvériser ? Les unes avaient volé en éclats cette nuit, les autres ne devraient pas tarder. À commencer par celle-ci.
Se tutoyer, c'était un autre degré de complicité qui s'installait. C'était une nouvelle forme de relation, une distance qui se brisait. Les mères tutoyaient leurs enfants... Et s'il y avait bien un endroit où il n'y avait aucune distance, c'était bien entre une mère et son enfant. C'était regarder les complexes s'envoler, ainsi qu'une partie de la prison dorée dans laquelle on l'enfermait.
- Le tutoiement, c'est la tendresse, c'est l'amitié. C'est l'égalité. C'est l'intimité. C'est … révolutionnaire !
Une pause.
- Qu'est-ce que c'est, le vouvoiement ? Le respect ? Et alors ? Tu vouvoies bien ton mari, non ? Tu ne le respectes pas pour autant, à ce que je sache ! Alors que lorsque tu tutoies quelqu'un, ce n'est pas parce qu'on te le dit de le faire, c'est parce que tu en as envie. C'est parce que tu l'aimes.
Encore une pause, un nouveau sourire, et :
- Et moi, je t'aime.
Pourquoi ?
En réponse silencieuse, il haussa des épaules, pour reprendre ensuite. Il prit un malin plaisir à faire comme si de rien, comme si tout était normal – et puis, au fond, tout l'était ! Il n'y avait guère besoin de faire tout un plat d'un pauvre tutoiement.
Kalisha se redressa sur un coude pour le regarder. Toujours sans un mot. L'incompréhension restait gravée au fond de ses prunelles. Un immense point d'interrogation qui semblait ne jamais finir et que toutes les réponses ne suffiraient pas à faire disparaître.
Elle ne comprenait pas pourquoi. Il le voyait bien. Au même titre qu'il n'avait pas compris pourquoi elle mettant tant d'importance dans un petit mariage. Depuis leur rencontre, c'était la deuxième fois qu'ils prenaient conscience de la différence de leurs mondes respectifs. La deuxième fois que la séparation des classes sociales, et des opinions, s'imposait un bref instant entre eux.
Les conventions.
Encore et toujours.
Elles étaient solidement ancrées en Kalisha. Elle avait été élevée ainsi. On lui avait appris toutes ces choses que Sylvère avait toujours fui. Toutes ces règles. Un carcan dans lequel on enfermait chaque citoyen. Un carcan différent selon les pays et les coutumes, mais qu'importe, il était toujours là. Monbrina ou Djerdan.
Enfin, Kalisha parvint à formuler sa question en mot, d'une voix pleine de questions, pour enchaîner sans plus tarder :
- Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a d'anormal là-dedans ! Au contraire ! Trouvez-vous que je ressemble à une enfant ?
Il avait ri face à son regard perdu, il ne put s'empêcher de rire à nouveau. De bon coeur. Qu'est-ce qu'il l'aimait ! Par ailleurs, à ne pas s'y tromper, il était bien loin de se moquer d'elle. Ce rire n'avait rien avoir avec la moindre moquerie. Ce n'était que l'expression de sa joie et de son amusement combinés.
Elle vouvoyait tout le monde.
Il tutoyait tout le monde.
Mais elle attendait une explication, comme il en avait eu besoin d'une lors du mariage. Alors il la lui donna.
- Je ne vois pas ce qu'il aurait d'anormal à tutoyer non plus ! Tu trouves que je ressemble à un grand-père ? Ou à un inconnu ?
Les inconnus – et encore ! pas tous ! – et les vieillards... De loin les seules personnes qui pouvaient avoir le droit à cette forme de respect. Et elle n'était ni l'un, ni l'autre. Pas plus qu'elle n'était une enfant. Et puis, les enfants ! C'était merveilleux !
- C'est beaucoup trop formel, le vouvoiement ! Tu ne penses pas que c'est un encore un mur qui nous sépare ?
Lui en était intimement persuadé. Le vouvoiement mettait de la distance entre les gens, créait des murs. N'avait-elle pas dit, elle-même, qu'elle aurait voulu les pulvériser ? Les unes avaient volé en éclats cette nuit, les autres ne devraient pas tarder. À commencer par celle-ci.
Se tutoyer, c'était un autre degré de complicité qui s'installait. C'était une nouvelle forme de relation, une distance qui se brisait. Les mères tutoyaient leurs enfants... Et s'il y avait bien un endroit où il n'y avait aucune distance, c'était bien entre une mère et son enfant. C'était regarder les complexes s'envoler, ainsi qu'une partie de la prison dorée dans laquelle on l'enfermait.
- Le tutoiement, c'est la tendresse, c'est l'amitié. C'est l'égalité. C'est l'intimité. C'est … révolutionnaire !
Une pause.
- Qu'est-ce que c'est, le vouvoiement ? Le respect ? Et alors ? Tu vouvoies bien ton mari, non ? Tu ne le respectes pas pour autant, à ce que je sache ! Alors que lorsque tu tutoies quelqu'un, ce n'est pas parce qu'on te le dit de le faire, c'est parce que tu en as envie. C'est parce que tu l'aimes.
Encore une pause, un nouveau sourire, et :
- Et moi, je t'aime.
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Re: [5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
Chaque nouveau tu paraissait se raccrocher au pavillon de son oreille avec ses petites griffes. Ils heurtaient son attention aussi fortement que si Ysengrin les avaient prononcé plus fort. Pourtant ce n’était pas le cas, elle le savait. Il parlait parfaitement… Naturellement.
C’était sans doute cela qui l’étonna plus qu’autre chose car si pour lui le tutoiement était naturel, pour elle c’était l’exacte opposé.
Kalisha vouvoyait tout le monde.
Mari, famille, amis, domestiques.
Et même les esclaves.
Ce qui avait le don d’agacer Prosper.
Pourtant, malgré leur servitude, elle estimait normal de s’adresser à eux respectueusement. Elle ne pouvait pas les libérer certes mais elle pouvait au moins leur rendre une partie de l’humanité dont ils étaient privés.
Elle avait à ce titre tendance à passer pour une excentrique sur ce sujet. Mais c’était ainsi et toutes les remontrances du monde n’avaient pu la faire changer d’avis.
Sylvère riait face à son regard d'incompréhension profonde. Il ne se moquait pas, elle le voyait bien. Et même plus que cela, il ne se moquerait jamais d’elle sur un sujet telle que celui-ci. Non il semblait s’amuser. Elle pouvait lire qu’il y voyait là le moule de la société dans laquelle, elle avait baigné.
Oui et alors en quoi était-ce mal de vouvoyer ?
Pour toute réponse, il lui répondit par une autre question… Elle passa d’un coup en position assise serrant ses petits poings au dessus de l’édredon. Elle ne prêta même pas attention au fait qu'elle se trouvait entièrement nue devant ses yeux, alors même qu'elle en aurait fini rouge pivoine quelques jours plus tôt.…
- Mais absolument pas ! Pourquoi dites-vous pareille chose ! Je vous vouvoie parce que je vous respecte. Plus que n’importe qui et c’est ainsi que je vous le montre ! Pas en vous tutoyant comme à un enfant. C’est…terriblement…
Dégradant ? Humiliant ?
La fin de phrase s’étouffa sans qu’elle ne soit prononcée. Elle ne voulait pas le blesser. Elle sentait bien que ce n’était pas le cas pour lui, ni la vision qu’il en avait. Et parce qu’elle l’aimait plus que tout, elle respectait aussi sa vision différente…
Il avait certainement des arguments qu’elle entendrait, comme lui-même avait écouté les siens sur le mariage. Et bien sûr ils ne tardèrent pas à venir. L’un après l’autre, elle les reçut faisant son possible pour les assimiler.
Un mur qui les séparait vraiment ? Elle n’avait jamais envisagé les choses sous cet angle. Pour elle, c’était un piédestal. Et elle voulait mettre Ysengrin sur le plus beau et le plus haut de tous. Alors oui c’était peut-être un mur, mais il était sur ce mur et non derrière.
Le tutoiement, c'est la tendresse, c'est l'amitié. C'est l'égalité. C'est l'intimité. C'est … révolutionnaire !
Alors là, non. Elle n’était pas du tout d'accord mais alors pas du tout !
- Et qui a décrété que c’était ainsi mon beau roi ? Vous trouvez que je ne suis pas assez tendre avec vous peut-être ? elle se renfrogna avant d'ajouter Ce n’est certainement pas parce que l'on tutoie quelqu'un que l'on est son ami ou son égal ! Allez donc dire cela aux esclaves du domaine ! Je suis sûr qu’ils apprécieront votre point de vue sur la façon dont on s’adresse à eux ! Et l’égalité… l’égalité, on l’obtient en s'adressant uniformément à tout le monde, peu importe que l'on vouvoie ou que l'on tutoie pourvu que le traitement soit identique. C'est bien cela la définition d’égalité n'est-ce pas ?
Certe, elle s’était un peu emportée. Mais c’était tout elle ça ! Enthousiaste jusque dans ses argumentaires. Quand elle défendait son point de vue, elle défendait bec et ongles.
Même contre lui.
Même si elle pouvait le laisser gagner ensuite.
Oh bien sûr, il ne s’arrêta pas là et elle n'en attendait pas moins de lui d'ailleurs. Il renchérit aussitôt en évoquant son mari ce qui la crispa à la simple sonorité de ce groupe de mots qui signait toutes ses chaînes. Elle n’était toujours pas persuadé que tutoiement rimait avec amour.
Pour elle tutoiement il rimait avec dénigrement .
- Cela n'a rien à voir ! Vous mélangez tout. Je vouvoie mon mari parce que je suis censée lui montrer du respect et l'aimer. Je ne peux pas faire autrement. Et vraiment à choisir, c'est bien ce po… Elle ravala ses mots en se souvenant du danger et des oreilles qui rôdaient. Puis reprit à voix plus basse Lui que je tutoierai et non vous.
Non vraiment, ils avaient beau pouvoir communiquer sans parler, parfois (et ce n’était que la deuxième), leurs visions des choses s'opposaient complètement.
Tout cela pour se réunir autour de ce qui les liaient plus que toutes leurs différences :
- Moi aussi je vous aime, alors pourquoi faire tant d'affaires de quelques lettres ? Le résultat est le même non ? Je ne vous en aime pas moins parce que je vouvoie. Et je ne vous aimerai pas plus en vous tutoyant
Et pour lui prouver, elle se pencha au-dessus de son visage pour l'embrasser, ses cheveux cascadant tout autour de leurs visages.
C’était sans doute cela qui l’étonna plus qu’autre chose car si pour lui le tutoiement était naturel, pour elle c’était l’exacte opposé.
Kalisha vouvoyait tout le monde.
Mari, famille, amis, domestiques.
Et même les esclaves.
Ce qui avait le don d’agacer Prosper.
Pourtant, malgré leur servitude, elle estimait normal de s’adresser à eux respectueusement. Elle ne pouvait pas les libérer certes mais elle pouvait au moins leur rendre une partie de l’humanité dont ils étaient privés.
Elle avait à ce titre tendance à passer pour une excentrique sur ce sujet. Mais c’était ainsi et toutes les remontrances du monde n’avaient pu la faire changer d’avis.
Sylvère riait face à son regard d'incompréhension profonde. Il ne se moquait pas, elle le voyait bien. Et même plus que cela, il ne se moquerait jamais d’elle sur un sujet telle que celui-ci. Non il semblait s’amuser. Elle pouvait lire qu’il y voyait là le moule de la société dans laquelle, elle avait baigné.
Oui et alors en quoi était-ce mal de vouvoyer ?
Pour toute réponse, il lui répondit par une autre question… Elle passa d’un coup en position assise serrant ses petits poings au dessus de l’édredon. Elle ne prêta même pas attention au fait qu'elle se trouvait entièrement nue devant ses yeux, alors même qu'elle en aurait fini rouge pivoine quelques jours plus tôt.…
- Mais absolument pas ! Pourquoi dites-vous pareille chose ! Je vous vouvoie parce que je vous respecte. Plus que n’importe qui et c’est ainsi que je vous le montre ! Pas en vous tutoyant comme à un enfant. C’est…terriblement…
Dégradant ? Humiliant ?
La fin de phrase s’étouffa sans qu’elle ne soit prononcée. Elle ne voulait pas le blesser. Elle sentait bien que ce n’était pas le cas pour lui, ni la vision qu’il en avait. Et parce qu’elle l’aimait plus que tout, elle respectait aussi sa vision différente…
Il avait certainement des arguments qu’elle entendrait, comme lui-même avait écouté les siens sur le mariage. Et bien sûr ils ne tardèrent pas à venir. L’un après l’autre, elle les reçut faisant son possible pour les assimiler.
Un mur qui les séparait vraiment ? Elle n’avait jamais envisagé les choses sous cet angle. Pour elle, c’était un piédestal. Et elle voulait mettre Ysengrin sur le plus beau et le plus haut de tous. Alors oui c’était peut-être un mur, mais il était sur ce mur et non derrière.
Le tutoiement, c'est la tendresse, c'est l'amitié. C'est l'égalité. C'est l'intimité. C'est … révolutionnaire !
Alors là, non. Elle n’était pas du tout d'accord mais alors pas du tout !
- Et qui a décrété que c’était ainsi mon beau roi ? Vous trouvez que je ne suis pas assez tendre avec vous peut-être ? elle se renfrogna avant d'ajouter Ce n’est certainement pas parce que l'on tutoie quelqu'un que l'on est son ami ou son égal ! Allez donc dire cela aux esclaves du domaine ! Je suis sûr qu’ils apprécieront votre point de vue sur la façon dont on s’adresse à eux ! Et l’égalité… l’égalité, on l’obtient en s'adressant uniformément à tout le monde, peu importe que l'on vouvoie ou que l'on tutoie pourvu que le traitement soit identique. C'est bien cela la définition d’égalité n'est-ce pas ?
Certe, elle s’était un peu emportée. Mais c’était tout elle ça ! Enthousiaste jusque dans ses argumentaires. Quand elle défendait son point de vue, elle défendait bec et ongles.
Même contre lui.
Même si elle pouvait le laisser gagner ensuite.
Oh bien sûr, il ne s’arrêta pas là et elle n'en attendait pas moins de lui d'ailleurs. Il renchérit aussitôt en évoquant son mari ce qui la crispa à la simple sonorité de ce groupe de mots qui signait toutes ses chaînes. Elle n’était toujours pas persuadé que tutoiement rimait avec amour.
Pour elle tutoiement il rimait avec dénigrement .
- Cela n'a rien à voir ! Vous mélangez tout. Je vouvoie mon mari parce que je suis censée lui montrer du respect et l'aimer. Je ne peux pas faire autrement. Et vraiment à choisir, c'est bien ce po… Elle ravala ses mots en se souvenant du danger et des oreilles qui rôdaient. Puis reprit à voix plus basse Lui que je tutoierai et non vous.
Non vraiment, ils avaient beau pouvoir communiquer sans parler, parfois (et ce n’était que la deuxième), leurs visions des choses s'opposaient complètement.
Tout cela pour se réunir autour de ce qui les liaient plus que toutes leurs différences :
- Moi aussi je vous aime, alors pourquoi faire tant d'affaires de quelques lettres ? Le résultat est le même non ? Je ne vous en aime pas moins parce que je vouvoie. Et je ne vous aimerai pas plus en vous tutoyant
Et pour lui prouver, elle se pencha au-dessus de son visage pour l'embrasser, ses cheveux cascadant tout autour de leurs visages.
Re: [5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
Ils avaient grandi dans des mondes différents. L'un qui primait le vouvoiement, l'autre le tutoiement. En soi, ni l'un, ni l'autre n'était mal. C'était juste des avis divergents, mais pas pour autant injustifiables. Les opinions étaient libres. Elles auraient dû l'être, du moins, mais il y avait encore et toujours ces murs qui se dressaient. Qu'importe si on tutoyait ou vouvoyait, tant qu'on choisissait.
Il ne voulait pas la persuader d'adhérer à sa manière de voir les choses – pas plus qu'elle-même voulait le faire. Il n'en avait pas le droit, et il n'en avait aucune envie. Mais confronter ses opinions, faire valoir son point de vue, était enrichissant. Encore plus avec sa belle reine.
Échanger des pommes, et vous en auriez toujours qu'une seule.
Échanger des idées, et alors, elles se multiplieraient.
Kalisha s'était redressée d'un coup dans le lit, et la couverture avait glissé contre son corps, dévoilant sa peau dénudée. Elle sembla à peine le remarquer – ou en tout cas, ne s'y arrêta pas, si occupée qu'elle était dans son plaidoyer – mais lui ne put faire autrement que d'y poser les yeux quelques secondes.
Elle était belle.
Si belle.
Il finit par relever les yeux vers elle, reprenant le fil de ses mots. Mais il ne put s'empêcher de la taquiner, en déclarant :
- Tu triches, jolie reine. Comment suis-je censé me concentrer dans ces conditions ? Et puis, en plus, les enfants, c'est merveilleux ! Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à être un enfant, au contraire !
Il avait bien compris, cependant, qu'elle n'était pas de cet avis. Qu'elle trouvait cela déplacé et irrespectueux. Mais elle ne le dit pas à voix haute. Mais déjà, elle lui tendait la perche idéale pour la taquiner à nouveau – ce dont il ne se priva pas :
- Oh, on est jamais trop tendre, enfin !
Il eut un sourire, se redressa sur un coude, et reprit :
- Non, on est pas forcément l'ami de quelqu'un, juste parce qu'on le tutoie. Mais on ne respecte pas forcément quelqu'un, même si on le vouvoie. C'est la même chose. Mais les familles les plus pauvres sont les plus soudées, et ils se tutoient entre eux ! Les rues s'embarassent moins de conventions. Quant aux esclaves... prends le problème dans l'autre sens ! Les personnes qui se sentent supérieures se font vouvoyer par leurs sulbalternes. C'est bien pour imposer une distance, non ?
Mais cela ne voulait pas dire que le débat s'arrêtait là. Il ne s'agissait pas de perdre ou de gagner, juste de développer son avis. Ce qu'elle continua, et ce qu'il fit à sa suite. Il était touché par sa remarque. Aussi touché qu'il était possible de l'être.
- Mais je ne demande pas à être respecté, moi. Les gens peuvent bien penser ce qu'ils veulent. – et ils le faisaient, puisqu'on le qualifiait de violeur et de brigand sans foi ni loi - Tout ce que je veux, c'est qu'on me laisse mener ma vie comme je le veux.
Ce qui n'était pas encore le cas – sinon, il ne serait pas obligé de jouer les dames de compagnie dans un château doré.
- Les nobles se vouvoient. Mais il n'y a guère qu'eux. Je ne suis pas noble, et je ne veux pas l'être.
Il sourit, reposa sa tête sur l'oreiller de plumes, en ajoutant enfin :
- Enfin, ma reine ! C'est évident, non ? Il faut choisir ses mots, je l'ai déjà dit ! Et à ce titre, toutes les lettres sont importantes !
Mais il n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Elle s'était penchée par dessus lui pour l'embrasser. Ses cheveux venaient encadrer son doux visage et les enveloppait dans un cocon brun, qui laissait filtrer juste un peu de lumière. Il sentait quelques mèches sur son front et contre ses joues. Il lui rendit son baiser, avec autant d'amour qu'elle, en glissant sa main contre son dos, jusqu'à la courbe de ses reins.
Il ne voulait pas la persuader d'adhérer à sa manière de voir les choses – pas plus qu'elle-même voulait le faire. Il n'en avait pas le droit, et il n'en avait aucune envie. Mais confronter ses opinions, faire valoir son point de vue, était enrichissant. Encore plus avec sa belle reine.
Échanger des pommes, et vous en auriez toujours qu'une seule.
Échanger des idées, et alors, elles se multiplieraient.
Kalisha s'était redressée d'un coup dans le lit, et la couverture avait glissé contre son corps, dévoilant sa peau dénudée. Elle sembla à peine le remarquer – ou en tout cas, ne s'y arrêta pas, si occupée qu'elle était dans son plaidoyer – mais lui ne put faire autrement que d'y poser les yeux quelques secondes.
Elle était belle.
Si belle.
Il finit par relever les yeux vers elle, reprenant le fil de ses mots. Mais il ne put s'empêcher de la taquiner, en déclarant :
- Tu triches, jolie reine. Comment suis-je censé me concentrer dans ces conditions ? Et puis, en plus, les enfants, c'est merveilleux ! Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à être un enfant, au contraire !
Il avait bien compris, cependant, qu'elle n'était pas de cet avis. Qu'elle trouvait cela déplacé et irrespectueux. Mais elle ne le dit pas à voix haute. Mais déjà, elle lui tendait la perche idéale pour la taquiner à nouveau – ce dont il ne se priva pas :
- Oh, on est jamais trop tendre, enfin !
Il eut un sourire, se redressa sur un coude, et reprit :
- Non, on est pas forcément l'ami de quelqu'un, juste parce qu'on le tutoie. Mais on ne respecte pas forcément quelqu'un, même si on le vouvoie. C'est la même chose. Mais les familles les plus pauvres sont les plus soudées, et ils se tutoient entre eux ! Les rues s'embarassent moins de conventions. Quant aux esclaves... prends le problème dans l'autre sens ! Les personnes qui se sentent supérieures se font vouvoyer par leurs sulbalternes. C'est bien pour imposer une distance, non ?
Mais cela ne voulait pas dire que le débat s'arrêtait là. Il ne s'agissait pas de perdre ou de gagner, juste de développer son avis. Ce qu'elle continua, et ce qu'il fit à sa suite. Il était touché par sa remarque. Aussi touché qu'il était possible de l'être.
- Mais je ne demande pas à être respecté, moi. Les gens peuvent bien penser ce qu'ils veulent. – et ils le faisaient, puisqu'on le qualifiait de violeur et de brigand sans foi ni loi - Tout ce que je veux, c'est qu'on me laisse mener ma vie comme je le veux.
Ce qui n'était pas encore le cas – sinon, il ne serait pas obligé de jouer les dames de compagnie dans un château doré.
- Les nobles se vouvoient. Mais il n'y a guère qu'eux. Je ne suis pas noble, et je ne veux pas l'être.
Il sourit, reposa sa tête sur l'oreiller de plumes, en ajoutant enfin :
- Enfin, ma reine ! C'est évident, non ? Il faut choisir ses mots, je l'ai déjà dit ! Et à ce titre, toutes les lettres sont importantes !
Mais il n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Elle s'était penchée par dessus lui pour l'embrasser. Ses cheveux venaient encadrer son doux visage et les enveloppait dans un cocon brun, qui laissait filtrer juste un peu de lumière. Il sentait quelques mèches sur son front et contre ses joues. Il lui rendit son baiser, avec autant d'amour qu'elle, en glissant sa main contre son dos, jusqu'à la courbe de ses reins.
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
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Date d'inscription : 17/03/2020
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Re: [5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
C’était typiquement sur ce genre de détails que leur différence de classe sociale leur bondissait sauvagement au visage. Aucun des deux n'avaient ni tout à fait tort, ni tout à fait raison. C’était simplement un point de vue différent qui éclairait la scène sous l’angle de leur propre éducation et culture. D’ailleurs si chacun d’entre eux défendait son opinion, aucun des deux ne tentait réellement de convaincre l’autre de sa bonne pratique.
Kalisha aimait ces discussions. Elle aimait débattre avec lui de tout et de rien. Et comme toujours, elle se laissait facilement emporter par son enthousiasme, ce qui ne manquait jamais de l’amuser. Là encore, elle s’était dressée dans le lit, sans prendre garde à la couverture qui avait laissé son corps nu à la vue de son beau Roi. Ce n’est que lorsqu’elle se rendit que ses yeux étaient restés bien bas quelques instants qu’elle réalisa ce qu’il se passait. Les paroles d’Ysengrin teintèrent ses joues de roses : il ne fallait pas chercher bien loin pour dénicher un peu de résistance dans son bastion vaincu de la pudeur.
- Je ne triche pas, c’est pour voir si vous suiviez ! se défendit-elle avant de se laisser tomber contre lui.
Les enfants c’étaient peut-être merveilleux mais elle ne voulait pas être un enfant. Les enfants n’étaient pas plus libres que les adultes. Sans parler du fait que sa propre enfance n’avait pas vraiment été des plus palpitantes. Sa vie d’adulte n’était peut-être pas parfaite mais elle était nettement plus intéressante à ses yeux.
Plus complexe.
Mais c’était cette complexité qui en faisait tout son charme.
Le débat n’en finissait pas et Ysengrin ne s’arrêtait plus de la taquiner à chaque fois qu’il en avait l’occasion. Elle acquiesça à son argument sur le vouvoiement chez les esclaves.
- Mais cette distance n’existe que parce qu’il existe une différence de pronom. Ce n’est pas la faute de l’un ou l’autre. Il faudrait faire comme les romains ! Un seul pronom pour tout le monde ! Cela réglerait bien notre problème n’est-ce pas ?
Leurs idées s’échangeaient sans intermède. Elle put lire dans son regard qu’il était touché par ses propos qui venaient du cœur.
- Cela ne changera jamais que, moi, je vous respecterai. La liberté c’est d’avoir le choix. Ce n’est pas une question de savoir où se trouve le mieux et le pire. Car ce que vous n’appréciez pas, un autre pourrait l’aimer.
Elle posa sa tête contre lui, souriant. C’était bien ce qu’il se passait en ce moment, d’ailleurs : lui aimait tutoyer les personnes, elle, les vouvoyait sans distinction. Chacun avait fait un choix à sa façon et pour ses raisons. Les lettres aussi étaient importantes mais certainement moins que ce qu’elle ressentait à cet instant. C’est cette conclusion qui la poussa à venir sur lui et à l’embrasser. Ses mains glissèrent le long de son dos jusqu’au creux de ses reins, laissant un délicieux frisson sur son chemin.
- Voilà qui est fort déloyal mon beau Roi ! Et vous osez m’accuser de tricher ? Comment voulez-vous que je réfléchisse convenablement en opposant de tels arguments ?
Elle avait plongé son regard rieur dans le sien et se figea un instant songeant qu’elle aurait bien prolongé la nuit un peu plus. Elle demeura un moment silencieuse à l’observer. Il était si beau avec ses yeux malicieux et ce sourire qui semblait ne jamais vouloir s’envoler. Kalisha embrassa son cou doucement avant de se laisser tomber contre lui et de lui murmurer dans le creux de l’oreille :
- Si cela est si important pour vous, je veux bien faire l’effort d’essayer de vous tutoyer. Parce que c’est vous. Et parce que je vous aime.
S’aimer, c’était aussi savoir faire des concessions pour l’autre. Même lorsque l’on avait un avis différent. Même lorsque l’on ne comprenait pas complètement l’avis de l’autre. Simplement parce que l’on avait envie de lui faire plaisir et de le rendre heureux. Et parfois cela passait par des choses aussi simples que quelques lettres de moins dans une phrase.
- Vous savez... entama-t-elle avant de se reprendre, tu sais quoi ? J’aurais voulu que cette nuit ne se finisse jamais. Je n’ai pas envie de sortir de ce lit, de vous… t’habiller et de jouer à nouveau la comédie. Aujourd’hui je n’en ai pas envie.
C’était son premier essai pour le tutoiement. Cela lui demandait un effort considérable sans parler du fait que cela sonnait étrangement dans sa bouche. Il n’y avait rien de naturel et oui, il avait raison, elle avait l’impression de briser interdit, et celui-ci avait quelque chose d’effrayant sans qu’elle ne sache vraiment pourquoi.
Kalisha aimait ces discussions. Elle aimait débattre avec lui de tout et de rien. Et comme toujours, elle se laissait facilement emporter par son enthousiasme, ce qui ne manquait jamais de l’amuser. Là encore, elle s’était dressée dans le lit, sans prendre garde à la couverture qui avait laissé son corps nu à la vue de son beau Roi. Ce n’est que lorsqu’elle se rendit que ses yeux étaient restés bien bas quelques instants qu’elle réalisa ce qu’il se passait. Les paroles d’Ysengrin teintèrent ses joues de roses : il ne fallait pas chercher bien loin pour dénicher un peu de résistance dans son bastion vaincu de la pudeur.
- Je ne triche pas, c’est pour voir si vous suiviez ! se défendit-elle avant de se laisser tomber contre lui.
Les enfants c’étaient peut-être merveilleux mais elle ne voulait pas être un enfant. Les enfants n’étaient pas plus libres que les adultes. Sans parler du fait que sa propre enfance n’avait pas vraiment été des plus palpitantes. Sa vie d’adulte n’était peut-être pas parfaite mais elle était nettement plus intéressante à ses yeux.
Plus complexe.
Mais c’était cette complexité qui en faisait tout son charme.
Le débat n’en finissait pas et Ysengrin ne s’arrêtait plus de la taquiner à chaque fois qu’il en avait l’occasion. Elle acquiesça à son argument sur le vouvoiement chez les esclaves.
- Mais cette distance n’existe que parce qu’il existe une différence de pronom. Ce n’est pas la faute de l’un ou l’autre. Il faudrait faire comme les romains ! Un seul pronom pour tout le monde ! Cela réglerait bien notre problème n’est-ce pas ?
Leurs idées s’échangeaient sans intermède. Elle put lire dans son regard qu’il était touché par ses propos qui venaient du cœur.
- Cela ne changera jamais que, moi, je vous respecterai. La liberté c’est d’avoir le choix. Ce n’est pas une question de savoir où se trouve le mieux et le pire. Car ce que vous n’appréciez pas, un autre pourrait l’aimer.
Elle posa sa tête contre lui, souriant. C’était bien ce qu’il se passait en ce moment, d’ailleurs : lui aimait tutoyer les personnes, elle, les vouvoyait sans distinction. Chacun avait fait un choix à sa façon et pour ses raisons. Les lettres aussi étaient importantes mais certainement moins que ce qu’elle ressentait à cet instant. C’est cette conclusion qui la poussa à venir sur lui et à l’embrasser. Ses mains glissèrent le long de son dos jusqu’au creux de ses reins, laissant un délicieux frisson sur son chemin.
- Voilà qui est fort déloyal mon beau Roi ! Et vous osez m’accuser de tricher ? Comment voulez-vous que je réfléchisse convenablement en opposant de tels arguments ?
Elle avait plongé son regard rieur dans le sien et se figea un instant songeant qu’elle aurait bien prolongé la nuit un peu plus. Elle demeura un moment silencieuse à l’observer. Il était si beau avec ses yeux malicieux et ce sourire qui semblait ne jamais vouloir s’envoler. Kalisha embrassa son cou doucement avant de se laisser tomber contre lui et de lui murmurer dans le creux de l’oreille :
- Si cela est si important pour vous, je veux bien faire l’effort d’essayer de vous tutoyer. Parce que c’est vous. Et parce que je vous aime.
S’aimer, c’était aussi savoir faire des concessions pour l’autre. Même lorsque l’on avait un avis différent. Même lorsque l’on ne comprenait pas complètement l’avis de l’autre. Simplement parce que l’on avait envie de lui faire plaisir et de le rendre heureux. Et parfois cela passait par des choses aussi simples que quelques lettres de moins dans une phrase.
- Vous savez... entama-t-elle avant de se reprendre, tu sais quoi ? J’aurais voulu que cette nuit ne se finisse jamais. Je n’ai pas envie de sortir de ce lit, de vous… t’habiller et de jouer à nouveau la comédie. Aujourd’hui je n’en ai pas envie.
C’était son premier essai pour le tutoiement. Cela lui demandait un effort considérable sans parler du fait que cela sonnait étrangement dans sa bouche. Il n’y avait rien de naturel et oui, il avait raison, elle avait l’impression de briser interdit, et celui-ci avait quelque chose d’effrayant sans qu’elle ne sache vraiment pourquoi.
Re: [5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
Ça avait été plus fort que lui, de poser les yeux là où il n'aurait pas dû les poser. Mais ils avaient un peu oublié la décence, de toute façon. Un peu plus, ou un peu moins... Ils n'étaient plus à ça près, après cette nuit. C'était le cas de le dire.
Pourtant, ses mots parvinrent à la faire rougir. Tout juste, mais quand même un peu. Et cela le fit sourire. Ses joues teintées de ce timide rose, propre à son visage de poupée, risquait fort de devenir sa nouvelle couleur préférée — après le vert, bien sûr !
Elle ne resta pas en reste, cependant, et répliqua, ce qui était tout à son honneur. Il eut une expression ravie quand elle se laissa aller dans ses bras.
- Et alors, ma reine ? demanda-t-il avec un air amusé. Le verdict ? Suis-je suffisamment attentif à tes yeux ? ... ou dois-je encore faire des progrès ?
Il sourit à nouveau. Le débat semblait ne jamais devoir s'épuiser d'arguments, auxquels ils acquiesçaient ou renchérissaient, en fonction de leurs avis propres sur le sujet.
Elle avait raison sur un point : les questions qu'ils se posaient n'existeraient pas s'il y avait qu'une seule manière de s'adresser aux autres. Vouvoiement ou tutoiement, mais que ce soit la même pour tout le monde — et sans distinction !
- On a toujours le choix, ma reine. Ceux qui disent qu'ils ne l'ont pas choisissent de ne pas voir les différentes possibilités et préfèrent se sentir pris au piège. Pour ne pas avoir à porter la responsabilité de leurs actes. Mais ceux-là se voilent la face.
Ce qu'il avait tendance à trouver un brin lâche. Même si leur position était délicate, les esclaves qui travaillaient en ce moment même, avaient choisi de rester. Ils auraient pu fuir, ils auraient pu faire fi du danger. Ils préféraient préserver leurs vies, un choix tout à fait compréhensible, mais cela restait un choix.
- La liberté est un choix, elle aussi. J'ai choisi de venir ici. J'aurais pu rester dans la forêt, et tant pis si on m'arrêtait. J'avais le choix. La seule chose qui limite l'ampleur de notre liberté et de notre capacité de choisir, c'est nous-même.
Même elle, aurait eu le choix de dire << non >> à son gros mari. Mais il ne le dit pas, parce qu'elle devait sûrement y penser sans son aide et qu'il ne voulait pour rien au monde la faire culpabiliser de cette décision. Et puis, au fond, c'était grâce à elle qu'ils se connaissaient à ce jour.
- Mais vous avez raison ! Ce que je n'aime pas, les autres pourraient accepter !
Ils en étaient la preuve vivante, avec leur petite conversation actuelle. Kalisha posa sa tête contre lui, avant de venir l'embrasser. Et sous ses doigts, quand il les glissa contre sa peau, il la sentit fourmiller. Elle s'en insurgea aussitôt et il se fit un malin plaisir de répondre d'un air innocent :
- Mais je vérifiais juste si tu suivais !
Elle avait plongé son regard dans le sien, et comme à chaque fois que cela se produisait, le temps sembla se suspendre. Comme si la vie alentours, les murs autour d'eux, les cloportes, la forêt absente... tout cela disparaissait, pour qu'il n'y ait plus qu'eux d'eux au monde.
Elle rompit la première leur immobilité, en venant déposer ses lèvres, douces et chaudes, dans son cou. Il resserra ses bras autour d'elle quand elle se laissa tomber contre lui.
Elle murmura tout contre son oreille, alors, quelques mots, qui eurent le don de le faire exploser de joie. Mais les mots avait un pouvoir bien à eux, un pouvoir puissant. Il couvrit son visage de petits baisers. Il n'avait rien d'autre à répondre, sinon cela et :
- Merci. Merci beaucoup.
Et vint le temps du premier essai. Imparfait, peu naturel, mais c'était ce qui en faisait son charme. Voir tous ces efforts fournis pour le faire... ça n'en rendait la chose que plus magique, que plus exceptionnelle. Il savait comprendre le cadeau qu'elle lui faisait, et pour le lui dire, il appuya son front contre le sien et ferma les yeux.
Il ne put réprimer son sourire, et répondit toujours sans ouvrir les yeux :
- Peut-être que si on demande gentiment au soleil de se recoucher encore un peu, il voudra bien le faire ?
Lui non plus n'avait pas envie de sortir de ce lit, lui non plus n'aurait jamais voulu que la nuit termine.
- Tu sais... pour rien au monde je ne voudrais être ailleurs que là avec toi.
Pour rien au monde.
Vraiment rien.
Pourtant, ses mots parvinrent à la faire rougir. Tout juste, mais quand même un peu. Et cela le fit sourire. Ses joues teintées de ce timide rose, propre à son visage de poupée, risquait fort de devenir sa nouvelle couleur préférée — après le vert, bien sûr !
Elle ne resta pas en reste, cependant, et répliqua, ce qui était tout à son honneur. Il eut une expression ravie quand elle se laissa aller dans ses bras.
- Et alors, ma reine ? demanda-t-il avec un air amusé. Le verdict ? Suis-je suffisamment attentif à tes yeux ? ... ou dois-je encore faire des progrès ?
Il sourit à nouveau. Le débat semblait ne jamais devoir s'épuiser d'arguments, auxquels ils acquiesçaient ou renchérissaient, en fonction de leurs avis propres sur le sujet.
Elle avait raison sur un point : les questions qu'ils se posaient n'existeraient pas s'il y avait qu'une seule manière de s'adresser aux autres. Vouvoiement ou tutoiement, mais que ce soit la même pour tout le monde — et sans distinction !
- On a toujours le choix, ma reine. Ceux qui disent qu'ils ne l'ont pas choisissent de ne pas voir les différentes possibilités et préfèrent se sentir pris au piège. Pour ne pas avoir à porter la responsabilité de leurs actes. Mais ceux-là se voilent la face.
Ce qu'il avait tendance à trouver un brin lâche. Même si leur position était délicate, les esclaves qui travaillaient en ce moment même, avaient choisi de rester. Ils auraient pu fuir, ils auraient pu faire fi du danger. Ils préféraient préserver leurs vies, un choix tout à fait compréhensible, mais cela restait un choix.
- La liberté est un choix, elle aussi. J'ai choisi de venir ici. J'aurais pu rester dans la forêt, et tant pis si on m'arrêtait. J'avais le choix. La seule chose qui limite l'ampleur de notre liberté et de notre capacité de choisir, c'est nous-même.
Même elle, aurait eu le choix de dire << non >> à son gros mari. Mais il ne le dit pas, parce qu'elle devait sûrement y penser sans son aide et qu'il ne voulait pour rien au monde la faire culpabiliser de cette décision. Et puis, au fond, c'était grâce à elle qu'ils se connaissaient à ce jour.
- Mais vous avez raison ! Ce que je n'aime pas, les autres pourraient accepter !
Ils en étaient la preuve vivante, avec leur petite conversation actuelle. Kalisha posa sa tête contre lui, avant de venir l'embrasser. Et sous ses doigts, quand il les glissa contre sa peau, il la sentit fourmiller. Elle s'en insurgea aussitôt et il se fit un malin plaisir de répondre d'un air innocent :
- Mais je vérifiais juste si tu suivais !
Elle avait plongé son regard dans le sien, et comme à chaque fois que cela se produisait, le temps sembla se suspendre. Comme si la vie alentours, les murs autour d'eux, les cloportes, la forêt absente... tout cela disparaissait, pour qu'il n'y ait plus qu'eux d'eux au monde.
Elle rompit la première leur immobilité, en venant déposer ses lèvres, douces et chaudes, dans son cou. Il resserra ses bras autour d'elle quand elle se laissa tomber contre lui.
Elle murmura tout contre son oreille, alors, quelques mots, qui eurent le don de le faire exploser de joie. Mais les mots avait un pouvoir bien à eux, un pouvoir puissant. Il couvrit son visage de petits baisers. Il n'avait rien d'autre à répondre, sinon cela et :
- Merci. Merci beaucoup.
Et vint le temps du premier essai. Imparfait, peu naturel, mais c'était ce qui en faisait son charme. Voir tous ces efforts fournis pour le faire... ça n'en rendait la chose que plus magique, que plus exceptionnelle. Il savait comprendre le cadeau qu'elle lui faisait, et pour le lui dire, il appuya son front contre le sien et ferma les yeux.
Il ne put réprimer son sourire, et répondit toujours sans ouvrir les yeux :
- Peut-être que si on demande gentiment au soleil de se recoucher encore un peu, il voudra bien le faire ?
Lui non plus n'avait pas envie de sortir de ce lit, lui non plus n'aurait jamais voulu que la nuit termine.
- Tu sais... pour rien au monde je ne voudrais être ailleurs que là avec toi.
Pour rien au monde.
Vraiment rien.
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
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Re: [5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
Malgré tout ce qu’il s’était passé cette nuit elle n’avait pu s’empêcher de rosir sous son regard. Etait-elle gênée d’être dénudée face à lui ? Pas vraiment. Mais voir son regard posé sur son corps était encore quelque chose de nouveau dont elle n’avait pas l’habitude. On ne pouvait pas vraiment dire que son mari en avait fait autant. Quand bien même cela aurait été le cas, elle aurait trouvé cela fort malaisant. Ce qui n’était pas le cas actuellement, face à Ysengrin. C’était juste… Etrange. Etrange de partager avec lui cette intimité.
Dans ses propres appartements.
Dans son propre lit.
Elle se laissa tomber entre ses bras, parce que oui, il avait réussi à la déstabiliser. Elle avait beau lui avoir rendu la pareille, elle s’avouait -presque- vaincue. Kalisha pouvait entendre son sourire malicieux tandis qu’il rétorquait à nouveau.
- Vous êtes attentif aux variations de l’environnement, ça oui. Toujours prêt à saisir la moindre opportunité le taquina-t-elle en laissant promener son index sur son épaule Sans parler du fait que vous avez une fâcheuse tendance à être dissipé mon charmant roi. Un vrai petit chaton jouant avec les papillons ! Vous comprendrez aisément que je m’assure d’être écoutée. Surtout après ce poème que vous m’avez fait relire
C’était à son tour d’être malicieuse, toute contenance retrouvée entre ses bras, elle s’était laissée aller, tant aux douces railleries qu’aux délicates cajoleries. Cela ne l’empêcha pas pour autant de reprendre le débat qu’ils entretenaient en le tisonnant d’arguments chacun leur tour.
La liberté. Oui, il avait parfaitement raison. On avait toujours le choix même quand on ne pensait pas l’avoir. Il fallait juste avoir le courage de s’en saisir, d’emprunter le chemin caillouteux au bord du précipice plutôt que la voie pavée. Elle aurait pu dire « Non ». Elle le savait et oui, elle y avait pensé. Son esprit le lui avait même hurlé sauvagement. Mais elle avait dit « Oui » d’un air résigné. Elle ne cesserait jamais de se demander à quoi aurait pu ressembler sa vie le cas échéant. Mais le fait était qu’elle ne l’aurait sans doute jamais rencontré. La vie était finalement comme un arbre, avec de profondes racines généalogiques et de longues branches de destinée. Pour arriver à la cime, il existait une multitude de chemins possibles, chaque embranchement menait à une autre ramure et ainsi de suite, fermant les possibilités délaissées derrière soi.
Elle se laissa aller contre lui avant de l’embrasser. Ses doigts se baladèrent jusqu’à la courbe de ses reins. Elle s’en offusqua et s’amusa de sa répartie.
- De quoi parlions-nous ? Je crois que j’ai oublié. répondit-elle candidement avant d’embrasser son cou.
Comme à chaque fois plus rien n’avait d’importance. Pas même ce débat, qui devenait soudainement futile. Pas même le risque de voir quelqu’un les surprendre. Plus ses bras resserraient leur étreinte autour de son dos, plus son monde se rétrécissaient au point de ne plus pouvoir contenir rien d’autre que leurs deux âmes. Elle avait néanmoins quelque chose d’important à lui dire, à lui murmurer pour ne pas rompre la magie de l’instant. Elle ferait l’effort, pour lui, d’adopter sa vision des choses. Il ne s’agissait que d’un mot mais il représentait tant pour lui. Si pour lui c’était un mur de plus, alors elle le pulvériserait avec tout le reste. Elle pouvait sentir toute la joie qu’il ressentait à cette si simple annonce et ne put s’empêcher de sourire largement à son tour avant de mettre en pratique cette nouvelle façon de s’adresser à lui.
Maladroitement. Il fallait le dire.
On ne rayait pas dix-sept ans de vouvoiement en une minute. Sa réponse la fit rire joyeusement.
- Je vou… te laisse lui demander alors !
Ce n’était définitivement pas naturel. Mais elle y arriverait un jour, sans jamais se reprendre. Un jour elle tutoierait sans même y penser.
Ses dernières paroles la firent frissonner et elle se lova un peu plus entre ses bras, un large sourire de plaisir accroché aux lèvres. Cette phrase voulait tout dire. Cette phrase était la plus belle des déclarations. La plus belle quand on savait à quel point, il regardait mélancoliquement par la fenêtre à la recherche de la cime de ses arbres. Elle était si belle qu’elle aurait pu en pleurer de joie.
- Je t’aime Ysengrin. répondit-elle finalement sans la moindre hésitation
Cette fois, il fallait vraiment saluer le soleil, se lever, s’habiller, redevenir Prudence et Kalisha, prendre le petit-déjeuner et… Vivre une nouvelle journée à Monthoux. Ou plus exactement matinée. Car elle devait cet après-midi se rendre à la Prévôté afin d’obtenir les informations concernant le père de Cassandre.
S’arracher à ses bras fut encore plus difficile que ce fameux matin où elle avait dû le déguiser. Habiller son beau roi lui prit au moins autant de temps que ce jour-là. Mais pas pour les mêmes raisons. Elle l’encercla entre ses bras et l’embrassa une toute dernière fois pour se donner le courage d’appeler l’esclave qui devait les servir.
Dans ses propres appartements.
Dans son propre lit.
Elle se laissa tomber entre ses bras, parce que oui, il avait réussi à la déstabiliser. Elle avait beau lui avoir rendu la pareille, elle s’avouait -presque- vaincue. Kalisha pouvait entendre son sourire malicieux tandis qu’il rétorquait à nouveau.
- Vous êtes attentif aux variations de l’environnement, ça oui. Toujours prêt à saisir la moindre opportunité le taquina-t-elle en laissant promener son index sur son épaule Sans parler du fait que vous avez une fâcheuse tendance à être dissipé mon charmant roi. Un vrai petit chaton jouant avec les papillons ! Vous comprendrez aisément que je m’assure d’être écoutée. Surtout après ce poème que vous m’avez fait relire
C’était à son tour d’être malicieuse, toute contenance retrouvée entre ses bras, elle s’était laissée aller, tant aux douces railleries qu’aux délicates cajoleries. Cela ne l’empêcha pas pour autant de reprendre le débat qu’ils entretenaient en le tisonnant d’arguments chacun leur tour.
La liberté. Oui, il avait parfaitement raison. On avait toujours le choix même quand on ne pensait pas l’avoir. Il fallait juste avoir le courage de s’en saisir, d’emprunter le chemin caillouteux au bord du précipice plutôt que la voie pavée. Elle aurait pu dire « Non ». Elle le savait et oui, elle y avait pensé. Son esprit le lui avait même hurlé sauvagement. Mais elle avait dit « Oui » d’un air résigné. Elle ne cesserait jamais de se demander à quoi aurait pu ressembler sa vie le cas échéant. Mais le fait était qu’elle ne l’aurait sans doute jamais rencontré. La vie était finalement comme un arbre, avec de profondes racines généalogiques et de longues branches de destinée. Pour arriver à la cime, il existait une multitude de chemins possibles, chaque embranchement menait à une autre ramure et ainsi de suite, fermant les possibilités délaissées derrière soi.
Elle se laissa aller contre lui avant de l’embrasser. Ses doigts se baladèrent jusqu’à la courbe de ses reins. Elle s’en offusqua et s’amusa de sa répartie.
- De quoi parlions-nous ? Je crois que j’ai oublié. répondit-elle candidement avant d’embrasser son cou.
Comme à chaque fois plus rien n’avait d’importance. Pas même ce débat, qui devenait soudainement futile. Pas même le risque de voir quelqu’un les surprendre. Plus ses bras resserraient leur étreinte autour de son dos, plus son monde se rétrécissaient au point de ne plus pouvoir contenir rien d’autre que leurs deux âmes. Elle avait néanmoins quelque chose d’important à lui dire, à lui murmurer pour ne pas rompre la magie de l’instant. Elle ferait l’effort, pour lui, d’adopter sa vision des choses. Il ne s’agissait que d’un mot mais il représentait tant pour lui. Si pour lui c’était un mur de plus, alors elle le pulvériserait avec tout le reste. Elle pouvait sentir toute la joie qu’il ressentait à cette si simple annonce et ne put s’empêcher de sourire largement à son tour avant de mettre en pratique cette nouvelle façon de s’adresser à lui.
Maladroitement. Il fallait le dire.
On ne rayait pas dix-sept ans de vouvoiement en une minute. Sa réponse la fit rire joyeusement.
- Je vou… te laisse lui demander alors !
Ce n’était définitivement pas naturel. Mais elle y arriverait un jour, sans jamais se reprendre. Un jour elle tutoierait sans même y penser.
Ses dernières paroles la firent frissonner et elle se lova un peu plus entre ses bras, un large sourire de plaisir accroché aux lèvres. Cette phrase voulait tout dire. Cette phrase était la plus belle des déclarations. La plus belle quand on savait à quel point, il regardait mélancoliquement par la fenêtre à la recherche de la cime de ses arbres. Elle était si belle qu’elle aurait pu en pleurer de joie.
- Je t’aime Ysengrin. répondit-elle finalement sans la moindre hésitation
~***~
Cette fois, il fallait vraiment saluer le soleil, se lever, s’habiller, redevenir Prudence et Kalisha, prendre le petit-déjeuner et… Vivre une nouvelle journée à Monthoux. Ou plus exactement matinée. Car elle devait cet après-midi se rendre à la Prévôté afin d’obtenir les informations concernant le père de Cassandre.
S’arracher à ses bras fut encore plus difficile que ce fameux matin où elle avait dû le déguiser. Habiller son beau roi lui prit au moins autant de temps que ce jour-là. Mais pas pour les mêmes raisons. Elle l’encercla entre ses bras et l’embrassa une toute dernière fois pour se donner le courage d’appeler l’esclave qui devait les servir.
Re: [5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
Elle était là, juste dans ses bras, tout contre lui, peau contre peau, et ça ressemblait à un rêve. Au plus merveilleux des rêves.
- Bien sûr que je suis attentif aux variations de mon environnement... surtout quand tu es là, ma belle reine. Et bien sûr que je saisirai toujours la moindre opportunité.
Elle laissa glisser son index contre son épaule, il sourit et entrelaça ses doigts avec les siens. Il rit de bon coeur, quand elle lui reprocha d'être dissipé et se pencha, pour appuyer son front contre le sien.
- Mais enfin. Je t'écoute toujours religieusement... — une pause, un sourire malicieux pour ajouter : Sauf quand je pense à autre chose ... !
Il y avait bien ce débat qui prouvait leurs différences sociales mais qu'importe. Il l'aimait comme ça, pour rien au monde il ne lui aurait demandé de changer. Au delà de cela, même, son opinion était intéressante. À l'opposé de la sienne, certes, mais elle amenait de nouvelles réflexions qu'il n'avait encore jamais exploré et qui s'annonçaient pleines de surprises. Oh qu'il l'aimait !
Ce fut à son tour, en s'embrassant, de glisser ses doigts contre sa peau. Il sourit, bien loin de retirer ses mains de là où elles étaient — à croire qu'elles étaient faites pour s'y trouver.
- Oublié ? Oh, voyons. Et tu m'accuses de ne pas être attentif ?
Il aurait pu rester des heures ainsi, à profiter de ses lèvres chaudes qui venaient se poser dans son cou. Il enfouit son nez dans ses cheveux, et inspira sa douce odeur de fleur d'oranger et de jasmin. Pour pouvoir rester plus longtemps, il aurait même demandé au soleil de se recoucher. Et plus encore. Si seulement cela avait été possible.
La faire rire était déjà le plus beau des cadeaux. Mais il avait une demande à faire, il comptait bien l'honorer. Ce fut avec un immense sourire qu'il débuta :
- Soleil, voudrais-tu bien te recoucher quelques heures encore ?
Et, sans prévenir, il posa sa main sur les yeux de Kalisha, pour la plonger dans le noir. Pour murmurer à son oreille dans un souffle :
- Tu vois, il suffit de savoir lui parler, voilà tout.
Et puis, il y eut cette phrase. Sans une hésitation. Qui sortie naturellement. Il la serra dans ses bras.
- Je t'aime, Ysengrin.
Il ferma les yeux, pour ne jamais oublier cet instant, et pouvoir s'en souvenir quand il serait un vieillard sénile :
- Je t'aime aussi, je t'aime tellement.
Le soleil ne s'était peut-être pas recouché, mais qu'importait. Ils avaient profité au maximum de chaque seconde qui leur était offerte, jusqu'au moment où ils avaient été obligés de se lever — et se s'habiller.
Une séance d'habillage particulièrement longue, mais particulièrement magique. La suite parfaite à cette nuit, et à ce réveil.
Juste avant d'appeler l'esclave qui devait les servir, Kalisha le prit dans ses bras et l'embrassa une toute dernière fois. Dernier vestige avant que la nuit s'évanouisse définitivement dans la journée, déjà bien avancée. Avant qu'elle ne recule, il murmura à son oreille :
- On y arrivera. Tous les deux. J'en suis sûr.
Pourquoi avait-il voulu dire ça, maintenant ? Il n'en savait trop rien. Nul besoin de préciser pour qu'elle comprenne ce qu'il voulait dire. Mais cela lui avait semblé important à dire, après ce dur retour à la réalité.
Ils y arriveraient.
Rien ne pourrait les en empêcher.
Puis, il la lâcha, la laissant aller quérir l'esclave, non sans laisser ses doigts s'attarder entre les siens le plus longtemps possible.
- Bien sûr que je suis attentif aux variations de mon environnement... surtout quand tu es là, ma belle reine. Et bien sûr que je saisirai toujours la moindre opportunité.
Elle laissa glisser son index contre son épaule, il sourit et entrelaça ses doigts avec les siens. Il rit de bon coeur, quand elle lui reprocha d'être dissipé et se pencha, pour appuyer son front contre le sien.
- Mais enfin. Je t'écoute toujours religieusement... — une pause, un sourire malicieux pour ajouter : Sauf quand je pense à autre chose ... !
Il y avait bien ce débat qui prouvait leurs différences sociales mais qu'importe. Il l'aimait comme ça, pour rien au monde il ne lui aurait demandé de changer. Au delà de cela, même, son opinion était intéressante. À l'opposé de la sienne, certes, mais elle amenait de nouvelles réflexions qu'il n'avait encore jamais exploré et qui s'annonçaient pleines de surprises. Oh qu'il l'aimait !
Ce fut à son tour, en s'embrassant, de glisser ses doigts contre sa peau. Il sourit, bien loin de retirer ses mains de là où elles étaient — à croire qu'elles étaient faites pour s'y trouver.
- Oublié ? Oh, voyons. Et tu m'accuses de ne pas être attentif ?
Il aurait pu rester des heures ainsi, à profiter de ses lèvres chaudes qui venaient se poser dans son cou. Il enfouit son nez dans ses cheveux, et inspira sa douce odeur de fleur d'oranger et de jasmin. Pour pouvoir rester plus longtemps, il aurait même demandé au soleil de se recoucher. Et plus encore. Si seulement cela avait été possible.
La faire rire était déjà le plus beau des cadeaux. Mais il avait une demande à faire, il comptait bien l'honorer. Ce fut avec un immense sourire qu'il débuta :
- Soleil, voudrais-tu bien te recoucher quelques heures encore ?
Et, sans prévenir, il posa sa main sur les yeux de Kalisha, pour la plonger dans le noir. Pour murmurer à son oreille dans un souffle :
- Tu vois, il suffit de savoir lui parler, voilà tout.
Et puis, il y eut cette phrase. Sans une hésitation. Qui sortie naturellement. Il la serra dans ses bras.
- Je t'aime, Ysengrin.
Il ferma les yeux, pour ne jamais oublier cet instant, et pouvoir s'en souvenir quand il serait un vieillard sénile :
- Je t'aime aussi, je t'aime tellement.
o~o~o
Le soleil ne s'était peut-être pas recouché, mais qu'importait. Ils avaient profité au maximum de chaque seconde qui leur était offerte, jusqu'au moment où ils avaient été obligés de se lever — et se s'habiller.
Une séance d'habillage particulièrement longue, mais particulièrement magique. La suite parfaite à cette nuit, et à ce réveil.
Juste avant d'appeler l'esclave qui devait les servir, Kalisha le prit dans ses bras et l'embrassa une toute dernière fois. Dernier vestige avant que la nuit s'évanouisse définitivement dans la journée, déjà bien avancée. Avant qu'elle ne recule, il murmura à son oreille :
- On y arrivera. Tous les deux. J'en suis sûr.
Pourquoi avait-il voulu dire ça, maintenant ? Il n'en savait trop rien. Nul besoin de préciser pour qu'elle comprenne ce qu'il voulait dire. Mais cela lui avait semblé important à dire, après ce dur retour à la réalité.
Ils y arriveraient.
Rien ne pourrait les en empêcher.
Puis, il la lâcha, la laissant aller quérir l'esclave, non sans laisser ses doigts s'attarder entre les siens le plus longtemps possible.
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Jeux forestiers.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alduis de Fromart / Victor Millard
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Re: [5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
C’était le plus beau des réveils. Elle pouvait même se permettre de lui rendre la monnaie de sa pièce pour avoir été dissipé lors d’une de leurs lectures. Le tout, bien au chaud contre sa peau nue. Elle lui passa son aphorisme, répondant simplement de son rire cristallin. Il était de tout façon pardonné : pour cette fois-ci, toutes les précédentes, et toutes les suivantes.
Le moins que l’on puisse dire c’est que le débat avait été animé ! Et chacun y avait sans doute trouvé des éclairages auxquels il n’aurait pas pensé de prime abord. Cela ne n’avait pas empêché Kalisha de se laisser aller contre lui, à profiter de cette intimité inespérée et nouvellement gagnée.
Elle déposait ses lèvres sur son cou, il enfouissait son nez dans ses cheveux.
Comment aurait-elle pu vouloir se trouver ailleurs ? Elle aurait tant souhaité suspendre le temps. Mais inexorablement le soleil continuer sa course jusqu’au zénith. Déjà les lueurs bleutées de l’aube avait cédé la place à celles dorées, d’une matinée ensoleillée. Sylvère lui proposa de demander au soleil de se recoucher. Il entama solennellement (et souriant) sa requête auprès de l’astre céleste sous le regard amusé de sa Reine.
Soudainement, elle se retrouva dans le noir complet. Si elle s’était attendue à cela ! Elle se mit à rires aux éclats tout en repoussant doucement sa main. Cela faisait parti de ces instants magiques où elle ne l’en aimait que plus encore ! Personne n’avait le don de la rendre aussi heureuse que lui, personne. Alors forcément c’était sorti spontanément. Je t’aime Ysengrin. Tellement que ces simples mots semblaient insignifiants en comparaison.
Mais elle n’avait que ceux-là à disposition.
Ca et tous les fourmillements qui parcouraient son corps quand elle les prononçait.
Ca et l’envie de l’embrasser à nouveau, encore et encore.
Ca et ce sentiment d’oublie qui s’emparait d’elle quand il lui répondait.
Malgré tout les efforts d’Ysengrin pour faire recoucher le soleil, ils n’avaient pas eu d’autres choix que de se lever pour affronter cette nouvelle journée qui s’offraient à eux. Oh oui, elle avait fait durer l’habillage de Prudence. Mais contrairement à la toute première fois, cela n’avait pas été une séance de torture, mais un plaisir infini.
Elle n’avait pu résister à l’embrasser, une dernière fois. A l’enlacer, pour sentir encore une fois son corps contre le sien, même si cette fois-ci une muraille de tissus les séparait.
On y arrivera. Tous les deux. J’en suis sûr
Elle n’en doutait pas. Elle opina de la tête, un petit sourire aux coins des lèvres.
Bien sûr qu’ils y arriveraient. Il y avait toujours une solution. S’il n’y en avait pas alors il n’y avait pas de problème.
Elle laissa glisser ses doigts contre les siens, faisant durer le contact jusqu’à l’ultime seconde.
L’esclave entra avec déférence et reparti aussitôt afin de chercher le repas. A son retour, c’était une petite ribambelle d’esclave qui la suivait, chacun chargé d’un plateau de différents mets. Un ballet habituel pour la Comtesse auquel, elle ne prêta guère d’importance, s’installant à table comme à son habitude.
Elle avait quasiment terminé son petit-déjeuner, lorsqu’à nouveau, on entra.
- Madame la Comtesse, un coursier a déposé cette lettre pour vous
Kalisha lui fit signe de se relever et la remercia avant de venir chercher la lettre. Etait-ce la réponse qu’elle attendait tant ? Juste avant de saisir le précieux pli du plateau, elle adressa un regard plein de sollicitude à son roi.
Elle retourna s’asseoir -sur son lit cette fois-ci-, congédiant respectueusement au passage l’esclave de service. Elle regarda aussitôt le sceau afin d’en connaitre la provenance : Djerdan.
Son cœur s’accéléra tandis qu’elle décachetait la lettre et entamait sans attendre la lecture.
Ma chère Kalisha,
Je suis plus qu’étonnée de votre lettre. La caravane de pierres a été préparée et envoyée comme d’accoutumée à la lune montante. Je me suis quand même permise de questionner mon mari qui m’a assuré que tel était bien le cas. Je ne sais de quelles oreilles vous tenez pareilles sonnettes car tout le monde sait ici que le pacte a été rompu de fait par vos manquements aux devoirs matrimoniaux envers votre époux. On dit le Roi des Monbriniens fortement courroucé envers notre Père pour avoir envoyé une pécheresse sceller cette alliance.
Je prie pour vous, ma très chère sœur. Portez-vous bien,
A chaque nouveau mot qui se murmurait dans son esprit, elle tremblait un peu plus. On aurait pu la poignarder, que la glaciale lame n’aurait pas été plus douloureuse. De cette lettre, avait bondit, furieux, l’incarnation démoniaque et revancharde de son fardeau diplomatique.
C’était donc cela. Elle était le maillon faible de ce pacte. Au fond, elle l’avait toujours su. Même sa famille la rejetait désormais. Pouvait-elle encore oser dire qu’elle était une princesse djerdanne ?
Une larme roula et s’écrasa sur le « é » de Pécheresse faisant baver l’encre. Elle ne pouvait plus retenir ses mains de trembler et lâcha la lettre qui plana un court instant avant d'atterrir sur le tapis.
Une cascade de larmes se déversa silencieusement de ses yeux vides.
Le moins que l’on puisse dire c’est que le débat avait été animé ! Et chacun y avait sans doute trouvé des éclairages auxquels il n’aurait pas pensé de prime abord. Cela ne n’avait pas empêché Kalisha de se laisser aller contre lui, à profiter de cette intimité inespérée et nouvellement gagnée.
Elle déposait ses lèvres sur son cou, il enfouissait son nez dans ses cheveux.
Comment aurait-elle pu vouloir se trouver ailleurs ? Elle aurait tant souhaité suspendre le temps. Mais inexorablement le soleil continuer sa course jusqu’au zénith. Déjà les lueurs bleutées de l’aube avait cédé la place à celles dorées, d’une matinée ensoleillée. Sylvère lui proposa de demander au soleil de se recoucher. Il entama solennellement (et souriant) sa requête auprès de l’astre céleste sous le regard amusé de sa Reine.
Soudainement, elle se retrouva dans le noir complet. Si elle s’était attendue à cela ! Elle se mit à rires aux éclats tout en repoussant doucement sa main. Cela faisait parti de ces instants magiques où elle ne l’en aimait que plus encore ! Personne n’avait le don de la rendre aussi heureuse que lui, personne. Alors forcément c’était sorti spontanément. Je t’aime Ysengrin. Tellement que ces simples mots semblaient insignifiants en comparaison.
Mais elle n’avait que ceux-là à disposition.
Ca et tous les fourmillements qui parcouraient son corps quand elle les prononçait.
Ca et l’envie de l’embrasser à nouveau, encore et encore.
Ca et ce sentiment d’oublie qui s’emparait d’elle quand il lui répondait.
~***~
Malgré tout les efforts d’Ysengrin pour faire recoucher le soleil, ils n’avaient pas eu d’autres choix que de se lever pour affronter cette nouvelle journée qui s’offraient à eux. Oh oui, elle avait fait durer l’habillage de Prudence. Mais contrairement à la toute première fois, cela n’avait pas été une séance de torture, mais un plaisir infini.
Elle n’avait pu résister à l’embrasser, une dernière fois. A l’enlacer, pour sentir encore une fois son corps contre le sien, même si cette fois-ci une muraille de tissus les séparait.
On y arrivera. Tous les deux. J’en suis sûr
Elle n’en doutait pas. Elle opina de la tête, un petit sourire aux coins des lèvres.
Bien sûr qu’ils y arriveraient. Il y avait toujours une solution. S’il n’y en avait pas alors il n’y avait pas de problème.
Elle laissa glisser ses doigts contre les siens, faisant durer le contact jusqu’à l’ultime seconde.
L’esclave entra avec déférence et reparti aussitôt afin de chercher le repas. A son retour, c’était une petite ribambelle d’esclave qui la suivait, chacun chargé d’un plateau de différents mets. Un ballet habituel pour la Comtesse auquel, elle ne prêta guère d’importance, s’installant à table comme à son habitude.
Elle avait quasiment terminé son petit-déjeuner, lorsqu’à nouveau, on entra.
- Madame la Comtesse, un coursier a déposé cette lettre pour vous
Kalisha lui fit signe de se relever et la remercia avant de venir chercher la lettre. Etait-ce la réponse qu’elle attendait tant ? Juste avant de saisir le précieux pli du plateau, elle adressa un regard plein de sollicitude à son roi.
Elle retourna s’asseoir -sur son lit cette fois-ci-, congédiant respectueusement au passage l’esclave de service. Elle regarda aussitôt le sceau afin d’en connaitre la provenance : Djerdan.
Son cœur s’accéléra tandis qu’elle décachetait la lettre et entamait sans attendre la lecture.
Ma chère Kalisha,
Je suis plus qu’étonnée de votre lettre. La caravane de pierres a été préparée et envoyée comme d’accoutumée à la lune montante. Je me suis quand même permise de questionner mon mari qui m’a assuré que tel était bien le cas. Je ne sais de quelles oreilles vous tenez pareilles sonnettes car tout le monde sait ici que le pacte a été rompu de fait par vos manquements aux devoirs matrimoniaux envers votre époux. On dit le Roi des Monbriniens fortement courroucé envers notre Père pour avoir envoyé une pécheresse sceller cette alliance.
Je prie pour vous, ma très chère sœur. Portez-vous bien,
Dayana Al’Saaffyr,
Princesse de Djerdan,
Princesse de Djerdan,
:copyright: sobade.
A chaque nouveau mot qui se murmurait dans son esprit, elle tremblait un peu plus. On aurait pu la poignarder, que la glaciale lame n’aurait pas été plus douloureuse. De cette lettre, avait bondit, furieux, l’incarnation démoniaque et revancharde de son fardeau diplomatique.
… Par vos manquements aux devoirs matrimoniaux…
C’était donc cela. Elle était le maillon faible de ce pacte. Au fond, elle l’avait toujours su. Même sa famille la rejetait désormais. Pouvait-elle encore oser dire qu’elle était une princesse djerdanne ?
Une larme roula et s’écrasa sur le « é » de Pécheresse faisant baver l’encre. Elle ne pouvait plus retenir ses mains de trembler et lâcha la lettre qui plana un court instant avant d'atterrir sur le tapis.
Une cascade de larmes se déversa silencieusement de ses yeux vides.
Re: [5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
Comment tout avait-il pu basculer aussi vite ? Ce matin avait été merveilleux. Quelques secondes plus tôt encore, elle riait, elle rayonnait de joie, elle pétillait. Elle était heureuse.
Il avait suffit d'une lettre. D'une malheureuse lettre, apportée par la petite esclave, juste après le petit-déjeuner. Pourtant, avant de l'ouvrir, Kalisha avait eu l'air pleine d'espoir, comme si elle attendait cette réponse depuis longtemps. Elle lui avait lancé ce regard brillant, rempli de sollicitude.
Que s'était-il passé ?
Qu'avait-il manqué ?
Qu'avait-elle bien pu lire ? Quels mots avaient été tracés sur ce papier velin ? Les mots... Les mots pouvaient être les meilleurs amis, comme les pires ennemis.
Et elle était là. Tremblante. Larmoyante. Elle s'était comme figée dans le temps, elle ne bougeait plus, elle fixait cette lettre entre ses doigts. Lui, était resté debout. Il la regardait, essayait de comprendre. Elle lâcha soudainement la lettre, qui plana comme une plume, avant de s'écraser sur le tapis.
Les digues qui retenaient le reste de ses larmes cédèrent alors. Ce ne fut plus une ou deux, mais un torrent. Il lui lança un regard inquiet, avant de se baisser pour reprendre la lettre. Il la lut à toute vitesse, et il ne lui fallut que quelques lignes pour comprendre ce qui avait pu mettre sa belle reine dans cet état.
Manquer aux devoirs matrimoniaux avec l'autre gros porc ? Et puis quoi encore ? Il pouvait attester, lui, ce qu'il en était ! Qu'elle s'y acquittait bien. Il resserra les doigts autour de la lettre, la laissa retomber par terre. S'il avait pu, il lui aurait fait avaler ce papier et ses mots cruels, à cette Dayana.
Il couvrit la distance entre lui et Kalisha en trois grandes enjambées et s'accroupit devant elle. Il prit ses mains dans les siennes, les serra doucement, et plongea ses yeux au fond de ses prunelles. Les larmes continuaient de glisser sur ses joues, flot infini.
- Kalisha, regarde-moi.
C'était peut-être la première fois qu'il l'appelait par son prénom. Jusqu'à présent, ça avait toujours été ma belle reine, ou n'importe quel surnom royal dans le même genre. Mais cette fois, ça lui était venu naturellement. Certainement une autre barrière qui tombait. Il attendit qu'elle le regarde effectivement, à travers ses larmes, pour reprendre, d'une voix ferme.
- Tu n'as rien à te reprocher. Rien du tout. Ce n'est pas ta faute si on t'a mariée à cet espèce de gros lard plein de soupe qui ressemble, de face, à un porc de dos ! Tu remplis ton devoir d'épouse. Qu'est-ce que tu devrais faire de plus ? Jouer les époux aussi ? Jusqu'à preuve du contraire, un enfant se fait à deux !
Il leva les mains, pour prendre son visage entre ses paumes et essuya doucement, tout doucement, les larmes qui continuaient de couler.
- Ils ne méritent pas tes larmes. Aucun d'eux. Ni cette grosse limace feignasse, ni cette pimbêche qui parle sans savoir.
Il fit une pause, réalisa ce qu'il venait de dire et... soudain, s'exclama :
- Oh ! Surtout ne dis pas à Cassandre que j'ai dit ça ! Elle en profiterait.
Il soupira. Vint s'asseoir à côté d'elle, la prit dans ses bras et reprit :
- Regarde, on a passé une nuit merveilleuse, n'est-ce pas ? Ne les laisse pas te priver de ça. S'il te plaît, Kalisha.
Il la berça, presque inconsciemment. Il avait fini de s'exprimer, et c'était désormais libre à elle de garder le silence ou de se confier. Quel que soit son choix, il serait là. Et s'il avait pu, il aurait pris à charge tout ce chagrin qui s'était abattu sur lui pour retirer ce poids de son coeur.
Il avait suffit d'une lettre. D'une malheureuse lettre, apportée par la petite esclave, juste après le petit-déjeuner. Pourtant, avant de l'ouvrir, Kalisha avait eu l'air pleine d'espoir, comme si elle attendait cette réponse depuis longtemps. Elle lui avait lancé ce regard brillant, rempli de sollicitude.
Que s'était-il passé ?
Qu'avait-il manqué ?
Qu'avait-elle bien pu lire ? Quels mots avaient été tracés sur ce papier velin ? Les mots... Les mots pouvaient être les meilleurs amis, comme les pires ennemis.
Et elle était là. Tremblante. Larmoyante. Elle s'était comme figée dans le temps, elle ne bougeait plus, elle fixait cette lettre entre ses doigts. Lui, était resté debout. Il la regardait, essayait de comprendre. Elle lâcha soudainement la lettre, qui plana comme une plume, avant de s'écraser sur le tapis.
Les digues qui retenaient le reste de ses larmes cédèrent alors. Ce ne fut plus une ou deux, mais un torrent. Il lui lança un regard inquiet, avant de se baisser pour reprendre la lettre. Il la lut à toute vitesse, et il ne lui fallut que quelques lignes pour comprendre ce qui avait pu mettre sa belle reine dans cet état.
Manquer aux devoirs matrimoniaux avec l'autre gros porc ? Et puis quoi encore ? Il pouvait attester, lui, ce qu'il en était ! Qu'elle s'y acquittait bien. Il resserra les doigts autour de la lettre, la laissa retomber par terre. S'il avait pu, il lui aurait fait avaler ce papier et ses mots cruels, à cette Dayana.
Il couvrit la distance entre lui et Kalisha en trois grandes enjambées et s'accroupit devant elle. Il prit ses mains dans les siennes, les serra doucement, et plongea ses yeux au fond de ses prunelles. Les larmes continuaient de glisser sur ses joues, flot infini.
- Kalisha, regarde-moi.
C'était peut-être la première fois qu'il l'appelait par son prénom. Jusqu'à présent, ça avait toujours été ma belle reine, ou n'importe quel surnom royal dans le même genre. Mais cette fois, ça lui était venu naturellement. Certainement une autre barrière qui tombait. Il attendit qu'elle le regarde effectivement, à travers ses larmes, pour reprendre, d'une voix ferme.
- Tu n'as rien à te reprocher. Rien du tout. Ce n'est pas ta faute si on t'a mariée à cet espèce de gros lard plein de soupe qui ressemble, de face, à un porc de dos ! Tu remplis ton devoir d'épouse. Qu'est-ce que tu devrais faire de plus ? Jouer les époux aussi ? Jusqu'à preuve du contraire, un enfant se fait à deux !
Il leva les mains, pour prendre son visage entre ses paumes et essuya doucement, tout doucement, les larmes qui continuaient de couler.
- Ils ne méritent pas tes larmes. Aucun d'eux. Ni cette grosse limace feignasse, ni cette pimbêche qui parle sans savoir.
Il fit une pause, réalisa ce qu'il venait de dire et... soudain, s'exclama :
- Oh ! Surtout ne dis pas à Cassandre que j'ai dit ça ! Elle en profiterait.
Il soupira. Vint s'asseoir à côté d'elle, la prit dans ses bras et reprit :
- Regarde, on a passé une nuit merveilleuse, n'est-ce pas ? Ne les laisse pas te priver de ça. S'il te plaît, Kalisha.
Il la berça, presque inconsciemment. Il avait fini de s'exprimer, et c'était désormais libre à elle de garder le silence ou de se confier. Quel que soit son choix, il serait là. Et s'il avait pu, il aurait pris à charge tout ce chagrin qui s'était abattu sur lui pour retirer ce poids de son coeur.
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
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Re: [5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
Quelques lettres noircies avaient suffi à faire voler en éclats tout le bonheur qu’elle avait pu ressentir depuis qu’elle avait ouvert les yeux. Elle tenait toujours son courrier, les yeux fixées sur quelques mots bien particuliers comme devoir, faute, matrimonial ou encore pécheresse. Quelques larmes s’écoulaient. L’une d’entre elles s’écrasa silencieusement sur le papier. Elle vit l’encre se diluer dans la goutte, mélangeant les quelques lettres voisines dans un nuage sombre. Kalisha releva la tête et ses doigts lâchèrent malgré elle la lettre qui vola jusqu’au sol.
Elle tremblait. Elle avait même oublié la présence silencieuse de Sylvère. Il n’y avait plus que le vide. Le vide et cette atroce sensation dans sa poitrine qui l’oppressait. Les idées se bousculaient, confuses dans son esprit tandis que les larmes affluèrent sans pouvoir les retenir.
Une douce chaleur enveloppa ses mains qui semblaient tenir un courrier invisible.
- Kalisha, regarde-moi.
Elle aurait voulu se cacher. Il ne méritait pas de la voir si triste et désœuvrée. Elle s’en voulait tellement, tellement de pleurer devant lui. Il devait être si affligé. Elle aurait dû se lever et quitter cette pièce mais elle ne pouvait ignorer sa voix à la fois inquiète et impérieuse.
Elle baissa lentement la tête vers son visage. Sa mémoire complétait les traits familiers que ses yeux ne parvenaient plus à distinguer derrière le rideau nébuleux que formait sa cascade de larmes.
- Ce n’est pas ta faute si on t’a mariée à cet espèce de gros lard plein de soupe qui ressemble de face à un porc de dos !
- Tu remplis ton devoir d’épouse. Qu’est-ce que tu devrais pu faire de plus ?
Ses lèvres tremblotaient. Elle sentit des mains réconfortantes autour de ses joues et ferma les yeux comme si cela pouvait refermer les vannes. Des rivières de khôl traversaient désormais les collines d’ordinaires rosées de ses joues.
- Ils ne méritent pas tes larmes.
- Oh ! Surtout ne dis pas à Cassandre que j’ai dit ça !
Malgré elle, elle esquissa un petit sourire triste. Comment pouvait-il parvenir à la faire sourire même dans ses moments-là. Il vint finalement s’asseoir à côté d’elle et la prit dans ses bras.
- Regarde, on a passé une nuit merveilleuse n’est-ce pas ?
Elle hocha la tête. C’était une nuit fabuleuse. Mais la seule chose qu’elle voyait actuellement, c’est qu’elle était désormais bel et bien coupable des chefs d’accusations qu’on lui reprochait. Elle se laissa aller dans ses bras, enfouissant sa tête dans son cou. Elle avait envie de fuir, loin, loin de tout cela. Mais elle ne parvenait pas s’arracher à cette étreinte si douce qui l’enveloppait désormais.
Je.. Je…
Elle voulait s’excuser mais elle n’arrivait pas à articuler quoi que ce soit entre les sanglots qui la secouait toujours. Elle se contenta de le serrer plus fort encore pour qu’il sache que malgré tout, elle était heureuse qu’il soit là, à ses côtés.
Kalisha se laissa aller à son chagrin plusieurs minutes durant avant que ses yeux asséchés ne puissent plus fournir la moindre larme supplémentaire.
Je lui ai quand même menti. Personne ne devrait avoir à subir un mensonge. Personne.
Elle avait finalement réussi à articuler quelques mots, la tête toujours posée contre son épaule. Le poids du mensonge était presque plus lourd que celui d’avoir manqué à son devoir. Pourtant, et c’était là, le paradoxe : elle ne regrettait rien.
- Je veux qu’on parte. Je veux qu’on parte loin d’ici. Je ne pourrais jamais retourné à Djerdan et Monbrina ne voudra jamais de nous.
Même dans les bois, ils ne seraient jamais à l’abri. On n’aurait de cesse de les harceler, jusqu’à leur mort. Cette perspective la glaça jusqu’à la faire frissonner.
Elle n’avait nul part où aller si ce n’était dans ses bras qui la serrait toujours fortement.
Elle tremblait. Elle avait même oublié la présence silencieuse de Sylvère. Il n’y avait plus que le vide. Le vide et cette atroce sensation dans sa poitrine qui l’oppressait. Les idées se bousculaient, confuses dans son esprit tandis que les larmes affluèrent sans pouvoir les retenir.
Une douce chaleur enveloppa ses mains qui semblaient tenir un courrier invisible.
- Kalisha, regarde-moi.
Elle aurait voulu se cacher. Il ne méritait pas de la voir si triste et désœuvrée. Elle s’en voulait tellement, tellement de pleurer devant lui. Il devait être si affligé. Elle aurait dû se lever et quitter cette pièce mais elle ne pouvait ignorer sa voix à la fois inquiète et impérieuse.
Elle baissa lentement la tête vers son visage. Sa mémoire complétait les traits familiers que ses yeux ne parvenaient plus à distinguer derrière le rideau nébuleux que formait sa cascade de larmes.
- Ce n’est pas ta faute si on t’a mariée à cet espèce de gros lard plein de soupe qui ressemble de face à un porc de dos !
Oui, mais j’aurais pu et dû refuser. Vous le savez très bien, qu’on a toujours le choix.
- Tu remplis ton devoir d’épouse. Qu’est-ce que tu devrais pu faire de plus ?
Assumer ? On peut toujours en faire plus. Un jour, ils découvriront et ce jour là... J’en serai réellement la cause.
Ses lèvres tremblotaient. Elle sentit des mains réconfortantes autour de ses joues et ferma les yeux comme si cela pouvait refermer les vannes. Des rivières de khôl traversaient désormais les collines d’ordinaires rosées de ses joues.
- Ils ne méritent pas tes larmes.
Même les innocents qui vont périr ?
Elle repensa soudainement à son retour au château, lorsque le Comte l’avait accueilli avec un presque soulagement et qui avait été si complaisant à son égard en écoutant son mensonge éhonté. Elle avait abusé de sa confiance et c’était certainement la pire des choses. Il n’était peut-être pas le mari idéal, mais elle n’était pas non plus entièrement innocente.- Oh ! Surtout ne dis pas à Cassandre que j’ai dit ça !
Malgré elle, elle esquissa un petit sourire triste. Comment pouvait-il parvenir à la faire sourire même dans ses moments-là. Il vint finalement s’asseoir à côté d’elle et la prit dans ses bras.
- Regarde, on a passé une nuit merveilleuse n’est-ce pas ?
Elle hocha la tête. C’était une nuit fabuleuse. Mais la seule chose qu’elle voyait actuellement, c’est qu’elle était désormais bel et bien coupable des chefs d’accusations qu’on lui reprochait. Elle se laissa aller dans ses bras, enfouissant sa tête dans son cou. Elle avait envie de fuir, loin, loin de tout cela. Mais elle ne parvenait pas s’arracher à cette étreinte si douce qui l’enveloppait désormais.
Je.. Je…
Elle voulait s’excuser mais elle n’arrivait pas à articuler quoi que ce soit entre les sanglots qui la secouait toujours. Elle se contenta de le serrer plus fort encore pour qu’il sache que malgré tout, elle était heureuse qu’il soit là, à ses côtés.
Kalisha se laissa aller à son chagrin plusieurs minutes durant avant que ses yeux asséchés ne puissent plus fournir la moindre larme supplémentaire.
Je lui ai quand même menti. Personne ne devrait avoir à subir un mensonge. Personne.
Elle avait finalement réussi à articuler quelques mots, la tête toujours posée contre son épaule. Le poids du mensonge était presque plus lourd que celui d’avoir manqué à son devoir. Pourtant, et c’était là, le paradoxe : elle ne regrettait rien.
- Je veux qu’on parte. Je veux qu’on parte loin d’ici. Je ne pourrais jamais retourné à Djerdan et Monbrina ne voudra jamais de nous.
Même dans les bois, ils ne seraient jamais à l’abri. On n’aurait de cesse de les harceler, jusqu’à leur mort. Cette perspective la glaça jusqu’à la faire frissonner.
Elle n’avait nul part où aller si ce n’était dans ses bras qui la serrait toujours fortement.
Re: [5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
Il savait ce qu'elle pensait. Elle avait dit „oui“ quand elle aurait pu dire „non“. Elle avait eu le choix, parce que tout le monde l'avait. Il soupira, garda le silence quelques secondes puis remarqua finalement :
- Il ne faut pas regarder nos choix passés avec nos visions présentes. Sinon, comment les comprendre ? Si tu devais revivre cette journée, aujourd'hui, tu aurais peut-être le courage de dire non. Mais il y a quelques mois ? quand tu ne connaissais pas encore ton mari ? que tu débarquais dans un monde qui t'était inconnu ?
Revenir sur ses choix était impossible. Il fallait les accepter et aller de l'avant. Construire autour d'eux un futur qui tienne la route, prendre de nouvelles décisions. Quelqu'un se définissait davantage par ses actions futures que passées. Parce que celles qui n'étaient pas encore prises, justement, pouvaient encore être modifiées. Tant que rien n'était acté, tout était possible.
Et il y avait tout le loisir, alors, de changer.
- Tu n'as plus d'influence sur le passé. Mais tu en as encore sur le futur. Alors concentre-toi sur les prochains que tu devras faire, pour que ce soient ceux qui te rendront heureuse.
Les lèvres de la jeune femme continuaient de trembler, les larmes continuaient de dévaler ses joues. Elles laissaient de grands sillages noirs derrière elles. Et chacune d'elle, qu'il voyait poursuivre leur course dans son cou – quand elles parvenaient à passer le barage de ses doigts sur ses joues – était comme une goutte d'acide sur son coeur. Il ne se sentait pas souvent désarmé, mais cette fois-ci en faisait incontestablement partie. Qu'aurait-il pu faire, contre ces larmes ? contre cette douleur qui se lisait dans ses yeux, qui se devinait dans les sillons de khôl ?
Et pourtant... il parvint malgré tout à lui tirer un sourire. Un sourire triste, un sourire esquissé à travers ses yeux larmoyants, mais tout faible qu'il fut, il en restait un malgré tout. Telle une petite lumière au bout d'un couloir sombre.
Après une telle nuit, comment le reste de la matinée pouvait-il se terminer dans un bain de larmes ? Elle était là, entre ses bras, sanglotante, mais elle était là. Elle le serrait contre elle, et c'était tout ce qui comptait.
Il resta silencieux longtemps, la garda simplement dans ses bras. Parfois les mots étaient inutiles, parfois il valait mieux garder le silence et attendre que l'orage passe. Parce que, même si une tempête faisait rage, le soleil était toujours quelque part derrière. Et venait un moment où le ciel n'avait plus assez d'eau à faire tomber. Comme les yeux de Kalisha arrivaient à court de larmes à verser. Enfin, elle put parler :
- Je lui ai quand même menti.
Et alors ? Comment lui en vouloir ? Un mensonge... qu'est-ce que cela était ? Il avait passé sa vie à mentir, à des inconnus, à ses propres parents... C'était ce qu'il faisait en cet instant même, à se faire passer pour une dame de compagnie pieuse ! Au fond, les mensonges n'étaient souvent qu'une véritée arrangée. Mais il ne sut commment répondre à cela.
Le poids sur les épaules de sa belle reine était bel et bien là. La culpabilité d'avoir menti à un mari qui se préoccupait davantage de la santé de ses lévriers que de celle de sa femme... Que répondre à cela ? Et il eut soudain cette affirmation, qui le laissa un moment surpris tant elle tomba brusquement, sans préambule qui aurait pu le préparer à de tels mots :
- Je veux qu'on parte. Je veux qu'on parte loin d'ici.
Cela le destabilisa tellement que tout ce qu'il put faire, ce fut secouer la tête, un mouvement plein d'impuissance parce qu'il avait conscience, lui aussi, de la fatalité qui pesait au-dessus de leurs têtes. On ne les laisserait pas en paix. Pas tant qu'ils seraient ici. En manque de mots, il articula simplement, après s'être râclé la gorge :
- Où ?
- Tu ne peux pas disparaître comme cela... Ils nous chercheraient. Et ils finiraient par nous trouver.
Parce qu'ils savaient traquer, dans cet empire.
- Il nous faudrait mourir tous les deux, disparaître de leurs yeux. Purement et simplement. Personne ne poursuit des gens qui n'existent pas.
- Il ne faut pas regarder nos choix passés avec nos visions présentes. Sinon, comment les comprendre ? Si tu devais revivre cette journée, aujourd'hui, tu aurais peut-être le courage de dire non. Mais il y a quelques mois ? quand tu ne connaissais pas encore ton mari ? que tu débarquais dans un monde qui t'était inconnu ?
Revenir sur ses choix était impossible. Il fallait les accepter et aller de l'avant. Construire autour d'eux un futur qui tienne la route, prendre de nouvelles décisions. Quelqu'un se définissait davantage par ses actions futures que passées. Parce que celles qui n'étaient pas encore prises, justement, pouvaient encore être modifiées. Tant que rien n'était acté, tout était possible.
Et il y avait tout le loisir, alors, de changer.
- Tu n'as plus d'influence sur le passé. Mais tu en as encore sur le futur. Alors concentre-toi sur les prochains que tu devras faire, pour que ce soient ceux qui te rendront heureuse.
Les lèvres de la jeune femme continuaient de trembler, les larmes continuaient de dévaler ses joues. Elles laissaient de grands sillages noirs derrière elles. Et chacune d'elle, qu'il voyait poursuivre leur course dans son cou – quand elles parvenaient à passer le barage de ses doigts sur ses joues – était comme une goutte d'acide sur son coeur. Il ne se sentait pas souvent désarmé, mais cette fois-ci en faisait incontestablement partie. Qu'aurait-il pu faire, contre ces larmes ? contre cette douleur qui se lisait dans ses yeux, qui se devinait dans les sillons de khôl ?
Et pourtant... il parvint malgré tout à lui tirer un sourire. Un sourire triste, un sourire esquissé à travers ses yeux larmoyants, mais tout faible qu'il fut, il en restait un malgré tout. Telle une petite lumière au bout d'un couloir sombre.
Après une telle nuit, comment le reste de la matinée pouvait-il se terminer dans un bain de larmes ? Elle était là, entre ses bras, sanglotante, mais elle était là. Elle le serrait contre elle, et c'était tout ce qui comptait.
Il resta silencieux longtemps, la garda simplement dans ses bras. Parfois les mots étaient inutiles, parfois il valait mieux garder le silence et attendre que l'orage passe. Parce que, même si une tempête faisait rage, le soleil était toujours quelque part derrière. Et venait un moment où le ciel n'avait plus assez d'eau à faire tomber. Comme les yeux de Kalisha arrivaient à court de larmes à verser. Enfin, elle put parler :
- Je lui ai quand même menti.
Et alors ? Comment lui en vouloir ? Un mensonge... qu'est-ce que cela était ? Il avait passé sa vie à mentir, à des inconnus, à ses propres parents... C'était ce qu'il faisait en cet instant même, à se faire passer pour une dame de compagnie pieuse ! Au fond, les mensonges n'étaient souvent qu'une véritée arrangée. Mais il ne sut commment répondre à cela.
Le poids sur les épaules de sa belle reine était bel et bien là. La culpabilité d'avoir menti à un mari qui se préoccupait davantage de la santé de ses lévriers que de celle de sa femme... Que répondre à cela ? Et il eut soudain cette affirmation, qui le laissa un moment surpris tant elle tomba brusquement, sans préambule qui aurait pu le préparer à de tels mots :
- Je veux qu'on parte. Je veux qu'on parte loin d'ici.
Partir.
Cela le destabilisa tellement que tout ce qu'il put faire, ce fut secouer la tête, un mouvement plein d'impuissance parce qu'il avait conscience, lui aussi, de la fatalité qui pesait au-dessus de leurs têtes. On ne les laisserait pas en paix. Pas tant qu'ils seraient ici. En manque de mots, il articula simplement, après s'être râclé la gorge :
- Où ?
Où irions-nous ?
- Tu ne peux pas disparaître comme cela... Ils nous chercheraient. Et ils finiraient par nous trouver.
Parce qu'ils savaient traquer, dans cet empire.
- Il nous faudrait mourir tous les deux, disparaître de leurs yeux. Purement et simplement. Personne ne poursuit des gens qui n'existent pas.
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
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Re: [5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
Elle ne répondit rien mais elle écoutait chaque parole qu'il prononçait, elle les laissait cheminer du pavillon de son oreille jusqu'à son cœur. Et aujourd'hui, est-ce qu'elle aurait le courage de dire Non? Oui car il était là. Mais sans lui, elle redirait certainement Oui. Car il était celui qui lui donnait le courage de dépasser les limites. Sans lui, elle se serait sans doute contenter de survivre au lieu de vivre. Elle acquiesça lentement à ces mots sur le futur. Elle le savait qu'il avait raison. Et le futur... Le futur était encore si instable, si incertain... C'était comme marcher sur des oeufs. Les coquilles pouvaient se briser d'un instant à l'autre sans qu'elle ne puisse le savoir.
Un jour peut-être que la maréchaussée débarquerait ici, dans sa chambre, pour l'emmener loin d'elle. Qui pouvait savoir?
Chaque choix qu'elle faisait, chaque idée qu'elle avait n'était que dans l'unique but de le sauvegarder. Les choix qui la rendraient heureuse… Comment le savoir quand on ignorait de quoi demain serait fait ? La solution avait l'air fort simple de prime abord, mais plus elle creusait, plus elle paraissait s'enliser.
Elle le serra aussi fort qu'elle pouvait contre elle car c’était le seul message qu'elle parvenait à lui faire passer tandis qu'elle sanglotait toujours et que ses joues se zébraient un peu plus de noir à chaque nouvelle larme qui s’écoulait. Lorsqu'elle put enfin reprendre la parole ce fut pour lui avouer ce qui la chagriner depuis leur rencontre. Elle avait menti à son mari. Continuellement depuis qu'elle était rentrée. Lui croyait sincèrement qu'elle faisait tout son possible pour tenir à flots ce mariage qui l’enchaînait. Elle l'avait trompé. Vraiment trompé. Elle se fichait pas mal d'aller en enfer mais aussi indifférent soit-il méritait-il de souffrir d'un mensonge ? Les mensonges finissait toujours par blesser lorsque la vérité éclatait comme une bulle de verre. Sylvère ne répondit rien. Il ne devait sans doute songer que ce n’était pas si grave puisque lui-même le faisait sans arrêt mais elle ne parvenait pas à s’enlever cette culpabilité qui flottait tel un spectre au dessus de sa tête.
Elle l’aurait voulu partir. Loin. Loin de tout cela et vivre sans mensonge et sans problème. Elle se rendit bien vite compte de l’absurde naïveté de sa remarque lorsque Sylvère lui demanda où.
- Je ne sais pas… Je sais c'est bête, je suis désolée…
Évidemment qu'elle ne pouvait disparaître comme ça… Elle n'avait passé que quelques jours en forêt et les rumeurs les plus folles avaient circulé sans parler du fait que les autorités avaient été mandatées pour la retrouver.
Et ils finiraient par nous trouver.
Ses paroles sonnèrent comme le glas. On les traquerait. On les pourchasserait. Où qu’ils soient, où qu’ils aillent. Et quand on les débusquerait ce serait terminé. Elle ferma les yeux tandis qu’il évoquait l’idée de partager ensemble leur fausse mort. Faire disparaitre une personne c’était une chose mais deux ? Est-ce qu’onne risquerait pas de la reconnaître ? Et puis cela signifiait tirer un trait complet sur son ancienne vie. Pour lui c’était si simple. Pour elle, nettement moins. Que ferait -elle ? Elle ne savait rien faire si ce n’était exister. Et si quelque chose arriver alors elle ne pourrait plus l'aider…
- Je ne pense pas être prête pour cela. Tant que je pourrais plus vous aider d’où je suis, je ne pourrais pas tout abandonner
Et puis au fond, elle devait bien admettre qu'elle appréciait certains aspects de sa vie. Surtout depuis qu'il était là ! Elle se baissa pour ramasser la lettre, qu'elle relut. Sans tressaillir cette fois-ci.
Les mots s’écoulèrent autour d'elle sans jamais pénétrer sa chair. Elle resta un instant silencieuse, pesant chaque mot avant de déclarer :
- Je dois voir le Premier Conseiller. Il doit lire cette lettre. elle leva ses yeux inquiets vers lui Ils n’ont pas rompu le pacte vous avez vu ? Tout a été envoyé en temps et en heure. Elle ne put s’empêcher de frémir Il s'est passé quelque chose…
C’était un peu gênant de faire lire cette lettre au baron de Frenn mais elle n'avait pas le choix. Il n'y avait que lui qui pouvait demander à ouvrir une enquête. Ce serait également l'occasion de plaider leur cause et d'obtenir -peut-être- l'abandon des poursuites.
Un jour peut-être que la maréchaussée débarquerait ici, dans sa chambre, pour l'emmener loin d'elle. Qui pouvait savoir?
Chaque choix qu'elle faisait, chaque idée qu'elle avait n'était que dans l'unique but de le sauvegarder. Les choix qui la rendraient heureuse… Comment le savoir quand on ignorait de quoi demain serait fait ? La solution avait l'air fort simple de prime abord, mais plus elle creusait, plus elle paraissait s'enliser.
Elle le serra aussi fort qu'elle pouvait contre elle car c’était le seul message qu'elle parvenait à lui faire passer tandis qu'elle sanglotait toujours et que ses joues se zébraient un peu plus de noir à chaque nouvelle larme qui s’écoulait. Lorsqu'elle put enfin reprendre la parole ce fut pour lui avouer ce qui la chagriner depuis leur rencontre. Elle avait menti à son mari. Continuellement depuis qu'elle était rentrée. Lui croyait sincèrement qu'elle faisait tout son possible pour tenir à flots ce mariage qui l’enchaînait. Elle l'avait trompé. Vraiment trompé. Elle se fichait pas mal d'aller en enfer mais aussi indifférent soit-il méritait-il de souffrir d'un mensonge ? Les mensonges finissait toujours par blesser lorsque la vérité éclatait comme une bulle de verre. Sylvère ne répondit rien. Il ne devait sans doute songer que ce n’était pas si grave puisque lui-même le faisait sans arrêt mais elle ne parvenait pas à s’enlever cette culpabilité qui flottait tel un spectre au dessus de sa tête.
Elle l’aurait voulu partir. Loin. Loin de tout cela et vivre sans mensonge et sans problème. Elle se rendit bien vite compte de l’absurde naïveté de sa remarque lorsque Sylvère lui demanda où.
- Je ne sais pas… Je sais c'est bête, je suis désolée…
Évidemment qu'elle ne pouvait disparaître comme ça… Elle n'avait passé que quelques jours en forêt et les rumeurs les plus folles avaient circulé sans parler du fait que les autorités avaient été mandatées pour la retrouver.
Et ils finiraient par nous trouver.
Ses paroles sonnèrent comme le glas. On les traquerait. On les pourchasserait. Où qu’ils soient, où qu’ils aillent. Et quand on les débusquerait ce serait terminé. Elle ferma les yeux tandis qu’il évoquait l’idée de partager ensemble leur fausse mort. Faire disparaitre une personne c’était une chose mais deux ? Est-ce qu’onne risquerait pas de la reconnaître ? Et puis cela signifiait tirer un trait complet sur son ancienne vie. Pour lui c’était si simple. Pour elle, nettement moins. Que ferait -elle ? Elle ne savait rien faire si ce n’était exister. Et si quelque chose arriver alors elle ne pourrait plus l'aider…
- Je ne pense pas être prête pour cela. Tant que je pourrais plus vous aider d’où je suis, je ne pourrais pas tout abandonner
Et puis au fond, elle devait bien admettre qu'elle appréciait certains aspects de sa vie. Surtout depuis qu'il était là ! Elle se baissa pour ramasser la lettre, qu'elle relut. Sans tressaillir cette fois-ci.
Les mots s’écoulèrent autour d'elle sans jamais pénétrer sa chair. Elle resta un instant silencieuse, pesant chaque mot avant de déclarer :
- Je dois voir le Premier Conseiller. Il doit lire cette lettre. elle leva ses yeux inquiets vers lui Ils n’ont pas rompu le pacte vous avez vu ? Tout a été envoyé en temps et en heure. Elle ne put s’empêcher de frémir Il s'est passé quelque chose…
C’était un peu gênant de faire lire cette lettre au baron de Frenn mais elle n'avait pas le choix. Il n'y avait que lui qui pouvait demander à ouvrir une enquête. Ce serait également l'occasion de plaider leur cause et d'obtenir -peut-être- l'abandon des poursuites.
Re: [5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
Partir.
Depuis que Kalisha avait prononcé ce mot, il résonnait dans son esprit. Un écho qui, au lieu de s'estomper petit à petit, ne faisait que prendre de la vigueur. Partir. Oui, mais où ? Où seraient-ils allés ? Où auraient-ils vécu ? Ils n'auraient eu besoin de rien. Une vie sans rien partagée avec elle aurait été mille fois mieux qu'une vie flamboyante, mais solitaire.
Mais là n'était pas le problème. Lui, il n'était personne, juste un brigand dans une forêt, on se fichait bien de lui, au final — sinon pour le faire monter sur une potence. Mais elle... Elle, elle était la comtesse de Monthoux, la princesse djerdanne... Toute étrangère qu'elle était aux yeux de la population, elle n'en restait pas moins quelqu'un. Quelqu'un que l'on aurait cherché. Tout indifférent soit-il, son gros porc de mari l'aurait cherchée.
Alors, où auraient-ils pu fuir ? Nulle part. Là était la seule réponse. Ils semblaient coincés. Coincés entre leurs coeurs et la société. Il serra sa main dans la sienne, et répondit :
- Non, ne t'excuses pas... Ce n'est pas bête. Ce n'est pas bête du tout.
Et quand bien même cela l'était... comment aurait-il pu lui en vouloir ? Ça aurait été si merveilleux de pouvoir profiter librement du reste de sa vie à ses côtés. Un jour, peut-être serait-ce possible ? Où il y avait de la vie, il y avait de l'espoir. Il fallait simplement avoir confiance.
Il aurait fallu disparaître. Purement et simplement de la surface de la terre. Du moins, aux yeux de tous. Devenir d'autres personnes, oublier les différences sociales, les étiquettes que l'on avait collées sur leurs fronts... Plus de brigand, plus de comtesse. Il y avait quelque chose qui ressemblait à un merveilleux rêve, dans cette pensée. Mais un rêve ne pouvait être que cela, justement : un rêve. Il avait abandonné la civilisation depuis des années déjà, recommencer ne lui faisait pas peur. Au contraire.
Mais elle n'était pas encore prête. Il le savait bien. Et il ne lui en demandait pas autant. Parce que la forêt reste tout de même un cadre de vie plus primaire que ces quatre murs... et que s'il le préférait sans l'ombre d'une hésitation, Kalisha ne connaissait qu'un certain confort depuis sont plus jeune âge.
- Je ne te demanderai jamais de tout abandonner, dit-il, doucement, mais les choses ne pourront pas rester ainsi éternellement...
Ce n'était que la simple vérité. Même s'il s'était senti prêt à passer sa vie ici — ce qui le pesait un peu plus chaque jour — il ne pouvait passer les prochaines années déguisé en femme. C'était tout bonnement impossible. Viendrait le moment, dans le cas où les recherches se tassaient, où il devrait retourner dans sa forêt. Où ils ne pourraient plus se voir tous les jours... Et comment feraient-ils alors ? Et il savait qu'elle comprendrait tout ce qu'il avait gardé pour lui.
Kalisha baissa à nouveau sur la lettre, la relut. Puis soudainement, elle releva les yeux vers lui, inquiète. Les questions politiques lui étaient passées au-dessus de la tête lors de la première lecture, habitude naturelle de celui qui s'était volontairement coupé de ces histoires. Il s'était arrêté à ce qui avait concerné Kalisha elle-même, sans se soucier du reste, et sans chercher à comprendre. Mais il semblait que d'une manière ou d'une autre, il allait devoir s'intéresser davantage à tout cela.
De quel pacte parlait-elle, au juste ? Elle le lui disait, comme si cela avait été évident, comme si elle aurait dû savoir. Mais même si certaines rumeurs venaient jusque dans la forêt, il n'était pas très au fait de ce qui se passait dans l'empire et le reste du monde. Il remarqua avec le sourire :
- Tu sais, jolie reine, ça fait cinq ans que j'habite au fond d'une grotte humide. J'ai peur d'avoir pris un peu de retard en ce qui concerne les derniers événements. Accepterais-tu de me remettre à jour ?
Depuis que Kalisha avait prononcé ce mot, il résonnait dans son esprit. Un écho qui, au lieu de s'estomper petit à petit, ne faisait que prendre de la vigueur. Partir. Oui, mais où ? Où seraient-ils allés ? Où auraient-ils vécu ? Ils n'auraient eu besoin de rien. Une vie sans rien partagée avec elle aurait été mille fois mieux qu'une vie flamboyante, mais solitaire.
Mais là n'était pas le problème. Lui, il n'était personne, juste un brigand dans une forêt, on se fichait bien de lui, au final — sinon pour le faire monter sur une potence. Mais elle... Elle, elle était la comtesse de Monthoux, la princesse djerdanne... Toute étrangère qu'elle était aux yeux de la population, elle n'en restait pas moins quelqu'un. Quelqu'un que l'on aurait cherché. Tout indifférent soit-il, son gros porc de mari l'aurait cherchée.
Alors, où auraient-ils pu fuir ? Nulle part. Là était la seule réponse. Ils semblaient coincés. Coincés entre leurs coeurs et la société. Il serra sa main dans la sienne, et répondit :
- Non, ne t'excuses pas... Ce n'est pas bête. Ce n'est pas bête du tout.
Et quand bien même cela l'était... comment aurait-il pu lui en vouloir ? Ça aurait été si merveilleux de pouvoir profiter librement du reste de sa vie à ses côtés. Un jour, peut-être serait-ce possible ? Où il y avait de la vie, il y avait de l'espoir. Il fallait simplement avoir confiance.
Il aurait fallu disparaître. Purement et simplement de la surface de la terre. Du moins, aux yeux de tous. Devenir d'autres personnes, oublier les différences sociales, les étiquettes que l'on avait collées sur leurs fronts... Plus de brigand, plus de comtesse. Il y avait quelque chose qui ressemblait à un merveilleux rêve, dans cette pensée. Mais un rêve ne pouvait être que cela, justement : un rêve. Il avait abandonné la civilisation depuis des années déjà, recommencer ne lui faisait pas peur. Au contraire.
Mais elle n'était pas encore prête. Il le savait bien. Et il ne lui en demandait pas autant. Parce que la forêt reste tout de même un cadre de vie plus primaire que ces quatre murs... et que s'il le préférait sans l'ombre d'une hésitation, Kalisha ne connaissait qu'un certain confort depuis sont plus jeune âge.
- Je ne te demanderai jamais de tout abandonner, dit-il, doucement, mais les choses ne pourront pas rester ainsi éternellement...
Ce n'était que la simple vérité. Même s'il s'était senti prêt à passer sa vie ici — ce qui le pesait un peu plus chaque jour — il ne pouvait passer les prochaines années déguisé en femme. C'était tout bonnement impossible. Viendrait le moment, dans le cas où les recherches se tassaient, où il devrait retourner dans sa forêt. Où ils ne pourraient plus se voir tous les jours... Et comment feraient-ils alors ? Et il savait qu'elle comprendrait tout ce qu'il avait gardé pour lui.
Kalisha baissa à nouveau sur la lettre, la relut. Puis soudainement, elle releva les yeux vers lui, inquiète. Les questions politiques lui étaient passées au-dessus de la tête lors de la première lecture, habitude naturelle de celui qui s'était volontairement coupé de ces histoires. Il s'était arrêté à ce qui avait concerné Kalisha elle-même, sans se soucier du reste, et sans chercher à comprendre. Mais il semblait que d'une manière ou d'une autre, il allait devoir s'intéresser davantage à tout cela.
De quel pacte parlait-elle, au juste ? Elle le lui disait, comme si cela avait été évident, comme si elle aurait dû savoir. Mais même si certaines rumeurs venaient jusque dans la forêt, il n'était pas très au fait de ce qui se passait dans l'empire et le reste du monde. Il remarqua avec le sourire :
- Tu sais, jolie reine, ça fait cinq ans que j'habite au fond d'une grotte humide. J'ai peur d'avoir pris un peu de retard en ce qui concerne les derniers événements. Accepterais-tu de me remettre à jour ?
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Jeux forestiers.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alduis de Fromart / Victor Millard
Messages : 526
Date d'inscription : 17/03/2020
Localisation : Dans la forêt d'Aiguemorte
Re: [5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
Sylvère était toujours d'une grande douceur avec elle. Par ses mots, par ses gestes, il savait toujours trouver le chemin de son cœur, même lorsqu'un rideau de larmes le dissimuler.
Elle avait parfois des envies folles, comme celle de tout quitter pour vivre avec lui loin de la société. Mais bien souvent le pragmatisme de la réalité rattrapait son rêve idéaliste. C'était encore le cas. Le plus dur ne fut pas de redescendre sur terre mais bien d'oser regarder l'avenir dans droits dans les yeux.
Les choses ne pourraient pas rester comme cela éternellement.
Elle le savait au fond d'elle, pourtant l'entendre de dire serra son cœur plus qu'elle ne l'aurait voulu. Dans son regard, elle y lut tout le reflet de ses propres questions sans réponses. Comment feraient-ils? Devraient-ils à nouveau se contenter de s'apercevoir déguisé en curé où je ne sais quoi? Devraient-ils e contenter de s'adresser quelques mots à travers une grille sans même pouvoir se toucher réellement ? Comment pourrait-elle se contenter de cela après cette nuit? C'était impossible. Elle aurait bien trop envie de le couvrir de baisers.
Et la solitude. Elle avait peur de cette solitude qui allait de nouveau l'envahir. Elle ne se souvenait que trop bien des dix jours passés à son retour. Et ce n'était rien. Qu'est-ce que c'était dix jours dans un mois? Et dans une année ? Et dans une vie?
Ce n'était rien. Rien du tout.
Et ce constat était terriblement effrayant.
Elle posa les yeux sur la lettre au sol pour s'échapper de cette spirale infernale dans laquelle elle commençait à se perdre. C'est là qu'elle réalisa le contenu de cette lettre.
Le réel contenu, derrière toutes ces accusations qui n'avaient pas lieux d'être.
Sylvère semblait perdu. Tout cela lui passait au-dessus de la tête. Elle se mit soudainement à rire devant la cocasserie de cette situation. L'orage était passé. Le soleil revenait.
- Bien sûr mon charmant roi. Je vais tout vous expliquer. Tout t'expliquer. se reprit-elle Tu vois, mon mariage n'était qu'une des conditions du traité de paix entre Monbrina et Djerdan. L'autre consistait en un accord commercial. Chaque mois, Djerdan envoie une caravane de cinq dromadaires chargés de pierres et autres minéraux précieux. La caravane quitte la capitale jusqu'au port le plus proche où un navire est chargé de l'acheminer dans le sud de Monbrina. Il sera en échange rempli de diverses denrées.
Elle marqua une pause pour voir s'il suivait et reprit en tapotant la lettre de son index.
- Tu comprends? Si Djerdan a tenu son engagement mais que Monbrina affirme le contraire, c'est bien qu'il y a quelque chose d'étrange dans cette affaire n'est-ce pas? Et ce que le Roi a dit au Triomphe est donc faux: ils ne sont pas rassemblés pour attaquer Monbrina ! Au contraire!
Elle avait parfois des envies folles, comme celle de tout quitter pour vivre avec lui loin de la société. Mais bien souvent le pragmatisme de la réalité rattrapait son rêve idéaliste. C'était encore le cas. Le plus dur ne fut pas de redescendre sur terre mais bien d'oser regarder l'avenir dans droits dans les yeux.
Les choses ne pourraient pas rester comme cela éternellement.
Elle le savait au fond d'elle, pourtant l'entendre de dire serra son cœur plus qu'elle ne l'aurait voulu. Dans son regard, elle y lut tout le reflet de ses propres questions sans réponses. Comment feraient-ils? Devraient-ils à nouveau se contenter de s'apercevoir déguisé en curé où je ne sais quoi? Devraient-ils e contenter de s'adresser quelques mots à travers une grille sans même pouvoir se toucher réellement ? Comment pourrait-elle se contenter de cela après cette nuit? C'était impossible. Elle aurait bien trop envie de le couvrir de baisers.
Et la solitude. Elle avait peur de cette solitude qui allait de nouveau l'envahir. Elle ne se souvenait que trop bien des dix jours passés à son retour. Et ce n'était rien. Qu'est-ce que c'était dix jours dans un mois? Et dans une année ? Et dans une vie?
Ce n'était rien. Rien du tout.
Et ce constat était terriblement effrayant.
Elle posa les yeux sur la lettre au sol pour s'échapper de cette spirale infernale dans laquelle elle commençait à se perdre. C'est là qu'elle réalisa le contenu de cette lettre.
Le réel contenu, derrière toutes ces accusations qui n'avaient pas lieux d'être.
Djerdan n'avait pas rompu le pacte
Sylvère semblait perdu. Tout cela lui passait au-dessus de la tête. Elle se mit soudainement à rire devant la cocasserie de cette situation. L'orage était passé. Le soleil revenait.
- Bien sûr mon charmant roi. Je vais tout vous expliquer. Tout t'expliquer. se reprit-elle Tu vois, mon mariage n'était qu'une des conditions du traité de paix entre Monbrina et Djerdan. L'autre consistait en un accord commercial. Chaque mois, Djerdan envoie une caravane de cinq dromadaires chargés de pierres et autres minéraux précieux. La caravane quitte la capitale jusqu'au port le plus proche où un navire est chargé de l'acheminer dans le sud de Monbrina. Il sera en échange rempli de diverses denrées.
Elle marqua une pause pour voir s'il suivait et reprit en tapotant la lettre de son index.
- Tu comprends? Si Djerdan a tenu son engagement mais que Monbrina affirme le contraire, c'est bien qu'il y a quelque chose d'étrange dans cette affaire n'est-ce pas? Et ce que le Roi a dit au Triomphe est donc faux: ils ne sont pas rassemblés pour attaquer Monbrina ! Au contraire!
Re: [5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
Sylvère se fichait définitivement bien des affaires politiques de Monbrina et de leurs voisins. Il avait depuis longtemps décroché des campagnes militaires qui étaient réalisées. Il ne savait pas jusqu'où s'étendaient les limites de l'empire désormais, et n'entendait parler que des affaires les plus bruyantes. Il se portait très bien de cette manière.
Les limites de son monde s'arrêtaient à l'orée de la forêt et, de temps à autres, les murailles de Braktenn. Cela pouvait sembler un peu réducteur mais c'était ainsi qu'il aimait sa vie. Simple et naturelle.
Mais Kalisha était l'un des termes de ces accords. Il n'aimait pas bien cette idée formulée de cette manière, mais c'était néanmoins le cas. Et par les simples faits que Kalisha faisait désormais partie de sa vie aussi, il était bien obligé de s'y intéresser. Au moins un peu. Il refusait de faire semblant de comprendre, alors il avait demandé un résumé. Qu'elle accepta de lui faire en riant. Après toutes ces larmes, la joie revenait enfin et elle n'en était que plus agréable. Il n'y avait pas de plus beau cadeau à ses yeux que de la faire rire. Il l'aimait tellement.
Et tandis que Kalisha le remettait à jour sur ces histoires de pacte, Sylvère se disait une chose : il avait terriblement bien fait d'aller habiter en forêt. Il s'assit sur le lit et se laissa tomber en arrière dans un mouvement parfaitement sur-joué.
- Je ne sais pas comment tu fais ! Je m'ennuie déjà.
Mais il écouta néanmoins. Au fond, c'était plus pour râler qu'autre chose. Ce n'était jamais ennuyant d'écouter Kalisha, et il voulait savoir tout ce qui avait un rapport, proche ou éloigné, avec elle. Simplement, même un résumé du pacte était déjà long. Et ce n'était qu'un résumé, c'était dire ce que la jeune femme devait supporter !
- Tu comprends ?
Sylvère se redressa sur ses coudes pour réfléchir tandis que la jeune femme tapotait la lettre. Il déclara finalement, faisant un résumé approximatif du résumé :
- Donc... si je comprends bien ce que tu dis, Monbrina et Djerdan ont conclu un pacte commercial, qui se renouvelle une fois par mois. Monbrina prétend que les conditions n'ont pas été respectées mais Djerdan assure que tout a bien été envoyé. Et donc, quelque chose ne va pas. J'ai bon ? – il guetta un signe de sa part, avant d'hocher la tête : D'accord, pour le moment, je te suis.
Il se rassit, redevenu très sérieux, lui prit la lettre des mains pour la relire en silence quelques secondes puis releva les yeux vers elle enfin :
- Et toi alors, qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? La montrer au Premier Conseiller, d'accord, mais ensuite ?
Après tout, si le roi prétendait lui-même des choses fausses, ce devait être un terrain glissant. A vrai dire, cela ne l'encourageait définitivement pas dans le fait de s'intéresser davantage aux affaires du royaume.
Les limites de son monde s'arrêtaient à l'orée de la forêt et, de temps à autres, les murailles de Braktenn. Cela pouvait sembler un peu réducteur mais c'était ainsi qu'il aimait sa vie. Simple et naturelle.
Mais Kalisha était l'un des termes de ces accords. Il n'aimait pas bien cette idée formulée de cette manière, mais c'était néanmoins le cas. Et par les simples faits que Kalisha faisait désormais partie de sa vie aussi, il était bien obligé de s'y intéresser. Au moins un peu. Il refusait de faire semblant de comprendre, alors il avait demandé un résumé. Qu'elle accepta de lui faire en riant. Après toutes ces larmes, la joie revenait enfin et elle n'en était que plus agréable. Il n'y avait pas de plus beau cadeau à ses yeux que de la faire rire. Il l'aimait tellement.
Et tandis que Kalisha le remettait à jour sur ces histoires de pacte, Sylvère se disait une chose : il avait terriblement bien fait d'aller habiter en forêt. Il s'assit sur le lit et se laissa tomber en arrière dans un mouvement parfaitement sur-joué.
- Je ne sais pas comment tu fais ! Je m'ennuie déjà.
Mais il écouta néanmoins. Au fond, c'était plus pour râler qu'autre chose. Ce n'était jamais ennuyant d'écouter Kalisha, et il voulait savoir tout ce qui avait un rapport, proche ou éloigné, avec elle. Simplement, même un résumé du pacte était déjà long. Et ce n'était qu'un résumé, c'était dire ce que la jeune femme devait supporter !
- Tu comprends ?
Sylvère se redressa sur ses coudes pour réfléchir tandis que la jeune femme tapotait la lettre. Il déclara finalement, faisant un résumé approximatif du résumé :
- Donc... si je comprends bien ce que tu dis, Monbrina et Djerdan ont conclu un pacte commercial, qui se renouvelle une fois par mois. Monbrina prétend que les conditions n'ont pas été respectées mais Djerdan assure que tout a bien été envoyé. Et donc, quelque chose ne va pas. J'ai bon ? – il guetta un signe de sa part, avant d'hocher la tête : D'accord, pour le moment, je te suis.
Il se rassit, redevenu très sérieux, lui prit la lettre des mains pour la relire en silence quelques secondes puis releva les yeux vers elle enfin :
- Et toi alors, qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? La montrer au Premier Conseiller, d'accord, mais ensuite ?
Après tout, si le roi prétendait lui-même des choses fausses, ce devait être un terrain glissant. A vrai dire, cela ne l'encourageait définitivement pas dans le fait de s'intéresser davantage aux affaires du royaume.
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Jeux forestiers.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alduis de Fromart / Victor Millard
Messages : 526
Date d'inscription : 17/03/2020
Localisation : Dans la forêt d'Aiguemorte
Re: [5 décembre 1597, début de matinée] - Premières brèches dans la muraille. [Terminé]
Kalisha entreprit d'effectuer un cours de géopolitique pour remettre Ysengrin à jour. Elle eut beau faire tout son possible pour ne pas s'égarer en détails, cela ne l'empêcha pas de se laisser tomber lourdement sur le lit en invoquant l'ennuie incommensurable que cela lui procurait. Elle jeta un rapide coup d'œil à la porte -toujours fermée- et se pencha sur lui pour l'embrasser longuement avant de conclure ses explications.
Elle l'écouta resumer parfaitement la situation en opinant de la tête un large sourire sur les lèvres.
- C'est tout à fait cela! Il y a quelque chose d'illogique...
Sylvère reprit la lettre pour la relire plus attentivement. Oui, elle allait la montrer au Premier Conseiller et ensuite...
- Ensuite je ne sais pas. Nous verrons ce qu'il pense et ce qu'il décide de faire. C'est l'une des rares personnes en qui j'ai confiance. Et puis... Et puis...Je vais plaider ton cas pour que les charges soient abandonnées. C'est peut-être peine perdue, mais j'essayerai quand même.
Elle croisa son regard et ajouta avec sérieux et détermination.
- Je veux que tu puisses retourner à Aiguemorte, libre. Tu... Tu ne peux pas rester ici finit-elle par dire en baissant les yeux.
Elle avait beau être ici à ses côtés, il n'était qu'un oiseau en cage. Elle avait encore en mémoire les poèmes qu'elle avait lu chez les Zellers. Il avait été si triste avant de partir vivre dans les bois. Comment aurait-elle pu lui imposer cela alors qu'elle l'aimait plus que n'importe qui, plus que n'importe quoi?
Elle l'écouta resumer parfaitement la situation en opinant de la tête un large sourire sur les lèvres.
- C'est tout à fait cela! Il y a quelque chose d'illogique...
Sylvère reprit la lettre pour la relire plus attentivement. Oui, elle allait la montrer au Premier Conseiller et ensuite...
- Ensuite je ne sais pas. Nous verrons ce qu'il pense et ce qu'il décide de faire. C'est l'une des rares personnes en qui j'ai confiance. Et puis... Et puis...Je vais plaider ton cas pour que les charges soient abandonnées. C'est peut-être peine perdue, mais j'essayerai quand même.
Elle croisa son regard et ajouta avec sérieux et détermination.
- Je veux que tu puisses retourner à Aiguemorte, libre. Tu... Tu ne peux pas rester ici finit-elle par dire en baissant les yeux.
Elle avait beau être ici à ses côtés, il n'était qu'un oiseau en cage. Elle avait encore en mémoire les poèmes qu'elle avait lu chez les Zellers. Il avait été si triste avant de partir vivre dans les bois. Comment aurait-elle pu lui imposer cela alors qu'elle l'aimait plus que n'importe qui, plus que n'importe quoi?
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