[7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Page 1 sur 1 • Partagez
[7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Trois charpentiers s'avançaient dans la forêt et s'enfonçaient hors des sentiers. Il faisait encore chaud et le feuillage les abritait des rayonnement du soleil. Ils balayaient les buissons d'un regard inquiet, nerveux, hantés par les rumeurs que l'on racontait sur ces bois. Seul le salaire promis les encourageait à poursuivre. Pourtant, toutes ces histoires qui circulaient sur ce fameux brigand, celui qui s'auto-clamait Roi d'Aiguemorte. Elles devaient être varies. Tant de témoignages rapportaient qu'il tranchait la gorge de ses victimes, violait les femmes sous les yeux d'un époux réduit à l'impuissance, poignardait dans le ventre pour provoquer une agonie lente et douloureuse... Comment savoir s'ils n'avançaient pas vers la mort ?
Seul leur patron, le sieur Mayeur, qui avait monté une manufacture de meubles à partir de l'échoppe de menuisier repris de son père, conservait son calme. Toutes ces rumeurs entendues en ville lui passaient par al tête. Les badauds ne savaient plus quoi inventer pour se distraire ou effrayer les enfants. Lui, l'unique chose qui le dérangeait, c'était la boue qui entachait ses bottes en cuir.
Le groupe s'arrêta devant des espèces de chênes épais et qui montaient haut. Ils fourniraient assez de bois pour réaliser de nombreux meubles. Des lits, des commodes, des secrétaires... Ce serait absolument magnifique.
"Commencez !"
La voix était sèche et autoritaire.
Les charpentiers sortirent les haches et les scies. Ils montèrent dans le premier arbre pour commencer à couper une à une les branches. L'entrepreneur souhaitait ne pas abîmer le matériel. Durant l'ouvrage, Mayeur se recula pour s'asseoir sur une pierre. Cela allait être long.
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Sylvère était un peu comme les yeux et les oreilles de la forêt. Souvent perché sur les plus hautes cimes des arbres, presque rien n’échappait à sa vigilance. Il se plaisait à se dire qu’il était un peu comme le gardien des bois. Les hautes branches lui offraient leur protection et le laissaient vivre parmi elles, alors en échange, il s’assurait qu’il ne vienne à l’idée de personne de les mutiler…
… Pas comme ces quelques hommes qui s’étaient aventurés dans la forêt, armés de tous ces outils. Sylvère les avait laissé avancer, pour voir jusqu'où ils iraient. Ils avaient fini par faire halte aux pieds de certains chênes. Qui faisaient incontestablement partie des plus beaux de la forêt.
En les voyait commencer à monter et à, ni une, ni deux, découper les premières branches, il avait comblé la distance entre eux en une ou deux minutes à peine. Sans toucher le sol. C’était plus rapide de passer par les airs dans ce genre de cas et ainsi, il ne les perdait pas de vue. Les branches entremêlées, par ailleurs, lui permettaient de passer de l’un à l’autre sans difficulté.
Il s’arrêta à un tronc ou deux de celui auxquels s’attaquaient les ouvriers. Car ce n’étaient que les ouvriers. Ces derniers ne semblaient d’ailleurs pas très à l’aise, comme s’ils craignaient quelque chose. Un seul des hommes ne coupait pas. Celui-ci était assis sur une roche et regardait le travail se faire. C’était donc lui l’instigateur du projet. Après tout, c’était bien une idée de citadin cela : embaucher quelques bras et ne pas mettre la main à la patte soi-même.
Dans un premier temps sans se montrer, il remarqua :
— Avez-vous seulement idée de l’âge de cet arbre ?
Bien dissimulé qu’il était derrière les feuilles, il les laissa chercher. C’était plus amusant ainsi, et pendant ce temps, ils ne continuaient pas leur crime. Car c’en était un, à sa manière.
— Laissez-moi vous dire que c’est bien plus que vous ne pourrez jamais atteindre, ajouta-t-il toujours invisible à leur vue.
Il laissa le silence flotter et conclut :
— Et puis, il ne me semble pas vous avoir invité à entrer chez moi. Disons que si vous faites demi-tour avant que je ne sois arrivé à dix, je fermerai les yeux.
Ce n’étaient que quelques mots, mais il savait pertinemment qu’il courrait nombre de rumeurs sur lui. Dire qu’il ne s’en était jamais servi pour terroriser quelques pauvres hommes aurait été mentir. Quitte à avoir une réputation comme la sienne, autant la mettre à profit. Pour faire bonne mesure, il débuta le compte :
— Un.
… Pas comme ces quelques hommes qui s’étaient aventurés dans la forêt, armés de tous ces outils. Sylvère les avait laissé avancer, pour voir jusqu'où ils iraient. Ils avaient fini par faire halte aux pieds de certains chênes. Qui faisaient incontestablement partie des plus beaux de la forêt.
En les voyait commencer à monter et à, ni une, ni deux, découper les premières branches, il avait comblé la distance entre eux en une ou deux minutes à peine. Sans toucher le sol. C’était plus rapide de passer par les airs dans ce genre de cas et ainsi, il ne les perdait pas de vue. Les branches entremêlées, par ailleurs, lui permettaient de passer de l’un à l’autre sans difficulté.
Il s’arrêta à un tronc ou deux de celui auxquels s’attaquaient les ouvriers. Car ce n’étaient que les ouvriers. Ces derniers ne semblaient d’ailleurs pas très à l’aise, comme s’ils craignaient quelque chose. Un seul des hommes ne coupait pas. Celui-ci était assis sur une roche et regardait le travail se faire. C’était donc lui l’instigateur du projet. Après tout, c’était bien une idée de citadin cela : embaucher quelques bras et ne pas mettre la main à la patte soi-même.
Dans un premier temps sans se montrer, il remarqua :
— Avez-vous seulement idée de l’âge de cet arbre ?
Bien dissimulé qu’il était derrière les feuilles, il les laissa chercher. C’était plus amusant ainsi, et pendant ce temps, ils ne continuaient pas leur crime. Car c’en était un, à sa manière.
— Laissez-moi vous dire que c’est bien plus que vous ne pourrez jamais atteindre, ajouta-t-il toujours invisible à leur vue.
Il laissa le silence flotter et conclut :
— Et puis, il ne me semble pas vous avoir invité à entrer chez moi. Disons que si vous faites demi-tour avant que je ne sois arrivé à dix, je fermerai les yeux.
Ce n’étaient que quelques mots, mais il savait pertinemment qu’il courrait nombre de rumeurs sur lui. Dire qu’il ne s’en était jamais servi pour terroriser quelques pauvres hommes aurait été mentir. Quitte à avoir une réputation comme la sienne, autant la mettre à profit. Pour faire bonne mesure, il débuta le compte :
— Un.
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Jeux forestiers.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alduis de Fromart / Victor Millard
Messages : 526
Date d'inscription : 17/03/2020
Localisation : Dans la forêt d'Aiguemorte
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Le sieur Mayeur gardait un visage impénétrable, l'attitude parfaitement hautaine, en contemplant tous ces arbres qui poussaient autour d'eux. Son esprit analysait et combien de temps cette forêt pourrait alimenter sa manufacture ? Probablement des années. Il avait étudié les cartographies de ce domaine et établi que celui-ci s'étendait sur plusieurs kilomètres. Ses deux fils, encore au berceau, en profiteraient eux aussi, sans doute même pour leur vie entière. Quelle bénédiction !
Dans l'arbre, les ouvriers s'employaient à couper les arbres le plus vite possible. Ils souhaitaient être revenus en ville avant que le fameux brigand n'ait le temps de se manifester. Chacun avait une femme, des enfants.. Ils voulaient les revoir. Tous poussèrent un cri, le visage frappé par l'effroi, quand une voix leur demanda s'ils sauraient l'âge de cet arbre. L'un des hommes en lâcha sa hache tandis qu'un second faillit tomber de sa branche. Au sol, le sieur mayeur se redressa, stoïque.
"Puis-je savoir pourquoi vous arrêtez le travail ?"
"Mais... Monsieur, vous avez entendu ?"
"Ce n'est qu'un lâche qui se cache. S'il veut vraiment faire de l'esprit que ce drôle se montre !"
La voix se remit à a parler et les ouvriers considérèrent cette phrase come une menace.
"C'est le brigand Sylvère ! Il est venu prendre nos vies !"
Terrifié, l'homme sauta de l'arbre et partit en courant. Le sieur Mayeur l'arrêta d'un croche-pied.
"Suffit ces gamineries ! Tu remontes ou tu es viré ! Et je me chargerai de ta... réputation."
Le malheureux gémissait dans l'herbe, incapable de prendre la moindre décision. Dans l'arbre, ses collègues l'observaient avec un mélange de pitié pour leur camarade et de dégoût pour leur employeur. Quel monstre ! Alors retentit encore la voix. La menace se précisa.
"Patron..."
"Patron !"
Agacé, le sieur Mayeur tapa du pied et cria..
"Cela suffit ! Votre Sylvère n'existe ! Ce sont des contes pour enfants ! Remettez-vous au travail ! Tout de suite ! Tout de suite ! Ou sinon..."
Il ramassa un long bâton, solide sur le sol, et le tint fermement.
'"Désormais, celui qui voudra fuir recevra quinze coups !"
Son regard fixa avec dédain l'ouvrier qui se lamentait au sol, tremblant.
"Alors, garçon, l'arbre ou la corection ?"
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Les ouvriers arrêtèrent de travailler. Ils étaient inquiets, et Sylvère en profitait. Ce n’était pas de lui qu’ils avaient peur, c’était de celui que décrivaient les rumeurs. Il ne savait pas exactement ce qu’il se disait, mais il n’avait plus qu’à se servir de cette peur sous-jacente qu’il percevait en eux. Et visiblement, il n’y avait pas grand chose à faire. Quelques mots - ses meilleurs amis - et le tour était joué.
Enfin presque.
Il restait cet homme. Celui pour qui rien ne comptait plus, certainement, que les profits qu’il pourrait réaliser en tuant les arbres, un à un.
— C’est le brigand Sylvère ! s’exclama l’un des hommes en sautant de l’arbre pour prendre la fuite.
— Roi Sylvère, corrigea-t-il simplement. “Brigand” est un mot bien laid, vous ne trouvez pas ?
Mais déjà, l’homme avait fait tomber le fuyard d’un croche-pied, ce qui fit serrer les dents de Sylvère. Et des menaces. Les autres ouvriers demeuraient perchés dans l’arbre, hésitant sur la conduite à tenir.
Comme un enfant capricieux, l’employeur cria :
— Cela suffit ! Votre Sylvère n’existe pas !
Sylvère se dressa sur sa branche. C’était bien la première fois que quelqu’un la lui faisait celle-ci. Bien sûr qu’il existait ! Mais déjà, l’homme se saisissait d’un bâton au sol, s’apprêtant déjà à frapper le prochain qui se soulèverait contre son autorité. Il pouvait toujours essayer, on ne rossait pas plus des hommes qu’on ne coupait des branches ici.
Il farfouilla dans les poches de son manteau, à la recherche de quelque chose qui pourrait faire l’affaire. Ses doigts rencontrèrent un caillou. Il l’en sortit, le fit rouler dans sa paume et, après avoir visé soigneusement, le jeta. Le projectile atteignit la main de l’homme, celle qui tenait le bâton, et le lui fit lâcher sous la douleur ou bien la surprise. Il descendit alors de quelques branches, comme un singe puis - avec un peu d’élan - sauta sur la branche avant que l’homme ne pense à le reprendre.
Alors, il le ramassa, le fit tourner adroitement et déclara nonchalamment :
— Il ne reste que cinq secondes pour faire demi-tour.
Enfin presque.
Il restait cet homme. Celui pour qui rien ne comptait plus, certainement, que les profits qu’il pourrait réaliser en tuant les arbres, un à un.
— C’est le brigand Sylvère ! s’exclama l’un des hommes en sautant de l’arbre pour prendre la fuite.
— Roi Sylvère, corrigea-t-il simplement. “Brigand” est un mot bien laid, vous ne trouvez pas ?
Mais déjà, l’homme avait fait tomber le fuyard d’un croche-pied, ce qui fit serrer les dents de Sylvère. Et des menaces. Les autres ouvriers demeuraient perchés dans l’arbre, hésitant sur la conduite à tenir.
Comme un enfant capricieux, l’employeur cria :
— Cela suffit ! Votre Sylvère n’existe pas !
Sylvère se dressa sur sa branche. C’était bien la première fois que quelqu’un la lui faisait celle-ci. Bien sûr qu’il existait ! Mais déjà, l’homme se saisissait d’un bâton au sol, s’apprêtant déjà à frapper le prochain qui se soulèverait contre son autorité. Il pouvait toujours essayer, on ne rossait pas plus des hommes qu’on ne coupait des branches ici.
Il farfouilla dans les poches de son manteau, à la recherche de quelque chose qui pourrait faire l’affaire. Ses doigts rencontrèrent un caillou. Il l’en sortit, le fit rouler dans sa paume et, après avoir visé soigneusement, le jeta. Le projectile atteignit la main de l’homme, celle qui tenait le bâton, et le lui fit lâcher sous la douleur ou bien la surprise. Il descendit alors de quelques branches, comme un singe puis - avec un peu d’élan - sauta sur la branche avant que l’homme ne pense à le reprendre.
Alors, il le ramassa, le fit tourner adroitement et déclara nonchalamment :
— Il ne reste que cinq secondes pour faire demi-tour.
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Jeux forestiers.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alduis de Fromart / Victor Millard
Messages : 526
Date d'inscription : 17/03/2020
Localisation : Dans la forêt d'Aiguemorte
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Dans le chêne, les deux ouvriers tremblaient et observaient, penauds, leur collègue sur le point de se faire battre. Devaient-ils retourner au travail pour lui épargner la correction, quitte à risquer leurs vies face au redoutable brigand ? Ou fallait-il les abandonner et retourner rapidement en ville ? Ils hésitaient.
La voix résonna pour corriger leurs paroles et énoncer qu'on disait Roi Sylvère. Un des ouvriers eut une idée et fouilla sa tunique pour en extraire la gourmette de son baptême, un petit peigne en argent qu'il destinait à sa fille pour ses quinze ans et un collier de perles qui devait revenir le mois prochain à son épouse. Cela avait pris de longs mois pour économiser l'argent nécessaire à l'achats de ces présents mais si ce sacrifice permettait de sauver leurs vies.. tant pis !
"Votre majesté, je m'excuse pour notre insolence et notre intrusion. Recevez ceci en dédommagement."
Il banda le bras et jeta au loin les bijoux. Au sol, le sieur Mayeur surprit le geste et demeura profondément choqué. Comment pouvait-on renoncer à des objets de valeur ? Fallait-il que les ouvriers soient sans intelligence !
"Tout cela est ridicule ! Nous ne sommes pas au théâtre ! Cessez tout ceci et reprenez le travail !"
Alors qu'un quidam mal fagoté apparaissait à présent sur une branche, le sieur Mayeur se désintéressa de lui pour se tourner vers le fuyard tombé au sol. Celui-là allait recevoir une sacrée correction qui rappellerait aux deux imbéciles sur leurs branches leur place. Son bras se leva, prêt à infliger le premier coup quand une pierre vola et atteignit sa main. Le bâton tomba et le négociant se massa la main endolorie en poussant un juron. A terre, le malheureux aperçut celui que l'on disait un brigand cruel sauter pour ramasser le bâton et menacer son maitre. Il se redressa, stupéfait.
"Vous... Vous m'avez protégé. Pour... Pourquoi ?""
Dans l'arbre, les deux ouvriers se posèrent la même question. Cela allait à l'encontre de toutes les rumeurs. Le sieur Mayeyr, tenant toujours la main, fusilla le brigand du regard.
"'Drôle, tu n'as aucune autorité dans cette juridiction. moi, j'ai reçu une autorisation pour abattre cinq arbres pour permettre à ma manufacture de prospérer. Je suis dans mon parfait droit."
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Il ne savait pas pour quel genre de monstre les ouvriers le prenaient exactement, mais c’était amusant à regarder. Pour une fois qu’il n’avait même pas besoin de réclamer ses impôts ! On venait simplement de les lui jeter, en guise de dédommagement, de jolis bijoux qui iraient rejoindre ceux qu’il possédait déjà. Il les laissa gésir quelques secondes, aucun ne prendrait le risque de venir les récupérer, il n’en doutait pas une seconde.
Le chef de la petite entreprise s’égosillait en ordonnant de reprendre le travail. Il s’apprêtait à frapper un pauvre homme quand Sylvère intervint et lança cette petite pierre qui vint heurter la main de l’homme, lequel lâcha le bâton.
Alors Sylvère sauta pour s’emparer du bâton puis, des bijoux, lesquels se retrouvèrent au fond des poches de son vieux manteau. L’ouvrier le regardait avec un air effaré. Il se contenta de hausser des épaules et fit tourner le bâton dans sa main tout en se contentant de répondre :
— Allez. Du balais.
Il se tourna également vers ceux qui se trouvaient toujours dans l’arbre et ajouta :
— Avant que je ne change d’avis sur votre compte.
L’autre le regardait toujours de son regard mauvais. Oh, si on avait pu tuer d’un coup d'œil, Sylvère serait mort sur l’instant, criblé de flèches. Heureusement pour lui, ce n’était pas là chose possible, aussi, le cher déboiseur ne pouvait que le foudroyer du regard. Il haussa des épaules, tandis que les ouvriers détalaient, et fit de nouveau tourner le bout de bois, en se débrouillant pour que sa dague apparaisse sous les pans de son manteau. Il ne s’en servait que pour se couper les cheveux et dépecer les lapins, mais cela, personne n’avait besoin de le savoir ! Une arme restait une arme, qu’importe les mains qui la tenait.
Il n’avait aucune autorité ? Certes. Du moins, pas celle dont il parlait. Il n’avait aucune autorisation qui stipulait qu’il avait le droit de défendre les arbres. Mais il n’en avait pas besoin ! Puisqu’il était roi, il n’y avait rien de plus simple que de s’auto-autoriser ! Et puis… une autorisation, ce n’était pas grand chose au fond…
Il fit faire de nouveau un tour au bâton et demanda alors :
— Et cette autorisation ? Tu l’as sur toi ?
Le chef de la petite entreprise s’égosillait en ordonnant de reprendre le travail. Il s’apprêtait à frapper un pauvre homme quand Sylvère intervint et lança cette petite pierre qui vint heurter la main de l’homme, lequel lâcha le bâton.
Alors Sylvère sauta pour s’emparer du bâton puis, des bijoux, lesquels se retrouvèrent au fond des poches de son vieux manteau. L’ouvrier le regardait avec un air effaré. Il se contenta de hausser des épaules et fit tourner le bâton dans sa main tout en se contentant de répondre :
— Allez. Du balais.
Il se tourna également vers ceux qui se trouvaient toujours dans l’arbre et ajouta :
— Avant que je ne change d’avis sur votre compte.
L’autre le regardait toujours de son regard mauvais. Oh, si on avait pu tuer d’un coup d'œil, Sylvère serait mort sur l’instant, criblé de flèches. Heureusement pour lui, ce n’était pas là chose possible, aussi, le cher déboiseur ne pouvait que le foudroyer du regard. Il haussa des épaules, tandis que les ouvriers détalaient, et fit de nouveau tourner le bout de bois, en se débrouillant pour que sa dague apparaisse sous les pans de son manteau. Il ne s’en servait que pour se couper les cheveux et dépecer les lapins, mais cela, personne n’avait besoin de le savoir ! Une arme restait une arme, qu’importe les mains qui la tenait.
Il n’avait aucune autorité ? Certes. Du moins, pas celle dont il parlait. Il n’avait aucune autorisation qui stipulait qu’il avait le droit de défendre les arbres. Mais il n’en avait pas besoin ! Puisqu’il était roi, il n’y avait rien de plus simple que de s’auto-autoriser ! Et puis… une autorisation, ce n’était pas grand chose au fond…
Il fit faire de nouveau un tour au bâton et demanda alors :
— Et cette autorisation ? Tu l’as sur toi ?
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Jeux forestiers.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alduis de Fromart / Victor Millard
Messages : 526
Date d'inscription : 17/03/2020
Localisation : Dans la forêt d'Aiguemorte
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Le sieur Mayeur fixa avec agacement celui qui se disait être le fameux brigand des légendes et ne décolérait pas. Comment osait-il se mettre en travers de ses projets ? Il se trouvait dans son bras droit ! La prévôté avait ratifié sa demande ! Il observa avec plus de colère ses ouvriers qui descendirent précipitamment du chêne pour détaler en courant. L'un d'eux sauta même à un mètre du sol, trop pressé de prendre la fuite. Quels lâches ! Le dernier se releva rapidement du sol et suivit sans la moindre hésitation ses camarades.
"Pignoufs !"
Il avait lâché l'insulte par hasard, la première qui était sorti naturellement de sa bouche.
Le sieur Mayeur se trouvait seul face au drôle. Son regard le fusillait. Quel imbécile ! Quel sot ! Comment se permettait-il de troubler son entreprise ? Il rappela de toute sa condescendance son bon droit d'être dans cette forêt à déboiser. L'home arbora un sourire suffisant quand le vilain souhaita voir sa fameuse autorisation. Voilà qui n'était pas trop tôt ! Il allait pâlir en apercevant le sceau de la prévôté et se mettrait à genoux pour le supplier de ne pas porter plainte à son encontre.
"Eh bien, qu'en dis-tu, vilain ladre ?"
L'homme étira son sourire pour le fixer la main tendue à montrer sa superbe autorisation.
"Laisse-moi entendre tes plus belles excuses et je n'irai requérir aucune poursuite contre toi."
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Les ouvriers détalaient à en perdre haleine, comme si leurs vies en dépendaient. Sûrement n'avaient-ils que faire de la misérable insulte, pignoufs, qui sortit de la bouche de l'homme, au vu de la manière dont ils filaient. C'en était amusant.
Le déboiseur n'était pas peu fier de lui expliquer qu'il était dans son bon droit et qu'il avait une autorisation pour le lui prouver. Une autorisation ? Voyez-vous cela... Le problème serait en fin de compte facile à régler ! Mais l'avait-il sur lui, ce petit bout de papier qui lui conférait en toute légalité le droit d'assassiner ? Certainement, ça aurait été bien le genre !
Et Sylvère ne se trompait pas, puisque quelques secondes plus tard, l'homme la sortit des dessous de sa veste, et la lui tendit avec autorité. Il y avait une certaine arrogance dans sa manière d'arborer cette misérable feuille de papier décorée du sceau de la prévôté. Comme si cela suffisait à le rendre intouchable... Il n'avait pas bien conscience des lois qui avait cours dans cette forêt, qui n'avaient rien à voir avec les conventions de chez lui !
Sylvère fit mine de la prendre, pour la regarder avec un air faussement scepique et concentré... Son interlocuteur se voyait déjà gagnant de leur discussion :
— Eh bien, qu'en dis-tu, vilain ladre ?
Sylvère fit un pas en arrière pour le regarder, et sans lui rendre son bien. Il l'observa de longues secondes. Et déchira sans le moindre état d'âme l'autorisation, en deux, puis en quatre, puis en huit. Finalement, il lui rendit les copeaux avec une expression dénuée de pitié — celui qui s'attaquait aux arbres d'Aiguemorte savait de quoi il en retournait — en se frottant les mains d'un air satisfait :
— Voilà une bonne chose de faite ! J'en dis que vous n'avez plus rien à faire ici.
Son visage changea. Ses traits n'avaient plus le moindre air moqueur ou sympathique :
— Maintenant, écoutez-moi, vieille fange de pavé glissant : récupérez votre minable autorisation et foutez le camp.
Le déboiseur n'était pas peu fier de lui expliquer qu'il était dans son bon droit et qu'il avait une autorisation pour le lui prouver. Une autorisation ? Voyez-vous cela... Le problème serait en fin de compte facile à régler ! Mais l'avait-il sur lui, ce petit bout de papier qui lui conférait en toute légalité le droit d'assassiner ? Certainement, ça aurait été bien le genre !
Et Sylvère ne se trompait pas, puisque quelques secondes plus tard, l'homme la sortit des dessous de sa veste, et la lui tendit avec autorité. Il y avait une certaine arrogance dans sa manière d'arborer cette misérable feuille de papier décorée du sceau de la prévôté. Comme si cela suffisait à le rendre intouchable... Il n'avait pas bien conscience des lois qui avait cours dans cette forêt, qui n'avaient rien à voir avec les conventions de chez lui !
Sylvère fit mine de la prendre, pour la regarder avec un air faussement scepique et concentré... Son interlocuteur se voyait déjà gagnant de leur discussion :
— Eh bien, qu'en dis-tu, vilain ladre ?
Sylvère fit un pas en arrière pour le regarder, et sans lui rendre son bien. Il l'observa de longues secondes. Et déchira sans le moindre état d'âme l'autorisation, en deux, puis en quatre, puis en huit. Finalement, il lui rendit les copeaux avec une expression dénuée de pitié — celui qui s'attaquait aux arbres d'Aiguemorte savait de quoi il en retournait — en se frottant les mains d'un air satisfait :
— Voilà une bonne chose de faite ! J'en dis que vous n'avez plus rien à faire ici.
Son visage changea. Ses traits n'avaient plus le moindre air moqueur ou sympathique :
— Maintenant, écoutez-moi, vieille fange de pavé glissant : récupérez votre minable autorisation et foutez le camp.
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Jeux forestiers.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alduis de Fromart / Victor Millard
Messages : 526
Date d'inscription : 17/03/2020
Localisation : Dans la forêt d'Aiguemorte
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Sûr de lui-même de son bon droit, le sieur Mayeur montra avec toute sa condescendance naturelle l'autorité de la prévôté, certain que le drôle allait être livide et se confondre en excuses. Cela ne se passait pas du tout de cette manière. Absolument pas. Il lui arracha la feuille brusquement des mains, sans pouvoir l'arrêter. Quelles étaient ces manières ?
"Mais rendez-moi ceci ! Ce n'est pas à vous !"
Il essaya de récupérer le précieux sésame mais l'homme se reculait et.. Le sieur Mayeur se figea. Il déchirait son autorisation. Son visage devint livide. Comment allait-il pouvoir en demander une autre ? On ne le croirait jamais ! Comment allait-il s'en sortir ? Il recueillit dans ses paumes les morceaux caduques, inerte. Ses pensées s'agitaient et avaient du mal à se rassembler.
L'homme le virait.
Il se montrait même grossier.
"Mais... mais je suis de mon bon droit !"
Il se recula, tremblant.
"Pourquoi.. pourquoi vous faites ça ? Je.. Je ne veux que travailler !"
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Une autorisation. Que l'on pouvait déchirer. Ce qu'il fit sans attendre. Sylvère s'était auto-proclamé Roi de la forêt. Et que faisait un Roi qui sache se montrer juste ? Il protégeait ses sujets. Qui n'étaient, ni plus ni moins, que les arbres et les petits habitants qui peuplaient leurs troncs. Oh, si chacun avait passé une journée en haut d'un arbre, ils auraient conscience de cette infâme destruction qu'ils opéraient à chaque fois.
Alors non, il n'était pas désolé. Quand bien même son interlocuteur était soudainement livide, comme si on venait de lui mettre un puissant coup à l'estomac. Les règles de la ville n'avaient plus cours ici, ne l'avait-il pas compris ? À vrai dire, plus aucune règle n'avait cours, ou seulement quelques unes qui leur aurait semblé bien absurdes...
— Pourquoi... pourquoi vous faites ça ?
Sylvère haussa des épaules. Il fit tourner le bâton qu'il avait toujours dans la main, comme une arme — dont il ne se servirait évidemment pas.
— Pourquoi... Eh bien. Tout dépend quelle version vous voulez connaître.
Parce qu'il ne doutait pas que l'on dise des choses sur ses agissements en ville.
— Un autre vous direz certainement que je ne suis qu'un fou sanguinaire, et sans doute participerez-vous à construire ma légende.
Et il ne l'en blâmerait pas.
— Pour ma part, je vous direz simplement que chacun défend ses intérêts, ils sont juste différents. Aimeriez-vous être privé de votre maison ? Ou dépossédé de l'un de vos membres ?
Or, n'était-ce pas ce qu'il faisait subir aux arbres ? N'était-ce pas là juste dû que de lui renvoyer la pareille ?
— Mais je suppose que vous vous arrêterez à la première version.
Et au fond, il s'en fichait bien.
Alors non, il n'était pas désolé. Quand bien même son interlocuteur était soudainement livide, comme si on venait de lui mettre un puissant coup à l'estomac. Les règles de la ville n'avaient plus cours ici, ne l'avait-il pas compris ? À vrai dire, plus aucune règle n'avait cours, ou seulement quelques unes qui leur aurait semblé bien absurdes...
— Pourquoi... pourquoi vous faites ça ?
Sylvère haussa des épaules. Il fit tourner le bâton qu'il avait toujours dans la main, comme une arme — dont il ne se servirait évidemment pas.
— Pourquoi... Eh bien. Tout dépend quelle version vous voulez connaître.
Parce qu'il ne doutait pas que l'on dise des choses sur ses agissements en ville.
— Un autre vous direz certainement que je ne suis qu'un fou sanguinaire, et sans doute participerez-vous à construire ma légende.
Et il ne l'en blâmerait pas.
— Pour ma part, je vous direz simplement que chacun défend ses intérêts, ils sont juste différents. Aimeriez-vous être privé de votre maison ? Ou dépossédé de l'un de vos membres ?
Or, n'était-ce pas ce qu'il faisait subir aux arbres ? N'était-ce pas là juste dû que de lui renvoyer la pareille ?
— Mais je suppose que vous vous arrêterez à la première version.
Et au fond, il s'en fichait bien.
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Jeux forestiers.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alduis de Fromart / Victor Millard
Messages : 526
Date d'inscription : 17/03/2020
Localisation : Dans la forêt d'Aiguemorte
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Le sieur Mayeur demeurait interdit par cet énergumène qui avait surgi pour défendre ses ouvriers, les chasser et lui déchirer son autorisation. Il restait à présent là, devant lui, à converser de la situation. Il jouait de ce bâton mais cela se lisait dans les mouvements que ceci n'était qu'un jeu. Il n'attaquerait pas. Ces conclusions le laissèrent un peu plus confus. pourquoi cet homme agissait ainsi ? Que recherchait-il donc ?
Plus que curieux, il écouta ses explications et le sieur Mayeur n'arrivait pas à démêler une explication plausible. Non, cet homme ne présentait aucun caractéristique du légendaire Sylvère dont les citadins aimaient à raconter les histoires sanglantes et cruelles. Il affirmait une autorité ferme mais sans violence. La suite restait obscur. Il évoquait de défendre ses intérêts, de protéger sa maison... Il tourna la tête pour contempler les arbres environnements. la forêt serait-elle un lieu de vie ? Comment serait-ce possible ? Qui pourrait accepter de vivre dans ces bois, sans le moindre confort, sans une route décente pour circuler ?
"Une... maison ? Mais c'est une forêt. Une forêt n'est en rien une maison."
Une pensée s'agita en lui. Et si ct homme se trouvait être un ermite ? Tout s'expliquerait.
"A moins que vous ne soyez un ermite ? Oh, mais oui ! Dans ces bois, il y a, en plus une communauté religieuse ! Alors, ces bois, malgré que la prévôté m'a dit, elles sont sous le pouvoir religieux ? Je comprends que vous vous sentiez détaché du pouvoir terrestre mais malheureusement celui-ci est puissant. Il faudrait vous signaler aux autorités pour éviter que votre tranquillité soit troublée."
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Qu’est-ce que les citadins pouvaient être butés et sans originalité ! Ils attachaient une telle importance aux bien matériels, aux lois édictées… Ils gagneraient en liberté, pourtant, et peut-être en joie de vivre, en adoptant un système moins régenté. Mais ce ne serait pas pour demain, assurément, et on le verrait certainement toute sa vie comme un illuminé. Tant pis ! En attendant, lui, il vivait son existence comme il le voulait !
Enfin, tout de même. Ce qui était différent de leur mode de vie leur semblait à tous absurde… Venait-il critiquer leurs maisons de pierre et de bois, lui ? Leurs murs et leurs toits ? Non. De son côté, il vivait dans une grotte humide, souvent fraîche, et sans le moindre confort, mais il n’en avait pas besoin. Tous les chemins menaient à Rome, disait-on ? Eh bien, dans ce cas, qu’importe celui qu’on empruntait s’ils allaient tous vers la même destination. Mais en attendant, le paysage était différent de l’un à l’autre et s’il existait une grande avenue - construire par et pour la société - il suffisait d’en sortir pour pouvoir apercevoir d’autres horizons plus réjouissantes.
Il haussa des épaules à l’intention de l’homme :
— Habiter dans une forêt n’est pas plus étrange que d’habiter dans un immense château, si grand que l’on est obligé de demander à d’autres mains de nettoyer à sa place.
C’était beaucoup d’entretien pour pas grand chose, au final.
Il savait qu’il courrait nombre de rumeurs à son sujet. Beaucoup étaient fausses, d’autres avaient un fond de vérité - bien que les répétitions avaient fini par les déformer. Il avait entendu de nombreuses choses durant ses rares sorties en ville, et certainement que certaines lui avaient échappé. De nouvelles viendraient s’ajouter à la liste…
Peut-être que cet homme détenait une part de vérité à son sujet. Un ermite. Ne vivait-il pas à l’écart de la socie´té ? À la différence qu’il n’était pas religieux. Bien loin de là. La dernière fois qu’il avait adressé une prière à Dieu remontait à… assez longtemps pour qu’il ait oublié les circonstances exactes.
Oh oui, il se sentait détaché du pouvoir terrestre, mais pas parce qu’il était plus attaché à celui qui vienne des cieux. Loin de là.
Les autorités. Voilà un mot qui était bien déplaisant. Pourquoi fallait-il des autorités qui valent davantage que d’autres ? Finalement, comme l’homme n’avait plus ni ouvriers, ni autorisation pour le faire, Sylvère remonta sur une branche, les jambes dans le vide et remarqua - une réponse tout à fait sincère :
— Vous ne pensez pas que si chacun était libre de faire ce qu’il voulait, il y aurait moins de débordements ?
Enfin, tout de même. Ce qui était différent de leur mode de vie leur semblait à tous absurde… Venait-il critiquer leurs maisons de pierre et de bois, lui ? Leurs murs et leurs toits ? Non. De son côté, il vivait dans une grotte humide, souvent fraîche, et sans le moindre confort, mais il n’en avait pas besoin. Tous les chemins menaient à Rome, disait-on ? Eh bien, dans ce cas, qu’importe celui qu’on empruntait s’ils allaient tous vers la même destination. Mais en attendant, le paysage était différent de l’un à l’autre et s’il existait une grande avenue - construire par et pour la société - il suffisait d’en sortir pour pouvoir apercevoir d’autres horizons plus réjouissantes.
Il haussa des épaules à l’intention de l’homme :
— Habiter dans une forêt n’est pas plus étrange que d’habiter dans un immense château, si grand que l’on est obligé de demander à d’autres mains de nettoyer à sa place.
C’était beaucoup d’entretien pour pas grand chose, au final.
Il savait qu’il courrait nombre de rumeurs à son sujet. Beaucoup étaient fausses, d’autres avaient un fond de vérité - bien que les répétitions avaient fini par les déformer. Il avait entendu de nombreuses choses durant ses rares sorties en ville, et certainement que certaines lui avaient échappé. De nouvelles viendraient s’ajouter à la liste…
Peut-être que cet homme détenait une part de vérité à son sujet. Un ermite. Ne vivait-il pas à l’écart de la socie´té ? À la différence qu’il n’était pas religieux. Bien loin de là. La dernière fois qu’il avait adressé une prière à Dieu remontait à… assez longtemps pour qu’il ait oublié les circonstances exactes.
Oh oui, il se sentait détaché du pouvoir terrestre, mais pas parce qu’il était plus attaché à celui qui vienne des cieux. Loin de là.
Les autorités. Voilà un mot qui était bien déplaisant. Pourquoi fallait-il des autorités qui valent davantage que d’autres ? Finalement, comme l’homme n’avait plus ni ouvriers, ni autorisation pour le faire, Sylvère remonta sur une branche, les jambes dans le vide et remarqua - une réponse tout à fait sincère :
— Vous ne pensez pas que si chacun était libre de faire ce qu’il voulait, il y aurait moins de débordements ?
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Jeux forestiers.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alduis de Fromart / Victor Millard
Messages : 526
Date d'inscription : 17/03/2020
Localisation : Dans la forêt d'Aiguemorte
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Le sieur Mayeur avait finalement abandonné toute colère pour se concentrer sur les explications que cet ermite lui fournissait du monde. Il avait essayé de comprendre cette pensée mais celle-ci lui restait parfaitement inatteignable. Ses regards balayaient les arbres. il ne se voyait pas vivre au milieu des buissons. Un lit chaud, un feu de cheminée, une bibliothèque, un bureau.. L'homme avait inventé le confort. Pourquoi se priver ?
"Mais avoir besoin de personnel pour nettoyer sa demeure permet à des gens de travailler. Autrement, ils passeraient leur vie à mendier ou, peut-être même à voler. Il s'agit là même d'une marque de prestige. Pouvoir s'offrir des domestiques démontrent à la société que nous avons réussi, J'ai à mon service deux servantes, une cuisinière et une gouvernante pour mes enfants. Un château et une demeure plus grande que celles de ses voisins, là aussi, voici un signe de supériorité sur les autres. Nous avons besoin de ces symboles pour briller et rappeler notre supériorité."
L'homme réfléchissait à ces questions et ne voyait pas de meilleure réponse possible. C'était ainsi que la société fonctionnait et celle-ci se portait très bien. Il ne fallait pas la remettre en question parce que quelques marginaux, sensibles au pouvoir divin, n'y trouvaient pas leur place. Il observa l'ermite se reculer pour se percher sur une branche. Quel drôle d'oiseau, décidément ! Il l'écouta raisonner sur la liberté et demeurait sceptique.
"De quels débordements parlez-vous ? La société fonctionne bien telle qu'est. Chacun a une place, sûre, et il peut être certain de bien vivre si celui-ci est honnête et travailleur. Naturellement, si on est feignants, bien sûr, c'est contraignant. Quand je pense à ces mendiants qui s'entassent devant les porches des église, à tendre la main... Quels sots ! Quelle bêtise que de vivre de la charité ! S'ils faisaient l'effort de se lever pour traverser la rue, ils en trouveraient du travail !Il y a toujours des commerçants et autres personnes prêts à employer n'importe qui ayant de la bonne volonté !"
Le Sieur Mayeur affirmait son opinion avec une sincérité féroce, persuadé de ces bons principes.
"Les gens honnêtes travaillent et reçoivent un salaire. Ils peuvent le dépenser et contribuer à l'économie et à la richesse de notre pays. Tout le monde y gagne ! Heureusement, il y a la loi pour gérer ces parasites qui encombrent nos rues. Ces mendiants sont ramassés et le plus souvent asservis. De cette manière, ils peuvent enfin participer aux efforts de la société."
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Sylvère ne voyait décidément pas l'intérêt d'avoir une maison si grande qu'on ne pouvait pas la nettoyer seul. On lui avait dit, encore et encore, qu'il devait se réjouir d'avoir un toit au-dessus de la tête et de quoi manger sur la table qui lui faisait face. Mais le toit avait ce désavantage de cacher le ciel constellé d'étoiles à la nuit tombée, et toute la nourriture qui se trouvait dans cette assiette pleine ne serait jamais mangé par un autre que lui. Il aurait pu partager pourtant.
Quant à avoir du personnel pour faire les choses à sa place... Certes, cela permettait aux gens de travailler. Mais travailler ! Voilà une chose qui ne lui faisait pas du tout, mais vraiment pas, envie. Il y avait tellement de choses à faire qui soient plus intéressantes.
Certes, travailler permettait de gagner sa vie. Mais il détestait cette expression ! Quel besoin avait-on de gagner sa vie, puisqu'elle était déjà là ? N'était-ce pas suffisant pour pouvoir la vivre librement, sans pression ?
Une société remplie de règles et d'interdictions. Qui demandait de travailler. Qui voulait que tous se ressemblent, que tous suivent le même chemin. Certes, il y avait des mendiants, certes, il y avait aussi des voleurs. En un mot, il y avait et il y aurait toujours des abus.
Sylvère ne répondait toujours pas, tandis que l'homme évoquait ce mot. Réussir. C'était cela, dans cette société, il fallait réussir, sans cesse briller. Mais réussir quoi, par rapport à qui ? Et l'un dans l'autre, il n'y avait nul besoin de réussir pour briller. On aurait aussi bien pu être le dernier des mendiants, et briller... à sa manière. Encore fallait-il savoir apercevoir cette lumière qui existait en chaque regard...
... et que cet homme-là étaient à mille lieux de remarquer.
— Et alors ?
Il remonta sur son arbre.
— Je suis persuadé que la liberté ferait l'ordre. Et bien plus sûrement que toutes les lois du monde.
Après tout, il était bien placé pour parler : les règles appelaient à être dépassées, outragées. Depuis toujours, Sylvère avait bafoué toutes les règles qui lui avaient été imposé, par plaisir de ne pas se plier aux exigences. Si on l'avait laissé faire ce qu'il voulait, enfant, il n'aurait certainement pas eu envie de faire toutes ces bêtises.
— De quels débordements parlez-vous ? La société fonctionne bien telle qu’elle est.
Du haut de sa branche, Sylvère se dressa sur ses pieds. Prenant une branche suffisamment pour supporter son poids, il fit un pas, puis un deuxième et un troisième - comme un funambule aurait traversé un fil.
— Elle ne fonctionne pas bien. La preuve.
Il sauta de sa branche, en profita pour faire une pirouette dans les airs et reprit :
— Vous avez vu tous ces gosses livrés à eux-mêmes qui traînent dans les rues ? Et que diriez-vous, si demain vous vous retrouviez ruiné du fruit d’une mauvaise affaire ? que vous vous retrouviez en bas de l’échelle sociale ? Les choses vous paraîtraient-elles toujours aussi parfaites ? Et puis...
Une pause.
— Si quelqu’un faisait l’effort de traverser seulement la rue pour venir vous trouver pour avoir un travail… que feriez-vous ? Accepteriez-vous seulement de le mettre à l’essai ?
Quant à avoir du personnel pour faire les choses à sa place... Certes, cela permettait aux gens de travailler. Mais travailler ! Voilà une chose qui ne lui faisait pas du tout, mais vraiment pas, envie. Il y avait tellement de choses à faire qui soient plus intéressantes.
Certes, travailler permettait de gagner sa vie. Mais il détestait cette expression ! Quel besoin avait-on de gagner sa vie, puisqu'elle était déjà là ? N'était-ce pas suffisant pour pouvoir la vivre librement, sans pression ?
Une société remplie de règles et d'interdictions. Qui demandait de travailler. Qui voulait que tous se ressemblent, que tous suivent le même chemin. Certes, il y avait des mendiants, certes, il y avait aussi des voleurs. En un mot, il y avait et il y aurait toujours des abus.
Sylvère ne répondait toujours pas, tandis que l'homme évoquait ce mot. Réussir. C'était cela, dans cette société, il fallait réussir, sans cesse briller. Mais réussir quoi, par rapport à qui ? Et l'un dans l'autre, il n'y avait nul besoin de réussir pour briller. On aurait aussi bien pu être le dernier des mendiants, et briller... à sa manière. Encore fallait-il savoir apercevoir cette lumière qui existait en chaque regard...
... et que cet homme-là étaient à mille lieux de remarquer.
— Et alors ?
Il remonta sur son arbre.
— Je suis persuadé que la liberté ferait l'ordre. Et bien plus sûrement que toutes les lois du monde.
Après tout, il était bien placé pour parler : les règles appelaient à être dépassées, outragées. Depuis toujours, Sylvère avait bafoué toutes les règles qui lui avaient été imposé, par plaisir de ne pas se plier aux exigences. Si on l'avait laissé faire ce qu'il voulait, enfant, il n'aurait certainement pas eu envie de faire toutes ces bêtises.
— De quels débordements parlez-vous ? La société fonctionne bien telle qu’elle est.
Du haut de sa branche, Sylvère se dressa sur ses pieds. Prenant une branche suffisamment pour supporter son poids, il fit un pas, puis un deuxième et un troisième - comme un funambule aurait traversé un fil.
— Elle ne fonctionne pas bien. La preuve.
Il sauta de sa branche, en profita pour faire une pirouette dans les airs et reprit :
— Vous avez vu tous ces gosses livrés à eux-mêmes qui traînent dans les rues ? Et que diriez-vous, si demain vous vous retrouviez ruiné du fruit d’une mauvaise affaire ? que vous vous retrouviez en bas de l’échelle sociale ? Les choses vous paraîtraient-elles toujours aussi parfaites ? Et puis...
Une pause.
— Si quelqu’un faisait l’effort de traverser seulement la rue pour venir vous trouver pour avoir un travail… que feriez-vous ? Accepteriez-vous seulement de le mettre à l’essai ?
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Jeux forestiers.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alduis de Fromart / Victor Millard
Messages : 526
Date d'inscription : 17/03/2020
Localisation : Dans la forêt d'Aiguemorte
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Le sieur Mayeur venait d'achever sa définition de ce pourquoi leur société était parfaite mais restait troublé par cet homme des plus singuliers. Même pour un ermite, il se trouvait être atypique. Tout en l'observant, il montait aux arbres, semblable à un singe ou à un écureuil. Quel ermite agirait ainsi ? De ses lectures, l'entrepreneur avait appris que ces gens aimaient à se retirer dans des grottes isolées, près d'un ruisseau. Les illustrations n'en montraient jamais un grimper un chêne ou un merisier.
Son discours lui passait par dessus la tête. S'agissait-il réellement d'un ermite ou peut-être plutôt d'un sauvage ? On parlait parfois d'enfants perdus, ou abandonnés, élevés par des animaux. S'agitait de l'un d'entre eux ? pourtant, lui causait étonnamment bien. Il philosophait même. Quelle singularité troublante. D'où venait d'un pareil homme pour être si éduqué mais pourtant assez simple d'esprit pour se contenter de vivre dans les bois ?
"Non, la liberté n'apportera jamais la paix et l'ordre. Seulement le chaos. Les gens sont paresseux, envieux et égoïstes de nature. Ils ont besoin de lois pour que leur nature bestiale se dompte. Déjà, avec elles, il y a malheureusement encore des meurtres. Ou des bagarres. Nous avons besoin d'elles, vous voyez, pour contrôler cette société et réaliser un ensemble où chacun peut être heureux."
L'ermite, tout en l'écoutant et en conversant, se mettait debout sur une branche et marchait dessus. Pourrait-il être un artiste de cirque ? Un homme cruellement exploité par un forain avide ? Il avait déjà vi quelques uns de ces patrons exploiter des phénomènes ou les talents de ses employés jusqu'à l'(épuisement. Cela le répugnait? Il aimait le travail bien fait, se montrait terriblement exigeant avec ses ouvriers mais il leur accordait du repos. Même une bête de labeur, le paysan la ménageait. Il fallait être fou pour traiter un homme pire qu'un animal.
Il eut un sursaut en l'entendant déclarer que la société ne fonctionnait pas si bien que ce que lui décrivait. Le sieur mayeur allait répondre mais l'argument des enfants des rues le bloqua. Ces gamins... Chaque fois qu'il en voyait, oui, ils le mettait mal à l'aise et il s'efforçait de regarder ailleurs. Cela était si dérangeait de songer à ces petits, privés de famille, qui se retrouvaient à mendier, trop faibles pour demander un emploi.
"Ces enfants.. Je suppose qu'il y a sans doute pour eux un mauvais fonctionnement. Les orphelinats peinent à remplir ce pour quoi ils sont payés. Ou les curés aussi. Mais pour ce qui est de mon entreprise, non, cela ne peut m'arriver. Je suis un homme d'affaires prudent et avisé. Du reste, je garde des économies et des liquidités. Mes reins sont solides. Ce genre de choses ne peut absolument pas m'arriver mais je vous remercie de vous faire du souci pur moi. Mais quand on navigue dans le commerce on assure ses arrières. Ou on est un perdant."
L'ermite s'arrêta pour lui poser une nouvelle question. le sieur Mayeur opina d'un hochement de tête rapide.
"Oui, je n'ai jamais refusé une offre de travail à quiconque vient m'en demander. Bien sûr, à certains moments, ce n'est pas possible. J'ai assez d'ouvriers ou de domestiques. Mais je me rends à quelques relations et je m'arrange pour trouver une place à cette personne qui cherche un emploi honnête. Dans mon milieu, on connaît les dernières informations et on sait vite qui a besoin de tels services. Vous voyez, c'est ceci un bon employeur : quelqu'un qui sait reconnaitre l'effort et le valorise."
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Le sieur Mayeur venait d'achever sa définition de ce pourquoi leur société était parfaite mais restait troublé par cet homme des plus singuliers. Même pour un ermite, il se trouvait être atypique. Tout en l'observant, il montait aux arbres, semblable à un singe ou à un écureuil. Quel ermite agirait ainsi ? De ses lectures, l'entrepreneur avait appris que ces gens aimaient à se retirer dans des grottes isolées, près d'un ruisseau. Les illustrations n'en montraient jamais un grimper un chêne ou un merisier.
Son discours lui passait par dessus la tête. S'agissait-il réellement d'un ermite ou peut-être plutôt d'un sauvage ? On parlait parfois d'enfants perdus, ou abandonnés, élevés par des animaux. S'agitait de l'un d'entre eux ? pourtant, lui causait étonnamment bien. Il philosophait même. Quelle singularité troublante. D'où venait d'un pareil homme pour être si éduqué mais pourtant assez simple d'esprit pour se contenter de vivre dans les bois ?
"Non, la liberté n'apportera jamais la paix et l'ordre. Seulement le chaos. Les gens sont paresseux, envieux et égoïstes de nature. Ils ont besoin de lois pour que leur nature bestiale se dompte. Déjà, avec elles, il y a malheureusement encore des meurtres. Ou des bagarres. Nous avons besoin d'elles, vous voyez, pour contrôler cette société et réaliser un ensemble où chacun peut être heureux."
L'ermite, tout en l'écoutant et en conversant, se mettait debout sur une branche et marchait dessus. Pourrait-il être un artiste de cirque ? Un homme cruellement exploité par un forain avide ? Il avait déjà vi quelques uns de ces patrons exploiter des phénomènes ou les talents de ses employés jusqu'à l'(épuisement. Cela le répugnait? Il aimait le travail bien fait, se montrait terriblement exigeant avec ses ouvriers mais il leur accordait du repos. Même une bête de labeur, le paysan la ménageait. Il fallait être fou pour traiter un homme pire qu'un animal.
Il eut un sursaut en l'entendant déclarer que la société ne fonctionnait pas si bien que ce que lui décrivait. Le sieur mayeur allait répondre mais l'argument des enfants des rues le bloqua. Ces gamins... Chaque fois qu'il en voyait, oui, ils le mettait mal à l'aise et il s'efforçait de regarder ailleurs. Cela était si dérangeait de songer à ces petits, privés de famille, qui se retrouvaient à mendier, trop faibles pour demander un emploi.
"Ces enfants.. Je suppose qu'il y a sans doute pour eux un mauvais fonctionnement. Les orphelinats peinent à remplir ce pour quoi ils sont payés. Ou les curés aussi. Mais pour ce qui est de mon entreprise, non, cela ne peut m'arriver. Je suis un homme d'affaires prudent et avisé. Du reste, je garde des économies et des liquidités. Mes reins sont solides. Ce genre de choses ne peut absolument pas m'arriver mais je vous remercie de vous faire du souci pur moi. Mais quand on navigue dans le commerce on assure ses arrières. Ou on est un perdant."
L'ermite s'arrêta pour lui poser une nouvelle question. le sieur Mayeur opina d'un hochement de tête rapide.
"Oui, je n'ai jamais refusé une offre de travail à quiconque vient m'en demander. Bien sûr, à certains moments, ce n'est pas possible. J'ai assez d'ouvriers ou de domestiques. Mais je me rends à quelques relations et je m'arrange pour trouver une place à cette personne qui cherche un emploi honnête. Dans mon milieu, on connaît les dernières informations et on sait vite qui a besoin de tels services. Vous voyez, c'est ceci un bon employeur : quelqu'un qui sait reconnaitre l'effort et le valorise."
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
La liberté n’apporterait que le chaos ? Sylvère secoua la tête. Qu’est-ce que les citadins pouvaient être pessimistes, bon sang ! Paresseux, envieux, égoïstes…
— Vous vous trompez. Peut-être que certains le sont, je ne le nierai pas, mais quoi que vous en dites, monsieur, la plupart des hommes sont actifs, généreux et même altruistes. Et les lois... (il haussa des épaules exagérement.) ... les lois sont faites pour être dépassées. Vous savez, c’est comme ces enfants à qui vous interdisez quelque chose et qui s’empressent, dès que vous avez le dos tourné, de le faire. S’il n’y avait pas de règles, personne n’aurait envie de les briser !
Et c’était élémentaire ! Encore plus que cela, même !
— Regardez par vous-même : les animaux n’ont pas de règles, n’ont pas de tribunaux, ni d’autorités, et pourtant, les membres d’une même espèce ne se tuent pas entre eux.
Avant que l’autre n’intervienne - au cas où cela lui serait venu à l’esprit -, il leva la main pour qu’il le laisse poursuivre.
— Oh je sais ! Vous pourriez me dire que nous ne sommes pas des animaux et c’est juste. Mais néanmoins ! N’est-ce pas notre capacité à réfléchir, et notre libre-arbitre, qui nous différencient réellement d’eux ? Dans ce cas… Comment expliquez-vous que nous, évolués que nous sommes, avons besoin de lois pour rythmer nos existences ? Si les animaux sont capables de vivre sans accroc, et que nous sommes plus évolués qu’eux, pourquoi ne faisons-nous pas la même chose ? Monsieur, ce sont les lois qui ont inventé les crimes.
On était bien loin de la société parfaite que lui décrivait l’homme. Tout ne fonctionnait pas si bien que cela. Et de bien des manières. En commençant par ces enfants dans les rues, laissés seuls. Peut-être que tout débutait ici, d’ailleurs ? Livrés à leur compte, chacun avait sa propre notion du bien et du mal - et cela n’était certainement pas la même que la société. Après tout, un ventre qui criait famine ne pensait à aucun moment que voler était un crime. Les orphelins n’étaient qu’un exemple parmi tant d’autres.
Sylvère haussa des épaules.
— Vous savez, on est persuadés que les choses ne nous arriveront jamais jusqu’à ce qu’elles nous tombent sur la tête. Votre entreprise peut faillir comme les autres.
Il poursuivit, alors que l’homme assurait qu’il offrait du travail à toute personne qui venait lui en faire la demande. Bien. Et alors ?
— Et pour que vous acceptiez de leur offrir ce poste… combien pensez-vous que d’hommes auront refusé de les engager auparavant ?
Il eut un geste de bras nonchalant.
— Vous savez, je vis dans cette forêt depuis plusieurs années alors je sais à quoi ressemble la liberté. La véritable, et non celle de vos villes. Vous pouvez penser que vous êtes libre, mais vous ne l’êtes pas, monsieur. Vous êtes pris dans un carcan de règles qui vous ordonnent de vous marier, d’avoir des enfants, de travailler. Ou alors de vous habiller d’une manière plutôt que d’une autre, de saluer vos voisins le matin avec telle formule de politesse, de manger à table plutôt que dans votre lit et de vous lever aux aurores. À mon humble avis, monsieur, vous êtes davantage esclave de la société que les esclaves eux-mêmes.
— Vous vous trompez. Peut-être que certains le sont, je ne le nierai pas, mais quoi que vous en dites, monsieur, la plupart des hommes sont actifs, généreux et même altruistes. Et les lois... (il haussa des épaules exagérement.) ... les lois sont faites pour être dépassées. Vous savez, c’est comme ces enfants à qui vous interdisez quelque chose et qui s’empressent, dès que vous avez le dos tourné, de le faire. S’il n’y avait pas de règles, personne n’aurait envie de les briser !
Et c’était élémentaire ! Encore plus que cela, même !
— Regardez par vous-même : les animaux n’ont pas de règles, n’ont pas de tribunaux, ni d’autorités, et pourtant, les membres d’une même espèce ne se tuent pas entre eux.
Avant que l’autre n’intervienne - au cas où cela lui serait venu à l’esprit -, il leva la main pour qu’il le laisse poursuivre.
— Oh je sais ! Vous pourriez me dire que nous ne sommes pas des animaux et c’est juste. Mais néanmoins ! N’est-ce pas notre capacité à réfléchir, et notre libre-arbitre, qui nous différencient réellement d’eux ? Dans ce cas… Comment expliquez-vous que nous, évolués que nous sommes, avons besoin de lois pour rythmer nos existences ? Si les animaux sont capables de vivre sans accroc, et que nous sommes plus évolués qu’eux, pourquoi ne faisons-nous pas la même chose ? Monsieur, ce sont les lois qui ont inventé les crimes.
On était bien loin de la société parfaite que lui décrivait l’homme. Tout ne fonctionnait pas si bien que cela. Et de bien des manières. En commençant par ces enfants dans les rues, laissés seuls. Peut-être que tout débutait ici, d’ailleurs ? Livrés à leur compte, chacun avait sa propre notion du bien et du mal - et cela n’était certainement pas la même que la société. Après tout, un ventre qui criait famine ne pensait à aucun moment que voler était un crime. Les orphelins n’étaient qu’un exemple parmi tant d’autres.
Sylvère haussa des épaules.
— Vous savez, on est persuadés que les choses ne nous arriveront jamais jusqu’à ce qu’elles nous tombent sur la tête. Votre entreprise peut faillir comme les autres.
Il poursuivit, alors que l’homme assurait qu’il offrait du travail à toute personne qui venait lui en faire la demande. Bien. Et alors ?
— Et pour que vous acceptiez de leur offrir ce poste… combien pensez-vous que d’hommes auront refusé de les engager auparavant ?
Il eut un geste de bras nonchalant.
— Vous savez, je vis dans cette forêt depuis plusieurs années alors je sais à quoi ressemble la liberté. La véritable, et non celle de vos villes. Vous pouvez penser que vous êtes libre, mais vous ne l’êtes pas, monsieur. Vous êtes pris dans un carcan de règles qui vous ordonnent de vous marier, d’avoir des enfants, de travailler. Ou alors de vous habiller d’une manière plutôt que d’une autre, de saluer vos voisins le matin avec telle formule de politesse, de manger à table plutôt que dans votre lit et de vous lever aux aurores. À mon humble avis, monsieur, vous êtes davantage esclave de la société que les esclaves eux-mêmes.
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Jeux forestiers.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alduis de Fromart / Victor Millard
Messages : 526
Date d'inscription : 17/03/2020
Localisation : Dans la forêt d'Aiguemorte
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Le sieur Mayeur écoutait les nouvelles réponses que le drôle d'ermite lui faisait mais celles-ci ne provoquaient aucun sursaut dans son esprit figé. Au contraires, elles le confortaient dans sa vision du monde.
"De tous les hommes que j'ai pu côtoyer, et il y en a eu beaucoup en quarante-cinq ans d'existence, j'ai pu observer que l'être humain était irrémédiablement porté à exploiter ses défauts que ses qualités. Par exemple, ans ma manufacture, s'il n'y a pas de contremaitre, ou entre deux rondes, les ouvriers se relâchent et négligent leur travail. Nous avons besoin d'ordre et de surveillance. C'st un fait. Puisque vous évoquez les enfants, laissez-moi vous évoquer mes deux fils qui, eux, ne commettent jamais de bêtises. Ils sont bien éduqués, conscients des règles que leurs bons parents leur ont apprises, et savent se montrer responsables et dignes de leur statut."
L'ermite renchérissait à présent pour comparer le sort des animaux et ceux des êtres humains. Se croyait-il dans le Roman de Renart ? Pensait- t-il réellement ces idées ? Qui pourrait accepter cette pensée que les bêtes seraient plus intelligentes que les hommes ? e n'étaient que des bêtes, juste bonnes à pousser des charrettes, porter des charges puis finir dans des assiettes. Vers al fin de son discours, ses épaules se haussèrent.
"Allons, maître Ysengrin, dans certains romans, les sociétés anthropomorphes fonctionnent mais celles-ci ne servent que de miroir
à notre propre société. Les animaux sont simples. Sans conscience. La seule chose qui les motive est de survivre. Nous, les humains, sommes plus complexes, avec des désirs plus profonds et puissants. La loi est utile. Songez à ces peuplades des colonies dans ces mondes nouveaux.. Ces sauvages vivent en pleine nature, sans règles.. Ils se font la guerre entre tribus, se massacrent.. Pas si loin de nous, il y a Zarkos qui fonctionne dans cette même idée clanique. Il est impossible de commercer avec ces sauvages sans pouvoir les éduquer au préalable et leur apprendre la civilisation. Heureusement, l'asservissement existe et en les déportant dans notre pays ces individus vont enfin connaître le raffinement de notre culture et devenir de vrais hommes."
Des souvenirs pénibles lui revint à ce sujet. Son visage se ferma et as voix devint froide.
"D'ailleurs, l'an dernier, j'ai voulu acheter un de ces zarkotiens, un homme fort, solide, qui devait porter de lourdes caisses. Cette brute n'arrêtait pas de nous provoquer, même les ouvriers, cherchait à fuir, se battait... Nous avons tout essayé. D'abord, l'éducation religieuse, puis la moralisation, ensuite les suspensions de nourriture, le fouet... Rien n'y fit. J'ai dû prendre une décision terrible et rapporter à la prévôté son indiscipline et l'infaisabilité de le dresser Le sergent et moi-même avons conclu qu'il n'y avait rien à faire : j'ai été un bon maître, attentif, cherchant à éduquer plutôt que de punir tout de suite, mais l'animal était trop imprégné de ses mauvaises habitudes pour être dressé. Il fut abattu pour servir d'exemple à ses congénères. Un moment pénible mais nécessaire. Vous comprenez à présent ? Sans la loi et les règles, nous serions tous comme ces Zarkotiens, des sauvages qui attaquent les gens, sans crainte de les blesser."
Le sieur Mayeur fit quelques pas pour dégourdir ses jambes qui commençaient à raidir à rester immobile.
"Cela me servit de leçon. Depuis, je n'achète plus d'esclaves. Je préfère donner lr chance à de bons citoyens de notre pays."
Il haussa les épaules à cette idée que son entreprise puisse faire faillite. Quelle pensée ridicule. Il préféra lui expliquer les mécanismes économiques. Cet ermite, à vivre dans la nature, ne savait décidément plus rien de la vie normale.
"Il s'agit là des principes naturelles de l'offre et de la demande. Un patron peut avoir besoin de main d'œuvre, dès fois non. C'est ainsi. Comme un ménage a parfois besoin de se racheter une table mais ce serait un achat ponctuel, au contraire de l'alimentation. Ce sont les règles du jeu et nous devons les accepter."
L'ermite continuait à défendre sa vision de la liberté et insinuait que ce serait lui qui serait un esclave ? Réellement ? Comment pouvait-il aboutir à une pareille conclusion ? Cela le dépassait. Il eut une seule réaction possible : rire.
"Moi, un esclave ? Non, non, je suis un homme bien intégré, heureux de sa situation. pour vous, cela semble être contraintes amis ce n'est que la réalité. Comme elle l'est pour des millions de gens. Vous imaginez des millions de gens se tromper ? Impossible. C'est vous, dans votre désir de communier avec la nature, qui faites erreur et confondez les notions. Restez donc en dehors de ces idées, vous n'êtes décidément pas capable de comprendre al société."
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Les humains avaient des défauts, indéniablement. C’était même, précisément, ce qui faisait leur beauté intérieure. Ce qui les différenciait des animaux plus profondément que leur intelligence développée : l’art d’être différents les uns des autres. Qu’il aurait été ennuyant d’être parfait ! Jamais paresseux, toujours sage. Peut-être que certains poussaient vers cette routine, mais pas lui. Il préférait paresser au sommet des arbres et regarder les oiseaux venir se poser à quelques pas de lui comme s’il faisait partie intégrante du décor.
Pourquoi les ouvriers relâchaient-ils leur travail ? Parce qu’ils ne travaillaient non pas par plaisir de faire ce métier, mais par obligation. Parce qu’il fallait gagner sa vie, encore et toujours. Une expression qui ne faisait qu’enfermer les gens un peu plus dans la société. À les en rendre dépendants.
Sylvère leva les yeux au ciel quand l’homme évoqua ses enfants. Voyez-vous cela ! Des enfants qui ne faisaient jamais de bêtises, et qui se tenaient parfaitement. Il ne le croyait pas et il ne se gêna pas pour le lui dire :
— Les enfants font tous des bêtises. C’est dans l’ordre des choses.
Ou comment déclarer avec assurance que cet argument ne le convaincrait jamais. Faire des bêtises, c’était apprendre la notion du bien et du mal. Un enfant qui ne tapait jamais, comment pouvait-il savoir qu’il ne fallait jamais le faire ? C’était naturel. Et si cet homme les forçait à se tenir, alors il n’avait rien compris au secret de la vie. Il haussa des épaules mais marqua un temps de pause incontrôlable sur la suite du discours de son interlocuteur.
Maître Ysengrin. Oh, il était bien clair de la référence qu’il faisait, mais cela n’en était que plus amusant ! S’il avait su ! Il afficha un immense sourire ravi et amusé. Cependant… :
— Je ne vous parle pas de romans, Monsieur, mais de la vraie vie. Regardez autour de vous, puisque vous êtes ici. La nature est régie par des lois, je vous l’accorde, des lois auxquelles personne ne pourra jamais déroger. Il en faut, par extension, dans une société humaine. Ce que je dis... (Et il fit une pause, pour être bien sûr que son interlocuteur écoute.) ... c’est simplement que certaines sont inutiles et n’apportent rien à la vie en communauté.
Les animaux étaient simples, mais dans le sens où cet homme le comprenait et l’entendait. Ils avaient des personnalités aussi complexes que diverses. Simplement, ils n’avaient pas oublié le but premier de la vie : exister pour soi. Et non pas pour une société. Là était toute la différence.
— Si je devais expliquer ce qu’est la vie, vous savez ce que je dirais ? C’est le temps qui s’écoule entre une naissance et une mort. Vous approuvez ? La vie, c’est la manière dont on fait exister ce temps et chacun a une vie différente, qui mêle son libre-arbitre et une part de hasard. Vous êtes différent de votre femme ou de votre voisin, et le sort vous a fait naître dans une classe sociale particulière. Vous approuvez toujours ? Bien. Mais puisque chacun est différent, qu’une vie ne ressemble pas à une autre, on ne peut donc décemment pas appliquer les mêmes règles pour chacune. Ce qui marchera pour l’une, sera inutile pour une seconde. Pourquoi voulez-vous pénaliser la différence dans la société, puisque c’est ce qui en fait sa richesse ?
Il haussa de nouveau des épaules. Des tribus qui se faisaient la guerre. Sylvère sourit.
— Ces peuplades de sauvages, comme vous dites, ont des règles, eux aussi. Quoi que vous en dites. Ce n’est pas parce que vous ne les comprenez pas que leur mode de fonctionnement est plus idiot qu’un autre.
De vrais hommes. Mais quelle absurdité ! Mieux valait-il entendre cela plutôt que d’être sourd… mais quand même ! Le visage de l’homme se ferma. Sylvère, lui, ne broncha pas. Rien n’aurait semblé pouvoir venir altérer son regard illuminé par le plaisir d’argumenter. Après tout, l’opinion de cet homme ne valait pas moins qu’un autre.
— Vous avez acheté ce Zakrotien, fit-il calmement. Qui refusait de se soumettre… N’avez-vous jamais songé que s’il ne cessait de vous provoquer, c’est parce qu’il n’était simplement pas à sa place. Avez-vous songé que, peut-être, vous lui enleviez plus que ce que vous lui offriez ? Cet homme avait certainement une famille. Des enfants, et une femme. Tenez, regardez.
Une pause.
— Les hommes ne sont pas des animaux et sont des êtres évolués. Vous l’avez dit vous-même. Or, vous l’avez dit à l’instant : ce Zakrotien était un homme. Soit. Dans ce cas, si on s’appuie précisément sur votre raisonnement, monsieur, vous ne pouvez pas comparer cet homme à un animal. Quand bien même il vous paraissait sauvage.
L’homme rit et Sylvère ne put retenir son sourire en coin, un brin condescendant pour répondre :
— Oui. Vous êtes un esclave. Demandez-vous, ce soir, si vous faites cela parce qu’on vous le demande, ou parce que vous avez envie de le faire. Monsieur, je n’ai pas la prétention de dire pas que j’ai raison, contrairement à vous. Je ne comprend pas la société, et c’est bien pour cela que je n’y vis plus et ne reviendrais pas. Mais le nombre ne fait pas la vérité. Vous avez entendu parler des dieux romains ? Fut une époque où de nombreuses personnes croyaient à leur existence et où les chrétiens étaient pourchassés. Ils étaient majoritaires, mais cela fait-il la raison ? Ce que je vois, monsieur, c’est que vous êtes toujours là à m’écouter quand vous auriez pu faire demi-tour depuis plusieurs minutes déjà. Seriez-vous, finalement, un peu intéressé par ce que je vous dis ?
Pourquoi les ouvriers relâchaient-ils leur travail ? Parce qu’ils ne travaillaient non pas par plaisir de faire ce métier, mais par obligation. Parce qu’il fallait gagner sa vie, encore et toujours. Une expression qui ne faisait qu’enfermer les gens un peu plus dans la société. À les en rendre dépendants.
Sylvère leva les yeux au ciel quand l’homme évoqua ses enfants. Voyez-vous cela ! Des enfants qui ne faisaient jamais de bêtises, et qui se tenaient parfaitement. Il ne le croyait pas et il ne se gêna pas pour le lui dire :
— Les enfants font tous des bêtises. C’est dans l’ordre des choses.
Ou comment déclarer avec assurance que cet argument ne le convaincrait jamais. Faire des bêtises, c’était apprendre la notion du bien et du mal. Un enfant qui ne tapait jamais, comment pouvait-il savoir qu’il ne fallait jamais le faire ? C’était naturel. Et si cet homme les forçait à se tenir, alors il n’avait rien compris au secret de la vie. Il haussa des épaules mais marqua un temps de pause incontrôlable sur la suite du discours de son interlocuteur.
Maître Ysengrin. Oh, il était bien clair de la référence qu’il faisait, mais cela n’en était que plus amusant ! S’il avait su ! Il afficha un immense sourire ravi et amusé. Cependant… :
— Je ne vous parle pas de romans, Monsieur, mais de la vraie vie. Regardez autour de vous, puisque vous êtes ici. La nature est régie par des lois, je vous l’accorde, des lois auxquelles personne ne pourra jamais déroger. Il en faut, par extension, dans une société humaine. Ce que je dis... (Et il fit une pause, pour être bien sûr que son interlocuteur écoute.) ... c’est simplement que certaines sont inutiles et n’apportent rien à la vie en communauté.
Les animaux étaient simples, mais dans le sens où cet homme le comprenait et l’entendait. Ils avaient des personnalités aussi complexes que diverses. Simplement, ils n’avaient pas oublié le but premier de la vie : exister pour soi. Et non pas pour une société. Là était toute la différence.
— Si je devais expliquer ce qu’est la vie, vous savez ce que je dirais ? C’est le temps qui s’écoule entre une naissance et une mort. Vous approuvez ? La vie, c’est la manière dont on fait exister ce temps et chacun a une vie différente, qui mêle son libre-arbitre et une part de hasard. Vous êtes différent de votre femme ou de votre voisin, et le sort vous a fait naître dans une classe sociale particulière. Vous approuvez toujours ? Bien. Mais puisque chacun est différent, qu’une vie ne ressemble pas à une autre, on ne peut donc décemment pas appliquer les mêmes règles pour chacune. Ce qui marchera pour l’une, sera inutile pour une seconde. Pourquoi voulez-vous pénaliser la différence dans la société, puisque c’est ce qui en fait sa richesse ?
Il haussa de nouveau des épaules. Des tribus qui se faisaient la guerre. Sylvère sourit.
— Ces peuplades de sauvages, comme vous dites, ont des règles, eux aussi. Quoi que vous en dites. Ce n’est pas parce que vous ne les comprenez pas que leur mode de fonctionnement est plus idiot qu’un autre.
De vrais hommes. Mais quelle absurdité ! Mieux valait-il entendre cela plutôt que d’être sourd… mais quand même ! Le visage de l’homme se ferma. Sylvère, lui, ne broncha pas. Rien n’aurait semblé pouvoir venir altérer son regard illuminé par le plaisir d’argumenter. Après tout, l’opinion de cet homme ne valait pas moins qu’un autre.
— Vous avez acheté ce Zakrotien, fit-il calmement. Qui refusait de se soumettre… N’avez-vous jamais songé que s’il ne cessait de vous provoquer, c’est parce qu’il n’était simplement pas à sa place. Avez-vous songé que, peut-être, vous lui enleviez plus que ce que vous lui offriez ? Cet homme avait certainement une famille. Des enfants, et une femme. Tenez, regardez.
Une pause.
— Les hommes ne sont pas des animaux et sont des êtres évolués. Vous l’avez dit vous-même. Or, vous l’avez dit à l’instant : ce Zakrotien était un homme. Soit. Dans ce cas, si on s’appuie précisément sur votre raisonnement, monsieur, vous ne pouvez pas comparer cet homme à un animal. Quand bien même il vous paraissait sauvage.
L’homme rit et Sylvère ne put retenir son sourire en coin, un brin condescendant pour répondre :
— Oui. Vous êtes un esclave. Demandez-vous, ce soir, si vous faites cela parce qu’on vous le demande, ou parce que vous avez envie de le faire. Monsieur, je n’ai pas la prétention de dire pas que j’ai raison, contrairement à vous. Je ne comprend pas la société, et c’est bien pour cela que je n’y vis plus et ne reviendrais pas. Mais le nombre ne fait pas la vérité. Vous avez entendu parler des dieux romains ? Fut une époque où de nombreuses personnes croyaient à leur existence et où les chrétiens étaient pourchassés. Ils étaient majoritaires, mais cela fait-il la raison ? Ce que je vois, monsieur, c’est que vous êtes toujours là à m’écouter quand vous auriez pu faire demi-tour depuis plusieurs minutes déjà. Seriez-vous, finalement, un peu intéressé par ce que je vous dis ?
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Jeux forestiers.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alduis de Fromart / Victor Millard
Messages : 526
Date d'inscription : 17/03/2020
Localisation : Dans la forêt d'Aiguemorte
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Perdu au milieu de cette forêt, si éloigné de son environnement naturel, le sieur Mayeur écoutait, perplexe, ce drôle d'ermite exposer son point de vue sur la société. Il secouait rapidement la tête à la plupart de ces idées étranges, sans répondre. Comment justifier parfaitement normal ? Les enfants faisaient des bêtises, c'était naturel, oui, amis il s'avérait alors naturel de les punir pour leur apprendre à ne plus les refaire. Il l'écouta d'une oreille distraite disserter sur la société, les différences entre les individus sans chercher à comprendre véritablement le sens de son discours. Cela ne revêtait d'aucune utilité. Il préféra songer à comment se fournir en bois, sans trop de frais, pour alimenter sa manufacture. L'entreprise promettait d'être complexe. L'ermite enchainait à présent sur sa déclaration sur les sauvages. Il laissa échapper malgré lui un rire gras. Les sauvages, évolués ? Il suffisait de lire ces récits de voyages et les actes rapportés que ces êtres faisaient subir aux explorateurs qui manquaient de chance pour s'apercevoir que non. Là non plus il ne répondit pas. Cela ne servait à rien. Cet ermite était comme Merlin captif de la bulle de al fée Viviane : prisonnier de sa forêt et de ses illusions. Il défendait ce misérable zarkotien avec lequel il avait été pourtant bon et patient. Il ne comprenait décidément rien au monde. Quel pauvre fou !
Soudain, le drôle le prit à parti et le traita d'esclave. Le sieur Mayeur le dévisagea, circonspect, l'étrange raisonnement om lui serait un esclave. Il le dévisagea, incapable de comprendre son raisonnement ? Portait-il une tunique misérable ? Non, bien sûr que non. Son manteau était constitué des meilleures étoffes. Quant à ses bottes, enduites de boues, elles avaient été faite avec un cuir d'une qualité inestimable. Cet ermite, à force de vivre isolé, ne comprenait plus rien de la réalité.
Il se décida à répondre d'un ton poli, quoique un peu suffisant :
"J'ai appris, grâce à ma bonne éducation, à respecter mes interlocuteurs en à entendre leur point de vue, même si celui-ci se révèle fantasque. Ce ne serait que peu poli de partir brusquement. Néanmoins, je pense me retirer maintenant. Le soleil commence à tourner j'aimerais rentrer en ville de bonne heure."
Le sieur Mayeur s'inclina respectueusement, soucieux de lui monter sa bonne éducation.
"'Je vous souhaite une bonne continuation dans votre vie d'errance."
Sur ce, il tourna les talons et s'en alla vers le sentir, pressé de retourner à la civilisation.
Re: [7 Septembre 1597] Pouvons-nous déboiser, sieur Aiguemorte ? [terminé]
Sylvère n’avait pas souvent l’occasion de débattre. Quand bien même son interlocuteur le prenait pour le dernier des fous et se montrait aussi buté qu’une chèvre, la conversation n’en demeurait pas moins riche. Il n’y avait pas besoin d’être d’accord pour développer ses pensées ! Et que c’était amusant de voir le regard sceptique de l’homme qui essayait de comprendre, mais n’y parvenait pas.
C’était l’avantage de passer pour un fou. Il pouvait bien dire ce qu’il voulait, ses propos seraient tous mis sur les conséquences d’une trop grande errance. Et tout passait tellement mieux dans la bouche d’un fou, que dans celle d’un sain d’esprit ! Après tout, le dernier des idiots ne contrôlait pas ses actions, n’est-ce pas ? On ne pouvait lui en vouloir. Sylvère eut un large sourire.
Il n’empêchait : le sieur Mayeur était toujours là à l’écouter. Beaucoup seraient déjà partis, agacés. La raison qu’il servait ? une bonne éducation. C’était une manière de voir les choses. La réponse de l’homme fut polie, mais suffisante. Sylvère n’était pas le genre de personne à s’en vexer. Bien au contraire. Ce n’était pas lui qui avait l’air ridicule à prôner la politesse !
— Beaucoup ne s’en gêneraient pas, pourtant, répondit-il avec un sourire entendu.
Qu’il parte, soit. Qu’il retourne à la civilisation et le laisse en compagnie de ses arbres. L’homme s’inclina respectueusement. Ce n’était certainement pas un geste respectueux mais une autre manière de lui prouver ses bonnes manières. En retour, Sylvère s’inclina également, non pas comme un homme poli mais comme un artiste qui salue un public.
— Je vous souhaite une bonne continuation dans votre vie d’errance, dit l’homme.
— Et moi une bonne continuation dans votre vie guindée de citadin ! répondit Sylvère, avec beaucoup d’enthousiasme et un immense sourire.
Sur ce, le sieur Mayeur tourna les talons et il ajouta dans son dos :
— Passez un bonjour à Braktenn de ma part !
Et l’instant d’après, non sans oublier les bijoux qu’on lui avait lancés en guise d’impôts, il remonta dans les arbres habilement. N'empêche que personne n'avait déboisé quoi que ce soit !
C’était l’avantage de passer pour un fou. Il pouvait bien dire ce qu’il voulait, ses propos seraient tous mis sur les conséquences d’une trop grande errance. Et tout passait tellement mieux dans la bouche d’un fou, que dans celle d’un sain d’esprit ! Après tout, le dernier des idiots ne contrôlait pas ses actions, n’est-ce pas ? On ne pouvait lui en vouloir. Sylvère eut un large sourire.
Il n’empêchait : le sieur Mayeur était toujours là à l’écouter. Beaucoup seraient déjà partis, agacés. La raison qu’il servait ? une bonne éducation. C’était une manière de voir les choses. La réponse de l’homme fut polie, mais suffisante. Sylvère n’était pas le genre de personne à s’en vexer. Bien au contraire. Ce n’était pas lui qui avait l’air ridicule à prôner la politesse !
— Beaucoup ne s’en gêneraient pas, pourtant, répondit-il avec un sourire entendu.
Qu’il parte, soit. Qu’il retourne à la civilisation et le laisse en compagnie de ses arbres. L’homme s’inclina respectueusement. Ce n’était certainement pas un geste respectueux mais une autre manière de lui prouver ses bonnes manières. En retour, Sylvère s’inclina également, non pas comme un homme poli mais comme un artiste qui salue un public.
— Je vous souhaite une bonne continuation dans votre vie d’errance, dit l’homme.
— Et moi une bonne continuation dans votre vie guindée de citadin ! répondit Sylvère, avec beaucoup d’enthousiasme et un immense sourire.
Sur ce, le sieur Mayeur tourna les talons et il ajouta dans son dos :
— Passez un bonjour à Braktenn de ma part !
Et l’instant d’après, non sans oublier les bijoux qu’on lui avait lancés en guise d’impôts, il remonta dans les arbres habilement. N'empêche que personne n'avait déboisé quoi que ce soit !
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Jeux forestiers.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alduis de Fromart / Victor Millard
Messages : 526
Date d'inscription : 17/03/2020
Localisation : Dans la forêt d'Aiguemorte
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum