[13 septembre] Descente de gens d'armes [Terminé]

Dans l'agitation et le trouble qui avaient gagné son esprit, Alexandre en oubliait sa sœur et ne remarqua pas sa perte de connaissance. Du reste, elle était aux mains d'un soldat qui prenait soin d'elle. Il n'aurait rien pu faire de mieux. Sa respiration sifflait. Une terreur terrible nouait ses entrailles. Martin, Ulysse... Tout semblait évident. Limpide. Il perçut soudain l questionnement du seigneur de Frenn qui le dévisageait, intrigué.

"Pardon, messire."

Il s'excusait par réflexe. Sans se souvenir ne pas être en tort. Il se calma. Comment expliquer la situation ? Ne risquait-il de passer pour fou ? Son histoire semblait si... Elle lui paraissait logique, justifiant les incohérences, mais en avait-il une vraie preuve ? il rassembla ses pensées et décida malgré tout à se confier. Le baron l'aiderait peut-être à mieux comprendre.

"Lors de nos rencontres, Ulysse était un grand bavard, messire. Si vous l'aviez entendu... Il m'a décrit son château dans le moindre détail, ses sorties... A part aux adultes, je ne crois pas qu'l était un garçon capable de garder un secret. Parmi ses nombreuses confidences, il m'a parlé d'un garçon de son âge, un dénommé Martin, un esclave de son père qui s'est approché de lui et a vanté son instruction et ajouté rêvé d'être lui aussi érudit. Ulysse... Ulysse était un professeur né. Il adorait enseigner aux autres ce qu'ils ne savaient et le faisait avec tant d'intelligence et de gentillesse."

Des larmes mouillèrent ses yeux. Ulysse... Sa douceur, sa compassion, sa gentillesse... Tout cela avait disparu à jamais. Il dompta son émotion et reprit :

"Mais ce duc de Rottenberg ne possède aucune éducation. Au contraire, à son langage, je l'ai trouvé à certains moments vulgaire. Comme un gamin de la plèbe."

Il y avait une formule dérangeante qui lui revenait et que jamais une personne ayant eu une bonne éducation pourrait dire. Parents et précepteurs mettaient trop d'énergie à la gommer.

"Quand j'étais petit, messire, je disais souvent excusez-moi. Je trouvais ça plus rapide, plus pratique. Ma mère se fâchait. Elle me reprenait sévèrement et me rappelait que l'on devait je vous prie de m'excuser ou veuillez m'excuser puis ajoutait que j'aurai plus tard une bonne situation, que je n'étais pas un gamin vulgaire des rues... Ce genre de choses. C'est gravé en nous. Mais tout à l'heure, le duc de Rottenberg... En s'adressant à vous, il a lâché un excusez-moi. C'est troublant. Et si on considère à cela les paroles que Claire nous a tantôt dit..."

Sa gorge serra de répéter cette prophétie affreuse qui remettait toute une histoire en question.

"C'est un monstre né du feu et du sang. Claire a un don, messire, c'est indéniable. Alors... Et si cet incendie terrible il y a dix ans avait été causé par Martin, l'esclave qui aurait approché un Ulysse trop ravi de l'instruire pour se méfier ? Martin qui aurait profité de cette tragédie pour s'emparer de l'identité du jeune héritier... Cela expliquerait les incohérences et cette éducation plus que grossière."

Sa voix avait de plus en plus de mal à retenir son émotion. Il lâcha finalement, ayant du ml à ne pas renifler :

"Mon ami est mort...."

Le membre 'Dyonis Howksley de Frenn' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

---

'Audace' :

Spoiler:

Dyonis essaie de suivre malgré la fatigue le discours d'Alexandre. Il plisse le front et n'arrive pas à croire à l'hypothèse que sous-entend clairement le petit esclave derrière ses longues explications bien choisies. Contrarié et dans le cirage, Dyonis lâche un :

"Hein... quoi ?"

Il note bien les indices. La grossièreté du personnage, son manque de savoir vivre, cet esclave que le prétendument mort Ulysse aimait fréquenter... mais cela semble trop énorme au baron de Frenn. Comment un vulgaire esclave aurait-il accompli cela tout seul ? Et inconsciemment, Dyonis refuse de se dire qu'il vient de donner sa parole d'honneur d'aller faire un duel le lendemain... contre un infâme ! Impensable. Intolérable. Aussi s'emporte-t-il :

"Silence, esclave. Mesures-tu l'énormité de tes paroles ? Il y a certes des circonstances douteuses mais jamais, ô grand jamais un captif ne mènerait une telle manigance seul. Le seigneur de Rottenberg a changé. C'est tout. Il a mal tourné." (Un temps, puis toujours très sec) "Je te conseille de surtout garder pour toi cette accusation complètement démente, si tu tiens à ne pas te retrouver à subir des supplices peu enviables en place publique. Le Rottenberg ne doit en aucun cas entendre une chose pareille, pour ton bien !"

Spoiler:

Alexandre attendit avec appréhension le verdict de ses hypothèses. Cela ne se déroula pas bien du tout. Le baron manifestait une forte colère et refusait de croire en sa théorie. Il devait avoir raison. Il connaissait mieux la noblesse que lui.Lui-même jugeait les manipulations trop grosses. Le doute était levé, éclairci par le Seigneur de Frenn.

Il répondit d'une voix humble, parfaitement docile et sincère :

"Je comprends, messire. Mon imagination s'est encore enflammée. Comme cette fois où Dame Irène affirmait que Blanche des Roses était ma tante mais j'ai refusé d'y croire. J'ai cherché des arguments pour réfuter les évidences qui me dérangeaient. je recommence à nouveau. Je préfère accuser le duc d'une usurpation grotesque plutôt que ne pas accepter que mon ami a changé. Vous voyez, messire ? C'est pourquoi il ne faut pas culpabiliser de m'avoir asservi. Je le méritais. Je n'ai aucun jugement correct. Je me fie à mes intuitions qui sont plus que mauvaises. De cette manière, pour moi et la société, il est préférable que je bénéficie d'un maitre capable de m'orienter vers les bonnes directions que moi seul ne verrait pas."

Spoiler:

Spoiler:

Bien loin de se sentir rassuré et conforté dans ses positions, comme le voulait sans doute Alexandre, le baron ne s'en renferme que davantage. Comment le gamin peut-il admettre à ce point sa situation et même la trouver bénéfique ? Songeur et plus agacé qu'autre chose, Dyonis imprime un rythme plus rapide à sa monture et, gardant le silence, prend la tête du petit groupe en se concentrant sur le retour de Claire auprès de son maître.