[6 Octobre] Certaines choses ne changent jamais. [Terminé]

Améllésia est acculée. Deux domestiques, apparemment plus jeunes qu'elle (enfin on aurait plus l'impression de l'inverse à cause de l'apparence de la jeune esclave) lui font face. Elle reconnaît aisément ce sourire en coin et ce regard mauvais, mélangeant plaisir de s'en prendre à plus faible que soi... et haine de la différence. Combien de fois a t-elle fait face à ce genre d’attitude ? Bien trop de fois pour pouvoir les compter.

Améllésia, malgré sa peur, garde une attitude impassible et docile. Les domestiques sont des hommes libres, ce qui fait qu'elle ne peut rien faire sans être en tort à cause de son statut inférieur. Cette injustice la fait enrager, il y a encore quelque mois elle aurait pu leurs décrocher un coup de pied bien senti pour les remettre à leur place. Mais plus maintenant. Et cela la terrifie autant que ça la met en colère.

-Alors yeux de démons? On prépare un sale coup je paris hein?

Le domestique qui semble être le "dominant" s'adresse à elle. Améllésia comprend aisément la relation entre les deux hommes. Celui qui vient de parler est du genre à apprécier attirer l’attentions et à diriger, le second... Semble ne pas être la personne la plus intelligente qui soit, il se contente de suivre les autres et de se caler sur leurs comportement. Surement pas un mauvais type en soi, mais aisément manipulable avec un fort besoin de se sentir accepter. Bref un duo dominant-dominé comme on en voit souvent dans les groupes.

Améllésia ne dit rien, quoi qu'elle dise cela lui attirera des ennuis. Elle se contente de continuer à baisser les yeux tout en gardant son calme apparent. Elle a vécu pire, les moqueries elle gère. Mais le fait d’être prisonnière de sa nouvelle condition et devoir respecter ses deux imbéciles, ça la fait bouillir de l'intérieur.

Soudain une douleur au niveau de son cuir chevelu et une tractions lui relève violemment la tête. Le dominant vient de lui tirer les cheveux pour l'obliger à le regarder.

-Beurk tes yeux sont vraiment immondes. Ta catin de mère a du...

L'esclave aux yeux vairons n’écoute pas la suite. Ce crétin a osé insulter sa mère, Améllésia voit rouge : qu'on l'insulte elle, ok, pas de problème elle peut gérer. Mais on ne touche pas à sa mère. Jamais. Pour lui tirer les cheveux l'homme a dû se rapprocher, et il est plus grand qu'elle. C'est parfait, elle a juste à remonter violemment le genou pour écraser une zone très sensible. Elle s'apprête à mettre son idée à exécution quand...

Elle fut interrompue par un tierce personne.

Spoiler:

C'est maintenant une routine pour le nouveau Premier Conseiller de venir au palais pour les réunions politiques. C'est le cas ce jour là. Déjà de bon matin, Dyonis a traversé les grandes ailes du palais pour saluer quelques courtisans et dispenser de premiers ordres aux bureaux indiqués. Il sort d'une réunion et, pensif, s'engage dans un corridor pour rejoindre maintenant son prochain rendez-vous... quand des paroles pas vraiment rassurantes attirent son oreille.
Ils sont deux. Ils parlent de démons. Pas très bon signe. Le baron de Frenn est croyant, mais loin d'être un grand amateur de toutes les superstitions qui viennent se greffer à la foi. Apparemment, ce sont des serviteurs qui doivent s'en prendre à un autre (ou une autre... la personne ne dit rien) de leur condition et qui n'ose pas répondre. En essayant de se faire discret, le seigneur approche. Sa prothèse métallique est à la garde de son épée au cas où. Les pas de Dyonis sont froids et réguliers comme toute sa personne qui garde le visage fermé, le regard fixe.
A un coin du couloir, il découvre finalement une scène pathétique : il y a une jeune femme (sûrement une employée, voire une esclave ?) fluette, avec de longs cheveux noirs et un habit brodé... et deux bourrins dont un lui tire les cheveux. Alors, en observant plus en détail la pauvre servante, Dyonis comprend de quoi il est question et ce qui a fait l'objet des attaques superstitieuse des deux agresseurs. Ses yeux. De couleurs différentes. Qu'elle soit attaquée pour cette raison, ça ne plaît pas du tout au baron de Frenn. Lui-même, il en a entendu des âneries sur son handicap ! Et encore, lui, il est noble : il reconnaît volontiers avoir au moins eu cette chance.

Sans plus attendre, le seigneur avance d'un pas pour s'interposer entre les attaquants et la jeune fille au moment où celle-ci s'apprêtait à réagir. Il fusille les hommes du regard, sa prothèse touchant toujours son épée, au moment où ils en viennent en plus à insulter la mère de leur victime ! C'en est trop. Sa voix polaire intervient : "Vous deux. Vous manquez peut-être de travail pour avoir du temps à perdre à de pareilles bassesses ? Retournez à vos offices. Je vais demander à ce que vous receviez le fouet si l'on vous reprend à avoir ce genre d'attitude." C'est net et sans concession. La jeune femme tout comme les deux hommes pourront voir luire le crochet au bout du bras de l'austère homme en noir, et la main de métal à son autre bras. Ils penseraient à une solidarité entre gens avec un physique "particulier" ? Peut-être, soit ! Et c'est vrai, il y a de ça.

Spoiler:

Un noble venait de lui venir en aide, enfin il était plus venu en aide au couillon qui était sur le point de perdre sa virilité mais bon, le fait qu’un noble intervienne en sa faveur avait déconcerté Améllésia. Elle trouvait ça étrange logiquement les nobles ne s'embête pas avec les petites gens, surtout quand la victime est une esclave étrangère aux yeux vairons.
Cette sympathie effraie plus Améllésia qu’autre chose. Que lui voulait ce noble ? Pourquoi est t’il sympathique ? Ou est le piège ?

Améllésia n’a pas vu le visage du Monbrinien emballé de soierie aux tons sombre, elle ne s’est pas risqué a croisé son regard, par contre elle voit très bien le crochet de métal qui remplace une des mains de l’homme, particularité peux banale pour un sang bleu.
Peut être avait t’il agit par “solidarité” ? Enfin cela ne changeait rien, les deux brutes de tout a l’heure n’en resterais surement pas la, la prochaine fois elles serais juste plus discrète, et violente aussi. Être interrompu dans leurs amusement allais surement les énerver et ils sont de toute façons trop bête pour ne pas recommencer. Et si par bonheur ils la laisse tranquille c’est qu’il aurons trouver un autre souffre douleur. La dernière supposition est celle qui convient le mieux à Améllésia, elle se fiche pas mal qu’il s’attaque a quelqu’un temps que c’est pas elle.

Améllésia s’incline du mieux qu’elle put devant le noble et parle d’une voix haché par son accent de Mornoy oubliant qu’elle n'avait le droit de parler que si on l’y autorise.

-Je vous remercie seigneur maître.

Elle savais pas quel terme elle devait utiliser face à un noble, du coup dans le doute elle utilise les deux, pourvu qu’il soit pas susceptible ce Monbrinien.

Spoiler:

La jeune fille a l'air très étonnée de l'aide apportée par Dyonis. En fait ça n'étonne qu'à peine le baron : pour la plupart de ses confrères de l'aristocratie, on ne prête même pas garde au petit personnel. Les récentes aventures que Dyonis a rencontrées avec William, Aud, Eldred ou encore Alexandre lui ont au contraire rappelé de l'importance de veiller à ses vassaux. Ils ne sont pas que des meubles.
Les deux brutes fichent le camp sans demander leur reste à l'intervention du Premier Conseiller. Tant mieux. Mais il n'est pas naïf : soit ils recommenceront, soit ils prendront une autre victime. C'est la nature humaine. Malgré tout, l'incident a suffisamment chauffé Dyonis pour lui donner envie d'en parler au roi. C'est d'ailleurs ce qu'il répond à la jeune fille :

"C'est normal. D'ailleurs, un monarque si passionné par les gens... atypiques... et si soucieux de leur donner une place dans son ordre ne devrait pas laisser faire des moqueries de ce genre dans son palais." Façon de dire qu'il ferait remonter l'incident. Si Der Ragascorn entend vraiment "intégrer" des personnes différentes, alors sous son commandement on devait aussi faire assez de pédagogie pour que des scènes comme celle à laquelle il vient d'assister n'arrivent pas. Mais le baron est peut-être naïf... En tout cas, il raconterait ce qu'il a découvert à l'instant.
"Seigneur maître" dit ensuite la fille. C'est donc une esclave. Et apparemment elle ne sait pas trop comment s'adresser aux Grands. Elle ne doit pas en croiser beaucoup. Ou alors, elle est au service exclusif de l'un d'entre eux, et dont pas très au courant des codes pour le reste des circonstances.

"Qui sers-tu ici ?" demande-t-il alors, curieux. Il y a évidemment la famille royale, mais ce palais compte aussi des dizaines de courtisans qui vivent au plus proche du souverain. Autant de monde parmi qui devait se trouver le maître ou la maîtresse de la jeune fille aux yeux vairons.

Le noble se fait rassurant, c'est tellement différent du comportement des autres nobles qu'elle a croisé qu'Améllésia trouve sa presque effrayant. Quand on l'ignore ou qu'on l'insulte elle sais ce qu'elle doit faire. Serrer les dents et montrer du respect. Mais quand un noble montre de la... "compassion" elle est sensé faire quoi ?

Pour commencer elle détaille son interlocuteur tout en faisant attention a ne pas lever le regard. Du coup elle ne le voit pas en entier vu qu'il est bien plus grand qu'elle. Donc elle énumère rapidement les indices. Noble, crochet, semble proche du roi. C'est bon elle arrive a placer un nom de Frenn c'est le premier conseiller du roi.

Elle passe outre la remarque sur la "passion" du roi de ce pays, Améllésian n'est pas sure du tout que le roi est la quelconque envie de donner un place véritable aux "atypiques" après tout il est plus intéresser par leurs étrangeté que par la personne dans sa globalité. Bon malgré tout elle souhaite mentalement bonne chance au conseiller, et puis si les deux autres peuvent être punis elle va pas s'en plaindre, ils peuvent même se faire exécuté ce serais pas un mal.

Elle hoche la tête pour remercier le conseiller puis répond a sa question.

-Je suis au service de sa majesté, conseiller de Frenn. Mais j'obéit a... tout besoin sauf demande du roi.

Elle a buté sur son monbrinien peux sur de sa prononciation et des mots, elle espère n'avoir rien dit de bizarre, en plus son accent n'arrange pas les choses.

"Je vois." dit-il seulement, à l'information qu'elle est au service direct de Sa Majesté (en même temps, Dyonis se demande presque pourquoi il a posé la question ! Avec son physique atypique, c'est une évidence maintenant).

Il comprend aussi à l'accent de la jeune fille qu'elle n'est pas du tout d'ici. Une capture de guerre sûrement. En tout cas, pas un Monbrinien condamné à l'asservissement. Il est même probable qu'elle ait été saisie en raison de sa différence, car les "goûts" du monarque de cet Empire sont connus. Dyonis n'a jamais été à l'aise avec ça. D'un côté, "grâce" à Der Ragascorn certains atypiques trouvent une place confortable dans des maisons de bonne renommée au lieu de claquer dans la rue. Mais en même temps... ça encourage un commerce douteux, qui attrape des phénomènes comme des jouets ou des animaux rares. Songeur, le baron se pince la lèvre. Et lui, s'il n'avait pas eu la bonne fortune de naître noble, que se serait-il passé pour lui au moment de l'accident qui a côté les mains à l'enfant qu'il était ? Il s'empresse de ravaler cette question gênante.

"Les deux marauds auront ce qu'ils méritent et puisse cela servir d'exemple." assure-t-il encore, car déjà il doit s'éloigner pour aller à son prochain rendez-vous : le temps d'un Premier Conseiller est réglé au compte goutte. "Courage. Et peut-être nous recroiserons-nous."

C'est un peu surprenant à dire. Surtout à une esclave de la part d'un noble, ça ne doit pas arriver tous les quatre matins. Mais Dyonis aimerait croire que oui, cette jeune fille ne sera plus embêtée. Que les deux rustauds seront punis. Que le roi fera un peu plus attention à veiller à ce que ces atypiques qu'il dit tellement apprécier ne soient pas comme ça les cibles de lynchages quotidiens. En tout cas, le baron va faire ce qu'il peut à sa prochaine rencontre avec Sa Majesté.
Sur un petit signe de tête comme "au revoir" à Améllésia, il finit par tourner les talons. Par réflexe, il regarde à gauche, à droite, histoire de voir que les deux crétins ne sont pas encore dans le coin. Le Premier Conseiller est un peu brassé après cet incident : il se souvent de lui, à 7 ans, avec les autres enfants, et Dieu sait qu'il a entendu des bêtises autour de son absence de mains ! Qu'il n'arriverait pas à garder le niveau à côté des autres aristocrates, que s'il avait de bons résultats de la part de ses précepteurs c'était de la charité, que même (tant qu'à faire allons-y !) ça devait être son secrétaire qui faisait à sa place les devoirs. C'est dur de supporter, il faut croire, qu'un handicapé soit meilleur ! Alors, se dit Dyonis, s'il a vécu tout ça comme noble... qu'est ce que ça doit être pour un esclave.

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