Salle des enquêtes et interrogatoires

Après un trajet à travers les rues de la ville qui avait dû être fatiguant pour les jambes d'Alexandre, on arriva à la prévôté et le groupe fut reçu dans les bureaux. Les soldats qui avaient mené le jeune homme adressèrent quelques mots à l'agent de permanence. On fit asseoir Alexandre devant son bureau. Les soldats s'en retournèrent et le commis aux affaires prit le relais :


-- Alexandre Bellanger. Nous avons là contre vous, jeune homme, un fait sérieux d'intrusion illégale dans les archives de la bibliothèque. Celui-ci vient s'ajouter à la déposition faite récemment par un de nos nobles sujets, et qui a pu observer des propos et titres douteux en circulation dans votre bibliothèque. Dans votre bouche tout du moins. J'ai déjà fait envoyer des hommes prévenir votre père ainsi que Thierry d'Anjou, pour qui vous prétendez travailler. Mais en attendant, qu'avez-vous à répondre ?

Le corps épuisé par tous les efforts de cette matinée éreintante qui ne lui aura rien apporté, sauf des gros ennuis, Alexandre se laissa choir avec fatalité sur la chaise. Qu'allait-il lui arriver. Il eut alors un sursaut quand l'homme révéla qu'un noble avait fait une déposition à son sujet. Son visage blêmit. Le comte de Monthoux ! Le maître de Jérémie ! Il... Ce fourbe l'avait dénoncé ! Comment allait-il bien sortir ? Il devait atténuer, feindre...
D'une voix tremblante, que le garçon n'avait pas à trop forcer :

"Je... Je ne discutais pas d'ouvrages interdits, enfin, je ne savais pas... L'esclave de ce noble, le comte de Monthoux m'a parlé de lui-même de ces ouvrages interdits. Je ne savais pas. alors, quand son maître s'est présenté, j'ai répété ses paroles et mentionné ces titres dont nous avions parlé. Je n'ai compris là mon erreur. Je suis... désolé."

Alexandre était au supplice de charger ainsi le malheureux Jérémie mais il n'était pas en position d'être un héros. Il devait penser à priorité à son sort s'il voulait espérer un jugement clément.

"Pour l'avenure de tout à l'heure, par contre, j'aimerais attendre le père Thierry, s'il vous plait."

-- Oui... cet esclave. Je crois savoir que le comte lui a déjà infligé la correction appropriée. Nous le gardons cependant sous haute surveillance. Quant à l'incident récent : nous allons attendre en effet le père Thierry.


Quelque peu las, le nez plongeant dans les minutes d'autres affaires et procès en cours, il commanda que l'on dépose Alexandre en garde à vue dans l'une des cellules attenantes. On l'y enferma et il fut demandé aux gardes de surveiller l'arrivée du curé. Ainsi que du père Bellanger, un peu plus tard.