[20 décembre 1597] Quand la ville rencontre la forêt

par **Irène d'Aubeville** Mar 27 Avr - 22:55

La nuit avait été peu reposante. Irène s’était déjà appliquée à laisser autant de place à Bélyl qui avait bien besoin de repos… Et tous les soucis de la journée lui avaient torturé l’esprit, au point qu’elle n’avait pu que se tourner et se retrouver. Le sommeil l’avait gagné quelques heures avant le petit jour.

Elle s’était levée plus tôt que prévu, parce qu’elle souhaitait faire quelque chose, s’organiser un peu l’esprit. Le petit déjeuner avait été assez silencieux. Heureusement, Bélyl allait mieux, l’atmosphère n’en avait été que plus réjouie. Elle était ensuite partie, naturellement avec Guillaume pour rejoindre l’hôtel et son père. En espérant que celui-ci n’ait pas déjà bouclé la ville pour la chercher…

Irène nettoyait son comptoir, incapable de rester tranquille. Où était Cassandre ? Elle espérait qu’elle n’avait pas passé une nuit dans le froid, seule et effrayée. Elle se mordit la lèvre, sachant bien que Grâce ne cesserait pas de la regarder avec inquiétude avant que sa grande sœur ne revienne. Irène s’arrêta pour se passer une main sur le visage. Elle n’allait pas tenir bien longtemps comme ça…

Et si elle était définitivement partie. Mais où ? Elle n’avait plus personne… mis à part Sylvère. Elle osait espérer que ce soit vers lui qu’elle se soit tournée. Lui au moins savait la comprendre et l’apaiser. Elle, elle ne savait pas, elle se savait plus… Les larmes lui vinrent aux yeux. Pourquoi tout était-il si compliqué ? Elle ne pensait pas qu’accepter qu’elle entre dans sa vie cause de tels bouleversements. Elle ne regrettait rien mais elle doutait d’elle-même. Si elle n’arrivait à rien avec Cassandre, qu’en serait-il plus tard de Grâce ? De Ludovic ? De son enfant à naître. Si elle n’était pas capable de gérer une adolescente maintenant, comment le pourrait-elle ensuite ?

Elle posa son chiffon et s’assit en reniflant. À ce moment, la clochette de la boutique résonna. Elle se leva avec difficulté. Il fallait bien faire face à la clientèle… Cependant, quand elle redressa son visage, elle croisa le regard chaleureux d’un bon ami.

- Ysengrin…

par **Sylvère d'Aiguemorte** Mer 28 Avr - 14:32

Rien de mieux que les déguisements. Cette fois-ci, il était une servante, Ombeline Meunier, qui raccompagnait une jeune fille chez elle. Jeune fille en question qui traînait du pied un ou deux mètres derrière. Sylvère était sans cesse obligé de s’arrêter pour l’attendre et à chaque fois, en voyant son air abattu, il levait les yeux au ciel discrètement. Bon sang ! mais elle n’allait pas sur l’échafaud, non plus ! Le chemin pour aller en ville n’avait jamais été aussi long.

Il soupira en l’attendant une énième fois. Quand elle arriva à son niveau, il la laissa passer devant, en lui soufflant un mot d’encouragement en passant :

— Cassandre, allez.

Il avait hâte qu’elles s’expliquent, elle et Irène. Parce que quoi qu’elle en dise, il était intimement persuadé que ce n’était qu’un malentendu. Et quand bien même ce n’en était pas un, Cassandre reviendrait avec lui. Point à la ligne. Il lui avait dit qu’elle ne retournerait pas sur l’état de vente de Greeglocks, et il comptait bien que ce ne soit jamais le cas. Il ne tenait pas toutes ces promesses, mais celle-ci, il le ferait.

Pour ce qui était d’Hyriel, ensuite, ce n’était pas le moment d’y penser. Il devait gérer une chose après l’autre. Cassandre d’abord. Il aviserait ensuite. Ils passèrent les portes de la ville et traversèrent les rues. Plus la Rose Azùl se rapprochait, plus Cassandre tirait une tête d’enterrement. Mais il n’allait pas se décourager pour si peu, foi d’Ysengrin Zellers !

Quand ils furent devant la porte de la boutique, il la fit passer devant lui, et posa les mains sur ses épaules, en guise de soutien. Et il annonça sa présence. Irène apparut. Elle avait le visage fatigué et tendu. Ses yeux brillaient, comme si les larmes s’étaient pressées contre ses paupières peu de temps avant.

— Bonjour Irène, répondit-il avec un sourire. Je venais pour raccompagner une jeune fille égarée dans la forêt. Je crois que vous auriez bien besoin de parler à tête reposée toutes les deux. Est-ce qu’on peut entrer ?

par **Cassandre Velasquez** Mer 28 Avr - 16:12

Cassandre ne souhaitait pas rentrer.

A quoi bon y aller ? Irène la chasserait. Elle lui avait dit hier de partir. Et elle avait été gentille. Elle aurait pu la faire déposer à la prévôté. C'était ce que faisait un maître qui ne voulait plus d'un esclave. Qui renonçait à son dressage comme on disait. Elle comprenait qu'Irène ne veuille plus d'elle. Elle avait été méchante, elle avait menti et elle avait dit du mal de son frère .Même si c'était un imbécile, ça restait son frère, alors elle ne pouvait pas apprécier. C'était normal de ne plus vouloir la voir. Ysengrin prétendait qu'elle faisait erreur. Qu'Irène serait soulagée de la revoir. C'était lui qui faisait erreur. De toute manière, il n'y avait personne, à part Sylvère, pour avoir envie de la voir.

Mais Sylvère était trop têtu pour entendre raison. Alors, elle avait fini par se taire et le suivre. Par bonheur, il avait pris un déguisement. Celui d'une servante. la robe lui allait bien et elle était si belle. Quand ils reviendraient, elle lui demanderait si elle pourrait la prendre. Avec quelques ajustements, elle serait facilement à sa taille.

Le chemin de la forêt à la ville était pénible. Mais celui vers la Rosa Azul plus douloureux encore. A chaque nouvelle rue, leur destination se rapprochait et Cassandre ralentissait une allure qui n'était pas bien rapide. En elle-même, elle songea qu'une limace irait plus vite. Une limace... Ce que son idiot de frère Achille détestait le plus et qui le faisait exceptionnellement se lever. Elle s'amusait en collecter dans la journée et allait les disposer sur son visage au petit matin. Comme ça, il était prêt à partir aux champs avec leur père. Il n'avait pas être nourri à dormir. Penser à ses souvenirs heureux, qui appartenaient à un passé disparu, l'aida un peu oublier vers où elle marchait. La fillette continua à penser à sa famille. A ses trois belles poupées restées dans sa chambre. Qui les avait maintenant ? S'occupait-on bien d'elles ? Puis, elle vit son père, le dos courbé, à inspecter les raisins que portaient les ceps. Cassandre l'accompagnait et utilisait son nez pour signaler les fruits qui avaient pourri ou un pied malade. Son père lui souriait à chaque fois et la félicitait d'une caresse en s'exclamant qu'elle était utile. Puis, il ajoutait qu'elle était utile par rapport à son feignant de frère. Elle, à cette époque, elle était une bonne fille.

Son père...

Son papa...

A quoi il penserait de la voir ? Il était mort. Son âme errait quelque part et finirait par venir la voir. Quoique... Elle ne sentait plus sa mère depuis un moment. Avant, quand elle travaillait au lupanar, elle al sentait presque chaque jour. Avec Zita. Comme pour la protéger. Elle était peut-être déçue d'elle ? Elle ne l'aimait ? Alors si maman ne venait plus, papa ne viendrait pas non plus.

Son papa et sa maman ne l'aimaient plus.
Comme tout le monde.
Elle releva timidement la tête vers Sylvère. Son grand frère, un jour, il ne l'aimerait plus non ?

Ils arrivèrent devant la boutique et Cassandre se sentit nauséeuse. Elle ne voulait pas y aller. Elle ne voulait pas revivre ça. Mais c'était trop tard. Sylvère frappait et la porte s'ouvrait. Presque aussitôt. Irène apparut. Dans le dos de son grand frère, la fillette observa et s'étonna de remarquer qu'elle avait l'air d'avoir pleuré. Pourquoi ? Non, c'était pas à cause d'elle. Elle était trop méchante pour qu'on la pleure. Ce devait être à cause de son mari. A l'approche de Noël, son père pensait beaucoup à sa mère et versait parfois des larmes.

Rassemblant son courage, Cassandre s'approcha et murmura d'une toute petite voix.

"Je suis désolée pour hier. J'ai été méchante et j'ai dit de mauvaises paroles. Je sais que je dois partir. Je comprends. mais je peux monter une dernière fois pour prendre mes affaires ?"

Elle baissa la tête tout le long, honteuse, incapable de soutenir le regard d'Irène.

par **Irène d'Aubeville** Jeu 29 Avr - 22:12

Malgré son déguisement de servante, elle le reconnaissait sans mal. Elle se sentit infiniment soulagée en voyant Cassandre derrière lui. Elle sourit à Sylvère.

- Bien sûr que vous pouvez entrer.

Elle eut une hésitation mais ne put s’empêcher de presque courir vers Cassandre pour poser ses mains sur ses épaules.

- J’étais morte d’inquiétude. Tu as réussi à dormir ? C’est Sylvère qui t’a hébergée ? Tu n’as rien ? Tu n’as pas eu trop froid ?

Sa phrase la fit cligner des yeux. Oh non, Cassandre… Elle soupira en serrant un peu plus ses épaules.

- Mais il n’est pas question que tu t’en ailles, trésor ! J’ai dit ça pour te faire réagir, pour essayer de te réveiller un peu. Visiblement, je n’ai pas réussi, c’est moi qui te dois des excuses… j’aurais du savoir que ça n’allait pas et qu’il fallait que je te rassures mais moi non plus, je ne penses plus en ce moment. Je m’inquiète aussi pour Hyriel, pour toi, pour les enfants et pour le bébé… Alors… je… je suis désolée. Je fais vraiment au mieux mais… Je crois que ça ne suffit pas…

Elle ravala difficilement ses sanglots avant que des larmes ne se mettent à couler sur ses joues, mélange de tristesse et de soulagement.

par **Sylvère d'Aiguemorte** Sam 1 Mai - 17:26

Cassandre était cachée dans son dos quand Irène ouvrit la porte. Alors qu’ils entraient, Irène se précipita sur la jeune fille pour poser les mains sur ses épaules. Elle s’était sincèrement inquiétée, toute son attitude le prouvait. Ses mots ne faisaient qu’appuyer ce qui était déjà évident.

Il hocha la tête tandis qu’Irène demandait où elle avait passé la nuit. Qu’elle ne fasse pas de souci, Cassandre avait passé la nuit en sécurité dans sa grotte. Mais Cassandre restait campée sur ses idées. Comme toujours. Il retint un soupir en l’écoutant parler d’une petite voix. Ce qui eut le don de faire monter les larmes aux yeux d’Irène. Elle eut du mal à retenir ses sanglots.

— Tu devrais t’asseoir, Irène. Et toi aussi, Cassandre. Tu ne vas pas aller chercher tes affaires. Personne ne va partir.

Et pour illustrer, il tira une chaise à Irène. Comme elle y prenait place, il posa une main sur ses épaules en guise de soutien et la pressa un peu pour l’encourager.

— Je sais que ce n’est pas facile, reprit-il, pour personne.

Il les regarda chacune leur tour, et ajouta :

— Et je sais aussi que vos mots ont dépassé vos pensées. À toutes les deux, je crois.

Irène était proche des larmes. Cassandre baissait la tête honteusement. Dans quel état pouvait mettre une simple conversation ? Il ne savait pas ce qu’elles avaient pu se dire, mais il était sûr que tout avait été avant tout dicté par les émotions. Par la tension. Par les mauvaises nouvelles qui leur étaient tombées dessus tout à coup.

— Peut-être que vous pourriez en reparler, maintenant ?

Pendant qu’il était là pour essayer de rétablir les choses si elles dégénéraient...

par **Cassandre Velasquez** Sam 1 Mai - 19:34

Cassandre observait, tremblante, Irène et redoutait la réaction qui allait suivre. Elle ne souhaitait pas revivre la scène de al veille. C'était trop douloureux. Elle voulait en revanche récupérer ses affaires. Il y avait la belle pierre que Grâce lui avait donné en échange de la sienne. Et son livre aussi. Celui offert par Kalisha. Elle n'arrivait pas encore à lire dedans. Mais ça viendrait. Bientôt.

Peu après leur entrée dans la boutique, Irène la surprit en posant les mains sur les épaules. Pourquoi ? Elle avait dit toutes ces paroles méchantes hier. Ou alors elle ne le pensait pas réellement ? Comme elle avait fait avec Alduis ? Alors hier elle voulait juste la blesser, comme elle avait avec Alduis ? Ce n'était pas gentil. Ca faisait mal. Très mal. Alors, c'était ça qu'Alduis avait ressenti quand elle avait sorti tous ces mots épouvantables ? Elle se sentit encore plus cruelle qu'elle ne l'avait encore compris. Il faisait quoi en ce moment ? et si... Et s'il s'était tué ? Ce serait sa faute.

Irène multipliait les questions et Cassandre ne répondit pas tout de suite. Elle ne voulait pas paraître insolente. Pourtant, elle aurait bien rappelé qu'une nuit dehors, dans le froid glacial de l'hiver, elle avait connu ça longtemps et ça l'avait pas tué. Et ça l'avait jamais empêché de dormir non. Mais elle ne le dirait pas. C'était blessant.

Elle répondit dans un murmure faible, la mine basse.

"Tout va bien."

Cassandre se décida à évoquer les conséquences de cette scènes terrible et observa, stupéfaite, Irène s'exclamer qu'elle pouvait rester. Elle bégaya.

"Pour... Pourquoi ? J'ai dit... du mal de votre frère."

Elle murmura, toujours honteuse.

"Puis, je suis mauvaise. C'est normal de pas vouloir de moi."

Les larmes commençaient à piquer ses yeux mais son réflexe instinctif les fit se refouler. Sylvère intervint à cet instant pour les obliger toutes deux à s'asseoir sur une chaise. Cassandre obéit docilement, dans des gestes mécaniques. Il les invitait à rediscuter de ce qui s'était passé mais la fillette s'en sentait mal. Et si ça tournait encore pas ? elle murmura d'une toute petite voix :

"Je.. Je ne veux plus parler d'oncle Matthieu."

Ils avaient tous essayer de vouloir la convaincre, ça, elle ne changera jamais d'opinion. Jamais ! Il n'avait pas le droit de toucher à Hyriel. Elle canalisa sa colère qui menaçait de revenir et reprit :

"Et hier, hier, en revenant de la forêt, après al conversation avec Sylvère, je.. je voulais.. je voulais parler avec vous. De... de mon père."

par **Hyriel Radgery** Sam 1 Mai - 19:41

Des voix dans la boutique, pas des clients, apparemment. Florentin, à l'étage, avec Grâce, beaucoup de virgules, les entend-il ?

Pair : Oui
Impair : Non

par **Fatum** Sam 1 Mai - 19:41

Le membre 'Hyriel Radgery' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'Dé 100' : 62

par **Hyriel Radgery** Lun 3 Mai - 12:37

[20 décembre 1597] Quand la ville rencontre la forêt 6iv2

Florentin, 28 ans

Florentin jouait à la poupée. En tant qu’aînée d’une grande fratrie comptant des filles, il avait déjà été mis à contribution quand leur mère était occupée, au moins avant de commencer son apprentissage auprès de leur père. Ça devait bien faire quinze ans, à peu près, qu’il n’avait pas joué à la poupée – il fallait admettre que ce n’était pas l’occupation de prédilection de leur petit groupe de clandestins en forêt, même s’il ne doutait pas que Sylvère soit bien le genre de gars à le faire si on le lui demandait. Et puis il s’était fait une nouvelle amie en la personne de Grâce et entendait bien s’amuser avec elle. Alors il jouait à la poupée en suivant les instructions de la jeune fille, tout en souriant aux souvenirs heureux qui remontaient à son esprit.

Il entendit vaguement qu’un client entrait mais n’y prêta pas attention. Toutefois, les voix qu’il entendit n’avaient rien d’inconnu. Il fronça les sourcils, intrigué, et confirma son impression.

« Sylvère a ramené Cassandre… »

Il se retourna vers Grâce et se pencha vers elle, comme pour dire un secret.

« Dis, ça te dit qu’on aille écouter depuis les marches ? »

Voyant qu’elle acceptait, il la prit dans ses bras, amusé, et alla s’asseoir le plus doucement possible pour écouter sans être vu, Grâce sur ses genoux.

par **Irène d'Aubeville** Lun 3 Mai - 14:13

Cassandre baissait les yeux, encore. Cela semblait déjà difficile. Cependant, Irène avait l’impression que quelque chose avait changé. Elle secoua la tête quand elle lui dit que tout allait bien. Non, elle ne savait plus très bien mentir en cet instant. Malgré tout, elle demeura silencieuse.

Elle se passa une main sur le visage à la question de Cassandre.

- Ça n’a aucune importance ! Moi aussi je… je suis en colère contre lui et je… je comprends ce que tu ressens. Je voulais juste te faire quelques choses mais…

Elle éluda et préféra suivre les conseils d’Ysengrin. Il lui tira une chaise salvatrice sur laquelle elle prit place sans protester. Elle releva les yeux.

- Oui, tu as raison…

Elle prit une grande inspiration et acquiesça.

- Bien sûr. Nous n’en parlerons plus si c’est ce que tu veux.

Elle la laissa parler, jugeant que c’était préférable. Elle essuya ses yeux en soufflant puis les baissa.

- Je vois… et je t’ai coupée, j’en suis désolée… Je sais ce qu’il s’est passé, Cassandre. Un garçon de tes amis est venu m’en parler mais je ne voulais pas te brusquer avec ça alors j’ai attendu que tu en parles de toi-même.

[20 décembre 1597] Quand la ville rencontre la forêt Grzece12

Grâce d'Aubeville, 4 ans

En haut, Grâce n’avait pas tous ces soucis. Elle s’était trouvé un très bon ami en la personne de Florentin et s’amusait beaucoup avec lui. Il était vraiment très gentil et il était doué pour faire des voix de poupées, même si c’était un garçon ! En tous cas, il la faisait beaucoup rire et l’aidait à oublier que Cassandre était partie et que Maman semblait malheureuse.

Alors qu’elle allait demande à Mme Bénédicte si elle voulait bien venir prendre le thé chez Mme Pénélope, elle tendit l’oreille aussi, intriguée par la figure de Florentin. Elle s’illumina.

- C’est vrai ? Y a Sylvère et puis aussi Cassandre ?

Elle aurait voulu filer en bas mais s’arrêta avant de bondir sur ses pieds. Non, ce n’était pas une bonne idée… Maman devait peut-être discuter avec elle et ce n’était pas bien d’interrompre les adultes… Et bien, une jeune fille bien élevée resterait en haut jusqu’à ce qu’on l’appelle. Elle fut un peu déçue mais heureusement, Florentin eut une bonne idée. Elle tendit l’oreille vers lui puis mit un doigt sur sa bouche.

- D’accord, mais ce sera notre secret !

Elle se laissa prendre. Comme il était très grand, c’était très drôle ! Elle lui sourit puis se laissa porter vers les marches. Ils restèrent en haut mais purent entendre. Grâce se montra attentive mais déjà, ça n’avait pas l’air d’aller. Elle se pinça les lèvres, un peu triste en entendant la voix attristée de sa maman.

par **Sylvère d'Aiguemorte** Dim 9 Mai - 13:33

Je suis mauvaise.

Sylvère avait très envie de lever les yeux au ciel. Mais il se retint. Ce n’était pas le moment. Mais bon sang, qu’est-ce qu’elle savait être têtue ! Quand elle avait une idée dans la tête, elle ne l’oubliait pas forcément. Dommage pour elle, il était aussi têtu qu’elle, et il avait treize ans d’expérience supplémentaire. Il comptait bien s’en servir.

Irène et Cassandre avaient toutes les deux les yeux rouges. Mais aucune ne pleurait vraiment. Pourtant, cela leur aurait fait du bien. Là non plus, il ne fit pas de remarques. Ce n’était pas, d’ailleurs, en refusant d’aborder un sujet que celui-ci allait disparaître. C’était bien connu : si on fermait les yeux pour ne plus voir le soleil, les nuages n’allaient pas pour autant le cacher. Néanmoins, il fallait peut-être laissé couler quelques jours de plus l’eau sous les ponts. Il faudrait y revenir pourtant. Plus tard. Même si ce ne serait pas agréable.

Il le signifia, même s’il savait qu’elle allait s’entêter. Il s’en fichait. Son but n’était pas de les faire évoquer le sujet. Juste de préparer le terrain, pour plus tard. Il leur proposa des chaises et elles y prirent place.

— Ce n’est pas en ne parlant plus de lui que les choses ne seront plus là.

Au contraire. Quand on ne disait rien, l’incompréhension n’avait plus qu’à s’installer tranquillement. C’était en parlant que l’on dégageait les problèmes. Pas en les gardant pour soi.

Cassandre évoqua son père et sur ce sujet-là, Ysengrin garda le silence. Il se contenta d’écouter les excuses d’Irène.

par **Cassandre Velasquez** Dim 9 Mai - 16:03

Cassandre garda la tête baissée, toujours craintive, puis se sentit un peu mieux quand Irène dit être en colère contre oncle Matthieu. Elle, elle ne dirait plus rien. Elle l'avait déjà exprimé et ça ne servait à rien de se répéter. Sylvère intervint alors pour rappeler que les choses seront toujours là même si on évitait le sujet. La fillette se redressa e se tournant vers son grand frère.

"Les seules choses que je vais dire sur lui, c'est des choses méchantes. Et puis, tout est dit déjà. Il n'y a rien ajouter."

Peu après, Cassandre avoua ce qu'elle voulait parler hier en rentrant. Du moins, s'il n'y avait eu cette fichue arrestation. Irène confia alors une information inédite qui lui fit écarquiller les yeux. Un de ses amis était passé pour lui apprendre la mort de son père ? Nico... Ce ne pouvait être que Nico. Elle soupira. Il était décidément bien trop candide pour vivre dans la rue. Quitte à renseigner quelqu'un, après deux ans, il devait pourtant savoir qu'on ne devait obliger celui ou celle à qui on communiquait de taire son identité. Elle frissonna. Nico... Et si d'autres garçons l'avaient vu ? Et si on lui avait fait payer ce qui pour certains étaient considérés comme une trahison ?

"Nico... Nico, il vous avait demandé de garder le silence sur sa visite ?"

Cassandre croisa nerveusement les doigts en triturant le tissu de sa robe. Nico... Elle devait le retrouver rapidement s'il n'avait toujours pas compris cette leçon et la lui expliquer encore une fois.

"Un enfant des rues n'est pas supposé parler à un adulte. Surtout à un adulte bien dans la société. Et il doit encore moins dénoncer ce qui concerne un autre enfant des rues. Nico... Nico, il est bien trop gentil pour vivre dans ce monde-là."

Son coeur se serra à imaginer son ami quelque part à errer en ville. Quand avait-il mangé la dernière fois ? S'il était venu ici, Irène l'avait nourri. Mais ensuite ?

"Nico..."

par **Hyriel Radgery** Lun 10 Mai - 18:23

Florentin, 28 ans

Les capacités poupéesques de Florentin semblait convenir à son amie, et il était ravi à chaque fois qu’il la faisait rire. Au moins, elle ne pensait pas à ce qu’il se passait, et lui non plus. Sa chère Mme Bénédicte s’apprêtait à écouter son amie quand il entendit les voix. À l’expression enjouée de Grâce, il acquiesça.

« Oui, tous les deux ! »

Il vit son hésitation et sourit, attendri, avant de lui proposer son idée. Non mais sans blague, depuis quand les enfants se retenaient vraiment d’écouter aux portes ? Il porta son doigt à ses lèvres en hochant la tête.

« Oh oui ! »

Elle fut ravie quand il la prit dans ses bras, ce qui l’enchanta lui aussi et ils purent aller s’installer. En entendant aussi la tristesse de leur hôtesse, il se mordit la lèvre et caressa le dos de Grâce pour la rassurer. Il écouta alors Sylvère faire médiateur. Ça lui allait bien, ça, tiens ! Et il était de très bon conseil. Qui aurait cru qu’un brigand d’une vingtaine d’années soit aussi sage ? Il n’y avait que ses fidèles sujets pour ne pas être surpris.

Il entendit ensuite Cassandre parler d’un gamin… des rues… un certain Nico. Florentin ne voyait pas de qui il s’agissait, aussi s’efforçait-il de raccrocher les morceaux. De temps en temps, il regardait Grâce, pour s’assurer que tout allait bien pour elle et se tenant prêt à la rassurer si elle en ressentait le besoin.

par **Irène d'Aubeville** Lun 17 Mai - 21:35

Quand Sylvère évoqua le fait que le problème de son frère ne disparaitrait pas en l’occultant, Irène baissa la tête. Certes, en effet… Elle secoua la tête en le regardant. Si cassandre ne voulait pas en parler, tant pis. De plus, elle craignait de se retrouver de nouveau face à un mur. Cassandre restait Cassandre, donc incroyablement butée. Elle ne dit rien d’ailleurs à sa réponse et les laissa glisser vers autre chose.

Elle hocha ensuite la tête en reconnaissant le nom du petit garçon avant de froncer les sourcils.

- A qui voulais-tu que j’en parle de toute façon mis à part toi ? Et qu’est-ce que ça aurait changé si j’en avait parlé à quelqu’un ?

Elle haussa un sourcil à sa réponse.

- Qu’est-ce que c’est que cette règle idiote ? Ils ont bien besoin de venir mendier, non ? Et Nico voulait absolument me parler de toi, il avait bien le droit, non ?

Elle soupira.

- Trop gentil peut-être, mais ce n’est pas sa faute et je l’ai laissé prendre autant de biscuit qu’il voulait.

Elle secoua la tête.

- Et il n’y a pas moyen de l’aider ? Il n’a pas à rester ainsi seul dans la rue, tu as bien fini par en sortir, toi.

par **Sylvère d'Aiguemorte** Lun 31 Mai - 21:29

Sylvère ravala un sourire. Cassandre était toujours aussi têtue, il n’y avait pas à dire. Mais après tout, ce n’était pas pour rien qu’elle était sa petite sœur. Ne pas en parler ne ferait pas disparaître les problèmes, mais soit, il serait toujours tant de les réaborder plus tard, quand elle serait prête. Il avait remarqué cela avec Cassandre : quand elle réfléchissait aux choses, elle revenait d’elle-même les trois quarts du temps. Et quand bien même elle ne le ferait pas, il reviendrait à la charge. Quand les choses se seraient calmées.

Il n’intervint pas et les laissa s’expliquer. C’était leur discussion. Lui se trouvait là juste au cas où, en tant que médiateur. En guise de soutien.

Parler de Nico sembla inquiéter Cassandre. Sylvère le voyait aux plis de sa robe qu’elle se mettait subitement à triturer. Une nouvelle fois, il retint un sourire. Il y avait beaucoup de monde qui était trop gentils pour vivre dans ce monde-là. Et pourtant, s’ils s’étaient unis, ils auraient certainement été suffisamment forts pour rivaliser avec le pessimisme qui habitait les populations. Peut-être s’en rendraient-ils compte un jour. Après tout, les hommes n’avaient que ce monde-là, justement…

— Qu’est-ce que c’est que cette règle idiote ?

Sylvère était bien d’accord avec Irène. Comme elle s’inquiétait du sort du jeune Nico, il se décida à intervenir.

— Il pourrait venir dans la forêt ?

par **Cassandre Velasquez** Mar 1 Juin - 11:15

Le sujet de l'oncle Matthieu était clos. Tant mieux. Elle ne risquerait plus de dire de paroles méchante à Irène sur son frère. Même si elle en avait toujours envie. Elle baissa la tête d'entendre parler de son ami Nico et de le savoir qu'il était entré dans une boutique. Et sin on l'avait vu ? Benoit et René, autrefois, ils se méfiants tant des enfants qui allaient parler aux adultes. Ils disaient qu'on ne savait ce qu'ils racontaient. Qu'ils pouvaient trahir. Irène ne comprenait pas et pensait que c'était une règle idiote. Non, c'était une règle de survie.

"C'est pas une règle idiote. Dans al rue, il y a souvent des enfants qui disparaissent. On sait pas trop ce qu'ils deviennent. Dès fois, ils suivent un adulte, puis on les revoit plus. Parfois, si. Mais ils ont dû faire des trucs pas bien. Comme voler. Ou servir d'appât. Les enfants des rues, pour les adultes pas gentils, c'est de la ressource facile. si y arrive quelque chose à un d'ex, personne se pose de question. Pas même nous. parce que c'est juste comme ça. Parce que notre situation est dure. que partir du jour au lendemain, c'est normal."

C'était ça, cette vie, bien du confort des maisons tranquilles. La confiance, c'était mignon, mais dans ce monde-là, c'était dangereux. A part si on connaissait la personne.

"Quand je suis arrivée à Braktenn, depuis la campagne, il aurait pu m'arriver des choses. J'ai eu la chance de rencontrer Benoit qui m'a amené à l'abri et m'a expliqué les règles. Puis, René qui m'a raconté combien les adultes étaient méchants. Quand c'est pas des gens qui profitent des enfants, ces des soldats qui les capturent et qui les enferment dans un soi-disant hôpital. Sauf qu'on les fait travailler toute la journée. Comme des esclaves. On ne peut pas faire confiance. Pas quand on vit dans les rues."

Cassandre songea à Nico si seul dans les rues. Il proposait des services pour manger ou mendiait. Mais un jour il lui arriverait quelque chose. Comme pour elle. Il n'avait même pas de bande pour le protéger. Irène lui avait donné des biscuits mais ça le nourrirait que pour quelques jours. Après, il devrait encore trouver autre chose.

Soudain, Irène demanda s'il n'existait pas un moyen d'aider son ami. Mais comment ? Elle n'allait pas accueillir tous les enfants miséreux ? La maison croulerait. Et puis, Nico trouverait pas ça juste d'être recueilli, lui, alors que d'autres, plus jeunes encore dormiraient toujours dehors. Cassandre se figea brusquement à l'ajout d'une précision. Sa phase réveillait as colère enfouie. Elle s'en était finalement sortie des rues. Elle était sérieuse ? Instinctivement, sa main se porta à l'épaule, sur cette maudite marque. Elle n'avait quitté les rues seulement car un soldat l'avait attrapé et envoyé à l'esclavage. C'était ça la solution alors ? Il fallait transformer tous les enfants des rues en esclaves ? Non, elle ne pouvait pas le penser. Elle était juste... maladroite. Comme Alexandre, au fond. Ils étaient gentils lui et elle, mais ils oubliaient la réalité du monde. Elle retint sa colère et se força à la contenir. Elle ne devait pas attaquer. Elle ne devait. Pourtant, elle en avait envie Elle avait envie de crier à quel point cette phrase l'avait blessé.

Sylvère vint alors apaiser la tension en proposant cette idée bien plus intéressante. Cassandre tourna la tête et demanda d'une petite voix :

"Tu crois ? C'est quand même un peu un boulet, tu sais. Il est très timide et est pas mal trouillard. Il aurait facilement peur dans la forêt. Ou tu vas devoir toujours t'occuper de lui."

par **Irène d'Aubeville** Jeu 3 Juin - 15:50

Irène croisa les bras en tentant de rester ouverte mais elle ne comprenait pas qu’ils restent ainsi entre eux, sans pouvoir s’en sortir, restant tout seuls. Cependant, elle entendit ce qu’elle disait et hocha la tête.

- Mais quand il s’agit de gens comme moi ? Ils vont lui faire du mal s’il le voit me parler ?

Cela en revanche n’avait aucun sens pour elle. Pourquoi se couper totalement des adultes alors que certains pouvaient leur venir en aide ? C’était leur rôle de protéger les enfants même quand ce n’était pas les siens. Elle soupira, triste en entendant son historie et sachant qu’il n’y avait eu personne comme elle pour lui tendre la main. Elle comprenait aussi mieux ce manque de confiance mais pouvait-on vivre, vraiment vivre en étant toujours sur ses gardes, en pensant toujours à l’autre comme à un ennemi ?

Elle sentit alors sa colère et se mordit la lèvre. Elle ne s’était peut-être pas bien exprimée mais elle était là, au chaud, dans une famille qui l’aimait comme une des leurs. Le chemin avait été dur mais elle avait tenu, elle avait réussi. Elle aurait voulu qu’elle l’entende mais elle n’était sans doute pas encore prête.

Elle se tourna vers Sylvère et hocha la tête. Quand Cassandre évoqua ses réticences, elle leva les yeux au ciel.

- Il se débrouille déjà dans la rue, la forêt ne sera pas pire. Et il a déjà eu le courage de venir me voir, pour toi. Et je suis certaine que Sylvère veillera sur lui.

Elle se tourne vers son ami, espérant qu’il confirme.

par **Sylvère d'Aiguemorte** Ven 4 Juin - 10:48

Le manque de confiance... Oui, peut-être que pour les enfants des rues, c’était une question de survie. Ne pas faire confiance au premier venu. Mais néanmoins, il comprenait Irène. Après tout, Cassandre s’en sortait bien mieux depuis qu’elle avait des personnes sur qui s’appuyer, qui ne soient pas seulement des enfants. Et puis, Sylvère restait persuadé que les personnes mal intentionnées restaient minoritaires. Elles existaient, certainement, mais elles n’étaient pas les seules.

Au moins, la discussion se déroulait plutôt bien. En tout cas, elle atteignait l’objectif donné : la communication. Il y avait quelques moments de tensions, quelques maladresses dans certaines phrases, mais elles discutaient. Et quand bien même les choses tournaient vraiment mal, il ferait de son mieux pour apaiser. Parce qu’il savait qu’aucune des deux ne pensait à mal.

Irène n’avait pas voulu blesser Cassandre en rappelant qu’elle s’était sortie des rues. Elle avait raison d’ailleurs. Elle ne s’y trouvait plus, et elle n’y retournerait pas. Mais il comprenait aussi la colère de la petite princesse de la forêt. Il savait ce qu’il se passait dans sa tête, en la regardant porter la main à son épaule marquée d’un M. Il savait comme ce statut d’esclave la rongeait. Mais parfois, même les plus mauvaises choses avaient du bon. Il se garda néanmoins de le dire : ça non plus, elle n’était pas prête de l’entendre, elle avait encore trop de ressentiment en elle.

Pour détendre l’atmosphère, il proposa d’accueillir le petit Nicolas dans la forêt. Ce qui lui valut un regard surpris de la part de Cassandre. Il hocha la tête sans se démonter.

— Bien sûr que je le crois. Ma proposition est sérieuse. Il y a largement la place pour une personne de plus.

Irène vint l’appuyer et il la remercia d’un signe de tête pour cela. Évidemment qu’il veillerait sur lui. Comme sur toutes les personnes qui auraient besoin de trouver refuge dans la forêt.

par **Cassandre Velasquez** Ven 4 Juin - 11:58

Cassandre garda la tête baissée. Elle ne savait plus quoi penser. On lui avait appris à se méfier des adultes. De tout le monde. C'était ce que Benoit et René lui avaient répété. Tout le temps. Ne pas parler aux adultes. Rester loin des adultes. Mais est-ce que es enfants des rues feraient vraiment mal à l'un des leurs de le voir parler à une commerçante ? Peut-être pas. Mais ça restait une règle. on pouvait juste décider de ne plus le parler. Ou peut-être pas.

Elle ne savait plus.
Elle détestait ne pas savoir.
Elle détestait ne pas comprendre.
Il n'y avait rien de plus frustrant de ne pas comprendre une chose.
Qui avait raison ?
Elle ne voulait pas donner tort à Benoit et René. C'étaient ses amis. Elle aurait voulu pouvoir leur parler amis elle ne le retrouvait plus. Depuis longtemps. Ils étaient peut-être morts. Comme Simon. Simon... Le nom de leur protecteur éveilla des souvenirs. Simon qui savait tout. Simon qui les nourrissait. Simon qui les éduquait. S'il avait été là, lui aurait pu répondre.

***

Cassandre avait neuf ans. Elle attendait, tapie dans une ruelle, que ses copains arrivent pour aller mendier à l sortie de la messe. Ils faisaient quoi encore ? Le dernier office de la matinée, c'était là où on récoltait le plus de sous. Ils allaient tout faire rater. Un adolescent passa près de l'endroit où elle se cachait et vint la rejoindre. Il s'exclama joyeusement :

"Eh bien, t'attends quoi ? La fin des neiges ? C'était y a trois mois !"

"Pfff, t'es bête, Simon ! Mais non, avec les autres, on va mendier. Mais ils sont pas là ! Quels nuls !"

"Ben pourquoi t'y va pas seule alors ? T'auras les sous pour toi seule !"

"Mais... René et Benoit ont dit que je devais pas parler aux adultes. Que c'est dangereux. Ou alors on devait le faire en groupe."

Simon l'observa de son sourire légèrement insolent, les bras croisés. Cassandre ne savait pas ce qu'il pensait et ça c'était vraiment agaçant.

"Pourquoi ?"

"Ben, c'est une règle. Ils m'ont dit que c'était comme ça et pas autrement".

"Je vois."

Simon ne dit rien de plus et s'abaissa à sa hauteur. Son visage était devenu sérieux.

"Cassandre, as-tu réfléchi à ce que je te parlais ? Tu ne veux vraiment pas que je te trouve une place pour un apprentissage ? Tu es douée en couture. Une couturière ou un tailleur serait ravi de te former."

La fillette se figea à cette proposition.

"Tu... Tu veux plus de moi ?"

"J'ai pas dit ça, Cassandre. Je m'inquiète pour toi, c'est tout. Tu es une enfant volontaire, intelligente, sensible, mais tu ne t'épanouirais pas dans la rue. Quand les garçons volent des fruits, tu refuses d'y toucher, tu te souviens ? Tu as des principes et c'est bien. Tu es faite pour avoir une vie ordinaire, loin des rues. Tu comprends ?"'

"Mais... Mais je veux rester jouer avec vous ! Je veux pas partir !"

Simon l'observa se révolter, les larmes aux yeux, et la prit dans ses bras.

"D'accord, d'accord. Nous verrons cette question plus tard."

***

Cassandre eut la sensation d'étouffer, figée sur sa chaise.
Simon, il ne laissait pas les enfants dans la rue. Il leur cherchait des places auprès de maître pour un apprentissage pour leur apprendre à avoir une vie meilleure. Simon parlait aux adultes. naturellement. Sans but. Elle avait oublié. elle avait oublié tout ce qu'était Simon.
Elle se sentait horrible. Mauvaise.
Elle avait oublié celui qui s'occupait d'elle, de tout le monde.
Et quand elle cherchait toutes ces excuse sur Nico, c'était pas pour lui. C'était par égoïsme. Par jalousie. Parce qu'elle n'aimait pas l'idée que Sylvère s'occupe d'un enfant qu'elle.
Elle était mauvaise. Tellement mauvaise.

Honteuse, ayant du mal à cacher ce sentiment, la fillette répondit dans un filet de voix.

"Vous avez raison. il sera mieux dans la forêt. Maintenant... Il faut juste le retrouver."

par **Irène d'Aubeville** Sam 3 Juil - 14:56

Sylvère semblait bien de son avis et devait penser la même chose. Irène ne savait quoi faire avec le passé de Cassandre. Impossible à oublier mais trop lourd à porter. Cela semblait être un problème insoluble… Encore une fois, elle semblait d’ailleurs se perdre dans ses souvenirs. Irène se mordit la lèvre. De toute façon, elle ne dirait rien. Comme d’habitude… Que devait-elle faire ? Tenter de la faire parler comme le suggérait Sylvère ? Elle n’avait peur que d’une chose, c’était qu’elle la repousse encore. Elles avaient déjà fait tant de pas en arrière toutes les deux. Autant ne pas recommencer.

Cependant, heureusement que Sylvère était là et il parvenait à la détendre. Elle sourit en hochant la tête. Cela semblait une bonne idée.

- Il m’avait l’air d’un petit volontaire et travailleur. Je suis certaine que tout ira bien.

Elle sourit en acquiesçant.

- Bien, alors nous allons nous employer à le faire. Tu penses savoir où il est, Cassandre ?

par **Sylvère d'Aiguemorte** Lun 5 Juil - 0:33

Sujets sensibles, là encore, que la rue... Et il percevait à la gêne d'Irène que face aux réminiscences de Cassandre, elle ne savait pas vraiment comment réagir. Il lui adressa un sourire d'encouragement, pour la déculpabiliser d'il ne savait quelles pensées qui n'avaient pas lieu d'être. Elle faisait ce qu'elle pouvait, et elle le faisait très bien. Elle n'avait pas à s'en vouloir.

En attendant, il était peut-être temps de laisser la conversation là où elle était pour ne pas risquer de compliquer les choses. Sylvère était venu pour raccompagner Cassandre, c'était chose faite. Il ne fallait pas trop aborder de choses à la fois. Mieux valait laisser mûrir ces quelques brins de discussion. Il savait qu'à terme, ce qui s'était dit ferait son chemin dans la tête de Cassandre. Elle y reviendrait quand elle serait prête.

Il aborda donc le sujet du petit Nicolas, qui aurait tout à fait sa place en forêt avec lui. En tout cas, il la lui donnerait volontiers et s'occuperait de lui avec attention, puisque Cassandre semblait inquiète de son sort. Pourtant, Sylvère était sûr que cet enfant pouvait tout autant faire preuve de ressources pour survivre qu'elle et qu'il aurait su gérer cette situation, malgré son jeune âge.

Il se redressa.

— Il va être tant que je rentre, ajouta-t-il, il ne faut pas laisser la forêt trop longtemps sous surveillance !

Il leur adressa un sourire sincère à toutes les deux.

— Quand tu l'auras retrouvé, Cassy, tu sais où je serais, dit-il ensuite à l'intention de sa princesse.

Finalement, il se tourna vers Irène, hésita une seconde puis la serra dans ses bras un court instant, comme un ami. Il avait conscience que ce n'était pas simple pour elle, en murmurant :

— Merci de tout ce que tu fais.

Après tout, ses efforts et toutes ses réussites avaient le droit d'être saluées.

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