[9 Septembre 1597] à la recherche de Tristan [Terminé]

Malgré la grandeur du château, Alexandre se repéra vite grâce à l'odeur qui lui caressait les narines. Prudemment, il s'arrêtait aux angles des murs, écoutait si on entendait des pas et se cachait le cas échéant avant de reprendre sa route.

Parvenu aux cuisines, les effluves continuèrent de chatouiller ses narines et lui ouvraient l'appétit. Les domestiques œuvraient à la préparation du souper. Un vrai tumulte. Son regard cherchait la silhouette de son ami infirme. En vain.

Il laissa échapper dans un murmure, déçu :

"Tristan..."

Deux cuisinières le repèrent et approchent de lui, suspicieuses.

"Qui t'es ? On t'a jamais vu ici, mon gars. Qu'est-ce que tu veux ?"

En apercevant les cuisinières qui s'approchaient de lui et l'interrogeaient sur la raison de sa présence, Alexandre ne se désunit pas. Avec naturel, d'un ton léger, il répondit :

"J'ai été engagé au matin par l'intendant qui est en train de me former. Pour l'heure, il m'a demandé de trouver où se cachait un infirme auquel le maître se serait attaché."

Il marqua une pause pour ponctuer sa phrase d'un rire gras.

"L'intendant dit que ce gars est un tire-au-flanc qu'il compte bien le mettre au pas ! Eh eh ! Je trouve que ça promet ! Alors, vous l'avez vu cet infirme ? Il s'appelle Tristan qu'y disait !"

Les femmes se regardent et froncent les sourcils.

"M'sieur Guillaume ? Il aurait engagé un... gringalet ma parole ? Mais pour quelle tâche donc ?"

Elle fait signe à sa collègue d'aller vérifier auprès de Guillaume, s'il est dans le château en ce moment. Pendant ce temps, la cuisinière qui reste avec Alexandre l'écoute avec étonnement. Tout le château sait pourtant que le malheureux a été torturé. Pourquoi Guillaume aurait demandé d'envoyer ce gus lui botter les fesses ?

[Lancer de dé : est-ce que Guillaume est disponible pour répondre à la question de la femme ? ]

La cuisinière a gardé Alexandre à vue en attendant le retour de sa collègue avec l'intendant. Celui-ci toise le garçon aux béquilles et demande :

"Quel est ce mensonge ? Qui es-tu, toi ? Explique-toi sur le champ !"

Alexandre transpire devant son écueil et ne sait quoi répondre. Que faire ? Que dire ? Contre toute logique, il se décide à avouer la vérité. Son visage devint larmoyant et son expression celle d'un enfant désespéré.

"Pardon ! Je... Je pensais pas à mal ! Je me suis introduit en me faufilant, pas pour voler ou commettre une sottise. Non, je veux juste trouver mon ami. Il s'appelle Tristan, il est infirme lui aussi, on s'est toujours entraidés... Je l'ai pas vu depuis longtemps, je m'inquiète pour lui."

Son ton est gémissant alors qu'il bredouille encore des excuses.

"Pardon ! Pardon ! Pardon !"

Guillaume fait signe à la cuisinière qu'il prend le relai. La femme se retint de rire à la comédie que lui a joué Alexandre avant de regagner son office. L'intendant reste seul avec l'invalide au milieu du couloir.

"T'introduire ainsi chez quelqu'un sans permission aucune. Mentir. Tristan a décidément de bonnes fréquentations, pas étonnant que le maître ait eu à le... Enfin, cela ne te regarde pas. Il est hors de question de te laisser le voir après une telle conduite et tu vas me suivre auprès du sieur de Frenn. Il décidera s'il a quand même la gentillesse de te laisser voir ton ami."

Sur le chemin, l'intendant s'aperçoit qu'Alexandre essaie de lui échapper. Il n'est cependant pas assez rapide et l'homme lui met la main au collet pour qu'il le suive docilement sans faire de nouvelle tentative. Ce garnement-là doit avoir bien des choses à cacher pour une telle furieuse envie de retrouver Tristan. Il le reconduit à Dyonis. Le maître des lieux fera sans doute fouetter ce garnement.