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[15 sept 1597] Quand le traiteur volailler frappe à la porte [Terminé]

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Message par Sylvère d'Aiguemorte Mer 15 Avr - 12:11

En fin de journée


Le chemin était immensément long. Enfin, déjà, ce n'était plus lui qui se portait le poulet et cela lui allait très bien. Il marchait sans parler. Non pas qu'il boudait - enfin, si, un peu - mais il pensait à ce qui allait se passer dans quelques minutes désormais. Il avait attrapé tous les pans de la robe et les tenait d'une main pour éviter de se prendre les pieds dedans.

Tant qu'il n'était pas dans la ville, il n'avait pas besoin de faire semblant de jouer les épouses charmantes et il n'en avait pas l'intention. Il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin non plus. Même si Hyriel et son compagnon ne se gênait pas pour rire à l'heure actuelle.

Le poulet, sur les épaules de ce dernier, dormait toujours profondément. Restait plus qu'à espérer qu'il dorme jusqu'au bout de la livraison, quand ils seraient repartis loin avec la récompense.

Juste avant de s'avancer plus en avant, Sylvère laissa retomber le tissu qu'il tenait, réarrangea un peu les plis de sa robe et il hocha la tête pour faire signe que c'était bon. Qu'ils pouvaient y aller.

En passant devant un de ses portraits au crayon noir, il l'arracha du mur et le froissa, un peu rageusement, avant de le jeter en boule par terre.

- C'est même pas bien dessiné, grommela-t-il, plus pour bougonner qu'autre chose.

Finalement, ils arrivèrent devant la porte.

Sylvère frappa trois coups, puis il recula et se fit oublier. Maintenant, il entrait dans sa partie du rôle - et pour de vrai. Celui d'une épouse dévouée, muette, et amoureuse.

Spoiler:
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Message par William Wagner Jeu 16 Avr - 0:01

Spoiler:

lancer de dés : A quel moment, Ulysse réveillera t-il, lié sur les épaules du commis ?

1 ou 2 : Ulysse ne se réveillera qu'une fois les brigands partis.
3 ou 4 : Ulysse se réveillera quand se présentera Dyonis
5 ou 6 : Ulysse se réveille en arrivant au château
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Message par Fatum Jeu 16 Avr - 0:01

Le membre 'Ulysse de Rottenberg' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'Dé à 6 faces' :
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Message par William Wagner Jeu 16 Avr - 0:08

Spoiler:

Le somnifère absorbé par l'esclave en fuite continuait de faire son effet. Il dormait profondément. Son corps reposait contre celui du commis qui le transportait comme un vulgaire sac de pommes de terre.

Spoiler:
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Message par Dyonis Howksley de Frenn Mer 22 Avr - 17:55

Le domaine de Frenn est de nouveau resté privé de son maître une bonne partie de la journée : le Premier Conseiller a d'abord consacré plusieurs heures de sa matinée à la longue perquisition au château de Rottenberg, puis il est revenu avec une nouvelle esclave et un homme qu'il venait d'embaucher... lesquels ont été laissés aux bons soins de l'intendant Guillaume (en charge de leur faire découvrir le château) tandis que le seigneur Dyonis était déjà reparti accomplir un autre travail à la Grand' Chambre des Lois. Il est un homme qui ne s'arrête jamais. Qui lit même son courrier en carrosse et dicte un certain nombre de papiers à son secrétaire pendant le voyage. Une journée encore bien occupée, donc, et le Premier Conseiller vient seulement de rentrer. Et ce soir encore le noble va sortir de nouveau pour une grande cérémonie au palais royal.

A présent, le baron se trouve dans sa salle d'audiences, pour ses deux heures quotidienne de réception d'une série de gens qui ont la nécessité de venir le voir : quémandeurs, agents qui lui font des rapports, délégués chargés de lui porter des doléances ou des bilans... Les visiteurs défilent, sous l’œil très vigilant de gardes (qui ne laissent pas rentrer n'importe qui et n'importe comment auprès de celui qui est devenu un si haut personnage). Un secrétaire et deux assistants archivistes sont aussi présents autour de Dyonis. Il ne s'attend certainement pas à la surprise qui arrive.

- oOo -

Dehors, depuis les remparts de cette très austère bâtisse datant du Moyen Âge (qui n'a d'ailleurs pas grand chose à voir avec les châteaux bien plus rococo de certains congénères aristocrates), plusieurs gardes voient approcher un curieux trio. Il y a là une femme, un homme qui porte un sac, et un autre qui se déplace sur des cannes, avec les jambes dans de surprenantes attelles métalliques. Aussitôt qu'il les ont vus, les soldats en vigile font signe à leurs collègues en bas d'aller inspecter ces visiteurs et s'assurer de leurs intentions.
Et justement, on frappe à la porte massive du château. Le bois très lourd du battant grince à l'ouverture, découvrant deux soldats avec leurs lances. Les quatre autres qui ont été informés arrivent pour les questions d'usage et l'inspection. Ils approchent et observent plus en détail cette femme de taille moyenne, un peu carrée d'épaules, puis l'homme au sac, et enfin le grand juché sur ses béquilles. Est-ce que ce sont là trois comparses ? Ou un couple accompagné d'un ami ? De simples roturiers en tout cas, et les vigiles se demandent bien ce qu'ils peuvent vouloir au Premier Conseiller, ainsi chargés.
Un des soldats, la mine fermée et la voix guère plus avenante, engage les formalités avec la lassitude de la fin de journée, en regardant chacun des trois visiteurs :

"Qui êtes-vous ? Qu'est-ce qui vous amène ici ?"

Plus courtois, son collègue accorde un petit salut aux voyageurs avant de demander à celui qui porte ce lourd chargement :

"Que contient votre sac ? Je suis tenu de vous demander de l'inspecter."

Et les deux autres, pour leur part, s'occupent de vérifier l'accoutrement des visiteurs. Ils demanderont au troisième larron de laisser vérifier l'intérieur de sa veste, ainsi que d'ouvrir une sacoche qu'il a en bandoulière. Enfin, bien sûr, ce sera autour du contenu du sac sur son dos. Le béquilleux et la femme feront eux aussi l'objet d'une petite vérification (heureusement pas trop poussée sur elle : on ne touche pas une dame. De toute façon les yeux scrutateurs des gens d'armes n'ont pas l'air trop inquiets : elle ne semble rien cacher de suspect sous sa simple robe, sans veste ni couches de vêtements supplémentaires).
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Message par Hyriel Radgery Mer 6 Mai - 11:24

Durant le trajet, Hyriel avait conservé un petit sourire amusé en voyant la démarche très féminine de sa mutique épouse. Le beau-frère ne s’était pas privé pas non plus. Ils avaient attendu la jeune dame le temps qu’elle se réapprête et étaient entrés dans la ville, s’amusant de la réaction qu’elle témoigna face au portrait.

Arrivés devant la porte, Hyriel laissa Sylvère frapper et revenir auprès de sa charmante famille. Il était mignon en petite épouse le grand bandit. Hyriel en profita pour vérifier le poulet. Il était encore parfaitement endormi, c’était parfait. Manquerait plus qu’il se réveille et commence à caqueter.

Il se replaça aussitôt que l’imposante porte commençait à s’ouvrir. C’était le moment d’entrer entièrement dans le rôle. Que sorte la mine amusée et que viennent les angoisses d’un pauvre paysan qui s’en vient voir un grand. Les gardes sortirent et les jaugèrent un instant. Il se retient de sourire au ton du garde. L’ennui. S’il savait que c’était l’animation de la soirée qui arrivait… Hyriel « force » un sourire un peu gêné pour répondre.

"Nous sommes d’humbles paysans, moi, mon épouse et mon beau-frère. Nous aimerions… nous aimerions rencontrer votre maître pour lui faire un cadeau."

Ce disant, il désigna le sac du poulet. Il accorda à l’autre garde un air plus détendu. Il était plus gentil. Bon garçon.

"Faites, faites, mais attention, c’est sensible."

D’un hochement de tête, il signala à son beau-frère qui se retenait de rire de mettre le sac à terre et d’en ouvrir le haut, comme convenu. Il ne dévoila pas le visage d’Ulysse, laissant aux gardes le soin de le découvrir, rien que pour voir leurs têtes.

Il vit approcher les deux autres gardes sans trop d’inquiétude réelle même s’il feignit le malaise. On allait le fouiller ? On le suspectait ? Lui qui était si innocent avec seulement sa pèlerine sur sa chemise ? Et son pauvre beau-frère avec sa maigre sacoche ne contenant que quelques pièces – en attendant d’en avoir plus ? Ils se laissèrent bien entendu fouiller puisqu’ils n’avaient rien à se reprocher, notant au passage que la sœur-reine-épouse échappait à ça. Bon, elle l’avait bien mérité vu les difficultés que lui causaient son vêtement. Et puis ce n’était pas plus mal pour éviter les questions problématiques.
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Message par Sylvère d'Aiguemorte Jeu 7 Mai - 14:44

Après avoir frappé et regagné sa place près sa prétendue famille, les gardes ne tardèrent pas à arriver. Et alors, gromellements et moqueries étaient finis. Désormais, et jusqu'à la livraison complète du poulet, il était Sylvia, l'épouse dévouée de Hyacinthe, simple paysan. Éplorée, amoureuse, impressionnée et surtout... innocente.

Plus une once du Roi de la forêt en lui.

- Qui êtes-vous ? Qu'est-ce qui vous amène ici ?

Qui ils étaient ? Juste un couple de paysans, fidèles, accompagné de son soi-disant frère.

Ce qui les amenaient ici ? Oh, un certain poulet, livré sur plateau d'argent, qui valait son pesant d'or. Et il était lourd, c'était dire à quel point ! Mais à cela, Sylvère laissa Hyriel répondre. Qui jouait son rôle à la perfection ! Il allait même jusqu'à bafouiller et hésiter ! Quel bel acteur il faisait, le médecin de sa cour !

Ce que contenait ce sac ? Ah, excellente question ! Un cadeau. C'était cela, oui, un beau cadeau !

Et ni une, ni deux, le cadeau en question fut posé au sol. Sylvère réprima le sourire qui lui vint alors aux lèvres, à l'idée de la tête que ferait les gardes en découvrant le corps endormi. Pour le cacher, et pour continuer à jouer fidèlement son rôle, il fit un pas en arrière quand les gardes s'approchèrent. Une jeune paysanne intimidée par ces hommes armés qui demandaient à la fouiller.

Il se laissa fouiller sans protester, cependant - comme si elle s'était rendue compte qu'ils ne lui voulaient aucun mal. Dans tous les cas, ce fut bien expéditif. On ne touchait pas une dame mariée trop longtemps, bien entendu.

Il fallait bien un quelconque avantage à être une épouse, bien sûr ! Mais peut-être que ce cher Premier Conseiller aurait peut-être dû revoir l'efficacité de ses gardes, pour faire filtrer davantage qui passait ses portes. Ne disait-on pas que les apparences étaient trompeuses ? Le bandit que l'on cherchait, qui détroussait tout le monde qui s'aventurait dans la forêt, dont la tête était mise à prix, allait se retrouver juste sous son nez et il ne se rendrait compte de rien...

Ah ! Il avait hâte !

Bien au-delà de ce qu'ils allaient récupérer, bien entendu, ce serait drôle de berner les autorités si facilement - avec une robe et une fausse alliance.
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Message par Dyonis Howksley de Frenn Mer 13 Mai - 14:34

L'infirme accueille les soldats avec un air humble et gêné : ce ne doit pas être tous les jours que des pauvres paysans (comme c'est ainsi qu'il se présente) viennent voir un aristocrate aussi important. Les gardes ont un air surpris quand l'individu aux cannes évoque un "cadeau" : qu'est-ce que des gens de la roture comme eux peuvent avoir à offrir au seigneur de Frenn ?
Il ne faut pas longtemps pour avoir un début de réponse : le beau-frère dépose son sac et l'ouvre pour découvrir.... un corps !! Les hommes d'armes en ont les yeux qui s'arrondissent, la mâchoire qui se décroche. L'un d'eux se fait même un signe de croix. Ils s'échangent des regards sidérés. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Ils se baissent pour inspecter la proie dont la tête dépasse du sac. Il n'a pas l'air mort... Juste endormi. Un des vigiles, sous le coup de la surprise, siffle un :

"Par le Ciel...."

Un de ses collèges a des coups d'yeux sidérés qui vont de ses camarades d'armes aux trois humbles paysans. Dans quelle sale histoire sont embringués ceux-là, pour amener un corps au Premier Conseiller ?! Il grogne : "Mais quels genres de complot......"

Son comparse l’interrompt d'un : "Silence. Cela regarde le seigneur. Emmenons-les devant lui immédiatement, puisque c'est là ce qu'ils désirent !" Et il fait signe au beau-frère, d'un geste brusque, de ranger immédiatement la tête de l'homme inconscient dans le sac. Il ne s'agirait pas d'attirer l'attention de passants sur ce qui a l'air d'être une affaire très sérieuse ! Désormais, c'est au baron que les visiteurs vont devoir rendre des comptes.

Les autres soldats arrivent et procèdent à l'inspection. Les deux hommes se laissent fouiller sans faire d'histoire. On ne trouve absolument rien de suspect sur eux. La femme aussi est rapidement fouillée, dans les limites de la pudeur, et rien n'attire la vigilance des militaires.

"En route." ordonne le chef du petit groupe. Et voilà les trois visiteurs (et leur "cadeau") encadrés de gardes avec leurs lances. On passe la haute porte aux briques épaisses, avant de traverser un austère corridor, puis d'affronter quelques marches. Les vigiles avancent assez lentement, pour laisser le temps à l'infirme. Une fois arrivés devant la luxueuse double porte de bois sculpté derrière laquelle se tiennent les audiences du premier Conseiller, un des soldats entre. Les trois paysans doivent attendre un petit moment, le temps que le chef donne rapidement à un intendant le motif de leur venue.

Enfin, la porte se rouvrira et on fera signe de pénétrer dans la grande pièce. Le trio pourra croiser, sur le seul de l'entrée, deux autres paysans ainsi qu'un petit bourgeois que Dyonis vient d'entendre et qui s'en retournent maintenant que leur requête est faite. Dans la grande salle grise, aux pierres médiévales (seulement décorée d'un lustre d'acier et quelques drapeaux) le couple et le beau-frère découvriront un secrétaire installé à un bureau et le Premier Conseiller assis à son imposante chaise ciselée de fins motifs. Son regard très froid (et inspecteur, par déformation professionnelle) les scrute. Ses bras reposent sur les larges accoudoirs, et les filets de lumière attirent rapidement l'attention de quiconque vers la main métallique au bout de son bras droit, et le crochet qui termine son moignon gauche.
On a informé Dyonis qu'il s'agit d'un couple de paysans et du frère de la femme. Presque instinctivement, son regard acier s'arrête un peu plus sur l'autre invalide avec ses jambes curieusement cuirassées dans des maintiens de fer. Celui-là a eu, comme lui, une grande chance de se marier dans cet état. Ou bien c'est un accidenté, et il avait déjà sa femme avant ? Une autre question traverse l'esprit du noble : peut-il encore, dans cet état, subvenir aux besoins d'un ménage en tant que paysan ? Comment assure-t-il les labeurs très physiques de sa caste ? Mais les visiteurs ne sont pas là pour répondre à des questions de cette nature. Et ce serait intrusif : Dyonis lui-même sait combien il se sent parfois blasé par les curiosités des uns et des autres sur son quotidien d'handicapé. Il n'imposera jamais la même chose à autrui. C'est, en plus, un motif sérieux qui amène le trio devant lui : on lui a chuchoté à l'oreille ce que contient leur sac...
Le visage inexpressif, distant, pour ne pas laisser paraître les réactions et questions qui lui sont venues en tête, le Premier Conseiller engage d'une voix calme, un peu sévère :

"Vous avez demandé à me voir. Commencez par décliner vos identités. Puis le motif de votre présence."

Dans la salle, en plus de Dyonis et de son secrétaire, il y a quelques gardes, et également ceux qui viennent d'accompagner les paysans et restent postés autour.

[Dé à 6 faces pour ma prochaine réponse : Est-ce que Dyonis a des soupçons en scrutant le visage de "la femme", vu qu'il est assez au courant des affaires judiciaires et a sûrement vu les affiches ?
1 et 4 : Pas de soupçon du tout.
2 : Il reconnaît Sylvère. Mais ne va rien dire pour l'instant pour maîtriser toutes les données.
3, 5 et 6 : Le visage lui dit vaguement quelque chose, ce qui le rendra beaucoup plus soupçonneux.]
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Message par Fatum Mer 13 Mai - 14:34

Le membre 'Dyonis Howksley de Frenn' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


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Message par Sylvère d'Aiguemorte Sam 16 Mai - 19:50

Ah ! Ça valait le coup. Rien que pour voir la tête des gardes en découvrant le corps empaqueté et solidement ligoté du poulet. Oh oui, quelle merveilleuse récompense que voici, bien largement supérieure à tous les inconvénients déjà parcourus. Sylvère avait dû se mordre les joues de toutes ses forces pour ne pas éclater de rire quand ils avaient balbutié sans trouver les mots... et il devait encore le faire à l'heure actuelle pour continuer à jouer l'épouse dévouée de paysan.

Se dire qu'il était là, au beau milieu de ce château, à entrer sous le nez et la barbe des gardes - escorté par eux en plus ! ... Oh oui, que c'était drôle !

Bien entendu, il n'en était pas pour autant en sécurité. Il pouvait faire ce qu'il voulait, mettre une robe et dissimuler ses cheveux bouclés, cela ne changeait rien à la réalité : c'était avant tout son visage qui était connu et rien ne pourrait modifier ses traits au point de le rendre méconnaissable. Le premier conseiller était au courant des hors-la-loi qui peuplaient la forêt. Pour ainsi dire, si une personne pouvait le reconnaître, c'était bien lui. Mais il considérait que s'il avait pu berner les gardes, c'était déjà une sacrée étape de passée.

Ces derniers les menaient à travers couloirs et escaliers, lances pointées sur eux, et si Sylvère n'avait pas dû s'occuper de ne pas se prendre les pieds dans tous les tissus en montant, il aurait pris un malin plaisir à observer Hyriel se débattre entre ses béquilles, ses jambes et les marches. En attendant, il était lui-même obligé de regarder le sol en tenant les jupons dans ses mains pour les relever un peu - tout juste, cependant.

Enfin, ils arrivèrent devant une lourde porte et on les fit patienter devant. Dommage que des gardes n'étaient pas tous entrés, sinon Sylvère en aurait profité pour faire les tiroirs ! M'enfin, ils n'eurent pas attendre si longtemps que cela puisque quelques temps plus tôt, ils étaient invités à entrer. Ils prenaient la place de paysans - de vrais paysans, eux.

La pièce n'avait rien de vraiment accueillant. Il y avait là le fameux Dyonis et un secrétaire. Il régnait un calme plat. Sylvère s'inclina timidement - et respectueusement - devant le maître des lieux. Il ne fallait pas oublier qu'il était une charmante épouse, un peu effrayée, qui n'avait jamais eu affaire aux autorités, quelles qu'elles soient.

Le Premier Conseiller les observait froidement. Sans sympathie aucune dans le regard. Puis, enfin, les choses sérieuses commencèrent :

- Vous avez demandé à me voir. Commencez par décliner vos identités. Puis le motif de votre présence.

Épouse muette, il laissa Hyriel s'en charger puisqu'il s'agissait là de son rôle.
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Message par Hyriel Radgery Sam 16 Mai - 21:24

Hyriel remarqua l’air surpris des gardes. Oui, oui, un cadeau. Un très beau cadeau. Il garda son rôle jusqu’à ce que la nature de ce présent soit révélée. Là, il s’autorisa un sourire, bien que toujours teinté d’hésitation, pour le bien du rôle. Leurs têtes étaient tout de même très amusantes à voir ! Et voilà qu’ils se confiaient au Seigneur… C’était juste un homme endormi, il ne fallait pas exagérer ! Ils finissent par s’apercevoir que le poulet n’est pas mort et, naturellement, un garde veut des explications. Hyriel ouvrait la bouche pour commencer à répondre quand l’autre garde coupa son camarade. Moins d’explications à donner ? Hyriel cacha son sourire ravi sous un air calmement hésitant.
 
Le « beau-frère » s’empressa de hocher la tête au signe du garde et il referma le sac avant de le reprendre sur l’épaule. Après la foule, ils suivirent tous les trois les gardes. Hyriel et son ami ne manquèrent pas d’observer un peu le décor. Le sorcier serra un peu les dents au moment de passer les marches et son ami restait proche au cas où mais aucun incident ne se produisit. Ils eurent simplement à se retenir de sourire face aux difficultés de la charmante jeune femme de leur curieuse équipée.
 
Ils s’arrêtent devant la porte de la salle d’audience et ils remercient les gardes d’un hochement de tête en entrant. Ils avisèrent le petit groupe qui s’en allait et, enfin, le secrétaire et le maître des lieux. Hyriel analysa en un coup d’œil le regard du seigneur comme celui d’un homme intelligent et que l’on ne berne pas facilement. Il ne s’attarda pas pour ne pas faire preuve d’impolitesse et surtout parce qu’il se devait de le saluer, de même que son ami. Il préféra ensuite s’émerveiller timidement, comme il sied à un gentil paysan, devant l’élégante sobriété du lieu. Il finit par « oser » regarder le maître de la salle et il n’eut aucun mal à repérer ses mains étranges baignées de lumière. Un coreligionnaire, en quelques sortes. Il vit aussi du coin de l’œil que les yeux seigneuriaux s’attardèrent sur lui. Naturellement. Il avait l’habitude après tout.
 
Son regard revint au visage du seigneur de Frenn à sa question. Il déglutit et hocha la tête. Avant de se souvenir d’une chose. Un nom. Comme des idiots, ils avaient oublié le nom de famille. Pour eux et pour le « beau-frère ». Ils venaient pour. Le poulet. Drogué au somnifère. Allez, ça sonnait bien.
 
« Oui, et nous vous remercions d’avoir accepté de nous recevoir, Excellence. Je me nomme Hyacinthe Galtym, voici ma femme Sylvia et mon beau-frère Florentin Lavdier. Nous sommes ici pour vous livrer… un présent qui est venu chercher refuge chez nous pour vous fuir. »
 
Ce faisant, il désigna le fameux présent que son ami déchargea de son épaule pour déposer devant lui. D’un léger mouvement d’œil, Hyriel lui indiqua qu’ils pouvaient s’amuser. Un pan du sac fut donc lâché, révélant le haut de la tête du fameux poulet.
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Message par Dyonis Howksley de Frenn Ven 22 Mai - 22:18

Dyonis observe les trois paysans qui se prosternent devant lui (celui qui a des cannes fait de son mieux, tout en s'émerveillant des lieux) et ils le saluent très respectueusement. Après avoir arrêté son attention sur l'infirme, c'est la femme qui retient son œil scrutateur. Il s'attarde un peu sur elle aussi, mais pas assez pour laisser apparaître ses suspicions. Drôle de dame. Pas vraiment fine, plutôt trapue même, et dont le visage lui dit quelque chose sans qu'il parvienne vraiment à se rappeler quoi.
Il écoute avec attention la réponse de l'homme aux béquilles tout en fouillant dans ses souvenirs, mais il a la contrariété que rien ne lui revienne. C'est très frustrant. Qu'importe ! Le Premier Conseiller préfère ne pas s'agacer plus longtemps avec ça pour le moment et écoute les présentations. Sylvia... Voilà une sonorité qui là aussi fait un vague remous dans ses pensées et sa mémoire... et pourtant il ne met pas le doigt dessus. Mais l'impression générale que dégage cette femme est curieuse. Aussi curieuse que le couple très étonnant formé avec le paysan estropié. Hyacinthe et Sylvia Galtym ; Florentin Lavadier : le noble retient ces informations. L'époux lui présente alors ce "cadeau" qu'il leur amène : quelqu'un qui le fuyait ? Tiens donc. Vraiment intéressant. Et un peu inquiétant en même temps : comme tout Grand de l'Empire, le seigneur de Frenn a son lot de complots et de secrets... pourvu que l'individu encore en sac n'ait pas raconté d'éventuels éléments fâcheux sur son compte. Allons. Si ce trio le lui ramène, c'est qu'il se pose de son côté à lui et lui livrent la proie.
En bon homme stoïque et d'honneur, Dyonis ne montre pas son impatience et scrute tranquillement le sac enfin déposé à terre et ouvert en partie. Une vague glaciale parcourt alors les membres du Premier Conseiller. Il se fige et en écarquille les yeux, avant de retrouver aussitôt sa contenance. Même son souffle est resté en suspend deux secondes. C'est... l'usurpateur de Rottenberg ! Ou plutôt : l'esclave Martin, doit-on dire à présent ; tortionnaire, meurtrier multi-récidiviste, fou dangereux chez qui il est allé le matin même faire une perquisition, récupérer des esclaves estropiés par ce grand malade, et sauver la jeune Aud. Le baron lève discrètement les yeux au ciel. Est-ce... un signe ? Dieu accomplit-il sa volonté par la présence de ces trois paysans ? Et lui accorde-t-il enfin l'occasion de donner à ce misérable son juste châtiment ? Après avoir eu la respiration bloquée, le seigneur de Frenn sent son cœur accélérer.

Il s'est levé, comme fasciné, et a approché du sac sans quitter le visage de Martin de ses yeux de glace. Son corps en revanche reste droit, imposant, sans trace de son trouble dans les mouvements de sa poitrine sous son costume militaire. Il a porté les "mains" dans son dos. Il lui faut désormais abandonner le domaine de la foi et redevenir pragmatique. L'avenir dira si la main de Dieu est bien derrière cet heureux moment qui remet Dyonis face à cet ennemi. En attendant, des questions s'imposent. Une foule de questions. Le regard froid du seigneur fait quelques allers-retours entre Martin profondément endormi et les trois visiteurs.
Une fois passé le choc, le premier réflexe que le baron a est de se tourner vers Hyacinthe et de proposer, comme il l'avait fait il y a quelques temps pour le jeune Alexandre : "Dois-je faire amener une chaise ?" Il imagine que ses jambes le font peut-être souffrir ou bien que l'homme se fatigue. Sensible au sujet, Dyonis ne veut pas, si c'est le cas, lui imposer de peines inutiles liées au handicap.
Puis vient le sujet sérieux. Ce qui concentre toute son attention. D'un air grave, le seigneur avise les trois paysans et demande : "Il me faut connaître toute l'histoire. Dans quelles circonstances avez-vous rencontré cet individu ? Comment s'est-il présenté à vous et que vous a-t-il dit ? Et par quels moyens l'avez-vous ainsi mis hors d'état de nuire, vous, simples paysans ?" Et avant même de laisser le temps de répondre quoi que ce soit, Dyonis renoue avec ses suspicions et se tourne plus spécifiquement vers cette femme un peu bizarre et dont les traits l'interpellent. L'entendre l'aidera peut-être à mieux la remettre ? Il lui ordonne donc : "Vous, répondez."
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Message par Sylvère d'Aiguemorte Dim 24 Mai - 12:51

Leur couverture était parfaite, à une exception près... Ils avaient oublié le nom de famille. Sylvère le réalisa certainement en même temps qu'Hyriel. Ce dernier, pourtant, ne laissa rien paraître sinon le savant mélange d'admiration et de peur, de mise pour Hyacinthe. Ce fut avec le plus grand naturel qu'il répondit ensuite.

Sylvia et Hyacinthe Galtym.

Sylvère se mordit les joues pour ne pas exploser de rire. C'était vraiment une blague. Hyriel était littéralement en train de se payer la tête du Premier Conseiller avec ce nom de famille et ce dernier ne se rendait compte de rien. Quant à Florentin Lavdier... C'était exactement la même chose ! Mon Dieu, que c'était drôle ! Et voilà qu'il se mettait à jurer après ce dieu que tout le monde vénérait, c'était dire à quel point.

Puis, le paquet fut posé au sol et un coin du sac fut repoussé. La tête du cadeau se révéla. Un poulet qui dormait patiemment, presque innocemment. Ridicule. Mais ô combien drôle, là encore.

La réaction de Dyonis fut immédiate. Une surprise telle que Sylvère l'avait espérée se peignit sur ses traits, bien que très brièvement avant qu'il ne reprenne la maîtrise de lui-même. Puis, il se leva et s'approcha du poulet, quasiment hypnotisé. Cela dura quelques secondes, puis Dyonis fit volte face vers Hyriel et lui proposa une chaise.

Et enfin vinrent les choses sérieuses : les questions. Ce moment qui servait de test à leur couverture. Serait-elle assez construite pour résister au scepticisme du Premier Conseiller ? Une fois l'avalanche de questions terminée, l'homme se tourna vers lui et exigea d'un ton qui ne souffrait d'aucune protestation :

- Vous, répondez.

Bon. C'était clair. Dyonis n'allait pas se laisser embobiner si facilement, mais c'était à prévoir. Au fond, sans danger, où serait le jeu ? Il allait falloir être convaincant, c'était le moment d'user de leurs réserves. Dyonis avait de sérieux doutes sur sa féminité, de toute évidence. S'il n'en avait eu aucun, il ne lui aurait pas ordonné ainsi de prendre la parole.

Cependant, si Sylvère ouvrait la bouche, s'en était fini de leur couverture et autant se rendre aux cachots eux-mêmes. Une solution de repli s'imposait. Et vite.

Il afficha un sourire timide et impressionné. On avait des doutes sur lui, alors qu'il n'était que Sylvia, une jeune paysanne comme on ne pouvait en trouver de plus honnêtes ? Bah, qu'à cela ne tienne !

Il n'était pas temps de faire n'importe quoi. La prudence était mère de sureté et pour une fois, Sylvère allait s'y plier. C'était pour la bonne cause. Peut-être que refuser de parler attiserait les doutes du Premier Conseiller – n'était-ce pas une preuve qu'ils avaient des choses à cacher ? - mais cela vaudrait toujours mieux que s'il entendait sa voix.

Et puis, Sylvia était muette. Ce n'était tout de même pas de leur faute, quand même ! Il papillonna distraitement puis indiqua sa bouche avec un air désolé mais toujours si impressionné avant de secouer la tête.

Et il laissa Hyriel faire le reste et expliquer à Dyonis que sa charmante épouse ne pouvait décemment pas lui répondre, puisque ses cordes vocales ne fonctionnaient pas.
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Message par Hyriel Radgery Dim 24 Mai - 17:04

Hyriel remarqua le regard du Premier Conseiller s’attarder légèrement sur chacun d’entre eux mais il n’y décela pas trop de suspicion autre que celle naturellement due à un trio composé d’un béquilleux, d’un homme à la carrure d’un bûcheron portant un sac et d’une femme au visage légèrement moins féminin que la moyenne. Il les présenta donc et demanda à Florentin de poser le sac. Il retint un sourire en voyant les yeux du Premier Conseiller, auparavant d’une neutre sévérité, s’écarquiller. Ne pas rire, ne surtout pas rire… Il remarqua son mouvement des yeux. Remerciait-il le ciel ? son plafond ? Voyons, les personnes en cause étaient sous ses yeux, pas la peine d’aller chercher si loin…

Le Premier Conseiller se leva et vint vers eux pour examiner le poulet. Il se tourna alors vers Hyriel pour lui proposer une chaise. Quel honneur ! Il devait toutefois bien admettre que ces satanés escaliers n’avaient pas été de tout repos. Il inclina le buste avec un air calme.

« Je suis de ceux qui ne négligent pas une occasion de se reposer les jambes car je ne sais pas quand se présentera la prochaine. Je vous en serais ainsi reconnaissant mais si c’est trop de dérangement, je m’en passerai. »

Les formalités d’usages terminées, il en revint au vif du sujet, à savoir le fort peu vif poulet. Il voulait tout connaître ? Il allait tout savoir. Toute leur histoire inventée. Hyriel se prépara à répondre, naturellement, mais le Premier Conseiller fut plus rapide et pointa… Misère, pourquoi fallait-il donc qu’il pointe justement la seule personne de ce groupe qu’il ne fallait pas pointer ? Ils allaient devoir la jouer fine, il espérait que Sylvère s’en rendait compte et allait jouer les gentilles petites Sylvia muettes. Muette et absolument adorable en le signifiant avec ses petits gestes et son air timoré. Hyriel se mordit la langue pour ne pas rire, de même que Florentin avec eux. Hyriel affecta un sourire doux en se retournant vers le Premier Conseiller.

« Veuillez pardonner à mon épouse, Excellence, mais elle est née muette et ne peut donc pas vous répondre. Me faisant habituellement sa voix, j’imagine que c’est à moi de vous répondre à sa place. Cet homme est arrivé chez nous hier, blessé, furibond. Il nous a menacés, ma femme et moi, en nous ordonnant de le soigner si nous ne voulions pas sentir le fil de sa lame sur nos gorges. Nous l’avons sommairement apaisé quant à ses plaies, tremblants, et avons osé lui demander s’il pouvait au moins nous expliquer. Il nous a dit qu’il vous fuyait. Quand nous avons eu fini de le soigner, mon beau-frère est tout juste rentré et, là, ce vil individu n’a rien pu faire et Florentin l’a assommé. Nous avons délibéré de la conduite à tenir et nous sommes résolus de venir vous le livrer. Vous saurez sans doute mieux que nous quoi en faire… »

Il termina son explication par un sourire timide, espérant que cela convaincrait le Premier Conseiller. Sinon, ils n’auraient plus qu’à espérer que les cachots de ce château soient assez vastes pour trois hommes, un poulet et une paire de béquilles…
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Message par Dyonis Howksley de Frenn Dim 31 Mai - 21:24

À la réponse de l'homme infirme, Dyonis hoche la tête et fait immédiatement signe à un des commis présent dans la salle d'aller chercher le nécessaire. Ce dernier revint vite avec une chaise qu'il dépose derrière Hyacinthe.

Quand arrive alors le temps des questions, la dénommée Sylvia ne répond pas. Dyonis fronce les sourcils. Mais c'est alors qu'il voit son sourire timide et confus, puis sa secousse de tête et les petits gestes pour indiquer ce que le Premier Conseiller comprend aussitôt : elle est muette. Eh bien donc ! La dernière fois que le seigneur de Frenn a reçu une muette, ça s'est soldé par des événements qui ont bouleversé sa vie et ont causé un procès qui a fait grand bruit en ville ! Autant dire que Dyonis reste sur un souvenir franchement mitigé des femmes muettes – la dernière cachait bien son jeu et avait un goût certain pour la dissimulation. Elle se faisait même passer pour une nonne. Le visage déjà naturellement sévère du noble se sera donc encore plus tendu, quelques secondes. Il se raisonne alors et se rappelle (en étant très bien placé pour ça !) de ne pas faire de généralités à partir d'une seule mutique. Et puis, celle-ci, son mari et leur beau-frère lui amènent un ennemi de taille. Autant en profiter et ne pas leur causer d'ennui.
...Pas tout de suite, en tout cas. Car Dyonis a quand même un vieux doute qui le turlupine en voyant le visage de la muette et il faudra qu'il mène sa petite enquête. Mais pas avant le départ des trois visiteurs et la mise aux cachots de l'usurpateur. Après seulement, le Premier Conseiller enverra des hommes à lui se renseigner, dans les registres paroissiaux des environs et même ceux des bourgs un peu plus loin dans la région, sur l'existence d'une famille Galtym, d'un Hyacinthe et d'une Sylvia mariés ensemble, ainsi que d'un Lavdier. Et puis, le seigneur a bien imprimé désormais dans sa tête les visages et physionomies de ces trois drôles de livreurs providentiels. Utile selon ce que donnera l'investigation. De tout ça bien sûr, Dyonis ne trahit absolument rien et sa mine est restée neutre.

Il se tourne vers Hyacinthe qui prend le relais pour répondre aux questions. Quand même, un couple d'invalides original ! Le désossé et la muette. Dyonis serait quand même curieux des circonstances dans lesquelles ces deux-là se sont rencontrés et séduits. Ou un mariage arrangé par leurs famille, ou dans leur village ? Enfin... si toute leur histoire est vraie et vient à se vérifier par la suite.
Il écoute les explications que lui livre l'époux. Elles sont plausibles. Mais étonnantes malgré tout sur certains points. D'abord, la bêtise incommensurable de l'usurpateur si ce que raconte le paysan est vrai : quand on est en fuite, on ne raconte pas qui on fuit à des parfaits inconnus ! Surtout à des inconnus qu'on vient de menacer et quand on a une histoire aussi compromettante ! C'est si... invraisemblable. Comment un esclave qui a réussi à se faire passer pour un noble pendant des années (ce qui demande quand même une certaine intelligence) a pu tomber dans un travers aussi bête, aussi énorme ! Est-ce que le couple de paysans ne lui avait-il pas plutôt fait miroiter être de son côté pour avoir ces renseignements, ou promis quelque chose ? Ensuite : soigner ? Ce couple de simples paysans auraient-ils des compétences pour ça ou bien qu'espérait l'usurpateur en venant le leur demander ? Est-ce qu'Ulysse est simplement rentré dans la première masure venue et a demandé sans réfléchir. Quel itinéraire de fuite a donc pris l'esclave après sa blessure au duel ?

''Vous dites qu'il vous a confié de lui-même, le plus naturellement qui soit, se cacher de moi. J'avoue en être surpris. Surtout s'il était en position de force et vous menaçait. A-t-il détaillé ? Et a-t-il parlé de lui-même ou vous a-t-il fallu l'allécher ou l'y pousser ?'' Un temps. ''Vous ? Vous sauriez soigner ? Où habitez-vous d'ailleurs ?''

Autant pousser dans le détail pour vérifier comment se tenait l'ensemble de l'histoire. Et avec les questions les plus concises et ouvertes possible afin de tester ce qui allait sortir. Le secrétaire, à son bureau derrière Dyonis, écrit en détail toutes les questions du seigneur et tout ce qu'a déjà dit Hyacinthe. Le Premier Conseiller se désintéresse un court instant du trio et appelle : ''Gardes !'' Deux soldats approchent et le seigneur pointe Ulysse encore presque en entier dans son sac : ''Aux cachots. Et aux fers. Immédiatement. N'attendons pas qu'il s'éveille. Je veux deux soldats en permanence devant sa porte.'' Après le départ des paysans, il prendra tout son temps pour aller rendre une petite visite à l'usurpateur et l'auditionner. Le procès de ce monstre allait assurément faire grand bruit. Dyonis aurait largement de quoi commencer à l'instruire. Pendant que les hommes d'armes emportent le prisonnier, Dyonis se retourne aussitôt vers les trois paysans.
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Message par Sylvère d'Aiguemorte Lun 1 Juin - 10:24

Le Premier Conseiller ne se défaisait pas de son air suspicieux. Il avait de gros doutes, évidemment. C'était du moins ce que trahissait son froncement de sourcils. Restait à espérer qu'il ne fasse pas le lien entre la paysanne qu'il avait devant lui et le brigand qui se faisait passer pour le Roi de la forêt. Parce que les sonorités de Sylvia et Sylvère était tout de même très proches...

Mais si pour le moment, Dyonis semblait – relativement – accepter la situation, Sylvère ne doutait pas qu'il chercherait à en savoir davantage plus tard. Il s'agirait simplement de ne pas le recroiser dans les temps à venir, quand il aurait compris que Sylvia et Hyacinthe Galtym n'étaient que du vent.

Le temps que les choses se tassent au moins.

Quoiqu'avoir des doutes, au final, c'était ce qu'aurait fait toute personne normalement constituée. Quand on y réfléchissait, ils devaient former un trio original. Entre une muette, un homme large d'épaules et un béquilleux... Il y avait de quoi attirer l'attention.

Il écouta la réponse que son très cher mari fit au conseiller, sans perdre son air intimidé. Il se débrouillait bien, le mari en question. Tant qu'on allait pas trop profondément dans les détails, leur couverture était crédible. Mais Dyonis semblait avoir encore de nouvelles questions...

Pendant un bref instant, Sylvère baissa les yeux vers le poulet. Il dut retenir le sourire de satisfaction qui manqua de lui échapper. Cet imbécile. Quand on y réfléchissait, le seul point vrai de leur histoire était celui qui semblait le plus gros : sans même le connaître, alors que Sylvère le menaçait avec sa dague, Urbain lui avait raconter toute son histoire. Il avait suffit de poser les bonnes questions et d'enfoncer les portes ouvertes pour en savoir tous les détails.

Urbain avait sûrement cru trouver un allié... mais tout de même. N'avait-il pas appris que les brigands ne crachaient pas sur un peu d'argent facile à se faire ?

Pourtant, le proverbe ne disait-il pas que les choses les plus absurdes passaient mieux ?

En tout cas, les questions de Dyonis savaient être pertinentes et soulevaient encore des détails dont ils n'avaient pas discuté. Leur lieu de vie, par exemple. Mais Sylvère ne doutait pas une seconde qu'Hyriel saurait s'en dépatouiller de nouveau.

L'instant d'après cependant, le Premier Conseiller se désintéressa momentanément d'eux, pour appeler les gardes.

Le temps d'une seconde tout juste, Sylvère crut qu'il avait fait le rapprochement et qu'il allait les envoyer aux cachots. Mais non. Il s'agissait simplement de mettre aux fers le poulet. Le faire mijoter dans les marmites humides. Et cela signifiait une chose : Dyonis avait enfin accepter la première partie de la manoeuvre, la livraison. Restait une chose on ne peut plus importante : le paiement.

Et en bon hôte, la question revenait à Monsieur le Premier Conseiller.
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Message par Hyriel Radgery Mer 3 Juin - 14:19

Hyriel sourit et s’assit sur la chaise apprêtée pour lui. Il remercia le Premier Conseiller d’un signe de tête et d’un sourire sincère avant de réciter l’« histoire ». Hyriel remarqua d’ailleurs la légère tension du visage du Premier Conseiller. Avait-il quelque chose contre les muets ? Ils étaient mal si c’était le cas…

Hyriel reçut les questions sans rien trahir même s’il devait bien reconnaître que leur histoire comportait des failles. Il profita de l’ordre du Conseiller pour réfléchir à ses réponses. Quand le seigneur revint à eux, il était plus ou moins prêt.

« Il a tambouriné à la porte et est entré. Pendant qu’il nous menaçait, il a regardé autour de lui, sans doute pour voir s’il risquait quelque chose et son regard est tombé sur les herbes aromatiques que nous suspendons à sêcher. Il a dû y voir des herbes de soin et déduire comme ça que nous pouvions l’aider. Nous avons fait ce que nous avons pu avec nos maigres connaissances des soins des petites blessures du quotidien. Il ne nous a rien dit sur lui et, à vrai dire, il a surtout maugréé sa réponse. Il nous a dit ‘Je suis en fuite.’ puis a marmonné un ‘Maudit Dyonis…’ – sauf votre respect – et, comme ce n’est pas un nom courant, nous avons fait le lien avec vous. »

Il sourit à nouveau timidement. Toutes ces questions, elles étaient si nombreuses… En aurait-il oublié une ? Ce serait bien possible après tout… Elle ne devait pas être si importante que ça…
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Message par Dyonis Howksley de Frenn Dim 7 Juin - 17:13

Bras croisés, Dyonis est revenu vers les paysans après que les soldats ont emmené Ulysse aux cachots. Il écoute le récit de Hyacinthe, que le secrétaire est en train d'écrire. Ce n'est pas incohérent. Dans la panique qui a suivi le duel, peut-être bien que le vaurien était tout furieux et s'est introduit dans dans la première demeure manante venue. Si il y avait des herbes, son esprit confus a pu souhaiter des soins. C'est crédible aussi que dans sa fureur, l'usurpateur a lâché le nom du Premier Conseiller puisqu'il venait de lui mettre une sévère déculottée et allait lancer les gens d'armes à sa poursuite. Dyonis ne réagit que de son silence pour approuver ce qu'il vient d'entendre.
Une question reste sans réponse. Leur lieu de vie. Faut-il insister ? Peut-être pas. Après tout, il s'est résolu à mener sa petite enquête sur ces trois-là et il aura vite l'information. Soit ledit Hyacinthe, intimité, a oublié la demande dans le feu de l'action, soit c'est un point suspect. Quoi qu'il en soit, le baron saura. La ligne reste vide sur le papier du secrétaire.

Il fait quelques pas autour du trio, prothèses croisées dans son dos, et : "Puisque cet homme ne vous a rien dit mais que vous avez consacré votre journée et affronté, je veux bien le croire, quelques difficultés pour me l'amener : vous êtes en droit d'apprendre que vous avez effectué là un geste salutaire. Cet individu est un criminel. Aux multiples forfaits. Il a fait couler beaucoup trop de sang sous une fausse identité et pourra donc sous peu en être fort châtié." Il n'a cependant pas à détailler devant eux. Le procès n'a pas eu lieu. Les éléments précis (notamment le fait qu'il est esclave sous un nom de nobles qu'il a lui même tués) sortiront en temps et en heure. Le baron ajoute, protocolaire : "Au nom des autorités de Monbrina, soyez remercié de ce service rendu. Cela mérite récompense."

Une seconde, Dyonis s'est demandé s'il doit continuer à faire comme si de rien n'était. Il choisit de jouer le jeu, c'est plus stratégique. Il serait suspect qu'il les laisse ressortir sans les récompenser, car c'est ce qu'il faut faire dans ce cas et à l'heure actuelle ils ne sont pas censés savoir que le seigneur a des doutes. On ne comprendrait pas pourquoi on les laisse ressortir sans les récompenser, au lieu de les mettre purement et simplement en prison s'ils sont aussi coupables de quelque chose. Alors autant vérifier et confirmer après pour ne pas risquer une honteuse erreur... mais en attendant, agir comme s'il avait eu devant lui des gens au-dessus du moindre doute et parfaitement honnêtes.

Il se rappelle des avis de recherche lancés contre les grands délinquants. Celui de l'esclave Martin est justement en route. Mais il n'y aura même pas eu besoin de les lancer et de faire circuler les affiches pour lui ! "10 000 rilchs étaient, depuis ce matin même, prévus d'être offerts par la prévôté pour qui livrerait ce criminel. C'est donc à vous qu'ils reviennent. L'Empire récompense qui coopère à mettre hors d'état de nuire ceux qui le menacent."

Que chacun se rappelle de cela. Le message n'aura pas été bon non plus devant la plèbe, si ces trois sujets sortaient sans la prime, au mépris de la cohérence que doit avoir une autorité. Que donc ils soient récompensés. Pour l'instant. Si Dyonis ensuite découvre quelque chose, ce serait une autre affaire n'ayant rien à voir avec celle de l'esclave Martin : il est bon de séparer. Si quelque chose doit se révéler et confirmer ses soupçons plus tard, les trois concernés seront sous état d'arrestation, enfermés et, selon ce qui serait découvert, minutieusement interrogés au besoin sur les motifs de cet usage de fausses identités. Dyonis n'a rien de sérieux pour le moment. L'attente sage.

Alors qu'il parlait de la somme, le seigneur a fait un signe à un de ses hommes. Ce dernier comprend aussitôt et quitte la pièce dans le but d'aller chercher la somme. Puisque les trois paysans sont là, Dyonis va payer sur sa cassette. Il s'arrangera ensuite avec la prévôté de l'Hôtel et la Caisse de la police.
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Message par Sylvère d'Aiguemorte Dim 7 Juin - 20:40

Hyriel s'installa sur la chaise amenée pour lui et il débuta sa petite histoire pour expliquer leurs alibis. Quelques points fonctionnaient moins que d'autres, forcément, mais dans l'ensemble, si on évitait de trop creuser...

Et puis, au final, tout avait un fond de vérité, non ? Le poulet avait effectivement prononcé plusieurs fois le nom de Dyonis... Enfoiré de baron, pour le citer exactement. Mais qu'importe les insultes, le résultat était le même.

Quant à la question de leur habitation. Eh bien, Hyriel oublia fort malencontreusement – bien évidemment - d'y répondre. Pris dans son discours, il n'avait pas éclairci ce point. Quel dommage. Et toute muette que Sylvia était, personne ne pourrait y répondre à sa place...

En tout cas, Dyonis n'insista pas sur cette question. Soit il avait oublié lui aussi, soit il avait jugé que ce n'était pas si important. Dans les deux cas, cela leur facilitait la vie.

- Au nom des autorités de Monbrina, soyez remercié de ce service rendu. Cela mérite récompense.

Cette fois-ci plus que toutes les autres, Sylvère dut se mordre les joues pour ne pas rire. Ah ! Elles étaient belles les autorités Monbriniennes, à remercier et récompenser Sylvère d'Aiguemorte - ce même bandit de qui on voyait le visage à chaque coin de rue. Oh c'était dur de se retenir !

Mais quelle récompense que voilà. 10 000 rilchs. Soit 5 000 chacun. Sans compter le pactole qu'ils avaient pu trouver dans les affaires de la volaille quelques heures plus tôt. Un poulet en or, c'était le cas de le dire ! Même en volant dans les caisses directement, il aurait été difficile de récupérer autant – et peut-être bien encore plus dangereux !

Mais désormais, il s'agissait de ne pas avoir l'air trop jubilant. Les petits paysans qu'ils étaient faisaient cela pour le bien de l'Empire, pas pour la récompense.
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Message par Hyriel Radgery Jeu 25 Juin - 12:05

Hyriel vit que le Premier Conseiller ne réagissait pas. Bon. Au moins, il ne les faisait pas jeter au cachot séance tenante, c’était déjà un bon point. Et il n’insistait pas sur une éventuelle question fortuitement oubliée. Tant mieux, ça leur laissait le temps. Il suivit ensuite du regard le Conseiller qui tournait autour d’eux, tout en feignant d’être étonné par ce qu’il leur révélait. Un criminel déguisé ? Oh mais quelle horreur ! Il sourit au remerciement du Conseiller. Mais quel honneur, c’est-y pas beau ? Son visage et celui de Florentin s’illuminèrent en entendant la récompense. Voilà qui était généreux ! Hyriel inclina le buste avec reconnaissance.

« C’est extrêmement généreux à vous, nous vous en sommes reconnaissants. Nous sommes de notre côté ravis de servir l’empire. »

Il se retint de grimacer après cette dernière phrase. Servir l’Empire, quel phrase amère… Cet empire lui avait pris les siens et continuait de tuer sans vergogne dans les contrées limitrophes. Et eux le servaient, certes, mais pour mieux le démolir ensuite, il fallait se souvenir de cela. Cet argent ne serait pas utilisé à mauvais escient. Lui, Hyriel, que ferait-il ? Achèterait-il des plantes rares ? Des livres précieux ? Rachèterait… Rachèterait-il son amie, pour la libérer ? Oui, il essayerait. Il vit un des hommes du Premier Conseiller quitter la pièce, sans doute pour aller chercher l’argent. Bien, bien, bien… Il remarqua du coin de l’œil que sa charmante épouse se mordait la lèvre. Qu’il ne fasse pas tout rater, lui… Hyriel se contenta de continuer à sourire calmement. Ils avaient servi l’Empire, ils étaient des gens bien.
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Message par Dyonis Howksley de Frenn Dim 28 Juin - 12:06

Un commis revient finalement avec la petite cassette qui contient 10 000 rilchs en grosses pièces d'or. Somme que Dyonis se fera rembourser par les autorités puisque c'est lui qui en attendant a été visité par les "livreurs" et s'est chargé de les récompenser. Sur un signe de Dyonis, l'individu pose le coffret sur une table juste à côté des trois paysans.
Le Premier Conseiller a déjà le regard et l'esprit ailleurs. Les interrogatoires qui s'annoncent pour l'esclave Martin promettent d'être longs et douloureux. Sauf si l'individu reconnaît tout sans difficulté. En tout cas, ce ne sera jamais aussi douloureux que les supplices qui l'attendent très probablement. Jamais Monbrina n'aura vu des crimes et des tromperies de cette envergure de la part d'un esclave. Une famille entière décimée, une identité volée, un domaine usurpé et toutes les abominations qu'il y a commises : vraiment non, Dyonis n'aura pas envie d'être à la place de Martin.
Un temps, il pense à Aud. Aud qui a souffert de ce monstre et qu'il a récupérée le matin même. Comment va-t-il lui annoncer cela ? Le faut-il seulement ? De toute façon, le moment venu, le procès et l'exécution seront tellement retentissant que la jeune zakrotienne en entendra bien parler.

L'intervention de Hyacinthe, très poli et buste incliné, ramène Dyonis à l'instant présent. Il hoche la tête, se doutant bien qu'ils sont tout aussi contents de l'argent que de "servir l'Empire" en vrai. Mais autant allier l'un à l'autre. Le baron attendra qu'ils prennent leurs dispositions pour s'en retourner, que l'un d'eux s'occupe du coffret, puis conclura seulement :

"Allez." (et à ses gardes) "Reconduisez ces Messieurs Dames."

Et Dyonis ne tarde pas à retourner à ses affaires. Pendant ce temps, le trio allait partir pour le chemin inverse, dans les couloirs et les escaliers. Dyonis a une rapide pensée pour l'homme aux béquilles, pour qui chaque déplacement doit être un sport. Il n'y a qu'à voir aussi le jeune Alexandre, toujours quasiment effondré après le moindre de ses itinéraires.

oOo


Une fois les livreurs loin, et après que le Premier Conseiller a terminé de recevoir la série des gens qui viennent le voir pour une audience, il n'a qu'une idée en tête : s'enlever le doute qui lui est resté sur cette Sylvia Galtym. Vraiment, ses traits lui disent quelque chose, et sa personne était quand même suspecte. Dyonis file vers ses archives et ouvre les dossiers de la police. Il fouille. Il trouve au bout de quelques prospections les portraits de la dizaine de réprouvés actuellement recherchés. Et parmi eux... Mais c'est ça ! Par tous les Saints !! Sylvère d'Aiguemorte. Comment n'y a-t-il pas pensé sur le moment ?! Le baron pâlit. De colère contre lui même, il laisse la pointe de son crochet s'enfoncer dans le bois du bureau. Maudite mémoire. Que ne lui est-elle revenue avant !
Il a récompensé ce bandit. Honteux. Et maintenant, le petit groupe doit être loin. Disparu dans Dieu sait quelle cachette comme en ont ces malpropres. Dyonis ne doit pas perdre un instant. Il fait chercher son secrétaire et lui ordonne, glacial, en lui tenant un document qui officialise qu'il émane du Premier Conseiller :

"Vous allez vous rendre immédiatement à la prévôté, avec cet ordre expresse de ma part. Je veux que soient recherchés, dans tous les registres paroissiaux de la région, un dénommé Hyacinthe Galtym et un Florentin Lavdier. Que cela soit fait au plus vite et je veux des rapports détaillés de l'opération !"

Car si la "femme" était Sylvère d'Aiguemorte, il n'est pas dur de déduire que les deux autres sont aussi des malfrats venus avec des noms d'emprunt. Avant de les faire arrêter, Dyonis veut récolter un maximum d'informations sur eux et acquérir la preuve que ces Galtym et Lavdier n'ont été que des inventions. Il y aura ainsi du concret sur quoi les faire interpeller. Usage d'identités frauduleuses. Le reste des renseignements suivrait.
Dyonis serre les dents. Il s'en veut. Si sa mémoire avait été meilleure un peu plus tôt, alors les trois visiteurs croupiraient déjà dans un de ses cachots ! Et il se ferait expliquer par eux pourquoi ces prétendus Hyacinthe et Florentin (qui n'ont sûrement rien d'humbles paysans !) se sont alliés au bandit Sylvère d'Aiguemorte. Oh, pour la récompense bien sûr. Mais s'ils ont échafaudé ce plan tous les trois, c'est qu'il se connaissent et que au moins l'un des deux (l'infirme ou le grand costaud) ne doit pas avoir des activités honnêtes au quotidien. C'est cependant trop tard. Alors Dyonis se rassure, en se disant que l'enquête qu'il lance lui donnera bientôt les vrais noms des acolytes de Sylvère d'Aiguemorte. En tout cas, de l'infirme au moins. Un homme de cette allure, avec ses attelles et ses béquilles, ça ne doit pas passer inaperçu. Sûrement qu'en interrogeant les gens en ville et dans les campagnes environnantes, les gardes vont obtenir des éléments à son sujet. Le reste viendra quand on les aura capturés et que le baron les stimulera à dire cette fois-ci la vérité.

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Message par Sylvère d'Aiguemorte Lun 29 Juin - 20:58

Spoiler:

Ah ! Sylvère était heureux. Il ne digérait toujours pas cette somme astronomique qu'on venait de leur offrir, à eux, les marginaux, les renégats de la forêt. Ceux-là même que lesdites autorités dudit empire pourchassaient inlassablement depuis des années.

Cela faisait désormais cinq ans que Sylvère était recherché. Cinq ans qu'il leur filait entre les doigts. Cette fois-ci était peut-être bien celle où un homme de loi comme Dyonis l'avait vu d'aussi près. Sans réaliser que la paysanne muette qui lui faisait face n'était autre que le roi de la forêt. C'était un déguisement osé, très osé, mais comment cette idée aurait pu effleuré son esprit si droit et pragmatique ? C'était tout de même ironique, pauvre de lui, ce malheureux Premier Conseiller... incapable de coincer le célèbre brigand quand il venait jusque dans son antre. C'était qu'il aurait eu presque pitié de lui. Presque.

En tout cas, lui, il comptait bien continuer à lui échapper encore quelques temps. C'était trop amusant de s'amuser avec la patience des nobles, de les titiller sans cesse. De jouer au chat et à la souris. Pas prudent, certes, mais ô combien amusant.

Il laissa Florentin prendre la caissette de pièces qu'on leur donnait. Le choix était vite fait. Après tout, Hyriel était déjà occupé avec ses béquilles et lui... Oh, on ne faisait pas porter une lourde charge à une paysanne, quelle idée saugrenue que voilà !

Le seul regret de Sylvère à cette histoire, c'était qu'il ne pourrait pas voir la tête du Premier Conseiller quand il comprendrait qu'il avait été berné comme un bleu. Mais non, il ne resterait pas dans le coin pour constater sa fureur. Il allait filer, vite et sans se retourner pour partager cette fortune avec ses accolytes. Et quand Dyonis en prendrait conscience, la famille Galtym serait déjà loin, très loin, évaporée quelque part.

Ils prirent congés aussitôt.

o~o~o

Sylvère souriait.

Maintenant qu'il avait quitté son rôle de paysanne innocente, il ne pouvait plus s'en empêcher. En fait, dès que personne n'avait été plus en mesure de les voir ni de les entendre, il avait éclaté de rire. Cela faisait beaucoup trop de temps qu'il retenait son hilarité pour le faire davantage.

- Sylvia et Hyacinthe Galtym ! Où est-ce que tu as pêché ça ? demanda-t-il à Hyriel en secouant la tête, en souriant toujours plus.

Il ne perdit pas davantage de temps pour retirer la maudite robe qui entravait ses mouvements et l'empêchait de marcher normalement. Sylvia Galtym, la charmante épouse de Hyacinthe, redevint en un tour de main Sylvère d'Aiguemorte, le roi des brigands. Et il continuait de rire.

- 10 000 rilchs ! Si je m'étais attendu à tant !

Restait à voir à quoi il allait utiliser cet argent. Il eut un sourire en coin et ajouta :

- C'est quand même malheureux, tu ne trouves pas ? Cinq ans qu'ils me courent après et la seule fois où je me déplace jusque chez eux et où je leur fais l'honneur de ma présence dans leurs châteaux ridicules, ils ne sont pas fichus de me reconnaître.

Il se retourna vers la ville et s'inclina exagèrement vers les murailles avec un grand sourire et un large geste de bras comique.

- Je te salue bien bas Braktenn !

Il eut un petit rire joyeux, fit un salto arrière puis fit volte-face, vers la lisière de la forêt en lisière, au loin.

Il n'y avait plus qu'à rentrer, et à partager l'argent, désormais. Et rien qu'à cette idée, il jubilait.
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Message par Hyriel Radgery Jeu 23 Juil - 12:07

Spoiler:

Hyriel incline à nouveau la tête en direction du Premier Conseiller, un joli sourire aux lèvres.

« C’est gracieux à vous, Excellence. Nous vous souhaitons une excellente soirée. »

Il se releva et se retira, de même que Florentin qui récupérait la caissette de pièces, ayant très bien compris que Sa Majesté, reine muette, ne pourrait pas le faire. C’était une excellente soirée pour eux, en tout cas, mais toutes les bonnes choses ont une fin : ils avaient intérêt à déguerpir assez vite s’ils ne voulaient pas être là quand tempêterait le Premier Conseiller en associant le visage d’un grand brigand à celui d’une muette et douce épouse.

~*~*~*~

Tout comme Sylvère, Hyriel s’est laissé aller à sourire une fois qu’ils se furent assez éloignés de la ville. Il s’amusa de la question de Sylvère et haussa les épaules en souriant distraitement aux nuages.

« L’improvisation et puis… cela sonnait bien. »

Florentin et lui attendirent madame qui enlevait son beau vêtement ajusté, sans pouvoir se départir de leur air amusé. C’était du spectacle… Tous deux rirent à sa remarque ensuite.

« Effectivement, c’est assez cocasse. De mon côté, j’ai enfin le salaire de ma modeste médecine, critiquée pour son seul défaut d’être efficace… »

Il leva les yeux au ciel au salut de Sylvère et haussa un sourcil à son salto. Lui-même s’appuya sur une béquille pour faire tournoyer l’autre.

« Reçois les salutations de trois honnêtes paysans enrichis ! »

Florentin et lui repartirent à la suite de Sylvère. Hyriel gardait ce faisant les yeux sur la cassette. Avec ce qu’il y avait dedans, il pourrait espérer racheter son amie…
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