Le Deal du moment :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à ...
Voir le deal

[22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]

Aller en bas

[22 décembre 1597]En mal de mer [terminé] Empty [22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]

Message par Sarkeris Mer 23 Déc - 19:24

Il était arrivé le 9 décembre. On était le 22. Treize jours à Braktenn. Sans compter le temps qu'il avait mis pour venir. Combien de temps son père comptait-il encore le garder ici ?

Sarkéris était assis tout au bout de la jetée. Les pieds dans le vide au-dessus de l'eau. Douce. Rien ne valait la mer. Et là, il s'agissait tout juste d'un fleuve. Rien à voir. Il n'y avait pas cette odeur iodée dans l'air. Les cris des mouettes lui manquaient. Ceux des marins sur les quais aussi, qui vendaient à la criée, leur pêche de la nuit. Même si les quais de Braktenn étaient animés, ils restaient très... policés, contrairement à ceux des côtes, où une joyeuse pagaille pouvait régner.

Il avait posé son feutre à côté de lui. La plume blanche qui l'ornait s'agitait dans la brise froide, lui indiquant la direction du vent. Vers le nord-ouest, la mer. Là où le soleil se coucherait, plus tard. Tout autour de lui, des bateaux se balançaient doucement, au gré du courant. Leurs gréements grinçaient, les voiles ramassées en rouleaux sur les mâts ne se déploieraient que lors du départ. Les lieux étaient plutôt calmes en fait.

Il se leva, insatisfait du peu qu'il avait trouvé là. Ce n'était pas la mer. Son bateau lui manquait. L'océan lui manquait. L'action lui manquait. Ses hommes lui manquaient. Quand il retournerait sur la côte, il armerait la Luntine, et partirait pour de longs mois. L'Amérique le tentait bien. On disait qu'il y avait de l'or là-bas...

Ramassant son feutre, il se l'enfonça sur la tête, et traversa toute la jetée pour rejoindre les quais, sa longue cape enroulée autour de lui, bien chaude par cette journée d'hiver. Il allait retourner à Cervigny. Au moins là-bas, il y avait toujours de bonnes bouteilles pour vous tenir compagnie.

Il marchait d'un bon pas, lorsque de l'oeil, il vit une robe. Comme par réflexe, il releva les yeux, afin d'observer le visage. Mais sa tête était penchée, presque dissimulée par un large capuchon de bonne facture. Une noble ou une bourgeoise. Un fin sourire se dessina sur les lèvres de Sarkéris. Dans les ports de la côte, les femmes pouvaient être belles, exotiques, jolies, sauvages, mignonnes ou atypiques, mais jamais raffinées. La côte avait la mer, Braktenn avait les femmes qu'il aimait. Celle-ci lui plaisait déjà, il le sentait, mais elle n'avait pas remarqué que derrière elle, trois hommes se faisaient fort de la suivre.
Sarkeris
Sarkeris
Corsaire

Fiche perso : Sarkeris "le Tourmenteur"
Liens et RPs : Journal de bord de la Lutine
Bonus Dé : 1
Multi-comptes ? : Phaïdée
Messages : 152
Date d'inscription : 01/09/2020
Localisation : Braktenn

Revenir en haut Aller en bas

[22 décembre 1597]En mal de mer [terminé] Empty Re: [22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]

Message par Coldris de Fromart Mer 23 Déc - 21:29

 


Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans





Bérénice était rentrée à Fromart pour les fêtes. Mais pas uniquement. Elle avait une autre idée derrière la tête. Puisque la politique lui était refusée par l’absence d’un cinquième membre, elle avait décidé qu’elle gouvernerait les mers depuis la terre. Elle allait devenir armatrice. Et pour se faire, elle avait besoin de plusieurs choses. Tout d’abord de quelques navires marchands pour mener à bien ses transactions. Ensuite de conditions fiscales favorables, et pour cela elle comptait sur l’aide de son père. Enfin, elle avait besoin de sécurité sur l’océan. Et ça, c’était son mystérieux demi-frère qui s’en chargerait en même temps qu’il pour éliminer la concurrence si besoin était. Il lui faudrait donc passer d’un unique navire à une flotte. Pour commencer bien entendu. Car elle ne comptait pas s’arrêter là. Ni en termes d’ambition ni en terme géographique. Les Indes, Les Amériques, ces mystérieuses terres lointaines aux étranges animaux… Il y avait là un incroyable potentiel qui faisait briller ses petites mirettes turquoise.

C’était dans cette optique qu’elle se rendait sur le port de Braktenn : obtenir quelques renseignements sur de potentiels équipages et navires disponibles sur la côte.

Le soleil blafard d’hiver réchauffait l’air sec et froid de cette journée de décembre. Bérénice était sortie seule. D’une part, car elle détestait être escortée comme une princesse en porcelaine et d’autre part, car elle savait parfaitement se défendre grâce à ses nombreuses heures d’entraînement avec Alduis. Ces rares moments où elle avait pu rompre avec la solitude de son quotidien à Fromart.

Depuis qu’elle avait quitté l’artère principale pour les ruelles menant aux docks, elle sentait les pesants regards d’individus. Elle était suivie. Ce désagréable frisson sur son échine qui ne la quittait pas, ne trompait pas : c’était son instinct qui lui hurler de prendre garde. Il est vrai qu’elle n’avait pas choisi la tenue la plus discrète avec cette cape de satin lie de vin bordée d’une fourrure noire… Mais qu’importe. Surtout quand la saison offrait la possibilité de dissimuler des armes à foison et d’un accès aisés. Des dagues par exemple. Elle en avait actuellement deux sur elle. Elle aurait bien aimé porter une rapière également, mais elle n’avait pas le droit parce qu’elle était une femme encore et toujours. Pourquoi ? Pourquoi ?

Bérénice avait l’impression d’être un rayon de miel au début du printemps. Derrière elle, de gros ours affamés la suivaient, motivés par leur appétit. Enfin, elle déboucha sur les quais. L’environnement était plus ouvert. Elle allait pouvoir se débarrasser des importuns qui regretteraient leur petit manège. C’était d’un pas lent et détendu qu’elle cheminait vers sa destination, le regard légèrement rivé vers les pavés irréguliers. Dans son dos, le poids des yeux se faisait toujours ressentir et tout ceci n’avait que bien trop duré.

Il fallait les laisser se rapprocher un peu. Elle fit mine de trébucher et d’épousseter sa robe pour qu’ils puissent s’engouffrer dans cette brèche et l’encercler. Comme des loups autour d’une biche. Sous son capuchon, Bérénice souriait. Alduis serait fou. Mais c’était terriblement excitant.
Sans préavis, elle fit volte-face, extirpant ses deux lames d’un seul mouvement. La première s’enfonça dans le creux claviculaire de celui de droite. La seconde taillada la joue de celui du centre dans une gerbe de gouttelettes pourpre. Tout compte fait, c’était surement pour cela qu’elle avait choisi cette cape : elle avait la même couleur que le sang.

- Sale petite putain ! hurla l’homme qui s’essuyait le visage.

Le dernier désarçonné par l’effet de surprise, hésitait sur la conduite à tenir. Ce n’était pas vraiment ce qu’on lui avait vendu comme « proie facile ».

Coldris de Fromart
Coldris de Fromart
Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar

Fiche perso : ✶Fiche
✶PNJ
Liens et RPs : ✶ Rapport ministériel
✶ Généalogie & Relations
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Eldred Kjaersen / Kalisha de Monthoux / Bérénice d'Aussevielle
Messages : 1362
Date d'inscription : 21/07/2020

Revenir en haut Aller en bas

[22 décembre 1597]En mal de mer [terminé] Empty Re: [22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]

Message par Sarkeris Jeu 24 Déc - 12:51

Il se rapprochait du groupe, hésitant sur la conduite à adopter. D'une part, il avait très envie d'accoster cette charmante créature, d'autre part, il n'avait pas très envie de se disputailler avec la racaille pour une femme. Mais s'il la tirait de cette mauvaise passe, il pourrait réclamer une récompense en nature, ce qui ne serait pas négligeable. C'est cette idée qui l'emporta, lorsque la femme trébucha et se retrouva encerclée par les trois hommes. Il accéléra le pas, main sur la rapière, prêt à dégainer. Il rejeta sa cape en arrière d'un geste large et...

Il se figea en la voyant se défendre elle-même. Il admira la rapidité, la précision, le coup de ruse et la surprise. Il ne fit rien pour venir l'aider. Elle n'en avait pas besoin du tout.

Son capuchon, tombé en arrière sous l'effet de l'action, dévoila une opulente chevelure blonde, et deux yeux brillants, bleus de défi, dans un visage d’ange vengeur. Sarkéris pourtant n'avait d'yeux que pour ces mains agiles, maniant si bien la dague qu'il l'imaginait parfaitement donner l'assaut, agrippée à un cordage, sur le pont de la Lutine. Et puis sa robe qui virevoltait autour d’elle ajoutait encore l’élégance à l’efficacité. Elle était un véritable tourbillon mortel.

Mais une femme sur un navire, aussi redoutable soit-elle, portait malheur.

- Sale petite putain !

Sarkéris leva les yeux au ciel et se décida enfin à bouger. Est-ce qu'il n'y avait pas plus original comme insulte franchement ? Et puis, qui qu'elle soit, ce n'était certainement pas une putain. Celui qui hésitait à partir ne le vit pas venir. Sarkéris lui trancha proprement la gorge par derrière, et s'occupa ensuite du balafré qui s'effondra sur le sol en éructant ses derniers mots. Le pirate sortit un mouchoir de dentelle blanche de nulle part, essuya son coutelas, et le rangea.

- Voilà, madame, une entrée en matière tout à fait réjouissante. Ces hommes vous importunaient-ils ?

Sarkéris songea qu'il aurait peut-être dû poser cette question avant d'agir, mais comme la réponse lui semblait évidente...

- Puis-je vous accompagner ? les quais ne sont pas sûrs, paraît-il.
Sarkeris
Sarkeris
Corsaire

Fiche perso : Sarkeris "le Tourmenteur"
Liens et RPs : Journal de bord de la Lutine
Bonus Dé : 1
Multi-comptes ? : Phaïdée
Messages : 152
Date d'inscription : 01/09/2020
Localisation : Braktenn

Revenir en haut Aller en bas

[22 décembre 1597]En mal de mer [terminé] Empty Re: [22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]

Message par Coldris de Fromart Jeu 24 Déc - 14:19





Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans


Peut-être que sa réaction avait été un poil exagérée. C’était ce qu’elle se disait alors que le juron de l’homme défiguré lui passait loin au-dessus de sa tête, mais c’était bien fait pour eux. Elle secoua d’un geste sec ses lames pour en enlever le sang lorsqu’elle aperçut une ombre se mouvoir dans le dos du seul asticot encore indemne. Elle suivit du regard l’éclat brillant de lame. Une seconde plus tard, il glougloutait à gorge déployée, s’effondrant sur le sol sans autre forme de procès. Tout comme son acolyte balafré.

Le regard rivé sur le mouchoir qui essuyait le coutelas en avant-plan d’une flaque pourpre qui s’écoulait dans les rigoles, ses yeux remontèrent lentement le long de son bras, jusqu’à son épaule et son visage. Des cheveux bruns légèrement décoloré par le soleil, une peau marquée par une exposition aux éléments, un œil unique d’un bleu profond et pour finir cette bouche ornée d’un discret sourire qu’elle aurait reconnu entre mille. Il était plutôt bel homme, et même charmant. Mais ce qu’elle remarqua surtout c’est qu’il était le portrait même de son père. En bien plus jeune, au regard plus foncé et unique et aux pommettes différentes.

Qu’avait dit son père déjà ? Ah oui « Sarkeris passera les fêtes avec nous. Il est corsaire ». Elle n’en avait aucune preuve, mais les détails concordaient avec l’idée qu’elle se faisait de son demi-frère. Quelle étrange coïncidence ! Justement quand elle pensait à lui quelques instants plus tôt !

- Absolument pas mentit-elle mais un peu d’entraînement ne fait jamais de mal, n’est-ce pas ?

Ce qui était vrai. Et terriblement décevant soit dit en passant.
Elle essuya une petite goutte de sang sur le bout de son nez avant de prendre son bras, pour toute réponse, comme s’il avait s’agit de la chose la plus évidente à faire. En même temps, il avait bien dû remarquer qu’il finirait avec une lame entre les côtes s’il faisait la moindre chose de stupide.

Vous êtes toujours aussi expéditif ? s’enquit-elle en s’imprégnant des effluves de cuir salé aux accents épicés certes mais plein de douceur et de rondeur...

Il n’avait pas fait quelques pas sur les pavés humides qu’elle reprit la parole avec sa douceur toute retrouvée.

- Vous connaissez bien les bateaux ? Vous pourriez peut-être m’aider ?

Si c’était bien son frère, il avait certainement un avis bien tranché sur la question. Elle comptait bien poursuivre son enquête sur le sujet, l’air de rien…


Coldris de Fromart
Coldris de Fromart
Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar

Fiche perso : ✶Fiche
✶PNJ
Liens et RPs : ✶ Rapport ministériel
✶ Généalogie & Relations
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Eldred Kjaersen / Kalisha de Monthoux / Bérénice d'Aussevielle
Messages : 1362
Date d'inscription : 21/07/2020

Revenir en haut Aller en bas

[22 décembre 1597]En mal de mer [terminé] Empty Re: [22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]

Message par Sarkeris Ven 25 Déc - 21:30

En tant que séducteur, Sarkéris mettait un point d'honneur à toujours savoir à quel type de femme il avait affaire. Et il considérait qu'il y en avait deux : les mariées, et les non-mariées. Son intérêt pour les mains agiles de celle qui se tenait devant lui avait donc été autant motivé par la fascination que par la nécessité de savoir. Le bref éclat d'un anneau nuptial l'avait vite éclairé. Ce serait donc "madame".

Un instant, après avoir tué ces hommes, il craignit de l'avoir choquée. Malgré son talent au poignard, elle ne devait pas voir de gorge tranchée tous les matins. Mais puisqu'elle n'avait pas l'air de broncher, il ne s'inquiéta pas plus longtemps de la tuerie qu'il venait d'opérer.

- Dans ce cas, je m'excuse d'avoir interrompu votre exercice.

Dieu, qu'elle était belle avec ces tâches de sang sur le visage ! Il se garda bien de lui indiquer qu'elle en avait ailleurs que sur le bout du nez, d'autant qu'elle glissa son bras sous le sien, sans façon, et qu'il pouvait dorénavant, aisément les lui ôter lui-même. Ce qu'il fit, en passant, très près de ses lèvres, un pouce audacieux et caressant.

- Il vous en restait ici. Du sang.

Elle avait la peau douce, mais bon, il n'allait pas abuser non plus. Le tout était de la séduire, pas de la brusquer au point de se retrouver avec une lame dans le ventre. Ou ailleurs. Il sourit à sa question et y répondit avec une pointe de mystère :

- Je sais me retenir lorsque les circonstances l'exigent. Il se peut même que pour faire durer le plaisir, je sois parfois d'une lenteur exaspérante...

Est-ce que la chance ne lui souriait pas tout de même ? un instant, il était blasé au bord de l'eau, nostalgique de la mer, et l'instant d'après, une nymphe des eaux l'accompagnait. Ou plutôt il l'accompagnait, car c'était elle, mine de rien qui menait l'embarcation, et cette prise de conscience lui fit froncer les sourcils. Il s'étonna encore plus de sa question sur les bateaux.

- Euh. Eh bien c'est possible, mais qu'est-ce qui vous fait croire que je m'y connais ?

Il n'avait pas du tout l'intention de parler bateau pour l'heure. Il comptait bien profiter du fait que celle-ci ne soit pas une biche effarouchée à son moindre compliment. Et malgré tout, il se demandait bien pourquoi elle s'intéressait aux bateaux.
Sarkeris
Sarkeris
Corsaire

Fiche perso : Sarkeris "le Tourmenteur"
Liens et RPs : Journal de bord de la Lutine
Bonus Dé : 1
Multi-comptes ? : Phaïdée
Messages : 152
Date d'inscription : 01/09/2020
Localisation : Braktenn

Revenir en haut Aller en bas

[22 décembre 1597]En mal de mer [terminé] Empty Re: [22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]

Message par Coldris de Fromart Ven 25 Déc - 22:35





Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans


Exercice, exercice, exercice… C’était vite dit. Même les mannequins d’entrainement offraient plus de résistances que ces trois voyous. C’était toujours mieux que rien. De toute façon personne n’arriverait jamais à la cheville d’Alduis. Elle inclina légèrement la tête avec une parfaite candeur.

- L’exercice était de toute façon compromis. Personne ne vaudra jamais mon frère...

Il eut un petit regard provocateur. Elle se demandait s’il allait relever. Si c’était son frère, que savait-il d’elle ? Il avait rencontré Alduis, le jour de l’anniversaire de leur père. Elle le savait, car cela faisait partie des choses dont elle avait été instruite à son arrivée à Fromart. Peut-être qu’elle faisait totalement fausse route sur son identité, mais…

Elle glissa son bras sous le sien et il eut l’audace de lui retirer avec une volupté non feinte les quelques gouttes de sang qui trainaient sur son teint de porcelaine. Elle aurait pu l’arrêter en ayant des doutes sur son identité, mais en réalité… C’était bien plus amusant ainsi et il ne faisait rien de mal après tout…

Si sa réponse en aurait outré plus d’une, elle arracha un petit rire à la jeune Fromart habituée aux frasques de son père et son amour débordant pour la bonne chair.

- Ah oui? répondit-elle du tac au tac Le vôtre ou le sien ?

Elle tourna son regard plein d’une espiègle provocation vers le sien dans l’espoir d’y rencontrer un brin d’étonnement. Sa remarque était parfaitement inadaptée à la bouche d’une jeune femme de bonne société, mais justement, elle n’était pas en société, alors pourquoi s’en priver? Quant à sa question, elle n’avait été là que pour lui montrer que ce n’était pas ainsi qu’il obtiendrait le moindre rougissement gêné de sa part, bien au contraire, car au fond elle avait déjà sa réponse.

Bras autour du sien, Bérénice l’entraina vers les quais de sa démarche enjouée. Si c’était bien son frère -ce qu’elle espérait toujours-, les bateaux étaient littéralement toute sa vie. Elle nota son étonnement à sa question. Ou bien était-ce parce qu’il n’avait pas l’habitude de voir une femme prendre l’initiative ? En temps normal, elle était discrète, polie, sage, aimable, enjouée, candide. En somme tout ce que l’on attendait d’elle et d’une femme parfaite. Mais ça, ce n’était que les apparences. Elle avait vite compris qu’elle ne pourrait jamais être un homme et encore moins prendre leur place. Tout comme elle avait vite compris que les hommes craignaient comme la peste les femmes trop entreprenantes.

Elle s’arrêta subitement à ses mots pour lui répondre. Il allait vite comprendre -si ce n’était pas déjà fait- qu’elle n’était pas l’une de ces poupées blondes sans cervelle qui trainaient leurs décolletés affriolants dans les rues de Braktenn.

- Eh bien, vous avez la peau ambrée de quelqu’un qui passe le plus clair de son temps à l’extérieur et surtout en plein soleil. Vos cheveux sont bruns, mais en y regardant de plus près on peut voir que les mèches supérieures sont légèrement décolorées, ce qui est également un effet du soleil, mais très largement accentué par l’iode des embruns. Sel dont l’odeur est encore timidement imprégnée sur vos cuirs. elle prit ses mains entre les siennes et caressa ses paumes Vous avez un travail manuel où vous serrez souvent quelque chose dans vos mains. Des cordes ? Elle leva un œil interrogateur et reprit vous pourriez être pêcheur bien sûr, mais vous êtes borgne et vous maitrisez diablement bien votre coutelas, ce qui prouve que vous avez l’habitude de combattre. Vous travaillez donc sur un bateau, en mer, et vous vous battez. Dois-je poursuivre ma démonstration ou ai-je gagné le droit d’obtenir une vraie réponse ?

Elle lui adressa un sourire lumineux tout en reprenant sa marche.

Coldris de Fromart
Coldris de Fromart
Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar

Fiche perso : ✶Fiche
✶PNJ
Liens et RPs : ✶ Rapport ministériel
✶ Généalogie & Relations
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Eldred Kjaersen / Kalisha de Monthoux / Bérénice d'Aussevielle
Messages : 1362
Date d'inscription : 21/07/2020

Revenir en haut Aller en bas

[22 décembre 1597]En mal de mer [terminé] Empty Re: [22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]

Message par Sarkeris Dim 27 Déc - 20:42

Apparemment, la dame, dont il ne connaissait pas le nom (et cela lui était bien égal, pour une fois qu'on ne demandait pas le sien, il n'allait pas tenter le diable), avait connu meilleur exercice que celui-là.

- Il faudra que je rencontre votre frère alors.

Une bonne bagarre était toujours bonne à prendre. Et il doutait que les meilleurs bretteurs du pays se trouvent à Braktenn. Quoique. Il y était bien lui, non ? Cette petite pensée d'orgueil personnel le fit sourire. Oui, il se considérait comme bon, voire excellent à l'épée. Cela ne l'avait pas empêché d'essuyer quelques échecs, mais dans ce cas, il retombait toujours sur ses pieds et apprenait de ses erreurs. Rien ne valait un échec pour devenir plus fort, meilleur.

Elle ne broncha pas quand il lui ôta le sang. Et il commença à se dire que tout ça avait l'air un peu facile. Pourquoi cette dame ne le repoussait-elle pas ? même un peu ? pour le jeu... toutes les autres Braktennoises lui avait opposé, au moins, une faible résistance depuis son arrivée. Celle-ci devait être sacrément malheureuse avec son mari pour se jeter dans les bras du premier venu. Ou alors elle n'en avait rien à faire. Un frisson d'ennui lui traversa la colonne vertébrale.

Et pourtant elle était joueuse. Il y avait cela de bien avec les femmes mariées qu'elles pouvaient tout de suite saisir le double-sens de certains propos, là où les jeunes filles innocentes et naïves restaient au premier degré.

- Vous pourriez vérifier par vous-même, susurra-t-il à son oreille.

Jusqu'où pourrait-il aller dans les propos grivois si elle ne rougissait pas à cela ? la réponse l'intriguait, l'amusait, mais l'inquiétait aussi : toujours cette histoire de facilité. Ce n'était pas normal. Il y avait murène sous quille. Cette impression lui fut confirmée lorsqu'elle s'appliqua à lui démontrer que oui, il connaissait les bateaux. Cette femme était venue au port avec un but précis. Celui de s'informer, sans doute pour une quelconque affaire. Et surtout, elle n'en avait rien à faire de ses avances.

Quand elle relâcha ses mains, il soupira. Finalement sa chance ne lui souriait pas toujours. Il n'aurait pas cette femme aujourd'hui. Mais bon, puisqu'elle voulait parler bateaux...

- Je m'y connais, effectivement. Que voulez-vous savoir ?

Il la suivit. Au moins, le sujet était plaisant. Et la compagnie intéressante.
Sarkeris
Sarkeris
Corsaire

Fiche perso : Sarkeris "le Tourmenteur"
Liens et RPs : Journal de bord de la Lutine
Bonus Dé : 1
Multi-comptes ? : Phaïdée
Messages : 152
Date d'inscription : 01/09/2020
Localisation : Braktenn

Revenir en haut Aller en bas

[22 décembre 1597]En mal de mer [terminé] Empty Re: [22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]

Message par Coldris de Fromart Dim 27 Déc - 22:15





Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans


Bérénice le jaugea sévèrement. Rencontrer son frère pour se battre ?! C’était bien les hommes ça !

- Et moi ? Je ne vous intéresse pas ? Parce que je suis une femme c’est ça ? répondit-elle boudeuse.

Il ne perdait pour rien attendre ! Si c’était bien son frère, il ne quitterait pas Braktenn sans s’être entrainé avec elle ! Elle va hâte de lui montrer de quoi elle était capable. Et si elle pouvait lui faire mordre la poussière pour lui faire ravaler son orgueil masculin, elle ne s’en priverait pas.

D’ailleurs elle ne comptait pas lui rendre la tâche facile à son petit jeu de séduction. Il devait tellement avoir l’habitude que l’on rougisse de ses propos… Mais quand on était la fille de Coldris, on avait vu pire, entendu pire et il fallait faire bien plus pour espérer la mettre mal à l’aise. Si elle se permettait de rentrer aussi aisément dans son jeu, c’était bien car qu’elle savait pouvoir l’arrêter à n’importe quel instant. Ce qu’elle ne manqua pas de lui rappeler lorsqu’il lui susurra son invitation au creux de l’oreille. Sa dague glissa instantanément dans sa main pour se retrouver pointe contre ses côtes. Elle se dressa sur la pointe des pieds pour lui murmurer à son tour quelques paroles :

- Vous avez beau être très séduisant, vous allez devoir faire bien mieux que cela.

Elle inclina légèrement la tête en souriant malicieusement tandis qu’elle rangeait son arme. Il ne voulait pas lâcher l’information concernant les bateaux, alors elle n’eut d’autre choix que de lui prouver qu’il savait certainement de quoi il parlait. Elle pouvait lire la déception sur son visage. Sans doute car son petit manège ne fonctionnait pas sur elle. Mais elle aussi était déçu. Depuis quand un Fromart baissait les bras si facilement ?! Elle préféra donc reporter son attention sur l’objet initial de sa demande, tout reprenant leur promenade, bras dessus, bras dessous sur les quais ensoleillés aux pavés glissants.

- Formidable ! Je veux constituer une flotte ! annonça-t-elle d’un ton enjoué J’ai besoin de trois-mâts commerciaux et de navires d’escorte à armer pour mon frère. Il faut que je trouve le parfait compromis entre la vitesse et la capacité de chargement. Idéalement, je souhaiterai mettre la main sur des bâtiments néerlandais… Quel est votre avis sur la question ?

Elle se garda bien de lui dire que ce frère n’était pas celui du début et qu’elle l’avait sans doute en face d’elle. Un irrésistible sourire s’étirait durablement sur son visage sans qu’elle ne parvienne à le réprimer tant ce projet l’excitait et tant elle avait hâte de voir la tête de Sarkeris lorsqu’il comprendrait ! Elle espérait bien qu’il accepterait de participer à sa petite entreprise.

- Est-ce que vous avez-vous-même un bateau ? Vous êtes bien loin de la mer. Etes-vous venu ici uniquement pour pêcher les jolies et farouches sirènes braktennoises ? demanda-t-elle avec un brin d’ironie.

Coldris de Fromart
Coldris de Fromart
Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar

Fiche perso : ✶Fiche
✶PNJ
Liens et RPs : ✶ Rapport ministériel
✶ Généalogie & Relations
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Eldred Kjaersen / Kalisha de Monthoux / Bérénice d'Aussevielle
Messages : 1362
Date d'inscription : 21/07/2020

Revenir en haut Aller en bas

[22 décembre 1597]En mal de mer [terminé] Empty Re: [22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]

Message par Sarkeris Mer 30 Déc - 10:28

Il se gaussa lorsqu'elle se montra outrée de son intérêt pour son frère. Oh que si elle l'intéressait, et justement parce qu'elle était une femme, mais pas pour se battre, surtout lorsqu'elle donnait son frère comme référence. Il avait vu qu'elle savait fort bien manier deux courtes lames, mais cela ne lui disait pas si elle savait manier l'épée. Or Sarkéris avait pour habitude de provoquer en duel, à l'épée pas... à la dague. Ensuite, si elle parlait de son frère comme un modèle, alors elle l'estimait plus doué qu'elle, et dans ce cas, pourquoi ce serait-il plus intéressé à elle pour un duel qu'à son frère.

Bien sûr, Sarkéris ne dit rien de toute ses réflexion. Il savait quand se taire face à l'orgueil féminin. Ses débuts en séduction et les erreurs qui les avaient accompagnés étaient bien loin derrière lui. Il y avait certaines considérations qu'il valait mieux garder secrètes devant le regard furieux d'une représentante de la gente féminine, sans quoi on pouvait plus facilement se retrouver avec un couteau dans la gorge que lorsqu'on insultait ouvertement un forbans.

D'ailleurs, il fit très vite l'expérience des limites de cette jeune femme précisément. Pas d'invitation scabreuse pour le moment. Mais au moins, elle le trouvait séduisant. Il la laissa donc ranger sa dague sans lui faire comprendre qu'il aurait pu la lui faire facilement lâcher, et se contenta d'un sourire mi-mutin, mi-déçu.

Non, il ne ferrerait pas le poisson aujourd'hui. Mais rien ne l'empêchait de poser les jalons d'une prochaine fois.

Il réfléchit sérieusement à sa question.

- Vous ne voulez pas créer une flotte alors. Mais deux. L'une commerciale et l'autre maritime. C'est ambitieux et ça prendra du temps, et de l'argent. Le type de bateau qu'il vous faut dépend des endroits où vous  souhaitez envoyer vos navires. Mais...

Premier jalon. Il se tourna vers elle, mains croisées dans le dos, oeil pétillant.

- Ces renseignements ne sont pas gratuits. Vous avez de la chance, c'est lundi et vous êtes une jolie fille, je n'exigerai donc qu'un baiser en échange.

Second jalon.

- Mais l'idéal est de discuter de tout cela autour d'une table, de cartes maritimes, et de registres de marchandises. Avez-vous tout cela ?

Quand elle arriva à une question plus personnelle, il la lâcha du regard et fit quelques pas en avant.

- Je navigue, effectivement, fut sa seule réponse.
Sarkeris
Sarkeris
Corsaire

Fiche perso : Sarkeris "le Tourmenteur"
Liens et RPs : Journal de bord de la Lutine
Bonus Dé : 1
Multi-comptes ? : Phaïdée
Messages : 152
Date d'inscription : 01/09/2020
Localisation : Braktenn

Revenir en haut Aller en bas

[22 décembre 1597]En mal de mer [terminé] Empty Re: [22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]

Message par Coldris de Fromart Mer 30 Déc - 14:06

 



 Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans



Elle avait bien vu son petit rire en coin quand elle avait osé le provoquer. C’était ce même petit rire qu’avaient les hommes lorsqu’elle annonçait s’entrainer à l’escrime. Ce petit rire ou sourire qui disait « oh oui c’est un charmant passe-temps, n’allait pas vous blesser, ce n’est tout de même pas une aiguille. ». Sauf que maintenant qu’elle avait deux frères, elle avait deux personnes avec qui s’entrainer, et il aurait largement le temps d’apprécier ou non ses qualités d’épéistes. Elle se demandait d’ailleurs qui d’Alduis ou de lui était le plus fort à ce petit jeu. Mine de rien son frère -l’ainé- était toujours envie après bon nombre de campagne et toujours indemne. Cette fameuse cicatrice en travers de son visage, ce n’était pas un souvenir du champ de bataille, mais un simple geste désespéré. Cependant, elle pouvait en dire autant de celui qui était certainement son demi-frère : des batailles, il avait dû en voir plus d’une, et ce depuis sa naissance, alors c’était bien difficile de les départager sur le papier.

Leur promenade sur le quai se poursuivit -presque- sans heurt. Tellement que Bérénice commençait à se demander s’il avait si tôt abandonné ses tentatives de séductions. A moins qu’il n’ait un doute sur son identité ? Contrairement à lui, elle ressemblait plus à sa mère qu’à son père. Elle n’avait qu’un souvenir flou de celle-ci, mais elle avait pu voir un portrait d’elle dans l’une des remises. Depuis sa mort, Coldris avait effacé toute trace de son existence à Fromart. Et aussi voilés soient ses souvenirs, elles ne les avaient jamais vus très proches, bien au contraire. Excepté aux repas, ils ne se voyaient pas, ne se parlaient pas, plongeant le château dans une ambiance lourde et morose qui l’écrasait au sol. Bérénice s’était souvent demandé si c’était de sa faute sans parvenir à savoir pourquoi. Finalement, maman était morte et Alduis en avait été dévasté. Elle, avait été triste de perdre celle qui était si souriante et douce, mais elle avait bien vu que son père s’était remis à vivre ensuite. Pouvait-on être à ce point partagé entre la douleur et l’affliction, et la joie et la légèreté ? Elle n’avait jamais pu trancher.
Toujours était-il qu’elle se trouvait sans doute face à ce demi-frère qui avait quasiment l’âge d’Alduis et auquel son père semblait particulièrement attaché pour une raison qui la dépassait. Enfin… En esprit créatif et inventif, elle avait bien plusieurs hypothèses, mais n’avait jamais osé les exposer à son père malgré les confidences qu’ils s'échangeaient régulièrement.

En attendant, elle pouvait toujours préparer le terrain de cet immense projet qu’elle nourrissait, comme une revanche sur cette vie qui lui refaisait l’accès au pouvoir simplement parce qu’elle avait eu le malheur de naitre avec des seins et un ventre. Elle le laissa réfléchir à ses explications, tout en observant deux mouettes se battre pour un vieux poisson abandonné par les pêcheurs du matin. Tout comme son compagnon du jour, elles étaient bien loin de leur habitat naturel, ici, au bord de ce fleuve qu’elles avaient remonté pour profiter d’une météo plus clémente.

Elle eut finalement un début réponse, parfait. Suivi d’un regard qu’elle connaissait bien pour l’avoir déjà vu chez son père. Celui qui annonçait la fierté d’une contrepartie toute trouvée. Un baiser donc. Elle eut un discret sourire. Si ce n’était que cela, elle allait pouvoir satisfaire ses désirs, ce n’était pas trop cher payé…
Elle marcha à reculons sur quelques pas afin de lui faire face.

- L’ambition coule dans mes veines, mon cher. Quant au temps et à l’argent vous avez sans doute deviné que je n’en manquais guère répondit-elle en effectuant une petite révérence avant de reprendre avec sérieux D’abord la méditerranée. Mais mon objectif réel reste les Amériques. Y êtes-vous déjà allé ? Oh pardon ! J’oubliais ! Les renseignements ne sont pas gratuits !

Elle s’approcha malicieusement de lui et se hissa sur la pointe de ses pieds pour embrasser sa joue, sourire mutin, elle commenta :

- Eh bien? Ce n’est pas ce que vous espériez ? Mon père dit toujours qu’il faut être précis dans ses demandes

Elle eut un petit rire cristallin avant de reprendre son bras

- Mercredi, chez moi, dans ce cas. Vous n’aurez qu’à juger par vous-même de mes possessions. Que buvez-vous ?

Dans deux jours, ce serait le 24. Il serait à Fromart pour le réveillon, puisqu’elle n’avait plus vraiment de doute sur son identité. Elle tiendrait donc sa parole. Elle lui servirait même un verre pour le remettre de ses émotions, parce qu’il allait sans doute en avoir besoin quand il la reverrait, sa petite sœur. A sa question, il resta plus qu’évasif, ce qui ne l’empêcha pas de creuser un peu.

- Vous ne m’apprenez rien. Je l’avais déjà deviné. Vous êtes bien mystérieux. Vous avez fait le tour du monde ?

Parce qu’en tant que Fromart on abandonnait jamais une idée en tête…

Coldris de Fromart
Coldris de Fromart
Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar

Fiche perso : ✶Fiche
✶PNJ
Liens et RPs : ✶ Rapport ministériel
✶ Généalogie & Relations
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Eldred Kjaersen / Kalisha de Monthoux / Bérénice d'Aussevielle
Messages : 1362
Date d'inscription : 21/07/2020

Revenir en haut Aller en bas

[22 décembre 1597]En mal de mer [terminé] Empty Re: [22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]

Message par Sarkeris Sam 9 Jan - 15:15

Cette femme ne le craignait pas. Dans aucun sens du terme. Et cela se lisait dans ses yeux pétillants. Sark en fut intrigué, mais ayant eu déjà un vague aperçu de la faune féminine locale quelques jours auparavant, il s'en méfiait à présent. Du moins, il faisait plus attention à ce qui lui sortait de la bouche.

Poser des jalons lui semblait un excellent moyen de procéder avec plus de... ruse ? subtilité ? tactique ? peu importe si ça fonctionnait. Dans tous les cas, son visage marqua peu de réticence à l'énonciation des conditions pour discuter bateaux et navigation. Se rendait-elle seulement compte de l'envergure de son projet ? La Méditerranée, Les Amériques, rien que ça... Et pour ces deux destinations, il faudrait des bateaux différents, sans parler des port de mouillage, des entrepôts... Ce n'était pas une mince affaire.

Il se doutait qu'elle était riche : on n'est pas pirate si on ne sent pas l'argent où il y en a ! Avec un vague instant de lucidité, il se souvint qu'il n'était plus pirate justement... Peut-être faudrait-il qu'il cesse de se considérer comme tel. Même si au fond, il n'avait jamais cessé d'être un pirate. Ce n'était pas un bout de papier qui allait changer sa nature. D'ailleurs, c'est le pirate qui sourit lorsqu'elle évoqua le paiement nécessaire à tout renseignement... avec grande satisfaction il la vit s'approcher et la laissa faire, allant même jusqu'à se pencher complaisamment, près à recevoir un baiser. Finalement, il avait peut-être mal jugé...

Et puis le baiser claqua sur sa joue et il se renfrogna.

- Votre père est Braktennien, bougonna-t-il comme si c'était une explication suffisante à son manque de précision.

Mais bon joueur, il accepta le baiser, tout de suite consolé par son bras qui se glissait sous le sien, et l'invitation chez elle pour le mercredi suivant.

- Porto. Et j'ai accosté plus d'une fois sur les côtes de dame Amérique...

Il laissa trainer sa phrase. Et ses informations évasives justifièrent sans doute les autres questions qu'elle lui posa. Oui, les Amériques, les Indes orientales, l'Extrême-Orient (où il ne remettrait pas les pieds de sitôt), les côtes africaines. Il avait traversé tous les océans entre le Nouveau Monde et les mers de Chine. La curiosité l'aurait sans doute poussé au-delà s'il n'y avait pas eu... mais il secoua la tête et se refusa à ses idées sombres.

- En voilà une curieuse dame ! si je vous disais que j'ai vu toutes les côtes possibles et imaginables, et même les inimaginables, vous ne me croiriez pas, et peut-être auriez-vous raison. Avez-vous déjà voyagé en pleine mer, seulement ?
Sarkeris
Sarkeris
Corsaire

Fiche perso : Sarkeris "le Tourmenteur"
Liens et RPs : Journal de bord de la Lutine
Bonus Dé : 1
Multi-comptes ? : Phaïdée
Messages : 152
Date d'inscription : 01/09/2020
Localisation : Braktenn

Revenir en haut Aller en bas

[22 décembre 1597]En mal de mer [terminé] Empty Re: [22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]

Message par Coldris de Fromart Mar 12 Jan - 16:50





Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans



Bérénice avait un peu joué sur les mots avec ce paiement, mais c’était les règles du jeu non ? Toujours trouver un contournement, tout en restant dans les limites fixées. Un simple arrangement pour faire pencher la balance en sa faveur. Avec le temps, elle avait appris à repérer ces failles pour s’y engouffrer et les exploiter à son avantage. Parfois même, elle pouvait volontairement se laisser perdre pour ne pas éveiller les soupçons. Elle le savait : les femmes trop intelligentes et trop calculatrices, cela faisait peur.

Elle glissa son bras sous le sien, pour se faire pardonner de l’avoir mené quelque peu en bateau.

- Braktennois corrigea-t-elle ,mais d’adoption seulement, il a grandi dans la campagne monbrinienne. Et vous ? D’où vient votre père ? C’est lui qui vous a appris à séduire les femmes ?

Elle pencha la tête pour lui adresser un petit regard pétillant par-dessous. Son père, ou plus exactement sans doute leur père aurait certainement eu quelques savants conseils à lui fournir. Encore que… On reconnaissait bien son sens légendaire de la provocation en y regardant de plus près. Dans deux jours, elle saurait, si elle avait vu juste. Porto, donc. En même temps, quoi de mieux qu’un alcool dont le nom pouvait être traduit par « port » pour un aventurier de la grande bleue?

Il était décidément bien difficile de lui tirer les vers du nez. Qu’y avait-il de si secret pour qu'il refuse de lui raconter ses expériences passées? Ses yeux turquoises rivés vers son interlocuteur, elle n’avait pas manqué ce bref instant de dialogue intérieur qui s’était achevé sur un balancement de sa tête, signe qu’il venait de chasser les idées qui l’assaillaient. Elle le savait pertinemment, car Alduis faisait exactement la même chose lorsqu’elle posait une question dérangeante. À quoi venait-il de penser ? D’un petit sourire, elle lui répondit candidement.

- Si vous êtes mystérieux et moi curieuse, alors il semblerait que nous soyons faits pour nous entendre, vous ne pensez pas ? Qu’importe que je vous crois, je prendrai tout de même plaisir à écouter chacun de vos récits.

Elle s’arrêta pour lui faire face

- À force, peut-être lirais-je dans vos yeux quand vous me dites la vérité et quand vous fabulez? Vous voulez essayer ?

Elle fixa ses iris aux miroitements dignes de l’océan, sombres et profonds, mais si lumineux à la fois et déclara sans sourciller :

- J’ai pris la mer pour aller à Gênes avec mon père quand j’avais dix-huit ans.

Pour lui c’était un voyage d’affaires. Pour elle, l’occasion de découvrir les fameuses terres italiennes. Après Gênes, ils avaient visité Florence et Venise. Elle se souvenait encore de son regard émerveillé lorsqu’elle avait mis les pieds dans le Palais des Doges pour un bal qu’elle n’était pas près d’oublier. Ni de toute cette opulence artistique à laquelle elle avait assisté à Florence. Elle n’osait imaginer ce que l’on pouvait ressentir à fouler des contrées lointaines et exotiques comme les Indes ou la Chine…

- Peut-être que vous pourriez m’emmener en mer, si nous devenons suffisamment proches ? proposa-t-elle l’air de rien.

Coldris de Fromart
Coldris de Fromart
Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar

Fiche perso : ✶Fiche
✶PNJ
Liens et RPs : ✶ Rapport ministériel
✶ Généalogie & Relations
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Eldred Kjaersen / Kalisha de Monthoux / Bérénice d'Aussevielle
Messages : 1362
Date d'inscription : 21/07/2020

Revenir en haut Aller en bas

[22 décembre 1597]En mal de mer [terminé] Empty Re: [22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]

Message par Sarkeris Jeu 11 Fév - 19:26

Cette déambulation sur les quais n'avait pas de but. Il avait abordé cette femme en laissant quelques cadavres sur le pavé, dans le but de lui faire une cour empressée et de conclure rapidement l'affaire. Mais en guise d'affaire, il semblait bien que cette femme n'était pas sur la même longueur d'onde que lui.

Quand il osait un sous-entendu licencieux elle l'évitait avec adresse et malignité, sans se gêner pour en rajouter, mais tout en lui faisant comprendre qu'il faisait fausse route. Et sans mauvais jeu de mot, c'était déroutant. Et puis elle n'arrêtait pas de poser des questions. Comme si elle s'intéressait vraiment à lui. Etrange non pour une inconnue parcourant seule les quais, faisant confiance au premier venu, qui en plus a égorgé deux malheureux bougres sous ses yeux. Elle lui avait montré qu'elle n'avait pas peur de lui, mais il ne lui avait pas montré qu'elle pouvait non plus en soi, du moins, pas vraiment.

- Ce n'est certainement pas mon père qui m'a appris à séduire. Et j'avoue ne pas le connaître assez pour vous dire d'où il vient.

Fais gaffe, elle t'entourloupe, gamin. T'es en train de lui crachoter tous tes mystères, et elle étire bien grands ses portugaises, la gueuse.

D'où venait cette voix connue et rocailleuse qui ressortait au bon moment cette mise en garde sentencieuse. Saisi par un souvenir trop vague pour être précis, Sark s'arrêta net et se retourna comme s'il cherchait quelqu'un sur le quai, quelqu'un qui les aurait mystérieusement suivi. Mais bien sûr, il n'y avait personne, sinon la jeune femme qui le scrutait avec beaucoup trop d'insistance. Sarkéris n'était pas homme à se laisser rattraper par des impressions superstitieuses. Il reprit sa marche, bras dessus bras dessous avec l'inconnue. Elle parlait encore, toujours. Ne cessant de spéculer sur une entente dont il ne voyait ni les tenants, ni les aboutissants.

- Mes récits de voyages vont bien plus loin que Gênes, madame et bien plus mouvementés qu'une simple croisière de plaisance... je ne doute pas que vous trouviez quelque plaisir à les entendre, car je suis très bon conteur (dit-il avec un clin d'oeil), mais je doute que vous sachiez un jour à quel moment je fabule et à quel moment c'est la vérité toute nue qui sort de ma bouche, car parfois la réalité surpasse le conte... Quand à venir en mer avec moi, je pense que vous le regretteriez vite. Je ne suis pas un bon compagnon de mer.

Pour la simple et bonne raison qu'il n'était pas un "compagnon" sur un bateau, mais le capitaine. Le seul maître après Dieu, à qui les hommes devaient obéissance aveugle. On est pas ami avec un capitaine. On l'écoute et on l'obéit, on le salue et on s'écarte sur son passage, on dîne avec lui tout au plus, mais ses manières laissent tellement à désirer que finalement on finit par manger en bonne compagnie dans sa propre cabine. Et une femme à bord. Quelle idée stupide. Une femme au milieu de rufians malpropres et rustres comme des chameaux... c'est donner un agneau à une bande de loups affamés par l'hiver. Sarkéris ne put s'empêcher de glousser à cette proposition.

- Mais dites moi. Où habitez-vous donc charmante créature, pour que je vienne vous retrouver autour d'une carte mercredi ?
Sarkeris
Sarkeris
Corsaire

Fiche perso : Sarkeris "le Tourmenteur"
Liens et RPs : Journal de bord de la Lutine
Bonus Dé : 1
Multi-comptes ? : Phaïdée
Messages : 152
Date d'inscription : 01/09/2020
Localisation : Braktenn

Revenir en haut Aller en bas

[22 décembre 1597]En mal de mer [terminé] Empty Re: [22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]

Message par Coldris de Fromart Lun 15 Fév - 9:47





Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans


Bérénice avançait à pas de loup sur le sol mouvant qui la séparait du mystérieux inconnu à l’air indéniable de famille. Elle aurait pu lui poser la question de but en blanc avec cette subtilité toute familiale : « Dites-moi, vous êtes bien le fils de Coldris de Fromart, non ? Vous lui ressemblez étrangement ! ». Ce à quoi il aurait au mieux nié chaque trait commun et au pire aurait tenté de l’assassiner aussi sec. Des bâtards, son père en avait sans doute une flopée qui trainait dans les rues de la capitale et cela lui était parfaitement égal. Le seul qui l’intéressait était le corsaire, car visiblement celui-ci était différent des autres pour une raison qu’elle ignorait et surtout, il pourrait surement l’aider à monter son petit projet aussi personnel qu’ambitieux.

- Dommage, que nous… s’interrompit-elle en le sentant s’immobiliser
… n’ayons pas le même, c’est un chasseur invétéré. Ou pêcheur. Puisque vous semblez apprécier la mer.

Elle se retourna de concert pour chercher du regard un éventuel danger. Un frisson remonta sinueusement le long. Elle scruta les caisses, méfiante, mais les quais étaient déserts si l’on exceptait cette mouette bien loin de ses embruns. Il reprit sa route, mais Bérénice restait figée sur cette étrange impression. Elle n’avait rien entendu, elle en était sûre, et elle avait si peur de mourir que son instinct de survie l’alertait souvent inutilement. Alors que s’était-il passé ? Elle se reconcentra sur son objectif et reprit le fil de la discussion où elle l’avait laissé.
Bérénice se perdit un instant dans ses prunelles aux allures d’océan tandis qu’il évoquait ses récits. Ces yeux… Elle les avait déjà vus quelque part sans parvenir à se souvenir où. Si seulement elle avait pu avoir la mémoire d’Alduis ! Elle en était persuadée, il y avait quelque chose, une couleur, un trait,  une expression, une lueur qu’elle connaissait… Elle retourna un sourire.

- J’aurais grand plaisir à les entendre. Au fond qu’importe où se trouve la réalité et le fabuleux, tout bon conteur à naturellement tendance à l’emphase et personne ne leur en tient rigueur.

Quant à venir en mer avec lui… Il n’avait pas dit oui. Mais il n’avait pas dit non, non plus. Grossière erreur -ou faille volontaire ?-  lorsque l’on s’adressait à un Fromart. Encore que, à bien y réfléchir, ce n’était pas vraiment ça qui l’aurait empêchée de le persuader du contraire.

- Ne vous fiez pas à mes toilettes luxueuses, je me contente en réalité de bien peu. répondit-il d’un sourire en coin un brin aguicheur qui s’étira ensuite longuement jusqu’à ce qu’elle ne souffle de rire Oh ne me dites pas que vous êtes superstitieux mon beau Capitaine !

Coldris l’avait toujours dit : il y avait d’une part les cartes que l’on avait en main et d’autre part celles que votre adversaire s'imaginait être en votre possession. Une discussion c’était comme un conte : il fallait mêler habilement le vrai et le faux pour obtenir quelques informations utiles et certainement pas futiles. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’elle était particulièrement attentive à ce qu’il dirait ou laisserait dire. Pour ce qui était de son invitation, il pouvait toujours rêver pour qu’elle lui donne l’adresse. Si c’était bien lui, elle comptait lui souhaiter la bienvenue comme il se devait ! Et si ce n’était pas son demi-frère, alors il ne l’intéressait pas plus que cela.

- Vous n’aurez qu’à suivre le chant de sirènes pour venir vous échouer sur mes côtes taquina-t-elle sinon ce sera moi qui vous retrouverai, faites-moi confiance. elle se hissa sur la pointe de ses pieds et embrassa sa joue avant de quitter son bras.

- Porto, donc! lança-t-elle jovialement avant de le saluer d’une légère révérence et de quitter les quais de son pas altier.


Coldris de Fromart
Coldris de Fromart
Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar

Fiche perso : ✶Fiche
✶PNJ
Liens et RPs : ✶ Rapport ministériel
✶ Généalogie & Relations
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Eldred Kjaersen / Kalisha de Monthoux / Bérénice d'Aussevielle
Messages : 1362
Date d'inscription : 21/07/2020

Revenir en haut Aller en bas

[22 décembre 1597]En mal de mer [terminé] Empty Re: [22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]

Message par Sarkeris Mer 17 Fév - 17:56

Tout capitaine est superstitieux. Un brin. Prendre la mer est une expérience tellement unique à chaque fois que des croyances en ressurgissent inévitablement. Il faut élucider ce mystère qui meut les salines étendues, qui prend des hommes, en meurtrit d'autres, quand elle rend riches les plus audacieux. Quant aux femmes... la mer est une femme et elle jalouse ses hommes. C'est d'une simplicité enfantine. Pas de femme à bord.

Mais pouvait-elle comprendre ? assurément non. A moins d'être de ces femmes qui préfèrent leur semblable aux hommes, la dame qui l'accompagnait ne pouvait pas savoir ce qu'était la jalousie d'une maîtresse trahie. Ceci dit, il observa d'un œil nouveau la jeune femme : était-elle de celles accostant aux rivages de Lesbos ? Cela expliquerai l'inefficacité de ses tentatives pour la séduire, et son attitude effrontée malgré tout. Cette explication lui plaisait : ça ne remettait pas en question son charme légendaire.

Mais il ne répondit pas. La mer n'était pas la seule à avoir ses mystères ; et si, pour la comprendre, les hommes inventaient des fables, alors les femmes, de leur côté, devait bien inventer des histoires pour meubler les mystères d'un homme, non ? et Sarkéris trouvait que c'était là un fort bon moyen d'occuper l'esprit d'une dame que de lui laisser croire qu'un secret se cachait sous le verni apparent.

Il en fut malgré tout pour son compte lorsqu'elle lui refusa son adresse par une pirouette.

- Porto, oui, confirma-t-il alors qu'elle s'éloignait satisfaite de son coup. A bon port.

Il enfoui ses mains dans ses poches en la regardant partir, songeur. Quoiqu'elle en dise, sa toilette indiquait clairement qu'elle ne devait pas vivre dans les bas fonds. Elle respirait la richesse, et son ambitieux projet ainsi que leur conversation lui avait confirmé cela. Sarkéris secoua la tête. Son père saurait bien le renseigner sur cette apparition blonde. Il chercherait d'abord par lui-même et si mercredi, il n'avait pas trouvé, il demanderait.

Le corsaire partit de son côté, les yeux égarés sur le fleuve, vers des rêveries plus lointaines...
Sarkeris
Sarkeris
Corsaire

Fiche perso : Sarkeris "le Tourmenteur"
Liens et RPs : Journal de bord de la Lutine
Bonus Dé : 1
Multi-comptes ? : Phaïdée
Messages : 152
Date d'inscription : 01/09/2020
Localisation : Braktenn

Revenir en haut Aller en bas

[22 décembre 1597]En mal de mer [terminé] Empty Re: [22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum