[le 18 décembre 1597] - Un deuil à partager
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[le 18 décembre 1597] - Un deuil à partager
Quatre jours s’étaient écoulés depuis son arrivée. Ou du moins quatre nuits. Delphina, elle, aurait donné sa première visite à Leyria sans même se poser la question. Lui, il l’avait légèrement retardée. Il ressentait comme de l’appréhension à l’idée de la revoir et de lui présenter le petit Amaury - car évidemment, si une personne dans cette ville devait voir son fils, c’était bien elle.
Il avait contacté son amie deux jours plus tôt, pour arranger cette visite. Et il se retrouvait là, à trimballer cet enfant dans ce coche qui venait de se garer Il sortit, laissant le soin à la nourrice de se débrouiller pour le suivre avec le couffin, et s’annonça pour Mademoiselle de Phietom qui, il l’espérait, saurait lui remonter le moral.
Il avait contacté son amie deux jours plus tôt, pour arranger cette visite. Et il se retrouvait là, à trimballer cet enfant dans ce coche qui venait de se garer Il sortit, laissant le soin à la nourrice de se débrouiller pour le suivre avec le couffin, et s’annonça pour Mademoiselle de Phietom qui, il l’espérait, saurait lui remonter le moral.
Re: [le 18 décembre 1597] - Un deuil à partager
Deux jours plus tôt
Delphina était morte. La lettre de Célenian était recouverte de larmes et les mains qui la tenaient étaient tremblantes. Elle ne voulait pas y croire. Elle ne lui avait pas donné le droit de mourir. Pas maintenant. Pas au moment où elle allait être mère. Leyria se hait elle-même. Elle aurait aimé être à ses côtés et la soutenir jusqu'aux bouts.
Mais maintenant, Delphina avait rendu son âme à Dieu et rejoint les Cieux laissant son mari avec un nouveau né. Leur fils, Amaury. Après un long moment, la jeune femme finit par sécher ses larmes quoique avec difficulté. Elle s'assit sur le bureau de sa chambre, ouvrit un tiroir, prit du papier, s'empara de sa plume et écrivit sa réponse. Elle allait convier son ami dans son domaine afin de le revoir et essayer de l'aider à endurer ce terrible évènement.
Célenian avait besoin d'elle.
~~~~~~~~~~~~
Dans un salon réchauffée par les flammes de la cheminée, Leyria lisait en attendant. Elle était à la fois excité par l'idée de le revoir mais aussi plus qu'attristé par la réelle raison de sa venue. Elle qui était il y a plus de deux mois si enjouée à l'idée que Célenian et Delphina allaient devenir parents d'un joli petit garçon. Elle devait tourner la page. Mais Dieu savait à quel point son coeur se déchirait à la moindre pensée de devoir accepter la mort d'une de ses plus proches amitiés. Depuis un moment, elle avait arrêter de porter sa sombre tenue de deuil mais son âme était toujours dans cette période amère.
Un valet frappa à la porte et annonça l'arrivée de Boréalion. Sans perdre une seconde, Leyria se leva du fauteuil et se mit à courir, en bousculant même le domestique sur son passage. Elle s'en alla en direction de l'entrée principale, en la voyant foncée vers la porte, un des gardes pris le réflexe de la lui ouvrir. Elle vit son visage mais ne s'arrêta pas de courir pour autant. Justement, elle sauta dans ses bras.
- Je suis si heureuse de te revoir !
Puis, une fois l'avoir bien serré contre elle, la jeune femme relâcha enfin son emprise mais en gardant toujours ses mains sur les épaules de son complice. Mais, il y avait encore ce terrible manque. Elle aurait voulut lui faire aussi un câlin de bienvenue comme elle le faisait à chaque fois. Son sourire disparu petit à petit sur son visage et son regard devint moins enthousiaste.
Tourner la page.
Plutôt facile à dire qu'à faire.
- J'aurais tellement aimé qu'elle soit avec nous... - elle continua - Mais je suis sûre qu'elle est heureuse là où elle est.
Oui, elle en était certaine. Leyria la connaissait assez pour savoir qu'elle était fière et heureuse d'avoir mis au monde l'enfant qu'elle a toujours rêvé d'avoir avec Célenian. Des mots simples avec lesquels elle espérait le réconforter.
Puis, elle reprit complètement son beau sourire, en jetant un regard vers la nourrice tenant dans ses bras un couffin.
- Et puis nous avons un nouveau arrivant, non ? Que dirais-tu de me présenter sa petite bouille ?
Re: [le 18 décembre 1597] - Un deuil à partager
Il fallait avouer que le grand Boréalion avait l'habitude des accueils débordants d'enthousiasme. Mais il était très rare que l'on se jette à son cou de cette manière. À vrai dire, hors de sa famille et de son épouse, il n'y avait jamais eu que Leyria pour faire cela sans qu'il ne le trouve parfaitement déplacé. C'était qu'avec elle, il était Célénian et juste Célénian. ll la pressa contre lui, sincèrement heureux de la revoir en si bonne forme.
— Moi aussi, répondit-il simplement.
Lui aussi... Et aujourd'hui, il ne pouvait pas râler – par pure forme, pour ne pas briser le rituel – contre le fait que son amie étreigne d'abord Delphina et qu'il soit oublié. Et les deux femmes n'allaient pas échanger ce regard de complicité amusée où les yeux de son épouse disaient disaient "il est incorrigible, j'ai cessé d'espérer", ni l'ignorer quelques instants pour l'embêter avant qu'il n'ait enfin droit à ce qu'on le salue. Il ne pouvait même pas se tourner vers sa Delo chérie pour lui faire remarquer que cette fois, il était passé en premier. Parce qu'elle n'était plus là.
Retrouver la jeune noble apportait autant de réconfort que de preuves de cette absence. Leyria se disait-elle qu'il aurait dû mourir à sa place ? Qu'elle aurait préféré soutenir Delphina dans son deuil plutôt que lui ? Cette question lui avait causé plusieurs insomnies depuis qu'il avait songé à rédiger cette missive maladroite.
Dans le visage de son amie, duquel le sourire s'était envolé, le veuf ne trouva pas de réponse à cette question. Leyria n'énonça qu'une évidence : Delphina aurait dû être là. Et sa si douce Delphina, qui n'avait été qu'un modèle de bonté et de vertu, ne pouvait être qu'au Paradis. Faible consolation, tout de même. Il espérait seulement qu'elle ne le voie pas si incapable avec cet enfant qu'elle avait tant désiré.
Il afficha un sourire, légèrement terni par la tristesse. Dans le monde, Boréalion savait dissimuler sa profonde affliction, mais aujourd'hui, devant son amie, il avait le droit d'être faillible – pas trop non plus, toutefois, il lui restait un peu de dignité.
Leyria porta son attention vers la nourrice... Vers celui qu'amenait la nourrice. Alors, le jeune père, fier comme coq, dissipa les brumes de sa peine pour reprendre l'initiative.
Il prit - avec tant de précautions qu'il en devenait presque maladroit – le petit Amaury dans ses bras pour le montrer à Leyria.
— Il... Il a son nez, tu ne trouves pas ? demanda-t-il.
Le grand maître des mots n'avait aucune idée de la manière dont il était censé parler du nourrisson.
Il balaya le couloir du regard. Ils étaient là, en plein milieu de tout. Encore une chose qui n'arrivait qu'avec Leyria.
Il connaissait fort bien le chemin du salon où ils s'installaient d'habitude, alors, à petits pas pour ne pas trop secouer la petite crevette qu'il tenait dans ses bras, il fut attiré dans cette direction.
— Moi aussi, répondit-il simplement.
Lui aussi... Et aujourd'hui, il ne pouvait pas râler – par pure forme, pour ne pas briser le rituel – contre le fait que son amie étreigne d'abord Delphina et qu'il soit oublié. Et les deux femmes n'allaient pas échanger ce regard de complicité amusée où les yeux de son épouse disaient disaient "il est incorrigible, j'ai cessé d'espérer", ni l'ignorer quelques instants pour l'embêter avant qu'il n'ait enfin droit à ce qu'on le salue. Il ne pouvait même pas se tourner vers sa Delo chérie pour lui faire remarquer que cette fois, il était passé en premier. Parce qu'elle n'était plus là.
Retrouver la jeune noble apportait autant de réconfort que de preuves de cette absence. Leyria se disait-elle qu'il aurait dû mourir à sa place ? Qu'elle aurait préféré soutenir Delphina dans son deuil plutôt que lui ? Cette question lui avait causé plusieurs insomnies depuis qu'il avait songé à rédiger cette missive maladroite.
Dans le visage de son amie, duquel le sourire s'était envolé, le veuf ne trouva pas de réponse à cette question. Leyria n'énonça qu'une évidence : Delphina aurait dû être là. Et sa si douce Delphina, qui n'avait été qu'un modèle de bonté et de vertu, ne pouvait être qu'au Paradis. Faible consolation, tout de même. Il espérait seulement qu'elle ne le voie pas si incapable avec cet enfant qu'elle avait tant désiré.
Il afficha un sourire, légèrement terni par la tristesse. Dans le monde, Boréalion savait dissimuler sa profonde affliction, mais aujourd'hui, devant son amie, il avait le droit d'être faillible – pas trop non plus, toutefois, il lui restait un peu de dignité.
Leyria porta son attention vers la nourrice... Vers celui qu'amenait la nourrice. Alors, le jeune père, fier comme coq, dissipa les brumes de sa peine pour reprendre l'initiative.
Il prit - avec tant de précautions qu'il en devenait presque maladroit – le petit Amaury dans ses bras pour le montrer à Leyria.
— Il... Il a son nez, tu ne trouves pas ? demanda-t-il.
Le grand maître des mots n'avait aucune idée de la manière dont il était censé parler du nourrisson.
Il balaya le couloir du regard. Ils étaient là, en plein milieu de tout. Encore une chose qui n'arrivait qu'avec Leyria.
Il connaissait fort bien le chemin du salon où ils s'installaient d'habitude, alors, à petits pas pour ne pas trop secouer la petite crevette qu'il tenait dans ses bras, il fut attiré dans cette direction.
Re: [le 18 décembre 1597] - Un deuil à partager
Enjouée à l'idée de voir la petite bouille, Leyria avait les yeux qui pétillaient d'impatience. Lorsque Célenian lui présenta son fils pour la première fois qu'elle ne put s'empêcher de s'attendrir face à tant de mignonnerie. Elle contempla chaque parcelle du visage du nouveau-né avec admiration. Même si son ami avait un peu de mal avec lui, il n'en pouvait qu'être fier. Mais la jeune femme garda en tête une seule chose. Amaury était le portrait craché de sa mère. Son idée était renforcé par le regard du bébé. Il l'avait doux et à la fois brillant, identique à celui de sa mère. Dans un sens, c'était pour cela qu'elle lâcha un léger rire quand le paternel se mit à parler de son nez.
- Et bien... C'est vrai. Mais regarde un peu ses beaux yeux, il a le même regard gris argenté qu'avait Delphina. Et puis ses petites joues roses le rendent si chou. En d'autre termes... Il est à croquer ~ - elle s'adressa ensuite au bébé en lui jetant un regard complice - Ne t’inquiètes pas, mon petit Amaury. Taty Leyria sera toujours disponible pour jouer au chevalier avec toi.
Voilà qu'elle devenait déjà gaga de l'enfant, à peine l'avait-elle vu. D'un côté, Célenian avait plutôt intérêt à lui rendre visite plus souvent pour qu'elle puisse un minimum voir grandir le petit ange. Elle ne voulait pas, à leur prochaine rencontre, faire les gros yeux en apprenant qu'il n'était plus un bébé de quelques mois mais de 3 ans.
Elle l'avait laissé partir en direction du salon car elle savait qu'il connaissait déjà le chemin. Ils arrivèrent enfin dans la pièce. Leyria s'installa sur l'un des fauteuils en face de son invité et des pâtisseries ainsi que des cafés furent déposés sur la table. Elle commença la conversation.
- Maintenant que nous pouvons discuter plus en privé... J'ai entendu dire que tu allais écrire un nouveau roman. Je sais, les rumeurs vont vite à la Cour.
Mais une rumeur ne voulait pas dire un fait. Alors elle en profita pour lui demander confirmation directement.
- Et bien... C'est vrai. Mais regarde un peu ses beaux yeux, il a le même regard gris argenté qu'avait Delphina. Et puis ses petites joues roses le rendent si chou. En d'autre termes... Il est à croquer ~ - elle s'adressa ensuite au bébé en lui jetant un regard complice - Ne t’inquiètes pas, mon petit Amaury. Taty Leyria sera toujours disponible pour jouer au chevalier avec toi.
Voilà qu'elle devenait déjà gaga de l'enfant, à peine l'avait-elle vu. D'un côté, Célenian avait plutôt intérêt à lui rendre visite plus souvent pour qu'elle puisse un minimum voir grandir le petit ange. Elle ne voulait pas, à leur prochaine rencontre, faire les gros yeux en apprenant qu'il n'était plus un bébé de quelques mois mais de 3 ans.
Elle l'avait laissé partir en direction du salon car elle savait qu'il connaissait déjà le chemin. Ils arrivèrent enfin dans la pièce. Leyria s'installa sur l'un des fauteuils en face de son invité et des pâtisseries ainsi que des cafés furent déposés sur la table. Elle commença la conversation.
- Maintenant que nous pouvons discuter plus en privé... J'ai entendu dire que tu allais écrire un nouveau roman. Je sais, les rumeurs vont vite à la Cour.
Mais une rumeur ne voulait pas dire un fait. Alors elle en profita pour lui demander confirmation directement.
Re: [le 18 décembre 1597] - Un deuil à partager
Célénian se sentait assez fier de montrer son fils, bien qu’il ne sache pas trop ce qu’on était censé faire de cette drôle de créature gesticulante que l’on appelait un bébé. Cette drôle de créature qui avait le nez de Delphina, ce qu’il souligna, avant de lancer un regard interrogateur à son amie qui semblait trouver cela drôle.
— Mais je t’assure ! se défendit-il. C’est exactement son nez, tu ne vois pas ?
Ah, enfin, elle le reconnaissait ! Puis elle lui demanda d’observer ses yeux, qu’elle compara à ceux de sa Delo chérie. Oui, c’était bien vrai… Au plus les jours passaient, au plus son regard de se rapprochait de celui de sa mère. C’était curieux, non ? Déstabilisant à tel point que le jeune père avait presque peur de le croiser. Il l’avait perdue… Perdue… Elle lui manquait tant.
Il roula des yeux à la remarque que Taty Leyria fit à son nouveau neveu. Il aurait voulu qu’elle soit sa marraine et Delphina aussi, mais sa soeur avait tant insisté qu’il n’avait pas osé le lui refuser. Trop peur de créer de nouveau conflit dans sa famille. Toutefois, pour lui, leur meilleure amie le serait bien davantage, même si ce n’était pas officiel.
— J’espère bien ! répondit-il à la mention des chevaliers. Il n’y a que toi qui puisse le lui apprendre.
Lui, il n’aurait pas su comment faire. Il pouvait lui raconter toutes les histoires du monde, autant qu’il en voulait, mais jouer concrêtement… Oh, elle le ferait bien mieux que lui. Il sourit en imaginant son maie se battre pour de faux avec un baton contre un enfant sautillant d’environs cinq ans. Il n’arrivait pas à savoir ce qu’il ressentirait exactement.
Tout en se projetant, Célénian avait gagné le salon, maintenant son fils dans ses bras tout inquièt à l’idée qu’il ne tombe. Il releva les yeux vers Leyria lorsqu’elle aborda la question de son prochain roman. Comment le plus grand écrivain que Monbrina n’ait jamais connu pouvait-il avouer subir la pire panne d’inspiration qu’il n’avait jamais connue depuis le début de sa carrière ? Oh, à Leyria, il pouvait en parler. Ce n’était pas elle qui irait faire courir de sales rumeurs à son propos.
— Je l’ai commencé au début de la grossesse… On ne savait même pas encore qu’elle était enceinte.
Leyria savait qu’il parlait à Delphina tout en écrivant, et que cela lui permettait de s’éclaircir les idées. Elle savait que son épouse faisait partie intégrante de son processus de création depuis de nombreuses années - bien que leur amour soit beaucoup plus fort que cela.
— Il ne me restait qu’à terminer. Un gros chapitre. Mais je n’y arrive plus, pour l'instant. Je ne sais pas aligner deux phrases sur du papier sans avoir immédiatemment envie de les brûler.
Il berça un instant son fils, puis, interrogeant sa noble amie du regard :
— Tu veux peut-être le prendre un peu ? s’enquit-il avant de reprendre son explication : Donc oui, l’écriture est en cours… Ce sera probablement le dernier tome des aventures de Trestinian, avoua-t-il.
— Mais je t’assure ! se défendit-il. C’est exactement son nez, tu ne vois pas ?
Ah, enfin, elle le reconnaissait ! Puis elle lui demanda d’observer ses yeux, qu’elle compara à ceux de sa Delo chérie. Oui, c’était bien vrai… Au plus les jours passaient, au plus son regard de se rapprochait de celui de sa mère. C’était curieux, non ? Déstabilisant à tel point que le jeune père avait presque peur de le croiser. Il l’avait perdue… Perdue… Elle lui manquait tant.
Il roula des yeux à la remarque que Taty Leyria fit à son nouveau neveu. Il aurait voulu qu’elle soit sa marraine et Delphina aussi, mais sa soeur avait tant insisté qu’il n’avait pas osé le lui refuser. Trop peur de créer de nouveau conflit dans sa famille. Toutefois, pour lui, leur meilleure amie le serait bien davantage, même si ce n’était pas officiel.
— J’espère bien ! répondit-il à la mention des chevaliers. Il n’y a que toi qui puisse le lui apprendre.
Lui, il n’aurait pas su comment faire. Il pouvait lui raconter toutes les histoires du monde, autant qu’il en voulait, mais jouer concrêtement… Oh, elle le ferait bien mieux que lui. Il sourit en imaginant son maie se battre pour de faux avec un baton contre un enfant sautillant d’environs cinq ans. Il n’arrivait pas à savoir ce qu’il ressentirait exactement.
Tout en se projetant, Célénian avait gagné le salon, maintenant son fils dans ses bras tout inquièt à l’idée qu’il ne tombe. Il releva les yeux vers Leyria lorsqu’elle aborda la question de son prochain roman. Comment le plus grand écrivain que Monbrina n’ait jamais connu pouvait-il avouer subir la pire panne d’inspiration qu’il n’avait jamais connue depuis le début de sa carrière ? Oh, à Leyria, il pouvait en parler. Ce n’était pas elle qui irait faire courir de sales rumeurs à son propos.
— Je l’ai commencé au début de la grossesse… On ne savait même pas encore qu’elle était enceinte.
Leyria savait qu’il parlait à Delphina tout en écrivant, et que cela lui permettait de s’éclaircir les idées. Elle savait que son épouse faisait partie intégrante de son processus de création depuis de nombreuses années - bien que leur amour soit beaucoup plus fort que cela.
— Il ne me restait qu’à terminer. Un gros chapitre. Mais je n’y arrive plus, pour l'instant. Je ne sais pas aligner deux phrases sur du papier sans avoir immédiatemment envie de les brûler.
Il berça un instant son fils, puis, interrogeant sa noble amie du regard :
— Tu veux peut-être le prendre un peu ? s’enquit-il avant de reprendre son explication : Donc oui, l’écriture est en cours… Ce sera probablement le dernier tome des aventures de Trestinian, avoua-t-il.
Re: [le 18 décembre 1597] - Un deuil à partager
Une fois qu'ils furent installés confortablement sur les fauteuils du salon, Leyria débuta leur conversation sur un sujet qui, il était vrai, l'intéressait en particulier. C'était normale quand on était une des premières adoratrices de la série de roman des incroyables aventures du chevalier Trestinian.
Célénian commença à lui donner des explications en affirmant qu'il ne lui manquait qu'à écrire le dernier chapitre. Mais celui-ci disait être en manque de créativité... Il était vrai que Delphina l'aidait beaucoup sur l'écriture de ses histoires auparavant et maintenant qu'elle n'était plus... Elle comprenait que cela pouvait plus ou moins troublé son ami. Mais, avoir des pannes d'inspiration pouvaient arriver quand on était artiste, non ? Leyria n'en s'en soucia donc pas plus que cela. Il la retrouvera, elle n'en doutait pas.
Puis, sans vraiment s'attendre à quoique ce soit, il lui proposa de prendre son fils dans ses bras. Leyria le fixa et un grand sourire se dessina sur son visage.
- Je peux ?
Comment elle pouvait refuser à telle proposition... Elle prit doucement le petit Amaury dans ses bras et le regarda avec tendresse. Si seulement. Si seulement Delphina aurait pu être là... Juste pour voir son petit Amaury. Juste pour le voir grandir. Juste pour le tenir dans ses bras, elle aussi. Leyria ne pouvait et ne pourra jamais la remplacer mais elle serait prête à tout pour contribuer au bonheur de son fils. C'était une promesse. Celle qu'elle faisait à Delphina.
La marquise héritière resta dans ses pensées, jusqu'à qu'une phrase vienne la perturber.
- [..] Ce sera probablement le dernier tome des aventures de Trestinian.
Leyria resta figée. Dans un premier temps, elle ne crut pas à cette nouvelle. Les aventures de Trestinian allaient prendre fin ?... Elle ne voulait presque pas y croire. Les histoires de son héros préféré allaient se terminer. Ces mêmes histoires qui avaient été à l'origine de son plus grand rêve de chevalerie dont Trestinian en été le véritable modèle et qui avaient donc bercer toute son enfance. Céli ne s'en rendait pas compte mais sans la parution de ses ouvrages, elle aurait certainement été une toute autre jeune femme aujourd'hui. Peut-être plus "obéissante" et moins combattante pour la place des femmes dans la noblesse. Une personne que Leyria aurait horriblement détesté d'être.
Mais ici elle ne parlait plus à Boréalion mais à Célénian. Son ami voulait mettre fin à sa série de romans ? Alors, il le fera selon son propre désir. Et en tant qu'amie, Leyria devait le soutenir quoiqu'il arrivait. De plus, elle voyait bien que cette panne d'inspiration le peinait. La mort de Delphina, le manque d'inspiration pour la fin de son roman et la nouvelle présence de son fils... Céli subissait tout cela et la jeune femme voulait sincèrement l'aider à surmonter ces épreuves. Il n'avait donc pas besoin d'une amie égoïste qui se montrait déçue de sa décision pour l'avenir de son oeuvre...
Elle lui sourit presque tendrement.
- Je n'ai jamais eu de doute sur ton talent pour l'écriture et je n'en aurais jamais. Si tu as besoin de temps afin de trouver de l'inspiration pour la fin de ce roman, prend tous le temps qu'il te faudra. Même si cela, dure plusieurs décennies. N'écoute pas surtout ce qu'il se dit à la Cour. Tu connais très bien mon avis là dessus... Si ils sont réellement les admirateurs de tes romans alors ils seront patients et sauront appréciés ton prochain roman comme toutes les dernières fois.- elle fixa Célénian et en particulier son regard - Et surtout... Quoique tu fasses ou écrives, Céli... Ce sera pour moi l'un des plus grands romans de l'histoire, les autres étant toutes tes oeuvres sur le valeureux chevalier Trestinian.
Célénian commença à lui donner des explications en affirmant qu'il ne lui manquait qu'à écrire le dernier chapitre. Mais celui-ci disait être en manque de créativité... Il était vrai que Delphina l'aidait beaucoup sur l'écriture de ses histoires auparavant et maintenant qu'elle n'était plus... Elle comprenait que cela pouvait plus ou moins troublé son ami. Mais, avoir des pannes d'inspiration pouvaient arriver quand on était artiste, non ? Leyria n'en s'en soucia donc pas plus que cela. Il la retrouvera, elle n'en doutait pas.
Puis, sans vraiment s'attendre à quoique ce soit, il lui proposa de prendre son fils dans ses bras. Leyria le fixa et un grand sourire se dessina sur son visage.
- Je peux ?
Comment elle pouvait refuser à telle proposition... Elle prit doucement le petit Amaury dans ses bras et le regarda avec tendresse. Si seulement. Si seulement Delphina aurait pu être là... Juste pour voir son petit Amaury. Juste pour le voir grandir. Juste pour le tenir dans ses bras, elle aussi. Leyria ne pouvait et ne pourra jamais la remplacer mais elle serait prête à tout pour contribuer au bonheur de son fils. C'était une promesse. Celle qu'elle faisait à Delphina.
La marquise héritière resta dans ses pensées, jusqu'à qu'une phrase vienne la perturber.
- [..] Ce sera probablement le dernier tome des aventures de Trestinian.
Leyria resta figée. Dans un premier temps, elle ne crut pas à cette nouvelle. Les aventures de Trestinian allaient prendre fin ?... Elle ne voulait presque pas y croire. Les histoires de son héros préféré allaient se terminer. Ces mêmes histoires qui avaient été à l'origine de son plus grand rêve de chevalerie dont Trestinian en été le véritable modèle et qui avaient donc bercer toute son enfance. Céli ne s'en rendait pas compte mais sans la parution de ses ouvrages, elle aurait certainement été une toute autre jeune femme aujourd'hui. Peut-être plus "obéissante" et moins combattante pour la place des femmes dans la noblesse. Une personne que Leyria aurait horriblement détesté d'être.
Mais ici elle ne parlait plus à Boréalion mais à Célénian. Son ami voulait mettre fin à sa série de romans ? Alors, il le fera selon son propre désir. Et en tant qu'amie, Leyria devait le soutenir quoiqu'il arrivait. De plus, elle voyait bien que cette panne d'inspiration le peinait. La mort de Delphina, le manque d'inspiration pour la fin de son roman et la nouvelle présence de son fils... Céli subissait tout cela et la jeune femme voulait sincèrement l'aider à surmonter ces épreuves. Il n'avait donc pas besoin d'une amie égoïste qui se montrait déçue de sa décision pour l'avenir de son oeuvre...
Elle lui sourit presque tendrement.
- Je n'ai jamais eu de doute sur ton talent pour l'écriture et je n'en aurais jamais. Si tu as besoin de temps afin de trouver de l'inspiration pour la fin de ce roman, prend tous le temps qu'il te faudra. Même si cela, dure plusieurs décennies. N'écoute pas surtout ce qu'il se dit à la Cour. Tu connais très bien mon avis là dessus... Si ils sont réellement les admirateurs de tes romans alors ils seront patients et sauront appréciés ton prochain roman comme toutes les dernières fois.- elle fixa Célénian et en particulier son regard - Et surtout... Quoique tu fasses ou écrives, Céli... Ce sera pour moi l'un des plus grands romans de l'histoire, les autres étant toutes tes oeuvres sur le valeureux chevalier Trestinian.
Re: [le 18 décembre 1597] - Un deuil à partager
Sans doute pour la première fois depuis qu’il avait perdu Delphina, Célénian pouvait parler de sa situation. Il n’y arrivait plus, plus vraiment. C’était… Difficile, sans elle. Il avait l’impression qu’une partie de son coeur lui manquait. Sa Delo chérie… Et son inspiration en souffrait terriblement - ce ne pouvait être que cela.
Elle proposa à Leyria de prendre celui qui aurait dû être son filleul n’eurent été les caprices d’Aurore. Il sourit : évidemment qu’elle pouvait, pourquoi n’aurait-elle pas pu ? Elle savait sans doute même mieux quoi en faire que lui-même. Il l’aida à le prendre délicatement dans ses bras. Sa mère aurait dû être là. Elle aurait dû être là.
Célénian ne s’était pas forcément rendu compte de ce que cela impliquait pour les autres lorsqu’il affirma que l’aventure touchait à son terme. Pour lui, c’était un deuil en soi. Le deuil de ses personnages qu’il chérissait plus que le commun des mortels ne pouvait le comprendre, le deuil d’un univers dans lequel il se sentait à l’aise, le deuil des milliers et millers d’heures qu’il avait passées à travailler sur ses manuscrits avec sa femme adorée.
Il remarqua, pourtant, quelque chose dans la réaction de Leyria. La fin ne serait sans doute pas que pour lui, c’était vrai, et ses pires craintes revenaient : et si ses admirateurs le lâchaient tous dès lors qu’il passerait à une autre idée ? - si tant était qu’il soit capable de se fixer sur une idée. Si tant était qu’il sache arranger ses idées seul. Il avait relu des textes rédigés bien auparavant. Ils… manquaient de quelque chose. Ils n’étaient pas mal écrits mais… ce n’étaient pas les aventures du chevalier Trestinian.
Leyria chercha à le réconforter. Il avait beau se persuader qu’il ne doutait pas lui-même de son talent… au fond, il avait surtout besoin d’être rassuré à ce sujet. Il avait le temps ? Oui, sans doute… Mais il avait horreur d’avoir l’impression de ne pas avancer.
— Merci, répondit-il, un brin ému.
Le “je sais” qu’il aurait voulu prononcer avec ce bête sourire qui exaspérait sa Delo ne voulait pas venir. Et puis, ici, il n’avait pas besoin de se soucier de ne pas être invulnérable.
— Sache que… toi aussi, tu m’as beaucoup inspirée, mine de rien. Cela n’aurait sans doute pas été pareil si je n’avais pas pu compter sur toi.
Certes, elle n’avait pas eu son personnage attitré mais… Il la retrouvait dans plusieurs d’entre eux, par des manies, par des petites phrases, par des idées…
— Je… Tu sais, ce devait déjà être la fin, même si Delphina… Je… En réalité, le neuvième a déjà été décidé à la dernière minute, pour retarder celui-ci. Elle te l’avais dit, je crois ? Elle t’avait parlé du rêve qui nous avait donné l’idée des grottes infinies. Nous… n’avons juste pas osé dire que c’était bien avant le dernier tome que nous l’intercalions. Je crois que je n’étais même pas certain d’arrêter là. Tu le sais : Trestinian a pris une place inimaginable dans ma vie. Enfin soit : cette fois, je suis presque certain que ce le sera. J’ai l’impression que si je rajoutais des tomes… ce serait gratuit, cela perdrait en puissance, tu comprends ? Mais… cela ne veut pas dire que je vais arrêter d’écrire. Je crois que j’en serais incapable.
Elle proposa à Leyria de prendre celui qui aurait dû être son filleul n’eurent été les caprices d’Aurore. Il sourit : évidemment qu’elle pouvait, pourquoi n’aurait-elle pas pu ? Elle savait sans doute même mieux quoi en faire que lui-même. Il l’aida à le prendre délicatement dans ses bras. Sa mère aurait dû être là. Elle aurait dû être là.
Célénian ne s’était pas forcément rendu compte de ce que cela impliquait pour les autres lorsqu’il affirma que l’aventure touchait à son terme. Pour lui, c’était un deuil en soi. Le deuil de ses personnages qu’il chérissait plus que le commun des mortels ne pouvait le comprendre, le deuil d’un univers dans lequel il se sentait à l’aise, le deuil des milliers et millers d’heures qu’il avait passées à travailler sur ses manuscrits avec sa femme adorée.
Il remarqua, pourtant, quelque chose dans la réaction de Leyria. La fin ne serait sans doute pas que pour lui, c’était vrai, et ses pires craintes revenaient : et si ses admirateurs le lâchaient tous dès lors qu’il passerait à une autre idée ? - si tant était qu’il soit capable de se fixer sur une idée. Si tant était qu’il sache arranger ses idées seul. Il avait relu des textes rédigés bien auparavant. Ils… manquaient de quelque chose. Ils n’étaient pas mal écrits mais… ce n’étaient pas les aventures du chevalier Trestinian.
Leyria chercha à le réconforter. Il avait beau se persuader qu’il ne doutait pas lui-même de son talent… au fond, il avait surtout besoin d’être rassuré à ce sujet. Il avait le temps ? Oui, sans doute… Mais il avait horreur d’avoir l’impression de ne pas avancer.
— Merci, répondit-il, un brin ému.
Le “je sais” qu’il aurait voulu prononcer avec ce bête sourire qui exaspérait sa Delo ne voulait pas venir. Et puis, ici, il n’avait pas besoin de se soucier de ne pas être invulnérable.
— Sache que… toi aussi, tu m’as beaucoup inspirée, mine de rien. Cela n’aurait sans doute pas été pareil si je n’avais pas pu compter sur toi.
Certes, elle n’avait pas eu son personnage attitré mais… Il la retrouvait dans plusieurs d’entre eux, par des manies, par des petites phrases, par des idées…
— Je… Tu sais, ce devait déjà être la fin, même si Delphina… Je… En réalité, le neuvième a déjà été décidé à la dernière minute, pour retarder celui-ci. Elle te l’avais dit, je crois ? Elle t’avait parlé du rêve qui nous avait donné l’idée des grottes infinies. Nous… n’avons juste pas osé dire que c’était bien avant le dernier tome que nous l’intercalions. Je crois que je n’étais même pas certain d’arrêter là. Tu le sais : Trestinian a pris une place inimaginable dans ma vie. Enfin soit : cette fois, je suis presque certain que ce le sera. J’ai l’impression que si je rajoutais des tomes… ce serait gratuit, cela perdrait en puissance, tu comprends ? Mais… cela ne veut pas dire que je vais arrêter d’écrire. Je crois que j’en serais incapable.
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