[11 janvier 1598] - Oser mettre des couleurs dans sa vie
[11 janvier 1598] - Oser mettre des couleurs dans sa vie
Le temps filait à toute allure et si Alduis souhaitait un nouveau costume – ce dont il se serait passé –, il ne leur restait que de peu de temps pour le commander. Pour cela, elle avait décidé de se rendre dans la boutique des Florange, réputée depuis bon nombre d’années pour la qualité de leurs tissus et de leurs ouvrages.
Ce qu’elle n’avait pas dit à Alduis c’était que… elle espérait bien le voir porter autre chose que du blanc. Il n’allait pas se fiancer en blanc, si ? Enfin… C’était la couleur des suaires ! Pas d’un futur marié ! Et puis elle en avait un peu assez de ce blanc. Il ne portait que cela depuis… Depuis… dix-huit ans ? Il avait dix ans de mémoire la première fois qu’il avait décrété cela. Elle se souvenait encore de la tempête qui avait agité le château ce jour-là lorsque leur père avait voulu lui interdire cette non-couleur absolument ridicule. Et puis quelque temps après, elle l’avait accompagné à Saint-Eloi pour jouer avec Layla. Elle entendait encore Virgil lui déclarer diplomatiquement « Tu peux bien lui accorder cela, ce n’est pas si grave et puis cela lui passera » autant qu’elle pouvait entendre son père lui rétorquer jusque peu avant sa mort « Cela lui passera, n’est-ce pas ? ». Phrase qui a bien y réfléchir, ne s’appliquait sans doute pas qu’à son choix vestimentaire pour ce qui était des dernières années qui s’étaient écoulées…
Compte tenu des circonstances, elle avait jugé préférable de venir en voiture. Monter à cheval en ville et en état une dame, cela faisait mauvais genre. Sans parler du fait que sentir l’équidé pour entrer dans une échoppe de tailleur n’était pas vraiment des plus appropriés. Alduis devait sans doute y trouver à redire quand bien même il n’avait fait aucun commentaire. À moins que ce ne soit la perspective de choisir une tenue pour cette cérémonie en particulier ? Non, il avait l’air plutôt heureux de partager cela avec lui lorsqu’elle lui avait soumis l’idée.
Elle posa une main bienveillante sur son genou :
— Je suis contente de faire cela avec toi, tu verras tout va bien se passer j’en suis certaine !
Puis la voiture s’immobilisa enfin et ils purent descendre. Bérénice passa la porte de cette somptueuse boutique, déjà émerveillée par tout ce qu’elle pouvait apercevoir.
— Bonjour, fit-elle en inclinant la tête dans un grand sourire nous cherchons de quoi faire un costume à mon frère pour ses fiançailles.
Et elle s’abstint de proposer la couleur autant qu’elle se ravisa de justesse de spécifier à quel point il était le plus beau et le meilleur des frères et qu’il lui fallait donc quelque chose à sa hauteur. Après tout, cela se voyait non ?
Re: [11 janvier 1598] - Oser mettre des couleurs dans sa vie
La personne qui tenait la boutique avec moi ce matin était une jeune fille d'une douzaine d'année qui avait commencé il y a peu un apprentissage dans notre établissement. Vu les activités grandissante de notre humble commerce, et la réticence grandissante de mes deux frères à y travailler, père s'était résolue à engager du monde. Et ce n'était pas pour me déplaire. Elle était vraiment charmante et appliquée.
Nous nous tenions toutes les deux en arrière boutique, à honorer les demandes de nos clients. La petite s'occupait d'un simple raccommodage tandis que je tissai une des dix nappes vert émeraude commandées par la tenancière du Lupanar. De temps à autre, elle m'interrompait pour me demander de l'aider, et c'était avec plaisir que je quittais mon métier à tisser, pour lui expliquer, même une énième fois, les ficelles de cet artisanat.
Mais alors que j'étais près d'elle pour une nouvelle leçon, j'entendis la cloche de la porte d'entrée retentirent, signe qu'il fallait servir de nouveau client. Je me redressai de l'établi, puis adressai à ma compagne du jour.
Essaie un peu par toi-même, je dois aller voir. Mais si tu n'y arrives pas, c'est absolument pas grave, ne t'impatiente pas, nous reprendrons ensemble juste après. conclus-je avec un sourire encourageant
Elle hocha la tête, motivée, puis je me rendis au comptoir. Je vis une très ravissante jeune femme entrée, qui m'exposa directement, après un bonjour respectueux, le but de sa visite. Elle ne perdait pas de temps, mais ça ne me dérangeait pas vraiment, du moment qu'elle ne devenait pas impolie. Ce qui me stressa bien plus, c'était de voir qui l'accompagnait. Cet homme, je l'avais déjà vu quelques fois sans jamais lui adresser la parole. C'était le fils d'une personnalité très importante. Tout de suite, mes conversations avec père me revinrent en tête. Il ambitionnait de haute place, et je devais me montrer irréprochable pour cela. Un peu tendue, je pris une petit inspiration pour garder mon calme, puis j'articulai comme je le pouvais.
B... Bonjour, Bienvenue monsieur, et madame. C'est un honneur de vous accueillir ici. Je... Je ferai de mon mieux pour vous offrir le costume qui vous siéra. Avez-vous une... couleur de préférence ?
En plus, le costume était pour lui. Quelle pression... allais-je être à la hauteur ?
Césarine Florange- Multi-comptes ? : Katarina Sin Miedo
Messages : 31
Date d'inscription : 27/06/2021
Re: [11 janvier 1598] - Oser mettre des couleurs dans sa vie
Pourtant, il faisait confiance à Bérénice, alors il avait cédé, un peu à contre-coeur. Et puis au fond, il était heureux de passer du temps avec elle. S’il y avait bien une personne qui pouvait rendre un tel moment agréable, c’était elle. Et ce qui était réellement agréable, c’était de savoir qu’elle appréciait ce moment elle aussi. Elle venait de le lui dire, en posant une main réconfortante sur son genou.
Il s’encourageait ainsi lorsque la voiture s’arrêta pour les laisser descendre, devant la boutique des Florange. Que de vêtements. Une chose qui n’avait jamais enthousiasmé Alduis. Il entra à la suite d’une Bérénice émerveillée et observa un peu les alentours.
Quand son regard revint en direction du comptoir, une jeune femme se tenait déjà là, et Bérénice la salua en souriant. Alduis se contenta de hocher la tête pour approuver les dires de sa sœur. Au moins, c’était efficace.
Mais premier problème : la jeune vendeuse ne semblait pas tout à fait à son aise. N’était-elle pas un peu trop tendue ? n’articulait-elle pas avec un peu trop de soin ? Il décida de ne pas s’y attarder, même s’il se représentait très bien la cause de sa gêne. S’il lui faisait peur avant même d’avoir ouvert la bouche...
Une couleur de préférence ? Oui, le blanc. Comme depuis… dix-huit ans. Il ne comptait pas changer aujourd’hui. Il s’apprêtait à le signifier lorsqu’il remarqua que Bérénice n’en avait pas fait la remarque. Or, elle le savait, bien sûr. Alors pourquoi ? Il se décida à répondre.
— Blanc.
Ce n’était pas simplement une couleur à ses yeux. Il y mettait une signification. Blanc, en opposition avec ses parents. Ses deux parents. Il avait décidé de s’habiller en blanc le jour où il avait décrété qu’il ne pleurerait plus l’absence de sa mort. Fini le deuil. Fini la tristesse. Fini les larmes. Il ne perdrait plus son temps à penser à elle.
Mais ainsi, il avait aussi la sensation de se démarquer de son père, qui lui s’habillait toujours en noir. Il n’était pas son père. Il n’était pas simplement son fils non plus. Et il n’avait pas envie de changer ce point-là. Pourquoi aurait-il dû ?
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020
Re: [11 janvier 1598] - Oser mettre des couleurs dans sa vie
Lorsque Bérénice entra dans la boutique, elle ne s’était pas attendue à une telle nervosité. Elle croisa le regard d’Alduis, circonspecte. Avait-elle bien fait de venir ici ? Elle reporta son attention sur la jeune femme. Était-ce la première fois qu’elle tenait seule la boutique ? Ou bien y avait-il une autre raison ? Était-ce elle ? Alduis ?
Bien sûr son frère annonça la couleur. Sans mauvais jeu de mots. Quoique ce n’était pas si éloigné de la réalité, et pas uniquement car il ne portait que du blanc. Elle ne lui avait jamais demandé la raison exacte. Sans doute vis-à-vis de leur mère à laquelle il s’accrochait plus qu’il n’aurait dû. Depuis le temps qu’elle était morte désormais, il fallait tourner la page. De toute façon, elle n’avait aucun souvenir avec elle. Elle se souvenait de s’être promenée avec son père vers ses trois ans, mais sa mère ? Rien. Le néant. Léonilde lui avait dit qu’elle avait été confiée à une nourrice, alors forcément...
Il était temps que les choses changent enfin.
— Montrez-nous également d’autres coloris je vous prie, rectifia-t-elle d’autorité.
Puis elle se tourna vers son frère et opta pour la subtilité toute familiale :
— Alduis… Le blanc c’est de mauvais augure, c’est la couleur des morts. Tu ne peux pas te fiancer en blanc
Alors même qu’un nouveau conflit est sur le point d’éclater et que tu vas de nouveau m’abandonner se retint-elle d’ajouter oralement quand ses yeux semblaient l’implorer silencieusement.
Re: [11 janvier 1598] - Oser mettre des couleurs dans sa vie
C... ce que je peux vous proposer, c'est que je vous montre q...quelques models pour chaque goût, et v... vous déciderez ensuite. Vous p...pouvez même partir dans quelques chose de t...totalement original si l'envie vous en prends. S... suivez-moi je vous pris.
"Allez reprends-toi Césarine, tu dois donner envie aux clients de revenir, c'est pas en te voyant ainsi tendue que ça se passera" Je me répétai cette phrase intérieurement, prenant une bonne inspiration avant d'ouvrir une armoire. Celle-ci était pleine de costume pour homme confectionné par le passé. J'en sortis un premier.
Illustration
P..Pour Monsieur qui aime le blanc, je peux lui proposer ceci. S...Si vous n'aimez pas les fioritures dorées qui s'y trouvent, j...je peux les atténuer, voire les enlever, il n'y a pas de souci.
Je pus déjà un peu mieux appréhender le stress qui me tenait, mais il y avait encore du travail. Continuant à travailler dessus, je laissai mes clients du jour se faire leur opinion avant de montrer un deuxième design.
Et p... pour Madame qui préfère la couleur, il y a celui-ci
Illustration
À nouveau j'accordai la possibilité à mes deux interlocuteurs d'examiner ce que je leur proposais, avant d'enchaîner avec un dernier costume qui m'était venu à l'esprit.
Et si vous souhaitez mélanger les deux aspects de vos opinions, nous pouvons opter pour ce costume, ainsi v... vous avez du blanc à l'intérieur, et des couleurs à l'extérieur.
Illustration
Césarine Florange- Multi-comptes ? : Katarina Sin Miedo
Messages : 31
Date d'inscription : 27/06/2021
Re: [11 janvier 1598] - Oser mettre des couleurs dans sa vie
Le blanc, la couleur des morts ? Cela ne lui avait jamais fait cet effet. Pour autant, elle n’était pas la première à le lui faire, il devait le reconnaître. Eldred aussi lui en avait parlé. La petite Grâce l’avait pris à plusieurs reprises pour un fantôme. Oui, mais seulement, cela ne suffisait pas à l’en faire s’en séparer.
Après tout, son père s’habillait systématiquement en noir depuis des années. Personne ne venait lui demander de mettre d’autres couleurs ! Alors pourquoi lui ? Mais c’était Bérénice qui lui en faisait la demande. Bérénice qui le suppliait quasiment du regard… Alors il hocha la tête, tandis que la jeune vendeuse proposait une alternative : des modèles pour tous les goûts.
Tous deux la suivirent donc, elle qui demeurait toujours aussi nerveuse. Partir sur quelque chose de totalement original… Alduis ne savait pas s’il en avait envie. C’était déjà suffisamment la corvée de trouver une tenue, alors pour le reste… Juste avant que Césarine n’ouvre une armoire, Alduis retint Bérénice par le bras pour lui demander, à mi-voix, de manière à ce que la vendeuse n’entende pas :
— Tu penses que c’est de moi qu’elle a peur… ?
Ce ne serait pas la première. Pourtant, il n’avait rien fait pour l’effrayer. Enfin, il n’en avait pas eu l’impression. Alors il guetta la réaction de sa sœur. Incontestablement, c’était à elle qu’il accordait le plus de crédit. La preuve : pour elle, il était prêt - peut-être - à mettre autre chose que du blanc.
Le premier costume l’était, blanc, justement. Avec tout un tas de fioritures en fils dorés, qu’elle se proposa d’atténuer. Alduis hocha la tête, car il n’aurait pas été contre, et il laissa la suite des présentations se faire.
Le deuxième costume était rouge. Cette fois-ci, Alduis secoua carrément la tête. Rouge… Si le blanc était la couleur des morts, alors le rouge était celle du sang. On avait vu mieux comme bon présage pour des fiançailles.
— Pas lui, déclara-t-il, sans y aller par quatre chemins.
Quant au dernier, disons que le bleu n’évoquait rien de plus sanglant, et il laissa Bérénice réagir sur celui-ci.
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020
Re: [11 janvier 1598] - Oser mettre des couleurs dans sa vie
La jeune femme leur proposa de leur présenter différents modèles afin de satisfaire les goûts et les couleurs de chacun. Bérénice acquiesça jovialement d’une parole bienveillante afin de la détendre quelque peu. Ce n’était que des vêtements après tout. Enfin non pas que ce ne soit pas important, mais ce n’était pas une question de vie ou de mort. En aucun cas. Le temps qu’elle se dirige vers l’une des armoires, Alduis s’enquerrait déjà de savoir s’il s’agissait de sa faute. C’était… Elle haussa les épaules d’un sourire gêné que l’on pouvait traduire par « c’est possible », puis elle s’empressa d’ajouter dans un murmure inaudible :
— C’est peut-être la première fois qu’elle tient la boutique seule aussi
Sans doute un peu des deux. Après tout c’était une grande responsabilité et les femmes devaient faire encore plus leurs preuves que les hommes dans ce métier. Il y avait donc de quoi s’inquiéter. Encore plus lorsque deux personnalités telles qu’eux débarquaient soudainement au pas de la porte. Pourtant, elle n’avait pas à s’en faire : si la discussion serait sans doute ardue pour obtenir gain de cause, elle ne pensait pas faire partie de ces clients pénibles dans leurs exigences… Du moins l’espérait-elle…
Le premier modèle, blanc et or, était ravissant. Il avait l’avantage de ne pas être totalement blanc, mais d’être rehaussé de cette chaleur confiée par les broderies dorées. Elle hocha sobrement la tête. Pas question de donner raison à Alduis en avouant que ce n’était pas trop mal. Le suivant fut rouge et son frère le rejeta en bloc. Elle approuva. Elle ne le voyait pas en rouge. C’était sans doute un peu trop voyant et criard pour lui. En revanche, au troisième son regard s’illumina instantanément. Elle s’approcha même pour juger de la qualité du tissu et des détails des broderies fleuries.
— J’aime beaucoup celui-ci. Je pense que les fleurs plairont beaucoup à Florentyna et puis ce bleu plomb fera ressortir tes yeux sans que ce ne soit trop voyant comme le rouge. Qu’en penses-tu, Al’ ?
Elle se tourna vers lui dans l’attente de sa réponse. Puis elle reporta, son attention vers la demoiselle, un pan du costume toujours entre ses doigts.
— En auriez-vous d’autres dans cet esprit ? Coloré, mais discret et élégant.
Re: [11 janvier 1598] - Oser mettre des couleurs dans sa vie
Oui mais voilà. Mon envie ardente de bien faire me rappelait sans cesse qu'un faux pas pouvait être lourd de conséquence. Imaginez qu'en sortant d'ici, ils soient restés sur leur faim ou se plaignent du service... ils en parleraient autour d'eux, et autour d'eux, c'était la haute société... je ne pouvais pas me le permettre. Alors chaque costume que je leur montrais me mettait dans la même tension que quelqu'un qui attend les résultats d'un examen qu'il ne peut plus repasser. Impossible de totalement me détendre. Parfois, je me haïssais...
Le premier habit sembla plaire au deux. Ou du moins, je ne détectai pas de réaction verbales ou non laissant entrevoir un dégoût. C'était déjà une bonne nouvelle pour mes nerfs. Un bref soulagement qui se brisa à la vue du deuxième. Le fils Fromart exposa d'une manière directe et sèche que c'était hors de question qu'il porte ça. Je me sentis un peu gênée de lui proposer quelque chose qui le répugnait autant. Je laissai échapper un petit.
Très bien... pardonnez-moi Monsieur...
avant de présenter le troisième. S'il réagissait de la même manière, je ne savais pas comment j'allais supporter ce deuxième échec. Allait-il être vexé par ce qu'il pouvait prendre pour de l'incompétence ? Heureusement, la jeune dame qui l'accompagnait ne put cacher son enthousiasme tandis que lui ne s'exprima pas. Ce put être une bonne nouvelle comme une mauvaise. Il ne semblait pas si catégorique que tout à l'heure, mais je ne savais toujours pas si j'étais sur la bonne voie ou pas pour Monsieur. Je me raccrochai à l'avis de la première pour ne pas craquer, et osai un sourire.
Je... Je suis contente qu'il vous plaise c...chère madame.
Je n'eus pas l'audace de gentiment lui retirer des mains le costume, alors je le posai simplement sur une table proche pour qu'elle puisse continuer à l'admirer, pour à nouveau farfouiller dans l'armoire. "Allez Césarine, tu peux le faire... crois en toi..." me répétai-je. Je finis par sortir trois nouvelles propositions
Illustration
pareil
Encore
Et q...que pensez-vous de c...ceux-ci ?
Césarine Florange- Multi-comptes ? : Katarina Sin Miedo
Messages : 31
Date d'inscription : 27/06/2021
Re: [11 janvier 1598] - Oser mettre des couleurs dans sa vie
La deuxième était décidément trop sanglante et il la refusa aussitôt, sans prendre de pincettes. A la réaction de la jeune vendeuse, il s’en voulut immédiatement. Il ne fallait pas s’étonner qu’elle ait peur de lui, après ça ! Il se mordilla le coin de la lèvre. Au moins Bérénice approuvait elle aussi : le modèle ne lui convenait pas davantage qu’à lui. Il se promit d’être moins brutal pour le reste de la présentation. Même si l’activité ne lui plaisait définitivement pas, la pauvre n’y était pour rien.
Bérénice, elle, sembla enchantée du troisième vêtement. Celui-là même pour lequel Alduis attendait son avis sur la question. Son regard lumineux fut la réponse à toutes les questions. En fait, si cela la rendait si heureuse de le voir habillé avec autre chose que du blanc… Il voulait bien faire un effort. Pour elle, et juste pour elle. Parce qu’elle était sa soeur, sa merveilleuse petite soeur.
Et tant qu’à faire, si les motifs fleuris pouvaient mettre Florentyna un peu plus à l’aise, comme elle le disait… Il hocha la tête. Florentyna… Il s’en voulait tellement, qu’elle soit condamnée toute sa vie à être enchaînée à lui. Il ne l’avait pas vue souvent, certes, mais il percevait déjà qu’elle était une personne qui méritait d’être heureuse. Et pas mariée à un homme qui ne l’aimerait jamais.
— C’est joli, conclut-il, sobrement.
En temps normal, il n’aurait rien dit, mais il voulait faire un effort. Et comme il s’était peut-être montré un peu trop frontal quelques secondes plutôt, il voulait essayer de rattraper sa bévue. Le compliment était peut-être évasif et direct, une fois de plus, mais ça n’en était pas moins un compliment sincère. Qu’il renforça d’un geste encourageant — enfin, qu’il espérait encourageant — en direction de la jeune vendeuse, comme Bérénice lui demandait si elle avait d’autres modèles dans le même esprit.
Coloré, discret mais élégant. Dans cette description un mot, surtout, retint son attention : discret. Pour ses fiançailles, ça lui allait très bien. Il serait déjà suffisamment au centre de l’attention sans en plus attirer tous les regards sur lui.
Trois nouveaux costumes furent sortis. Cette fois-ci, Alduis décida de parler le premier, bien que ses avis étaient toujours aussi brefs, comme s’il n’osait pas prendre la parole trop longtemps.
— J’aime bien le deuxième.
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020
Re: [11 janvier 1598] - Oser mettre des couleurs dans sa vie
Alduis n’y était pas allé de main morte pour lui donner son avis sur le costume rouge. C’était tout lui. Et pourtant étrangement, il était lui-même sensible. La pauvre jeune femme en fut toute gênée et Bérénice ne manqua pas de remarquer se petit coin de lèvres qui se plissa maladroitement sur la bouche de son frère. Elle déposa une main bienveillante sur son épaule pour le rassurer et préféra tenter d’apaiser leur interlocutrice.
— Allons ce n’est rien, il n’y a qu’en essayant que l’on peut savoir. Vous n’avez pas le client le plus facile, je dois dire ! ponctua-t-elle d’un petit rire.
En revanche, le dernier semblait mettre tout le monde d’accord, en même temps, il était tout à la fois élégant, discret et coloré. Bien vivant également. Plus que cet étouffant blanc qu’il ne cessait jamais de porter. Non, ce costume-là, c’était… comme un renouveau, comme l’annonce d’un printemps, plein de belles perspectives à venir. Sans doute devait-elle en avoir d’autres dans cet esprit, n’est-ce pas ? Ce fut en tout cas sa demande qu’elle encouragea d’un sourire. Un nouveau bégaiement ponctua la présentation de trois nouveaux costumes.
— Détendez-vous Mademoiselle, vous faites parfaitement votre travail, il n’y a rien craindre.
Ni d’eux ni de quelques conséquences de leur visite – excepté sans doute une commande pour lui et pour elle –. Bérénice inspecta les nouveaux venus, laissant son frère s’exprimer en premier lieu : après tout il s’agissait de ses fiançailles. Elle agita la tête pleine d’enthousiasme à sa réponse :
— C’est également mon préféré ! Le motif de broderie doré est très léger et tout à fait charmant. Il en ressort une certaine prestance qui t’ira fort bien.
Et jugeant que ce n’était pas franchement un argument favorable, elle omit de préciser que cela ressemblait à ce que pouvait porter leur père si l’on exceptait le bleu ardoise…
— Que dirais-tu de les essayer ? puis à Césarine Si cela ne vous pose aucun dérangement bien entendu.
Elle avait si hâte de le découvrir dans l’un de ces costumes que ses prunelles en brillaient d’excitation. Après toutes ces années passées en blanc… Elle l’implora silencieusement d’accéder sa requête.
Re: [11 janvier 1598] - Oser mettre des couleurs dans sa vie
Je vous remercie Madame répondis-je avec un sourire à Bérénice à ses mots d'encouragement.
Comme pour m'inciter à continuer dans mes efforts, tout sembla se décanter autour de moi. Mes deux interlocteurs s'accordèrent sur le deuxième costume, lui fut moins cru dans ses paroles, elle montra clairement des signes de réjouissances à l'idée de passer aux essayages. Tout avait l'air d'aller pour le mieux. Je ressentis un petit soulagement clairement bienvenu, suivi d'une petit motivation naissante qui me procura un brin d'adrénaline.
Bien sûr que non, nous savons qu'il est important d'essayer l'habit, quitte à l'ajuster ou en créer un autre à votre taille. Suivez-moi je vais vous montrer où cela se trouve.
Je fus intérieurement fière d'avoir réussi à stopper les bégaiements. Tout n'était pas encore gagné, mais je savourai cette première réussite, alors que je marchais jusqu'au cabine d'essayage. Je la montrai de la main.
Je vous en pris
Césarine Florange- Multi-comptes ? : Katarina Sin Miedo
Messages : 31
Date d'inscription : 27/06/2021
Re: [11 janvier 1598] - Oser mettre des couleurs dans sa vie
Savoir Bérénice présente le rassurait. Elle ne le laisserait pas tomber, il le savait. Et elle avait vingt-six d’expérience dans ce qui consistait à rattraper ses erreurs. Aussi se détendit-il et cela l’aida à choisir plus soigneusement ses mots. Quant à savoir si ce vêtement aux motifs dorés lui irait, il la croyait volontiers. Si elle disait que cela donnerait une certaine prestance, alors ce devait être vrai. Il acquiesça.
Vint alors le temps des essayages. Ce qui, au-delà de la première sélection, revêtait encore une épreuve supplémentaire. Mais face aux yeux pétillants — et implorants — de sa sœur, il n’aurait jamais pu dire non. De toute manière, c’était un fait : pour savoir si un vêtement convenait vraiment, il fallait bien l’essayer à un moment ou à un autre.
— D’accord, répondit-il
Quelques instants plus tard, la jeune vendeuse confirmait la manœuvre et les guidait jusqu’aux cabines. Cette fois-ci, en parlant, elle n’avait pas bégayé, preuve qu’elle était plus calme. Ils ne lui faisaient plus aussi peur qu’à leur entrée...
Elle lui présenta alors la cabine en l’invitant à y entrer. Alduis se rendit compte alors que cela faisait une éternité qu’il ne s’était pas retrouvé dans une telle situation. Après quelques instants, il y pénétra. Il ne lui fallut guère de temps pour changer ses vêtements contre le costume.
Il sortit en tirant sur ses manches pour les réarranger correctement et jeta un coup d’oeil à Bérénice pour juger de sa réaction, un peu mal à l’aise.
— Alors ? demanda-t-il en écartant imperceptiblement les bras. Tu en penses quoi ? Tu crois que c’est bon ?
Et il voulait son opinion avant de se faire un avis lui-même.
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020
Re: [11 janvier 1598] - Oser mettre des couleurs dans sa vie
Elle semblait enfin se détendre. C’était le plus important. Pour elle bien sûr, mais surtout pour Alduis qui n’était pas déjà vraiment à l’aise à l’idée de franchir les portes de la boutique. Or, une atmosphère apaisée serait bénéfique pour tous. Elle inclina la tête à ses remerciements puis ils emboitèrent son pas vers la cabine où son frère put se changer.
Elle avait le plus grand mal à masquer sa surprise. Oh pas sur la taille qui n’allait définitivement pas, mais… voir Alduis ainsi vêtu, c’était… Elle ravala sa salive alors qu’il lui demandait son avis et lui sauta au cou pour l’enlacer. Cela faisait si longtemps qu’elle ne l’avait pas vu en autre chose que ce maudit blanc. Quelque part c’était un peu comme une renaissance et cela lui rappela ces années presque insouciantes où il jouait ensemble avec Lettilia. Elle embrassa sa joue et se recula, rayonnante.
— Tu es tellement beau ainsi, Alduis ! Cela fait ressortir tes yeux et le doré va si bien avec tes cheveux ! s’exclama-t-elle enchantée.
— Tu as l’air d’un vrai homme ainsi…
Et pas de ce fantôme qui l’avait presque effrayée lorsqu’elle l’avait revu. Ou de ce cadavre qu’elle avait aperçu déambuler dans les corridors de Fromart. Elle ne voulait plus jamais le voir porter du blanc… Elle caressa sa joue puis laissa glisser ses mains contre ses bras, avant de faire le tour.
— Il n’y a que la taille, cela ne va pas du tout bien entendu. Tu dois de sentir si étriqué là-dedans ! puis à Césarine: il va falloir en faire un sur-mesure, c’est beaucoup trop petit, je ne veux pas que mon frère se sente mal le jour de ses fiançailles.
Re: [11 janvier 1598] - Oser mettre des couleurs dans sa vie
Heureusement, le fils du ministre ne prit pas son temps et sortit rapidement. J'observai le duo réagir à l'essayage, et eut un petit sourire timide au geste de la jeune dame. Ils étaient vraiment mignons et ceci me montrait que j'étais sur la bonne voie. Franchement, il n'y avait pas meilleur constatation pour moi.
Je ne dis rien de particulier jusqu'à ce qu'elle n'évoque la taille. En effet, j'avais constaté que les manches étaient un peu juste que le tout ne tombait pas superbement bien. Il allait donc falloir retoucher celui-là ou un recréer un si jamais la différence était trop nette... cela signifiait que la prochaine étape de mon travail était de...
Je dus retenir un visage blême quand je réalisai. Oh mon dieu, c'était encore un niveau supérieur ! Je déglutit un peu difficilement, avant de répondre.
Bien madame, je vais chercher le matériel pour prendre les mesures, un instant je vous pris.
Je les quittai donc pour rejoindre l'arrière-boutique, derrière le comptoir. Je restai digne jusqu'à ce que mes deux clients ne me voient. Puis je relâchai un instant la pression, m'appuyant sur mon bureau. Mon apprenti en me voyant, me fit :
Tout va bien Mademoiselle Césarine ?
Je pris quelques gorgée du verre d'eau dans un des coins du meuble, puis pris une bonne inspiration.
Oui ça va, merci... J'expirai longuement. Juste des clients de la haute société, j'ai pas l'habitude
Je me redressai et entrepris enfin de prendre un mètre de couturière, un bloc note, et de quoi écrire. Pendant ce temps j'entendis encore.
Ben faites comme d'habitude et ça ira...
J'accordai un dernier regard à la jeune fille, et lâchai, un sourire reconnaissant aux lèvres.
Merci Maloée
Ainsi donc je revins vers Alduis et sa compagne du jour. La véritable épreuve allait commencer. Allez Césarine, un peu de courage.
Au...Auriez-vous l'obligeance de lever les bras à l'horizontale pour que je puisse prendre vos mesures s'il-vous plaît ?
Césarine Florange- Multi-comptes ? : Katarina Sin Miedo
Messages : 31
Date d'inscription : 27/06/2021