[7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
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[7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
Malgré le fait de ne pas être venue depuis longtemps, la fillette se rappelait du chemin à parcourir pour s'introduire clandestinement au château du Premier Conseiller sans se faire repérer. La bèche était là dans la muraille, sans aucune surveillance. Si ça se passait à Fromart, ça, Valmar ferait une attaque ! Ou ses hommes... Pour le principe, c'était sûr qu'ils auraient au minimum dix fois le tour de la propriété. Mais le baron semblait moins rigoureux sur la sécurité de son fief. Tant mieux pour les petites souris !
A cette heure, il n'y avait personne dans la cour et elle la traversa sans la moindre difficulté pour se faufiler aux écuries. Eldred finirait bien par y venir. elle l'attendrait. Cassandre s'installa dans le foin et sortit son ouvrage de couture pour passer le temps. Ses doigts occuperaient en prime son esprit tourmenté. Et si Eldred ne voulait plus voir ? Et s'il la détestait ? Alduis avait dû lui rapporter la fameuse scène. Alors il devait être en colère. Il y avait de quoi. Il ne pouvait que la détester. Elle avait été si méchante. Sous son crâne, ses voix restaient silencieuses, sauf celle de Sylvère qui l'encourageait dans toute la beauté de son optimisme.
Re: [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
Comme chaque jour, Eldred s’occupait en premier lieu du bois qu’il faisait porter dans les différentes cheminées. Il prenait toujours soin de se lever un peu plus tôt que l’intendant afin d’éviter son regard inquisiteur sur le chargement de sa hotte et ses remarques concernant sa santé dont il ne prenait définitivement pas suffisamment soin à son gré. Ce n’était pas qu’il tenait absolument à l’éviter, mais il s’acquitterait plus rapidement de cette tâche pénible sans être interrompu ou obligé de diviser par deux le contenu de ce qu’il pouvait transporter en un voyage. Ce qu’il préférait, c’était incontestablement s’occuper des chevaux ou s’entrainer à l’escrime. Son épée lui manquait et la remplacer par la rapière locale n’était pas sans présenter quelques difficultés d’adaptation : il avait toujours l’impression d’être un gros lourdaud avec une aiguille à tricoter entre les mains dès lors qu’il s’agissait de la manier.
Son devoir accompli, il s’empressa de se rendre aux écuries afin de sortir l’une des montures du baron pour qu’elle se dégourdisse autant les pattes que l’esprit. C’est en se rendant dans la stalle du cheval en question que son regard fut attiré par une petite personne confortablement installée dans la paille. C’était Cassandre. Il se figea un instant. La dernière fois qu’il l’avait rencontré ici, cela s’était bien mal passé. Il s’en souvenait encore comme si c’était hier. Ces derniers temps, il ne savait plus trop sur quel pied danser avec elle tant son humeur était changeante. Eldred savait qu’elle avait croisé la route d’Alduis plus d’une fois depuis son passage à Frenn. Une première où elle avait été odieuse et une seconde où elle était venue s’excuser.
— Bonjour Cassandre, je ne m’attendais pas à te voir ici. Que veux-tu ? demanda-t-il avec sa méfiance naturelle.
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Lorsque des bruits de pas se firent entendre, la fillette entendit l'oreille, prête à se cacher, mais elle reconnut de loin la silhouette du zarkotien. Elle fut à la fois soulagé et inquiète. Comment allait- l'accueillir quand il la découvrirait dans cette stalle ? Il y vint même vite. Bien trop vite à son goût. Il posa sn regard sur elle et elle se sentit jugée. La fillette baissa la tête d'un air penaud. Il ne lui pardonnait pas. ca se sentait dans son regard.
Cassandre se releva et murmura :
"Bonjour Eldred."
Elle se mordit les lèvres avant de poursuivre.
"Je voulais m'excuser pour l'autre jour. t discuter d'un tas de choses avec ti. Mais tu dois pas vouloir me voir. Je suis désolée de te déranger."
C'était normal de la détester. Elle avait été méchante avec lu et plus encore avec Alduis. Il ne pouvait pas lui pardonner. Elle s'avança vers l'entrée de la stalle, déjà prête à partir.
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Il y avait comme un courant d’air frisquet dans cette écurie et cela n’avait rien voir avec le vent qui ronflait dans l’interstice de la porte entrouverte. Cassandre se leva et s’excusa visiblement gênée, prête à s’éclipser. Il soupira presque de soulagement.
— Aller, c’est rien t’en feras d’autres, de toute façon. On va pas s’monter le bourrichon pour un coup de sang et quelques paroles déplacées hein ?
À Zakros, on disait que les conflits naissaient dans la bière et mourraient dans la bière. Il l’aurait bien invitée à trinquer pour sceller leur amitié retrouvée mais… il n’avait rien pour le faire. Tant pis. Il se contenta de lui tendre la main à la monbrinienne puis lorsqu’elle la saisit, tira dessus pour l’attirer contre lui et frotta vigoureusement le dessus de son crâne.
— T’es vraiment une petite peste quand tu t’y mets ! Tu croyais pas si bien t’en sortir, hein ? Bon dis-moi tout, maintenant, fit-il en la relâchant après sa petite vengeance de bonne guerre.
Re: [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
"J'ai pas envie d'en faire d'autres. ca m'a suffit avec Alduis."
Il lui tendit la main pour faire la paix et elle s'apprêta à la serrer lorsque le zarkotien l'attira à lui et commença à agresser son crâne. Par réflexe, la fillette décocha un coup de pied mais elle était beaucoup trop faible et lui trop fort. mauvaise, elle subit et tira la langue quand il daigna la lâcher.
"C'est méchant de se prendre à un plus petit que soi. Et c'est pas adulte ! Puis, je suis pas une petite peste, d'abord ! Je suis.... euh... une jeune fille débrouillarde !"
Elle se mordit les lèvres à la question posée. C'était... si compliqué. Elle soupira.
"Il s'est passé beaucoup de choses. D'abord, peu après qu'on s'est vu, un de mes copains m'a appris que mon père était mort? Je lui avait demandé de surveiller la prison où ilé atit. Pour savoir quand il sortirait. Sauf qu'il est mort comme un chien de maladie. Sans personne pour le soigner. sans personne pour prendre soin de lui. Et on a dû l'enterrer à la fosse commune. J'ai pas été gentille vaec mon copain quand il me l'a dit. Je l'ai chassé à coups de pierres. Puis, j'ai été coupé les faits de la voisine avec ma dague pour me calmer. puis, j'ai plus rien dit. Je ne voulais pas qu'Irène et Grâce s'inquiètent. Tu comprends ? Puis, il y a eu mon anniversaire. J'ai eu des beaux cadeaux de tout le monde mais j'étais pas joyeuse. Mais je me suis forcée à faire semblant. Pour pas les inquiéter. Puis, il y a eu l'arrestation d'Alexandre."
Sa voix se mourut alors. Sa gorge se serra.
"Je.. Je ne voulais pas faire ça. je voulais aller rassurer Alduis. Sincèrement. Et l'empêcher de se tuer s'il avait déjà appris. Mais avant de le rencontrer, je suis tombée sur quelqu'un qui m'a mise en colère et qui m'a humiliée. et puis après, quand j'ai vu Alduis, j'ai perdu mes nerfs. J'ai ressenti l'envie de blesser, de dominer... Je n'avais plus que de la colère en moi. Puis..."
Elle eut un moment d'hésitation, observa Eldred, craintive, puis ajouta :
"J'ai entendu ta voix. Quand Alduis m'a frappé au nez, j'ai entendu ta voix me dire que j'avais un pied dans la tombe. Puis, il y a eu la voix de Sylvère. pour me calmer. Et me dire de rentrer. Le lendemain, j'ai été parlé à Sylvère. pour parler de tout ça. De la mort de mon père. de mon comportement avec Alduis. je me sentais un peu mieux. Puis, il y a eu l'arrestation de Hyriel. Et en rentrant, j'ai pas été gentille avec Irène. puis, je me suis enfuie. Et je suis retournée chez Sylvère. C'es devenu ensuite un pu plus tranquille. Sauf que je mourrais d'angoisse pour Hyriel. Puis, il y a l'accouchement le jour de Noël. Et Irène allait vraiment mal. Il y avait ses frères. Dont le cardinal. alors j'ai eu une idée. J'ai négocié pour essayer de persuader que Hyriel était un guérisseur, un vrai, pas sorcier. mais cet idiot était envoûté par son Clarence. Mais au moins oncle Joseph, lu, a été convaincu et il a été chercher Hyriel. Et pendant ce temps j'ai préparé avec des amies une évasion. On a réussi. sauf que Hyriel a été repris assez vite. Mais..."
Cassandre se fit alors malicieuse et observa avec amusement Eldred.
"T'es capable de me dire la fin de l'histoire ?"
Re: [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
Qu’elle le veuille ou non, elle en referait certainement d’autres. La nature était ainsi faite et elle était encore bien jeune pour atteindre la sagesse qui naissait dans la stabilité. Le simple fait d’être entre-deux n’aidait en rien à la résolution de ce problème. Alors il lui pardonnait bien volontairement, quoique non sans une petite vengeance sous la forme d’un frottage de tête.
— Je suis un grand enfant, rétorqua-t-il narquois, et toi tu es l’une ou l’autre suivant la lune !
Il l’incita finalement à lui raconter ce qu’elle était venue lui dire. Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle fasse un tel monologue ! Est-ce qu’Alexandre l’avait contaminée avec sa trollite ? Il nota cependant les différents éléments d’un signe de la tête. Cassandre avait donc perdu son père. Il comprenait mieux sa réaction ce jour-là au fond. Pourquoi ne le lui avait-elle pas dit plutôt que de s’agacer de son amitié avec Alduis ? Il n’y avait pas de honte à souffrir de la perte d’un être proche. Il comprenait vaguement, mais c’était une fausse bonne idée. Il haussa les épaules préférant ne pas l’interrompre en intervenant. Eldred était au courant de ce qu’il s’était passé avec Alduis ce jour-là. C’était moche, très moche. Dans la lignée de ce qu’elle avait été quand il l’avait vu, plus proche d’un esprit vengeur que de la fille malicieuse qu’elle était. De nouveau, il acquiesça sans jugement. Ce qui était fait était fait et elle en avait tiré les conclusions.
Il serra vaguement les mâchoires en entendant qu’elle s’était souvenue des paroles qu’il avait pu dire, mais ce n’était pas lui qui l’avait aidé. Ce n’était pas non plus lui qu’elle était venue voir ou même revoir. Même s’il ne le montrait pas, cela le blessait. Elle avait revu tout le monde sauf lui.
Arrivé à l’accouchement, il perdit quelque peu le fil de l’histoire, la petite parlait trop vite et il remettait difficilement des noms sur des visages. Puis arriva cette drôle de question. Il percevait bien la lueur d’amusement qui brillait dans ses yeux, mais ne voyait pas vraiment où elle voulait en venir. Il haussa les épaules avec nonchalance.
— Ils l’ont brûlé, le troll en chariote a chanté et les cailloux ont volé.
D’ailleurs ce pauvre baron s’en était pris un en plein sur le front. Il avait eu de la chance que ce ne soit pas dans l’œil. Il n’aurait plus manqué qu’il finisse borgne…
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"C'est pas contre toi, Eldred. Mais tu es l'ami d'Alduis. Tu penses que j'aurais pu aller te voir le lendemain où je l'ai agressé ? Puis, c'était trop le bordel dans ma tête."
La fillette aborda finalement l'accouchement et sentit que son ami se perdait dans tous les détails. Elle décida de préciser.
"Irène a plusieurs frères. Dont deux en ville. Un il est gentil. Très gentil. Mais un peu bêbête. C'est le général Joseph Cassin. Quand je lui ait parlé du sorcier Hyriel, il a répondu : Hyriel, qui ? Comme si on avait pas parler en ville de cette affaire depuis quatre cinq jours ! Tu vois, Alduis ? Niveau mémoire, oncle Joseph, c'est l'inverse ! Le second frère, c'est l'inquisiteur Matthieu Cassin, celui responsable du procès. Il est pas méchant, il est juste bête. Il continue de croire toues les bêtises que son oncle Clarence lui a dit. sans jamais rien remettre en question. Et pourtant quand j'ai essayé de le convaincre, j'ai essayé. J'ai argumenté comme Sylvère l'aurait fait. J'ai expliqué les contradictions de la Bible, que Hyriel agissait bien, un peu comme le Christ, que la colère ne servait rien.. Mais il refusait d'entendre. Il préférait croire les bêtises de l'autre idiot. Heureusement, il y a eu oncle Joseph pour être intelligent. Il a pas de mémoire, mais il a un cerveau, lui !"
Elle l'observa et reprit :
"Tu comprends tout, ça va ?
"'Oncle Joseph il a sorti Hyriel de prison. Et Hyriel a sauvé Irène. Et moi, pendant ce temps, avec des amies, on a organisé une évasion. J'ai juste eu à offrir sur le chemin du retour une flasque de vin chaud. Ils ont tout bu, tout contents, confiants dans la main de la gentille petite fille tout mignonne."
Cassandre fit son air d'enfant ingénue et mima une intonation candide :
"Vous devez avoir si froid. Vous avez attendu attendu toute la nuit, mes pauvres. Oh, je vous en prie, buvez ça. Vous vous sentirez mieux."
Elle éclata de rire de se se souvenir à quel point ça avait été plus facile que d'enlever un jouet à Ludovic.
"Même Alexandre est dix fois plus malin qu'eux !"
Cassandre reprit son sérieux pour poursuivre.
"Mais Hyriel a été repris. Puis, il y a la conclusion. Alors, Eldred, dis-moi, comment ça finit ?"
Comme prévu, il donnait la mauvaise réponse. Elle retint un sourire et alla se percher sur la porte de la stalle. Ca promettait d'être amusante.
"Tu es vraiment certain de ta réponse ?"
Elle le fixa, les yeux brillant d'espièglerie.
"Laisse-moi te rafraichir la mémoire : oncle Joseph est un brave gars, honnête, loyal... Et Hyriel a sauvé la vie de sa sœur. Alors, Eldred, qu'en dis-tu ? Quelle réponse vas-tu me fournir à présent ?"
Elle avait hâte d'entendre la nouvelle bêtise qui sortirait de sa bouche.
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Cassandre repéra son léger agacement à la mention de Sylvère. Il haussa les épaules à son excuse qui n’en était pas une tout en l’assortissant d’un simple « oui. ». Il savait quand même faire la part des choses, oh certes il n’aurait pas été ravi surtout après qu’Alduis ait failli se jeter du haut d’une fenêtre… Mais il aurait tout de même pu écouter. Encore plus si elle en avait eu des regrets. Et en même temps, c’était un peu grâce à elle que les choses s’étaient améliorées dans sa relation avec son père.
Comme il était perdu dans son récit, Cassandre lui détailla les différents protagonistes et il sentait qu’un fossé s’était creusé entre eux. Les choses n’étaient définitivement plus les mêmes. Il n’appartenait pas au cercle dont elle faisait partie et tout cela lui faisait penser à un autre monde. Leur chemin se séparait peu à peu pour se croiser de temps à autre mais ils ne connaitraient plus jamais la complicité qu’ils avaient pu partager, il en avait l’intime conviction. Qui plus est, il ne comptait pas poursuivre la rébellion qu’il avait mise sur pied en tant qu’Erik. De son côté aussi, sa vie avait changé et il se tournait désormais entièrement vers Frenn et Fromart.
De fait, il ne parvenait pas à s’intéresser autant qu’il l’aurait dû à ses explications.
— Je suis peut-être un barbare, mais je ne suis pas complètement idiot
Un discret sourire appuyait son ton joueur, puis elle reprit la suite de son récit qu’il valida d’un hochement de tête avant de rire joyeusement à on imitation. Pouvait-on vraiment mettre des gardes aussi idiots en poste ? Si les armées monbriniennes avaient été à leur image, Zakros serait encore libre et sauvage. Dommage qu’Hyriel ait été repris rapidement. Enfin c’était couru d’avance, l’Empire n’aurait jamais laissé un tel prisonnier s’évader sans le faire chercher activement. Cassandre poursuivait dans son petit jeu, mais Eldre n’avait pas toute la journée à lui accorder ni l’envie de s’y plier.
— Je ne sais pas. Accouche. Je ne suis pas en congé même si l’Intendant n’attend que ça.
Re: [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
"Ben, c'est mieux ! Comme ça, toi t'es intelligent par rapport aux soldats monbriniens !"
Pour le confirmer, elle lui rapporta la glorieuse évasion qui faisait passer les gardes pour des enfants de quatre ans. Quoique.. Même Grâce était moins crédule qu'eux. Puis, elle se percha sur la porte de la stalle, désireuse de s'amuser un peu. C'était si drôle de posséder une information et de la révéler lentement. Elle rit de la réponse.
"Ben non ! Pour accoucher, il faut qu'une femme soit fertile, puis que celle-ci soit fécondée ! Donc je ne remplis aucune des deux conditions pour faire ce que tu le demandes !"
La fillette se décida à donner malgré tout un petit élément.
"Mais si tu veux un indice, disons qu'un infirme peut en remplacer un autre."
Ses yeux brillaient d'espièglerie.
"C'est comme dans la Bible. On peut lire un message, mais en déduire tout autre chose. Les yeux et le cerveau des gens sont si faciles à tromper. "
Si avec ça il ne comprenait pas, elle ne pouvait plus rien pour lui.
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Eldred esquissa un sourire à sa réponse. Être plus intelligent que les gardes c’était pas bien compliqué. Plus intelligent que les soldats, là, ça dépendait lesquels. On ne pouvait tout de même pas les mettre tous dans le même panier. Ils étaient un petit peu trop nombreux pour y tenir y compris serrés comme des myrtilles dans un bocal. Sa réponse l’amusa et il rétorqua faussement pensif:
— Ah oui c’est marrant c’est pas ce qu’ils disent sur la vierge…
Comme elle fit l’effort d’aider son esprit feignant, il fit à son tour l’effort de chercher la solution. Un infirme en remplaçait un autre ? Être trompé ? Il souffla en secouant la tête avant d’arquer les sourcils.
— Alors c’était pas lui ? Ils en ont mis un autre ?
Ça expliquait pourquoi il avait été méconnaissable. Et pourquoi sa langue était coupée également. Ça aurait fait tâche qu’il crache tout ce qu’il savait devant l’assemblée.
— Je comprends mieux… fit-il pour lui-même
Re: [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
"La Vierge ? Ah oui, ce conte pour enfants que les adultes continuent de croire et de baser toute leur vie dessus. Ouais, ouais... Tu parles, Marie, elle a dû se faire trinquer par un gars et elle a inventé cette histoire pour pas se faire lapider. Ou ses parents l'ont fait. pour les mêmes raisons. la religion, c'est juste de la manipulation."
La fillette se décida à lui donner un indice et sourit de voir qu'il comprenait. Pas trop tôt.
"Oncle Joseph a organisé une mascarade, oui. Je ne sais pas tout.? Mais Hyriel va bien et est en sécurité. Je voulais t'en avertir toi aussi. Mais j'avais d'autres personnes à voir avant. Grande sœur, d'abord, tu as dû la voir au bûcher, non ? J'ai entendu que tu y assistais avec ton maître. Puis, j'ai cherché Phaïde, Lénius, Louise... Ils étaient si mal de l'exécution. Et j'ai eu du mal à les trouver. Et maintenant je peux venir de le dire à toi !"
Elle fronça les sourcils et reprit :
"Tu ne dirais rien à ton maître, d'accord ? C'est censé être un secret tout ça.
Cassandre baissa la tête et se décida à parler de sa dernière rencontre avec Alduis.
"Le matin du bûcher, j'ai été voir Alduis. J'y pensais depuis deux jours. Depuis que j'ai vu Alexandre. On a discuté lui et moi et on s'est excusés de nos bêtises respectives. Il m'a même offert des sucreries ! A discuter avec lui, j'ai eu envie d'aller discuter avec Alduis. De mettre les choses vraiment à plat. Et... Et il m'a dit quelque chose. quelque chose... tu savais qu'Alduis il entendait des voix ? Comme mi. Moi aussi j'entends des voix. Sauf que moi je discute avec elles. Depuis que je fais ça je me sens un peu mieux. J'arrive à rester plus calme."
Elle releva la tête en se mordant les lèvres.
"Tu me trouves folle ?"
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Sa remarque sur la Vierge eut le don de lui arracher un éclat de rire rauque. Là-dessus au moins ils étaient d’accord. Quant à la religion, c’était bien vrai des chrétiens et de leur draugr, mais lui croyait aux Dieux du Nord, ceux qui avaient bercé toute son enfance et sa vie plus tard. La différence c’était qu’à Zakros on ne brandissait pas la religion pour faire obéir, elle était juste là, présente dans la vie sans en imposer de régler comme c’était le cas à Monbrina.
Cassandre lui expliqua enfin ce qui s’était passé. Il fut soulagé pour Hyriel et se demanda qui avait bien pu prendre sa place pour subir le supplice… Sa Grande sœur ? Elle en était déjà à la phrase suivante lorsqu’il parvint à la relier à la Princesse Kalisha en passant par Sylvère. La pauvre, elle avait été bien mal ce jour-là, heureusement qu’une demoiselle était venue lui prêter main forte… Elles avaient réussi à s’échapper juste à temps. Les autres… Ils ne savaient pas qui c’était tant pis. Il s’était résolu sur ce point et acquiesça donc une nouvelle fois.
— Je dirais rien, mais il aurait aimé le savoir. Il n’était pas très bien le jour de l’exécution. Il a vraiment essayé de le faire acquitter…
Elle lui raconta ensuite sa rencontre avec Alexandre et Alduis, les excuses qui si c’en étaient suivies et les confidences de son ami. Il était étonné qu’il ait partagé cela avec elle. On ne pouvait pas dire que c’était les meilleurs amis du monde non plus. Même après un échange de reconnaissance de faute. Ou alors il avait encore raté un épisode…
— Si je ne le savais pas, c’est chose faite… fit-il remarquer placidement. Tu n’as pas l’air folle, si ça peut te rassurer. Mais je pense que tu devrais éviter de discourir avec. Tu risques de te couper de la réalité et de te perdre, comme lui.
Re: [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
Elle expliqua la vérité derrière l'exécution et demanda à ce qu'il garde le secret. La fillette se mordit les lèvres sur son hésitation vis-à-vis de son maître.
"Je l'ai entendu, oui. Et qu'il s'était pris une pierre. J'ai entendu aussi que le le libraire Bellanger et le marchand de tapis Menthon s'étaient moqués de lui pendant une de leurs beuveries. Ils disaient que la pierre avait été envoyé par le Seigneur pour laver le royaume des infirmes. Je ne sais pas quand même si tu peux lui dire. Il y a vraiment aucun risque qu'il ne fasse rien après ? Il ne faut pas que Hyriel ait encore des ennuis. Il se remet des barbaries de la torture en ce moment. Il n'est pas en état de fuir quelque part."
Elle songea que son ami devait pas connaître tous les noms cités et se décida à corriger.
"Tu sais, la dame qui a été aidé grande sœur, c'est Louise ! Elle travaillait au lupanar et c'est elle qui a organisé le commerce de potions pour mieux soigner les autres filles. Puis, elle m'a sauvé la vie quand j'étais malade en me portant chez Hyriel. Et Phaïde, c'est aussi une ancienne prostituée, mais esclave. Elle s'occupait gentiment de moi aussi elle. Et puis, c'est l'amoureuse de Hyriel ! Comme grande sœur avec grand frère ! Et Lnéius... c'est l'avocat de Hyriel. Tu as dû le voir au bûcher. Il était ivre et chantait une chanson dangereuse. Il est peut-être moche mais il est trop gentil.? Et je l'ai rencontré lui aussi au lupanar. Il n'y a que les prostituées qui doivent malheureusement accepter de le toucher..."
Là dessus, Cassandre se décida à parler de la suite et notamment sa discussion avec Alduis. Elle baissa la tête de la remarque.
"Mais... Pendant l'accouchement, c'est parce que je discutais avec Alduis et Sylvère que j'arrivais à rester calme face au cardinal ! Si je les avais pas écouté, j'aurais été très en colère et j'aurais crié contre cet idiot. J'ai même arrêté de donner des coups avec ma dague pour me calmer depuis je discute avec elles quand je me sens mal;"
Re: [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
Eldred hocha la tête sur ses informations avant de rouler des yeux. Ces deux bouses d’auroch n’en manquaient décidément pas une ! Oser dire une chose pareille du Premier Conseiller ! Alors même que c’était l’un des rares (sans doute le seul en fait) hommes intègres du gouvernement !
— Je lui fais entièrement confiance. D’ailleurs c’est grâce à lui si Sylvère a été lavé de ses charges. Pour les deux autres pets de porc là, ça m’étonne pas. J’ai vu leur regard quand on y était. J’entendais pas, mais j’en avais pas besoin. Tiens, je ne t’ai pas dit, mais tu sais, je suis devenu son garde du corps personnel maintenant. C’est pour ça que j’y étais.
Cassandre tenta de lui décrire les personnes qu’elle venait de citer. Louise était donc la jeune femme qu’il avait vu de loin prêter main-forte à la princesse. Phaïdée resta en revanche un simple nom. Quant à Lénius, il parvint enfin à relier le faciès à un prénom. Il hocha la tête.
— C’est à cause de lui que la situation a dégénéré et que les pavés ont commencé à voler. Il était là quand le baron m’a acheté tu sais. Il m’a évité de prendre des coups pour rébellion en faisant diversion. Alors oui, je veux bien croire qu’il soit gentil. J’ignore simple s’il est idiot ou simplement étrange.
Ils discutèrent ensuite d’Alduis. Eldred s’appuya contre la séparation en bois pour réfléchir à la question. Il ne savait pas trop. Ça n’avait pas l’air bien méchant comme ça, pourtant…
— Je… Tu devrais tout de même te montrer prudente. Je veux dire, tout le monde parle dans sa tête, c’est normal, mais des voix… Je… je vois bien que ça te convient mais j’ai peur qu’elles finissent par te mener la vie dure un jour, qu’elles t’entrainent au loin ou qu’elles se battent entre elles à te donner la migraine. Tu sais… Tu n’as pas besoin de ça pour faire tes choix. Tu n’as qu’à écouter ce que te dit le fond de ton cœur. C’est suffisant et surtout ce sera ton choix à toi et toi seule. Tu n’auras pas été influencé par qui que ce soit. Et même si tu te trompes, ce n’est pas grave. Tu apprendras de tes erreurs. Comme avec Alduis.
Re: [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
"Je ne sais pas trop. Il est quand même influençable. Et facile à duper quand on lui présente une bonne situation. Quand je l'ai vu l'autre fois, avec Aud, il a cru mon mensonge alors que j'étais partie m'approcher de l'estrade pour donner des tartines à Aud avant qu'elle parte chez l'autre monstre. Il est droit, honnête... Mais j'ai l'impression qu'il a du mal à voir le mal et à le comprendre avant que ça se présente directement. Comme quand Marguerite, une prostituée que Blanche avait envoyé ici pour avoir des informations sur son neveu... Il ne l'a percé à jour que quand il l'a découvert faire un truc louche."
Elle apprit que son ami était devenu son garde du corps et c'était pourquoi il l'avait accompagné au bûcher. Vu la pierre reçue par le baron, sa présence n'avait pas été très utile.
"Ouais.. J'ai entendu les bêtises que ces deux idiots sortaient au porc pour se faire bien fait. Ils t'ont traité de toutou qui suit son maitre et et que tu obéis docilement en attendant de mordre la main du baron. Et eux, comme l'autre porc, ils étaient déçus que le bûcher ait pas duré plus longtemps. Et aussi le le libraire il a pas arrêté d'associer Hyriel à Alexandre et à inventer avoir surpris Alexandre à des catés sodomites et que Hyriel était comme lui, comme n'importe quel infirme, qu'on devrait tous se débarrasser des infirmes à la naissance."
La fillette esquissa une moue innoncente et s'exclama :
"Si tu veux rapporter ça au baron, là, tu peux !"
Elle lui donna des précisions sur ses amis et Eldred associa Lénius au fauteur de troubles. Cassandre grimaça.
"Je sais. Lénius, il est... Je crois qu'il est désespéré. Et qu'il se moque de ce qui peut lui arriver. Il était très ami avec Hyriel. Il a cru pouvoir le défendre. Alors assister à sa mort aussi affreuse.... il y a de quoi devenir fou, non ?"
La fillette se rappela soudain avoir entendu de cette vente d'esclave particulière qui mêlait le seigneur de Frenn, un zarkotien amoché, un gamin béquilleux et le troubadour. Alors, ça concernait Eldred ?
"J'ai entendu parler de cette histoire. Elle a fait le tour du marché. Ton maitre il a râlé sur l'autre pourriture et avoulu soigner un esclave zarkotien. J'ai aussi entendu parler d'un esclave zarkotien qui venait d'être acheté par le baron et un gamin en béquilles a déclaré qu'il était un veinard et avait le meilleur maitre de Monbrina."
Ce devait un gamin de dix ou onze ans pour avoir un raisonnement aussi simpliste. Elle ne s'attendait pas à ce qu'Eldred lui dise quelque chose sur son compte. C'était juste du décor. Il n'avait sûrement même pas prêté attention au petit.
Là dessus, ils se mirent à discuter de ses voix. Cassandre baissa la tête. Elle comprenait les paroles de son ami mais faire confiance à ses décisions, ça lui faisait trop peur. Et elle ne voulait plus se tromper. Elle ne voulait plus blesser d'autres personnes. La fillette secoua tristement la tête.
"Je... je ne veux plus refaire ce que j'ai fait à Alduis. Plus jamais. Si mes voix c'est une solution, alors tant pis. Tant pis, si à long temps ça me fait du mal; Je préfère que ça me fasse du mal à moi qu'aux autres."
Re: [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
Cassandre n’en démordait pas et Eldred secouait vigoureusement la tête à ses propos.
— C’est un homme d’honneur, il tiendra sa parole du moment qu’il la donne, tu peux me croire. Et puis ce que tu racontes n’a strictement rien à voir avec le fait de garder un secret. Bien au contraire, cela devrait te rassurer qu’il voit avant tout le bien chez quelqu’un et cherche à s’assurer de la culpabilité de quelqu’un avant d’user de son pouvoir. Ce n’est pas une preuve de faiblesse, mais au contraire de sagesse.
Ils reparlèrent de l’exécution et des tensions qui avaient suivi. Ça et les paroles charmantes des deux crétins sur le baron. À vrai dire toute cette histoire ne lui plaisait pas et ce que Cassandre rapportait avoir entendu par une quelconque oreille n’avait rien pour le rassurer. Pour le reste, il se fichait pas mal de ce qu’on pouvait dire sur lui, sa simple nationalité suffisant généralement à déclencher une vague de méfiance sur son passage. Il ne manquerait pas de lui en faire part c’était certain : qui savait s’il n’avait pas de quelconques idées saugrenues ?
Le visage grave, il la remercia de ses informations, puis lui raconta ce qu’il connaissait de Lénius. Il reconnaissait que le moment avait dû être des plus horribles et douloureux, mais un homme se devait de prendre sur lui et de rester stoïque, quelle que soit l’épreuve. Surtout en public. Et surtout pas pour déclencher une telle révolte spontanée. C’était idiot. Et suicidaire.
Cassandre rapporta avoir entendu le récit mouvementé de sa vente ce qui le fit souvenir. Bon sur le coup, il n’avait pas trouvé ça drôle du tout, soyons honnête, mais avec le recul certains souvenirs restaient ancrés en lui, mais pas forcément si négativement qu’ils auraient dû.
— C’était mon ami le zakrotien en question. Un vrai frère d’armes. Un peu tête brulée parfois il est vrai. Et le gamin en béquille, tu le connais… rétorqua-t-il énigmatique. Ce qui est sûr en tout cas c’est que c’était pas le pire maitre.
Mieux valoir le positif au fond. Sa situation n’était pas si terrible et s’améliorait même de jour en jour depuis cet hiver. Secrètement, il espérait désormais pouvoir se faire affranchir d’ici quelques années pour ses bons et loyaux services. Que ferait-il alors ? Il n’en savait trop rien. Zakros lui semblait désormais affreusement lointaine.
De là, la discussion bondit jusqu’à Alduis et leurs voix. Eldred n’approuvait pas cette direction qu’elle prenait, c’était dangereux sur le long terme et en cela, il aurait entièrement fait confiance à l’avis de son ami s’il avait été confronté au même problème.
— Tu n’as pas besoin de ça pour ne plus refaire : tu as appris de tes erreurs. On fait tous des bêtises, Cassandre. C’est comme ça qu’on apprend le mieux au fond. Et puis du mal aux autres, tu en referas aussi, c’est comme ça, les relations sont ainsi faites. Tout n’est pas que lumière malheureusement. Mais t’en remettre à tes voix pour gérer à ta place c’est te déresponsabiliser, alors qui sait à quel point elles te gangrèneront ensuite ?
Re: [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
"Pour quelqu'un qui cherche à s'assurer de la culpabilité d'une personne, il a quand même fait rechercher Hyriel et Sylvère alors qu'ils lui avaient livré un homme extrêmement dangereux. Alexandre a peut-être dessiné leurs portraits, c'était horrible ce qu'il a fait, mais il ne l'aurait pas fait si le baron e lui avait pas demander; Surtout Hyriel.. Il avait dû entendre parler des rumeurs de guérisseur, il a vu que c'était un infirme, comme lui, il aurait pu fermer les yeux. C'est sa faute tout ce qui s'est arrivé à Hyriel. Peut-être même plus que ce qu'oncle Matthieu a fait."
La fillette ne décolérait pas et ne comptait pas revenir sur ses positions. Il s'était peut-être rendu au procès témoigner amis il avait versé l'huile sur le feu le premier. De toute façon, c'était un noble. Alors, elle n'avait pas plus de sympathie pour lui. Cassandre préféra répéter les paroles odieuses du comte de Monthoux et deux imbéciles qui lui auraient léché les parties intimes s'il leur avait demandé. Ca, Eldred pouvait le répéter à son maître. Ce serait drôle qu'il fasse une surprise à ces idiots. Elle expliqua ensuite pour ses deux amies et surtout Lénius. Lénius... Il lui faisait peur à elle aussi. Plus à cause de son apparence. Mais de ses actes, de son comportement... Quelque chose lui soufflait qu'il finirait mal. Le Ri le protégeait peut-être pour le moment mais ça ne durerait pas toute sa vie. Elle le sentait. Surtout s'il commençait à accumuler trop de scandales.
Eldred évoqua à l'occasion de Lénius sa vente et Cassandre se souvint de cette histoire. Lors de sa précision sur le gamin en béquilles, la remarque de son ami lui arracha un léger sourire avant de la faire partir dans un violent fou rire. Alexandre ? Cet idiot d'Alexandre avait... Elle en tomba de la porte sur laquelle l'enfanté était perchée et se tordit sur la paille. Elle riait à ne plus pouvoir s'arrêter et des larmes coulaient le long de son visage. Ca dura presque un quart d'heure avant que Cassandre ne se redresse, à moitié épuisée, amis encore euphorique.
"Mais.. mais il est trop bête !"
Cassandre se reprit peu à peu puis aborda à nouveau le sujet avec Alduis et surtout ses voix. Il n'était plus question de rire. Au contraire, c'était très sérieux. Elle baissa la tête en écoutant Eldred lui expliquer de ne pas faire confiance à ses voix. Il avait sans doute raison mais elle n'arrivait plus à se faire confiance. Faire confiance aux voix, c'était bizarre, c'était sans doute même lâche, mais c'était rassurant. Elle se mordit les lèvres puis répondit d'u air vague :
"Peut-être..."
Elle décida de changer rapidement de sujet, n'ayant pas envie de continuer plus longtemps là dessus. Que pourrait-elle rapporter de plus joyeux ? Elle fouila ses souvenirs et pensa aussitôt à un certain garçon. Un garçon encore plus bête qu'un certain eclave. La fillette se redressa et s'exclama avec espièglerie :
"Dis, Eldred, tu savais qu'il existait un garçon cent fois plus bête qu'Alexandre ? Et cent fois plus bavard aussi !"
Elle l'observa, moqueuse :
"Je te raconte ?"
Re: [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
La discussion au sujet du baron de Frenn ne semblait pas vouloir connaitre de résolution. Cassandre ne le connaissait pas comme il le connaissait lui. En fait, il n’aurait jamais cru pouvoir devenir aussi proche de lui en si peu de temps. Et plus le temps passait, plus leurs liens se resserraient à tel point qu’il aurait pu envisager un jour, dans d’autres circonstances, de le nommer « ami ». Il secoua vigoureusement la tête.
— Mais Hyriel n’était recherché que comme complice potentiel de Sylvère à titre d’information ! Cela n’avait rien à avoir avec ses activités. Alexandre était venu avec ton portrait et celui de Jérémie, je te rappelle. Il lui a pas mis le crochet sous la gorge pour les dessiner crois-moi. Depuis quand tu prends la défense de l’avorton ? De toute façon, je te l’ai dit le baron a regretté d’avoir mis Hyriel dans cette situation dès qu’il a su. La faute c’est ton oncle qui la porte, personne d’autre ! Les charges de sorcellerie, le procès et tout le reste, c’est lui !
Mais on allait pas accuser sa famille tout de même, ça faisait tache et c’était bien plus simple de faire porter le chapeau au Premier Conseiller. Quand il pensait qu’elle défendait ce rat qui avait voulu la sanctionner de ses errances en forêt ! Fort heureusement, elle n’avait eu qu’une lettre et rien d’autre. Elle oubliait bien vite également que c’était lui qu’elle devait remercier pour la liberté de son cher Sylvère. Sans cela, il aurait peut-être bien été arrêté également pour faire un tour de roue.
Cassandre choisit de ne pas poursuivre et rapporta plutôt les paroles des deux commerçants puis lui parla de Phaïdée, Louise et Lénius. Lui-même en profita pour lui raconter sa première rencontre avec le drôle de petit troll. Elle réalisa à sa question que le gamin en béquille n’était autre qu’Alexandre en personne ce qui déclencha un fou rire contagieux. Ses côtes le chatouillaient d’une douce douleur alors que les spasmes le secouaient toujours. Il suffisait que l’un s’arrête pour que l’autre reprenne. Oh oui ! Il était vraiment trop idiot, il n’y avait pas à dire.
Lorsque le calme revint, se fut pour évoquer les voix qui bavardaient dans sa tête comme au comptoir d’une taverne. Cette idée ne lui plaisait pas vraiment, mais au fond, il n’y avait qu’Alduis pour lui fournir une réponse exacte sans doute. Elle était dubitative de son analyse, pourtant cela le rassura tout de même, car c’était la preuve qu’elle y songerait tout de même. Elle évoqua alors un garçon plus bête encore qu’Alexandre. Il fronça les sourcils mi-interloqués mi-moqueurs avant de déclarer :
— Ah oui tu es tombé sur un de ses frères ? De toute façon, je n’ai pas vraiment le choix tu me raconteras quand même, n’est-ce pas ? fit-il le regard malicieux avant de se réinstaller prêt à écouter ce récit qui devait s’annoncer haut en couleur.
Re: [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
"Je ne défends pas cet idiot. Je repense à ce qui c'est passé. Ce que je sais c'est que le portrait de Hyriel a déclenché toute cette merde. Et ça c'est sa faute. Et tant qu'en infirme, il aurait dû comprendre que ça allait le mettre en danger. On entend avec de curés idiots rappeler quotidiennement que les infirmes c'est le diable. Et en tant qu'infirme il a dû affronter depuis longtemps des tas de remarques sur ces bêtises. Alors.. alors il aurait dû comprendre."
La fillette grimaça entendant les mots d'oncle Matthieu et se tendit.
"'C'est.. C'est pas mon oncle ! Oncle Joseph, oncle Marc, c'est mes oncles. pas lui ! Lui, c'est juste un idiot qui croit que Dieu attend ses actes. un idiot qui pense pouvoir décider de la vie des gens. Il est responsable de toute cette merde, oui, mais parce que c'est un gars de l'église, qui refuse de comprendre, aveuglé par les paroles qu'on lui a dit divine. C'est pour ça que ton baron peut bien s'en vouloir d'avoir causé tous ces ennuis à Hyriel ! Quad on sait toute cette merde, on fait attention !"
Ses mains serraient la porte sous ses doigts. Son corps tremblait.
"On ne doit pas blesser les gens. C'est... C'est pas bien. C'est pour ça..."
Elle releva la tête vers Eldred en se mordant les lèvres, honteuse.
"Je.. Je veux plus participer à la révolte, Eldred. Je.. Tout ceq ue ça fera c'es blesser des gens. De notre camp. De ceux d'en face. Ou des familles qui vont être indirectement impactées. Je.. Je ne veux pas être responsable de ça. Je veux pas... Je veux pas lui ressembler."
Cassandre ne se souvenait pas avoir pu éprouver un jour autant de honte. Elle avait participé à toutes les réunions pour organiser cette fameuse révolte et leur tournait à présent le dos. C'était si lâche. Mais elle ne se reconnaissait dans cette lutte. Ce n'était plus pour elle. La fillette détesta ce moment et se décida à fuir la conversation pour aborder des informations qui intéresseraient Eldred et l'éloignerait de ce sujet épineux. De là se rejoignit la vente de son ami t l'intervention étonnante mais stupide d'Alexandre. Le fou rire qui les gagna alors à cette anecdote faillit les étouffer. Le palefrenier qui aurait découvert leurs cadavres asphyxiés, ivres de joie, auraient eu une sacrée frayeur ! De là, en en se prenant, Cassandre évoqua ses voix et entendit les réserves d'Eldred sans savoir quoi en penser au juste. Leur présence lui faisaient tant de mieux. Elle se résolut à changer une nouvelle fois de sujet pour rapporter une histoire bien plus amusante.
"Oh, ça se pourrait, oui, avec un père qui oublie sa semence dans chaque femme qu'il crois, Alexandre doit avoir une centaine de frères et sœurs en ville ! Mais non ! Ce garçon est un noble et je crois pas que le père Thierry culbute beaucoup les femmes de la noblesse."
La fillette sourit de voir Eldred se mettre à l'aise, prêt à l'entendre.
"Alors, cette histoire débuta la nuit de mon anniversaire. Je venais d'apprendre la mort de mon père, je me sentais plus que mal et je n'arrivais pas à dormir. J'ai erré un moment dans les, puis je me me suis écroulée dans une ruelle. Je voulais être tranquille. Puis, un garçon, presque un adulte est apparu. Il avait l'air... très naïf. Alors j'ai sorti ma dague et j'ai prétendu l'attaquer. Que j'étais une voleuse. Et cet idiot s'est mis à me sortir une long monologue pour m'expliquer la différences de nos deux classes sociales. Je n'ai jamais entendu un discours aussi long et pénibles. Et tout ça pour dire des évidences ! J'ai failli m'endormir."
Cassandre mima un long bâillement
"Finalement, je l'ai laissé s'asseoir près de moi. Il voulait m'offrir sa pèlerine. sans remarquer les beaux vêtements que je portais. en voilà un qui a jamais dû voir un vrai mendiant de près ! J'ai fini par lui apprendre mon histoire. Et tu aurais vu sa tête quand j'ai évoqué le lupanar ! Il sentait bon le puceau ce gars ! Mais il m'a dit que non, qu'il revenait justement du lupanar. Sauf que non, il a juste passé devant ! Tsss... Et après, on a paré encore, de choses pas très intéressantes, puis je l'ai fait jouer à la marelle."
Elle sourit en songeant au plus drôle.
"Ah oui ! Et comme tu sais on donne pas son om à inconnu ! Alors j'ai dit que je me nommais Charlotte et que c'était la boulangère Denise de la rue du moulin qui m'employait. Et tu sais quoi ? Le lendemain de Noël, il est venu voir si j'étais là ! C'est un de mes copain, un enfant des rues, que j'ai mis en planque là au cas où. J'y croyais même pas qu'il verrait un truc. C'était si gros ! Mais au moins ça me permettait de le nourrir en lui faisant croire de me rendre service. Et il m'a raconté que le gars a vraiment demandé après une Charlotte esclave qui travaillait autrefois au lupanar. La boulangère l'a regardé comme s'il était fou !"
Elle conclut avec panache d'un ton claironnant :
"Il se nomme Nehalan de Torenial et il a... dix-sept ans!"
Re: [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
Malgré tous ses arguments, elle ne voulait rien entendre. Il était inutile d’ajouter que connaissant sa situation délicate, Hyriel aurait mieux fait d’éviter de s’acoquiner d’un phénomène comme Sylvère en public. Quant à Matthieu, c’était son oncle, si les deux autres l’étaient également. On choisissait ses amis, pas sa famille. Et son meilleur ami l’aurait affirmé mieux que n’importe qui. Il était cependant inutile de débattre face à qui faisait la sourde oreille.
— Qui veut tuer un chien l’accuse de la rage. C’est bien connu, déclara-t-il en guise de conclusion au débat infini sans préciser qui était le chien dans l’histoire tant les deux situations étaient interchangeables dans ce cas.
Quant à blesser les gens… Il arqua un sourcil circonspect face à cette déclaration empreinte d’une naïveté qui ne lui ressemblait pas. Mieux valait sans doute arrêter la soupe aux champignons forestiers. Cela en devenait ridicule. Blesser des gens c’était mal ? Bah voyons. Le monde était ce qu’il était. Si elle préférait encaisser pour ceux qui lui marcheraient dessus allégrement ou ne plus rien faire dans la crainte de blesser quelqu’un libre à elle. Comme si tout était entièrement noir ou blanc avec des gentils et des méchants. Il soupira tout en se demandant ce qu’elle ferait si elle devait protéger un être cher d’une menace. Stupide pensée idéaliste. Alors elle aussi allait quitter la révolte ? Il secoua la tête. Bien sûr que ça blesserait des gens. Une révolte c’était comme une petite guerre. À quoi pensait-elle ? Est-ce qu’il regrettait tous les Monbriniens qu’il avait massacrés et éviscérés ? Toutes les veuves qu’il avait faites ? Non. C’était la guerre. C’était ainsi. C’était lui ou eux. Lui ou sa liberté. Lui ou celle de son pays. Et il ne se serait jamais arrêté de lutter s’il n’avait pas été capturé.
— Ressembler à ton oncle? J’vois pas comment tu pourrais à moins de chier une bible pour en avoir fait ton souper. Tu es libre de partir, mais sache que présente ou non, tu auras ta part de responsabilité dans ce qu’il se passera les moins prochains. Il ne faut pas se leurrer, tu y as participé, même si tu n’en fais plus partie. De toute façon, moi aussi je vais me retirer. Je n’ai pas de grands idéaux, juste d’égoïstes ambitions et espoirs. Sans doute une opportunité d’agir différemment également.
Après un long fou rire dû à la mention d’Alexandre, Cassandre se décida à lui présenter narrativement celui qui selon elle tenait la palme d’or de la bêtise braktennoise. Il s’installa donc confortablement, prêt à écouter ce récit qui s’annonçait haut en couleur. Elle était à peine arrivée au long monologue qu’il ne put retirer un violent éclat de rire rauque qui lui secoua ses côtes toujours endolories.
— Tu parles… fit-il entre deux spasmes hilarants. C’est plutôt un bon moyen de défense pour assommer son adversaire. Et il repartit de plus belle. Quoique… Un vrai bandit l’aurait sans doute égorgé pour le faire taire.
Il avait du mal à se calmer, surtout en réalisant qu’il n’avait pas remarqué les vêtements de Cassandre. On dira qu’il faisait fort nuit ce jour-là. C’était sans doute mieux pour son cas. Enfin… Tout compte fait vu ce qu’elle racontait sur le lupanar et la marelle, c’était cuit. Et il repartit de plus belle, riant à se tenir les côtes. Il s’était même rendu chez la boulangère ? Il n’avait vraiment que ça à faire de ses journées celui-ci. D’ailleurs dix-sept ans… La jeunesse n’était plus ce qu’elle était visiblement… Lui à dix-sept ans, il était marié, père et combattait déjà depuis un long moment.
— Pff quel idiot! Demande-lui si elle avait de belles miches, la boulangère, la prochaine fois que tu le croiseras. En même temps, tu sais quoi? À dix-sept le vers de vase devait pas être bien plus fringant devant un lupanar ni même pour le reste d’ailleurs… Ça reste toujours un gosse rageux d’ailleurs.
Re: [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
"Non, moi, la Bible, je chie dedans. Et si je pouvais, je le ferais littéralement. Mais c'est dans le principe de ce qu'il est, un être aveugle à toute autre argumentation que la sienne. Je ne veux pas être aussi têtue que lui. Ni colérique. J'ai envie d'essayer ce que Jérémie ou Irène essaient de dire. Persuader par la parole, c'est finalement plus intelligent, même si c'est plus difficile."
Elle arqua un sourcil d'entendre que Eldred décidait de se retirer aussi.
"Sylvère va aussi se retirer aussi, à mon avis. il ne participait que parce que j'étais là. Et Alduis... Je suis sûre qu'il te suivra. Lui, il ne participait que pour embêter papa."
De toute manière, avec les comptes qu'elle devait rendre à Coldris, Cassandre estimait que se retirer serait mieux pour l'avenir de cette révolte si celle-ci continuait d'exister. De cette sorte, elle ne saurait rien et n'aurait pas à dissimuler des informations. Et surtout elle n'aurait pas à trahir des amis. C'était le mieux pour tout le monde. Tant pis si Eldred la jugeait bête. Elle agissait avant tout pour le bien même s'il ne le comprendrait jamais.
Leur conversation se poursuivit à évoquer une bêtise d'Alexandre et là rebondit à narrer les stupidités de Nehalan. Naturellement, Eldred faillit s'étouffer à nouveau de rire et Cassandre, en croisant son regard se tordait pareillement. Leurs rires résonnaient un moment dans l'écurie avant que la fillette ne puisse reprendre.
"C'est pas faux, oui. Il m'a fait perdre toute envie de continuer quelque chose. J'avais juste envie de dormir. Tiens, il devrait proposer ses service aux insomniaques !"
Elle termina de raconter en pouffant à quelques endroits, comme Eldred faisait de même.
"Oh oui ! Je lui demanderai ça si je m'étouffe pas avant rien qu'à le voir ! Bah.. Pour l'autre, face à un lupanar, au même âge, je ne sais pas si c'est comparable. Alexandre, comme Alduis, ils sont sodomites. alors ils n'ont pas de quoi être fiers face à un établissement comme ça. Quoique.. oh ! Mais alors.. Et si Nehalan était sodomite alors ? Alors, ça veut dire que les sodomites sont tous un peu bêtes ? Ils ont un truc dans le cerveau qui les rend... particulier ! Tu crois que c'est une explication ?"
Re: [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
Eldred lui rendit son sourire au sujet de la Bible. Pour ce qui était d’être têtue, elle ne le connaissait pas, mais c’était plutôt mal parti comme le démontrait leur échange précédent au sujet du baron. En tout cas, Eldred ne voyait pas vraiment où elle voulait en venir. Après tout, son oncle aussi avait bien convaincu les juges par son discours. Il n’en fit cependant aucune remarque, quand bien même elle parlait avec une certaine naïveté qui ne lui allait pas, c’était toujours préférable à son agressivité du mois passé. Un jour, elle comprendrait que tout l’art était de savoir équilibrer l’un et l’autre. Comme un feu qu’il fallait laisser bruler pour se réchauffer sans qu’il ne réduise en cendres la demeure. Il acquiesça donc silencieusement, bien que dubitatif.
— Alduis va aller voir le marchand pour obtenir les informations sur Ingvar, demain. Après ça, ce sera terminé pour lui aussi. Il n’aurait jamais dû signer ce traité sur un coup de colère, cela risque de lui attirer de gros ennuis.
Il comprenait bien pourquoi il l’avait fait, mais ne pouvait que redouter la réaction de son père, lorsqu’il l’apprendrait inévitablement un jour ou l’autre. Le mieux serait tout de même qu’il aille avouer sa faute avant que l’avalanche ne l’ensevelisse. Surtout que tout allait bien mieux ces derniers temps… Quant au reste de la révolte, il la leur laisser de bon cœur, lui utiliserait son influence de l’intérieur pour assouplir les règles et démanteler l’Empire de l’intérieur.
Peu après Cassandre lui fit découvrir le petit Nehalan à la blancheur encore plus pâle que la neige elle-même. Lui, en tout cas ne devait pas trop se poser de question sur l’Immaculée Conception, vu ce qu’elle pouvait bien raconter. D’ailleurs, il ne devait pas se poser beaucoup de questions tout court. Il écouta ensuite son amie lui proposait une hypothèse sur son malaise ce qui lui étira un nouveau sourire dont les muscles encore endoloris de sa crise de rire le tiraillaient gentiment.
— Peut-être bien. T’as qu’à lui demander ça aussi. Enfin s’il sait ce que c’est. Ou alors il a peur de faire tomber enceinte une catin en s’approchant. En même temps si on arrive à croire à la Sainte Vierge…
Re: [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
"Heureusement, il est l'unique héritier de son père. Sinon le ministre aurait demandé au Roi la permission de le faire démembrer, puis d'exposer ses restes sur tout son domaine !"
La fillette espéra que Coldris ne l'interroge pas sur ce traité. De toute manière, elle nierait le connaître. Ce serait facile. Elle rappellerait ne pas savoir bien lire et que les documents aussi compliqués lui échappaient complètements. Sans compter que c'était pas ce qu'on discutait en pleine rue.
Peu près, la discussion se poursuivit à évoquer les œuvres comiques du sieur Nehalan, comique malgré lui. Elle proposa bien une hypothèse amis Eldred la réfuta en rappelant qu'il ne devait pas connaître ce qu'était un sodomite. Quant à l'idée de lui demander si approcher une catin risquait de la faire tomber enceinte ça serait drôle de la faire croire. Elle parierait qu'il goberait ça comme le gros Monthoux gobait ses gâteaux.
"Vu sa gêne pour le lupanar, je suis même pas sûre qu'il sache comment on baise. Si ça se trouve, il croit que sa bite sert juste pour pisser ! Je suis sûre que sur ce sujet, on peut lui faire avaler n'importe quoi !"
La fillette se raidit à la suite de ses paroles et répliqua un peu sèchement.
"Irène et oncle Joseph, ils y croient, eux. Et c'est pas des personnes stupides et naïves !"
Re: [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
Peut-être bien qu’il ferait cela. Qui pouvait savoir ? En même temps, il faudrait être vraiment fou pour s’en prendre à son propre fils. Le déshériter et le répudier en revanche, c’était nettement plus probable.
— Je ne sais pas… murmura-t-il pensivement.
Il avait du mal croire que quelqu’un pourrait faire ce genre de chose à son fils, qui plus est de ce qu’il savait via Alduis, il avait plutôt l’impression qu’il tenait à lui et pas vraiment parce que c’était son unique héritier. Non, il y avait trop chose. Quelque chose de plus profond, mais dont la surface était plus friable que n’importe quoi d’autre.
La discussion se poursuivit jusqu’à atterrir entre deux éclats de rire sur ce petit noble dénommer Nehalan que Cassandre avait rencontré quelque temps plus tôt.
— Ca serait pas impossible. Je sens que tu vas bien t’amuser la prochaine fois que tu le verras tiens !
Elle n’apprécia pas sa remarque et Eldred s’en fichait pas mal. Il haussa les épaules.
— Eh bien ça change pas qu’ils croient bêtement à des contes de fées pour adultes destinés à les manipuler alors. Ils ont sans doute gardé une part d’enfance en eux dans ce cas, conclut-il plus amusé que polémique.
Re: [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
Cassandre se mordit les lèvres quand Eldred attaqua la foi qu'Irène ou l'oncle Joseph mettaient dans le culte de la Vierge.Des contes pour enfants... C'était aussi ce qu'elle pensait. Mais pour eux, comme beaucoup de personnes, c'était important. Elle releva la tête et le fixa, sévère :
"Dis, Eldred, si je te dis que croire à tes dieux nordiques, à Thor, Odin, et tout le reste, c'est des contes pour enfants, tu en dis quoi ? Je m'en fiche, moi, de tout ça. je ne crois plus. Ni en Dieu. Ni en les Saints. Ni en ta religion à toi. Mais pour les autres, c'est important. Que ce soit le culte des chrétiens, comme Irène, ou celui de panthéon pour toi. Alors, si tu veux que les gens te respectent et respectent tes croyances, tu dois respecter ce qu'eux croient."
Elle marqua une légère pause et reprit en conclusion :
"Sinon, ça, c'est c'est comme ça que tu deviens comme le cardinal Cassin."
Cassandre se décida à changer de sujet, sachant que la religion était comme toujours un terrain glissant.
"Au fait, depuis une semaine on a déménagé. Irène a fait un arrangement avec monsieur Lebrun, le marchand de bonbons, et a récupéré sa maison. Tu verrais ça ! Elle est immense ! Moi, ça me fait un peu peur. C'est si grand, je me demande quand même si ça a pas coûté un peu cher malgré ce qu'Irène en dit. Mais du coup, Irène a décidé qu'elle voulait engager quelqu'un pour nous garder. Comme si j'(étais encore un bébé ! Je suis grande, moi ! Et je peux prendre des petits moi-même !"
Elle s'arrêta puis fixa Eldred d'un air entendu.
"T'es pas d'accord, toi ? engager une inconnue, c'est dangereux ! Puis, c'est des frais inutiles ! Imagine si c'est une mauvaise personne qui voudrait se cacher ! Non, non, je vais pas laisser faire ça ! En plus, Irène m'a promis que je l'aiderais à choisir ! Alors, je vais toues les décourager ! Pas question qu'une mauvaise personne nous menace !"
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