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[le 17 octobre 1597- après-midi] Une rencontre inatendue

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Message par Skalitis Wyshel Mar 26 Mai - 16:59

Je marchais lentement dans les couloirs, un seau d'eau dans une main, un balais et des chiffons dans l'autre. J'avais passé la journée à passer de salle en salle pour m'occuper du ménage et je ne finirais sans doute pas avant le lendemain. Je croisais quelque domestique qui s'affairait mais mon regard était porté vers l'extérieur que je voyais au travers des fenêtre. Alors que mes pas me portaient vers la prochaine salle à nettoyer je m'imaginais comment seraient mes retrouvailles avec ma sœur. J'espérais que ce serait un moment idyllique où nous nous jetterions dans les bras l'une de l'autre et à partir de là tout irait bien. Pourtant, je savais que ça ne se déroulerait sans doute pas comme ça. J'avais changé, autant mon corps que mon esprit et c'était sans doute son cas aussi. Je me demandais si nous réussirions même à nous reconnaître. Et même avec ça, rien n'irait bien avant un moment. Si je m'enfuyais il nous faudrait sans doute fuir et nous cacher. Peut-être n'était-elle même plus en vie en fait. Ce n'étais pas une impossibilité.

Je crispais mes doigts autour de l’anse de mon seau. Non. Il ne fallait pas que je pense ça. Retrouver ma famille était l'une des seules choses qui me maintenait encore en vie. Je déglutis difficilement et déportais mon regard des vitres au sol. Je me concentrais sur mes pieds et chassais ces pensées avant de redresser la tête alors que j'arrivais devant la porte de la prochaine salle. En soupirant devant l'ampleur de la tâche qu'il me restait à effectuer, je poussais le battant en m'y adossant et entrais sans faire trop de bruit. Une rapide coup d'oeil à la salle me signala la présence d'une autre personne. A la vue de mon maître, Alduis de Fromart, je baissais les yeux. Je n'avais plus vraiment peur de lui à ce point. Les autres domestiques et esclaves étaient terrifiés à l'idée de se retrouver face à lui, pourtant, à force d'être à son service je m'étais habituée. Certes, ce n'était certainement pas le plus sympathique des hommes, loin de là même. Mais il me suffisait d'obéir aux ordres pour ne pas me faire trop remarquer. Et puis, il ne m'avait jusqu'ici pas fait de mal. Du moment qu'il restait à une certaine distance, je le supportais parfaitement bien. Sauf que cette règle était commune à tout les hommes, pas qu'à lui. Jusqu'ici, les domestiques mâles avaient compris que ce qui m'étais arrivé était plus que traumatisant et ils avaient gentiment acceptés de rester à plusieurs mètre d'écart lorsqu'ils venaient à me croiser ou me parler. Jusqu'ici je n'avais eu aucun problème à part un ou deux incidents dans des lieux étroits ou quand il y avait trop de monde.

Je me mis à marcher en direction de l'une des étagères qui s’étalaient devant le mur et posais mes affaires au sol. Je sélectionnais l'un des chiffons propres et me mis à faire la poussière. Si le maître voulait que je sorte, qu'il le dise. En attendant, j'avais du travail.
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Message par Alduis de Fromart Mer 27 Mai - 14:40

Alduis s'était réfugié dans cette pièce, la plus éloignée possible de la chambre dans laquelle il avait enfermé Emmelia. Comme si la distance allait lui rendre son assurance.

Mais il était trop tard pour cela et il le savait pertinemment. Sa prisonnière, celle qu'il avait eu envie de briser en entrant dans la pièce, celle-là même venait d'ouvrir une brèche en lui. Une brèche qui avait menacé durant quelques secondes de faire tout exploser.

Elle avait fragilisé les fondations, et un bâtiment aux fondations fragiles finissait invariablement par s'écrouler. C'était ainsi. On pouvait colmater une fissure, jamais la réparer parfaitement. Alduis avait l'impression que toute sa vie s'échappait lambeau par lambeau de son corps.

Cela faisait trois heures qu'il avait quitté Emmelia. Trois heures qu'il tremblait. Trois heures qu'il essayait désespérement de se calmer. Trois heures de tortures.

Cette histoire de mariage. Et maintenant, ça. Aujourd’hui, la vie avait décidé de tout faire pour le faire craquer. Et elle était presque en train de réussir.

Ainsi était-il venu dans cette pièce isolée. Il pouvait fuir Emmelia, il pouvait fuir son père, et tous les misérables de ce maudit château de malheur ! Mais il ne pouvait pas se fuir lui-même.

C'était pourtant bien en essayant qu'il s'était mordu la langue tellement fort que le goût métallique du sang inondait désormais ses papilles. Le front appuyé contre le verre de la fenêtre, il tentait tant bien que mal de se raisonner. Ce froit contact avec sa peau, qui lui semblait être brûlante, le raccrochait un peu dans le monde des vivants. Il ne voulait pas de ces souvenirs ! Le passé rendait faible et vulnérable, et même avec toute la bonne volonté du monde, on ne pouvait pas le changer. Alors à quoi bon s'en rappeler ?

Pour ne rien arranger, il saignait du nez mais ne s'en souciait pas, malgré le flot carmin qui venait tacher ses vêtements. C'était toujours la même chose : quand les nerfs le dépassaient, il saignait du nez.

Soudain, la porte s'ouvrit et les gonds mal huilés émirent un grincement sifflant. Les muscles d'Alduis réagirent d'eux-mêmes, comme s'il était en danger. D'un bond, il fit volte-face. Pour se retrouver face à une jeune esclave, précédée par l'odeur de la lessive que contenait son seau.

Une odeur de rien du tout, mais qui le fit vaciller de nouveau. La jeune femme entra plus en avant dans la pièce et s'accroupit pour se mettre à nettoyer, comme si de rien n'était. Elle ne dit rien, ne le lui accorda pas un regard, même pas une courbette. Rien. Alduis se redressa et chassa définitivement sa détresse. Il étouffa sans pitié chaque doute qui s'était infiltré en lui, tout en essuyant le sang qui continuait de couler de son nez avec le dos de sa main.

Personne ne devait le voir comme cela. Jamais. Sa réputation n'y survivrait peut-être pas, et rien n'était plus important que sa réputation.

Il se tourna vers la petite Skalitis, et son sourire vint danser sur ses lèvres. Alduis connaissait le nom de tous ces esclaves, il y mettait un point d'honneur. La plupart s'effrayait rien qu'en l'apercevant dans l'angle d'un virage et ils avaient des raisons d'avoir peur de lui. Mais Alduis les aimait bien. Tous. A défaut de les respecter eux, il respectait le travail qu'ils faisaient. Et quoi qu'on en dise ou pense, il n'aurait pas hésité une seconde à les protéger. Il s'agissait là de ses esclaves et personne d'autre que lui-même n'avait le droit de leur faire du mal.

Il fit un pas en avant en direction de la petite nettoyeuse et remarqua en observant le travail qu'elle effectuait, qui consistait à passer un chiffon dans la poussière.

- Tu as passé une bonne journée, Skalitis ?

La remarque innocente qui dans sa bouche était tout, sauf innocente. Le chat qui jouait avec la souris.

Sauf que pour cette fois, il ne se sentait pas chat du tout.
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Message par Skalitis Wyshel Mer 27 Mai - 16:22

J'étais encore accroupi quand j'entendis les bruits de mouvements derrière moi. Je relevais la tête de mon travail et observais le maître qui s'était rapproché. N'appréciant pas particulièrement d'avoir à me tordre le coup pour le voir je me redressais. Mes épaules s'étaient automatiquement crispées alors que la distance entre nous deux s'était amoindrie. Les quelques mètres qui nous séparaient étaient, pour l'instant, suffisant pour ne pas me déranger de trop mais si Alduis continuait d'avancer ce ne serait rapidement plus le cas.

Je ne le regardais pas dans les yeux, erreur que j'avais déjà commise avec d'autres maîtres. Il fallait croire que c'était un signe de défi insolent. Je n'avais jamais vraiment compris. Sans doute était-ce parce que lorsque nous, esclaves, les regardions dans les yeux nous leur rappelions que nous étions autant des êtres humains qu'eux. Nous les mettions face à leur cruauté et à ce qui pourrait leur arriver. Tout les maîtres n'étaient pas des monstres, loin de là. Après tout les esclaves étaient des biens précieux. Mais même s'ils pouvaient être adorable et aimant et bien... une cage dorée restait une cage.

Mon regard se porta plutôt au niveau de son cou. Alors que j'avisais les tâches de sang sur ses vêtements, je soupirais. Je n'avais aucun idée à qui il pouvait bien appartenir mais ça serait insupportable à essayer de nettoyer. Encore plus lorsque les traces carmins auraient séché. Cela me fit penser qu’après le ménage des salles il faudrait que j’aille donner un coup de main pour la lessive. Il y avait toujours tellement à faire ici. J’essuyais mes mains crasseuses sur mon tablier avant d’entendre le maître poser sa question :

- Tu as passé une bonne journée, Skalitis ?

Quelle genre de question est ce que c’était, sérieusement ? J’ignorais son ton plein de sous-entendu et hésitais à ne pas lui répondre. Mais bien sûr, si le maître pose une question, il faut y répondre. Qu’est ce que je détestais ma situation. En même temps, quel esclave aimait l’être ?

- Oui

Voilà. Une réponse simple et efficace. Mes yeux passèrent de l’homme en face de moi à la fenêtre. Oui, je pouvais dire que j’avais passé une bonne journée. Le travail intensif était fatiguant mais en même temps je ne m’imaginais pas ne rien faire toute la journée. Il faisait beau, et si j’avais le temps avant d’avoir à aller me coucher, j’irais me réfugier dans les écuries. J’avais toujours aimé les chevaux. L’avantage des animaux c’est qu’ils ne se posaient pas de questions, ils se contentaient de survivre. Et puis il n’y avait pas beaucoup de monde là-bas, tard le soir. Je pouvais chanter et danser sans avoir peur de me faire surprendre. Je me sentais plus à l’aise entouré par les chevaux, à l’air libre, que par les murs du palais.

J’osais un discret coup d’oeil vers le visage de mon maître. Il avait un sourire aux lèvres, pourtant il semblait différent de d’habitude… Je ne savais pas exactement en quoi mais, si je ne parlais plus beaucoup, j’avais acquis un bon sens de l’observation et ces yeux avaient changés. A nouveau je baissais le regard et hésitais un instant avant de dire :


- Et vous ?
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Message par Alduis de Fromart Jeu 28 Mai - 16:23

A son approche, Skalitis s'était redressée mais Alduis n'avait pas manqué ce léger crispement dans les muscles de ses épaules. Elle était aussi tendue que lui, mais elle savait moins le cacher. Nerveuse, comme toujours. Pourtant, s'il y avait bien une personne dans ce château à qui il n'avait guère envie de faire du mal, c'était bien elle. Allez savoir pourquoi.

Elle n'aimait pas qu'il soit trop près d'elle, il l'avait déjà remarqué lors de leurs quelques rencontres. Pour le moment, la distance les séparant était encore assez grande. Mais Alduis saissisait toujours la moindre occasion à sa disposition pour provoquer. Toujours plus.

Ce fut pour cette raison qu'il fit encore un pas en avant. Il provoquait ses supérieurs autant que ses subordonnés. Toujours à tester les limites. A les dépasser à la moindre occasion, même. Il aurait fini de combler la distance avec n'importe qui d'autre, sauf elle. Alors il s'arrêta définitivement. Étrangement, il n'avait jamais essayé d'aller plus loin et de forcer son espace vital. C'était la première fois qu'il en prenait conscience.

La réponse à sa question vint le couper dans ses pensées. Petite, efficace. Rapide.

- Oui, et vous ?

Le regard de Skalitis se baladait dans la pièce, sans jamais se poser sur lui. Elle observait partout où il n'était pas. Elle ne le fixait jamais dans les yeux et, pour une fois, cela arrangeait bien Alduis. Parce que c'était beaucoup trop facile de lire son trouble dans ses yeux à l'heure actuelle. En regardant partout ailleurs que son visage, elle ne pouvait pas deviner le tremblement discret qui agitait encore ses prunelles sous le coup des émotions passées.

Il s'essuya une nouvelle fois le nez avec sa manche puisque le sang continuait de couler, comme si de rien. Puis, il répondit le plus naturellement du monde, un immense sourire sur les lèvres, comme s'il parlait du temps qu'il faisait dehors :

- Non. Une très mauvaise. La journée a été catastrophique.

Il ricana. Son sourire était un étrange mélange entre l'ironie et l'amertume. Puis, il recula, pour rétablir la distance de sécurité qu'elle instaurait toujours entre eux. Aujourd’hui, il n'avait pas vraiment la force de pousser le bouchon plus loin. Les barrières qu'il avait réussi à rétablir autour de ses pensées secouées étaient encore fragiles et il avait conscience qu'il ne suffirait de pas grand chose pour les briser de nouveau.

- Mais si mes esclaves passent d'agréables journées, alors je suppose que tout va bien.

Encore cette ironie dans sa voix. Il se tourna dans la fenêtre en essuyant pour la troisième fois son nez qui saignait.
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Message par Skalitis Wyshel Jeu 28 Mai - 17:29

Alors que le maître s’approchait d’un nouveau pas je resserrais un bras autour de moi, comme une mince protection. Cet homme aimait pousser les autres à bout, j’avais déjà pus en être la témoin. Pourtant, s’il s’amusait à tester mes limites, il ne s’était jamais approché de trop, me laissant l’espace dont j’avais besoin pour être confortable. Et pour ça, je l’appréciais au moins un peu.

Au lieu de reculer pour établir une nouvelle distance, je restais à ma place. Je prenais le risque que ce soit perçu comme de l’insolence, mais tant pis. Il était hors de question que je plie. J’obéissais aux ordres et respectais la hiérarchie qui me plaçait au plus bas de l’échelle sociale, mais je refusais que l’on me prenne pour un objet avec lequel jouer.

Mes yeux continuaient de parcourir la pièce, l’évitant à chaque fois. Ils finirent par se poser sur la fenêtre, encore une fois. Toujours les fenêtres. Elles étaient comme des barreaux qui m’empêchaient de m’échapper de cette cage. J’avais tellement hâte de pouvoir enfin sortir de ce palais en temps que femme libre. Et j’étais persuadée que ce jour arriverait. Peut importe comment, mais un jour je récupérerais ma liberté. Et je retrouverais ma famille.

- Non. Une très mauvaise. La journée a été catastrophique.

Perdue dans mes pensées je fus presque surprise d’entendre la réponse du maître. J’avais failli l’oublier. Sous l’étonnement je levais mes yeux fatigués vers son visage. Il avait le sourire aux lèvres pourtant il avait l’air tout, sauf heureux. Le pas qu’il repris en arrière me surpris d’autant plus et je fronçais les sourcils, confuse. Il se comportais bizarrement et le mélange d’émotions que j'arrivais à peine à discerner dans ses prunelles ne lui allaient pas.

- Mais si mes esclaves passent d'agréables journées, alors je suppose que tout va bien.

L’ironie et l’amertume dans sa voix me firent presque me sentir coupable. Presque. Je passais une main sur ma nuque et me balançais d’un pied sur l’autre, gênée. Je ne pensais pas que c’était ma place de prononcer les paroles que j’avais prévu de dire mais il fallait croire que j’avais encore un peu de cette naïveté qui caractérisait mon enfance. Mais bon, autant se lancer.

- Hum… Peut-être… Peut-être que je pourrais faire quelque chose pour améliorer votre journée ?

Comment ? Je n’avais pas vraiment d’idée mais si j’avais l’occasion d’aider quelqu’un… autant le faire. Non ? Ah ! Peut-être que mes paroles seraient considérées comme insolentes ? Je m’empressais d’ajouter maladroitement, agitant mes mains, le regard à nouveau fuyant :

- Pas… Pas que j’ai la présomption de penser que je sois d’une suffisante importance pour vous être d’un quelconque soutiens…

Je grimaçais. J’avais, de toute évidence, perdue l’habitude d’exprimer mes sentiments à voix haute. Je remarquais que ce devait être le moment où j’avais le plus parlé depuis longtemps… Qui aurait cru que ce serait avec le maître que je parlerais autant ?
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Message par Alduis de Fromart Sam 30 Mai - 11:05

Skalitis eut l'air surpris par sa réponse qui ne laissait pas vraiment de doute. Non, la journée d'Alduis était un enchaînement de problèmes depuis le matin et il n'allait pas s'en cacher. Pour ainsi dire, il ne voyait aucune raison de lui mentir. Tout le monde vivait de sales moments et dans son cas, ils avaient décidé de se rassembler tous aujourd'hui spécialement.

Cependant, une chose lui posait question... il ne voyait pas très bien ce que cette petite esclave pourrait bien en avoir à faire. Se souciait-elle vraiment de lui au point de lui demander s'il passait de bonnes journées ? Elle était esclave, et lui, il était son maître. Avait-on jamais vu une jeune femme qui se renseignait sur ce genre de choses ? Il était à peu près sûr que la plupart des esclaves, au contraire, aurait été ravis que leurs maîtres passent de mauvais moments. Une sorte de vengeance pour ce qui leur arrivait.

Mais au-delà de s'inquiéter de sa journée – ce qui était déjà assez surprenant ainsi ! -, voici même qu'elle lui proposait de faire quelque chose pour lui. De l'aider. Elle voulait vraiment... améliorer sa journée ? Sous le coup de la surprise, il s'arrêta et lui jeta un regard attéré. Il en oublia même d'essuyer son nez si bien qu'il eut bientôt le goût du sang sur les lèvres.

Il ne répondit rien, le temps de digérer cette situation loufoque. Sûrement devant son absence de réponse, la petite Skalitis réalisa ce qu'elle venait de demander et s'agita pour s'excuser.

Si Alduis avait été dans son état normal, il n'y avait nul doute pour savoir comment cette conversation aurait fini. Mais il n'était pas dans son état normal. Mais il ne se laissa pas abattre pour autant et il répondit :

- A moins que tu sois capable d'empêcher un mariage, non, je ne pense pas que tu puisses quelque chose pour moi...

Il évita soigneusement l'autre problème de la journée, parce que s'était trop s'exposer que de le dire : Emmelia. Depuis le matin, deux personnes lui avaient adressées la parole pour autre chose que des commodités d'usage : Emmelia, puis maintenant Skalitis. Il n'avait pas envie de penser à la première. Quant à la deuxième... il ne comprenait pas. Fallait-il sincèrement que les seules personnes qui prennent la peine de lui parler soient une prisonnière et une esclave ? Avec le monde qu'il y avait dans ce ridicule château !

C'était dans ces moments qu'Alduis se rendait compte qu'il était vraiment seul. Et soudain, le dîner du soir – qu'il ferait seul encore une fois, comme chaque soir, – lui sembla être une tâche insurmontable. Il avait désespérement besoin de compagnie et si cette compagnie devait être celle d'une simple esclave eh bien... il s'en contenterait.

- Qu'est-ce que tu dirais de manger à ma table, ce soir ?
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Message par Skalitis Wyshel Mar 2 Juin - 14:34

Mes yeux qui étaient revenus se fixer sur le visage du maître me permirent de voir sa surprise. Je fronçais les sourcils. Certes, il était loin d’être un enfant de coeur, très loin même. Mais il devait bien y avoir des gens qui se préoccupaient de lui non ? Ah… Non en fait. Je grimaçais en pensant aux murmures des esclaves et autres domestiques. Eux ne l’aimaient clairement pas et se réjouiraient sans doute à l’idée que le maître passait une mauvaise journée.

Je me frottais les bras comme si j’avais froid en réalisant à quel point le maître devait se sentir seul… Ou bien était-ce moi qui me montrais trop naïve ? Après tout ce que j’avais vécu je me prenais toujours à essayer de trouver ce qu’il y avait de bon en chaque être… Pourtant j’étais persuadée que l’homme en face de moi n’était pas un monstre… du moins pas totalement.

- A moins que tu sois capable d'empêcher un mariage, non, je ne pense pas que tu puisses quelque chose pour moi…

Cette phrase pleine d’amertume me surprit. Étant une femme je savais que, si je n’avais pas été une esclave, mon destin et devoir aurait été de me marier. Heureusement, je savais aussi que jamais mes parents ne m’auraient fais épouser un homme que je n’aimais pas. De toute façon jamais je n’aurais accepté un mariage forcé. Un mariage était quelque chose d’important, l’un des moments décisif dans une vie, en tout cas de mon point de vue. C’est pour ça qu’en cet instant, je plaignais le maître.

Alors que je réfléchissais à tout ça je baissais la tête pour tenter de cacher la rougeur qui avait atteint mes joues. Je m’en voulais de ne pas pouvoir aider mais en même temps j’étais affreusement gênée d’avoir posé la question. Qu’est ce qui me prenait de vouloir faire ami-ami avec la maître ? Cet acte était, au mieux, ridicule et stupide, au pire, suicidaire. Je me fustigeais intérieurement, les yeux rivés au sol, jusqu’à ce que j’entende ça :

- Qu'est-ce que tu dirais de manger à ma table, ce soir ?


Si avant j’avais été étonnée ce n’était rien par rapport à ce que je pouvais ressentir en cet instant. Je relevais les yeux sur le visage de mon maître, cherchant à savoir si j’avais bien entendu. Et il me semblait que oui. Mais joues s’enflammèrent un peu plus alors que j’ouvrais la bouche pour répondre.

-Je… Heu… Vous êtes sûr mon maître ? Je veux dire… J’accepterais avec plaisir mais… Ce n’est pas vraiment… je ne serais pas vraiment à ma place, si ?

Je me dandinais d’un pieds sur l’autre. Je ne savais pas vraiment si j’avais bien fait d’accepter. Je ne pensais pas que refuser soit une bonne idée, surtout si, comme je le pensais, il se sentait seul. Si ma simple présence pouvait l’aider je lui offrirais avec joie ma compagnie. Mais peut-être était-ce un piège. Peut-être que le maître voulait que j’accepte pour ensuite me punir d’avoir outrepassé mes limites… Pourtant il ne m’avait jamais fait de mal alors pourquoi commencer maintenant ? Et ses yeux ne me semblaient pas mentir sur ses intentions. Mais après tout il était passé maître dans l’art de dissimuler ses émotions...

Je remarquais enfin le nez ensanglanté du maître. Tiens, je savais d’où venait le sang sur ses vêtements maintenant. A nouveau, un froncement plissa la peau de mon front. Comment est ce que j’avais pus rater ça ? Quelle idiote je faisais… J’hésitais un instant avant d’attraper l’un de mes chiffons propres et l’humidifiais en le plongeant dans mon seau d’eau. Je me levais ensuite et, avant d’avoir pus regretter mon geste, je fermais la distance entre le maître et moi. Délicatement j’essuyais le sang qui lui recouvrais le visage en ignorant les milliers de signaux d’alerte qui venaient de s’activer et qui m’ordonnaient de fuir en courant. C’est bon, j’en était sûre, j’étais suicidaire.
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Message par Alduis de Fromart Mer 3 Juin - 19:21

Skalitis ne s'était visiblement pas attendu à cette proposition. C'était du moins ce que ce regard ahuri qu'elle levait sur lui montrait. Un regard qui lui rappelait avec grande clarté ce qu'il venait juste de proposer.

Il avait invité... une esclave... pour manger à sa table. Mais quelle mouche l'avait piqué, bon sang ? Ce n'était pas une chose qui se faisait ! Bien sûr que non ! La jeune femme en face de lui prenait des couleurs, gênée, et il se dit qu'elle allait refuser. Il fallait sûrement mieux et puis, il s'agissait quand même de lui, Alduis de Fromart. Elle n'avait certainement pas envie de manger avec lui.

Il s'était fait une raison de manger seul un soir de plus quand... ce fut à son tour de planter des yeux ahuris dans les siens. Elle accepterait avec plaisir ?! Evidemment, elle avait des doutes, mais elle avait accepté. Aussi fou que cela puisse paraître, elle acceptait de manger avec lui !

Est-ce que cela était une bonne idée ? Non, c'était la plus mauvaise qu'il aurait pu avoir. Mais Alduis n'était pas le genre à revenir sur sa parole. Il avait fait cette proposition. Désormais, il ne pouvait plus retourner en arrière, même s'il regrettait déjà les mots qui étaient sortis de sa bouche.

- J'ai tous les pouvoirs ici. Si je décide d'inviter mes esclaves à ma table, personne ne peut m'en empêcher. Je viens de te le proposer : c'est que j'en suis sûr.

Sûr en apparence, oh oui. Mais au fond de lui, voilà que les émotions les plus diversifiées reprenaient de plus belle leurs méli-mélo.

Soudain, Skalitis fut en face de lui, chiffon propre et humide en main, brandi devant lui comme une arme. Il n'eut pas le temps de réaliser ce qu'il se passait, ni ce qu'elle faisait aussi près de lui, elle qui passait son temps à imposer une distance de sécurité. Et désormais... Désormais, elle était presque contre lui. Était-elle folle ?

Sous le coup de la surprise, Alduis ne pensa même pas à reculer. Il la laissa nettoyer le sang sur son visage sans rien dire. Il avait le plus grand mal à comprendre... Ses yeux croisèrent les siens et... Son corps réagit de lui-même : il recula d'un pas pour s'écarter d'elle. Au final, cette distance établie constamment entre eux était peut-être aussi bien pour elle que pour lui. Il se passa la main dans les cheveux et déclara finalement, en se secouant :

- Allez. Suis-moi. Je ne sais pas l'heure, mais le repas doit être servi.

Et sans attendre la réponse, en se redressant avant de sortir, il ouvrit la porte et la laissa passer. Aller jusqu'à la salle à manger ne fut pas très long. En arrivant, il lui tira une chaise, comme on la tire à une grande dame et s'inclina.

La table était mise pour dix. Comme d'habitude. Tout les soirs, Alduis mangeait tout seul devant neuf autres assiettes vides, dans cette immsense pièce.

Ce soir, au moins, il n'y en aurait que huit.
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Message par Skalitis Wyshel Ven 19 Juin - 16:16

Alors que j’acceptais la proposition du maître, il m’adressa à son tour, un regard ahuri. Est-ce que c’était une mauvaise idée ? Peut-être. Est-ce que j’étais complètement folle ? Sans doute. Il ne manquerait plus que je fasse une bourde à se foutu dîner et que je me retrouve découpée en rondelles. Ça serait pratique pour partir à la recherche de Keshalgër tiens.

- J'ai tous les pouvoirs ici. Si je décide d'inviter mes esclaves à ma table, personne ne peut m'en empêcher. Je viens de te le proposer : c'est que j'en suis sûr.

J’ouvris la bouche pour répondre quelque chose mais, comme rien ne me venais en tête, je la refermais. Tout les pouvoirs. C’est vrai. Celui de me découper en morceaux aussi ? Non, non, pas selon les lois des esclaves. Il lui faut une raison valable. Cette idée me rassura à peine et je commençais à regretter :

1 : d’avoir accepter sa propositions
2 : de m’être mis en tête que c’était une bonne idée de m’approcher autant de lui.

Deux paires d’yeux qui se croisent et, d’un coup, le maître s’éloigna de moi. Je soupirais discrètement, soulagée. Il fallait vraiment que je me mette à réfléchir un peu plus au lieu d’agir de façon aussi spontanée. Je fronçais les sourcils. La spontanéité n’était pas ce qui me caractérisait d’ordinaire. J’étais Skalitis, l’esclave silencieuse. Je ne me faisais pas remarquer, je me pliais au ordre et ne sortais jamais des rangs. Si je commençais à laisser mes émotions prendre le dessus, je ne survivrais jamais.

- Allez. Suis-moi. Je ne sais pas l'heure, mais le repas doit être servi.


Le temps que je reprenne mes esprits, le maître était déjà à la porte. J’attrapais précipitamment mes affaires et sortis de la salle. Je fourrais le saut et serviettes dans les bras d’une servante qui passait avec un air plus que surpris. En soulevant mes jupes pour pouvoir marcher plus vite, je suivis le maître jusqu’à la salle à manger.

Je parcourais les murs du regard avant de les poser sur Alduis qui venait de tirer l’une des chaises avant de faire une petite révérence. J’hésitais un instant avant de venir m’asseoir, de plus en plus mal à l’aise. J’étais tout sauf une grande dame. Je portais des vêtements  propre mais usés, mes mains étaient pleine de cales à cause de mes années de travail en temps qu’esclave et de la terre se trouvait sous mes ongles parce que j’avais aidé le jardinier un peu plus tôt dans la journée. Être traitée ainsi devrait me rendre extatique pourtant je ne pouvais m’empêcher d’être méfiante.

Je finis par m’approcher d’un pas mal assuré et m’assis. Les huit autres couverts sur la table m’intriguaient. Pas les couverts en eux-même bien sûr mais je me demandais pourquoi on les avait mis. Le maître n’invitais pas souvent des gens et, mis à part se soir, je l’avais toujours vu manger seul. Alors pourquoi s’embêter à mettre tout ça en place ?

Je résistais l’envie de poser la question, forte de ma décision de ne plus agir inconsciemment et laissais mes pensées dériver sur la servante que nous avions croisé dans le couloir. Il y en aurait d’autre qui viendraient nous servir. Je me demandais comment est ce qu’ils réagiraient en me voyant ici. Des rumeurs seraient assurément lancé après tout ça. Les esclaves et servants du palais, comme tout groupe d’humains, appréciaient les rumeurs et les potins. L’une des plus jeunes des servantes s’était amourachée de l’un des gardes du maître et tout le monde la taquinait et la poussait à enfin lui faire sa déclaration.  Nos vies n’étaient pas du tout palpitantes et les ragots amenaient un certains piment dans notre train-train quotidien. Moi-même j’appréciais discuter avec les autres femmes sur ce qu’il se passait dans le château, imaginer différentes histoires autant d’amour que d’horreur et tout ce qui se trouvait entre deux. Et alors que mes yeux suivaient mon maître qui partait s’asseoir je me demandais quelle sorte de fable seraient créées à propos de nous.
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Message par Alduis de Fromart Lun 22 Juin - 11:07

Skalitis devait certainement autant regretter d'avoir accepté son offre qu'il regrettait de l'avoir proposée. À quoi avait-il pensé, bon sang ? Mais il était hors de question de faire marche arrière, désormais ! C'était ce qu'il se disait, tandis qu'il lui tirait la chaise pour qu'elle s'installe à table – avec quelques hésitations.

La méfiance planait dans la pièce. Bien sûr. Elle ne semblait pas à sa place. Et cela pour une raison simple : elle n'y était pas. Elle était esclave, elle n'avait rien à faire ici, à sa table. Elle aurait dû être avec les autres, dans leurs quartiers.

Qu'est-ce qu'il s'était imaginé ? Que ce serait moins pire de manger avec quelqu'un, même si cette personne ne disait pas le moindre mot ? S'il avait pu, il se serait maudit. Parce que c'était encore pire. Il se sentait encore plus seul. Même avec quelqu'un à la table, il mangeait en silence. Ce devait être une malédiction...

Il aurait donné beaucoup de choses pour savoir ce qui se passait dans sa tête, à cet instant. Il s'assit en face d'elle, réarrangea les couverts pour s'occuper les mains. Skalitis ne disait toujours rien, et lui non plus. Parce qu'il ne savait pas ce qu'il aurait pu demander. Il n'avait rien à dire à une esclave. Rien qu'il n'avait envie de partager avec elle, et rien auquel elle pourrait s'intéresser de toute manière.

- Tu n'as rien à dire ?

Les premiers domestiques amenèrent les plats. Quand ils virent la jeune femme, ils marquèrent une pause et une lueur de peur s'alluma dans leurs yeux. Ils craignaient pour elle. Pourtant, ils se reprirent bien vite et vinrent remplir les assiettes. Il s'agissait d'un faisan qui dégageait une odeur alléchante.

Alduis les regarda faire en silence. Dès qu'ils repartiraient, ils iraient raconter ce qu'ils avaient vu en cuisine, et les rumeurs commenceraient à courir. Alduis faisait tourner sa fourchette entre ses doigts depuis quelques secondes. Soudain, il la reposa un peu séchément et se redressa. Tant pis pour sa parole.

- Non, c'était ridicule. Tu peux aller manger aux cuisines.

Quel imbécile.

Il se planta devant la fenêtre, et ajouta :

- Et vous autres, reprenez tout. Je n'ai pas très faim, je ne mangerais pas ce soir, finalement.

Il appuya les bras sur le rebord de la fenêtre, sans se retourner, et baissa la tête en ajoutant :

- Laissez-moi tranquille.
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Message par Skalitis Wyshel Mar 30 Juin - 20:45

Un silence pesant régnait dans la salle et j’étais de plus en plus mal à l’aise. Je ne savais pas où poser mon regard et je trouvais incroyable comment quelque chose qui, par définition, ne faisait aucun bruit, pouvait être aussi assourdissant. Je suivi du regard le maître qui partait s’installer avant de bloquer sur le manège de ses mains avec les couverts. Était-ce parce qu’il était nerveux ou mal à l’aise ? Ou simplement un tic habituel ? Je n’en avais aucune idée mais je ma plaisais à penser que c’était plutôt la deuxième raison. Cela le rendait plus… humain ?

Cette pensée me mena à une autre : il devait se sentir seul non ? La moitié des gens, de ce que j’imaginais qu’ils pensaient, le craignait et préférait l’éviter. L’autre le haïssait. Et j’étais persuadé que le maître devait ressentir quelque chose à ce sujet. De toute façon seul un objet ne ressentait rien. Il était un être humain. Il ressentait forcément quelque chose. Je me demandais si sa solitude lui pesait. Il était encore jeune, de ce que je voyais, et il avait déjà beaucoup de responsabilités… Cela aussi ne devait pas être facile à vivre.

Non pas que je ressentais de la pitié pour lui. De toute façon, jamais je ne ressentirais ça pour qui que ce soit. La pitié était un sentiment inutile que je détestais recevoir. Surtout venant de personnes qui ne feraient pas un geste pour m’aider. Mon visage se crispa. Je gardais la tête baissée alors qu’une expression amer déformait mes lèvres.

- Tu n'as rien à dire ?

Ces paroles me firent redresser la tête, toute trace de grimace disparu. D’abord surprise je préférais me concentrer sur les domestiques qui venaient d’entrer. Leurs yeux passèrent du maître à moi et une lueur de crainte illumina leurs regards. Je leur adressais un sourire apaisant, tentant de les rassurer. Si le maître avait voulu me faire du mal, il n’aurait pas attendu aussi longtemps. Après tout il avait eu un nombre incalculable d’occasion aujourd’hui.

Mon ventre gronda alors que l’odeur alléchante de la viande me parvenait et je ne pus m’empêcher de regarder le faisan avec envie. Je n’avais jamais eu l’opportunité de manger quelque chose comme ça et je devais avouer que, juste pour ça, je me félicitais d’avoir accepté la proposition du maître.

- Non, c'était ridicule. Tu peux aller manger aux cuisines.

Le son sec du métal contre le bois et le maître qui venait se redresser soudainement me surprirent et, par réflexe, je plaquais mon dos contre le dossier de ma chaise, tentant de me faire la plus petite possible. J’observais Alduis qui se planta devant la fenêtre avec un regard plein de crainte et de surprise mêlée.

- Et vous autres, reprenez tout. Je n'ai pas très faim, je ne mangerais pas ce soir, finalement.

Trop abasourdie, je ne bougeais pas et laissais les domestiques se précipiter vers la tables pour commencer à débarrasser.

- Laissez-moi tranquille.

Pour une raison que je ne compris pas, cette dernière phrase me fis enfin réagir. Je me redressais d’un coup, faisant désagréablement crisser la chaise sur le sol. J’eus droit à des regards ébahis de la part des servants, peu habitués à des mouvements brusques venant de ma part, mais ils déguerpirent tous bien vite. Les mains sur les hanches et les sourcils froncés je devais ressembler à ma mère. À cette pensée, un petit sourire adouci mon visage et je trouvais le courage de prononcer mes prochains mots :

-Vous ne comptez pas manger ?

Malgré l’air sévère que je tentais de me donner, je ne parvenais pas à cacher mon inquiétude.

-Vous savez qui si vous tombez malade parce que vous ne vous nourrissez pas assez, ce sera à nous de nous occuper de vous ?

A ce point là, je commençais à me dire que faire la morale au maître n’étais peut-être pas une très bonne idée. Tant pis. Je plissais les yeux, essayant de prendre un air menaçant. Mouais. Je devais être aussi menaçante qu’un lapin face à un loup.

-Non pas que nous ne le ferions pas mais ce sera une charge de travail en plus. Et je vous promets que ça sera un véritable enfer autant pour vous, que pour nous.

Sur ces sages paroles je me préparais intérieurement à signer mon arrêt de mort. Et à rédiger mon testament. Quoique… Cela ne servait à rien vu que je ne possédais rien. Et je n’avais pas non plus de personne à qui léguer quoi que ce soit. Ni famille ni enfants. À nouveau, un sourire se posa sur mes lèvres. Sauf que celui ci était bien plus amer et mes pensées ne m’apportèrent aucun courage. Finalement je lâchais un soupir, mon regard toujours posé sur le maître, et je croisais les bras sur ma poitrine, attendant sa réponse.
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Message par Alduis de Fromart Ven 3 Juil - 20:56

Alduis regrettait à tel point sa proposition. Demander à une esclave de manger à sa table. Mais quel imbécile. vraiment. Que s'était-il imaginé ? Qu'elle allait se montrer bavarde, qu'elle se mettrait à l'aise ? Bien sûr que non. Elle était une esclave, et lui, il était son propriétaire. Point.

Maintenant, il voulait juste qu'ils le laissent. Tous. Elle y compris. Il n'avait pas faim. L'odeur de la nourriture, qui aurait alléché n'importe qui, le révulsait. Il regardait dehors, pensivement, en attendant que les pas s'éloignent et que la porte se ferme. Pourtant, il ne se passa rien.

Sinon un immense, un désagréable grincement de chaise sur le sol. Skalitis venait de se redresser brutalement et il l'imaginait très bien, dans son dos, les mains sur les hanches. Il n'aurait pas pensé qu'elle ose quelque chose comme cela. Jamais.

Les deux serviteurs déguerpirent aussitôt, sûrement effrayés par ce qu'ils imaginaient être sa réaction. Mais ils ne faisaient qu'imaginer, puisqu'il ne fit rien. Personne ne le connaissait. Il lui avait juré de ne pas lui faire du mal et il tiendrait sa promesse. Une parole donnée se devait d'être une parole honorée.

Alduis resta donc de dos.

- Non, je ne compte pas manger, répondit-il froidement, sans s'étendre davantage. Je viens de le dire, je n'ai pas faim. Mais si tu as peur que cela se perde, rien ne t'empêche de l'emmener et de le manger, toi.

Pourtant... la suite ne fut pas telle qu'il l'attendait. Décidément, cette petite esclave avait le don de le surprendre. Depuis quand était-il devenu aussi sentimental ? Il n'aurait jamais cru que...

Il se retourna vers elle, sourcils froncés, le regard perdu. Mais elle ne semblait pas se moquer de lui. Chose qui le déstabilisa encore plus. Alors elle était sérieuse ? Ce qui la préoccupait, ce n'étaient pas les restes, c'était qu'il tombe malade ? Pourquoi... ?

- Personne ne vous a demandé de me soigner si je tombais malade. Et certainement pas moi. J'ai des esclaves pour faire le ménage et la cuisine, mais pas pour s'occuper de moi.

Il eut un sourire mauvais.

- Skalitis, enfin. Je suis peut-être l'un des pires maîtres qu'un esclave puisse avoir envie. Et puis, si je tombe malade...

Il secoua la tête.

- Jamais je ne me laisserais dépérir.

Pour devenir plus inoffensif qu'un vieillard à même pas trente ans ? Il avait vu des gens malades et condamnés. Il ne le permettrait jamais. Il fit quelques pas en avant et expliqua en faisant un tour de table, laissant ses doigts effleurer le bois de la table.

- Ma mère est morte ainsi. Je l'ai vue pâlir chaque jour un peu plus au fond de son lit, au milieu de ses beaux draps brodés. Je l'ai vue devenir plus maigre, plus faible, à chaque heure qui passait. J'ai vu la vie s'échapper de ses yeux jusqu'à ne laisser là qu'une femme diminuée telle une vieillarde. Je l'ai vue devenir l'ombre de son ombre.

Il fit une pause. Oui, il la revoyait encore même vingt ans après. Enfoncée dans les édredons et les oreillers, pâle comme le jour, si faible qu'elle ne pouvait plus boire seule.

- Alors non. Jamais, tu m'entends ? Jamais je ne finirais comme cela. S'il le faut, je m'enfoncerais un couteau dans le ventre. Mais je mourrais en étant moi-même. Et pas juste mon ombre.

Il n'avait pas peur de la mort.

Et il le ferait.

Sans hésitation.
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