-20%
Le deal à ne pas rater :
-20% Récupérateur à eau mural 300 litres (Anthracite)
79 € 99 €
Voir le deal

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé]

Aller en bas

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Empty [Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé]

Message par Eldred Kjaersen Mer 23 Sep - 17:27

TRIGGER warning violence, sang, description de scène de guerre:

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Tumblr_pw38n3Czv21y964rko1_250
Eldred, 19 ans


Quelque part dans les terres reculées de Zakros,

La forêt de résineux s’étendait à perte de vue. Les aiguilles d’un vert sombre semblaient capturer chaque rayon de soleil qui tentait de pénétrer leurs frondaisons. Au sol, les plus chanceux s’écrasaient sous la forme d’une tache de lumière crue, parsemant les broussailles d’or.
Eldred était tapi dans un fourré. Il leva les yeux vers la cime des arbres : des branches mortes et décharnées des sapins, pendaient de longs filaments de lichen d’un vert argenté. Un sourire s’étira sur son visage grimé : les monbriniens devaient sans doute la trouver bien inhospitalière, mais lui, la trouvait mystique.

L’été battait son plein sur les terres sauvages de Zakros. Le sol marécageux était humide à souhait, les moustiques pullulaient, de même que ces satanés mouches piqueuses qui le harcelaient. Il y avait dans l’air un vrombissement constant qui avait de quoi agacer, pourtant le guerrier restait parfaitement immobile. Il savait qu’ils allaient venir. Qu’ils allaient apparaitre d’un instant à l’autre, ces maudits envahisseurs.

D’après les informations, deux compagnies se dirigeant vers Efjaborg, une place forte située plus au nord, ne devaient plus tarder à apparaitre. Ils étaient 350 zakrotiens dissimulés dans les fourrés. Prêt à se jeter sur l’ennemi dans ce bourbier qui limiterait leur mobilité. Eldred n’attendait plus qu’un signe de Alsbjorn, le chef des opérations pour se lancer sur l’ennemi qu’il commençait tout juste à discerner entre les branchages épineux.

Zakros ne voulait pas d’eux. Leurs chevaux s’embourbaient dans le sol spongieux. L’eau les rendait malades. Les insectes aussi. Que venaient-ils donc les déranger dans ce pays qu’ils semblaient pourtant abhorrer ?! Ici, il n’y avait pas de terres fertiles, que des landes pauvres. Ici, il n’y avait pas de riches minéraux, uniquement des marais insalubres. Alors que venaient-ils faire ici dans cette forêt impénétrable qui respirait bon l’air des dieux nordiques ?

Cela faisait déjà un an que les monbriniens avaient décidé de faire leur, cette portion sauvage du nord du continent. Un an qu’ils avaient décidé de « civiliser les barbares » une bonne fois pour toute. Un an, qu’ils pillaient, brûlaient, ravageaient chaque village qu’ils croisaient. Un an qu’ils les affamaient l’hiver. Alors qui était les barbares lorsqu’on laissait mourir de faim tout un peuple ? Qui était ce prétendu Dieu imposteur plein de bienveillance qu’on leur imposait et qui tolérer de pareilles cruautés ? Eldred cracha par terre.

A l’automne dernier, c’était son village qu’on avait incendié. Champs, forêts et maisons comprises. Il n’en était plus resté qu’un tas de cendres. Toute une vie réduite à l’état de cendres en l’espace de quelques heures. Il n’avait rien pu sauver. L’hiver arriva et ils n’avaient plus rien à se mettre sous la dent. Rien d’autres que quelques racines, glands, et les bons jours, un peu de viande ou de poisson. Eldred s’était privé sans la moindre hésitation pour sa femme et sa fille. Mais la faim qui l’avait tenaillé n’avait rien été face à la maladie qui avait finalement emporté la petite Sigrun d’à peine deux ans. Six mois plus tard, le souvenir de ce petit corps brûlant de fièvre devenu subitement froid comme la glace, hantait encore ses jours et ses nuits. Elle avait chaussé ses petites chaussures pour Hel, le royaume souterrain qui ne connaissait rien d’autre que le permafrost. Elle n’aurait jamais la chance, ni l’honneur de gagner sa place au Fólkvangr ou Valhöll. Il ne la reverrait peut-être jamais.

Tout était de leur faute. Tout était de la faute de ces maudits monbriniens.

Tant qu’il vivrait, il se battrait.
Tant qu’il vivrait, il se vengerait.
Dans son cœur désolé,
Jamais ne s’éteindrait
Le désir de liberté.
Eldred Kjaersen
Eldred Kjaersen
Prisonnier de guerre / esclave

Fiche perso : Fiche
PNJ
Liens et RPs : Journal
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Kalisha de Monthoux / Coldris de Fromart / Bérénice d'Aussevielle
Messages : 563
Date d'inscription : 26/12/2019
Age : 32

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Empty Re: [Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé]

Message par Alduis de Fromart Mer 23 Sep - 21:49

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] 16_ans
~ Alduis ~ 19 ans ~

Foutu pays de malheur.

Des semaines qu'ils progressaient dans ces terres humides et infestées de moustiques. Ces derniers ne leur laissaient pas une seconde de répis. Ils les harcelaient, sans cesse, et ils avaient beau les chasser, cela ne les écartaient jamais plus de deux secondes... S'ils avaient de la chance.

Des semaines qu'ils rasaient chaque village qui se trouvait sur leur passage, qu'ils pillaient les maisons et massacraient les populations qui se dressaient pour protéger leurs enfants. Sans aucune pitié.

Déloyale.
C'était ce qu'était cette guerre : une saloperie gangrenée de guerre déloyale.

Ce qu'il aimait, lui, c'était voir son ennemi en face de lui, et de savoir que l'un des deux devrait mourir… et que ce ne se serait pas lui. Quel était donc cette nouvelle mode, qui consistait à mâter l'ennemi en violant les femmes, en égorgeant les enfants et en brûlant les récoltes ? Quel fierté y avait-il à cela ? Strictement aucune.

Il ne s'était pas engagé pour cela. De mépris, il cracha par terre et attrapa au vol un moustique qui revenait trop près de son visage. Il écrasa le nuisible entre ses doigts.

À chaque pas, leurs bottes s'enfonçaient dans la terre gorgée d'eau, parfois jusqu'aux chevilles. Ils relevaient les pieds dans d'affreux bruits de succion. Combien de fois l'un d'eux l'un d'eux avait-il failli abandonner sa chaussure tant elle s'était enfoncée ? Les quelques chevaux s'embourbaient autant qu'eux, et les cavaliers étaient forcés de marcher à côté.

Combien de distance restait-il à parcourir avant de rejoindre ce fameux point ? Même pour lui, les jours commençaient à se ressembler. Les heures s'étiraient, les marches duraient, les jurons fusaient ci et là. Et les moustiques attaquaient, tels une seconde armée d'ennemis à vaincre.

Mais les vrais ennemis, eux, restaient introuvables. De véritables fantômes.

Une saloperie de guerre déloyale.

Où les ennemis préféraient se cacher pour mieux les attaquer quand ils ne s'y attendaient pas.

Ce n'était même pas une guerre. Répugnant.

Alduis tira sur son pied pour le tirer de la boue avec un grognement sourd quand… un frisson remonta sa colonne vertébrale. Il suspendit son pied en l'air. Fronça les sourcils. Sa nuque le picotait, comme il venait d'entrer dans un autre monde. La pression de l'air était différente, comme si tout à coup, leur groupe avait doublé.

Il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. En fait… Il fit un lent tour sur lui-même. C'était trop calme, l'atmosphère était pesante, comme si… les plantes respiraient. Lentement, ses mains descendirent à sa ceinture. Il toucha ses couteaux.

Ses muscles se tendirent. L'adrénaline se diffusa dans ses veines, sensation aigre-douce. À la fois terriblement enivrant et terriblement écoeurant. Il eut un sourire sombre

Là.

Ils étaient là, ces chiens, tout autour d'eux. Planqués comme des traîtres, de misérables traîtres.
Alduis de Fromart
Alduis de Fromart
Aristocratie

Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Empty Re: [Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé]

Message par Eldred Kjaersen Jeu 24 Sep - 14:40

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Tumblr_pw38n3Czv21y964rko1_250
Eldred, 19 ans
musique:

Ils étaient là. Ils approchaient. Eldred ne les discernait pas complètement encore mais il les entendait.

Leurs jurons agacés.
Leurs pas glissants.
La boue gluante.
Le hennissement des quelques chevaux.
Le cliquetis des boucles.

Des élans sur une rivière gelée d’automne

Les moustiques vrombissaient toujours. L’un d’entre eux se posa dans le cou d’Eldred, l’une des rares parcelles de peau nue, mais il ne bougea pas d’un pouce. Son visage était couvert de peintures de guerres noires, faites d’un mélange de boue et de charbon. De ses yeux charbonneux, partaient de longues lignes noires qui descendaient jusqu’à sa mâchoire. Du bout de son nez, une autre ligne suivait son arrête nasale jusqu’à son front, où elle formait deux flèches empilées l’une sur l’autre : la rune de la victoire. Elle s’élevait jusqu’à la terre des dieux, comme pour invoquer l’énergie divine d’accompagner ses gestes. Asgard, la terre qu’il foulerait un jour en se rendant au Valhöll.

Eldred les observa s’avancer sur le chemin sans émettre un son. Sa main droite, s’enroula autour de la poignée de son épée. Ce n’était plus qu’une question de seconde désormais.

Tiwaz La rune de Tyr.
Dieu de la justice, de la guerre honorable et des serments.
C’était ce qu’était cette bataille : le bras armé de la justice, l’exécution d’un serment proféré il y a plusieurs mois de cela. Plus que jamais, le guerrier se sentait habité pleinement de la puissance que lui conférait ces runes. Les lignes noires qui se poursuivaient sur tout son corps ainsi que le long de ses bras jusqu’à ses doigts n’étaient rien d’autres qu’un vaste réseau dans lequel il puisait une énergie mystique. Aujourd’hui, il n’avait pas l’impression d’être seul.

Tyr guiderait son épée,
Odin lui offrirait la clairvoyance,
Thor lui donnerait la puissance dont il avait besoin pour les pourfendre.

Dans le bois, les oiseaux s’étaient tus. Les aiguilles de sapins s’agitaient sans le moindre son sous la brise d’été. De là où il était, il pouvait entendre la respiration de l’un des soldats qui marchait sans même le voir. Ses doigts se serrèrent autour de la soie brune de son épée. Chacun de ses muscles étaient tendues. Il n’attendait plus que ce discret signe d’Alsbjorn.

Une question de seconde…

Les yeux rivés sur le buisson voisin, il attendait. Ses orteils fourmillaient.
Et soudain, il le vit. Cet index.

- VALHALLAAAAAAAAAA

Il poussa un terrifiant hurlement, bondissant hors de sa cachette, conjointement avec les trois cents cinquante autres guerriers qui l’accompagnaient.
Sans la moindre hésitation, il planta sa lame dans l’abdomen du premier barbare qui se trouvait face à lui et qui s’écroula aussitôt.

S’enfoncer dans les rangs ennemis.

Armée de son épée courte à une main baptisé Fjörsbítr – Mord-vie - et de son bouclier rond recouvert d’un cuir de génisse tanné, il s’élança dans la mêlée, se frayant un chemin tant à coups d'acier que de bois.

Le sol était glissant. Mais il y était habitué.
Les monbriniens étaient en surnombre. Mais il n’avait pas peur : les Dieux étaient de leur côté.
Ils vaincraient.

Eldred fit volte-face et trancha une gorge qui s’approcha de trop près avant de pivoter à nouveau pour parer un coup qui s’écrasa dans un bruit sourd sur le bois. Il se baissa et trancha les jarrets qui passait sous sa défense. L’homme s’écroula aussitôt dans la boue, les autres lui marchèrent dessus, bien trop contents d’avoir un sol moins mouvant sous leurs semelles pour combattre. Les soldats glissaient, tombaient et se faisaient massacrer.

Des détonations.
Les arquebusiers.

Jǫtnahreðr !

Eldred cracha au sol de dégout avant d’envoyer le pommeau de Fjörsbítr dans l’œil d’un soldat. Evidemment que ces foutus arquebusiers de merde étaient là ! Ces traitres ne savaient pas se battre honorablement ! Ils préféraient piller leurs villages, violer leurs femmes, et incendier leurs champs. Ils préféraient les canarder de plomb à distance, bien à l’abri que d’affronter l’ennemi et la mort en face.

Il poussa un hurlement venu du fin fond de ses entrailles et se jeta sur trois hommes qui s’approchaient dangereusement d’Ingvar. Ces fils de troll… Il les tuerait jusqu’au dernier ! Qu’importe s’il devait y laisser la vie. Il en emmènerait autant que possible avec lui. Eldred reçu un violent coup au visage et la saveur ferreuse du sang se répandit dans sa bouche. Galvanisé par sa blessure, il fracassa sa lame contre un crâne qui passait là avant de poursuivre sur un bras qui tentait de l’atteindre.

L’écho du fer, les cris, les cliquetis… Il n’y avait plus qu’un immense chaos. Son champ de vision s’était réduit au strict minimum, tous ses sens se concentraient sur les sensations qu’il ressentait.

Un courant d’air, une intuition, un changement de pression… Et son corps entier se mouvait avant qu’il n’ait eu le temps de lui ordonner ou même de comprendre ce qu’il se passait. Son armure de cuir bouilli et de fer était maculée de sang. Il ne savait même pas si c’était le sien ou uniquement celui de ses ennemis. Il n’y prêtait aucune attention. Tout ce qui l’intéressait était d’en tuer le plus possible et de survivre aussi longtemps qu’il le pourrait.

Durant un infime instant de calme, il osa lever la tête au-dessus de la mêlée. Où était Byrnja ? Où était-elle ?! Et soudain, il l’aperçut, le visage taché de sang, sa belle tresse d’or, volant derrière elle, alors qu’elle pivotait.

Un sifflement.
Une brulure dans son cou.
Le son sec d’une balle qui venait de s’écraser contre un tronc voisin.

Il n’avait pas le temps de vérifier les dégâts. Il le saurait bien assez tôt et il replongea dans la mêlée humaine, le souffle rauque. Bouclier devant lui, épée au dessus, il enfonça les rangs, taillant une brêche dans la masse dense de chairs monbriniennes qui se dressait devant lui. Derrière lui, quelques guerriers s’y engouffrèrent, veillant sur ses arrières.

Combien des siens étaient encore debout ?

Il acheva un malheureux tombé à terre tandis qu’une lame s’enfonçait dans l’œil de l’un des zakrotiens...
Eldred Kjaersen
Eldred Kjaersen
Prisonnier de guerre / esclave

Fiche perso : Fiche
PNJ
Liens et RPs : Journal
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Kalisha de Monthoux / Coldris de Fromart / Bérénice d'Aussevielle
Messages : 563
Date d'inscription : 26/12/2019
Age : 32

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Empty Re: [Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé]

Message par Alduis de Fromart Ven 2 Oct - 18:07

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] 16_ans
~ Alduis ~ 19 ans ~

Alduis ne les voyait pas. Mais il les sentait. Cachés dans la végétation, attendant le bon moment pour jaillir. Il devinait leurs souffles infimes, la tension dans leurs muscles, la colère qui consumait leurs cœurs des mêmes flammes ravageuses.

Le temps se suspendit un temps, une micro-seconde, où tout fut calme. Ce fut comme une mini-déflagration dans l'univers, qui signait la transition irrévocable entre une journée somme toute calme et la boucherie qui se préparait. Car c'en était une, bien sûr. Alduis porta la main à son épée, il ferma les yeux pendant cette brève seconde pour savourer la douce chaleur qui venait titiller ses terminaisons nerveuses. Son cœur battait, drainait le sang en lui. La guerre, la vraie, celle où les ennemis cessaient d'être des formes sans visage, était là. Elle enflait comme un grondement sourd, menaçant, et les chevaux, pressentant dans quelle tragédie ils étaient pris, piaffaient.  Mais rien n’aurait su modifier l’échéance.

Alduis prit une grande inspiration. Pile à l'instant où le silence vola en éclats. Les zakrotiens jaillirent de tous côtés dans un immense hurlement guerrier. C'était le signal qu'il attendait. Il dégaina son épée en un clin d'œil, fit volte-face et empala celui qui se jetait sur lui. Alors seulement, tandis que l'homme produisait un dernier gargouillement inintelligible, la garde ensanglantée dépassant de son ventre, Alduis rouvrit les yeux. Il planta son regard bleu au fond des prunelles du mourant, aussi perçant et implacable qu'un aigle. Aussitôt après, il repoussait le corps du pied pour le défaire de sa lame. Le zakrotien n'avait même pas touché le sol qu'Alduis s'était déjà détourné.

En l'espace de dix secondes, la panique submergea les monbriniens. Ceux qui étaient le plus aux bords tombèrent sans avoir eu le temps de réaliser ce qui se passait. Les autres mirent quelques secondes avant de retrouver leur capacité de mouvement. Bientôt, tout ne fut plus qu'un immense brouhaha, de cris, de heurtements métalliques, de hennissements. Un capharnaüm qui submergeait les sens des soldats... et qui décuplait les siens.

C'était ainsi, à chaque fois. Plus Alduis saignait, plus il se sentait puissant, plus l'envie de vivre se faisait prenante, ... et plus il devenait dangereux. Il trancha une gorge-là, fit trébucher un autre ici qu'il garda immobilisé au sol, le pied sur sa trachée, le temps de s'occuper d'un troisième avant de lui enfoncer sa lame en plein cœur. Et de se tourner vers ses prochains assaillants. Parfaitement calme.

Son esprit était vide. Il n'y avait pas une ombre d'hésitation en lui, pas une once de peur. Juste une froide détermination : il n'allait pas mourir aujourd'hui. Et ceux qui s'attaquaient à lui, en plongeant ses yeux dans les siens, comprenaient qu'ils avaient déjà perdu. Alduis avançait, corps après corps, homme après homme, zakrotien après zakrotien, sans que jamais la moindre lueur ne vienne allumer ses yeux bleus glacés.

Il tuait, au sens le plus strict du terme, il visait le cœur. C'était un ballet infini de mêmes gestes : trancher, enfoncer, retirer, repousser le corps, l'enjamber. Recommencer. Il y avait quelque chose de mortel qui se dégageait de lui, et c'était cette même chose qui lui ouvrait un chemin à travers la masse humaine.

Une salve résonna dans l'air. Les arquebusiers. Cette arme qu'Alduis avait décidé de ne jamais toucher de sa vie. Quel intérêt, si on ne sentait pas la peau se fendre sous la lame ? Si on ne voyait pas celui que l'on tuait ? À la guerre, on ne tuait pas à distance. Pas quand on avait un honneur.

Autour de lui, c'était l'hécatombe. Les combattants des deux camps tombaient, s'entassaient à leurs pieds. Dans un bref moment de répit, Alduis acheva un monbrinien qui tendait les mains vers lui, la bouche en sang, les viscères à l'air libre. Et passa à la suite.

Il avait du sang partout, jusque dans ses cheveux, et c'était tout juste si même ses dents n'en avaient pas été éclaboussées. Le sien, celui des ennemis ou des alliés... Quelle différence cela faisait-il ? Ses muscles chauffaient agréablement, ils rappelaient leur existence. Plus les minutes passaient, plus sa respiration accélérait. Ses poumons s'emplissaient, se vidaient, encore et encore.

Il sentit un courant d'air derrière lui. Une présence dans son dos. Il ne s'était pas retourné. Il n'en avait pas le temps. Il s'était juste écarté, pile à temps. L'arme siffla à son oreille, et une vive douleur lui traversa la tête. Alduis ne prit pas le temps de comprendre. Il n'y avait rien au sol, alors son oreille était encore là. C'était tout ce qui lui importait.

Impitoyable, il coupa la main qui tenait l'arme, et avant que le moindre cri ait pu franchir les lèvres ensanglantées de son adversaire, sa carotide déversait déjà un flot carmin.
Alduis de Fromart
Alduis de Fromart
Aristocratie

Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Empty Re: [Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé]

Message par Eldred Kjaersen Ven 2 Oct - 18:18

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Tumblr_pw38n3Czv21y964rko1_250
Eldred, 19 ans

Depuis combien de temps se battait-il comme une furie ? Dix minutes ? Quinze minutes ? Une demi-heure ? Il n’en avait pas la moindre idée si ce n’était l’état du sol sur lequel de plus en plus d’hommes de tous camps s’entassaient.

Comme si la boue ne suffisait plus, il y avait désormais un mélange d’entrailles et de sang poisseux qui venait se mêler à la terre humide et glissante. Eldred dérapa et tomba à terre. Il roula pour éviter l’épée qui s’abattait droit sur lui et se retrouva nez à nez avec un regard morne et hagard qui le fixait. Aussi vite que possible, il essaya de se relever mais un monbrinien blessé lui attrapa la cheville, le faisant chuter de nouveau au milieu des corps sans vie. D’un coup réflexe, il lui enfonça sa lame dans la gorge et se dégagea. Au-dessus de sa tête un bouclier apparut et para le coup qui lui était destiné. Il remercia son compagnon d’un bref geste et pivota, déchirant au passage un abdomen qui déversa un sac de nœud et de merde.

Ce n’était pas une bataille. C’était une boucherie.

Une belle boucherie.

Le sol impropre à un affrontement pénalisait un camp comme l’autre. Si les guerriers du nord avaient l'avantage, ils le devaient sans doute à l'effet de surprise et à la ferveur qui les animait. Chacun d'entre eux se battaient pour sa liberté et pour son peuple. C’était pour ne plus subir les pillages et les assassinats qu’ils enfonçaient jusqu’à la garde leurs épées.

Parce qu’ils étaient persuadés d'avoir les Dieux avec eux et que cette bataille n’était rien d'autre qu'un ersatz du Ragnarök qui les attendait au crépuscule de la nuit des temps, ils combattaient avec une hargne décuplée.

Fjörsbítr se courba avec une flexibilité impressionnante en heurtant une plaque d'armure ennemie. C’était une pièce remarquable. Fine et légère mais robuste et flexible. Une lame en acier damassé qu'il avait forgé avec son Maître le jour de ses dix huit ans. Lorsqu’on lui avait tendu le précieux minerai, il avait posé un regard émerveillé sur le lingot argenté. Seul les Jarl et les guerriers les plus fortunés pouvaient se permettre le luxe d’une lame de cette qualité. Sa création avait nécessité des dizaines d’heures d’un travail acharné et il en était très fier. Il repoussa son adversaire d’un coup de bouclier pour l’étourdir avant de faire pénétrer l’acier dans sa chair en poussant un long cri de rage salvateur.

Il haletait. Ses muscles tétanisés commençaient à trembler sous l’effort ininterrompu. L’adrénaline rugissait dans ses veines et il n’était plus que son pantin, taillant, piquant déchiquetant chaque corps qui lui tombait entre les armes. Il n’avait plus réellement conscience de son environnement. Tous ses sens étaient désormais brouillés. Son instinct de survie avait pris les commandes guidé par son désir sanglant de vengeance.

La défaite n’était pas une option.

Il régnait une atmosphère pesante et moite en cet fin d’après-midi. Sous son armure, il sentait la sueur qui lui collait à la peau. L’air ambiant était chargé de cette humidité qui alourdissait chacun de ses mouvements, accentuant un peu plus chaque minute la fatigue. Le ciel s’était obscurci et le champ de bataille était désormais plongé dans une semi obscurité accentué par la canopée.

Les hennissements terrifiés des chevaux se mêlaient aux cris des hommes dans un concert qu’il n’écoutait plus depuis bien longtemps. Ce ne fut que lorsque l’un de ces sons équins s’était rapproché dangereusement de son oreille, passant subitement de l’arrière-plan au premier plan, qu’il nota avec stupeur le cavalier qui fondait droit sur lui, renversant ennemis et piétinant corps morts et vifs. Eldred ne parvenait pas à détacher son regard de celui, exorbité d’effroi, du palefroi baie aux naseaux écumants qui le chargeait. En quelques secondes à peine, il se trouva à moins de cinq mètres de lui. Sans plus attendre, il lâcha son bouclier pour saisir sa hache de jet qu’il envoya se ficher en plein dans le poitrail de l’animal, le stoppant net dans sa course. Le guerrier se jeta à terre sans attendre, roulant et récupérant son bouclier tandis que la monture trébuchait sur son avant main dans un cri d’agonie, éjectant son cavalier. Il n’eut guère le temps de s’appesantir sur le macabre spectacle, que l’éclat brillant de l’acier attira son regard juste à temps pour parer le coup. Les lames chantèrent sans pouvoir se détacher. Il croisa le regard de ce monbrinien déterminé juste avant qu’une lame ne ressorte par sa gorge dans un gargouillis grotesque, le laissant retomber inanimé au milieu de ses compatriotes. Derrière, un nouvel assaillant enfonça son épée entre les homoplates du guerrier nordique qui venait tout juste de le défendre. Il s’écroula sans qu’Eldred n’ait eu le temps d’intervenir, tenant toujours fermement son arme entre ses doigts serrés. Eldred le regarda mourir, le sourire aux lèvres.

- Valhaaaallllaaa hurla-t-il à nouveau avant de se jeter sur le premier homme qui se trouvait à sa portée.

Ses yeux bruns pétillaient d’une furieuse rage. Il éventra un soldat, en transperça un autre, puis tailla un troisième, avant de faucher les mollets d’un quatrième qui tentait de fuir en hurlant ; et il continua ainsi sans le moindre répit de longues minutes durant. Il n’était plus qu’un démon sur le champ bataille. Il se sentait comme possédé. Son corps était animé d’une volonté qui le dépassait. Il embrassait la mort et la puissance que conférait l’acier entre ses mains avec une profonde jouissance.

Il profita d’un court répit pour reprendre son souffle et se retourna pour apercevoir les siens. Il jugea les cadavres qui s’amoncelaient faces contre boue entre les arbres d’un insolent calme : il y avait plus de ces chiens de monbriniens que de zakrotiens, mais il constata avec effroi que le nombre de ses frères d’armes avaient drastiquement diminué. Ce soir, les valkyries faucheraient les âmes des guerriers vaincus par dizaine. D’ailleurs où était Byrnja ? Il ne voyait plus sa jolie tresse dorée ni ses yeux d’azurs cerclés de jais. Son cœur se serra soudainement. Mais il n’avait pas le temps de s’inquiéter. Pas maintenant alors qu’on tentait de profiter de son inattention pour lui empaler le cœur. Il leva juste à temps son bouclier et l’arme s’écrasa contre le bois dur dans un son sec. Eldred envoya un coup de pied et profita de cet instant de déstabilisation pour le prendre à revers et viser le cœur en passant sous son aisselle.

La sueur – ou était-ce du sang ? – qui perlait, collait ses cheveux contre son front avec de venir ruisseler le long de ses joues. Il essuya d’un rapide revers de la main son visage avant d’affronter un nouveau belligérant.

Ce fut alors qu’il remarqua ce monbrinien aux cheveux d’orge maculés de sang qui exécutait froidement tous les zakrotiens qu’il rencontrait.

Proprement.
Implacablement.
L’un après l’autre.

Si cette scène était une boucherie, il en était incontestablement l’abatteur. Comment pouvait-on mettre aussi peu de sentiments et d’émotions dans une bataille ? La lame d’Eldred pénétra une cuisse par pure réflexe tandis que son autre bras parait un coup en levant son bouclier. Son regard ne quittait plus le soldat qui agissait mécaniquement. Il cracha par terre de dégoût et se rua sur lui, éjectant tous les hommes qui se dressaient en travers de sa voie.

La tornade sauvage se fraya un chemin jusqu’au boucher et leva son arme juste au-dessus de son bouclier. Il croisa son regard de glace avant de la charger dans un cri guttural.
Eldred Kjaersen
Eldred Kjaersen
Prisonnier de guerre / esclave

Fiche perso : Fiche
PNJ
Liens et RPs : Journal
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Kalisha de Monthoux / Coldris de Fromart / Bérénice d'Aussevielle
Messages : 563
Date d'inscription : 26/12/2019
Age : 32

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Empty Re: [Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé]

Message par Alduis de Fromart Sam 17 Oct - 17:04

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] 16_ans
~ Alduis ~ 19 ans ~

Le sang le recouvrait des pieds à la tête. Il n’y avait pas un centimètre de peau qui n’avait pas été épargné. L’humidité mélangée à l’odeur saturante du fer transgressait l’air, tant et si bien que chaque respiration donnait l’impression de boire de grandes goulées de sang.

L’hémoglobine coagulait dans ses cheveux et les colmatait ensemble plus efficacement que n’importe quelle colle. Sous ses doigts, sa garde glissait de plus en plus et il devait resserrer la pression à chaque minute pour l’empêcher de lui échapper et sans cesse réajuster sa prise. Il serrait si fort que ses phalanges donnaient l’impression de ne plus jamais devoir lâcher son arme.

Sa respiration accélérait de plus en plus.
Son épée pesait de plus en plus lourd.
Ses muscles tétanisaient.
Son corps tout entier criait grâce.

Mais Alduis ignorait les signaux d’alarme. Il ignorait le sang qui formait un voile rouge devant ses yeux et la douleur qui tirait dans ses épaules.

C’était aujourd’hui.
Aujourd’hui ou jamais qu’il fallait vivre.

Il expira brusquement en enfonçant furieusement sa lame dans un torse. Il jura entre ses dents serrées, cracha la salive qu’il ne parvenait pas à avaler.

Il...
Sa lame tailla verticalement dans une chaire.
... n’allait…
Se planta entre deux côtes.
... pas …
Trancha un bras au niveau du coude.
... mourir.

Il envoya un grand coup de pied dans les testicules du zakrotien qui lui faisait face.
Pas aujourd’hui !

L’homme se plia en deux ausstiôt. Alduis en profita pour le décapiter. La tête alla rouler deux pas plus long, au pied d’un monbrinien, lequel l’envoya valser plus loin d’un coup de pied pour dégager la voie devant lui.

Alduis n’eut pas le temps de reprendre sa respiration. Les zakrotiens ressemblaient à un flot ininterrompu. Quand il en tuait un, deux venaient aussitôt le remplacer. Il fit un pas en arrière… mais son pied s’enfonça brutalement dans une matière molle et chaude, dans un bruit de craquement et de succion écoeurant. Il baissa les yeux un bref instant. Sa botte disparaissait jusqu’à la cheville dans le ventre ouvert d’un cadavre. La cage thoracique venait de céder sous son poids.

Le mort était méconnaissable. Il avait les yeux grands ouverts, le thorax défoncé, les boyaux à l’air libre, le visage écrasé et démantelé, la peau avait déjà la teinte grisâtre de ceux que la vie a quitté depuis un moment.

Alduis para juste à temps un coup. Puis un deuxième et un troisième dans la foulée. Soudain, son assaillant disparut de sa vue et s’écrasa au sol. Sans chercher à comprendre, il en profita pour donner un grand coup d’épée dans le corps et dégager son pied des viscères.

Il secoua la jambe machinalement pour se débarrasser des derniers bouts d’intestin récalcitrants et releva les yeux. Pour tomber face à des cheveux roux connus, que le sang assombrissait à peine et des yeux brillants d’une ferveur quasi-exaltée. Les circonstances n’entâchaient en rien la prestance naturelle de l’homme, ni son demi-sourire toujours sur les lèvres.

- Tâches de ne pas te faire tuer avant que j’en ai fini avec toi, déclara alors le capitaine Soffrey de Rochencourt.

Malgré lui, les battements de son cœur accélérèrent. Et cette fois, les effets de la fatigue n’étaient pas les seuls en cause. Ses pupilles se dilatèrent imperceptiblement et son ventre se durcit au souvenir des dites-lèvres qui s’étaient pressées contre les siennes. Il n’était toujours pas certain de comprendre ce qui se passait en lui… Ou plutôt, si. Il savait très bien. Trop bien, justement.

Une épée qui sifflait le réveilla. Il ne s’était figé qu’une seconde, mais une seconde d’inattention sur un champ de bataille était déjà de trop. Il siffla entre ses dents, en se maudissant au passage. Sans répondre et en rangeant le tout au fond de lui-même, il bondit en avant et abattit brutalement son arme sur une épaule. La course de la lame ne fut arrêtée que par un os. Le choc se répercuta dans ses muscles.

Il en élimina deux autres, froidement, en enfonçant la lame dans leur poitrail, en plein cœur. Le flot sembla se calmer un peu. Courte accalmie.

Alduis expira par la bouche pour endiguer la fatigue qui continuait de s’imposer dans son corps. Il sentait ses muscles trembler, et désormais, sa respiration n’avait plus rien de régulière. Elle ressemblait à un véritable soufflet de forge.

Il s’appuya un instant à un arbre, pour ne pas présenter son dos à ses ennemis en tâchant de reprendre son souffle. Il disposa de précisément deux secondes de répis. Parce qu’alors, un cri guttural et sauvage, encore plus virulent que les autres, attira son attention sur sa gauche. Un zakrotien au visage peinturluré, transfiguré par la haine. Qui se dirigeait droit vers lui. Alduis jura entre ses dents et se décolla du tronc pour faire face à l’homme.

Il n’allait pas mourir aujourd’hui.

Il s’écarta pour éviter la lame et le laissa être emporté par son élan. Il savait qu’il n’aurait pas le temps de planter son épée dans le dos du zakrotien et que cela le mettrait en position de faiblesse. Alors, bien que tout son corps protesta violemment contre ce mouvement, il releva son épée devant lui pour se mettre en garde. Et attendit en stabilisant sa respiration. Mais il savait pertinemment que sa fatigue se sentait à des lieues à la ronde.

Et que cela faisait à l’heure actuelle une proie facile. Il dévoila ses dents, éclaboussées elles aussi de sang, dans un sourire mi-provocateur, mi-haineux.

- Allez, viens, maudit chien, grogna-t-il d’une voix rauque, en crachant de nouveau pour expulser sa salive. Qu’est-ce que tu attends ?
Alduis de Fromart
Alduis de Fromart
Aristocratie

Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Empty Re: [Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé]

Message par Eldred Kjaersen Dim 18 Oct - 15:19

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Tumblr_pw38n3Czv21y964rko1_250
Eldred, 19 ans

Il était là ce maudit monbrinien qui décimait les siens sans la moindre émotions. Dans ses yeux ne brillait qu’une lueur glaciale. Avait-il égorgé leurs enfants ? Violé leurs femmes ? Plongé sa torche dans leurs champs et dans leur grande ? Il n’avait peut-être fait que regarder mais il était leur complice. Complice de la mort de Sigrun et de tant d'autres.

Eldred le chargea en hurlant. Un cri puissant, guttural, venu des tréfonds dans son âme. Un cri qui invoquait les forces, de ce monde et des autres.  Le guerrier se décala pour éviter sa lame. Il dérapa sur près deux mètres dans cette soupe de sang, de boue et de boyaux qui constituait désormais le sol. Son équilibre retrouvé, il envoya un coup de pied pour repousser un assaillant qui trébucha contre la carcasse sanglante d'un cheval, sans lui prêter la moindre attention. Il n’y avait désormais plus que le boucher qui l’intéressait. Il voulait lui ouvrir le ventre, la gorge, séparer sa tête de son corps…

Il était là, face à lui en garde. Il le provoquait ouvertement. Eldred resserra sa poigne autour des soies. Il avança de quelques pas, épée à l'horizontale, dans le prolongement, de son regard. Contre tout attente, il déposa son bouclier contre un sapin. Il voulait un combat équitable contre celui-ci. Il n'avait qu'une épée, il l’affronterait avec sa lame pour toute défense.

Eldred cracha par terre. Autant de sang que de salive. Le goût ferreux ne le quittait plus depuis une éternité. Il ne se rendait même plus compte. Pas plus qu’il n'avait conscience de son visage maculé de boue et de sang ou de ses cheveux collés par parquet. Qui s'en souciait lorsque sa vie était en jeu ?


- Eg er að bíða eftir þér Jǫtnahreðr répondit-il avec un large sourire.

Une pure provocation. Il aurait pu parler dans la langue commune qu’il connaissait pertinemment mais il s'y refusait. Pour ses racines, pour sa culture et pour tout l’agacement qui ne manquerait pas de poindre. Il avança de quelques pas, ignorant la tête qui tapa contre sa chaussure et roula quelques mètres plus loin. Ici, ils étaient à l’écart du gros de l'affrontement. Le chaos sonore de la bataille n’était plus qu’un bruit de fond. Était-ce la distance ou simplement l'habitude ? Il n’aurait du le dire. Ils se jaugèrent. Tournant lentement. Cherchant la faille. Un mauvais point d'appuie. Un clignement de paupière. Un bras qui tétanisait. L'ennemi était fatigué. Il le sentait. Lui-même ressentait les conséquences de la bataille et il était habitué à cette humidité latente. Eldred feinta sur la gauche et piqua à droite. Leurs lames s'entrechoquèrent sous l'effet de la parade. Elles crissaient. Chantaient. Aussi inséparables et déterminés que les regards qui s’accrochaient. Il poussait de tout son poids contre l’épée. Il ne reculerait pas.
Il avancerait encore et encore jusqu’à ce qu’il chute sur l'un des cadavres à la bouche béantes.
Il avancerait jusqu’à ce que l’épuisement le gagne et qu’il en lâche son arme.

Il puisait sa force dans sa détermination. Sa détermination dans sa rage. Sa rage dans son désir de vengeance.

Et lui, pourquoi se battait-il ici à Zakros à des milliers de lieux de chez lui ? Pourquoi venait-il ? Pour la gloire ?
Rien de tout cela n'égalerait jamais sa motivation, et c’était pour ça qu’il allait vaincre.

- Qu’est-ce que tu fais ici ?! Rentre chez toi ! lâcha-t-il en langue commune pour qu’il comprenne.

Il profita de cet instant de flottement pour enfoncer sa garde d'un coup d’épaule sec qui le déstabilisa. Sans attendre qu’il se remette en garde, il leva son épée au dessus de sa tête.

Au loin, le tonnerre gronda, un éclair zébra le ciel obscurcit et un quelques gouttes de mirent à tomber sur la forêt. Loin de l’arrêter, Eldred considéra le changement de météo comme un signe de Thor. La fatigue accumulée sembla se laver en même temps que le sang et la boue s’écoulait le long du cuir de son armure.
Eldred Kjaersen
Eldred Kjaersen
Prisonnier de guerre / esclave

Fiche perso : Fiche
PNJ
Liens et RPs : Journal
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Kalisha de Monthoux / Coldris de Fromart / Bérénice d'Aussevielle
Messages : 563
Date d'inscription : 26/12/2019
Age : 32

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Empty Re: [Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé]

Message par Alduis de Fromart Mar 20 Oct - 16:13

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] 16_ans
~ Alduis ~ 19 ans ~

Le zakrotien avait glissé sur deux mètres, entraîné par son élan, dérapant sur le mélange d’immondices qui recouvraient le sol. Alduis l’attendit, immobile. Ce ne fut que quelques secondes, tout juste cinq, mais durant une bataille, il fallait savoir mettre chaque dixième de seconde de répis à profit. On l’apprenait vite, ici. Et souvent à ses dépens, comme témoignaient tous les cadavres qui jonchaient le sol.

Alors si Alduis était loin d’être frais quand son adversaire fut de nouveau face à lui, il respirait déjà moins vite. Il croisa le regard du barbare. Un regard flamboyant de haine, un regard qui avait la rage de vivre.

Alduis eut un rictus carnassier - quelque chose qui aurait sûrement ressemblé à un sourire en temps normal. Ils étaient chacun décidé. Mais ils étaient deux. Deux ennemis. L’un d’eux ne se relèverait pas de cet affrontement. Parce que la guerre était ainsi. Cartésienne. Un gagnant, un perdant. Un vivant, un mort. C’était simple, tout ce qu’il y avait de plus logique, et là résidait, dans ce ballet de lames, le secret de la vie.

Quand un homme voulait vous tuer, il n’y avait rien à comprendre, rien à calculer. Juste à frapper. Il n’y avait que deux solutions, sur le champ de bataille. Pas de tergiversations. Tuer ou mourir.

Le zakrotien se délesta de son bouclier, qu’il posa contre un arbre. Alduis ne le lâcha pas des yeux une seule seconde. Un combat d’homme à homme. Un affrontement loyal, au milieu de cette guerre traîtresse. Alduis eut un infime hochement de tête, une certaine forme de respect, tout juste visible.

L’autre répondit à sa provocation dans sa langue incompréhensible. Mais qu’importe qu’Alduis ne comprenne pas. Qu’importe ce que l’ennemi disait. C’était le propre de la guerre de se détester, et de cultiver cela. Il ne broncha pas. Compta les secondes en même temps que les pas du zakrotien comblait l’espace entre eux.

Ils se jaugèrent. Se mesurèrent, se détaillèrent, se calculèrent. Avec précision. Leurs yeux cherchaient la faille. Celle qui ferait la différence dans le combat. Le barbare porta le premier coup. Une feinte qui se transforma au dernier moment en piquet droit. Alduis para. Sans se laisser déconcentrer, il eut un mouvement de poignet, qui fit dériver sa lame le long de l’arme adverse. Le métal crissa contre le métal. Mélodie guerrière.

Le zakrotien pesait sur son épée. Et en réponse, Alduis devait opposer une bonne partie de sa force pour ne pas bouger. La boue n’aidait en rien. Millimètre par millimètre, il sentait ses appuis se fragilisés.

- Qu’est-ce que tu fais ici ?! Rentre chez toi !

Alduis ne répondit pas, pour conserver son souffle, qui recommençait malgré tout à siffler. Il aimait provoquer, mais n’était pas suicidaire. Il savait qu’un ennemi essoufflé était un ennemi mort - ou tout comme. Il ne serait pas cet homme-là. Il se contenta d’un sourire équivoque. Resta concentré. Ses yeux bleus ne laissaient pas passer la plus petite lueur d’émotion.

D’un coup sec, son adversaire lui envoya sa garde dans l’épaule. Alduis en fut destabilisé… et déjà, la lame se levait au-dessus de sa tête. D’un mouvement vif, il se dégagea de la trajectoire qui menaçait de le couper en deux. Il porta un coup, en direction de son bras. Son épée caressa la peau ennemie, ouvrit une petite rivière écarlate qui vint serpenter dans le sol pour se perdre au milieu des boyaux et des carcasses entre lesquelles ils serpentaient.

Les autres les laissaient tranquilles. Personne ne venait interférer dans leur combat. C’était comme une petite guerre à part, détachée du mouvement de groupe dont les rumeurs continuaient pourtant de faire rage non loin.

Soudain, une immense lumière coupa l’horizon. Quelques secondes plus tard, le monde tremblait sous le grondement titanesque qui secoua hommes et chevaux confondus. Ce fut comme si le ciel s’ouvrait au-dessus de leurs têtes. Les premières gouttes tombèrent, éclaireuses de leurs compagnes.

Alduis siffla. Il ne manquait plus que cela. Comme si le sol n’était pas assez boueux et glissant, que ses bottes ne s’enfonçaient pas suffisamment ! Il serra davantage les doigts autour du pommeau de son épée. L’eau qui ruisselait, trempant ses cheveux, son visage, perlant devant ses yeux, s’accrochant à ses cils, venait se glisser entre ses phalanges. Sa lame fut nettoyée en quelques secondes… mais la garde n’en était que plus glissante.

Pays de malheur.
Salope de pluie.
Chienne de guerre.

D’un saut, dans un élan de rage, il bondit en avant.

Il n’allait pas mourir aujourd’hui.
Alors l’autre devait mourir.
Alduis de Fromart
Alduis de Fromart
Aristocratie

Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Empty Re: [Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé]

Message par Eldred Kjaersen Mer 21 Oct - 8:13

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Tumblr_pw38n3Czv21y964rko1_250
Eldred, 19 ans

Pour chanter avec Eldred:

Son ennemi avait toujours cet effroyable sourire accroché au visage.
Ce sourire qui disait qu’il était prêt à danser avec la mort dans une ronde infernale.
Ce sourire qui ne croyait en rien d’autre que la victoire.
Et cela tombait bien car Eldred partageait son opinion : ce n’était pas lui qui allait rejoindre le tas de chairs et d’os qu’ils piétinaient sans même y prêter attention.

Alors qui ? Qui serait encore en vie à l’issue de ce duel puisqu’il ne pouvait y avoir qu’un vainqueur ?

C’est pour cette même raison qu’il lui faisait l’honneur de se battre équitablement. Il se battait pour rétablir la justice et rien d’autre.
Il ne pouvait pas perdre.

Même sans bouclier.

Il aurait même pu retirer son armure de cuir bouillie pour l’affronter. Il ne pouvait pas perdre.

Tyr était seul juge de ce combat.

Son esprit résonnait des chants zakrotiens en l’honneur de Tyr. Comme un hymne, il se répétait en boucle sans qu’il n’en ait rééllement conscience.

Heilir hildar til,              Tout entier dans la bataille,
Heilir hildi frá,               Tout entier dans la bataille,
Koma þeir heilir hvaðan,            Venant entier à partir de là donc.

Ef ek skal til orrostu                  Quand je vais en bataille
Leiða langvini,                A la poursuite d'un vieil ami
Und randir ek gel,                 Du bord du bouclier je crie
En þeir með ríki fara.                  Et ils avancent avec puissance.


Eldred fondit sur lui. Ils se jaugèrent. Il n’y avait pas de place à l’erreur. Il fallait avoir l’humilité de reconnaitre la puissance d’un ennemi lorsque l’on se trouvait face à lui. C’était une question de survie. L’heure n’était plus aux fanfaronnades d’usage bien que personne ne semblait s’intéresser à leur petit affrontement.

Il ouvrit la danse. L’acier entama sa mélodie.
Stridante. Crissante. Tintante.
Tantôt aiguë. Tantôt grave. Tantôt sourde.

Une mélopée qui apaisait l'esprit.

De la pointe de sa lame à l’extrémité de ses orteils, il se sentait un dans une communion parfaite avec l'univers tout entier.

Ses yeux bleus d’où ne perçaient aucune émotion l’agaçaient au plus au point. On se battait avec ses tripes pas avec sa raison ! Comment pouvait-il être aussi distant. Il enfonça sa garde d’un coup d’épaule et leva son arme au-dessus de sa tête mais déjà l’ennemi avait esquivé le coup. La lame siffla dans un mouvement circulaire, déchirant son brassard d’avant-bras. Une gerbe de gouttelettes carmin s’envola dans les airs, maculant un peu plus sa joue de pourpre, avant de retomber, sanglante bruine sur les carcasses piétinées.

Ce n’était rien d’autre qu’une petite égratinure. Le ciel gronda et quelques lourdes gouttes parsemées commencèrent à s’écraser un peu partout. Ils se remirent en garde. Il le sentait agacé. Eldred s’en fichait. Au contraire, l’orage était une bénédiction. Un signe de Thor lui-même. Quant à la pluie, il était habitué. Les marécages ne naissent pas en période de sécheresse après tout.

L’averse s’intensifiait lentement mais surement. Ses cheveux commençaient à ruisseler d’eau, de sang et de boue. Ses peintures noires coulaient en longs sillons charbonneux et les mouchetures rouges s'estompaient peu à peu. Les soies de son épée, en peau retournée, accrochaient encore plus sa paume sous l’humidité. Quand à sa lame, rougie par les combats, elle sembla retrouver sa prime apparence sans qu’il n'ait besoin de la secouer.

Il croisa son regard. Leurs pas glissaient sur le sol de plus en plus instable. Il y avait cette affreux bruit de succion qui menaçait d'engloutir leur botte à chaque nouveau déplacement. Eldred économisait ses forces. Il le savait : se déplacer sur ce terrain était épuisant. Alors il observait son assaillant. Il attendait de déceler cet indice qui… Maintenant ! Le monbrinien bondit sur lui, il esquiva, pivota pour passer dans son dos et se baissa pour viser son mollet. Sa lame déchira le cuir de ses guêtre sans aucune difficulté avant de s'enfoncer allègrement dans la chair. De la faille, une cascade rougeâtre s’écoula lentement le long de sa jambe.  Eldred bondit en arrière, se rééquilibrant de justesse sur ce terrain plus glissant qu'une rivière gelée. Il haleta un court instant sous l'effet de l'effort que lui avait demandé ce déplacement. Sur ce sol visqueux, la moindre banalité devenait un exploit.

Un nouvel éclair zébra le ciel illuminant un bref  instant le théâtre de cette boucherie monumentale. Les corps s'entassaient, face contre terre dans des positions grotesques, parfois incomplets, souvent méconnaissables.

Où étaient les amis ? Où étaient les ennemis ?
Où s’arrêtait la boue ? Où commençaient les viscères ?
Où était le sol ? Où étaient les cadavres ?
Où était Byrnja ? Où était Byrnja ?

Un horrible frisson lui traversa l’échine, comme une prémonition. Il entendait Skuld, la Norne des choses à venir lui susurrer des paroles qu’il refusait d'entendre.

Qu'elle se taise ! Qu'elle se taise !
Chassant ses pensées, il lança un nouvel assaut dans un hurlement de rage. Il feinta un coup, et s'engagea dans un échange à la mélodie métallique. Il ne voulait pas prendre le dessus. Il voulait le fatiguer. L'endormir. Expulser toute sa colère. Toutes ses angoisses.

Attaque. Parade. Riposte. Contre-attaque.

Les lames s’étaient engagés dans un ballet qu'elles ne semblaient plus vouloir quitter.

Subitement, il esquiva puis utilisa le sol glissant pour pivoter rapidement sur lui-même sans déplacer sa lame qui trancha successivement son abdomen puis son bras sur son chemin. Une gerbe sanglante vola dans les airs, aspergeant à nouveau son visage fraîchement lavée.

Pas assez pour ouvrir son sac d'entrailles puantes.

Il se remit aussitôt en garde, prêt à subir une riposte acérée.

Il ne mourrait pas.
Pas aujourd’hui.

Ses cheveux sombres s'engluaient le long de son visage. Les traces de pas et de sabots s’emplissait peu à peu d'eau. Elle s’inflitrait partout, jusque sous son armure.

C’était froid. C’était vivifiant. Il expira.
Il se sentait terriblement vivant. Terriblement vivant et terriblement puissant.

Son adversaire était blessé, handicapé par les morsures successives de Fjörsbítr. Mais ce n’était elle que le début. Elle avait encore faim. Elle ne souhaitait qu'une chose se repaître de sa vie. Ses yeux bruns brillaient une détermination sans faille. Il profita d'une seconde de répit pour reprendre son souffle et observer les alentours.

Derrière le soldat, le carnage se poursuivait. Un homme s'effondrait à genou.
Une femme se faisait transpercer la gorge d'une épée.
Un cheval se cabrait piétinant un malheureux.
Un crâne explosait sous l'impact d'une hache.
Un pied restait pris au piège et son abdomen se déversait entre des mains futilement tendues.

Tout semblait se dérouler comme au ralenti. Depuis combien de temps la bataille avait-elle commencé ? Le ciel obscurci ne permettait plus de suivre la course du soleil. Toute notion de temps était irrémédiablement perdue.
Eldred Kjaersen
Eldred Kjaersen
Prisonnier de guerre / esclave

Fiche perso : Fiche
PNJ
Liens et RPs : Journal
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Kalisha de Monthoux / Coldris de Fromart / Bérénice d'Aussevielle
Messages : 563
Date d'inscription : 26/12/2019
Age : 32

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Empty Re: [Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé]

Message par Alduis de Fromart Mer 28 Oct - 11:45

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] 16_ans
~ Alduis ~ 19 ans ~

La pluie ne faisait que commencer.

Alduis fut trempé des pieds à la tête. Les amas de sang qui collaient ses cheveux blonds en paquets disparurent. Les éclaboussures de boue ou de viscères sur le cuir fatigué de ses bottes furent entraînés. La brillance de sa lame revint. Collés à ses joues et son front, il dut repousser ses cheveux en arrière, d’un geste rapide et efficace, pour dégager sa vision.

L’eau lavait, elle lavait tout. Pour le meilleur ou pour le pire. Mais vicieuse, sinueuse, elle en profitait pour s’infiltrer. Partout où elle pouvait. Là, il sentait un filet glacé dégouliner le long de sa colonne vertébrale, jusqu’en bas de son dos. Ici, entre ses yeux une goutte se suspendit à son nez. Ou bien, encore, un mince filet longea ses côtes. Si ses pieds avaient réussi à rester relativement au sec jusqu’à présent se retrouvèrent inondés à l’intérieur de ses bottes.

Et à chaque seconde passée, comme si cela ne devait jamais cesser, les gouttes se densifiaient encore. Le torrent tombait de plus en plus dru et les clapotis - multipliés par milliers en l’espace de quelques instants - ne faisaient que rajouter au vacarme ambiant. Un bruit sourd, et pourtant insaisissable, saturait ses tympans. Il couvrait les hennissements affolés, les glissements des lames les unes contre les autres, les hurlements d’agonie, tant et si bien que tout se mélangeait jusqu’à ne former qu’un infâme vagissement, sans début ni fin. Les fracas, râles, crissements étaient si nombreux qu’il n’était plus possible d’en distinguer un seul séparément.

Une fine brume se soulevait au-dessus du sol et le rideau de pluie bouchait l’horizon à deux mètres à la ronde. Dans la tête d’Alduis, il n’existait plus rien. Plus rien sinon lui, son épée au bout de son bras tétanisant, la boue et la pluie, ainsi que ces deux yeux bruns, brillants comme deux perles rares, qui ne lâchaient pas les siens. Son adversaire était toujours là, face à lui. Toujours vivant.

Le zakrotien se déplaçait le moins possible pour ne pas se fatiguer sur le terrain impraticable. C’était un fragile équilibre qui devait s’établir. Difficile à trouver. Bouger était une fatigue inutile, qu’il fallait mieux économiser pour conserver son souffle, mais rester trop longtemps à la même place, c’était s’enfoncer dans la fange, peut-être trop profondément pour pouvoir réussir à esquiver à temps une attaque. Ce fut en comptant sur cette maigrelette chance que Alduis ré-attaqua en premier.

L’ennemi esquiva à temps. Il pivota pour passer dans son dos. Alduis tourna sur lui-même pour tâcher de le garder le plus longtemps dans son champ de vision. Son pied se posa sur une ancienne trace, remplie d’eau, et comme une sangsue, la boue se referma sur son pied. Le zakrotien avait disparu, il ne savait où. Il étouffa un juron, en tâchant d’extirper son pied. En comprenant qu’il n’y arriverait pas avant de retrouver son adversaire, il se résolut à abandonner là sa botte. Une demi-seconde trop tard. Déjà, la lame sifflait. Il parvint à retirer son pied juste à temps pour sauver sa jambe d’un découpage propre et net et à la place, l’arme ne fit que mordre sa chair sur plusieurs millimètres.

Alduis fit volte-face, en retenant la grimace de douleur que poser son pied au sol provoqua dans toute sa jambe, jusqu’à sa hanche. Le zakrotien haletait lui aussi, maintenant.

La foudre tomba. Le ciel s’en trouva illuminé une brève seconde et éclaira le carnage sordide. Ventres ouverts, membres détachés des troncs, peaux imbibées d’eau, tête roulant. Puis, le monde fut replongé dans l’obscurité, simultanément que le tonnerre grondait, menaçant. Ce fut la débandade parmi les chevaux, ils ruèrent, se cabrèrent. Alduis vit au dernier moment celui qui se dirigeait sur eux au galop, les yeux affolés, tournant en tous sens, et l’évita juste à temps avant d’être renversé et labouré par ses sabots.

Combien restait-il de monbriniens ?
Combien étaient déjà morts ?
Combien allaient encore laisser sa vie ?

Le barbare engagea de nouveau le combat. Sans chercher à le toucher réellement, juste à le fatiguer. C’était à vrai dire une technique tout à son honneur, car l’épuisement progressait à une vitesse effarante dans son corps. Les muscles d’Alduis tremblaient sous l’effort. Pourtant, il parvint à retourner son poignet et libérée de la parade adverse, elle alla ouvrir sa joue. En réponse, le zakrotien utilisa le sol pour glisser et l’épée entailla son abdomen - et son bras aussitôt après - dans sa course. Il eut la présence d’esprit de reculer.

Ses entrailles restèrent à l’intérieur de son ventre, mais il sentit le sang chaud couler contre sa peau et être lavé aussitôt, entraîné et dilué par la pluie. Sa respiration sifflait, la brûlure de ses muscles réclamant forfait rivalisait avec celle des blessures. Un bref instant, quand il s’appuya dessus, sa jambe blessée manqua de céder sous son poids. Heureusement, il parvint à rester debout. Tomber maintenant, blessé de cette manière, ce serait la fin assurée. Il n’avait plus le droit à l’erreur.

L’autre était déjà prêt à accueillir la riposte.

Alduis devinait la fin du combat. Il continuait de perdre du sang, il était épuisé, et son adversaire paraissait encore en forme. Ce serait lui qui allait mourir. Cette pensée azimuta son cerveau, l’adrénaline revint d’un coup dans ses veines.

Son dernier adversaire.
Son dernier combat.

Ce serait le plus beau de sa vie.
Alduis de Fromart
Alduis de Fromart
Aristocratie

Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Empty Re: [Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé]

Message par Eldred Kjaersen Ven 13 Nov - 13:50



[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Tumblr_pw38n3Czv21y964rko1_250
Eldred, 19 ans

Le chaos. Si le chaos n’avait pas de définition, cette bataille en était sa représentation. Du sol indescriptible au ciel ténébreux, il n’y avait pas une parcelle de cette scène qui n’était épargnée. Eldred n’entendait plus rien depuis bien longtemps si ce n’était les chants qui résonnaient dans son esprit. A l’extérieur, tout n’était que brouhaha. Hennissement, cri, tintement, gémissement, cliquetis, hurlement, bruit de succion, choc des corps, des armes : ils ne les entendaient plus depuis bien longtemps. Il ne prêtait désormais plus attention qu’au sifflement de l’air, ce bruit caractéristique qui se produisait lorsqu’une lame s’abattait à proximité.
Déplacer ses pieds dans ce mélange de plus en plus visqueux et instable devenait compliqué et épuisant. Le tonnerre gronda. Le ciel s’illumina. Avant de sombrer dans l’obscurité. Le rideau de pluie battante obscurcissait l’horizon. Mais tout ce qui comptait se trouvait devant lui : le soldat aux yeux bleus glaciers. Et le cheval paniqué qui manqua de les piétiner avant de trébucher quelques pas plus loin sur un comparse.

Le zakrotien s’était engagé dans un combat de longue haleine. Il sentait son adversaire s’épuiser et comptait bien le pousser à la faute. Hypnotisé lui-même par la joute qui s’éternisait, il aperçut trop tard, le poignet ennemi se dégager de sa parade. Une sensation de brulure zébra sa joue. Un liquida chaud s’écoula. Une goutte pourpre qui roulait le long de l’arrête saillante de le sa mâchoire le chatouilla. Elle resta suspendu un court instant avant de s’écraser sur l’ongle d’une main désespérément tendue vers le ciel.
Il n’avait pas le temps de s’arrêter à ce qui ne devait être rien d’autre qu’une belle égratignure. Il devait riposter. Tout de suite. Maintenant. Il pivota et l’acier mordit la chair.
Sourire de satisfaction.
L’ennemi était déstabilisé. A bout de force et de fatigue, il tenait à peine sur ses jambes dont l’une d’elle était ouverte sur plusieurs centimètres. Les doigts d’Eldred se resserrèrent autour de la poignée de peau.
C’était la fin.
Qu’importe la beauté du combat. Il ne pouvait en rester qu’un. Et ce serait lui. Lorsqu’il résiderait à terre, le regard figé par la mort, il trouverait une nouvelle victime. Puis une autre. Puis une autre. Puis une autre. Jusqu’à ce que la terre abreuvée du sang monbrinien en devienne une plaine fertile.

Quelques secondes à peine s’était écoulée. Juste assez pour reprendre son souffle, remuer ses orteils dans ses bottes détrempées et sentir sa chemise gelée lui coller à la peau. Il se mit en garde et en lança un dernier assaut.
C’était le dernier il en était persuadé.
Un cri de rage s’extirpa de sa cage thoracique alors qu’il fondait sur sa victime. Le sol était glissant. Ses pas difficilement maitrisables. La pluie l’aveuglait. Déséquilibré, il manqua l’épaule et trancha l’avant-bras glissant sur près deux mètres, haletant. Son pied s’enfonça dans la bouillie. Il tira de toutes ses forces pour s’en extraire mais ça résistait.

Autour de lui c’était l’hécatombe. La lande refermait son piège mortel sur les soldats immobilisés qui se faisait exterminer un à un. Dans un camp comme dans l’autre. Force était de constater que les zakrotiens s’en tiraient mieux. Maigre consolation.

D’un coup sec, il arracha son pied avant de repartir à l’assaut. Il dérapa. Se rattrapa sur son épée en jurant.
Il l’attendait.
Il savait qu’il allait mourir et il l’attendait.
Il regardait la mort droit devant sans ciller.
Et pour ça, il le respecta.
Il lui offrirait une mort de guerrier. Une belle mort. La seule valable.


Valhalla...


C’était ce que lui disait muettement son regard sombre. Il combla lentement l’espace qui les séparait. D’un pas lent et assuré. En garde. Son épée pointe vers l’horizon, à la zakrotienne. Il raffermit sa prise et s’apprêta à viser la cœur.

Un cor siffla brièvement
Une seconde fois longuement.
Une troisième fois longuement.

Un son qui semblait venir d’outre-tombe. Par delà l’opaque rideau de pluie.
Un cessez-le-feu.
Il suspendit son geste dans les airs.

Il aurait pu l’achever. Personne n’aurait trouvé à y redire dans le tumulte de la bataille. Il n’aurait été qu’un corps de plus à jeter dans un trou. Mais Eldred n’était pas ainsi. Quand bien même, il ne rêvait que de les voir tous morts sans exception. La guerre avait ses lois et il fallait les respecter.

Tout était fini.

Il passa distraitement un doigt sur sa joue qui ruisselait toujours. Il tata la blessure. Plus large et profonde qu’il n’avait pensé de prime abord. Mais il ne s’en tirait pas trop mal, malgré tout.

Il était vivant c’était déjà ça.

Le vacarme s’était tue. Il prit soudainement conscience du bruit de la pluie qui pilonnait le sol détrempé. Il baissa enfin les yeux et réalisa l’entièreté du carnage. Où qu’il tourne la tête, il ne voyait que des corps, des têtes, des sabots, des os perçant la peau, des yeux vides.

Byrnja. Il devait retrouver Byrnja.

Il passa entre les corps, enfonçant son épée dans la gorge ou la poitrine de ceux qui n’avaient plus aucune chance de s’en sortir. Zakrotien ou monbrinien. Cela ne faisait aucune différence. Autour de lui, les pillages commençaient déjà. On retourner les corps inertes, fouillaient leurs poches, volaient leurs lames, alliance, poignard ou tout autre objet de valeur. Le prix du fer.

Plusieurs fois il retourna des cadavres mais aucune trace de Byrnja. Il hurla son nom mais personne ne répondit. Il demanda à ses alliés mais personne ne l’avait vu. Un frisson remonta son échine.

Elle ne pouvait pas...
Elle était forcément là...

Elle ne l’entendait parce qu’il pleuvait et qu’elle s’était retrouvée à l’écart. Oui c’était aussi simple que cela.
Eldred Kjaersen
Eldred Kjaersen
Prisonnier de guerre / esclave

Fiche perso : Fiche
PNJ
Liens et RPs : Journal
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Kalisha de Monthoux / Coldris de Fromart / Bérénice d'Aussevielle
Messages : 563
Date d'inscription : 26/12/2019
Age : 32

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Empty Re: [Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé]

Message par Alduis de Fromart Dim 15 Nov - 12:29

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] 16_ans
~ Alduis ~ 19 ans ~

La lame mordit sa chair. Encore une fois. Alduis le sentit à peine : la douleur était si diffuse, partout dans son corps, qu’un peu plus ou un peu moins ne changeait plus grand chose. Il saignait en abondance, mais la pluie, qui continuait de s'abattre, le lavait immédiatement du flot carmin qui se déversait des blessures. Qu’importe. Un mort n'avait que faire de sa propreté, une fois que ses entrailles se mêlaient à celles de ses congénères. Et ce serait bientôt son cas.

Il expira entre ses dents. Comme il s’était mordu la langue, ses lèvres se teintèrent immédiatement de rouge. Alduis avait vu la Mort en face de nombreuses fois. Il avait vu des corps mutilés, ouverts, tranchés. Des visages défigurés, méconnaissables. Elle l'avait menacé lui-même à plusieurs reprises.

Les gouttes glacées que le ciel continuait de cracher tombaient sur sa nuque, s’infiltraient dans son col et glissaient le long de sa colonne vertébrale. La Faucheuse était là, il sentait ses longs doigts blafards autour de lui, qui engourdissaient ses muscles.

Leurs regards s’accrochaient toujours. Les prunelles bleues d’Alduis ne tremblaient pas, même face à cette promesse qu’il lisait dans les yeux de son ennemi. Une mort digne. Une mort de guerrier. La pointe de l’épée pointée vers son corps, prête à frapper, se rapprochait et accrochait le peu de lumière qui parvenait jusqu’ici. Alduis releva imperceptiblement le menton, en guise de défi.

Je t'attends, mortelle épée. Viens. Viens te repaître de ma vie.

Il ne comptait pas lui rendre la tâche aussi facile en abandonnant. Il lutterait jusqu’à la mort, et cela même si l’issue du combat était déjà claire. Pour cet homme, Alduis ne serait qu’un Monbrinien de plus et un envahisseur de moins. Mais pour lui, ce Zakrotien avait déjà pris un autre visage. Celui de la Fin.

Alduis respirait fort mais calmement. Les doigts de son adversaire se serrèrent brièvement autour de la garde, avant signe de l’attaque rapide qui suivrait.

Au loin quelque chose sonna. L’air autour de lui sembla vibrer, mais le vacarme était tel qu’Alduis ne fut sûr de ce qu’il entendait qu’au deuxième appel. Plus long. Suivi d’un troisième.  

La fin des combats.

Alduis lâcha son arme et se laissa glisser au sol, comme s’il ne pouvait pas tenir debout une seconde de plus. Le geste du Zakrotien se figea dans les airs. Alduis ne le lâcha pas des yeux. Il attendit de voir s’il allait se décider à frapper. Il était désarmé et blessé. Personne ne s’en rendrait compte, il avait le champ libre. La plupart des hommes sur cette terre l’aurait fait sans hésitation. Mais pas celui-ci. La pointe de l’épée se baissa définitivement.

Aussitôt, Alduis se laissa tomber en arrière dans la boue, comme on se laisse tomber dans un lit, soulagé. Il ne se soucia pas de ses blessures. Il ne fit rien, sinon rester étendu par terre, à savourer la douleur de ses muscles, de ses poumons qui tentaient de reprendre leur respiration, de son sang qui s’écoulait. Il avait conscience de lui-même, de son corps, de chaque cellule qui composait son être. Il était vivant. Bel et bien vivant. Et un sourire victorieux trônait sur son visage.

Alduis ouvrit la bouche pour que la pluie y tombe et qu’il puisse boire. L’eau coula dans sa gorge irritée par le goût métallique du sang. Un bref instant, il ferma les yeux.

Il aurait pu rester des heures ici, étendu ainsi sur le sol. Il aurait pu s'y endormir et oublier le temps. Il aurait pu s’endormir… et certainement ne jamais se relever. Mais il n'avait pas fait tout ça pour mourir bêtement, jeté dans un trou parce qu'on l'avait pris pour un mort. Alors il ne reposerait pas avant que tout soit terminé, que les morts seraient ramassés.

Il tourna sur le côté pour se redresser. Il récupéra son épée et s’appuya dessus pour se remettre debout tant bien que mal - plutôt mal. Il chercha sa botte du regard mais ne la trouva pas. Les soldats avaient déjà commencé à ramasser sur les morts ce qui était récupérable. Inutile de dire que sa botte était déjà entre les mains de l’un d’entre eux et qu’il ne la retrouverait plus. Il grogna. On dépouillait en ramassant les morts.

Les lois de la guerre.
Alduis les acceptait volontiers.

Il perçut un gémissement sur sa droite, l'appel à l'aide gargouillant d'un mourant. Un homme, qu'importe sa nationalité, le ventre percé d'une épée qui le clouait au sol. Une écume rouge tintait ses lèvres, alors qu'il tentait d'articuler quelques mots de supplication.

Alduis tira son couteau de sa ceinture et se servant de son épée comme appui pour compenser la faiblesse de sa jambe blessée, il s'accroupit à côté du futur cadavre. Il repoussa les cheveux humides collés au visage déformé par la souffrance de deux doigts puis posa sa main humide sur ses yeux. Il enfonça la dague dans sa poitrine d'une main sûre. L'homme eut un dernier hoquet et il s'immobilisa. Alduis lui ferma les yeux respectueusement et inclina la tête.

Il répéta le même processus avec chaque homme - et chaque femme - qu’il trouva. Il progressait ainsi parmi les tas de cadavres. Et en cherchait un en particulier. Était-il encore vivant ?

À la seconde même où cette pensée lui effleura l’esprit, il le vit. Les cheveux roux du Capitaine étaient plaqués sur son crâne, son uniforme déchiré et boueux et il se tenait face contre terre. La pointe d’une lame traversait son corps de part et d’autre et ressortait entre deux côtes, dans son dos. Il était empalé là, sur la lame d’une zakrotienne blonde. À vrai dire, les deux corps étaient si proches qu’ils en semblaient presque enlacés, si étroitement qu’il aurait eu bien du mal à savoir lequel avait entraîné l’autre dans sa mort.

Sans un mot, Alduis tira le cadavre de l’homme et le dégagea de la Zakrotienne. Il ne respirait déjà plus depuis longtemps. Ses yeux verts étaient largement ouverts mais ne regardaient plus rien. Figés à jamais sur quelque chose que les vivants ne connaissaient pas. Le sourire constamment collé sur ses lèvres n’y était plus. Il était froid, raidi par la mort et refroidi par la pluie glaciale.

Et pourtant, même mort, même empalé, quelque chose se dégageait de lui. Une puissance, une force, un charisme qui impressionnait Alduis. Même mort, il forçait le respect.

Tâches de ne pas te faire tuer.

Alduis eut un sourire sombre et il pensa en lui-même, d’un humour particulièrement noir : n’est-ce pas Capitaine ?

Il referma les doigts sur la garde ensanglantée de l’arme et tira pour l'extirper du corps du Monbrinien. Un trou rougeâtre s'ouvrait dans son ventre, là où l'épée l'avait transpercé, là où sa vie s’était échappé. Alduis aurait presque pu y enfiler son poing. Il l'allongea un peu à l'écart et salua le cadavre militairement. Avant de s'incliner profondément.

- Jusqu’à la mort, Capitaine, dit-il alors, avant de se redresser et de regarder encore une fois le corps immobile.

Soffrey de Rochencourt était mort.
Et il emportait dans sa tombe le souvenir d’un baiser enivrant.
Alduis de Fromart
Alduis de Fromart
Aristocratie

Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Empty Re: [Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé]

Message par Eldred Kjaersen Mar 17 Nov - 14:20



[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Tumblr_pw38n3Czv21y964rko1_250
Eldred, 19 ans

Il n’y aura pas de jeunes femmes pointant du doigt mes fils pour avoir peur de la mort. Car tout le monde doit mourir un jour ou l’autre. Il n’y a aucune échappatoire possible.

Volsunga, V






Eldred errait entre les corps -ou ce qu’il en restait- et les armes abandonnées par leur propriétaire. Il enjambait, achevait et parfois trébuchait sur il ne savait quoi. Le rideau de pluie s'estompait peu à peu et son bruit assourdissant laissa place à d’autres sons : le gargouillis spongieux du sol boueux gorgé de viscères, le tintement des armes ramassées et empilées. Le froissement du cuir lorsqu'un corps mort ou vif d’un zakrotien était manipulé. Les râles d'agonie. Les grognements des blessés. Ou leurs hurlements. Le cliquetis des attaches des armures monbriniennes. Le coassement des corbeaux qui s’apprêtaient à festoyer.

De temps à autre, le guerrier retournait des corps sous lesquelles d’autres étaient ensevelis. Mais toujours aucune trace de Byrnja. Ici et là, les corvidés grignotaient. Un œil pour celui-ci. Un morceau de chair à vif pour un autre. Un bout d'intestin pour un dernier. La plupart dégustaient leur repas sur place mais d’autres par habitude de la concurrence s'envolaient avec leur butin sur une branche d’épicéa. Ce soir, il n'y aurait que les hommes qui auraient faim. Encore que. Si l'on en jugeait ce groupe de zakrotiens affairés à écorcher et dépecer un cheval tombé au combat, ils n'avaient pas prévu de laisser la viande disponible en offrande à la forêt. Cela aurait été du gâchis, compte-tenu des maigres stocks donc il disposait pour l'hiver à venir.

Les yeux d'Eldred scrutèrent à nouveau le champ de bataille à la recherche de cette tresse blonde qu’il connaissait si bien. Il aurait déjà du l’apercevoir debout. Ses tripes se serrèrent au pressentiment qui le saisissait. Il réalisa dans le même temps que son odorat venait de se remettre à fonctionner lorsqu'une vague de haut-le-cœur souleva son estomac.
Il avait beau connaître le parfum des champs de bataille, jamais il ne s'y ferait. Ce mélange de merde et de pisse agrémenté des accents ferreux du sang versé un peu partout. Le tout sur les effluves si apaisantes de la forêt : humus frais, terre humide, sève d’épicéa boisé… un contraste qui le saisissait toujours autant. Un déchaînement de violence dans un jardin paisible.

Où était Byrnja ?

Il aperçut le soldat qu'il avait failli tuer dégager un corps qui semblait inextricablement emmêlé avec celui du dessous.

Ces cheveux…

Eldred se figea une demi-seconde avant de bondir, sautant par-dessus les cadavres ou les agonisants lorsque c’était possible.

Il aida l'homme à récupérer son officier sans y prêter d'avantage d’attention. Ses yeux étaient entièrement rivés sur celui de cette femme, tenant fermement son épée ensanglantée dans sa main. Cette femme avec un trou béant dans l'abdomen. Cette femme à la longue tresse blonde nageant dans la fange. Cette femme aux yeux si bleus, grands ouverts sur la canopée et la voûte céleste qui les dominait. Le regard braqué Asgard, la terre des Dieux. Cette femme aux tâches de rousseurs, de boues et de sang. Cette femme avec cet indescriptible sourire de fierté, figé sur son visage pour l’éternité.

Byrnja était là.
Byrnja était morte.

Ses jambes s'affaissèrent. Il tomba à genoux à ses côtés, sans pouvoir résister. Il regardait son regard vide mais n'arrivait pas à y croire. Elle était partie. Il ne la reverrait plus. Il ne lui parlerait plus. Il n’entendrait plus jamais son rire. Ni ses moqueries. Ni ses paroles d'amour. Sa voix s’était éteinte à tout jamais.

Elle était morte en guerrière. La plus belle de toutes les morts.
Alors d’où provenait ce vide et ce sentiment de culpabilité qui pesait sur ses épaules ?
Elle était là devant lui. Mais il ne parvenait pas réaliser qu’il ne la reverrait plus. Tout était fini. Cela paraissait insensé.

Il embrassa ses lèvres encore chaudes d’où un filet de sang coagulé s’était échappé. Il l'essuya et serra le corps inerte contre le sien. Malgré lui, les larmes commencèrent à s’échapper de ses paupières. D’abord une goutte, puis un simple filet, puis un torrent qui l’aveugla dans le plus grand des silences. Sa main caressait mécaniquement la longue chevelure d’orge sans qu’il ne parvienne à se calmer.

Il aurait été bien incapable de dire combien de temps il était resté ainsi à la serrer dans ses bras. Le temps lui semblait à la fois infini et d’une brièveté absolue.
Il la berçait dans ses bras, lorsque deux corbeaux se posèrent à ses côtés, coassant à tour de rôles.
Hugin et Munin étaient là. Ils réclamaient l’âme de Byrnja et s’offusquaient des Adieux aussi longs quand une mort était aussi belle et héroïque. Eldred voulait les chasser. Il n'en avait plus la force.
Byrnja allait aller au Valhöll.
Il devrait s’en réjouir.

Elle est morte comme elle le devait.

Il ferma ses yeux puis la souleva. Comme une jeune mariée. Et l’emporta.
Eldred Kjaersen
Eldred Kjaersen
Prisonnier de guerre / esclave

Fiche perso : Fiche
PNJ
Liens et RPs : Journal
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Kalisha de Monthoux / Coldris de Fromart / Bérénice d'Aussevielle
Messages : 563
Date d'inscription : 26/12/2019
Age : 32

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé] Empty Re: [Flashback- Campagne de Zakros - 20 juillet 1588 ] - Face aux barbares [RP sensible][Terminé]

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum