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[le 15 décembre 1591 | Rp flashback] -- La laideur ne se mesure pas à un coup de couteau (terminé)

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Message par Alduis de Fromart Mer 13 Jan - 12:37

Avertissement:

[le 15 décembre 1591 | Rp flashback] -- La laideur ne se mesure pas à un coup de couteau (terminé) Alduis_20_ans

| Alduis de Fromart | 22 ans |
___________

“On épargne à la laideur véritable les jugements de valeur ; seuls les monstres sont libres.”
David Gilbert -

-- Le 15 décembre 1591 --

Le château était trop calme. Le couloir, trop sombre. Glacial. Alduis avait froid. Il claquait des dents et ses bottes résonnaient sur les dalles blanches à intervalles réguliers, secouant le silence qui pesait comme une chape de plomb. En écho aux claquements de ses semelles, son cœur martelait à ses tempes, tel un marteau frappe une enclume.

Boum, boum, boum.

Il avait la gorge nouée, les mains moites malgré l’air frais et une douleur sourde lui compressait les poumons dans un étau qui l’obligeait à respirer vite et par à-coups.

Mathurin.

Pourquoi ? Pourquoi son corps le trahissait-il ainsi lorsqu’il pensait à lui ? Pourquoi cela tordait-il brutalement son estomac et que toutes ces images déplacées inondaient son esprit comme un fleuve brûlant ?

Que dirait Papa s’il savait ?
Que dirait Bérénice ?

Mathurin l’avait vu. Il avait forcément remarqué cet élan de son corps quand il lui avait souri. Comme cela aurait-il pu lui échapper ? Alduis aurait eu envie de s’enterrer, et de mourir de honte loin de ces regards inquisiteurs qui s’étaient inquiétés de le voir blanchir d’un coup.

Et ce sourire… Ô ce sourire… C’était comme s’il s’était gravé au fer rouge dans son esprit. Alduis ne parvenait plus à penser à autre chose. Chacune de ses pensées était tournée vers ces boucles brunes, vers ces yeux noisettes, vers cette bouche souriante. Chaque parcelle de son corps se consumait sous un feu ardent et indésirable.

Alduis arriva enfin devant la porte de sa chambre. Il posa sa main tremblante sur la poignée et la poussa d’un coup d’épaule. Il la repoussa avec son pied, et n’entendit pas le petit cliquetis indiquant qu’elle s’était correctement refermée, mais il ne s’en soucia pas. Ses oreilles bourdonnaient.

Il fit une pause pour reprendre sa respiration.

Inspirer. Expirer. Inspirer...

Cela le calma momentanément. Une courte accalmie pendant une tempête.

... expirer. Inspirer.

Le sourire s’imposa de nouveau à son esprit. La respiration profonde qu’il essayait de mettre en place vola en éclats. Ce fut presque en courant qu’il se jeta sur le pichet qui trônait là aux côtés d’un verre. Il le remplit précipitamment, le but cul sec. Si précipitamment que de l’eau coula sur son menton. Pour éteindre un feu, il fallait de l’eau. Beaucoup d’eau. Il remplit de nouveau le verre. Une fois, deux fois, trois fois. Le vida d’une traite systématiquement. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une goutte au fond du pichet - qui tomba sur le sol comme une larme quand il le renversa tête en bas.

Le sourire était toujours là. Il aurait pu s’abreuver directement à une fontaine que cela n’aurait rien pu y faire. Parce que ce feu-là ne s’éteignait pas avec de l’eau.

Alduis desserra ses doigts. Lentement. Le pichet finit par lui échapper et rebondit sur le sol dans un vacarme assourdissant. Son écho s’envola contre les murs de la pièce et les dépassa. Une fois. Deux fois. Trois fois. Alduis crut presque qu’il ne se casserait pas. Il heurta le sol une quatrième fois et explosa. En milliers d’éclats de cristal. En même temps que son coeur qui lui sembla se fracasser à l’intérieur de sa poitrine.

Il se jeta dans son lit, la tête enfoncée dans l’oreiller, les poings serrés, comme prêts à frapper quelque chose. Il devait respirer. Il ne devait pas perdre son sang froid. Mais il eut beau faire, ce fut vain. Alors il frappa le matelas de toutes ses forces, pour évacuer sa frustration. Il mordit son oreiller, pour s’empêcher de hurler. Parce qu’il en avait soudainement très envie. Mais qui l’aurait entendu de toute manière ? Le ciel était vide. Il était tout seul. Tout seul avec ce sourire.

Mathurin Auvray.

Alduis voulait oublier. Oublier les frissons qu’avait fait courir sa voix grave sur sa peau. Oublier cette conversation. Et surtout, par-dessus tout, oublier son sourire. Mais les choses ne fonctionnaient pas ainsi. Une fois qu’un regard, qu’une phrase anodine, avait allumé ce brasier au fond de vous, il n’y avait plus rien à faire. Juste à le regarder vous consumer, impuissant.

Ce fut dans un geste désespéré, irréfléchi, qu’il se redressa dans son lit et que ses doigts se refermèrent autour de sa dague - celle de Soffrey. Il la leva en direction de son visage, pointe contre sa peau, et la sentit trembler infimement. Il percevait déjà la morsure du métal dans sa chair, avant même qu'elle ne l'entame. Il hésita. Comme si un dernier petit scrupule le retenait d’appuyer. Une petite voix qui lui disait, réfléchis bien.

Mais c’était tout réfléchi. Il ne voulait pas de ça. Plus jamais on ne le trouverait attirant. On aurait peur de lui, peur de ces stigmates sur son visage, et on resterait à distance. Loin, assez loin pour que ce brasier reste éteint à jamais. Que la porte se referme sur ce sourire et ne s’ouvre jamais plus.

Cette idée alluma une frénésie en lui, qui mêlait une hérésie et une adrénaline destructrices. Il enfonça la lame dans sa peau et le métal déchira sa joue de part et d’autre. La douleur se déversa comme une poix épaisse et brûlante dans toute sa tête, les coups de marteau prirent en ampleur. Sa vision tangua, s’obscurcit et se troubla. Des étoiles noires vinrent danser devant ses yeux. Le sang inonda son visage, son cou et ses vêtements. Même les draps se retrouvèrent rapidement ensanglantés. Tout devint flou. Un monde de douleur et de sang.

Il était incapable de réfléchir. Incapable de s’arrêter aussi. Pris de cette folie irrationnelle, précipitée et dévastatrice, Alduis leva de nouveau sa dague. Plus rien ne comptait. Sinon recommencer. Encore et encore.

Il voulait lacérer son visage de ces morsures sanglantes.
Il voulait blesser son corps pour que chacun puisse voir la noirceur de son âme déchirée.
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Message par Coldris de Fromart Mer 13 Jan - 16:42






Bérénice de Fromart-Aussevielle, 20 ans


Bérénice n’arrivait pas à dormir. Elle se tournait, retournait, re-retournait dans ce lit qui avait bercé toute son enfance. Elle enfouissait la tête dans cet oreiller qui avait épongé toutes ses larmes dans le secret de la nuit. Elle s’emmitouflait dans cette couverture qui avait été autant source de confort que d’imagination.
Cela faisait une semaine qu’elle était revenue à Fromart, Démétrius était monté à la capitale rendre visite à son père. Même si cela lui pesait de le laisser alors qu’elle venait tout juste de le retrouver, elle comprenait qu’il avait lui aussi besoin de passer du temps avec les siens. Une énième fois, elle se souleva pour retomber lourdement sur le matelas.

Elle ralluma la bougie dont il ne restait plus grand-chose et reprit la lecture de son livre. Elle parcourait les phrases sans en comprendre le sens. Son esprit était parti à mille lieues d’ici. Elle pensait à son mari. À cet enfant qu’il n’avait pas encore. Comment était-elle censée s’y prendre s’il n’était jamais là ? À la crainte qu’elle avait de le perdre à la guerre. À cette même crainte qu’elle avait pour Alduis. À ce fossé qui s’installait entre eux sans qu’elle ne puisse rien y faire. Elle frissonna et se pencha pour attraper le châle posé sur une chaise non loin. Il y avait aussi cette étrange atmosphère entre lui et papa qu’elle ne comprenait pas. Elle avait beau observer l’un puis l’autre, elle n’arrivait à tirer aucune conclusion. Elle avait envie de poser cette question qui lui brulait les lèvres, mais qui lui aurait répondu ? Sans doute ni l’un ni l’autre. Il était parfois difficile de suivre leur relation lorsqu’elle était à Fromart, mais depuis qu’elle n’y était plus tout était amplifié. Elle ne parvenait jamais à rattacher la caravane qui semblait toujours hors de portée. Papa était plus froid que jamais avec Alduis. Plus cassant aussi. Bien sûr, il n’avait jamais été particulièrement doux ou affectueux, mais plus les jours passaient, plus la situation s’envenimait.
Elle entendit le fracas d’un objet heurtant le sol. Puis encore et encore et encore. Elle claqua son livre. À quoi jouait-il à cette heure-ci ? Elle en était sûre l’écho provenait de ses appartements situés à l’autre bout du couloir. Ça résonnait. Sa porte devait être mal fermée. Il allait finir par réveiller tout le château et même son père. Bérénice repoussa les draps et serra la fine couverture autour de ses épaules avant de s’extirper de sa chambre sur la pointe de ses pieds, bougeoir à la main. Heureusement que c’était du parquet et non de la pierre, pieds nus, elle aurait fini frigorifiée dans sa fine chemise de nuit en lin. Le long des murs, la lumière vacillante de la flamme projetait des ombres effrayantes le long des murs. Quand elle était petite, elle n’osait jamais s’aventurer seule hors de sa chambre, alors elle hurlait le prénom de son frère, en espérant qu’il vienne la chercher.


Comme elle l’imaginait, la porte était tout juste close, elle enclencha légèrement la poignée et la poussa dans un grincement. Ses yeux s’écarquillèrent. Tout se passa très vite. Devant son lit, Alduis avait le visage en sang, ça coulait, ça ruisselait, ça gouttait de partout jusque sur le parquet. Son cœur s’emballa. Il avait ce poignard dans sa main, rougi de sang.

- Alduis ! lança-t-elle effarée d’une voix suraiguë

Dans le même temps, ses mains se portèrent à sa bouche pour contenir le cri de stupeur qui s’apprêtait à sortir. Doigts qui s’ouvrirent par réflexe, lâchant le chandelier qui s’écrasa dans un rebond sur le sol sans qu’elle ne s’en rende compte. Bérénice se précipita sur lui. Il n’allait tout de même pas recommencer ? Il ne pouvait pas recommencer ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi avait-il fait cela ? Ça n’avait pas de sens. Ça n’avait aucun sens. Quelque chose devait lui échapper. Quelque chose. Quoi ? Quoi ? Quoi ?

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Message par Alduis de Fromart Mer 13 Jan - 23:17

[le 15 décembre 1591 | Rp flashback] -- La laideur ne se mesure pas à un coup de couteau (terminé) Alduis_20_ans

| Alduis de Fromart | 22 ans |
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Alduis avait les mains pleines de sang. Il ne voyait plus rien, sinon un monde flou, un monde écarlate et chaud. Sa joue chauffait terriblement. Pire encore : elle s'embrasait. Comme si on venait de plonger sa tête dans les flammes.

Souvent, il avait été blessé sur le champ de bataille, son corps en portait les stigmates indélébiles. Il connaissait la morsure de la lame. Il connaissait l'adrénaline qui faisait oublier la douleur et le réveil douloureux une fois que l'action retombait. Il connaissait tout ça par cœur, mais jamais encore il n'avait ressenti cela.

Il aurait dû avoir peur. Il aurait dû jeter ce couteau loin de lui et ne plus y toucher. Mais il n'en avait pas envie. Parce qu'importe cette souffrance qui déchirait son crâne, elle promettait une chose bien plus grande encore. Une chose qu'il voulait, pour que chacun voit à quoi il ressemblait par dedans cette gueule d'ange qu'il avait : la laideur.

En lui, c'était tout cabossé, tout lacéré. Alors pourquoi tout ce que voyait les autres, c'étaient des yeux bleus, des cheveux plus clairs que les blés au soleil et un visage angélique ? Il n'était pas comme ça. Quand il se regardait dans un miroir, il avait la sensation de regarder un étranger.

Il devait y avoir quelque chose qui clochait chez lui, pour qu'il soit incapable d'aimer une femme comme il se devait de le faire. Il ne devait pas faire assez d'efforts. L'échec n'était pas une option, et l'imperfection non plus. Son père l'avait sans cesse dit.

Mais lui... Lui était imparfait. Lui échouait. Il n'était pas l'héritier que Coldris aimerait avoir. Il le sentait bien quand il le regardait.

Il aurait dû aimer les femmes, et s'il n'y arrivait pas, c'était simplement qu'il ne faisait pas assez d'efforts. Il ne fallait pas se contenter d'essayer, il fallait réussir.

Il leva la lame, prêt à en donner un nouveau coup, prêt à laisser l'acier se repaître de sa chair à nouveau quand ... :

— Alduis !

Une voix affolée s'éleva depuis le seuil de la porte. Un chandelier tomba par terre, mais Alduis entendit à peine. Ses oreilles bourdonnaient. La douleur azimutait son cerveau et déformait le monde qui l'entourait. Il se soucia à peine de Bérénice qui se tenait là, mains sur la bouche tant le choc était grand.

Faire des efforts ne suffisait pas. Ça ne suffirait jamais. La lame humide de son propre sang se posa de nouveau sur son visage. Un geste. Un seul. Malgré lui, il devait lutter contre son propre corps pour ne pas reculer dans un réflexe conservateur.

Des pas précipités resonnèrent sur le sol. Soudain, Bérénice arrêta sa main, pile au moment où il commençait à appuyer une seconde fois — de l'autre côté de son visage. La lame lui échappa, glissante sous ses doigts plein de sang, qui continuait de couler en abondance de la plaie. Le goût métallique saturait ses papilles.

Et ce sourire... toujours là. Le seul moyen qu'il avait trouvé pour l'effacer venait de s'envoler. Désespéré, Alduis donna un coup de tête dans le mur. Et un autre. Et encore un autre. Tant pis s'il s'ouvrait le crâne. Il voulait le faire sortir.

Dégage ! Dégage ! Dégage ! scandait son esprit.

Mais rien. Il n'y avait rien à faire. Ni ça, ni sa dague, ni même l'eau ne fonctionnait. Rien.

Rien. du. tout.

Des mains prirent soudainement ses épaules. Des mains chaudes. Des mains qui le forcèrent à arrêter. Cette simple pression suffit à le vider de ses forces. Soudainement, il se laissa aller contre Bérénice et éclata en sanglots, comme il n'avait plus pleurer depuis des années, en tartinant du sang partout sur elle.
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Message par Coldris de Fromart Jeu 14 Jan - 9:20






Bérénice de Fromart-Aussevielle, 20 ans


Il tenait toujours le poignard. Mais pourquoi ? Bérénice se précipita vers lui. Pourquoi avait-il fait cela ? Quelques petits pas. Est-ce que sa lame était vraiment en train de se rapprocher de sa joue ?

- Alduis non !

Ses doigts se refermèrent fermement autour de son poignet. Pourquoi ? Pourquoi faisait-il cela ? Il… Elle sentait le sang encore tiède de la lame goutter sur son pouce.

- Donne-moi ça ! ordonna-t-elle d’une voix plus vacillante qu’autoritaire.

D’un coup sec, son poignet se vrilla pour le forcer à lâcher l’arme, déjà poisseuse de son sang. Mais pourquoi ? Pourquoi ? se demandait-elle inlassablement sans que la question ne parvienne à se frayer un chemin jusqu’au bord de ses lèvres. Bérénice était tétanisée. Tout son corps tremblait de terreur. Alduis frappa sa tête contre le mur. Elle poussa un cri strident. Puis une seconde fois. Ses doigts s’ouvrirent et la lame tomba dans un rebond métallique. Puis encore une troisième fois. N’allait-il jamais arrêter ? Ses mains s’agrippèrent à ses épaules et elle tira de toutes ses forces en arrière pour l’arracher à cet instant de démence.

- Arrête Alduis ! Arrête… je t’en supplie implora une petite voix embuée de larmes.

Emportée par son élan, elle vacilla sur quelques pas avant de se ressaisir. Pourquoi faisait-il cela ? Elle sentit deux petites perles rouler l’une après l’autre, puis ce fut une cascade. À peine revenue à sa hauteur son frère se laissa aller entre ses bras et ses jambes se dérobèrent sous leur poids. Bérénice le serrait contre elle, aussi fort qu’elle pouvait. Secouée de sanglots, elle inondait autant sa chemise de larmes que lui-même n’en déposait. Elle le berçait doucement sans savoir si c’était pour le rassurer lui ou l’apaiser elle. Entre deux hoquets, elle resserrait sa prise plantant ses doigts dans son dos. Qu’importe si sa tunique était rougie de sang. Qu’importe. Elle ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Elle ne comprenait pas. Et à chaque fois, elle ne pouvait s’empêcher de se demander jusqu’où il serait allé si elle n’était pas intervenue. Et ses pleurs repartaient de plus belle.

Peu à peu, la panique qui s’était emparée d’elle s’apaisa. Elle renifla et elle une odeur de brûlé assaillit ses narines. La jeune femme se retourna d’un coup pour constater le bougeoir renversé sur le sol, la cire qui avait coulé et surtout… les flammes qui commençaient à grignoter le parquet. Elle étouffa un cri et tira sur la couverture en laine du lit qu’elle jeta aussitôt dessus avant de piétiner vigoureusement le feu naissant. Elle soupira profondément et se laissa tomber aux côtés d’Alduis, la respiration encore saccadée par la peur. Par les peurs. La question revint aussitôt la hanter : pourquoi ? Pourquoi ?

- Pourquoi… finit-elle par dire dans un murmure sans s’en rendre compte



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Message par Alduis de Fromart Jeu 14 Jan - 11:33

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Alduis ne voyait plus rien. Il était aveuglé par son propre sang et sa vision refusait de se stabiliser. Sa peau continuait de brûler, le sang continuait de couler. Il le sentait ruisseler sur son visage comme des larmes, jusque dans son cou, pour s’infiltrer sous sa chemise.

Il avait soudainement envie de s’arracher la peau, comme les grands blessés sur les champs de bataille qui semblaient soudainement pris de folie et qui, par tous les moyens, essayaient de mettre fin à leur vie. Ses ongles s’enfoncèrent dans ses paumes et dessinèrent de fins croissants de lune dans la couche épaisse d’hémoglobine qui les recouvraient.

Ce sourire.
Il ne voulait plus de ce sourire.

Tout ce qu’il demandait, c’était d’être normal. De pouvoir ressentir du désir pour les femmes. Mais au fond de lui, il savait que ce ne serait jamais possible. Qu’il aurait beau faire tous les efforts du monde, jamais il ne pourrait ressentir une once de désir pour elles. Qu’importe qu’elles soient belles - elles auraient pu être les belles femmes du monde - cela n’aurait rien changé à la réalité. Et c’était cette certitude qui le faisait pleurer.

Son visage n’était plus qu’un amas de chair coupée, de sang et de larmes, qu’il enfouissait dans la chemise de nuit de Bérénice, sans se soucier des tâches - certainement indélébiles - qu’il y laissait. Il s’accrochait à elle comme un noyé se raccrocherait à un rocher. Il tremblait et il la sentait trembler. Malgré tout, elle le berçait, doucement. Un peu comme Maman le faisait avant.

Soudain, après un temps indéfini, Bérénice s’agita. Il réalisa que le chandelier tombait, et toujours allumé, était embrasé les lattes du plancher seulement quand elle se leva précipitamment pour jeter la couverture sur les flammes naissantes. Il la regarda piétiner la couverture, sans bouger, le regard vide. Le sang commençait à sécher et former une épaisse couche sur son visage et dans ton cou. Il y en avait jusque dans ses cheveux blonds.

Bérénice revint à côté de lui et Alduis appuya sa tête sur ses genoux, roulé en boule, sans plus bouger.

Maudit, maudit, mau-dit sourire !

- Pourquoi... murmura soudainement Bérénice, si bas qu’il aurait été difficile de savoir si elle lui posait vraiment la question ou si ce n’était qu’une pensée sortie sans qu’elle ne le veuille vraiment.

- Je veux l’oublier, je veux l’oublier, je veux l’oublier, se mit-il à répéter alors, sans reprendre son souffle, comme si cela suffirait à fonctionner.

Mais il n’y arrivait pas… Son sourire… Il était toujours là. Ne partirait-il donc jamais ? Aussitôt, les larmes qui s’étaient quelque peu taries reprirent.

- Je veux l’oublier. Je ne veux pas… Je ne veux pas l’aimer.
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Message par Coldris de Fromart Ven 15 Jan - 11:21






Bérénice de Fromart-Aussevielle, 20 ans


Elle avait failli incendier le château par sa maladresse. Heureusement, il ne resterait rien de plus que des lattes de parquet noircies. Elle soupira. Tout ceci était si surnaturel. Elle tourna sa tête vers Alduis. Il était prostré, sa tête sur ses genoux. Bérénice observa sa large balafre dont le sang étalé sur toute la moitié de son visage -cheveux compris- commençait à coaguler. Pourquoi avait-il fait une chose pareille ? Dès qu’elle apercevait cette immense plaie, son cœur se serrait menaçant d’expulser de nouvelles larmes. Elle frissonnait en imaginant le contact glacial de l’acier mordant sa chair puis l’embrasement qui s’en suivait. Pourquoi ? Comment pouvait-on s'infliger cela? Elle ne se rendit même pas compte qu’elle avait fini par formuler sa question à laquelle Alduis scanda inlassablement « Je veux l’oublier » en guise de réponse. Qui voulait-il oublier ? Leur mère ? Il pensait encore à elle ? C’est elle qui le hantait ? Bérénice fronça les sourcils. Elle aurait dû mourir plus tôt, plutôt que de vivre assez pour blesser son grand frère...

- Je veux l’oublier. Je ne veux pas… Je ne veux pas l’aimer.
Elle se redressa subitement. Ce n’était pas maman.

- Tu es amoureux ? demanda-t-elle d’une petite voix tellement c’était étonnant d’entendre cela dans la bouche de son frère.

Lui qui restait toujours en retrait et déclinait toutes les sorties proposées par ses amies…

- Tu n’as pas droit de l’aimer? Elle est mariée ? Esclave ? Elle t’a fait du mal ?

Bérénice égrainait les possibilités qui lui venaient à l’esprit, l’une après l’autre, sans parvenir à obtenir de réponse concrète.

- Dis-moi Alduis… Dis-moi ce qu’il y a de si terrible… Tu peux tout me dire, tu sais. Tu le sais n’est-ce pas ?

Elle pencha la tête sur le côté pour attraper son regard perdu. Ses longs cheveux blonds comme les blés se répandirent en cascade sur le parquet à chevrons. Elle ne comprenait pas, mais elle ressentait tout son désespoir. Il lui suffisait de plonger ses yeux dans les siens pour être contaminée à son tour, impuissante qu’elle était à l’aider.


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Message par Alduis de Fromart Ven 15 Jan - 15:45


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Alduis ferma les yeux de toutes ses forces et voulut se boucher les oreilles pour ne plus entendre les notes de sa voix grave. Mais cela n’y changea rien. Il était entré en lui. Il avait poussé la porte qu’Alduis essayait de fermer de toutes ses forces avec une facilité déconcertante. Et c’était désespéré - d’une certaine manière, frustré - qu’il le regardait entrer. Et tout saccager sur son passage. Ne comprenait-il pas qu’Alduis voulait seulement l’oublier ? Il ne voulait pas de lui. Il ne voulait d’aucun d’eux !

Il sentit Bérénice se redresser d’un coup, pour demander, surprise :

— Tu es amoureux ?

Alduis frissonna et secoua frénétiquement la tête. Non… Non… Non ! Il n’était pas amoureux. Il ne voulait pas. S’il se le disait avec assez d’assurance, peut-être que cela marcherait. Mais il n’y croyait déjà plus. Une part de lui avait déjà la partie. Elle était perdue par avance, quel intérêt de se battre ? Mais alors, cela était la preuve tangible que tout était sa faute. Il ne faisait pas assez d’efforts, c’était tout.

— Tu n’as pas le droit de l’aimer ? reprenait Bérénice, qui essayait de comprendre.

De nouveau, il secoua la tête, sans savoir si c’était un geste sans valeur ou s’il répondait simplement à la question de sa soeur.

— Elle est mariée ? Esclave ?

Il secoua encore la tête. Non. Non ! Ce n’était pas cela. Ô, si seulement cela avait été le cas. Si ça avait été une femme, mariée ou esclave peu importe. Ô si seulement Mathurin avait été une femme. Alors cela aurait voulu dire qu’il aurait réussi. Il serra les dents à s’en faire mal aux mâchoires. Cette tension naissante raviva la douleur dans sa joue et il se couvrit la tête des bras tandis que sa sœur se penchait par-dessus lui. Ses cheveux blonds tombèrent tout autour d’elle et les entourèrent, comme pour les envelopper dans une bulle. Elle sentait la pivoine et le chèvrefeuille, et cette odeur-là, plus que le reste, le rassura.

Suffisamment pour qu’il ose répondre, d’une voix entrecoupée :

— Non… C’est… C’est pas ça… C’est pas ça...

Pourtant, il hésitait encore. Il pouvait tout lui dire. Tout, vraiment tout ? Qu’allait-elle penser ? C’était pire qu’aimer une femme mariée, pire qu’aimer une esclave. Et si en le disant, cela allait rendre la chose réelle ? Jusqu’à présent, il l’avait toujours gardé pour lui. Il n’en avait jamais parlé. À personne. Il avait espéré, peut-être bêtement, que ne pas en parler allait changer les choses. Que cela l’aiderait à ne plus y penser.

— Il... lâcha-t-il enfin entre deux sanglots, sans parvenir à enchaîner ses pensées logiquement, troublées qu’elles étaient par la douleur et la peur. C’est… Je veux pas… Je ne veux pas l’aimer...
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Message par Coldris de Fromart Sam 16 Jan - 13:58






Bérénice de Fromart-Aussevielle, 20 ans


Bérénice ne comprenait pas. A chacune de ses propositions, elle n’obtenait qu’une agitation négative de la tête. Que pouvait-il y avoir de plus compliqué, de plus désespéré ? Elle aurait ses sourcils d’incompréhension.

Il sanglotait toujours et ses phrases restaient entrecoupées si bien qu’elle avait du mal à les comprendre.  Si ce n’était pas ça alors quoi ? Il commença une phrase qui s’étouffa prématurément. Il ? Qu’est-ce qu’il y avait ? Elle posa  sa main sur son épaule et la caressa avec compassion.

- Ça va aller, Alduis, ça va aller, d’accord ?

Elle devait laver sa plaie et son visage. Elle se leva, avisa la cruche non loin : vide. Elle n’avait pas d’autres solutions que de se rendre dans sa chambre.

- Attends-moi ici, je reviens dans une minute. Je vais juste chercher de l’eau dans ma chambre
..


Elle hésita et ramassa le poignard par précaution.

… Et ne fais pas de bêtises !

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, elle était de retour avec son propre pichet et linge blanc. Elle se rassit à ses côtés, le trempa dans l’eau et commença par essuyer ses cheveux.

- Tu sais, je ne suis jamais tombée amoureuse mais on dit qu’on ne peut rien y faire. Ça doit être pour ça qu’on dit « tomber ». Si tu l’aimes, tu ne peux pas choisir de ne plis l’aimer.

En même temps qu’elle parlait, elle nettoyait délicatement le pourtour de la plaie, trempant puis essorrant le linge rougi à intervalle régulier dans la bassine de toilette qu’elle avait récupérée.

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Message par Alduis de Fromart Sam 16 Jan - 19:03

[le 15 décembre 1591 | Rp flashback] -- La laideur ne se mesure pas à un coup de couteau (terminé) Alduis_20_ans

| Alduis de Fromart | 22 ans |
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Bérénice était toujours au-dessus de lui. Elle caressait son épaule doucement, et répétant les mêmes mots. Ça va aller. Mais Alduis continuait de secouer la tête frénétiquement. Non. Ça n’allait pas aller. Ça n’allait pas du tout. Elle ne comprenait pas. Il voulait lui dire, mais il ne savait pas comment, ses pensées refusaient de s’organiser, et tout ce qu’il parvenait à faire, c’était balbultier des propos sans queue ni tête entre ses sanglots désorientés.

— C’est… C’est pas ça… C’est pas ça... répétait-il en boucle, comme s’il espérait qu’elle allait comprendre par elle-même ce qu’il essayait de lui dire.

Bérénice se leva. Elle chercha quelque chose des yeux mais ne le trouva visiblement pas. Alors elle se baissa pour prendre la dague délaissée sur le parquet et quitta la pièce, en promettant de revenir. Alduis resta roulé en boule sur le sol, en se berçant.

Quelques temps plus tard - combien de temps exactement ? - Bérénice se rassit à côté de lui. Il la vit tremper un chiffon dans l’eau et essuya ses cheveux, calmement, avec une douceur qui se dégageait de chacun de ses gestes, pour retirer le sang qui s’était pris dans ses cheveux.

— Tu sais, je ne suis jamais tomber amoureuse mais on dit qu’on ne peut rien y faire.

— Non, non… Non...

Il pouvait forcément faire quelque chose. Il ne faisait juste pas assez d’efforts, mais en essayant encore et encore, il finirait par y réussir. Il continuait de pleurer et les larmes se perdaient dans la couche de sang qui recouvrait son visage.

— Tu ne comprends pas… Ce n’est pas ça... continua-t-il de répéter, larmoyant.

Il secoua la tête et soudainement, lâcha d’un ton désespéré et perdu :

— Mais c’est pas une fille, … c’est pas une fille … c’est pas … je veux pas...
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Message par Coldris de Fromart Mer 20 Jan - 23:08





Bérénice de Fromart-Aussevielle, 20 ans


C’était pas ça. Ce n’était pas ça. Mais c’était quoi alors ? Bérénice était complètement perdue. Elle cherchait obstinément des hypothèses, mais rien ne lui venait. C’en était désespérant ! Ça ne pouvait pas être si compliqué non ? À défaut de pouvoir le consoler, elle pouvait au moins le soigner, enfin le laver. Elle doutait qu’il ne veuille de la visite du chirurgien. Pourtant… Pourtant c’était une vilaine plaie, qui allait laisser une cicatrice si rien n’était fait. C’était ce qu’elle se disait en épongeant tout ce sang. L’amour… Elle ne savait pas vraiment ce que c’était. Mais leur père disait que cela rendait faible. Est-ce qu’il fallait être faible pour se mutiler ?

Elle trempa le linge dans la bassine pensivement. La seule chose qu’elle savait à ce sujet c’est qu’on ne pouvait pas y faire grand-chose. C’était comme prendre une flèche ou se faire assommer. C’était sans doute pour cela que le verbe consacrer était « tomber ».

« Non, non, non. » Il n’avait pas tort. Comment pouvait-elle se permettre de donner des leçons alors qu’elle était parfaitement ignorante à ce sujet ? Oh bien sûr, elle avait déjà eu des relations ou semblants de relations avec de jeunes hommes, mais cela n’avait rien à voir avec ce que l’on décrivait comme un brasier dévorant ou une folle cavalcade.

- Excuse-moi. Tu as raison, c’est terriblement prétentieux de ma part. Attention ça va piquer, ne bouge pas, entendu ?

Elle tapota doucement sur la plaie afin de la nettoyer, essuyant au passage les larmes qui s’écoulaient toujours traçant des sillons rouges délavés sur ses joues. Elle était si démunie face à sa détresse. Dans sa poitrine, son cœur se serra. C’était terriblement contagieux et désagréable. Affreusement désagréable même, pourtant elle aurait volontiers pris toute sa peine si cela avait pu l’apaiser. Elle ne comprenait rien. Inutile petite sœur qui ne pouvait rien faire d’autre que de jouer les infirmières. Elle rinça le linge dans la bassine rougie, puis l’essora.

— Mais c’est pas une fille, … c’est pas une fille … c’est pas … je veux pas...

Pas une fille ? Le linge tomba dans un « ploc » sonore. Pas une fille. Sa bouche s’entrouvrit sans qu’aucun mot ne sorte. Pas une fille. C’était tellement évident. Tous ces rendez-vous manqués, tous ces regards jamais rendus, tous ces mots jamais retournés… Il n’aimait pas les filles… C’était tellement évident. Il n’avait pas le regard pétillant de papa lorsqu’il les voyait. Il aimait les hommes et c’était interdit. Comment ne s’en était-elle pas rendu compte avant ? Elle tâtonna pour récupérer le linge, le regard toujours perdu. Ses lèvres s’entrouvrirent, mais aucun son ne sortait. Les hommes ne devaient pas aimer d’autres hommes. C’était mal. Mais en même temps… Cela avait toujours existé, elle avait déjà lu cela dans des livres de l’antiquité, d’ailleurs il n’en faisait pas tant débat. C’était même normal, alors ça ne devait pas être si grave, non ? Elle reposa son regard sur son frère. Il aimait les hommes, mais il resterait toujours son frère. Rien ne pourrait jamais changer cela. Elle lui adressa un sourire et le serra dans ses bras.

- Ce n’est pas toi qui as choisi, Alduis. Tu n’y es pour rien. Je t’aimerai toujours, tu sais ?

Elle le relâcha et se remit aussitôt à ses soins. Et demanda pour lui prouver que cela ne faisait pas de différence pour elle:

- Il s’appelle comment ?




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Message par Alduis de Fromart Sam 23 Jan - 13:31

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— Excuse-moi, murmura Bérénice. Tu as raison, c’est terriblement prétentieux de ma part.

Alduis ne répondit rien. Il se laissait bercer, toujours pleurant, par la voix de sa sœur. Mais malgré sa présence, il se sentait encore seul. Parce qu’elle ne comprenait pas et qu’il ne parvenait pas à lui dire. La seule chose qui sortait, encore et encore, de sa bouche, comme une formule magique, c’était ces quelques mots désespérés : c’est pas ça.

Passant le linge humide sur la plaie qui s’ouvrait sur sa joue - laquelle continuait de brûler comme si elle était prise dans un brasier incandescent - elle retira le sang qu’il restait. Entre deux sanglots, il parvint enfin à prononcer ces quelques mots qui refusaient de sortir : les filles ne lui faisaient rien. Il enterra son visage dans les vêtements de Bérénice. Il l’avait dit. Il l’avait dit.

Sa soeur cessa subitement d’essorer le linge et il tomba dans le pichet, en envoyant quelques gouttes sur le parquet. Alduis resserra ses doigts autour de sa chemise de nuit ensanglantée. Il renifla. Il s’accrochait toujours à elle. Pourquoi ne disait-elle rien ? Il aurait eu envie d’aller mourir de honte loin, très loin. Et puis, soudain, elle le serra dans ses bras. Alduis hoqueta dans ses larmes.

Peut-être que c’était une évidence, ce qu’elle dit par la suite. Cela ne changeait certainement rien à son amour. Mais il avait besoin de l’entendre. D’en être sûr. Et comme pour s’en persuader, il continuait de la serrer de toutes ses forces. Cela faisait des années qu’il taisait cette particularité. Qu’il gardait tout pour lui, en espérant oublier, en espérant que tout disparaîtrait. Il essayait d’oublier les lèvres de Soffrey et celles de Camille.

— Il s’appelle comment ? demanda de but en blanc Bérénice en reprenant ses soins.

Alduis releva la tête. Il ouvrit la bouche, aucun son n’en sortit. Venait-elle vraiment de lui poser la question et… ?

— Mathurin, répondit-il soudainement, dans un souffle incrédule, comme s’il ne croyait pas vraiment à ce qu’il était en train de dire. Mathurin Auvray.

Et ce nom suffit à faire courir un frisson sur sa peau.
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Message par Coldris de Fromart Ven 29 Jan - 21:25





Bérénice de Fromart-Aussevielle, 20 ans


Alduis la serrait si fort qu’elle sentait ses côtés se comprimer sous tunique de nuit. Elle hésita à lui faire remarquer, mais elle ne voulait surtout pas qu’il se sente coupable surtout dans ce moment si délicat. Elle glissa une main dans ses cheveux et l’autre long de son dos. Si elle avait pu, Bérénice lui aurait cédé tout son courage, parce qu’elle savait qu’il en aurait plus besoin que lui. Papa… Papa ne serait pas si compréhensif, elle en avait bien peur. C’était déjà assez compliqué entre eux sans qu’il ne soit nécessaire de rajouter une difficulté supplémentaire. Il allait surement croire que son frère le faisait exprès pour le faire enrager un peu plus et le provoquer. Et… oh non non non non non, ce n’était pas bon du tout. Tout ce qui allait arriver… Papa ne devait pas savoir. Jamais. Elle réprima un frissonnement. Pour l’heure, cela ne servait à rien de s’inquiéter, elle devait surtout se concentrer sur Alduis. Il n’y avait que lui qui importait.

Elle acquiesça à son nom.
- Tu… Tu l’as rencontré comment ? demanda-t-elle en s’efforça de reprendre les soins.

Le linge fut essoré et elle le tamponna délicatement sur sa blessure.  Que dirait Papa demain ? Le coup de poignard c’était pour ça ? Mais pourquoi ?

- Alduis… Je… C’est surement idiot, mais je ne comprends pas… Pourquoi… Pourquoi tu… Pourquoi tu t’es fait ça ? dit-elle en indiquant la longue balafre qui traversait d’un bout à l’autre son visage.

Rien que de voir cette blessure en sachant qu’il risquait sa vie chaque fois qu’il mettait les pieds sur un champ de bataille, elle sentait les larmes affluer sous ses paupières. Lourdes et chaudes, elles se pressaient en attendant leur heure. Toutes ses autres blessures étaient dissimulées sous ses vêtements, elle pouvait les oublier, imaginer qu’il était invincible, mais  celle-ci.

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Message par Alduis de Fromart Sam 30 Jan - 15:46

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Le cœur d’Alduis battait vite. Il ne savait plus quoi penser. Il sentait son ventre se tordre dès qu’il repensait à ce sourire. Il ne trouvait pas cela désagréable, et c’était précisément cette pensée qui l’effrayait, plus que toutes les autres. Il aimait un garçon. Il brûlait d’envie de le revoir sourire encore une fois et de l’entendre parler de nouveau. Et tout à la fois, il voulait rester le plus loin possible de lui, pour empêcher toutes les tentations de l’atteindre. En fait, il avait la sensation que son ventre était brutalement devenu un champ de bataille, dans lequel s'affrontaient deux marées opposées. Et il continuait de serrer sa sœur de toutes ses forces dans ses bras, sans se rendre compte une seule seconde qu’il lui faisait peut-être mal à l’écraser ainsi. Cette dernière avait glissé une main dans ses cheveux et posé la deuxième sur son dos.

Que dirait Papa s’il savait ?
Que dirait-il ?

Cette question continuait de le hanter. Qu’allait dire son père ? L’idée qu’il puisse apprendre la vérité le rendait malade. Ses yeux brûlaient. Il ne comprendrait pas. Il aurait peut-être honte ? Alduis aurait tellement aimé pouvoir le rendre fier de lui. Il aurait aimé pouvoir devenir l’héritier que son père voulait tant qu’il soit. Mais la tâche semblait bien trop grande pour lui. Tout ce qu’il avait l’impression, c’était d’être écrasé sous une chape de plomb, à laquelle il ne pouvait se défaire. Il mourrait étouffé sous les attentes exigeantes de Coldris, avec cette certitude qu’il continuerait de le décevoir et qu’il ne serait jamais à la hauteur de ce qu’il avait voulu pour prendre sa suite. Les larmes revinrent brûler ses yeux de plus belle.

— J’ai peur, gémit-il soudain d’une voix brisée. J’ai peur, Bérénice...

Il était même terrifié. Qu’est-ce qui ne tournait pas rond, chez lui, pour qu’il soit incapable de rendre son père fier de lui ? Qu’est-ce qu’il faisait de mal ? Il faisait des efforts, plein d’efforts. Tout ce qu’il demandait, c’était un signe de reconnaissance, même infime. Rien qu’un seul. Il savait que les efforts ne suffisaient pas, qu’il fallait réussir, mais il ne demandait pas grand-chose. Juste un encouragement. Quelque chose qui le persuaderait de continuer, qui lui montrerait qu’on croyait en lui et qu’il était capable d’y parvenir.

— Tu… Tu l’as rencontré comment ? demanda Bérénice, en reprenant le linge et en tapotant la balafre qui s’ouvrait désormais sur sa joue - et cela pour le reste de sa vie.

Il secoua la tête. Ses pensées étaient si désorganisées. Il ne parvenait plus à mettre les choses dans l’ordre. Où tout cela avait-il commencé ?

— Je… je suis juste passé dans la boutique de son père, répondit-il faiblement.

Sauf que ce n’était pas le père Auvray qui l’avait accueilli, mais son fils. Avait-il tenté le Diable en revenant une deuxième fois, et une troisième, et même une quatrième… en espérant à chaque fois le revoir ?

La plaie récente continuait d’être brûlante sur sa joue. Pourquoi avait-il fait cela ? Il ne savait plus trop. Il avait été pris d’une folie destructrice, presque meurtrière. Une pulsion inexplicable, violente. Il secoua de nouveau la tête.

— Il… Il a dit que j’étais beau et… Si je ne le suis plus… Si je ne le suis plus...
... il aura peur de moi, et il partira.
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Message par Coldris de Fromart Dim 31 Jan - 13:19






Bérénice de Fromart-Aussevielle, 20 ans


Il avait peur. Il avait peur et elle comprenait aisément pourquoi. Elle aussi avait peur. Parce que c’était contagieux ou parce qu’elle anticipait la réaction de son père ? Quoi qu’il en soit, elle serra Alduis aussi fort que possible pour le rassurer. Maigre consolation pour la terreur qui l’agitait toujours, mais elle ne trouvait pas de meilleurs mots. Parfois, il valait mieux se taire. Se taire et faire parler l’autre pour le calmer, l’éloigner de ses craintes en le prenant par la main et en l’attirant plus loin. Lui demander son nom, comment il s’était rencontré.

Le genre de banalités qu’elle aurait demandé avec enthousiasme s’il avait s’agit d’une femme après tout. Et là… Là tout aurait été différent. Elle aurait regardé son frère étendu sur son lit, bras en croix, un sourire béat sur le visage à dire « Oh Nicie si tu savais comme elle est formidable ! Elle est si belle ! C’est la plus belle ! » et il se serait redressé sur son coude avant d’avouer avec son air taquin « après toi bien sûr ! ». Il n’aurait pas été là en train de pleurer des larmes mêlées de sel et de sang. Il n’aurait jamais eu cette effroyable cicatrice qu’elle ne pourrait jamais oublier. Elle hocha la tête à sa réponse. C’était une rencontre comme une autre. Comme il y en avait tant d’autres à Braktenn. Le… fruit du hasard. Elle lui adressa un sourire timide. Timide et triste de le voir s’être à ce point fait du mal.  Pourquoi ? Elle osa enfin lui poser la question et la réponse lui arracha un profond frisson d’effroi. Malgré elle, ses mains se remirent à trembler et les larmes affluèrent avant qu’elle n’ait le réflexe d’enfouir sa tête contre son épaule, loin de son regard.

- Non, non… Tu ne peux pas… Tu seras toujours beau… Parce que s’il t’aime comme moi… Il te verra avec les yeux du cœur et qu’importe si tu avais un bras en moins ou la moitié de ton visage cela ne changerait rien…

Elle quitta son épaule et essuya ses larmes du revers de la main. N’était-ce pas pour cela que l’on disait que l’amour rendait aveugle ? La beauté… Ce n’était pas juste de jolis yeux bleus ou un sourire d’ange, c’était ce que l’on était. Et ça, Alduis ne pourrait rien y changer avec un coup de poignard. Il ne pouvait que se blesser et se faire mal.

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Message par Alduis de Fromart Dim 31 Jan - 22:53

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Alduis reniflait. Les larmes coulaient le long de ses joues, se mêlait au sang qui demeurait sur son visage. Comme si elles ne devaient jamais s’arrêter. Qu’elles provenaient d’une source intarissable. Il avait cru que cela marcherait. Il avait cru qu’il y arriverait. Mais maintenant, alors que la douleur irradiait son visage et qu’elle occultait une partie de son champ de vision, il prenait conscience d’une chose : c’était une idée ridicule. Idiote.

Et cela ne le rassurait pas le moins du monde. Au contraire. Il était terrifié. À l’idée que son père le découvre, à l’idée de ne pas réussir à résister à la tentation de retourner encore une fois là-bas en espérant le revoir. Et à tant d’autres choses. À vrai dire, Alduis avait peur de ce que sa vie était en train de devenir. Il avait perdu et n’avait plus contrôle sur plus rien.

Il la sentait trembler. Il percevait ses larmes, même si elle avait enfoui sa tête dans son cou.

— Non, non… Tu ne peux pas… Tu seras toujours beau...

Alduis secoua la tête, perdu. Il ne savait plus quoi penser, ni quoi dire. Il renifla encore. Pourquoi devait-il être aussi idiot ? C’était trop tard, maintenant, ce coup de couteau resterait à jamais ancré dans son visage, comme une trace perpétuelle de ces blessures qu’il portait en lui et qui étaient invisibles.

— Mais c’est facile à dire...

Il secoua la tête. Les larmes continuaient de brûler ses yeux.

— Toi, tu es normale, tu n’as pas de souci à te faire. Et même si c’était le cas… Je suis sûr que Papa t’aimerait quand même… Il serait quand même fier de toi...

Il secoua la tête. Qu’allait-il dire ? Comment allait-il pouvoir le lui cacher ? Il luttait déjà depuis trois ans, depuis ce premier baiser à Zakros qui continuait de le faire frémir. Allait-il rester toute sa vie ainsi, à devoir se battre pour tâcher de regarder les femmes ? … et se sentir chaque fois plus inutile en se rendant compte que les tentatives restaient infructueuses, désespérément infructueuses.

— Qu’est-ce que tu ferais à ma place ? Je sais plus quoi faire… Qu’est-ce que je vais faire ?

Il n’en savait plus rien, et sa soeur était à l’heure actuelle, précisément la seule personne qui le maintenait encore ici. Son point d’ancrage. Il prit une inspiration et murmura :

— Tu vas rester là, cette nuit, hein ? Tu ne me laisses pas tout seul, dis ?
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Message par Coldris de Fromart Lun 1 Fév - 10:48

 

 
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Elle ne parvenait ni à le rassurer, ni à le consoler. Bérénice se sentait terriblement inutile alors qu’elle constatait, impuissante, ces larmes qui s’écoulaient avec plus de vigueur que précédemment.

Oui, c’était facile à dire. C’était la pure vérité, mais que pouvait-elle faire de plus ? Elle était normale. Sans doute. Mais il se trompait ce n’était pas parce que c’était elle. Ou plutôt, si, parce que c’était elle. Parce qu’elle était une femme et non un homme. Parce qu’elle n’hériterait jamais des responsabilités ni du nom. Parce qu’on lui demandait simplement de se marier et de donner des enfants à son mari pour perpétuer la lignée. Elle aurait pourtant volontiers échangé sa place avec lui, si cela avait pu le soulager, seulement voilà, c’était impossible. Que pouvait-elle répondre à cela ? Et que ferait-elle à sa place ?

Bérénice s’égara dans ses pensées un long moment, elle fouilla, retourna, mais ne trouva aucune réponse viable. Déjà, elle ne serait jamais mise un coup de couteau pour commencer et… elle se serait sans doute pliée aux exigences de la société, en apparence du moins.

- Je… je ne sais pas Alduis… je pense que j’aurais fait mon devoir et ce que l’on attendait parce que je ne sais que faire que ça, mais qu’en secret j’aurais continué à aimer qui je voulais…

Elle n’était plus sûre de rien. Elle avait l’impression que tout ce qu’elle disait n’avait aucun sens et puis… C’était facile à dire, il avait raison : elle n’était pas confrontée à ce problème après tout. La seule chose dont elle était persuadée c’était que cela devait demeurer un secret entre eux. Personne ne devait le savoir, certainement pas Papa. Alduis devait être discret, mais c’était peine perdue.

Son ultime interrogation qui avait tout l’air d’une implication la fit sursauter en la tirant de ses pensées. Rester avec lui ?  Elle croisa son regard perdu… Et si… et si l’on racontait des choses ensuite ? Ils n’avaient plus quatre ans. Papa serait sûrement furieux.

- Je… oui c’est d’accord. Je resterai avec toi, ne t’inquiète pas.

En voyant sa mine désespérée et égarée, elle ne pouvait définitivement pas lui refuser cela. Surtout après ce dont elle avait été témoin ce soir.

- Mais promets-moi de ne plus te faire du mal chuchota-t-elle dans un souffle en retournant s’agripper à son cou.

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Message par Alduis de Fromart Lun 1 Fév - 15:37

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Comment allait-il faire ?
Comment allait-il faire ?
Comment allait-il faire ?

Cette question le hantait. Parce qu’il n’en savait rien. Il avait la sensation de s’être engagé dans un chemin sombre et accidenté et qu’il ne pouvait plus faire demi-tour maintenant. Il allait au-devant d’un ravin, il finirait par tomber à l’intérieur, mais quand ? Il avait besoin de réponses… mais il n’avait personne pour les lui donner. Il se sentait seul, infiniment seul, même quand Bérénice le serrait toujours dans ses bras.

Parce que même s’il percevait son mal-être, cette volonté de le soulager qu’elle avait, elle n’était pas, et ne se trouverait jamais, dans la même situation que lui.

Papa allait comprendre. Et il allait être furieux. Et… Et… Et il ne savait plus rien. Il avait peur. Et si on le découvrait ? Pire : si on le dénonçait ? Ou qu’on dénonçait Mathurin ?

Comment allait-il faire ?

Il secoua la tête comme Bérénice répondait. Non, c’était faux. Elle savait faire plein de choses. Elle réussissait tout ce qu’elle entreprenait. Papa l’aimait, elle, il était fier d’elle. Et lui… Il n’était que l’héritier râté. Celui avec lequel il fallait faire malgré tout parce qu’il n’y en avait pas d’autres à disposition.

Il secoua la tête. Encore une fois.

Il n’imagina pas un instant que demander à sa soeur de rester dormir avec lui le reste de la nuit pourrait être perçu comme quelque chose d’indécent. Il était à des lieues de cette idée. Si loin qu’il ne la sentit même pas sursauter quand elle réalisa les implications que cela pourrait avoir. Il s’en fichait. Il voulait juste pouvoir sentir une présence avec lui, une présence qui pourrait le rassurer.

— Mais promets-moi de ne plus te faire du mal, demanda-t-elle alors.

Alduis hocha la tête sans répondre. Plus de coups de couteau. Jamais.
Alduis de Fromart
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