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[3 janvier 1597] Que dansent pour elle tes lames

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Message par Le Cent-Visages Sam 30 Jan - 16:57

[3 janvier 1597] Que dansent pour elle tes lames Trista13

Tristan, esclave, 15 ans

Au rythme de ses roues dessinant son sillon, il allait épuisant les courbes de ces rues. Tristan déambulait. Il avait appris à ne plus ployer la tête face aux regards décontenancés ou méprisants qui fixaient sa petite chariote. Paradoxalement, alors même qu'il était esclave depuis quatre mois désormais, le garçon avait gagné en assurance - fort de toute l'affection que lui offraient Bélyl et ses père qu'il servait. Ce dernier s'en moquait. Autour de lui défilaient droguistes, écrivains publics, arracheurs de dents, bibelotiers et cireurs de souliers, n'hésitant pas à user de la voix afin d'attirer le client. Arrivé à un boulevard, le petit infirme vit des imageurs peindre portraits, bouquets, ou mille autres motifs à vendre aux bourgeois.
Tristan se laissa porter par l'émotion que dégageaient les gracieuses courbes d'un visage, ou la beauté d'un paysage suggéré avec de simples touches colorées. Il ne put cependant pas trop s'attarder sur ces œuvres : beaucoup de valides se massaient pour les regarder aussi et il préférait ne pas s'embourber au milieu de leur jeu de jambes. L'esclave poursuivit son chemin. Levant les yeux, sa sensibilité accueillit les nuances environnantes faute de pouvoir contempler davantage les couleurs des peintures. Teintes des vêtements, des fruits, des regards, mais sa préférence allait à celles des cieux, profondes, si belles et changeantes. Tristan buvait la lumière du jour dans ses grands yeux effilés.

Enfin, il s'arrêta à l'un de ses coins de rue préféré. Jouissant de l'autorisation de se promener quand il n'avait pas de travail auprès de ses maîtres, Tristan revenait là où il savait que beaucoup de mômes appréciaient de se retrouver. Et cela ne manqua pas : il fut bientôt entouré d'une poignée de gosses errants qu'il connaissait bien - autant qu'eux connaissaient et appréciaient le drôle d'invalide. Notamment pour ses tours de passe-passe et ses numéros de magie ! Ceux qui lui faisaient gagner jadis un peu d'argent. Maintenant qu'il était logé et nourri, ce n'était que pour le plaisir du jeu que Tristan revenait de temps en temps se produire devant qui aimait le voir.
Le garçon prit un bout de ficelle et un anneau tendu par l'un des marmots. Commencèrent les habiles passes d'une main à l'autre, les apparitions et disparitions au rythme soutenu de ses gestes félins.

— Rien dans les mains, rien dans les poches ! Donne-moi une vieille corde, j'y ferai naître un bijou. Tada !

On rit autour de lui. On applaudit. Les petits demandèrent d'autres tours. Et comme une comptine, il poursuivit avec son vieux jeu de cartes à jouer qu'il venait de sortir de sa besace, faisant croire en la transformation d'une carte en une autre :

— Montre-moi six piques, et hop ! Je les divise ! Montre-moi deux cœurs, oh les voilà multipliés ! Et toi, présente-moi un roi et une reine, que je les marie... Tada ! Il en sort un as de cœur ! Et maintenant... voyez, rien n'est impossible : regardez bien ce pauvre valet, magie ! Il est devenu un roi ! (Un temps, se penchant au-dessus des cartes saisies par l'un des enfants) Hm, si la chance me sourit, je vais le retrouver, ton trèfle... Oh ! Le voici n'est-ce pas !

Le marmot battit des mains, impressionné que Tristan ait retrouvé sa bonne carte. Tout oublier le temps d'un spectacle, s'enivrer d'illusions, l'esclave y succombait avec toujours autant d'entrain. Il n'y avait bien que dans le monde des jeux qu'un petit valet pouvait devenir roi par le seul pouvoir d'un tour de main... Alors puisse-t-on rêver et emporter un public avec soi. Il fallut cependant se séparer quand le petit groupe d'enfants du jour fut interpellé par une femme au bout de la rue. Sûrement leur tutrice. Ou une dame des bonnes œuvres les appelant pour une soupe. Ils saluèrent le magicien infirme, qui leur rendit leur au revoir de la main. Alors seulement, Tristan releva ses grands yeux ambrés sur la rue et y apercevra une très élégante jeune femme brune. Plutôt inhabituel que de croiser une noble - ou au moins une grande bourgeoise, à en croire sa tenue - en ces bas quartiers... Que pouvait-elle chercher ? Dans le doute, il ne bougea pas mais observa, curieux, d'un petit coin de l'œil cherchant à demeurer discret. Avait-elle vu ses numéros ? Depuis quand était-elle sur place ? Au moins, elle ne l'aurait pas surpris en train de manier le couteau... Tristan limitait la fréquence de ses danses aux lames, pour préférer parfois des représentations plus prudentes ainsi que cela fut le cas en ce jour.

@Éléonore de Tianidre
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Message par Éléonore de Fromart Lun 1 Fév - 11:05

Eléonore avait besoin de réfléchir, c’en était trop. Réfléchir ailleurs et surtout très loin des réprimandes d’Eltinne sur les évènements de la veille. Par quelque habile ruse - et avec la complicité inespérée de Jean qui avait surpris sa sortie - elle était parvenue à quitter sa résidence sans surveillance - sinon celle de Jean qui ne demeurait jamais fort loin. Elle pouvait à sa guise déambuler dans les rues sans qu’on lui impose la prudence.

Elle aperçut soudain un groupe d’enfants, réunis autour d’un infirme qui se donnait en spectacle. Elle resta en retrait pour les observer. Elle savait que Jean était quelque part, pas si loin. L’avait-il menée par ici à dessein ? Elle ne put s’empêcher de se demander ce qu’il cherchait vraiment, et posa quelques secondes la main sur la dague d’Ariste pour se rassurer.

Elle regardait de loin, cherchant à déterminer comment il captivait les gamins qui l’entouraient. Mais ces gamins finirent par être rappelés, l’infirme par cesser ces tours, et Eléonore par être repérée. Il semblait plus jeune qu’elle ne l’avait d’abord cru. Il la guettait avec à peu près autant de discrétion qu’elle-même avait suivi ses performances - c’est à dire pas assez.

Elle décida d’avancer quand-même. C’était elle qui n’était pas à sa place, mais bientôt, elle l’aurait dépassé et il oublierait même qu’elle avait existé. Sauf qu’au moment de le dépasser, elle hésita. Elle avait bien envie de comprendre, tout de même. Son oncle avait toujours trouvé ce genre de démonstration profondément ridicules, mais… Elle avait besoin de penser à autre chose. Elle était peut-être ingrate de vouloir que cette souffrance parte tout le temps au lieu de se contenter des moments elle reffluait un peu… Mais après tout, elle aurait tout le temps de ressasser ses idées plus tard.

Elle se retourna brusquement.

— Vous… Pourriez recommencer ? demanda-t-elle avec des yeux pétillants. S’il vous plait...
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Message par Le Cent-Visages Ven 12 Fév - 11:47

[3 janvier 1597] Que dansent pour elle tes lames Trista13

Tristan, esclave, 15 ans

Tristan remballait son matériel de magie quand, surpris, il vit l'élégante jeune femme déjà repérée plus tôt approcher au milieu des bambins qui se dispersaient. Quelque chose l'interpella dans la mine très douce et quelque peu troublée de sa vis-à-vis, comme si... c'était elle qui se sentait gênée d'être là, pas à sa place. Voilà qui la démarquait de tant d'autres de sa condition, ceux-là qui s'estimaient chez eux partout, attendaient les honneurs et la priorité en tout lieu. Un rose pâle monta aux joues de l'invalide et il lui offrit un sourire de bon accueil. Ses yeux pétillants faisaient plaisir à voir : ainsi, elle avait apprécié ses numéros ? Et souhaitait voir encore ! Le rose aux pommettes de Tristan s'accentua. La demande l'intimida et le flatta autant. Refaire ses tours de passe-passe devant une adulte n'était jamais la même paire de manches qu'avec des enfants qui s'émerveillaient si aisément et étaient moins disposés à trouver les "trucs". Une adulte... et une noble femme de surcroît.

-- Oh, avec plaisir Mad'moiselle ! Je vous en prie, fit sa petite voix tandis que ses longs doigts désignaient un muret faisant office de siège juste en face de son fauteuil roulant.

Il plissa ses yeux ambrés au-dessus de ses cartes qu'il remit en place sur le petit plateau disposé à ses genoux. Il se mordilla la joue : oh, que le trac ne le gagne pas ! Cela ne devait pas. Il réfléchit un instant tout en brassant son jeu - dont les cartes venaient se mêler dans le bruissement rapide d'un mélange où elles dessinaient comme deux éventails s'entremêlant. Que pouvait-il faire ? Oh ! L'idée lui vint.

-- Tirez donc une carte, lui proposa-t-il en lui présentant le jeu ordonné en un arc-de-cercle au parfait arrondi - avant de suggérer, malicieux : ...mais 'me la dites pas ! Elle sera... vous pour la suite de ses allées, venues, apparitions et disparitions dans le monde ! Pourvu que cela lui convienne, comme jeu, espéra-t-il. Lui-même, sensible à la symbolique des cartes, était déjà curieux de la lame qui viendrait entre les doigts de la demoiselle.
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Message par Éléonore de Fromart Dim 14 Fév - 15:50

Le garçon rosit légèrement lorsqu’Eléonore revint vers lui pour lui demander de répéter ses tours pour elle. Elle était immature, tellement immature… Son attitude était vraiment ridicule… Mais elle avait vraiment envie de le voir recommencer.

Elle craignit un instant qu’il ne refuse… ou pire : qu’il n’accède à sa requête que par obligation, pour ne pas qu’elle ne lui attire d’ennuis - si elle avait soupçonné exercer elle telle contrainte, elle l’aurait évidemment laissé tranquille, ça ne lui aurait pas plu. Mais non : il semblait accepter de bon gré, avec même un certain enthousiasme, et la jeune femme en fut soulagée. Même ravie.

Elle s’assit sur le muret qu’on lui désignait, admirant l’aisance avec laquelle le jeune infirme mélangeait ses cartes. Cela avait une certaine forme d’élégance, d’harmonie. Un peu comme quand tante Anne faisait de la dentelle, et qu’enfant, elle regardait juste ses mains bouger, comme une danse.

On finit par lui présenter un jeu, duquel elle tira une carte, presque timidement. Trois de pique. Soit. Elle interrogea le garçon du regard. Non, elle ne lui disait pas mais… Mais qu’en faisait-elle maintenant ?
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Message par Le Cent-Visages Ven 19 Fév - 19:57

[3 janvier 1597] Que dansent pour elle tes lames Trista13

Tristan, esclave, 15 ans

Il finit par retrouver son assurance et sa bonhomie pour faire danser ses cartes, en sentant que la jeune femme ne portait en rien sur lui le regard pesant que pouvaient avoir certains Grands - et même diverses personnes plus âgées même si ce ne devait pas être de beaucoup en l'occurrence. Sourire étiré, il plaça les cartes en éventail - duquel elle en tira une. Avec la permission de la demoiselle, sur un clin d'œil il la récupérera, la replacera quelque part dans sa collection et annoncera dans la foulée, joueur :

-- Je vais la retrouver ! Seule d'abord. Et puis nous verrons bien avec qui ensuite au fil des autres tours !

Un ondoiement de mains. Tour de passe-passe. Rapide mélange qui sera anodin aux yeux de la spectatrice... mais où logeait son "truc" pour rapidement cerner la carte qu'elle venait de piocher. Tristan fit se dévoiler toutes les arcanes dans une réaction en domino, d'un petit coup de pouce donné sur la première dans une minuscule pichenette. Une seule paraissait retournée. Il haussa un sourcil, la saisit et la présenta du bout de ses petits doigts à sa vis-à-vis. Mais pas avant de l'avoir lui-même regardée. Un trois de pique. Oh, la carte qui serait "elle" serait donc le trois de pique, si sa manipulation des lames avait été efficace ? Tristan croisa les doigts devant ses lèvres, sourcilla devant le dessin avant de retrouver sa figure avenante. Que l'on y croit ou que l'on y croit pas, que le hasard des dessins piochés ou une vraie signification vienne parler en ces figures, le garçon aimait jouer le jeu et dire les interprétations qu'il savait des arcanes. Le joueur avec lui en faisait bien ce qu'il voudrait. Sa voix claire et sautillante, pour tout ce que ne pouvaient pas ses jambes, décrivit :

-- Hm. Le trois. Et les piques. Cela parle d'un point pivot dans vot' chemin, après... une séparation. La Trinité, elle peut évoquer les choses de l'esprit, l'intelligence à avoir avec de toutes nouvelles situations qui s'présentent en c'moment à vous. Le trois est... actif. Et masculin ! Comme si y avait une rencontre forte avec quelqu'un par là d'sous je dirais, acheva-t-il sur un demi sourire planant. C'était bien votre carte ?

Il guetta sa réponse et... peut-être, les mots susceptibles de lui venir spontanément en réaction à la lecture interprétative de la figure. Tristan aimait écouter ceux qui venaient jouer à ses tours. Il avait toujours trouvé aussi fascinant d'entendre les paroles des intéressés à ce qu'il pouvait dire, que de lui-même pratiquer ses numéros et commentaires de cartomancie. Parfois, des spectateurs aimaient tant parler ! Réagir à ses paroles. Broder les leurs par-dessus. Avec les arcanes, il y avait souvent autant à découvrir l'un de l'autre entre le praticien et la personne venue jouer, ce qui avait le don d'enthousiasmer le curieux faiseur de tours. Mais parfois, d'autres spectateurs ne disaient rien et appréciaient seulement de le regarder titiller chiffres et figures entre ses mains véloces. Il verrait bien ce que préférerait cette demoiselle. Parler et entendre parler sur les cartes... et sur elle... ou les regarder tanguer au gré de la magie.

-- Au fait, puis-je vous d'mander vot' nom ?
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Message par Éléonore de Fromart Lun 22 Fév - 16:09

On lui reprit sa carte. Bien. Souriante, elle acquiesça aux explications du petit invalide. Elle essaya de se concentrer sur le tour, de trouver l’astuce… Mais… Ah, si, ce devait être ça. Elle avait failli ne pas le voir.

Ce fut donc bien son trois de piques qu’il tira du paquet. Il le lui montra, et elle confirma d’un large sourire - sans lui dire qu’elle avait repéré le truc.

Elle l’écouta ensuite avec attention faire ses interprétations. Elle n’était pas sensible à ce genre de superstitions, mais ne perdait pas sa curiosité pour autant, loin de là.

Alors… Alors autant jouer le jeu ! Cela lui permettait un temps d’éloigner les pensées. Enfin, plus ou moins…

Une séparation. Loin, si loin, inaccessible. Elle aurait dû mourir avec lui. C’était drôle, cette histoire de situations nouvelles lui rappelait un peu le discours qu’Eldred lui avait tenu en lui remettant la boite. La boite dans laquelle elle rangeait désormais le pendentif d’Ariste.

Mais penser à son médaillon, à cette boite, à cette conversation avec Eldred, tout cela ajouté aux mots de son interlocuteur… Tout cela ne pouvait la ramener qu’à un souvenir. Le souvenir d’une folie bien peu convenable… dont elle ne savait même plus quoi penser.

Toutefois… Elle sortait pour se changer les idées. A tort ou à raison - si c’était à tort, elle le payerait plus tard et tant pis - le tireur de carte ne l’inquiétait pas. Elle esquissa un sourire et décida d’oublier la prudence.

— Une recontre forte, rien que ça. Vous savez, en ce moment, je n’ai que ça : des rencontres fortes.

Son premier mois à la capitale n’était même pas achevé que son monde avait déjà changé du tout au tout. Elle qui ne connaissait que Tianidre et n’avait jamais vécu qu’à travers Ariste et Gabriel… Ces quatre dernières années avaient été particulièrement compliquées. Elle s’était particulièrement refermée. Elle emmagasinait des informations, lisait de plus en plus, et attendait qu’Ariste revienne. Alors chaque rencontre la marquait profondément. C’était peut-être aussi lié à sa nature… Enfin, soit.

Quand à lui donner son nom… Oh, elle pouvait bien ! Enfin…

— Eléonore. Vous pouvez m’appeler Eléonore. Juste Eléonore.

Eléonore. Il se contenterait d’un prénom - du moins pour l’instant. Ce n’était pas tant ce que faisaient les dames convenables, mais c’était plus facile.

— Et moi, à qui ai-je l’honneur ? s’enquit-elle avec un sincère intérêt.

Oh, s’il ne voulait pas dévoiler son identité, il n’était pas obligé. Elle voulait seulement un nom pour pouvoir s’adresser à lui. Ce serait plus agréable.
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Message par Le Cent-Visages Dim 28 Fév - 22:58

[3 janvier 1597] Que dansent pour elle tes lames Trista13

Tristan, esclave, 15 ans

Ce large sourire était si beau ! Comme Tristan aimait voir ces expressions de joie danser sur les visages, briller au milieu d'un quotidien souvent si morne. Aussi, quand il pouvait participer un peu, humblement, à les faire jaillir à sa manière, il en concevait un enthousiasme d'enfant.
Et puis elle l'écouta, songeuse. Que pouvait-elle penser de ce qu'il disait des cartes ? Y croyait-elle ? Oh, quelle importance au fond. Pour lui, ces arcanes et les mots qu'on y posait, c'était un peu comme les histoires qui se contaient de veillée en veillée : on savait qu'elles étaient pure fiction. Que le pouvoir et le mystère logeaient surtout dans les liens que ces mots savaient tisser entre les gens. Quelques paroles de "on fait comme si...", mais dont la magie était de générer des conversations ou des pensées insoupçonnées. A la manière de ces "il était une fois". Si ces interprétations de cartes avaient une part de vrai, alors tant mieux ! Si elles n'en avaient pas, alors tant pis, c'était beau quand même à ses yeux, beau comme une histoire à laquelle on acceptait de s'abandonner le temps d'une pause.

-- Oh vraiment ? Eh b'en voilà qui s'en vient vous l'confirmer. (Un temps) Ou vous en annoncer encore une aut', de rencontre forte, en plus de toutes les autres ? ajouta-t-il avec une œillade. Hm...

Alors qu'il miaulait ce petit soupir de réflexion à peine audible quant à son prochain tour de passe-passe, ses doigts jouèrent à faire disparaître de nouveau le trois de pique au milieu de toutes les autres arcanes. Il battit le paquet, tourna du bras, ondoya du poignet pour ressortir la lame en question - face à la demoiselle, avant de la retourner d'un coup vif pour lui présenter une autre arcane sortie exactement en même temps, collée dos à dos avec le trois de pique comme si ensemble elles ne faisaient qu'une seule carte. Neuf de trèfle.

-- Et si c'était une de ces rencontres que vous avez eue, là ? Une étude... particulière ? Un professeur érudit dans son genre ?

En vérité il n'en savait strictement rien. Ce n'était que le discours de la carte. Vrai ou faux, porteur de sens ou non pour sa vis-à-vis, ce serait comme elle l'entendrait. Tout en rabattant les deux figures dans son tas, le petit invalide hocha la tête au nom de la jeune femme. Éléonore, c'était très élégant. Son sourire s'agrandit, sincèrement touché de l'entendre ne se présenter que par ce prénom. Pour elle même, juste elle sans une flopée de titres ou même le poids parfois lourd d'une famille incarnée en patronyme. L'esclave en savait quelque chose. Lui aussi aimait n'être que par son prénom : Tristan. Oh, son nom de famille, il le connaissait. Mais c'était le nom d'un homme qui l'avait battu, l'avait méprisé, abandonné dans un hôpital général par honte de ce qu'il était. Aussi ne le disait-il pas. Parfois, il ressentait cela comme un manque tout de même - les gens ordinaires et acceptés disposaient d'un nom de famille : marque d'un arbre de générations où ils étaient une branche faisant partie du tout - cependant la plupart du temps, le garçon voulait y voir une libération.

-- Enchanté, Éléonore. J'm'appelle Tristan. Juste Tristan, pour moi aussi. (Puis reprenant le cours des jeux qu'il lui proposait) Est-ce que vous voulez voir c'que disent encore les cartes ? (Il étala ses arcanes faces retournées.) Hm, vous pourriez en prendre une pour vot' passé ? Une sur vot' famille ? Oh ! Et aussi une pour la "vous" à venir ?

Il roula des épaules dans un petit recul. Pencha la tête sur le côté, par un des mouvements de roseau de son corps fluet, avant de ciller. Sa façon de demander - en un regard léger qui vous cueillait - si ce qu'il proposait intéressait ou non.
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Message par Éléonore de Fromart Mer 3 Mar - 21:59

Une rencontre forte de plus ? Elle n’était même pas sûre que ce soit encore possible… En tout cas, les autres n’auraient rien à lui envier. Deux en particulier. Un qu’elle avait encore vu la veille, et l’autre… L’autre l’avait certainement déjà oubliée, à bien y penser. Il l’avait certainement balayée de sa mémoire bien plus que la réciproque ne lui semblait possible.

Et en parlant de réciprocité… Ce n’était pas amusant si elle était la seule à parler… Elle hésita à lui poser une question, pour le relancer, pour essayer d’échanger. Elle n’osa pas. Pas encore.

Elle le laissa remélanger son paquet, pour en sortir un nouvelle, et développer ses hypothèses. Hmmm… Oui, on aurait pu le désigner ainsi, songea-t-elle avec un sourire malicieux. Mais elle garda ces pensées-là pour elle. Quelle inconscience ! Mais elle commençait à se dire que ce n’était peut-être pas si destructeur… Elle se retrouvait, à bien y penser. Et puis… Etait-ce si grave, si c’était destructeur ? Après tout, Ariste l’aurait encouragée, non ? Si : il l’aurait poussé dans ses bras en lui disant “Tu n’as rien à perdre, Raison. Profite, amuse-toi, et je te couvre.”

L’ennui étant qu’il n’était désormais plus là pour l’encourager, ni pour la couvrir… Elle n’avait même pas osé l’avouer à Gabriel. La seule chose qu’il en aurait retenu était qu’elle avait effectivement passé la nuit à pleurer, parce que le retour à la réalité avait été brutal. Parce que non, sa raison ne tolérait pas encore ce genre de dérapage sans Ariste pour lui dire que ce n’était pas grave.

Même déambuler dans les rues, elle se le reprocherait ensuite, quand elle serait seule et n’aurait plus que cela à faire. Elle se reprocherait de ne jamais rien faire comme il fallait, de ne pas être ce que l’on voulait d’elle. Parce que oui, Ariste la poussait à être libre et à commettre des folies… Mais c’était parce qu’à l’époque, il était là, et que s’il avait confiance en elle, elle était assurée que tout se passerait bien. Même accrochée à un mur, à quinze mètres de haut et sans corde, elle n’avait pas peur, puisqu’il savait, lui, qu’elle ne tomberait pas. Alors, elle vivait ses folies sans conséquences. Juste ce frisson de danger maitrisé, la fierté dans les yeux de son Bien-nommé, la certitude que tout se passerait toujours bien.

Et en parlant de nom, on s’enquit du sien, qu’elle donna sans étalage d’orgueil et de titres. De toute manière, un fardeau comme elle n’en méritait rien. Même si le prestige de son nom s’était fortement amoindri.

Son interlocuteur non plus ne lui donna pas davantage qu’un prénom. Elle n’avait pas besoin de plus. Tristan, donc.

— Enchantée, Tristan ! répondit-elle jovialement. Et pour la suite… Fallait-il continuer ? Oh… Oui ! Pourquoi pas ?! Quoi donc, cette fois ? s’enquit-elle tandis qu’il étalait son jeu.

Son passé ? Ariste était parfait, et tout semblait facile, en comparaison avec ces derniers mois. Sa famille ? A défaut d’avoir un père et une mère desquels se souvenir, elle avait eu tout ce dont elle avait besoin. Son futur ? En avait-elle encore un ? Avait-elle le choix ? Comment était-elle censée survivre sans son Ariste ?

Mais soit, il fallait qu’elle se change les idées. S’il avait été là, ils se seraient prêtés au

— Parfait !

Elle remua ses doigts dans son gant, et en retourna une première - un six de trèfle - en annonçant : Pour le passé, donc.

Elle n’aimait pas que l’on ne parle que d’elle. C’était affreusement égocentrique. Alors, après une légère hésitation - résultant de sa peur de le blesser malencontreusement ou qu’il décide soudain qu’il n’avait plus envie de lui parler, elle demanda :

— Faites-vous cela souvent ? Les tours, je veux dire. Avec les cartes.

Quelle gourde ! Et après, elle se demandait encore pourquoi il était hors de question qu’elle se montre en société ! Ah, si seulement Ariste avait pu être là pour lui faire des des choses plus intelligentes !

— Je peux prendre la suivante ? finirait-elle par demander. Parce qu’après tout, ce n’était pas son jeu.
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Message par Le Cent-Visages Jeu 18 Mar - 10:01

[3 janvier 1597] Que dansent pour elle tes lames Trista13

Tristan, esclave, 15 ans

Au sourire mutin de sa vis-à-vis, Tristan devina qu'elle devait penser à quelqu'un de particulier susceptible de correspondre à ce "professeur dans son genre". Mutin mais ayant un fond de nostalgie... Ce devait être quelqu'un de vraiment particulier et cher à son cœur. Il lui sembla même que cette nostalgie prenait le pas sur l'amusement du moment, aussi le garçon aura-t-il vite enchaîné sur le tirage des autres cartes. Elle découvrit ce six de trèfle à la renverse, que Tristan embrassa du regard en même temps que le visage doux de la jeune femme comme s'il fallait tisser le lien entre les mystères d'Éléonore et le petit dessin de l'arcane. Ce six de trèfle, cela parlait d'une relation durable - mais en posture renversée... le jeune infirme eut comme le sentiment que c'était une relation des plus fortes qui précisément ne l'avait pas été, durable.

-- Il a du y avoir une grande perte dans vot' passé... autour de laquelle des choix importants s'en viennent. Mais qui en r'vanche a laissé quelque chose de durable, de très fort, et qui fait c'que vous êtes à présent.

Sa question le toucha. Il répondit avec un certain naturel, se sentant en confiance auprès d'elle qui dégageait une bienveillance solaire :

-- J'ai vécu des années dans la rue. Alors oui, j'me suis assez vite mis à faire des numéros pour gagner mon pain. Un peu d'danse, des couteaux, et puis ça, les cartes. Si ça peut apporter un peu d'divertissement, changer les idées de gens, ou donner à voir de jolies choses, alors j'en suis très content ! (Qu'il avait été vagabond depuis ses neuf ans n'était plus un secret dans Braktenn et Tristan gardait un souvenir étonnamment heureux de ces années, même si cela signifiait un peu de danger et des lendemains toujours inconnus. Il y avait les camarades des rues, d'autres artistes ambulants, des gitans... autant de rencontres fortes dont les marginaux avaient souvent le privilège.) Et là maint'nant, je le fais un peu moins depuis que je sers la famille de mon maître. Mais ils sont extraordinairement gentils et comme vous voyez, ils me laissent du temps libre pour venir continuer parfois ces numéros qui m'plaisent tellement. Sauf que maintenant, en plus, j'ai à manger tous les jours et un toit ! J'ai eu beaucoup d'chance.

Il aura dit tout cela avec enthousiasme et sincérité, ne s'appesantissant même pas sur la réalité déchiffrable entre ses mots : sa mise en servitude. Il voyait surtout la merveilleuse famille chez qui il était tombé et, à l'entendre, l'on considérerait presque qu'il se réjouissait de sa position actuelle. Oh sans doute n'en aurait-il pas été de même s'il avait atterri dans quelque maisonnée cruelle. Cruel, en vérité son maître - le cardinal Cassin - l'était souvent, si sévère avec les infirmes. C'était pour le redresser qu'il l'avait d'ailleurs acheté, il s'en souvenait très bien. Et pour démontrer au roi que l'autorité monbrinienne devait travailler à dompter ces créatures du diable... Mais fort heureusement, Tristan voyait très peu son maître ! Il travaillait surtout pour son frère et ses filles, qui était si aimants avec lui ! C'était à en oublier le M au fer sur son épaule.

-- D'ailleurs c'est la première fois que j'vous vois au gré de ces rues que j'connais pourtant assez bien ! Vous vous êtes installée récemment ici à Braktenn ? (Un temps) Oh mais bien sûr ! répondit-il aussitôt à la question inquiète d'Éléonore : Prenez même les deux dernières. Il ne fallait pas qu'elle hésite : Tristan considérait que son jeu était aussi bien à lui qu'à la personne en sa compagnie le temps de ces tours et des lectures cartomanciennes.
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Message par Éléonore de Fromart Mer 24 Mar - 17:14

— Comme tout le monde, je suppose déplora-t-elle.

Sa mère, son père, Louis, Tante Anne… Ariste. Surtout Ariste. Et pourtant, elle avait tout de même eu une vie effroyablement facile. Elle n’avait pas le droit de se plaindre en permanence comme ça ! Elle avait toujours eu tout ce dont elle pouvait avoir besoin. Quelle ingrate elle pouvait faire !

D’ailleurs, Tristan n’était certainement pas là pour l’écouter pleurnicher - de toute façon, il n’était là que parce qu’elle l’avait retenu. Lasse de son égocentrisme - il n’y avait pas de réciprocité lorsqu’on ne parlait que de soi, et Eléonore tenait à la réciprocité - autant que sincèrement curieuse, la jeune femme tenta d’interroger le garçon.

Elle craignit immédiatement d’avoir dit une bêtise. Parce que… Parce qu’elle ne faisait que ça, depuis qu’elle était seule. Même lorsqu’elle était persuadée de ne pas avoir pu dire une bêtise, ce demeurait le cas. Comme la fois où elle avait donné son nom à Alduis et qu’elle n’avait fait qu’aggraver son état.

Mais finalement, cela passa. Elle ne put s’empêcher de sourire en voyant qu’elle n’avait visiblement pas tout fichu par terre… Un sourire teinté de compassion, de par ce qu’il lui narrait.

La joie dans ses mots rendit la jeune femme indécise quant à l’interprétation… Mais après tout, savoir si son interlocuteur avait oui ou non un M sur l’épaule n’avait pas d’importance pour elle. Il était sympathique et elle ne percevait pas de mauvaises intentions - quoique… pouvait-elle encore se faire confiance pour le déterminer ? -, cela lui suffisait.

Elle eut une légère hésitation à confirmer qu’il avait de la chance, oscillant entre le fait qu’il se sente manifestement bien et qu’elle soit excessivement mal placée pour le déterminer. Elle sourit, sincèrement contente pour lui mais bien incapable d’ajouter quoi que ce soit. Elle n’osa pas non plus poser de questions sur sa situation de peur de le brusquer ou de ternir son enthousiasme. Elle lui fut bien reconnaissante de relancer la conversation.

— Je ne suis venue que trois fois à Braktenn. A mes trois et six ans. Pour les funérailles de mes parents, admit-elle. Je dois retourner sur leur tombe demain, précisa-t-elle sans grande motivation. Cela fera dix-huit ans, pour mon père. Mais cette fois, si je viens c’est...

Pourquoi racontait-elle cela à un jeune infirme croisé au détour d’une ruelle ? Il y avait vraiment quelque chose qui ne fonctionnait pas chez elle : incapable de ne pas angoisser en société, elle discutait presque tranquillement avec des inconnus. Ariste lui avait souvent dit que le problème, c’était la confiance… Mais non : le problème, c’était juste qu’elle n’était pas capable de se tenir correctement si elle était livrée à elle-même. D’ailleurs, même avec les personnes seules, elle n’était pas toujours à l’aise. Soit : elle pouvait bien terminer sa phrase :

— Pour prendre du recul.

Elle demanda si elle pouvait encore piocher. Puisqu’il confirmait, elle en prit deux comme convenu.

— Pour la famille, donc, annonça-t-elle en lui montrant le roi de pique. Et pour l’avenir.

Cette fois, ce fut un six de coeur. Les deux étaient renversées. Après tout, même si un vilain hasard voulait que les interprétations du jeune infirme l’ait ramené à son deuil, ce n’était pas une raison pour ne pas poursuivre : elle aurait été bien ingrate de le laisser en plan alors qu’il prenait, d’une certaine manière, du temps pour elle.

Soudain, une question lui vint. Un point qu’elle n’avait pas songé à relever précédemment - c’était bien sot, elle aurait dû.

— Dites… Vous parliez de danses et de couteaux, tout à l’heure… De quoi s’agit-il exactement ?

Elle n’avait pas pu s’empêcher de songer à Ariste et Gabriel, à leur intérêt commun pour ces lames. Aux défis qu’ils se lançaient, avec des cibles toujours plus délicates à atteindre. A la manière dont ces armes tournoyaient entre leurs mains, aussi. Hypnotique. Elle ne pouvait s’empêcher de sourire.
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Message par Le Cent-Visages Jeu 1 Avr - 19:06

[3 janvier 1597] Que dansent pour elle tes lames Trista13

Tristan, esclave, 15 ans

-- C'est vrai, acquiesça-t-il : on en vit tous, des pertes, même si j'crois volontiers que certains sont plus épargnés que d'aut'. Et elles ont plusieurs visages. Un proche, un chez-soi, une partie de soi-même qui s'est transformé, un idéal qui s'envole pour qu'un autre arrive... C'qui est heureux, c'est qu'd'une façon ou d'une aut' je crois qu'c'est jamais définitif. Que ce qui est parti, ça vit toujours là (il regarde son propre cœur) ou bien là (sourit-il en ondoyant des doigts : quand la perte venait à se sublimer à travers les arts et rendre plus fort... Mais aussitôt Tristan se reprit et hoqueta dans un rire pétillant : ) Mais pardonnez-moi, je suis bavard !

Il comprenait bien que si perte il y avait, la demoiselle désire les garder au secret de ses pensées. Quel pouvait cependant être sa manière à elle de continuer de faire vivre ce "qui" ou ce "quoi" en elle ? Il devait y en avoir une, même petite, même discrète. Une force souvent inconnue de soi-même quand tout semble difficile et que l'on se voyait uniquement gauche et vulnérable dans le prisme déformant taillé par de récentes peines. Rien que son sourire. Rien que sa présence ici, dans une rue et en compagnie d'un esclave, pour Tristan, cela disait beaucoup d'un beau caractère.

Le petit infirme se rendit au passage compte qu'il lui avait confié tout naturellement un certain nombre d'éléments de sa vie d'avant autant que de sa vie servile. Il lut de la compassion dans son sourire. Un voile songeur et hésitant dans sn regard, également, alors qu'il assurait avoir de la chance. Oui, cela en surprenait plus d'un mais il était sincère. Elle n'avait pas à se sentir gênée pour lui, c'eut été triste - et heureusement une mine réjouie d'Éléonore lui répondit.
Et elle-même, était-elle quelqu'un d'heureuse ? L'invalide se posa sincèrement la question, notamment en entendant qu'elle avait perdu ses parents jeune... Si jeune ! Il se figura un temps la pauvre fillette de trois ans, puis cinq, devant passer les remparts de Braktenn pour voir père et mère inhumés. Tristan se surprit à se demander s'il n'y avait pas davantage de douleur à perdre des parents qu'on a connus et aimés - en en étant aimés en retour - au moins quelques années... plutôt qu'à ne pas les connaître du tout. Quand on s'habitue au bonheur et qu'on vous le retire, la perte - on y revenait, décidément... - est un arrachement. Quand on naît sans grand-chose, l'on ne peut ensuite qu'éclore vers le mieux !
La petite crevette à roulettes se sera cette fois-ci bien gardée d'avoir la bougeotte en écoutant Éléonore. Gigoter dans tous les sens aurait été trop impoli. Tristan n'y songea d'ailleurs même pas, imprégné comme à chaque fois qu'il recevait des confidences. Il attendit et laissa son sourire s'agrandir quand la phrase de sa vis-à-vis se brisa - mieux valait un sourire qu'un malaise à laisser flotter. "Prendre du recul" acheva-t-elle. Il acquiesça. Oui... revenir sur des lieux de perte, mais non pas pour tourner toujours dans le cercle infini de celle-ci - plutôt pour rendre hommage, tout en réussissant à continuer. Honorer mais avancer. Avec un regard neuf. Le garçon ignorait tout de son histoire mais c'était ce qu'il lui souhaitait.

-- Eh bien vraiment, j'espère que cette nouvelle venue à Braktenn sera sous d'beaux auspices. (Prendre du recul... Par association d'idée il glissa : ) Comme un artiste sur sa toile avant d'la continuer pour qu'ce soit plus beau encore !

Sur cette image, ils revinrent de concert au tirage. Tristan se pencha, son sans faire émettre un couinement de souris à sa chariote, vers les deux dernières cartes. Le roi de pique, d'abord. Renversé. Il se pinça la lèvre. Devait-il imaginer que...

-- Oh c't'intéressant ! Quand il est à l'endroit le roi de pique, c'est qu'il y a du pouvoir, des grandes responsabilités, des positions et des idées reconnues. A l'envers, est-ce que j'dois comprendre que... (il hausse un sourcil) vot' famille a eu autrefois de grands rôles politiques ? Ou même pas au passé ! Qu'elle en a encore... mais que ce serait pas vraiment reconnu comme tout à fait dans les clous et officiel ?

Œillade espiègle. Se faisait-il complètement un roman ? Ou l'entourage d'Éléonore comptait-il quelque politicien ayant été influent naguère - voire serait actuellement plutôt du genre dissident ? Si parmi ses nombreux secrets, elle cachait des points de cette nature, ce serait passionnant ! Toutefois Tristan n'était pas naïf : si tel était le cas, ce genre de choses n'étaient pas de celles qui se narrent à un parfait petit inconnu au milieu d'une rue ! La demoiselle évacuerait certainement... ou bien elle pouvait aussi éclater de rire à ses hypothèses tout à fait farfelues ! Cela aussi, il s'y attendait.

-- Et pour l'av'nir... (elle lui montra le six de cœur en embas) Le cœur ! Oh ! Cette carte veut dire que quelqu'chose de très fort du côté des sentiments arriverait ! Et qu'y aurait du double visage. Hm... Selon comment ça va arriver, comment ça va tourner, ça peut être à la fois une guérison, une association bénéfique... et un rentrée en collision - BOUM ! - entre vos sentiments et certaines d'vos valeurs. En tout cas, si la carte trace bien, ça sera surprenant !

Joueur, il aura accompagné son explication un peu désarticulée d'un geste vivace : une petite pièce tirée de sa poche, avant que Tristan ne la fît tournoyer sur l'accotoir de son fauteuil, exhibant tantôt son "pile" et son "face" comme deux visages d'une même réalité. La pécune finit par retomber à plat, recevant à ce moment un rai de lumière qui en fit scintiller le bord. Tristan la rempocha en écoutant la question venue soudain à Éléonore.

-- Hm, alors la danse, c'est que j'ai appris à dessiner des chorégraphies avec mon fauteuil et mes bras... et même mes jambes ! Elles on çà pas beaucoup de forces, mais elles bougent quand même voyez. (et comme pour illustrer, il agita ses orteils et s'amusa à tendre très fort un pied en pointe, sur laquelle il s'appuya pour faire reculer d'un peu son siège.) Et les couteaux, b'en ils font partie de mes danses. Est-ce que ça vous est d'jà arrivé de vouloir créer du beau avec c'qui d'habitude fait plutôt peur ou mal ? C'est un peu l'idée de c'que j'fais. (Il rit, soudain gêné d'avoir dit cela aussi ouvertement) J'espère que vous m'prenez pas pour un fou à bien aimer danser avec des armes ! (Un temps) 'P'is plus sérieusement, c'est aussi qu'en vivant dans la rue, j'me suis très tôt décidé à maîtriser le couteau. Faut s'défendre quand y en a qui essaient de voler vot' nourriture, tout ça.

Ses yeux en brillaient, toujours aussi enthousiaste à discuter arts - ou ce qui en tenait lieu pour lui. Il demanda sans ombrage, alors que bien d'autres n'auraient pas eu une seule seconde l'idée d'une femme s'intéressant aux armes :

-- Pourquoi cette question ? Vous dansez ? Vous faites du couteau ?
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Message par Éléonore de Fromart Dim 4 Avr - 21:37

Oui, tout le monde vivait des pertes… Et oui, il était vrai qu’elles n’étaient pas égales pour chacun.

Plusieurs visages ? Ariste les avait tous. Personne n’avait jamais été plus proche d’elle - était-il seulement possible de l’être davantage ? Sa mort avait brisé le cocon de Tianidre, qui avait perdu la magie du chateau de leur enfance : pouvait-elle se sentir chez elle quelque part où il n’était pas ? Et une partie d’elle avait changé, oui, assurément ; il avait toujours été la plus grande partie d’elle-même, tout ce qu’il y avait de bien, d’ailleurs… Quel idéal pouvait remplacer une telle perfection ? Aucun. Absolument aucun.

Ce n’était pas définitif, non. Elle ne passerait pas l’éternité à le pleurer : elle le rejoindrait bientôt, voilà tout. Et oui, il demeurerait toujours dans son coeur. Paradoxalement, son Bien-nommé demeurait son seul lien à la vie. C’était son amour aveugle qui lui avait refusé la délivrance.

— Nous serons deux, ainsi ! déclara-t-elle, enthousiaste, lorsqu’il s’excusa pour ses bavardages.

Honnêtement, elle préférait que ce soit le cas. Elle n’aimait pas tout centrer sur elle. Elle aimait bien écouter les gens parler. Surtout quand ils avaient des choses plutôt heureuses à dire. Elle parla de ses parents. Elle avait beau dire que cela l’indifférait, elle avait tout de même besoin des fragrances de romarin de sa mère pour se sentir rassurée. Depuis si longtemps qu’elle avait presque peur de tomber à court. Elle ne comprenait pas pourquoi elle lui racontait tout cela mais… A son sourire, elle sentit que ce n’était pas grave. Elle se sentit même quelque peu rassurée.

— Merci.

Elle sourit à son analogie. Elle ne pensait pas que quoi que ce soit puisse redevenir beau, malheureusement… Jamais longtemps. Mais elle aimait voir de l’espoir et des gens heureux. Au moins, eux, ils l’étaient.

Retour aux cartes. Pour la famille, d’abord. Grandeur passée. Elle ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel. C’était… loin. Le comté était toujours aussi grand et beau, certes, mais il fallait avouer que l’influence politique, c’était du passé. Quand à l’influence hors des clous… Non. Malgré ses idées, son oncle n’aurait jamais rien fait qui puisse les mettre en péril. C’était bien de lui qu’elle tenait sa prudence.

— Mon grand-père a été Ministre de la Justice. C’était avant ma naissance. Et s’il avait eu quoi que ce soit à se reprocher... - elle laissa échapper un leger rire, sachant fort bien que ce genre de postes ne s’atteignait pas avec de bons sentiments - on ne me l’aurait pas dit.

Elle ne savait pas grand chose de lui, à vrai dire… Elle ne l’avait pas connu. A croire que c’était sa naissance qui avait fait s’effondrer le prestige de la famille. Quelles informations avait-elle réussi à obtenir sur lui ? Un goût peut-être trop prononcé pour les femmes, un précédent mariage ayant donné un fils à la santé fragile et deux filles qu’Eléonore n’avait jamais rencontrées. Un attachement sans bornes à ses terres, et une affection toute particulière à son hôtel Braktennois qu’oncle Eineld respectait assez pour tout laisser dans l’état. Grand-mère était morte de chagrin à peine quelques mois avant la naissance de la jeune femme… Ou de désespoir de voir tant de tensions inexpliquées entre ses fils, qui savait.

Eléonore se rendit compte qu’elle s’était perdue dans ses pensées, mais piocha vite une nouvelle carte. L’avenir. Elle n’y croyait toujours pas, mais cela ne l’empêchait de pas d’écouter attentivement ce que Tristan avait à prophétiser, le regard oscillant entre le sien et la pièce qu’il faisait tournoyer.

— Surprenant, ce serait le moins qu’on puisse dire.

Elle avait beau chercher, elle ne trouvait rien de concret qui corresponde à cette idée. De toute façon, elle n’avait aucun instinct, trop bête qu’elle était.

D’autres questions l’intrigaient désormais. Questions auxquelles le jeune infirme ne se fit pas davantage prier pour répondre.

Ce devait apporter bon nombre de difficultés de ne pas tenir sur ses jambes, mais Tristan ne parlait pas de difficultés, il parlait de beauté et de chorégraphie, et se réjouissait que ses jambes puissent bouger un peu quand même. Elle aurait dû savoir être moins ingrate, et de réjouir davantage de ce qu’elle avait, elle aussi, au lieu de toujours se plaindre. Elle ne savait faire que ça, de toute façon. Se plaindre et être un poids pour les autres.

— Et les couteaux, b’en ils font partie de mes danses

Elle acquiesça. Evidemment. En revanche, sa question suivante la laissa un instant interdite.

— Je ne dirais pas ça… Moi j’aimais composer avec le danger. Le vide. Elle n’en revenait toujours pas d’avouer de telles choses à un gamin croisé dans une ruelle. Le mur. Quelques hideuses marques la démangèrent à l’intérieur de ses gants. La preuve qu’elle était incapable de se comporter correctement. Avant, ce n’était pas grave : avant, il y avait Ariste… Mais désormais, elle ne se sentait plus légitime à rien. Juste inconsciente et inutile. Juste irrespectueuse envers sa famille d’agir de manière si stupide. Avant, c’était sans danger, et la seule personne dont l’avis comptait vraiment l’encourageait. Aujourd’hui elle se sentait si seule, sans personne à qui se fier, personne qui lui fasse réellement confiance. Elle se sentait en tort au moindre de ses actes. J’escaladais les murs qui surplombaient les falaises.

Mais désormais, c’était terminé. Cela, et tout le reste. Hors de question de souiller les vestiges du temps où sa vie avait un sens par des pulsions destructrices. Ariste n’aurait pas voulu cela. Pas plus que de la voir ainsi dépérir, mais elle était bien trop faible pour vivre sans lui. Pas plus que de savoir qu’elle faisait exprès de prendre des risques inconsidérés qui allaient à l’encontre de ses précautions coutumières. Qu’elle se perdait dans les rues, avec en arrière pensée la possibilité d’être attaquée. Elle hocha la tête pour singifier à son interlocuteur qu’elle entendait ce qu’il disait quant à la nécessaité de savoir se défendre, même si dans son cas à elle, ce n’était pas utile.

Elle en était, oui, à espérer qu’on la tue, ou qu’on la blesse tant qu’Ariste lui donnerait le droit de renoncer. Non, ce n’était pas ce qu’il avait escompté en l’enchainant à cette vie de malheur. Et pourtant, il aurait dû s’y attendre. A ce qu’elle multiplie les périls gratuits. Ceux qui n’avaient, selon lui, aucune saveur.

Aucune saveur… Elle songea à une autre de ses folies. Oh, celle-là n’avait pas manqué de saveur, pourtant. Elle avait ri pour de vrai. Rien que pour cela, il l’aurait approuvée. Oui, elle avait ri pour de vrai, et presque oublié cette souffrance constante qui la pesait. Le retour à la réalité avait été douloureux, oui… Mais il l’était toujours. Au fond, son affliction n’avait pas été beaucoup plus prononcée ce soir-là. Un part d’espoir était revenue, mais pas autant qu’il n’aurait fallu…

La nouvelle question de Tristan la ramena à la réalité. Idiote, il fallait vraiment qu’elle cesse de s’égarer ainsi ! Et prétendre que les sujets abordés éveillaient des souvenirs ne justifiait pas qu’elle encombre une personne de plus avec sa morosité. Il était si facile de se laisser happer, pourtant… Surtout quand elle était seule et que son esprit pouvait vagabonder. Ce qui ne l’avait pas empêchée de chercher ce désoeuvrement - tout semblait trop pénible à faire - et cette solitude - d’une part parce que tout le monde à Tianidre lui rappelait l’absence d’Ariste, mais surtout parce qu’elle culpabilisait de leur imposer sa désespérante compagnie. C’était égoïste de demander à quiconque d’autre de la supporter en sachant par expérience personnelle combien sa compagnie était pénible.

Elle attrapa la dague d’Ariste dans le repli de sa robe qu’il occupait. Son contact l’apaisa. Elle tira ses gants, laissant son interlocuteur voir ses mains absolument affreuses, preuve qu’elle n’était pas une dame comme il fallait.

— Pas tout à fait, finit-elle par dire en se rendant compte qu’elle n’avait pas répondu.

Elle sourit, et s’efforça de penser à Tristan, qui - comme tout le monde - méritait mieux que de supporter sa mélancolie.

— Juste - elle donna à l’arme l’impulsion, et cette dernière fit un tour sur son poignet- Juste jouer un peu avec. Mais mon meilleur ami est beaucoup plus doué que ça. Et mon cousin aussi.

Elle aurait pu la lancer aussi, seulement… Mais pas cette dague-là. Elle était trop précieuse pour être abîmée. Puis, la danse... Seulement celles qu'il fallait maitriser en société, et ce même si elle s'abstenait de se montrer. Mais ce n'était pas intéressant à dire.
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Message par Le Cent-Visages Dim 18 Avr - 21:03

[3 janvier 1597] Que dansent pour elle tes lames Trista13

Tristan, esclave, 15 ans

Un clin d'œil entendu et deux doigts portés devant sa bouche espièglement arrondie répondirent à Éléonore quant à leur adorable vilain défaut commun. Il espéra qu'au-delà de ce sourire qui faisait déjà fort plaisir à l'invalide, la jeune femme trouve vraiment douceur et espoir en cette image picturale. Et que son tableau tôt ou tard lui plaise quand elle aurait pris le recul nécessaire. Sur ce vœu qu'il garda pour lui, tous deux se concentrèrent de nouveau sur les arcanes.

-- Oh ! lâcha-t-il, impressionné par le haut statut du grand-père : pas moins que ministre de la justice.

Pourquoi en parlait-elle au passé ? L'homme était-il décédé... ou l'avait-on limogé de son poste ? La question fut balayée par le clair éclat de rire avec lequel Tristan accueillit la plaisanterie de sa vis-à-vis. Elle avait de l'esprit, du naturel, un joli sens de la formule. Et puis... la demoiselle disait là quelque chose de vrai : quand on rencontrait des déboires, on essayait sans doute d'en protéger au mieux ceux que l'on aimait - à commencer par la descendance. Surtout quand celle-ci était encore jeune. Du moins... ce fut ce que le petit infirme imagina sur le vif, lui-même n'ayant jamais eu de contact avec sa véritable famille. Seulement une famille "de cœur" et ce n'était déjà pas rien : les trois mamans, oh oui, elles le protégeaient.

-- Alors il a pas dû connaître, ou très peu... le roi actuel pendant qu'il était à son poste, vot' grand père ? demanda Tristan, songeant aux vingt années depuis lesquelles régnait déjà Gérald Der Ragascorn. Et vot' famille, elle est encore engagée dans la politique depuis vot' aïeul ministre, ou du tout ? Et vous ?

Un intérêt sincère habitait ses mots enthousiastes. Ce n'était pas tous les jours que l'on conversait avec quelqu'un dont la famille comptait d'anciens membres de gouvernement ! Peut-être même qu'Éléonore avait ses prises de positions, voire quelque rôle dans tout cela ? Et si cela avait un lien avec cette rencontre "surprenante" que voulaient lui prédire les cartes ? L'esclave aura posé ses questions en toute naïveté, intrigué par ce monde dont il ignorait tout - et sans l'idée de porter de jugement sur ce qu'il pourrait entendre. Il n'y connaissait rien. Apprendre, en revanche, il ne disait jamais "non".

La conversation tourna sur les couteaux et les danses qui éveillaient la curiosité de la jeune femme. Pour le plaisir de Tristan, si c'était un point sur lequel ils pouvaient partager des choses. Il la sentit curieuse, loin des regards qui d'ordinaire lui transmettaient de l'étonnement voire du reproche : toi ? infirme ? danser et jouer du couteau ? Comme si on voulait lui faire comprendre que c'était impossible. Ou interdit. Il abandonna néanmoins ces souvenirs en s'intéressant à cette idée de composer avec le danger.

-- Le vide... murmura-t-il, craignant le genre d'attrait que celui-ci pouvait avoir, surtout pour quelqu'un qui avait eu beaucoup de chagrin. Ce qu'il y a de bien quand on compose, glissa Tristan, rebondissant sur sa tournure qu'il trouva jolie et riche de sens, c'est que c'est nous qui tenons la baguette pour faire la musique, ou le plume pour écrire l'poème. Le vide est dangereux comme une page blanche, mais quelqu'chose me dit que c'est pas lui qui joue d'vous au final.

"Composer avec" semblait une idée de passivité à certains. Pas à Tristan. Il voyait l'acte de création et de dépassement. Le geste du bricoleur qui devait s'en sortir avec ce qui lui passait entre les mains : danger, peines... Geste de l'artiste aussi, œuvrant avec son matériau pour le remplir, ce vide. Et il en allait de même pour l'existence. Faire avec ce qu'elle mettait à disposition. N'être pas le jouet mais celui qui jouait. Et malgré les peines que pouvait avoir traversé Éléonore, le garçon eut l'intuition que de cette composition avec le danger, elle ressortait gagnante. Même sobrement. Même avec hésitations et blessures. Mais assez gagnante pour simplement continuer, ce qui était déjà quelque chose ! Rien que l'esprit malicieux de ses bons mots et apparemment l'audace d'Éléonore - car il en fallait, de l'audace, pour composer avec vide et mur - en étaient signes, de cette force secrète. il ajouta à ce sujet, avec admiration :

-- N'empêche... Z'avez l'air d'aimer composer avec les opposés ? Le vide et le mur ! Ce qui fait tomber, ce qu'il faut grimper. Ce qui vous aspire... et ce qui d'mande l'énergie de monter. (Plus interpellé encore) L'escalade ? Wow, c'est pas courant ça ! Et comment ça vous est v'nu, ce goût du mur et de gagner sur le vide ? Vous d'vez êt' audacieuse et courageuse pour faire ces choses là non ? (Se figurant plusieurs folles histoires, il ajoute un ton plus bas, complice) Ou bien c'est-y que z'êtes une rebelle ? Et que z'aimiez prendre la poudre d'escampette par les murs ou par je sais pas quel passage secret pour échapper à quelque chose ? Ou découvrir des lieux inconnus ?

Cette jeune grimpeuse lui devint soudain digne d'un personnage de roman ! Ses yeux ambrés pétillaient de l'enthousiasme de possibles histoires. Plus encore pour lui qui ne grimperait jamais. La vue des mains de la demoiselle ne le répugna pas : au contraire elles signaient elles aussi, à ses yeux, des activités originales et une façon d'être "pas comme les autres" - et c'étaient les meilleurs. Il ne se permit pas de saisir la dague qu'Éléonore lui présentait - d'autant qu'elle semblait lui apporter de l'apaisement et que son contact lui plaisait - mais il la toucha seulement du regard.

-- Elle est belle, sourit-il devant le brillant de cette lame, sa légèreté, ses finitions. Et j'devine qu'elle doit en porter, des histoires avec elle. (Il roula des yeux et de la tête pour suivre la danse qu'Éléonore fit effectuer à sa lame grâce à son papillonnant délié de poignet) Wouhou !

Le mouvement était gracieux et agile. Qu'importait que son ami ou son cousin soient plus doués, ce qu'elle faisait, elle, plut déjà à Tristan. Il rangea ses cartes et succomba à l'envie de sortir aussi ses deux lames effilées pour accompagner Éléonore. Il alla les cueillir derrière son dos, entre lui et l'assise de sa chariote où il leur avait aménagée une petite place spéciale.

-- Tada ! Voici les miennes.

Et en réponse au tournoiement de poignard de la jeune femme, il fit faire lui aussi un cercle à l'un de ses couteaux. Si on les voyait, là, dans cette rue, si peu assortis de prime abord en train de jouer avec des armes ! Mais la situation, par son caractère atypique et l'atmosphère chaleureuse de ces confidences qui commençaient à se faire, n'en plaisait que davantage au petit esclave. Oh ça ! Il serait loin de regretter cette rencontre et cette après-midi !

-- Est-ce que vous l'faites souvent, jouer un peu avec ? C'est la première fois que j'rencontre quelqu'un qui fait de ça aussi ! Oh, ça pourrait être chouette qu'on s'montre nos tours à chacun ? (Et avant même qu'elle ne s'inquiète, il voulut prévenir l'éventuelle question) Et aucun soucis de mon côté, mes maîtres, ils me laissent avoir ces lames et jouer avec. Tant qu'c'est pas devant trop d'monde et tant que j'suis avec des gens d'confiance.

Et désormais, il y mettait Éléonore, parmi les gens de confiance.
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Message par Éléonore de Fromart Jeu 22 Avr - 12:06

Tristan semblait fort impressionné par les fonctions qu’elle évoquait… A vrai dire, elle ne se rendait pas compte de l’impact que ce pouvait avoir. Pour elle, ce n’était qu’un mot de plus, une idée anecdotique. Comme si elle avait dit que son grand-père avait les cheveux sombres. Ce devait juste être un manque de maturité de sa part. Un gamine stupide qui ne saisissait pas l’importance des choses, voilà ce qu’elle était.

— Mmmm étant décédé avant ma naissance, il n’aura pas pu.

Il fallait dire qu’il n’était déjà plus fort, cela n’avait rien d’extravagant. Eléonore fit non de la tête à l’interrogation du garçon.

— Moi ? s’étonna-t-elle ensuite. Oh, non ! Désolée de vous décevoir, mais je ne suis pas taillée pour ces choses-là.

Elle laissa échapper un léger rire. Même si elle avait été un homme, elle n’aurait absolument pas eu les capacités pour ça. Elle ne savait rien faire seule, et certainement pas ça. Elle aurait juste voulu qu’Ariste rentre de Mornoy au lieu d’y mourir, et que sa vie puisse avoir sens. Retrouverait-elle un sens assez solide pour l’apaiser ? Si l’avenir pouvait lui apporter quelque chose de réellement bénéfique, ce serait bien cela.

Elle se sentait assez coupable de ne pouvoir se contenter de ce qu’elle avait déjà retrouvé. Sa promesse de la veille à Alduis n’aurait-elle pas dû lui suffir ? Ils étaient amis et elle ne pouvait pas le laisser tomber… Oui, ça l’aidait à tenir, mais le coeur d’y était pas vraiment. Pourtant, pour lui, elle allait devoir faire comme si ce n’était pas horrible. Sinon, il allait encore se sentir coupable de l’avoir forcée à vivre, et elle n’avait pas le droit de le faire culpabiliser encore. Dire qu’il avait réussi à lui pardonner…

Elle relança Tristan sur ses centres d’intérêt. Plutôt curieux, oui, mais au nom de quoi les aurait-elle jugés ? De tous, elle était sans doute celle qui en avait le moins le droit. Il faisait quelque chose et il était heureux, alors c’était bien.

Comme il l’interrogeait, elle lui avoua ses propres extravagances. Elle sentit bien l’inquiétude dans sa voix quand il répéta ses propos mais… Elle sourit : non, non, il ne fallait pas. A l’époque, elle ne se pensait même pas capable de tomber. Ariste lui faisait confiance, alors si elle restait prudente et concentrée, il n’y avait pas le moindre risque… Et aujourd’hui… Aujourd’hui que le vide s’était imposé en elle, et que celui de l’extérieur avait un attrait si destructeur - et pourtant si libérateur -, elle avait perdu le goût de l’escalade.

C’eut pourtant été une si bonne excuse, car il lui suffisait de faire un faux mouvement et… Son tout le lui interdisait. Sa volonté surpassait déjà de loin toute celle que la jeune femme n’aurait jamais, mais au surplus, salir la mémoire de ce qu’ils aimaient partager la révulsait au plus haut point. Comment osait-elle seulement l’envisager ? Pourquoi se fracassaient-elles si cruellement dans son esprit depuis qu’elle était seule ? Elle se détestait, elle détestait cette vie…

Mais elle parlait d’une autre. D’une vie qui avait un sens, et cela lui rendit le sourire.

Tristan commentait ses activités d’une manière fort intéressante. Oui, il y avait de cela. Des opposés. Comme sa prudence et son goût du danger. Mais le courage et l’audace, non, elle ne les avait pas. Audace. Un simple mot qui invoqua un homme dans ses pensées. Des iris hypnotiques qu’elle ne se serait jamais lassée de contempler. Un simple baiser qui lui avait irrémédiablement vrillé l’esprit. Un fou rire. Son premier vrai rire depuis avril dernier. Si seulement elle avait pu le revoir...

— En fait, cela ne fait pas peur. Il n’y a pas besoin de courage.

Oui, il y avait ce frisson de danger, la conscience du vide derrière et que le moindre faux pas pouvait la tuer lorsqu’elle ne s’encordait pas mais… Mais Ariste lui faisait confiance et elle ne risquait rien. Ils étaient invicibles… Et puis, elle faisait attention : même ses folies avaient quelque chose de raisonnable. Sauf celle qui l’avait conduite à ce dîner deux semaines plus tôt, et pour laquelle elle avait sciemment oublié de penser aux conséquences. Elle s’était dit sottement “après tout, qu’ai-je à perdre” en espérant que cette inconscience l’achève. Voilà ce qui l’avait tant fait culpabiliser de choses qui ne l’auraient pas affectées en temps normal. Elle cherchait à se détruire, à désobéir à sa seule personne qui comptait vraiment, et c’était mal. Méprisable.

Mais elle s’efforça de repousser ces pensées, comme toutes les autres. (Etait-ce vraiment pour ne pas ennuyer Tristan, ou bien parce qu’elle était trop lâche pour affronter son manque de volonté ? Elle pouvait bien fuir, cela la rattraperait dès qu’elle serait seule et elle ne le savait que trop.)

— Des passages secrets, cela ne manque pas, chez moi ! répondit-elle d’un ton enjoué. Elle devait faire honneur à ses jeux d’enfants et à ceux qu’elle aimait tant qui les avait rendus possibles. Et je dois être la seule à tous les connaître par coeur… Mais grimper ou descendre en s’accrochant à un mur, par exemple, est quelque chose de tellement grisant. Il n’y a plus rien. Juste les pierres auxquelles on s’accroche, juste le vide duquel on triomphe, juste le prochain mouvement qui n’est que le prochain pas d’une danse que l’on maitrise parfaitement. On transite par un autre monde où tout est vertical, où chaque mouvement doit être savamment coordonné, où tout n’est qu’équilibre et paix. Où les pensées parasites qui se bousculent dans tous les sens se taisent. Où l’on est entièrement libre et que notre vie ne dépend que de nous… Et lorsque l’on arrive à destination, on ressent des sortes de… fourmillement dans tout son corps qui se relache. Et même la douleur de l’effort disparait. Il ne reste que la confiance et la paix, et la fierté, et l’extase, et la certitude que l’on l’on pourrait accomplir n’importe quoi.

Et ce pourvu que quelqu’un y croie. Car c’était grâce à Ariste, grâce à sa confiance, grâce à sa force qu’elle y parvenait. Comme tout. C’était lui qui avait créé son bonheur en lui permettant de faire des choses si exceptionnelles. En lui donnant des défis, des objectifs, tout en étant persuadés qu’elle en serait capable. En l’aidant à les remplir. Et elle faisait tout pour lui rendre son soutien.

— Je sais que cela aussi, ce peut être… Surprenant… Et en réalité, j’ai plutôt tendance à m’en cacher qu’à le revendiquer, vous comprenez ? J’aimerais mieux que cela ne se sache pas partout.

Parce que ces activités là n’étaient absolument pas convenables, et moins encore pour une jeune femme comme elle. En général, elle faisait beaucoup plus attention à ce qu’elle disait, pourtant… Perdre Ariste l’avait bien changée, et elle faisait n’importe quoi. Mais elle pensait pouvoir faire confiance à Tristan et… il y avait toujours cette voix pernicieuse qui lui faisait dire qu’elle ne pourrait pas tomber plus bas, et que se tromper ne serait qu’une bonne excuse pour régler définitivement certaines questions.

Et voilà qu’il l’interrogeait aussi sur les couteaux… Au point où elle en était, elle pouvait bien avouer ses petits caprices.

Elle sortit la lame d’Ariste. Son Ariste, la seule force qu’il lui restait malgré tout. Bien sûr que cette arme était belle, puisque c’était la sienne. Elle sourit à Tristan, et lui adressa un timide “merci” pour son compliment, puis, son sourire s’élargit quand elle songea à tout ce que cette dague avait vécu. Elle se laissa même tenter par une petites démonstration spontanée qui suscita l’enthousiasme de son vis-à-vis malgré sa modestie. Après tout, elle n’avait pas fait grand chose.

Eléonore ne fut pas méfiante pour un sou lorsque Tristan sortit ses propres armes, même si elle ne pensait pas qu’il soit censé en avoir. Elle les regarda, et suivit leurs mouvements avec attention.

— Je... hésita-t-elle avant d’avouer : Je ne connais pas vraiment de tours. Je sais juste les faire tourner ou les lancer.

Elle acquiesça vivement en entendant que les maîtres du jeune esclave l’autorisaient à avoir ces lames. Elle n’aurait surtout pas voulu lui attirer d’ennuis… Oh, non, surtout pas ! Mais… Des gens de confiance ?

— Et vous… Vous me faites confiance ? demanda-t-elle, incrédule.

C’était curieux, tout de même, cette confiance qu’on lui accordait sans qu’elle ne la mérite. Mais d’une certaine manière, cette confiance s’étant établie réciproquement, ce n’était pas si grave.
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Message par Le Cent-Visages Ven 7 Mai - 13:07

[3 janvier 1597] Que dansent pour elle tes lames Trista13

Tristan, esclave, 15 ans

-- Oh b'en dans c'cas on est pareil, avoua-t-il en toute légèreté pour évacuer le sujet politique : cela ne semblait pas enthousiasmer la jeune femme plus que cela. Il laissa donc sa curiosité là où elle était - heureusement, car l'on en avait jamais fini si l'on rebondissait sur tout ce qui interpellait le garçon au fil d'un discours ! Lui non plus n'avait strictement rien à jouer dans ces choses-là, du fait de son rang. Et de son jeune âge, motif qu'il avait en commun avec Éléonore.

Ils s'enthousiasmèrent davantage à évoquer les danses de lames, ainsi que leurs originalités respectives. Ah ça ! Une demoiselle et une noble qui pratiquait des escapades en escalade, qui avait connu un domaine percé de nombreux passages secrets, cela plaisait fort au petit esclave rêveur. Et avec ses commentaires, il sembla à Tristan qu'il venait de réveiller bien des pensées, bien des souvenirs chez sa vis-à-vis. Oh, rien de douloureux, espérait-il... Crainte qu'il parvint à éloigner pour s'étonner plutôt de ce qu'il entendit ensuite.

-- Pas peur ? Oh la la, moi j'crois que je s'rai terrifié pourtant. Enfin, terrifié et en même temps... hm, intrigué. L'envie de faire des trucs nouveaux et un peu fous. Mais p'tête qu'en les faisant avec quelqu'un qui gère et qu'a pas peur, eh bien ça m'donnerait ce qu'il faut d'assurance.

Il aimait lui aussi les expériences dangereuses. Jouer à danser avec des tranchants de dagues n'était rien moins que cela. Mais il avait eu peur au début. Grimper et défier le vide, voilà qui le fascinerait tout autant en même temps qu'il avait conscience de la crainte qu'une telle activité lui générerait d'abord. Autant dire qu'il ne s'en laissa que plus hypnotiser par toutes ces sensations décrites par Éléonore quand elle affrontait tous ces passages secrets - et surtout quand elle grimpait. Ses yeux pétillèrent à la seule idée de vivre un moment intense, vertical, détaché du reste. Uniquement soi et le chemin à faire au gré des pierres. Travailler avec l'environnement et avoir la force de dompter ses pensées. Tout cela devait en demander, de l'énergie, de la volonté.

-- Woo, parvint-il d'abord à miauler seulement. Mains ouvertes autour de son visage. Avec admiration. Un fond d'envie également, pour lui qui ne connaîtrait jamais que la stature assise... sauf si on le portait. J'ai eu une expérience assez voisine l'automne dernier. J'ai fait connaissance d'une gentille géante qui se promène la nuit dans Braktenn. Elle m'a pris sur son dos, elle m'a emmené sur les toits de la ville et c'était extraordinaire de découvrir comme ça le monde sous ce nouvel angle ! Eller était forte, elle grimpait, et ça devait être un peu comme vous dites, pour elle. Parce que moi, j'avais juste à profiter du spectacle, mais j'peux me faire une p'tite idée de ce moment enivrant que vous dites. C'est vrai, tout le reste disparaît ! Nos attaches à terre. Et tout c'qui nous encombre. Il faut épouser les murs, il faut habiter les airs, et eux, ils nous le rendent bien. (Un temps) Vrai qu'ça doit être un sacré jeu d'équilibre et de sens logique, d'aller saisir les bonnes prises, de basculer son corps comme il faut, d'évaluer l'espace ! Dans mes rêves les plus fous, un jour j'frai ces choses-là ! Mais sûr qu'y a de quoi êt' enivré et fier quand on réussit !

Il ouvrit ses bras, cambra le dos, s'imaginant à la place d'Éléonore - ou avec elle - en ascension le long de ces murs. La fin des confidences de la jeune femmes lui générèrent un large sourire : trouver une forme de paix et de délice dans des exercices de cette nature ne l'étonnait pas. D'autant que tout le monde n'en serait pas capable. Il fallait l'esprit aventureux et inventif. Tristan quitta ensuite son sourire pour arrondir la bouche alors qu'Éléonore soulignait préférer rester discrète quant à ses exercices. Il souffla à voix basse :

-- Oh ! Alors d'accord, j'dirai rien du tout c'est promis. (Un temps) Mais il est nul des fois c'monde, à inciter les gens qui font des choses originales comme ça à d'voir les cacher... J'trouve qu'on devrait beaucoup plus se laisser surprendre hé hé ! (Plus sérieux après son petit rire de complicité) Mais oui, j'comprends. Comme vous, j'dois cacher beaucoup d'trucs. Nous aussi, nous sommes comme vot' maison : pleins de chemins secrets.

Et il se surprit à avoir prononcé ces dernières phrases. Mais se rassura derrière en estimant que ce n'était pas d'Éléonore qu'il aurait à redouter quoi que ce fut - eux qui étaient là depuis déjà un petit moment à causer de leurs extravagances. Voir la jeune femme s'enthousiasmer avec lui du sujet de leurs jeux de lames lui fit chaud au cœur. Autant que son empathie pour ta situation : elle avait de la joie à entendre que ses maîtres le laissait libre de ses activités, cela faisait plaisir.

-- J'pourrai vous en montrer des tours, si ça vous dit ? (Un temps) Lancer... Genre loin ? Et vous vous êtes entraînée à ça avec des cibles mouvantes, ou sur des arbres ou ce genre de trucs ?

Sa dernière question le surprit. Elle semblait douter qu'on puisse lui faire confiance. C'était un peu triste... Quoique quelque part, la raison voudrait que oui, l'on accorde pas sa confiance à quelqu'un après avoir fait si rapidement connaissance au hasard d'une rue. Mais l'intuition jouait aussi sa partition. Et ce qu'ils s'étaient confiés, et cet attrait pour certaines extravagances communes... voilà qui nouait quelque chose de spontané qui inclina Tristan à confirmer sans hésitation, via ses mots à lui, dans un sourire aussi pétillant que ses prunelles :

-- Comme si j'grimpais à un mur assuré par vous. Pas peur !
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Message par Éléonore de Fromart Dim 9 Mai - 21:17

Aucun d’eux n’était destiné à la politique. Soit. Il se trouvaient plus attirés par d’autres occupations qui semblaient plus… particulières. A priori, elles n’étaient pas moins dangereuses, et pourtant - raison ou folie ? - Eléonore craignait moins cela que le vide. Que le vide physique, du moins, car le vide dans le coeur, lui, ne faisait que laisser plâner une douleur constante, même si certains l’atténuaient.

Tristan pensait en avoir peur. Oh, ce n’était pas surprenant. C’avait même quelque chose d’une preuve de sagesse. Elle aussi était terrifiée - peut-être plutôt angoissée ? - par bien des choses. Mais savoir que quelqu’un y croyait suffisait souvent pour que cela fonctionne.

— Sans doute. En réalité, la confiance fait tout.

Et aujourd’hui, cette confiance, qu’en restait-il qu’un amas de cendres, sans celui qui l’alimentait ? Aujourd’hui… Aujourd’hui, elle savait qu’elle n’était plus capable de la moitié des choses qu’elle pouvait faire avec Ariste. Parce qu’il n’était plus là pour la rassurer et l’empêcher de faire n’importe quoi. Elle se sentait tellement perdue, tout était tellement embrouillé. Le manque créait une souffrance presque physique, et ce vide, ce vide qui la rongeait de l’intérieur, n’aurait-il pas pu la précipiter dans celui qu’elle avait toujours défié ?

Les hypothèses de Tristan - dont elle ne pouvait pas nier la part de vérité - la menèrent à se remémorer ces émotions et sensations si particulières. Un combat qui vous faisait vibrer, qui en valait la peine. Une ivresse savamment maîtrisée, comme dans tous ses plans. Entendre qu’une géante circulait sur les toîts de Braktenn lui fit penser qu’elle en aurait sans doute été capable aussi, à une époque. Et tous les aspects que cita Tristan ne firent qu’élargir le sourire de la jeune femme par les bribes de souvenirs qu’ils apportaient.

Alors que le jeune infirme ouvrait les bras, elle ne put s’empêcher de regarder les murs autour d’elle, et d’imaginer. Elle tentait de réprimer cet instinct qui la poussait à toujours évaluer chaque pan de mur, à repérer les prises, calculer ses mouvements. Elle le faisait instinctivement, souvent sans même s’en rendre compte. Et lorsqu’elle y pensait aujourd’hui… Elle parvenait presque à tout imaginer, de la répartition de son poids à sa texture de la pierre sur la pulpe de ses doigts. Mais il manquait le plus important : que ce fut vrai.

En rêve, elle grimpait encore. Elle perdait Ariste, elle lâchait tout. Elle espérait que la chute l’achève, mais cela n’arrivait jamais. Elle ne faisait que se réveiller. Quelle injustice !

Oh, peut-être que la propagation d’un tel secret aurait pu l’affecter assez pour lui créer suffisamment d’ennuis pour qu’elle refuse la volonté d’Ariste. Que ne pouvait-on pas se raconter quand on souffrait ? Soit : elle spécifia tout de même qu’il s’agissait d’un secret et que cela devait le rester.

Elle comprenait que son interlocteur trouve cela dommage, que le monde réprouve tout. Oui, c’était dommage, mais après tout, pourquoi n’avait-elle pas simplement appris à être convenable ? Oh, si seulement son tout avait été là, pour que toutes ces convenances ne comptent plus, pour qu’elle ait réellement le droit d’être ainsi. Certes, le jeune esclave la comprenait, mais ce n’était pas pareil - même si c’était agréable de pouvoir en parler. Quelqu’un qui, complice, ne s’en offusquait pas et riait avec légèreté.

— Et peu en sont conscients, renchérit-elle. Et elle faisait aussi bien référence au chateau de Tianidre qu’à leurs extravagances.

On ne parlait pas d’escalade à tout le monde - à vrai dire, avant d’être perdue, elle n’avait besoin d’en parler à personne - comme il fallait être prudent avant de sortir des armes dans certaines positions. Et ce même lorsque l’on ne recherchait que des tours innocents. Eléonore n’avait pas l’impression de réellement en connaître, mais l’idée avait quelque chose de fort sympatique.

— Ce serait avec joie ! répondit-elle, plus enthousiaste qu’elle ne l’était ces derniers temps. Quant au lancer : Cela doit dépendre de ce que l’on appelle loin, je suppose. Mais je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de viser des cibles mouvantes, non. Parce que cela ne bougeait pas tout seul, et qu’elle n’était pas violente. Donc oui, plutôt des arbres, des boiseries, des choses comme ça. Et vous, vous savez aussi les lancer ?

Mais s’il ne pouvait sortir ses couteaux que devant les gens de confiance, cela signifiait qu’il la lui accordait. Et cela, c’était franchement étonnant. A vrai dire, elle ne pensait pas pas mériter. Vraiment pas. Oh, elle n’avait pas l’intention de la trahir, mais à sa place, elle aurait évité.

L’analogie la fit quand même sourire, elle qui s’était souvent contentée de confiance pour braver le vide.

— Je tâcherai de m’en montrer digne.
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Message par Le Cent-Visages Jeu 13 Mai - 17:42

[3 janvier 1597] Que dansent pour elle tes lames Trista13

Tristan, esclave, 15 ans

-- Pour sûr, sourit-il en ayant lui aussi envie de croire à cette confiance, à son pouvoir.

Sa vie avait toujours été une drôle de nacelle bringuebalée par des flots aux chemins surprenants. Du fait de son infirmité par-dessus le marché, il avait dû broder avec le fait d'être dépendant. Cela impliquait l'apprentissage de la confiance en autrui. Mais en soi-même tout autant, pour se montrer inventif à gagner des sous au coin des rues, pour ne pas se laisser abattre par la mise en servitude comme jadis à l'Hôpital Général, pour voir ce que sa situation avait de bon et broder avec. Ne pas couler la nacelle.
Ainsi tous deux étaient-ils là, à plonger dans leurs réflexions et souvenirs. Leurs regards allant, venant, se croisant, faisant parfois miroir l'un à l'autre sans toutefois que les méandres de leurs pensées ne se dévoilent vraiment. Et néanmoins dans ces mystères qu'Éléonore gardait au regard du petit infirme, quelque chose passait. Peut-être un début qui les amèneraient à se revoir, à plus forte raison qu'ils partageaient cet attrait pour la danse avec le vide et le tranchant, ce goût des singularités qui - comme la jeune femme le soulignait justement - échappait souvent aux premiers intéressés eux-mêmes dans leur accoutumance à être originaux.

L'enthousiasme de sa vis-à-vis à découvrir ses tours de dague réjouit Tristan. Il ouvrit les bras et fit pirouetter sa petite chaise, après un mouvement dans lequel il s'étirait comme un félin. Reprendre possession de ses membres suite à ce temps de pause pour la conversation. Se préparer à jouer de nouveau ses numéros un peu plus loin dans les rues, ou à repartir quand il ne faudrait plus retarder Éléonore. Ni simplement mécontenter ses maîtres. Il ne manquerait plus qu'ils s'inquiètent de lui.

-- Les faire tourner, faire genre ils disparaissent dans mes manches, les lancer oui, un peu tout ça. Et pareil que vous, sur des arbres quand j'étais dans un ermitage. Et puis avant... plutôt sur des colonnes d'une cour intérieure. Entraînement un peu secret au début, héhé. (De son petit rire enfantin, il passa à un sourire plus ému au sourire puis à la promesse de la jeune femme, à laquelle il retourna tout naturellement) Et moi d'la vôtre.

Comme il l'avait senti, les cloches au loin vinrent lui rappeler combien le temps avait déjà filé. Le rose lui reprit les joues et, tandis qu'il frottait ses mains pour se préparer à manier de nouveau ses roues, sa petite voix se broda au carillon qui vibrait encore dans l'air :

-- Oh... va falloir que j'file, pardon. C'est que j'voudrais pas inquiéter les maîtres. Et puis j'ai d'jà bien volé vot'temps ! plaisanta-t-il en jouant une dernière fois à simuler l'apparition d'une piécette entre ses doigts, comme s'il venait de la dérober ainsi qu'il aurait chapardé un grain de temps au sablier. J'suis vraiment content d'avoir fait vot' connaissance, Éléonore !

D'un bref tour de passe-passe, Tristan fit disparaître le rilch brillant dans sa manche, libérant ses doigts pour envoyer une galante bise. Il se retint brusquement alors qu'il allait s'éloigner, plaqua sa paume à son front et reprit dans un rire confus :

-- Oh mais que j'suis trop bête ! J'vous ai pas dit, si jamais vous voulez qu'on se retrouve ! Mes maîtres, c'est la famille Cassin-d'Aubeville. Y ont un hôtel en ville. Et sinon, y a la boutique de Dame Irène, la Rose Azúl. (Un temps) Autrement, j'suis souvent dans ces rues les mercredi après-midi. Et vous ? Vous habitez loin ou pas trop ?

Peut-être serait-ce mieux dans ce sens, venait-il de se dire : il était esclave, ce ne serait certainement pas à lui de se présenter seul au domaine d'une noble jeune femme. Que se passerait-il au cas où il ne tombait pas directement sur elle... En revanche, en lui livrant ces renseignements, ils auraient tout le loisir de se voir une prochaine fois de manière moins informelle - quoique le hasard de cette entrevue avait eu ses grands charmes. Et surtout, si elle le désirait. Ainsi Éléonore pourrait-elle décider d'y donner un nouveau chapitre, ou de garder leur rencontre comme page close au milieu de tant d'autres peut-être plus importantes.

-- Si on s'recroise, allez savoir, vous pourrez m'dire à ce moment-là si mes cartes ont été ou pas des filoutes, ajouta-t-il sur un clin d'œil.
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Message par Éléonore de Fromart Dim 16 Mai - 7:48

— J’aimerais bien pouvoir les faire disparaître, moi aussi, commenta Eléonore.

Peut-être qu’il pourrait lui apprendre, un jour, s’ils se revoyaient. Ce ne devait pas être bien sorcier avec un peu d’entrainement et de persévérance. Et de confiance, bien que celle-là soit d’un autre type que celle qu’ils s’étaient échangés avec Tristan.

Eléonore entendit les cloches, et lut sur le visage de son interlocteur que le temps de se séparer était venu avant même qu’il ne l’annonce. Au fond, il n’était peut-être pas plus mal qu’elle rentre aussi, avant qu’on ne s’en fasse. Avec un peu de chance, on n’aurait même pas remarqué sa disparition.

— Moi de même ! répondit-elle, sincère. Bonne continuation.

Elle sourit à ses tours, et se retournait déjà lorsqu’il s’exclama. Quelle idiote, elle n’y avait pas pensé non plus !

— Cassin-d’Aubeville, je m’en souviendrai.

Quant à elle, eh bien… Elle aurait préféré ne pas avoir à dévoiler son lieu d’habitation - et par conséquent, pourvu qu’on ait un peu de jugeotte, son indentité complète - mais puisqu’il finirait forcément par la connaître…

— Hôtel Tidrien. Et à vrai dire, je n’ai pas fait attention à la durée du trajet, mais c’est en ville, pas si loin.

Elle sourit à sa remarque suivante, et acquiesça. Elle doutait qu’une telle coïncidence puisse se manifester, mais si tel était le cas… Un magnifique regard bleu l’embrouilla, et elle secoua la tête pour ne plus y penser.
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