Event 12 ¤ Le Bal des fous - Mardi 28 février 1598

Spoiler:

Résumé:

Le raz-de-marée annuel soulevait les rues de Braktenn. Grisés par la folle animation qui agitait chaque allée, les citadins se répandaient à gorge déployée. De tout leur saoul avant l’entrée en Carême. Sous les bons hospices des organisateurs du Charivari, plus prodigues qu’un Dionysos, chacun se gavait aux buffets à disposition avec de bons légumes, du pain frais, des pâtisseries et du lard à s'en faire exploser la panse. Dans une démarche presque dansante, des hommes sifflaient, des femme chantonnait, aidés par l'alcool. Beaucoup d’entre eux étaient déguisés en fonction de leurs moyens. De belles dames de la noblesse ou de la haute bourgeoisie affichaient leurs plus resplendissants atours. Du côté du peuple, des moustaches de félin ou des formes cabalistiques dessinées à la suie ornaient nombre de joues. Les uns et les autres paradaient dans des draps évoquant ici un fantôme, là une parodie de statue… Les plus audacieux allaient torse nu, ou vêtus d'une chaude peau de bête. Ballet de couronnes faites de feuillages.

Les verres allaient de main en main. Les organisateurs serpentaient avec des bouteilles et des plateaux de mangeailles à proposer aux coins de rue. L'ardent alcool descendait trop vite le long des gosiers, les joies se décuplaient pour le meilleur et pour le pire. Il y avait de la pisse au pied de certains murs. Dès l'aube, à la lumière des lanternes, hommes, femmes, enfants bourdonnaient dans des parades audacieuses. Ménestriers et tambourineurs tenaient une cadence endiablée, relayée par les chants des Braktennois. Des chants ivres ou à tue-tête. Bienheureux étaient ceux qui arrivaient encore à profiter de la musique. Mille et une ombres joueuses animaient les murs : les badauds défilaient, dansaient, débordaient de gestes à faire rougir la piété. On se délivrait n'importe où des besoins et pulsions. Cascades de cris, effusions de liquides de toutes sortes. Alcool et viande grillée saturaient l'air. Les narines dilatées décuplaient les appétits pour des satisfactions de tous ordres.

Heureusement, tous les citadins ne poussaient pas les folies jusque là et certains se contentaient de s’amuser plus sobrement, par les danses, les chants, les plaisanterie autour de leurs déguisement. On s’apostrophait, on se lançait de petits défis, on se contait fleurette.
En cette fin février, le vent sifflait et le ciel était gris, mais les plaisirs réchauffaient corps et cœurs. Ils bénéficiaient, pour l'une des rares fois au cours du cycle liturgique, de l'assentiment clérical. Les religieux prenaient même part aux réjouissances. Sans mesure et certains en sueur. Un contentement non dissimulé. L'on pouvait s'accorder ces joies terrestres au seuil du Mercredi des Cendres et du carême. Ce jour des fous offraient l'ultime chance d'afficher une panse tendue, une mine radieuse, de pousser rires et chansonnettes avant une période de sacrifices. La liberté tempêtait à la veille d'un calme saint.


Ah ! Comme Lénius était dans son élément ! Il n’avait pas les moyens pour s’offrir un déguisement mais avait coutume de clamer que sa gueule était son propre masque. Et bien évidemment, comme chaque année il s’attendait à être désigné pour participer à l’élection du Pape des Fous… sans même qu’il eut besoin de s’y présenter lui-même. La coutume voulait que le Charivari se termine par cette désignation de celui, ou celle, qui serait pour toute la durée d’une année le Pape ou la Papesse des fous.
Mais d’ici là, le bouffon profitait de l’ambiance. Il prenait soin tout de même d’éviter des personnes dangereuses dans les parades, de rester à distance de ceux qui pourraient lui vouloir du mal, et restait là où on riait et dansait en bonne complicité. Lui-même offrait quelque morceau allègre de sa lyre, ou accompagnait de sa voix sonore les ballades du jour.
Verrait-il Claire-Marie ? Elle lui manquait… Leurs retrouvailles à la cérémonie d’ambassade lui semblaient déjà si loin. Et qui d’autre de ses amis seraient présents ? Ce serait la surprise. En tout cas, il était déjà en la bonne compagnie de Tristan.

Le garçon était tout enjoué au milieu de ces festivités. Pour l'occasion, il avait revêtu une petite pelisse aux poils roux et doux. Et surtout, il s'était confectionné un serre-tête avec des oreilles de chat. Six moustaches au crayon autour de son museau parachevaient son déguisement.
Oh certes bien plus timide que son camarade, et toujours sur ses gardes tant il était frêle et proie facile lors des débordements éventuels… Mais avec Lénius à ses côtés, tout allait bien. Tristan aimait les musiques spontanées de ce genre d’événements. Il y voyait toujours l’occasion d’entendre de jolies et joyeuses choses, faisant abstraction des scènes plus tendancieuses qui survenaient ici et là. Et puis, les gens riaient et se détendaient. Oh bien sûr, il avait bien conscience que ces divertissements offerts, c’était comme desserrer un temps la bride d’un chien pour qu’il ne morde pas. Mais enfin, toute réjouissance était bonne à prendre. Et il n’y avait pas à dire, cela restait franchement amusant de voir certains fêtards échanger leurs rôles sociaux le temps d’une journée. Des esclaves richement vêtus, des grands personnages en habits d’Harlequin, des patronnes et employées ayant échangé leurs tenues…
Tristan se demanda si dans toute cette mêlée, il reverrait Hibiki. Bientôt, il travaillerait avec lui. Ce serait une telle opportunité ! Il lui tardait de pouvoir exercer ses petites compétences esthétique et d’ici là, sans doute que l’artiste nippon ne manquerait pas une occasion théâtrale comme celle-ci.

La grande place et les rues battaient bon la fête et la liesse résonnait partout bruyamment. Le vin commençait à couler et quelques buveurs invétérés avaient décidé préférer s'enivrer que de profiter des réjouissances. En ce jour-là, Cassandre ne s'était pas imaginée obtenir la permission de quitter le domaine de Frenn, mais sa nouvelle maîtresse Kalisha lui avait accordé une permission pour la journée entière. La fillette avait bien essayé d'attirer à sa suite Eldred et le petit Sébastien, mais ni l'un ni l'autre n'avaient souhaité répondre favorablement à l'invitation. Le jeune garçon avait répondu timidement ne pas se sentir à sa place alors que le zarkotien avait répliqué plus fermement que ça ne l'intéressait. Dommage... c'était quand même plus drôle d'aller à une fête avec des amis. Enfin, Eldred avait toutefois repris qu'il passerait peut-être, à condition qu'elle ne lui ait pas préparé un costume hideux de bourgeois. Cassandre avait haussé les épaules. Quelle idée ! Il aurait été si beau ! En plus, le charivari, c'était l'inversion des rôles...

Dans la soirée, hier, Cassandre avait fabriqué un costume avait une robe usagée que Kalisha lui avait laissé utilisé. Après quelques petits travaux de couture, la fillette avait attaché des feuilles séchées au vêtement. Au début de la matinée, la fillette avait coiffé ses longs cheveux en un chignon sur lequel elle avait finalement posé une couronne tressée avec de la paille. Dessus était accroché sa broche de renard, pour faire comme un diadème.

En arrivant sur les lieux de la fête, espiègle, Cassandre songea que le mieux pour profiter de la fête, c'était d'y participer activement. Elle fit quelques pas et s'exclama bruyamment en prenant un air mondain :

"Oyez, oyez, saluez comme il se doit la grande princesse du royaume d'Aigumorte ! N'avez-vous jamais entendu parler du fabuleux royaume d'Aiguemorte ?"

Sur cette apostrophe, Cassandre sauta sur un tonneau pour attirer l'attention et poursuivit son discours avec enthousiasme. Son esprit fertile puisait dans les histoires bibliques et les contes du pays de Cocagne pour créer sa propre fable.

"Il n'existe nulle part ailleurs de contrée plus paisible. Au royaume d'Aigumorte, nous vivons du lait et du miel que la terre offre à chacun le lait et le miel. Personne n'est ma heureux ici. Il n'est nul question de travail. Nous jouons du matin au soir, libre d'aller om nous voulons."

Sur cette dernière phrase, la fillette sauta vers un second tonneau et ouvrit en grand les bras.

"Moi, Cassandre Velasquez, princesse de ce grand royaume, j'ai été missionné pour être l'ambassadrice de notre royal domaine. Avez-vous entendu de la souveraine venue de la lointaine d'Espagne ? je suis puissante, bien plus plus puissante ! Moi, je ne parle peut-être pas le latin, mais je comprends le monbrinien !"

A cet instant, elle tapa du pied pour ouvrir le tonneau et sauta sur le côté.

"Buvez, braves gens Buvez ! Que l'ivresse et le plaisir soient de mises !"

Résumé:

Depuis plus de deux mois, tu est au service de la famille Phietom, et tu es passée par bien des émotions. De la frustrations à la colère, en passant par la résignation ou l'impatience, tes nerfs ont souffert. Mais aujourd'hui, déambulant dans les rues en ce jour spécial, tu es plutôt calme, laissant promener tes yeux curieux un peu partout. Tu as déjà vu des fêtes, mais comparé à celle-ci, elles étaient bien moins imposante. Ici, c'est la réelle effervescence. Du monde partout, des rires, des cris de joie, de l'alcool, des gens habillés bizarrement, de la musique, tu ne sais plus trop où donner de la tête.

Evidemment, tu n'es pas seule. Accompagnée de Gisella, tu es aussi surveillée par Anyssa, la servante qui s'était pris le bec avec Wiliam lors d'une de tes premières sorties. Elle ne t'aime pas, tu ne l'aime pas, et tu sens qu'elle ne te quittera pas des yeux si facilement. Mais ce n'est pas ça qui te préoccupe pour l'instant. Tant qu'elle ne te tient pas la main comme une enfant, ou qu'elle ne t'enchaîne pas, tu ne fais pas d'esclandre. Non, ce qui t'intrigue beaucoup, et te dessine toujours un fin sourire sur le visage, c'est les étoiles qui semblent se former dans les yeux de Gisella quand elle admire les musiciens sur leur estrade. Elle ne peut cacher son envie de les rejoindre et de chanter avec eux, comme elle rêve depuis si longtemps.

Tu aimerais tellement pouvoir lui offrir ce droit, mais pour l'instant ça t'est impossible. Qu'elle profite au moins pour l'instant de pouvoir les observer et apprécier leur production.



ça y est ! Enfin ! Ce jour de l'année si cher aux personnes de rang plus qu'inférieur est arrivé ! Que tu ne l'avais pas attendu, derrière ses murs de château, à faire corvée sur corvée bien docilement. Aujourd'hui, tu as enfin le droit de t'amuser ! Tu as obtenu la permission de t'y rendre, sous surveillance bien sûr, mais qu'importe. Tu es là, dans l'euphorie de la fête, et rien ne pouvait te faire plus plaisir. Et mieux que ça, les musiciens et les chanteurs sont présents. Tu ressens une excitation toute particulière en les voyant. Leur musique te donne envie de danser, et tu te dis que tu aimerais beaucoup transmettre cette sensation toi-même, d'empoigner un instrument et répandre une mélodie entraînante par toi-même, ou mieux, utiliser ta voix pour faire danser la foule. Ce serait merveilleux ! Totalement absorbée par tout cela, tu sursautes légèrement quand quelqu'un te tape sur l'épaule.

Bonjour Mademoiselle. Vous êtes charmante ! ça vous dit de danser avec moi ?

Tu es surprise de la demande, ne peut cacher ta joie de l'avoir reçu, mais jette un regard hésitant à Anyssa. As-tu le droit ? Tu attends sa réaction, jusqu'à ce qu'elle te fasse un signe approbateur. Tu n'attends plus et prend alors la main du jeune paysan pour te laisser entraîner dans la ronde. Ton amie Katarina t'observe avec un sourire amical et encourageant. Vraiment, ce charivari est une pause magique dans ta vie d'esclave. Tu es prête à en apprécier chaque minute. Allez, danse Gisella, et oublie tes problèmes !

Spoiler:

Claire avait reçu l'autorisation d'aller s'amuser au bal. Elle était un peu fébrile à l'idée d'y aller toute seule, mais Eldred l'avait un peu poussée, affirmant qu'elle devait s'amuser. Sébastien l'avait également laissé, il était un peu trop jeune pour ce genre d'événements, surtout que cela risquait de se finir bien tard... Il avait cependant tenu à l'aider à l'aider à choisir son costume. Il avait aussitôt sauté sur une belle robe blanche avec une ceinture dorée et des amas de plumes qui lui servaient d'ailes. Claire avait été un peu gênée. Elle n'était pas un ange, elle... Mais Sébastien avait tant insisté, arguant que c'était le meilleur choix possible qu'elle avait fini par accepter.

Elle n'en revenait pas qu'elle ait le droit d'être toute seule dans les rues de Braktenn, sans travailler. Cependant, on lui avait expliqué que c'était normal. Il paraissait que tout était permis, un jour comme celui-là. Elle n'était pas sûre de bien comprendre tout ce que cela impliquait. Quand elle y réfléchissait trop longtemps, cela lui donnait le vertige... Tant de verrous qui sautaient tout d'un coup, elle trouvait cela terrifiant. Elle avait promis à William d'être prudente, car il semblait partager de nombreuses inquiétudes. Elle n'avait pas bien saisi tout ce à propos de quoi il avait voulu la mettre en garde mais elle ne tenait pas à l'inquiéter. Il avait déjà bien trop de raisons de le faire, le pauvre... Alors elle allait être sage. De toute façon, mis à part un peu de saucisson et de beaux gâteau, rien ne la tentait vraiment. Elle avait essayé l'alcool une fois, quand Dame Rose avait voulu la récompenser. Cela lui avait piqué la gorge et elle avait oublié quelques détails de la soirée.

Claire resta donc à distance du bar. Elle piqua une petite pâtisserie, ayant presque l'impression de la voler et se faisant donc très discrète. Elle slaloma un moment entre les gens, ceux qui chantaient, ceux qui riaient... Elle observa la piste de danse avec admiration. Soudain, elle entendit le doux chant d'une lyre. Elle bondit littéralement de joie et se précipita vers son ami qu'elle reconnut aussitôt.

- Lénius !

Elle vit un garçon à ses côtés et se fit alors plus réservé. Son costume de chat était ravissant et lui allait très bien.

- Oh, bonjour...

Elle attendit que Lénius les présente, cependant, il lui était déjà sympathique. En attendant sa réponse, elle crut soudain voir quelqu'un de familier dans la foule mais ne sut l'identifier avec certitude...

Alors, j'ai envie de tester ce dé, et j'ai le personnage idéal pour éprouver ses décisions

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'Charivari' :

Aussi loin que ses souvenirs puissent remonter, Thierry avait toujours adoré le charivari et les folies que la fête savait créer. Enfant, il adorait s'y goinfrer de sucreries avec Beckie. Une fois le ventre plein, tous deux s'amusaient ensuite des animations ou de jouer des tours. Fidèle à ses habitudes, sa petite sœur invoquait des rats, similairement à cette entité surgie dans la grotte d'Ysengrin pour corriger son comportement. Plus il y réfléchissait, plus l'ancien prêtre était terrifié de cette apparition surnaturelle. S'agissait-il de sa cadette revenue sous sa forme d'enfant ? Se trouvait-elle à ce point déçue de son comportement ? Visiblement, oui. Depuis trois semaines, la culpabilité le poursuivait et l'empêchait de mal se conduire. Il s'obligeait même à bien travailler dans les hospices, sans chercher continuellement une bonne raison de paresser dans un coin. En revanche, il se plaignait toujours. Beckie ne pouvait quand même pas de d'effectuer des tâches inhumaines avec le sourire ! En plus, en rentrant, il essayait aussi d'aider Nico dans se corvées quand il rentrait. Enfin... Si celui-ci n'avait pas déjà tout fait. Généralement, le petit garçon ne lui laissait rien et ce n'était pas lui qui allait contre cet ordre des choses.

Ce jour-là, Thierry avait quitté joyeusement la forêt, vêtu d'une soutane empruntée à la collection de costumes d'Ysengrin. Il ne voyait pas quel serait autrement le meilleur déguisement à porter. En arrivant sur la grande place, son premier arrêt fut pour les tables garnies de délicieuses nourritures. Finies toutes ces soupes peu goûteuses ! Peu importe si Nico variait les légumes, il n'y avait rien de plus insipide ! Il bouscula un homme proche de lui lui barrait le chemin et s'approcha pour goûter de merveilleux saucissons. Thierry sortit un couteau pour se couper de belles tranches fines et commença à se bâfrer. Quels délices !

"A la santé de Bacchus !"

Sur ces paroles, Thierry se versa une coupe de vin et la leva haut dessus de sa tête. Un léger rictus lui vint alors qu'il commençait à humidifier ses lèvres.


D'auteurs buveurs enchainaient derrière et criaient la même apostrophe. Thierry contint un rire, amusé de la scène. Il avala de nouvelles tranches de charcuterie lorsqu'une silhouette rapide le frôla. Il tourna la tête, mais trop tard, sentit des mains s'infiltrer dans sa soutane. Il se raidit, effrayé, et se recula. Le rôdeur - ou la rôdeuse - échappa cependant à son regard observateur et commença à disparaître au milieu de la foule en emportant sa bourse. Sa bourse... Sa bourse qui contenait ses maigres économies. Les quelques pièces que Nico lui donnait de temps en temps, attristé de le savoir sans rien. Il ne lui demandait pourtant rien. L'ancien curé& se mit aussitôt à hurler.

'"Au voleur !"

Tout en criant, il tenta de suivre la silhouette qui tentait de s'échapper.

"Arrêtez le ! Arrêtez-le ! C'est un criminel ! C'est un dangereux criminel !"

Elle avait choisi quelque chose de discret mais élégant. Quelque chose de trompeur. Une robe qu'une esclave n'aurait jamais pu s'offrir. Don Juan n'était pas au courant bien évidemment, et la robe retournerait à sa légitime propriétaire avant la fin de la fête. Quant au masque tout en plumes, il était tiré d'un vieux coffre abandonné du grenier de La Vega. Il lui avait fallu un peu d'imagination pour l'accorder à la couleur verte sombre de la robe, mais elle trouvait l'effet plutôt réussi, d'autant que le but était atteint : on ne voyait d'elle que ses yeux et la partie basse de son visage. Bien malin serait celui qui la reconnaîtrait, avec ses cheveux qu'elle avait passé plus d'une heure à teindre en blond.

Déambulant dans les rues survoltées, Phaïdée se sentait comme une étrangère dans une nouvelle contrée. Toute la populace se mêlait, les petits et les grands, les vieux et les jeunes, les femmes et les hommes, les riches et les pauvres, les nobles et les gueux. C'était le jour idéal pour initier le début de son plan.

Elle évitait soigneusement les gardes ou tout autre représentant de l'autorité dans l'exercice de ses fonctions. Si elle se faisait prendre à voler, rien ne lui serait pardonné. Elle piocha à diverses tablées observant alentour les meilleures proies possibles. Un sourire de circonstance collé aux lèvres, elle naviguait à vue. Elle ne visait pas les enfants. Innocents. Elle cherchait les bourgeois, les nobles, ceux dont les poches trop pleines, les bourses trop lourdes, ne demandaient qu'à être allégées. Mais dans ce charivari, il lui semblait que seuls le commun se pressait. Bien que le gueux s'amusât à paraître riche (et elle n'était pas en reste), quel riche trouverait amusant de se salir en gueux ? Ils étaient bien trop avare de leur dignité là-haut pour venir se joindre à leurs sujets.

Elle en repéra une toutefois. Une grande fille mince dont le déguisement voilait à peine la condition de bourgeoise. Elle s'écartait soigneusement de toute trace de boue dans la rue bondée, et ses gestes étaient plein d'élégance. Elle était accompagnée d'un petit chien affreux qui couinait à chaque fois qu'elle tirait sur la cordelette pour le faire avancer. Phaïdée la croisa, la frôla, la vola, et s'éloigna.

Puis son œil fut attiré par un prêtre vorace dont le visage ne lui était pas inconnu. Prêtre ou déguisé en prêtre. Elle s'en fichait pas mal. Sous prétexte d'attraper une chope de bière elle s'approcha de la tablée où il s'empiffrait et se servit aussi généreusement que possible... dans les plis de la soutane avant de s'éloigner, trophée en main.

Derrière elle, elle entendit un '"Au voleur !" retentissant, mais se garda bien de se presser. Cela ne ferait qu'attirer l'attention sur elle. A la place, elle fourra l'argent volé dans sa besace, bien serrée contre elle et poursuivit son chemin de larcins.

[Donc ! Histoire de préparer ma réponse, je tire aussi le dé charivari. Pour Lénius, histoire de laisser chaton discuter avec Hibiki]

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'Charivari' :

Résumé:

En ce jour de festival des fous, Anyssa avait bien dû accepter que les deux esclaves profitent aussi des rues. Les Phietom accordaient cette permission. Pour autant, l'employée gardait l'œil sur Katarina et Gisella, occupées à écouter des chanteurs et musiciens. Anyssa ne se priva pas de prendre, au passage d'un homme de service, un verre d'alcool qu'elle descendit. À la bonne heure, l'on pouvait se montrer moins rigide un jour dans l'année ! Elle avala dans la foulée deux petites gourmandises. Autour, des parades plus ou moins osées, des gens déjà ivres morts... et les cris horrifiés d'un curé qu'on avait volé... finirent par concentrer tour à tour l'attention de la rigide employée. Déjà, elle se montrait moins attentive aux deux esclaves... Elle en oublia la danse de Gisella avec ce paysan dont elle lui avait, quelques instants plus tôt, donné la permission. Elle se mit même à chercher des yeux qui pouvait être le voleur du curé, avec le secret espoir que si elle le découvrait, elle en serait récompensée soit par argent sonnant et trébuchant, soit plus tard au paradis.


À peine arrivé sur la place de la fête que Lénius entendit une réjouissante voix familière. Cassandre se frayait un chemin et déployait un joyeux verbiage qui décrocha un sourire à la gargouille. Bien plus à l'aise après quelques conversations avec elle, il ne vit aucun inconvénient à rouler - une bouteille de vin entre les cuisses histoire d'avoir sa réserve tandis que ses mains étaient occupées à déplacer son fauteuil.

-- Hola hé, jeune princesse ! Quel honneur de te voir ! fit-il avec une ample révérence autant que le voulait bien son corps difforme. Mais quelle Terre Promise que cette forêt d'Aigmerorte ! Si elle m'était un peu plus praticable je m'y installerais bien volontiers. (La dernière fois - et la seule que Lénius y était entré, c'était les quatre fers en l'air et mourant, aussitôt transporté par Hyriel et ses amis pour y être soigné. Il rit ensuite de bon cœur au sujet de la reine d'Espagne) Parler Monbrinien, c'est en effet plus utile pour venir séjourner à Monbrina. Enfin quelle idée !

Il avait entendu, au palais, cette drôle d'histoire de la souveraine causant exclusivement latin. C'était lunaire... Mais le troubadour se retourna vers Cassandre et s'enquit :

-- Comment vas-tu ? Que deviens-tu ces derniers temps ? (Et c'était soudain au tour de Claire-Marie de les rejoindre, dans un costume d'ange si délicat et assorti à la demoiselle. Lénius se fit aussitôt moins gouailleur, la voix plus douce et distinguée mais non moins réjoui. Il fit signe à Claire-Marie de se joindre à Cassandre, Tristan et lui-même. Très vite, il retira la bouteille de vin qu'il avait ridiculement dressée entre ses cuisses... Comme il s'était arrêté de rouler, il la tin à la main.) Oh ! Claire-Marie ! Comme je suis heureux de te voir ! (Un temps) Quel beau costume. Et il te va à ravir.

Il n'y avait pas à dire, la vie de la jeune femme avait changé depuis qu'elle était à Frenn. Son maître avait eu la gentillesse de lui donner la permission de cette fête : ce Dyonis n'était pas si mauvais que cela. Au contraire. Apparemment, Eldred en disait du bien. Et il n'oubliait pas le courageux témoignage du premier conseiller au tribunal. Lénius se rappela au passage qu'il avait un certain cadeau à faire à Claire. Sa lyre attendait le moment opportun, accrochée derrière lui. Tout à ses pensées, il se tut pour laisser Claire et Tristan se présenter.
La gargouille entendit, en revanche, les hurlements de ce pauvre père Thierry qui s'était apparemment fait chaparder. Ah la la ! Un dangereux criminel ? Décidément, il en faisait toujours tout un plat. Le bouffon se mordit la lèvre et haussa les épaules, impuissant : gros et roulant comme il l'était, ce n'était pas lui qui allait l'aider à rattraper ce faiseur de bourse, qui qu'il soit...

Dans le balayage des ses yeux sur les alentours, l'invalide s'arrêta brièvement sur une jeune femme blonde, masquée ( @Phaïdée ) et il n'en fallut pas davantage pour que des badauds des environs l'interpellent bien lourdement - et la mystérieuse dame par la même occasion :

-- Alors ben ?! C'est que notre gargouille est intéressée ?
-- Un petit coup à boire avec cette ravissante créature ?! ajouta un voisin très éméché, attirant inévitablement l'attention et de Lénius et de la dame au masque. On t'comprend, le bouffon ! Madame est charmante !
-- Mais c'est qu'il est timiiiiiide ! pouffa un autre. Et vous M'dame ? Vous diriez quoi d'ce partenaire là de vin et de danse ?

Lénius se serait presque amusé de sa situation si cela n'étais pas d'une certaine gêne pour la jeune femme... et pour lui-même en présence de Claire-Marie. Oh non, qu'elle ne s'imagine pas... Il se mordit la lèvre, s'efforça tout de même de saluer avec distinction la dame au masque pour assurer la politesse et faire passer le malaise, mais se retourna aussitôt après, ostensiblement, vers la demoiselle aux ailes d'ange juste à côté de lui. Pourvu que le trio d'ivrognes n'insiste pas... Et que la jeune dame ne s'offusque pas du dérangement.
Au moins, le passage d'un Bacchus et d'un comédien à califourchon sur son balai eurent le bon goût d'attirer une part non négligeable de l'attention. Ce bon goût que la chanson qu'il entonnait - elle - avait un peu moins... mais elle restait fort plaisante et gaillardement troussée ! Lénius pouvait parfois en écrire de semblables et il tapa volontiers dans ses mains pour accompagner un peu la balade paillarde que ce cher Ministre aux moult conquêtes de territoires de toutes natures n'avait pas volé. Qui de lui ou de Thierry d'Anjou pouvait bien avoir le plus de bâtards ? ne put s'empêcher de se demander Lénius dans un demi-rire.

Tristan, lui, était bien moins intéressé par ces paillardises, tout enjoué à revoir Cassandre qu'il salua d'un léger signe de main. Il accueillit ensuite la si jolie jeune femme qui tenait compagnie à Lénius et s'était adressée à lui. Alors... c'était elle. Son sourire s'étira, comprenant instinctivement ce qui en elle avait tant charmé sa gargouille d'ami.

-- B'jour Mad'moiselle.
-- Tristan, Claire-Marie, ajouta Lénius pour les présenter l'un à l'autre.

D'un aller-retour d'yeux, Tristan demanda à Claire-Marie et Cassandre si d'aventures elles se connaissaient, et il allait à son tour s'engager dans des présentations quand un accent bien reconnaissable - il ne l'avait pas oublié - le fit se retourner. C'était l'accent de ces voyageurs venus du bout du bout du monde. D'abord intrigué, il observa sous ce grand chapeau le masque tout blanc aux fins liserais rouges - comme des rivières pourpres, ou des cicatrices, ou bien des embruns parfumés de soleil du soir. Puis les paroles du promeneur lui confirmèrent qu'il s'agissait bien de l'artiste rencontré le mois dernier au port !

-- Oh ! Hibiki, bonjour ! s'enthousiasma-t-il, sincèrement content de le recroiser. J'vais bien merci ! Hm, ça avance mon apprentissage avec les livres, la famille Cassin est toute contente avec les deux jumeaux de Madame Irène, elle s'est bien remise et... et z'avez vu ? J'suis un chat ! Miaouuuu ! ajouta-t-il tout fier de son déguisement en faisant tourner sa queue entre ses doigts. Comment c'était pour vous, au palais ? La fête, le roi et tout ?

Je répondrai plus tard, mais je vais activer ce soir le dé du charivari.

Le membre 'Cassandre Velasquez' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Charivari' :

Cassandre venait de descendre de son tonneau, rayonnante de fierté suite à son magnifique discours qui avait déclenché quelques salves d'applaudissements. La distribution de vin qui suivit l'éclipsa rapidement. Par réflexe, la fillette sentit les émanations qui s'échappaient et secoua les épaules. Mauvais crû aurait dit son père. Il y avait une odeur de bouchon associé au tanin qui envahissait les narines et dessina un rictus sur le visage. Elle retint un soupir. Il n'y avait rien d'étrange à ce que les organisateurs aient mis à disposition de la fête du vin de piètre qualité. surtout que la plupart serait rapidement ivres. Au lupanar, cela se faisait souvent de servir les boissons les moins chères, sauf pour les clients réguliers ou les plus importants. Cassandre s'apprêta à rejoindre l'une des danses qui commençait non loin de là lorsque la voix de Lénius l'interpela. Elle préféra ainsi courir dans sa direction le rejoindre et le salua en esquissant une révérence.

"Pourtant, notre Royaume est accessible à tous. mon cher, si vous ne pouvez passer, nos gens vous porteront. Nos sujets ont  à coeur la solidarité. par ailleurs, chaque nouvel habitant se voit anobli dès son arrivée. Voyons... Vous pourriez devenir Lénius, le baron de la Tige !"

Cassandre laissa échapper un rire, fière de ce trait d'humour, rappel subtil de l'endroit où tous deux s'étaient connus. Le troubadour conforta ses paroles sur le fait qu'il se révélait plus utile de parler la langue d'un pays quand on le visitait avant de prendre ses nouvelles. la fillette hésita. Elle n'avait pas envie de tout lui raconter et surtout pas dans un lieu aussi ouvert aux oreilles indiscrètement. Elle se contenta ainsi de la formule réduite.

"Je vais bien. J'ai été recrutée par la nouvelle baronne de Frenn pour assister sa camériste.  Je l'aide le matin à sa toilette et à sa coiffure. Le soir, je leur raconte des histoires ou je chante des chansons aussi, parfois, pour les divertir. Et durant la journée, je lis et je brode."

Sur cette entrefaite, Claire apparut et salua Lénius. Cassandre observa avec attention leurs visages respectifs et s'amusa de reconnaître des signes évidents d'une attirance réciproque. Elle ne plaisanterait pas, cette fois. Non, ce n'était pas gentil et c'était embarrassant. Nico le lui avait expliqué avoir été vexé quand elle lui avait dit qu'il formerait un beau couple avec Mésange. et au pilori, quand Mésange avait fait la même chose, elle avait jugé cela effectivement plus que gênant. Néanmoins, la fillette ne pouvait passe retenir ne pas laisser échapper un petit trait d'humour et s'exclama avec une innocence calculée :

"Dis, Claire, tu n'es pas déguisée!  Tu es déjà un ange, alors, pourquoi tu es venue sous ta vraie forme ?"

Sur cela, en accompagnant sa boutade d'un petit rire, Cassandre se décida à laisser seul les amoureux. ou futurs amoureux. Ce n'était pas en tenant la chandelle que cette histoire avancerait. Elle s'éloigna d'un pas rapide lorsqu'un homme déguisé en curé la bouscula en s'insurgeant après un voleur. La fillette haussa les épaules. Il pouvait toujours espérer, le malfrat était déjà loin. Elle avait bien envie de faire petit croche-pied à cet homme, mais ce ne serait pas gentil. Mais ce ne serait pas si méchant. Et puis, comme ça il arrêterait de se rendre ridicule et renoncerait à cette poursuite futile. la fillette tenta de s'approcher mais le bougre était rapide et elle ne parvint pas assez vite à sa hauteur, freiné par la foule. Elle se décida à retourner vers l'endroit où elle avait laissé Claire en observant que Lénius semblait brusquement empourpré.


Alors que son esprit réfléchissait à une idée plus subtile pour rapprocher ces deux-là, plus que ce qu'elle avait pu faire jusque-là, son attention se détourna en percevant une chanson parodique qui se moquait du puissant ministre de Monbrina retendit  et déclencha de nombreux rires. Parmi les badauds, quelques uns s'essayaient à mimer Coldris en forçant le traits de ses réactions. En son for intérieur, Cassandre estima que Coldris aurait sûrement apprécié le texte. Sur cette pensée, elle aperçut Tristan qui se tenait près de Claire et qui al saluait de loin. la fillette le rejoignit lorsqu'un homme pour le moins atypique vint se mêler à eux. Elle esquissa une légère révérence, puis reprit curieuse :

"Vous vous connaissez, tous les deux ? Dites... Jai beaucoup aimé la chanson qui a été  composé pour le ministre ! Mais ils ont omis un point important : Coldris est réputé pour prendre des bains avec le sang des jeunes vierges avec lesquelles il passe la nuit."

"Ne raconte pas des salades comme ça à un étranger, gamine ! Ce sont de bêtes rumeurs, ça !"

Vexée de l'insulte, Cassandre s'embrunit un instant, puis se composa un visage sérieux avant de se tourner vers l'homme qui lui faisait face, vêtu d'un costume d'arlequin. Elle reprit d'une voix calme mais ferme :

"J'ai travaillé au domaine de Fromart, monsieur, et il y avait... Le soir, une charrette arrivait, avec quatre ou cinq filles. Le matin, elle repartait. Vide. Et la baignoire... la baignoire du ministre, elle était teintée de rouge."

Son interlocuteur la contempla, sceptique, mais ne put réprimer un frisson sous l'effet de la voix de la fillette qui diminuait peu à peu pour rendre ses confidences inquiétantes. Brusquement, elle adopta une expression effrayée en plaquant sa main sur la bouche.

"Oh non ! Messire, non ! Je suis désolée ! Je suis désolée !"

Elle plongea au sol en se recroquevilla, serrant les mains sur la tête, et cria d'nue voix apeurée.

"Pitié messire ! Non ! Ne me tuez pas ! Ne me tuez pas !"

Pris dans le jeu, l'arlequin se retourna, persuadé d'apercevoir réellement le ministre et n'aperçut que des danseurs qui faisaient une ronde joyeuse. Un rire résonna à ses oreilles. Cassandre se releva, un sourire narquois sur le visage.

"Mes salades étaient-elles si bonnes que ça pour que vous les avaliez si facilement ?"

Son interlocuteur revint vers elle, puis éclata de rire en luiébouriffant les cheveux.

"Tu as plutôt un bon talent pour la comédie, toi !"

Sur cela, il s'approcha d'un tonneau et lui offrit une coupe. Cassandre la saisit en le remercia poliment et al porta par réflexe à son nez. Une boisson de qualité, qui ne piquait pas, avec des odeurs de framboise et d'anis. Un breuvage se qualité. Elle sourit, satisfaite de se voir offrir un si bon produit aussi. Néanmoins, la fillette fit tourner légèrement sa coupe pour obtserver la txture avant d'en prendre une lampée en bouche.

"Très bon crû. Si je ne m'abuse, c'est une production monbrinienne. On sent au tanin que le raisin a manqué d'ensoleillement une partie de l'année."

Cassandre prit une autre gorgée, aussi petite que la précédente. Il n'était nullement question de s'enivrer. Un vin se dégustait et s'appréciait. Ce n'était en aucun ca sdu lait ou de l'eau.

Allez, lançons-nous !

Le membre 'Katarina sin miedo' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Charivari' :

Résumé:

Assise sur un tonneau, tu regardes avec un tendre sourire Gisella se déhancher sur les musiques qui vous entourent. Tu remarques qu'elle a une certaine souplesse dans les mouvements, et le tout rend la prestation très gracieuse et fluide. Cette petite a l'air d'avoir un grand talent pour cet art. Cela te donne d'autant plus envie de l'aider.

Cette constatation remet aussi sur le devant de tes pensées votre discussion d'il y a une semaine. Après avoir passé quelques semaines à apprendre à lire, écrire, compter la monnaie, comment fonctionnait en très résumé cet univers et autres chose, Gisella a eu l'idée d'utiliser la fête du Charivari pour... enfin se libérer.

Quand elle t'a expliqué en quoi consistait ce genre d'évènements, tu as approuvé tout de suite. Tu sais qu'elle a encore très peur de franchir le pas. Des années de soumission, ça ne s'oublie pas en quelques jours. C'est pourquoi tu as décidé que si l'occasion se présentait de fausser compagnie à Anyssa, c'est toi qui donnerait le signal à Gisella. Et quand tu te rends compte d'à quelle point la foule est nombreuse aujourd'hui, tu te dis qu'il y n'a pas mieux comme couverture. Rongeant ton frein, tu attends juste le bon moment, car les yeux d'Anyssa sont toujours ponctuellement posés sur toi, bien que tu sentes un léger relâchement depuis quelques minutes, encore insuffisant pour passer à l'action.

Devant toi, la danse se poursuit, et tu te rends compte soudainement, que les gens semblent se rassembler en un seul groupe. Qu'est-ce qu'ils font là ? Y a des danses qui se font à 60 ? Ils se prennent par le coude, en cercle, Gisella en faisant partie, puis ils s'éloignent pour ensuite revenir, modifiant à chaque fois la grandeur de la forme. Tiens, ça donne bien, c'est cool. Mais ça ne s'arrête pas là, car le cercle finit par se casser, et une sorte de serpent se forme, toujours dansant. Celui-ci se promène un peu sur la place, avant de s'avancer dans la foule qui se retire au fur et à mesure. Il arrive à ton niveau, passe très prêt de toi, le dernier t'invite à le rejoindre. Un simple regard sur Anyssa qui est totalement absorbée par autre chose, et ton choix est fait. Tu enfiles ton coude au niveau de celui qui t'invite, et prend part à la farandole.



À peine le temps de terminer la danse avec ce charmant jeune homme et de le remercier, que déjà une nouvelle musique résonne dans la rue. Elle est beaucoup plus rythmée que la première et crée un espèce d'engouement grandissant qui poussent la foule à se réunir et danser ensemble. Tu es tout simplement aux anges devant tant d'enthousiasme et d'énergie. Tu en oublie presque ta condition et la discussion que tu as eu il y a peu avec Katarina. Tu te laisses simplement porter par le mouvement, laissant exploser des cris de joie et des rires on ne peut plus sincères et spontanées. Cette euphorie finit par enlever dans ton esprit la présence d'Anyssa que tu dois respecter et à qui tu dois obéir, pour t'entraîner dans une farandole qui petit à petit t'éloigne de ta surveillante, sans même que tu ne t'en rende compte.

Alors, Thierry ?

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'Charivari' :

Thierry n'en pouvait plus de courir après ce foutu voleur. Il s'écroula à un moment, épuisé, et s'écrasa sur le pavé en croyant se reposer sur un tonneau. Il soufflait fort, la respiration haletante, et se mit à crier :

"Je meurs ! Je me meurs ! On me tue !"

L'ancien curé agita la main, cherchant à attirer une quelconque aide?

"On vient de me dérober ! Je suis victime de la plus cruelle des farces ! Il..."

Il n'eut pas le temps de poursuivre : plusieurs personnes s'amusèrent à le viser de plusieurs fruits pourris. Thierry se recroquevilla.

"Pitié ! Pitié ! Je suis gentil !"

Néanmoins, bien peu de gens lui témoignèrent de l'attention. Au contraire, ses cris et ses jérémiades continuaient à déclencher l'hilarité générale.

Résumé:

À trop écouter les potins ici et là, Anyssa laissait son attention se disperser un peu trop, aidée par un petit verre d'alcool qu'elle s'autorisait. Puis tout son esprit fut capté par les hurlements d'un prêtre qui venait de se vautrer au sol ! La surveillante se reprit, ravala une petite envie de rire qui lui était quand même venue, avant de se diriger vers le curé. Si elle pouvait le secourir de quelque manière...

-- Je peux vous aider, mon père ? intervint Anyssa auprès du pauvre braillard encore au sol - braillard ou pas, il restait un prêtre...

Elle s'était penchée vers lui, effarée de l'entendre devoir clamer qu'il était "gentil" et lança un regard noir aux rieurs des environs. Dans tout le soin qu'elle mettait à sa bonne action, Anyssa ne regarda absolument pas la farandole dans laquelle, dans son dos, s'étaient engagées les deux esclaves.


Lénius acquiesça avec le plus grand naturel, déjà convaincu qu'en le royaume de Sylvère, la solidarité devait en effet régner plus qu'ailleurs. Cassandre en avait largement fait l'expérience. Il pouvait lui faire confiance ! Il ne s'étonna même pas de la voir déguster un peu de vin - après tout en ce jour tout le monde buvait, y compris les plus jeunes. Son énorme main porta sa propre boisson à ses lèvres tordue quand la plaisanterie de la camarade manqua de le faire avaler de travers. Il toussota, le regard pétillant.

-- L'on m'a déjà donné du Marquis de la Tronche en Biais, mais allons pour la Tige ! fit-il avec une petite œillade, mais sans insister, se souvenant bien lui aussi des tristes circonstances dans lesquelles il avait rencontré Cassandre - qui était alors une petite fille si éteinte, renfermée dans son rôle. Heureusement qu'elle n'officiait plus là-bas, et que Louise avait elle aussi une meilleure situation à présent quand bien même cela lui avait coûté des épreuves.

La suite des nouvelles le réjouit plus encore : le baron et la baronne de Frenn étaient des gens de bien. Il ne doutait aucunement que la camarade recevait de bons traitements et de l'affection, là bas. Les activités que Cassandre lui exposait laissa voir une vie confortable, même dans sa situation servile. Et le plus merveilleux dans l'histoire était que Claire-Marie travaillait elle aussi chez ces mêmes châtelains. Comme elle avait l'air heureuse ! Infiniment plus épanouie qu'auprès de ses deux précédents maître - comment pouvait-il en aller autrement vus les deux oiseaux ?
Leurs compliments, à Cassandre et lui, la touchaient de beaucoup et Lénius lui-même se surprit à se sentir rosir, le coeur accélérant sous son énorme torse en virage. Il profita des présentations qui se faisaient entre Tristan et Claire pour se reprendre en se délectant du spectacle de la fête... et de ses débordements !

-- Oh oui ! On... peut dire ça, oui ! sourit Tristan, tout flatté d'être désigné petit magicien. Il n'avait rien sous la main pour une démonstration improvisée de ses petits tours, mais s'amusa encore à faire tournoyer sa queue de chat entre ses doigts. Et v'là M'sieur Hibiki que t'as peut-être vu au palais, l'aut'soir ? lança-t-il au passage, tissant des yeux comme un petit fil entre Claire-Marie et l'artiste. Il n'osa pas encore en dire davantage, ne sachant pas s'il était officiel qu'ils allaient collaborer dans de futurs spectacles. Et puis, il avait promis la discrétion.

Il y eut soudain ce curieux échange entre Cassandre et un des gars de la fête. Lénius arrondit les yeux : une sordide anecdote pour un jour de fête... Et en public ! Heureusement, quelque chose lui disait que la petite était fort capable de filouterie... mais ce qui avait déjà été dit venait de suffire à effrayer Claire. Le troubadour se mordilla la lèvre mais plût au ciel que Cassandre n'ait pas trop fait durer la farce. La confirmation de ses bobards ne manqua pas d'arriver. Lénius posa le bout de ses doigts sur le bras de Claire et souffla un calme :

-- Tout va bien, elle plaisantait. (Un temps, ravi de la question qui vient ensuite et de l'adorable regard qui l'accompagnait) Oh ! Quelque gaudriole si l'occasion s'en vient oui ! (un peu plus bas) Et, cela me rappelle que... j'ignore quel est le rythme de tes obligations mais... je serai très heureux de pouvoir t'offrir, juste à toi, un air de ma composition et... enfin... lors qu'une opportunité bien plus calme qu'aujourd'hui.

Accepterait-elle ? Une vague de chaleur l'avait pris alors qu'il était enfin lancé ! Cette chanson, il la connaissait par coeur après une pleine heure à la ciseler avec soin - paroles et air. Tout son émoi et toute son admiration lui avait donné son inspiration, il faudrait bien maintenant une occasion propice à... Oh, comment Claire-Marie le prendrait-elle ? Il eut soudain très peur. Et s'il était ridicule, et si il avait imaginé des choses, et si... Mais trop tard, la demande était faite.

Tristan s'était bien gardé d'intervenir dans cet échange, s'éloignant un peu de Claire et Lénius pour leur laisser cette intimité. Il profita du fait qu'on récompensai l'improvisation de Cassandre d'un verre de vin, pour tenir la conversation avec elle en plus d'Hibiki - de quoi laisser leur espace à son ami et sa belle. Tristan nota que la fillette dégustait avec une surprenante expertise.

-- C'que t'as l'air d'avoir un fin palais ! Ce n'était sans doute pas au Lupanar qu'on laissait les esclaves goûtés aux boissons délicates servies aux clients et même aux filles les plus fortunées... Et dans la forêt, auprès de Sylvère, voilà qui l'étonnerait.

Et puisque les délices faisaient à présent l'objet des conversation, Tristan arrondit un petit "woah" à la description - certes succincte mais déjà parlante - qu'Hibiki lui faisait de la fête au palais.

-- Sûr que oui ! J'aurais bien aimé savoir les parfums d'chez vous ! ...Puisque j'crois m'souvenir qu'y sont tellement (il tourne) tellement (il mime un début de nausée) TELLEMENT meilleurs que ceux d'nos rues ! (se reprenant après le bref tournis que lui avait généré son idée de faire la toupie avec son fauteuil) Et du coup ? Z'aller échanger des biens ? faire du commerce, ce genre de choses ? Z'allez jouer pour l'roi ?

L'idée des fleuves rouges représentés par des écharpes lui parla rapidement. Lui-même dansait parfois avec sa petite étole, et de voir un tissu carmin serpenter dans les airs ou à terre pour symboliser sans choquer... oui, sûrement que ça pourrait prendre.

-- Moi j'trouve ça beau ! Et prudent, surtout si c'est pour l'palais, parce que pour l'théâtre y a la... bien... euh... bien-sance ? (Il s'entortilla de gêne les mains dans sa queue et son plissement de narines fit remonter ses moustaches félines) 'Fin, l'idée c'est qu'faut faire comprendre certains trucs en les suggérant. Et... Et z'auriez une idée de spectacle ?

...Auquel bien sûr il raffolerait de participer, mais cette question-là, elle ne sortit pas et se contenta de pétiller dans ses yeux.

alors, dé, que réserves-tu pour Cassandre cette fois ?