[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
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[14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
La journée avait été longue, mais Théodosie avait au moins trouver un lit où dormir. La chambre était même spacieuse, si richement décorée qu'elle aurait pu se sentir bourgeoise si elle n'avait pas des hommes à accueillir dans son lit. Un prix qu'elle était tout à fait prête à payer du moment qu'il était temporaire, car les hauteurs auxquelles elle aspirait se trouvaient bien au-delà d'une psyché et d'un lit à baldaquin. Pour l'instant, elle se satisferait d'un bain d'eau chaude pour arborer cette nouvelle peau qui serait la sienne, celle au sein nu offert à l'avide bouche et aux yeux habillés de Khôl. Se déshabillant sans pudeur à côté de cette autre, une fois plongée dans la bassine, elle se tourna vers Lucretia qui était restée au pas de la porte :
- j'ai besoin de quelqu'un pour me frotter.
Lucretia s'exécuta, presque ravie qu'on lui donne une utilité à elle qui avait depuis longtemps oublié ce que liberté signifiait. Elle ne savait où se mettre dans cette chambre où elle se sentait étrangère. Il n'y avait pas si longtemps, c'était pourtant elle qui avait était à la place de Théodosie. Qu'attendre de cette femme à peine plus âgée qu'elle et dont elle ne savait encore si elle devait l'aimer ou la haïr ? Le Lupanar restait un lieu où Lucretia avait souffert. Ici lui revenaient de sombres souvenirs, pas les pires, ni les meilleurs. Une sorte d'amertume dans la bouche, une jeunesse fanée par la rudesse de mains d'hommes. Et cette gitane venue de nulle part dont elle était la servante, qui était-elle ? Lucretia n'avait aucune confiance en elle malgré la douceur de ses promesses. Pouvait-on vraiment se sentir l'égal de celle qui nous avait acheté ? Tout dans la relation en était forcément biaisé. Lucretia frotta le dos et les pieds de Théodosie afin d'opérer sa mue.
- Tu sais y faire avec tes mains, lui dit Théodosie qui se laissait bercer par cette chaleur qu'elle n'avait que trop peu connue. Continue à me masser là, juste sous les pieds.
Théodosie s'y ferait facilement à cette nouvelle vie.
- j'ai besoin de quelqu'un pour me frotter.
Lucretia s'exécuta, presque ravie qu'on lui donne une utilité à elle qui avait depuis longtemps oublié ce que liberté signifiait. Elle ne savait où se mettre dans cette chambre où elle se sentait étrangère. Il n'y avait pas si longtemps, c'était pourtant elle qui avait était à la place de Théodosie. Qu'attendre de cette femme à peine plus âgée qu'elle et dont elle ne savait encore si elle devait l'aimer ou la haïr ? Le Lupanar restait un lieu où Lucretia avait souffert. Ici lui revenaient de sombres souvenirs, pas les pires, ni les meilleurs. Une sorte d'amertume dans la bouche, une jeunesse fanée par la rudesse de mains d'hommes. Et cette gitane venue de nulle part dont elle était la servante, qui était-elle ? Lucretia n'avait aucune confiance en elle malgré la douceur de ses promesses. Pouvait-on vraiment se sentir l'égal de celle qui nous avait acheté ? Tout dans la relation en était forcément biaisé. Lucretia frotta le dos et les pieds de Théodosie afin d'opérer sa mue.
- Tu sais y faire avec tes mains, lui dit Théodosie qui se laissait bercer par cette chaleur qu'elle n'avait que trop peu connue. Continue à me masser là, juste sous les pieds.
Théodosie s'y ferait facilement à cette nouvelle vie.
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
Dès leur retour au Lupanar, un profond abattement saisit Isabelle et Louise, soucieuse, l'envoya se reposer dans sa chambre. Elle monta de bonne grâce en lui adressant un discret sourire puis l'ancienne prostituée observa la salle principale qui était propre mais pas encore prête pour la soirée. Elle siffla d'un air autoritaire pour faire descendre les filles et leur imposa de tout préparer au plus vite puis se retira en silence.
Cette sensation nouvelle de pouvoir plaisait à Louise, si peu habituée à choisir. Ce métier sinistre lui avait été imposé. Par nécessité. Pour survivre. Après une pénible dégringolade sociale, cela avait été la seule chose pour l'écarter de la misère et du parasitisme. Mais elle détestait cette honteuse profession. Elle ne supportait aucun de ces clients et n'y prenait jamais aucun plaisir. Comme elle avait été heureuse que sa chère Isabelle l’autorise à consigner les pratiques et les recettes lors des soirées ! Quel grand bonheur !
Tout à ces pensées, Louise monta vers les chambres et inspecta une à une chacune d'elle. La petite Cassandre était partie depuis peu et les filles se rebellaient déjà, cherchant à ce qu'on engage une nouvelle servante. Elles affirmaient que ce n'étaient pas dans leurs attributions de faire du ménage. Quelles paresseuses ! Isabelle avait cependant dans la matinée calmé les esprits en rappelant avec fermeté que celles en désaccord avec ses méthodes étaient parfaitement libres de passer la porte et de chercher un autre établissement. Aucune n'avait osé répondre. Leur place ici était si bonne. On mangeait bien. Le couchage bon. En plus, au moindre souci de santé, un médecin était convoqué. Quelle idiote irait ailleurs pour le futile prétexte de devoir faire le ménage de sa chambre ?
Toute à son inspection, Louise finit par atteindre la chambre attribuée à la bohémienne. Sa méfiance s'éveilla au souvenir de cette femme étrange. Quelles pouvaient être ses intentions ? Les gens de sa race ne savaient pas être honnêtes. Elle le savait. C'était un fait que tous apprenaient tôt ou tard. Seule sa chère Isabelle, si bonne, au cœur si tendre, pouvait se laisser berner par ses méthodes sournoises. Louise la tiendra ainsi en surveillance pour elles deux. Pas question que la nouvelle patronne du Lupanar soit impliquée dans un autre scandale ! La malheureuse ne le supporterait pas...
S'approchant à pas de loup de la porte laissée à moitié ouverte, Louise passa un instant un œil dans la chambre et surprit cette infortunée Lucretia masser sa nouvelle propriétaire. Cette dernière prenait ses aises et savourait son confort. Serait-ce là sa seule et unique motivation ? Une simple lieu où bien vivre ? Un doute s'installa. Malgré sa méfiance pré-établie sur les gitanes, elle pouvait parfaitement comprendre ce désir. Elle-même n'avait pas fait mieux pendant toutes ces années...
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
Lucretia s’exécuta en silence, observatrice pour le pour le moment afin de jauger le lien de confiance qu'elle pouvait établir avec sa "nouvelle amie". Il lui sembla cependant que Théodosie était plus préoccupée par son propre bien être que le sien, ce qui n’était pas si surprenant au vu de la crasse que Lucretia devait retirer. A certains endroits, la boue avait forme des croûtes qu'il lui fallait gratter avec ses ongles et du savon de saindoux. L’opération n’était pas agréable, mais Lucretia avait bien du coucher avec de plus sales.
- Et ton œil, qu'est-ce qui t'es arrivée ?
Une question franche d'enfant, frontale, mais qu'on avait du déjà poser cent fois a Lucretia. Et cent réponses différentes pour ne pas se souvenir.
- A la guerre, répondit Lucretia. Un soldat. Je courrais. Il a plante sa lance et il a...
Un temps de silence pour le drame. La voix qui se casse. Ce n’était pas cela qu'il s’était passé.
- Tu mens.
Théodosie la regardait droit dans les yeux. Lucretia quant a elle, s’était figée. Jamais on ne l'avait percée ainsi a jour ou si on l'avait fait, on ne le lui avait jamais dit. Elle se sentait nue, elle revoyait des images derrière cet œil mort. Non, elle s’était promis d'oublier.
- Tu ne me mentiras plus, continua Théodosie qui s’était a nouveau relaxée dans le bain chaud. Continue donc de frotter, je laisserais passer pour cette fois.
Le silence s'installa de nouveau entre les deux jeunes femmes.
- Ou dormirais-je ce soir ? demanda Lucretia.
- Eh bien, je ne vois pas d'autre lit. Le sol suffira bien, lui répondit Théodosie.
- Bien Madame.
- Tu m'appelleras Dosie desormais, y compris lorsque nous serons seules. Il faut que nos interactions donnent le change en tout temps, mais je te montrerais.
Theodosie sortit du bain, exposant son corps a Lucretia qui baissa instinctivement le regard. Elle s’arrêta devant la maquillage, les mains sur les hanches et cela lui donnait un air de garçon farouche.
- Quant a toi, il faudra que tu m'apprennes a utiliser tout cela.
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
Derrière la porte, Louise continuait à observer l'étrange spectacle et ses narines sentaient les odeurs particulières de la bohémienne. Depuis combien de temps cette femme ne s'était-elle pas lavée ? N'avait-elle jamais songé au moins à s'immerger dans une rivière ou à s'asperger avec de l'eau tiré d'un puits ? Ou ce genre de choses ne lui seraient pas venues à l'esprit ? Elle plaignit Lucretia de devoir laver une telle pouilleuse puis nota dans un recoin de sa tête d'appeler demain le médecin. Il fallait faire examiner cette femme et être certaine que celle ne risquerait pas de contaminer leurs clients.
Brusquement, Théodosie s’intéressa à connaitre l'origine de l'oeil mort de cette pauvre femme. Louise baissa la tête, navrée. Elle ne s'en était jamais souciée et interagissait avec elle comme si cette particularité n'existait pas ou était normale. Si elle aurait voulu en parler, libre à elle ! Mais la forcer... C'était maladroit et de la curiosité bien mal placée.
Un silence s'installa. Y aurait-il un autre échange ? Louise fut tentée de se retirer mais préféra attendre un peu. Elle avait besoin d'informations pour se faire une opinion sur le personnage de cette bohémienne. La réponse à la question de Lucretia sur son lieu de couchage acheva de dessiner l'esquisse. Elle en était outrée. N'avait-elle pas proclamé qu'elles seraient bonnes amies ? Quelle bonne amie laissait l'autre dormir au sol, sans aménagement ? Cela fut trop ! Louise dut intervenir.
Poussant la porte, Louise s'introduisit dans la chambre, l’œil mauvais :
"Il n'est nullement question qu'une personne dorme au sol désormais ! Il n'y aura plus de Cassandre !"
Elle eut ensuite conscience de son attitude cavalière et réalisa que l'intrusion était grossière. La prostituée s'adoucit puis reprit :
"Pardon de cette colère brusque. Je passais devant votre chambre quand j'ai entendu cette phrase... Je n'ai pas su me contrôler. Sachez qu'ici, tout le monde sera désormais traité équitablement. Je vais donc apporter un matelas et une couverture à Lucretia que nous disposerons dans un coin de la pièce."
Louise s'avança et pointa du doigt un renfoncement, derrière une commode.
"Qu'en dis-tu, Lucretia ? ce serait une bonne place de couchage, non ?"
Elle adressa en même temps un sourire réconfortant à l'esclave, lui faisant comprendre par celui-ci la soutenir et veiller à ce qu'aucun excès ne lui arrive dans qu'elles seront sous leur toit.
Théodosie fixait à présent les produits de maquillage. Louise retint un sourire moqueur. Cette gitane en aurait bien besoin pour cacher son affreux teint hâlé. les clients aimaient surtout les belles peaux pâles. Elle ne dit naturellement rien de ces pensées puis reprit d'un ton presque badin :
"Au fait, toutes les filles doivent être examinées par un médecin avant de s'engager auprès d'un client. Vous comptez bien vous soumettre à cette règle, n'est-ce pas ?"
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
Le soleil saignant s'écoulait sur la ville. Sifflaient les roues au morne rythme à travers les ruelles, grinçait la lourde chariote dont ce soir le propriétaire paraissait au moins aussi pesant. Il suivait sans réfléchir un itinéraire beaucoup trop familier, ses petits yeux dans le vague et la mine basse. Lénius arriva enfin à la porte du Lupanar. Il remonta ses bésicles sur son gros nez d'un geste sec du bout des doigts. Il jugea bon de redresser le menton et de carrer les épaules pour un air digne et distant, tandis que ses traits demeuraient figés dans un bien rare sérieux pour qui avait l'habitude de le voir en son état ordinaire - rieur, solaire, piquant du bout des yeux.
Pas de détente, ce soir. Ni de passes. L'infirme ne venait guère pour cela. L'enquête acharnée, menée à travers les venelles de la Cité ces derniers jours, l'amenait seule en ces lieux qui pourtant le voyaient souvent entrer client, ressortir content. Pas en ce jour. Et peut-être plus jamais... Pas après ce que Lénius savait désormais.
Depuis cette épouvantable vente - où, effondré, avec la présence d'une nonne pour seul soutien, il avait assisté aux enchères sur Tristan exposé à la sinistre estrade de Greeglocks - il n'avait plus pu avoir de nouvelles de son ami. Trop ulcéré, il n'avait même pas pu regarder la fin des négociations pour cet esclave et son camarade aux béquilles. Lénius s'était donc démené, les jours suivants, pour retrouver la trace de Tristan. Apprendre qui serait son maître et chez qui il servait - et de quelle façon...
On avait évoqué devant lui un Cardinal. Apparemment frère de la si généreuse dame Irène d'Aubeville. Dame chez laquelle d'ailleurs le petit esclave serait passé aussi. Mais également au Lupanar. Tristan y aurait été traîné de force... comme un vulgaire sac passant de mains en mains. Et depuis, dans la Cité l'on ne savait pas dire exactement ce qui était advenu de son jeune ami. Oh sûr, tous les badauds parlaient de la grande arrestation qui avait eu lieu dans la maison de passes... sous le commandement de Dyonis Howksley de Frenn - le Diable ait son âme ! - mais aucun pour connaître le sort d'un insignifiant esclave infirme ! Lénius piaffa de colère à cette pensée.
Quelques tours de roue encore et il se trouva juste à la hauteur du heurtoir. Le Lupanar, c'était ici que Lénius aurait la suite des renseignements. Il déglutit et se prépara à faire face à des gens qui avaient potentiellement participé à exploiter Tristan. Sourcils froncés. Regard dur et impérieux. Mais des nœuds dans son ventre : et dire que tant de nuits, le troubadour était venu céans et y avait été plus que bien traité par ladite Blanche des Roses. Femme douce et généreuse, qui d'après les rumeurs aurait complètement sombré dans la folie en l'espace de quelques jours - et se serait alors rendue coupable avec son homme de main des crimes à l'origine de leur interpellation. Lénius se mordit la lèvre. Cette femme qu'il avait eue dans son lit, à qui il s'était régulièrement confié, elle aussi, avait-elle maltraité Tristan lors de son passage entre ces murs ?
Alors, la pire question qui fut lui claqua à la face : Tristan... Tristan esclave. Tristan dans un Lupanar. Tristan en incapacité de pouvoir décider quoi que ce fut désormais... L'avait-on... Lénius blêmit. Enfin, son poing se serra au heurtoir et il frappa à la porte avec une énergie brusque et sonore.
Il devait absolument connaître autant d'éléments que possible. Voir qui était désormais à la tête de ce bordel. Découvrir où avait encore atterri son ami à présent. Et trouver la vérité. L'infirme ne supporterait plus de donner un seul rilch supplémentaire à cet établissement - l'un des rares pourtant à l'avoir toujours accepté avec bienveillance et sans grimace - si, ne fut-ce qu'une seule fois, Tristan y avait été forcé.
Lénius prêtera à peine attention aux voix lointaines de femmes du Lupanar apparemment en conversation. Sans doute se préparaient-elle pour la nuit à venir, dans leurs chambres, en échangeant quelques nouvelles. En temps ordinaire, il se serait intéressé un tant soit peu aux histoires de ces filles, au sort qui allait être le leur après le bouleversement des récents événements... toutefois pour l'heure il n'était focalisé que sur Tristan.
Ferme, le regard fixe et décidé, la mine grave, il attendit qu'on le reçût.
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
L'interruption de Louise surprit Lucretia, mais ne sembla pas atteindre Théodosie qui se tenait toujours nue et sans pudeur devant l'impudente qui avait franchi le seuil de sa chambre sans y être invitée. Le serpent n'avait aucune manière et venait confirmer les suspicions de Théodosie. Au Lupanar, les murs avaient des oreilles, mais ils avaient au moins la politesse de le dire.
- J'ai dormi dans des endroits plus rustres et l'on peut dire qu'ici sera toujours mieux que chez le marchand d'esclaves s'exclama Théodosie. Mais si vous avez un matelas de paille supplémentaire, faites donc, ce n'est pas moi qui suis la propriétaire. J'ai vendu mon corps à votre établissement à un prix raisonnable, il me semble, j'ai fait assez pour la journée.
Lucretia acquiesça à la proposition de Louise sans en dire davantage. Son dos l'en remercierait sans doute sur le long terme. En revanche, Théodosie ne parut pas enchantée à l'évocation du médecin :
- Et pourquoi faire ? Pour prendre un bain de sangsues ? Non merci, mes humeurs vont très bien !
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
[Avant de répondre, je avis tirer le dé pour déterminer qui va ouvrir au troubadour en quête de réponses qui frappe à la porte]
Lancer de dés : de 1 à 3 : Isabelle - de 4 à 6 : Louise]
Lancer de dés : de 1 à 3 : Isabelle - de 4 à 6 : Louise]
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
Le membre 'Blanche des Roses' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
'Dé à 6 faces' :
'Dé à 6 faces' :
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
[A présent lancer de dé pour déterminer si nos demoiselles ont déjà eu connaissance de Lénius ou s'il n'a connu que Blanche...
1 ou 2 : Seule Isabelle le connait
3 ou 4 : Seule Louise le connait
5 ou 6 : ni l'une ni l'autre ne l'ont connu avant aujourd'hui
1 ou 2 : Seule Isabelle le connait
3 ou 4 : Seule Louise le connait
5 ou 6 : ni l'une ni l'autre ne l'ont connu avant aujourd'hui
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
Le membre 'Blanche des Roses' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
'Dé à 6 faces' :
'Dé à 6 faces' :
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
Louise sentait dans l'attitude et les paroles de cette gitane combien sa présence n'était pas désirée. Elle se méfiait de ses intentions. A juste raison. Elle-même ne portait aucune confiance à cette créature qui ne devait son salut qu'à la générosité candide de sa chère Isabelle. Une louve s'était infiltrée dans leur établissement et pourrait le contaminer. Elle devait être vigilante. Elle devait protéger Isabelle.
Habituée à jouer avec sa voix, Louise adopta une intonation polie et retenue :
"J'imagine effectivement quelle vie horrible vous avez pu connaitre connaitre. Les aléas de la rue et de la misère ne sont souhaitables à quiconque. Mais ce n'est à présent plus le cas. Ici, notre établissement a pour politique de traiter correctement chaque membre du personnel."
Son interlocutrice semblait toutefois insensible à toute négociation ou argument de bonne qualité. Ce n'était qu'un animal vulgaire qui ne souhaitait dans ces draps de satin, comme le cochon aimait se rouler dans la boue. Elle évita de montrer un quelconque jugement puis se tourna vers Lucrétia.
"Ma chère Lucrétia, va donc chercher un matelas, veux-tu ? Tu es plus à même de savoir ce qui sera bon pour toi."
Elle adressa en même temps un sourire sincère à l'esclave puis attendit son départ avant de poursuivre la moindre discussion avec sa propriétaire. Entretemps, cette dernière avait commencé à se plaindre de la visite du médecin. Cette pouilleuse devait avoir des maladies plus ou moins honteuses à cacher. Louise dissimula au mieux sa joie de la prendre bientôt en défaut puis reprit d'une voix modérée, presque distante :
"Nous nous trouvons dans un établissement de qualité, où les clients viennent en toute confiance, certains de ne pas repartir avec une maladie comme c'est les cas dans des bordels moins scrupuleux. Dans cette optique, les filles sont soumises chaque mois à une visite du médecin et toute nouvelle se doit subir cet examen afin de pouvoir se présenter en salle. Ce sont les règles."
Louise savourait intérieurement ce rappel des règles assénés à cette gitane. Elle avait un pouvoir, elle, ici. Pas cette mécréante. Elle n'était rien. Qu'elle apprenne sa leçon et reste désormais à sa place ! Elle poursuivit cependant d'une voix douce qui tranchait avec ses pesées sévères, semblant se montrer compatissante :
"Ne vous inquiétez pas, notre médecin est bon et si vous avez une quelconque maladie, il vous soignera. Nous avons avec lui un accord. Vous pourrez rester ici jusqu'à votre prompt rétablissement. Et vous assure que ses remèdes ne sont pas des superstition. Il prescrit des médicaments et d'excellents remèdes. Demandez donc à Lucrétia ! Il l'a sauvé l'an dernier d'une vilaine fièvre !"
Isabelle était allongée dans son lit depuis une heure, déléguant sans inquiétude à Louise la préparation de l'établissent pour la soirée à venir. Elle se reposait, les yeux clos. Cette vente effroyable l'avait épuisé. Devoir se séparer de ses amies, les imaginer revendue à un maitre infect... Quelle torture ! Des images revenaient la hanter. elle aurait voulu que Louise reste pour la prendre dans ses bras jusqu'à ce qu'elle soit endormie. Mais elle n'était plus une enfant. Elle n'avait pas à faire de caprices. Alors, elle encaissait les contrecoups en silence.
Une des filles vint soudain frapper pour lui annoncer une visite. Elle la remercia au travers de la porte et soupira. Qu'était-ce encore ? De nouveaux ennuis ? Cette position n'avait rien d'enviable. Elle regrettait de ne plus être une simple prostituée qui acceptait chaque nuit les passes, laissant son esprit vagabonder quand cela devenait difficile, et qui s'en allait la journée vaguer à diverses occupations. Les responsabilités, c'étaient si écrasant.
Isabelle quitta sa chambre et descendit dans la salle où celle-ci avait une apparence parfaite. Les tables étaient dressées, recouvertes de nappes blanches. Les boissons et les les gâteaux étaient déjà disposés. La soirée pourrait commencer quand les premiers clients se présenteraient.
Elle s'avança vers la porte et ouvrit. Un choc terrible s'en suivit. Une créature difforme se tenait sur le seuil, assise sur un siège roulant. a quoi cela ressemblait au juste ? Rien de ce terrible visage ne paraissait humain. Son teint devint immédiatement livide et elle poussa un cri terrible en se reculant. Elle tomba ensuite à genoux et se signa fébrilement.
"Pitié ! Pitié... Je suis bonne chrétienne ! oui, il y a des actes mauvais ici, c'est vrai, je le confesse ! Mais je vais reprendre correctement l'établissement ! Il va devenir honnête ! Pitié ! par pitié, ne m'emmenez pas en Enfer !"
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
La porte s'ouvrit enfin et un cri accueillit l'infirme. Lénius sursauta, malgré l'habitude pleine de lassitude que lui occasionnait toujours ce type de réactions. Seulement après ce premier contact, il s'intéressa à la femme qui lui servait d'hôtesse : la trentaine bien sonnée, une ample chevelure autour d'un visage pâle et rond. Il ne l'avait jamais côtoyée jusqu'à présent, toujours habitué qu'il était à avoir fréquenté Blanche des Roses. Lénius se rendit compte alors qu'il ne connaissait que très peu les autres filles.
A peine achevait-il ces constats, que sa vis-à-vis se jetait à genoux et lui servit un verbiage à peine plus agréable que le reste. Là encore, accoutumé à de type de discours, l'homme difforme poussa un profond soupir.
Dans d'autres circonstances et avec une meilleure humeur, Lénius aurait répondu d'un franc éclat de rire - avant de taquiner quelques instants la pauvre femme comme une pelote entre les pattes d'un chat. Cependant en ce jour, la mauvaise humeur ne quittait pas les traits sévères de l'infirme. Ce fut presque avec pitié qu'il regarda cette dame à ses pieds. Il grommela :
-- Nenni, Madame. Relevez-vous, même si je ne suis pas en mesure de vous montrer l'exemple. Je ne suis que Lénius, client de cet établissement, et simple mortel de chair et d'os. Aussi délabrée que soit cette chair et tordus que soient ces os. C'était Blanche des Roses qui me recevait toujours céans.
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
Lucretia acquiesça simplement lorsque Louise lui demanda d'aller chercher un matelas. Son dos l'en remercierait sans doute pour les jours à venir. Elle sortit de la chambre, ferma la porte et s'assura de marcher suffisamment bruyamment pour qu'on l'entende s'éloigner et qu'on ne pense pas qu'elle écoute aux portes comme l'avait fait Louise. Théodosie ne fut pas surprise du stratagème de Louise visant à éloigner l'esclave.
Elle écouta attentivement les arguments de Louise en faveur du médecin, tandis qu'elle observait déjà les quelques robes à sa disposition en se demandant comment elle allait bien pouvoir entrer dedans seule. Une chemise en soie suffirait bien pour dormir. Elle l'enfila et rétorqua en même temps à Louise :
- Il n'y a pas besoin d'être médecin pour guérir de la fièvre. Une concoction à base de bourgeons d'églantiers, de romarin et de saule blanc est suffisante, rien de surprenant. Cela n'a jamais été dans les termes de notre accord, le marchand d'esclaves en est témoin. Mais si cela ne vous convient pas, nous retournerons dormir dehors avec Lucretia et nous vous laisserons le soin d'en expliquer à Louise la raison, à savoir que vous avez choisi de changer les termes de notre accord alors même que j'avais choisi de vous aider. Maintenant, si vous le voulez bien, laissez-moi car je dois prier.
Théodosie entendit le cri de terreur d'Isabelle jusque dans sa chambre.
- Et d'ailleurs, je crois entendre que vous avez d'autres choses plus importantes à régler.
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
Les genoux cognés contre le sol, Isabelle tremblait encore. La silhouette difforme la terrifiante. Il s'avançait. Il se mit à parler. A son étonnement, cet étrange individu causait bien. Aurait-il reçu une instruction ? Quel phénomène curieux ! Elle leva les yeux et fixa d'un air timide la créature. Cela ressemblait à un homme mais un homme qui aurait reçu toutes sortes de mauvais coup au point de lui défigurer le visage. Il l'invitait à se relever. Elle obéit, les jambes flageolantes, puis entendit évoquer l'ancienne tenancière. Elle grimaça.
"Ah. Vous êtes un de ses clients. Elle ne travaille plus ici, je suis au regret de vous l'apprendre, pour raisons somme toute personnelle? Mais si vous attendez un peu, quand nous ouvrirons, une de nos filles acceptera certainement de reprendre la charge."
Elle pria pour qu'il ne la réclame. En dépit de toute sa charité chrétienne, la nouvelle propriétaire ne se voyait au lit avec cet individu. Cela serait trop lui demander.
Louise fixa cette maudite gitane qui prêtait davantage attention aux robes mises à sa disposition qu'à ses paroles. Quelle péronnelle ! Si seulement elle pouvait lui donner son congé.. Mais Isabelle, sa chère Isabelle, se sentait reconnaissante envers elle d'avoir sauvé Lucretia. Elle en souffrirait. Son grand cœur finirait par la perdre. Louise le redoutait. Elle l'entendit ensuite raisonner et menacer de se retirer avec l'esclave si Louise insistait trop au sujet de la visite médicale ! Voilà la preuve de sa duplicité ! Elle se moquait bien du sort de cette malheureuse ! Seul comptait le confort trouvé ! Une vipère.. Ce n'était qu'une vipère dont l fallait se prémunir avant que celle-ci ne les contamine tous.
Ne pouvant continuer à attaquer de front, Louise siffla :
"Je vois. Agissez comme vous l'entendez. Néanmoins, sachez que les clients en se rendant dans notre établissement ont connaissance que nos filles sont propres et saines. Si vous en contaminez un, il serait en droit de porter plainte pour tromperie sur la marchandise. Bien sûr, ce sont des affaires honteuses, alors peu ont le courage de le faire. Ils préfèrent dissimuler l'affliction avec leur honte. Mais certains n'ont pas ces scrupules. Sachez que si cela arrive, vous étant affranchie de la visite médicale, nous ne vous soutiendrons pas."
Elle s'apprêta à se retirer, ayant conscience que ses arguments ne porteraient pas quand elle crut s'étouffer d'entendre la bohémienne manifester un besoin de prier. Elle n'en croyait pas un mot. Mauvaise, elle ne put s’empêcher de rétorquer :
"S'il en est ainsi, demandez donc au Seigneur de vous accorder une conscience."
Louise n'était pas peu fière de son trait d'esprit et contempla sa victime d'un air narquois lorsque le cri de terreur d'Isabelle qui retendit lui fit perdre de sa superbe.
"ISABELLE ! Oh non !"
Sans un autre mot, elle quitta la chambre en courant.
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
Il fut soulagé de voir la femme se relever, tremblotante d'abord, mais prompte ensuite à retrouver usage de ses jambes et de son esprit. Lorsque son hôtesse finit par comprendre que Lénius était un client régulier de la maison, il acquiesça avec une calme lenteur, qu'il espéra utile à achever de la rassurer. Son dos restait le plus droit possible contre son fauteuil, ses bras élégamment posés sur les accotoirs dans une posture de dignité.
Alors, elle lui proposa une prostituée pour ce soir une fois que le Lupanar ouvrirait. L'infirme secoua la tête et assura d'une voix tranquille quoique ferme, grave :
-- Non, je ne viens pas pour cela aujourd'hui. Ne dérangez personne. Vous seule pourrez certainement me renseigner. Voyez-vous, je suis ami proche d'un jeune esclave du nom de Tristan. (Esclave... Le mot le révulsa une nouvelle fois. Autant cependant être précis dans la description des faits récents.) Une quinzaine d'années, châtain-roux, assis comme moi sur une chariote. J'ai ouï dire qu'il a servi céans.
Il s'interrompit, le temps d'observer les réactions d'Isabelle. Des échos de voix lui parvinrent en outre d'une des chambres. Une conversation qui semblait quelque peu tendue à en croire le ton employé. Peu importait. Cela n'était pas les affaires de Lénius. Se forçant à un sourire, il acheva :
-- Pouvons-nous parler ? M'autorisez-vous à entrer ? Je suis sûr qu'une bonne chrétienne telle que vous acceptera de m'aider à faire la lumière sur ce qui est arrivé à mon ami.
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
A l'évocation d'Isabelle, Louise cessa d’être insistante auprès de Théodosie et il sembla que la visite médicale n'était finalement plus si nécessaire. Les arguments de Louise etaient faibles : encore fallait-il que le client prouve que c'était bel et bien le produit de sa fornication avec une prostituée qui l'ait conduit a un déséquilibre de ses humeurs. Il y aurait sans doute bien d'autres motifs qu'un noble pourrait invoquer, plus fiables et plus solides s'ils voulaient la tête de Théodosie.
- Une telle prévenance ! ajouta-t-elle a l’égard de Louise. Ne vous inquiétez pas du bien-être des clients, j'ai cru comprendre que c'était à moi de m'en occuper et non à vous.
Tandis que Lucretia remontait son matelas, sa curiosité la piqua et elle eut envie de savoir la raison pour laquelle Isabelle avait crié aussi fort tout à l'heure. Une mauvaise idée sans doute, mais elle entendait une conversation. De son œil valide, elle aperçût un homme difforme et répugnant sur un chariot, un client difficile à satisfaire. Dieu merci, elle en serait préservée. Pourtant, ses paroles ne reflétaient en rien son physique ; une voix réconfortante, un parler poli et délicat. Lucretia n’entendit que quelques bribes de conversation. Il cherchait quelqu’un apparemment, mais qui ? Sa curiosité la poussa a tendre l’oreille et sans le vouloir, à se révéler un peu plus à ceux qu'elle épiait.
- Une telle prévenance ! ajouta-t-elle a l’égard de Louise. Ne vous inquiétez pas du bien-être des clients, j'ai cru comprendre que c'était à moi de m'en occuper et non à vous.
Tandis que Lucretia remontait son matelas, sa curiosité la piqua et elle eut envie de savoir la raison pour laquelle Isabelle avait crié aussi fort tout à l'heure. Une mauvaise idée sans doute, mais elle entendait une conversation. De son œil valide, elle aperçût un homme difforme et répugnant sur un chariot, un client difficile à satisfaire. Dieu merci, elle en serait préservée. Pourtant, ses paroles ne reflétaient en rien son physique ; une voix réconfortante, un parler poli et délicat. Lucretia n’entendit que quelques bribes de conversation. Il cherchait quelqu’un apparemment, mais qui ? Sa curiosité la poussa a tendre l’oreille et sans le vouloir, à se révéler un peu plus à ceux qu'elle épiait.
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
[Lancer de dés pour savoir si Lucretia est remarquée pendant qu’elle espionne la conversation entre Lenius et Isabelle]
Réussite : elle n'est pas remarquée
Échec : l'un des deux la voit
Réussite : elle n'est pas remarquée
Échec : l'un des deux la voit
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
Le membre 'Théodosie' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
'Audace' :
'Audace' :
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
- Spoiler:
- Le jili fail pour ton premier lancer de dés
Alex compatit fortement. Il sait quel effet terrible cela fait :patpat
lancer de dés : qui de Lénius ou Isabelle remarquera donc la demoiselle ?
1 ou 2 : Lénius
4 ou 5 : Isabelle :
5 ou 6 : les deux
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
Le membre 'Blanche des Roses' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
'Dé à 6 faces' :
'Dé à 6 faces' :
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
Avant de répondre... Louise va rejoindre la salle principale. remarquera t-elle Lucretia ? La révèlera t-elle as présence ?
1 ou 2 : elle ne la voit pas.
3 ou 4 : elle la voit mais ne la signale pas jusqu'au moment où Isabelle la voit aussi.
5 ou 6 : Elle la voit en même temps que Isabelle
1 ou 2 : elle ne la voit pas.
3 ou 4 : elle la voit mais ne la signale pas jusqu'au moment où Isabelle la voit aussi.
5 ou 6 : Elle la voit en même temps que Isabelle
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
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'Dé à 6 faces' :
'Dé à 6 faces' :
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
Une fois sortie de la chambre en panique, Louise courut à toute vitesse dans les couloirs de l'établissement sans se préoccuper de renverser quelqu'un ou non. Le sang battait à ses tempes et lui causait un début de migraine. Isabelle... Qui s'était-il passé ? Que lui était-il arrivé ? Elle s'arrêta, essoufflée, à l'entrée de la salle principale, et découvrit sa chère amie en compagnie d'un homme au physique particulièrement repoussant Quel curieux assemblage ! D'où sortait un pareil monstre ? Certainement d'une foire où on aimait à exhiber les phénomènes naturels prodigieux.
Désireuse de ne pas se comporter comme tous ceux qui venaient le contempler comme une bête curieuse, elle tourna la tête et put apercevoir sur le seuil de l'autre porte Lucretia qui observait aussi la scène. Elle lui adressa un sourire amical tout en prêtant à la conversation.
Isabelle, encore sous le coup de son émotion, avait du mal à regarder en face son interlocuteur et baissait les yeux alors qu'elle permettait au troubadour de pénétrer dans l'établissement. Ce visage monstrueux était insoutenable. Elle lui proposa poliment de s'installer à une table recouverte d'une nappe, prête pour la soirée. Quel étrange sentiment de s'y asseoir avec un homme qui n'était pas son client ! Elle entendit ensuite Lénius évoquer le nom de Tristan et tressaillit. La pensée du malheureux petit infirme, si attachant, lui brisa le cœur. Quel supplice endurait-il en ce moment à cause de ce stupide cardinal ? elle répondit, la voix brisée :
"Votre ami... Tristan... Il a été enlevé sous les ordres des Blanche des Roses. Je ne comprends toujours pas la motivation de ses actes. Elle a toujours si gentille, si tendre, si généreuse... Il a été évoqué lors de l'arrestation qu'elle cherchait à faire de son neveu, un esclave, qui plus est, un noble. Elle semble avoir perdu toute raison. Notre ancien intendant a obéi à ses demandes. Il a fait enlever votre ami Tristan afin d'attirer l'esclave ici. Des choses terribles se sont produites entretemps. Blanche... Blanche est tombée malade. la variole. Notre ancien intendant a utilisé Tristan pour lui servir de garde-malade et elle... dans son esprit confus, elle l'a contaminé. Par chance, j'ai pu entendre l'agitation et je suis intervenue pour l'extraire. Je l'ai soigné. Il est actuellement retourné chez son maitre, le cardinal Cassain."
A l'évocation du sinistre cardinal, une ombre passa sur son visage.
"Si seulement j'avais pu le garder... il va..."
Elle poussa un soupir puis ajouta :
"Tristan m'avait parlé des dérives de son maitre. J'ai essayé de le raisonner. En vain. Et à ce moment, l'autre esclave a intervenu en faveur du cardinal et retourné contre moi mes arguments. Alors que j'avais réussi à insinuer au cardinal que la maladie de Tristan était une punition du Ciel à son encontre, Alexandre.... Cet idiot d'Alexandre... Il a inventé que Tristan ne cessait de courir les filles malgré ses avertissements. Je n'ose savoir quel sort il connait en ce moment. Hélas ! Pauvre enfant !"
Désireuse de ne pas croiser le regard de Lénius,à la fois pour ne voir ni son visage monstrueux ni sa peine, Isabelle tourna la tête et remarqua la présence de Lucretia. Un sourcil s'arqua.
"Que fais-tu là ?"
Sa voix était sévère mais sans méchanceté.
Immédiatement, Louise apparut et s'exclama :
"Elle m'accompagnait ! Et puis, ma vieille, on a entendu ton cri ! Pas mal ! TU t'entrainais pour des vocalises ?"
Isabelle laissa échapper un rire de cette plaisanterie puis se tourna vers Lénius pour les présentations, tentant de ne pas laisser paraitre sa répugnance en posant les yeux sur ce visage hideux.
"Je vous présente Louise qui tient l'établissement avec moi. La seconde est Lucretia, une esclave d'une de nos filles. Ce n'est pas une prostituée."
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
Il vit arriver une autre femme qu'Isabelle lui présenta comme la co-administratrice de l'établissement. Et dans sa suite, une silhouette beaucoup plus discrète, dont l’œil manquant et recouvert d'un bandeau attira immédiatement l'attention de Lénius. Il prit néanmoins bien garde à ne pas s'arrêter une seconde de plus sur ce détail, au même titre que lui-même appréciait de n'être fixé outre mesure en raison de son infirmité. Il remplaça donc aussitôt toute réaction de curiosité par une légère inclinaison du buste a l'égale attention de Louise et Lucretia, avec un courtois quoique toujours grave :
-- Mesdames.
L'information lâchée au détour d'une phrase par Isabelle fit arquer un sourcil à l'infirme. Il croisa les mains sur ses genoux, son front se froissa et il ne retint pas sa curiosité :
-- Comment ? Certaines de vos employées ont elles-mêmes des esclaves ? Qu'est-ce donc ? Je croyais que si esclaves il y avait céans, elles appartenaient à la maison directement. Ou du moins, aux patrons. Une nouvelle fille serait arrivée avec... (il regarda alors Lucretia, imaginant bien qu'elle ne souhaiterait pas que l'on cause d'elle comme si elle était absente - attitude que Lénius subissait trop souvent et qui avait le don de l'horripiler.) ...avec sa propre servante ? Quelqu'un qui a les moyens de se payer une esclave ne se prostitue pas, non ?
Là-dessus, les aveux d'Isabelle n'allaient pas l'aider à abandonner ni sa mine sévère ni ses sombres pensées du jour. Les traits déjà bien disgracieux de l'invalide achevèrent de se durcir. Il serrait les dents et des veinules de colère ressortirent à sa tempe.
-- Le Cardinal Cassin. Oh par le Diable... le Cardinal Cassin.
Lénius ne sut verbaliser davantage en premier lieu. C'était à frémir. Il connaissait l'épouvantable réputation de l'individu et les confidences de la patronne ne faisaient qu'accentuer ses craintes. Si seulement... si seulement il savait comment lui soustraire Tristan ou même l'aider, il retournerait ciel et terre ! Mais il ne demeurait qu'un vulgaire saltimbanque, sans pouvoir autre que celui de ses mots et de sa musique. La révolte de son impuissance contre un pareil ecclésiastique lui claqua la face.
Les autres informations lui plurent comme plaies sur la tête. Blanche des Roses avait joué à contaminer Tristan ? Pourquoi donc ? Son ami ne lui avait sans doute pas fait le moindre mal. Et quel était le rôle de son intendant dans tout cela ? N'avait-il que procédé à l'enlèvement, ou bien... Il cracha entre ses dents :
-- Les crevures. (Un temps, plus doux) Je vous remercie d'être intervenue pour Tristan. Et sur sa santé et auprès de son maître. Il vous doit sûrement la vie. Et si je le peux, dites-moi comment vous revaloir cela.
Lénius savait vaguement que la catin en chef et son second avaient été arrêtés et que le seigneur de Frenn avait mené l'opération. Pour le coup, il devait lui accorder un bon point pour cette action de salut public. Toutefois cela n'effaçait en rien la liste des autres méfaits que le troubadour avait à lui reprocher et pour lesquels il l'espérait un jour voir payer. Sans ce maudit Premier Conseiller, Tristan ne serait tout simplement jamais devenu esclave. Il était le maillon premier de ces événements.
Comme si cela ne suffisait pas, Isabelle avoua encore, par dessus le marché, que l'esclave Alexandre avait chargé Tristan devant son maître. Et de quels délits ! De ceux qui à ses yeux n'étaient rien du tout... mais qui auraient en revanche, sans aucun doute, de quoi valoir à Tristan les foudres de son bigot et cruel maître. Lénius déglutit. Il imaginait déjà les pénitences, les remontrances, peut-être même les coups qu'aurait reçus son malheureux camarade. La glace se changea en vive colère :
-- Tristan, courir les filles ? Mais ce gamin est fou ! Pourquoi donc a-t-il raconté une chose pareille ? Il n'a pas intérêt à me croiser une nouvelle fois, ce petit merdeux !
Et en guise de cerise sur le gâteau, Lénius prit alors conscience d'un dernier point. L'abattement vint après la fureur. Il se tassa d'un coup sur lui-même, tête et double menton prostrés dans ses épaules. Alexandre... La prostituée Blanche des Roses serait donc bel et bien sa tante et elle avait essayé de le faire venir - avec Tristan comme appât - dans l'espoir de le pousser à récupérer le titre noble de sa famille déchue. Et tout cela... c'était lui - lui ! - qui avait aidé indirectement Blanche à le comprendre lors de sa dernière visite, durant laquelle il avait évoqué un curieux bijou de famille qu'il avait vu à la gorge d'Alexandre.
Lénius demeura pantois et silencieux durant un long et lourd moment. Dans sa pesanteur, il finit par marmonner d'une voix quasi absente :
-- Je me dois une dernière question. Tristan... sur la courte période où il a servi au Lupanar, n'a-t-il servi qu'à faire le garde-malade ? Soyez honnête.
Re: [14 Septembre] Dans la confidence des draps de satin [Terminé]
Lucretia se figea lorsqu'elle constata qu'Isabelle l'avait repérée. Celle-ci lui adressa un sourire sincère et rassurant, alors que Lucretia s'était attendue à des réprimandes. Son comportement était bien différent de celui qu'elle avait arboré avec sa maîtresse, signe que Louise lui faisait confiance. Lucretia acquiesça seulement sans lui rendre son sourire, par timidité.
Elle continua à écouter la conversation entre Lénius et Isabelle puisqu'on ne l'avait pas invitée à partir. Elle découvrit avec surprise le tenant et les aboutissants des affaires de ces derniers jours dont elle n'avait pas eu connaissance. Lucretia se souvenait bien des yeux ambrés de ce jeune homme qui avait été au chevet de Blanche, un détail qu'elle n'avait pas oublié. Jamais Lucretia n'aurait pensé que Blanche aille à de pareilles extrémités. A la lumière de cette information, l'arrestation de Blanche était inévitable et même souhaitée.
Lorsqu'Isabelle eut terminer de narrer les évènements de ces derniers jours, tourna la tête dans la direction de Lucretia et n'eut pas de difficultés à la remarquer puisqu'elle s'était légèrement rapprochée pour mieux entendre. Lucretia prit peur, mais une fois encore Louise la couvrit en faisant croire qu'elle l'avait accompagnée. Rassurée, elle sortit plus facilement de l'ombre avant d'ajouter :
- Louise souhaitait que j'aille chercher un matelas pour que je puisse dormir dans la chambre de ma maîtresse.
Elle remarqua l'air surpris de Lénius en apprenant qu'elle était esclave, mais ne se permit pas de répondre, pensant que ce n'était pas à elle de fournir les détails de la transaction. De plus près, cet homme lui paraissait plus impressionnant encore, une morphologie grotesque assise sur une sorte de fauteuil roulant. Une masse imposante qui n'allait pas forcément avec la politesse avec laquelle il s'adressait aux tenancières et à elle-même. Contrairement à d'autres clients, il faisait même preuve de respect, une chose rare que Lucretia appréciait. Le ton monta cependant rapidement à mesure que Lénius détaillait son opinion sur ceux qui avaient fait du tort à ce Tristan. A la dernière question, Lucretia prit peur pour la réponse, figée par le franc parler de Lénius.
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