[14 Septembre 1597] Enfin à l'abri ? [Terminé]

Urbain était désormais ficeler : il ne pouvait plus partir. Il était officiellement leur prisonnier. Et il allait leur rapporter cher. Cette simple idée lui donnait un immense plaisir. A la question, quoique légèrement moqueuse de Hyriel, il répondit avec un sourire ravi :

- Non, pas de compagnie de théâtre dévalisée. Juste les pauvres voyageurs qui n'ont rien d'autre à me donner pour passer.

Il eut un court rire et tandis que son complice fouillait dans les costumes, il mit un vieux sac de joute sur la tête d'Urbain. Au cas où, ne savait-on jamais. Ne disait-on pas que la prudence était mère de sureté ? Le sourire diabolique qui s'afficha soudainement sur les lèvres d'Hyriel attira son attention. Ce dernier brandissait une robe, et avant même qu'il ne lui explique le fond de sa pensée, Sylvère avait compris où il voulait en venir. Un charmant couple de paysans... Personne n'irait les soupçonner d'être en réalité un sorcier et un brigand.

C'était parfait. La couverture idéale.

Il ne faisait pas vraiment de doutes pour dire que ce serait lui, l'épouse de ce charmant couple. À voir le regard de Hyriel et à faire le compte des différents points. Après tout, c'était lui qui avait sa tête mise à prix. Plus il serait loin de son apparence commune, plus le danger serait moindre pour lui. Qui irait faire le rapprochement entre une petit paysanne timide et le célèbre roi de la forêt ? Pour ainsi dire : personne.

De plus, avec ses béquilles, ce ne serait certainement pas le plus simple pour Hyriel. De toute manière, Sylvère avait l'habitude de se faire passer pour tout et n'importe quoi. Alors pourquoi pas une jeune femme ? Ce ne serait pas si différent d'habitude.

Il attrapa la robe.

- J'ai compris le message. Ce sera moi l'épouse.

Il jeta la robe en vrac sur un des rochers et croisa les bras une seconde. Avant toute chose, il restait un autre point qu'il fallait traiter : un sourire carnassier vint se peindre sur ses lèvres à son tour, alors qu'il désignait leur prisonnier.

- Il faut que nous discutons de ce que nous allons exiger en retour de notre ami ici présent.

Pourquoi avait-il l'impression qu'il s'était fait avoir avec cette histoire de déguisement ? Mais d'un autre côté, il n'avait pas vraiment le choix. A bien y choisir, il préférait se faire passer pour une gentille paysanne plutôt que de finir dans les prisons. Malgré tout, le sourire qui s'affichait déjà sur les lèvres de son complice lui tira une grimace, et encore plus le court rire qu'il laissa échapper quand il attrapa la robe...

Il grogna pour toute réponse.

Mais le sujet beaucoup plus réjouissant de leur récompense lui changea les idées et lui redonna le sourire. L'argent. Bien entendu, un couple de paysans ne pouvait pas exiger autre chose. Mais c'était toujours cela. Pour de l'argent, Sylvère aurait pris tous les risques du monde.

Il eut un hochement de tête.

- Ce serait bête, en effet, qu'une telle fortune lui amène quelques bandits de grand chemin... Nous allons lui rendre service ! Nous irons qu'à aller le livrer demain, ce cher petit poulet. Il ne faudrait pas attendre trop longtemps, sinon, il risquerait de refroidir

Il attrapa une deuxième corde, celle qu'il avait récupérée en même temps que les costumes, la désigna à Hyriel et déclara :

- Pour que le noble médecin de ma cour puisse remonter à la surface.

Il lui adressa un coup d'oeil de connivence, et escalada pour remonter sur la terre, et accrocher la corde à un tronc d'arbre proche. Urbain ficelé, le sac sur la tête, il n'y avait pas de danger de le perdre.