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[15 septembre 1597] Qui dit mieux ? [Terminé]

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Message par Phaïdée Ven 8 Mai - 11:49

Phaïdée était assez étonnée de son propre sentiment : se retrouver sans maître, dans un marché aux esclaves, dans une situation d'entre-deux, incertaine et angoissante, la dérangeait, comme si ces dernières années au bordel avaient été... mieux. Leur maîtresse - nom équivoque pour une gérante de maison-close - ne pouvait plus les garder. Phaïdée et ses compagnes n'avaient pas eu leur mot à dire, bien sûr. Demande-t-on à un meuble s'il préfère être au salon ou dans la cave ? Quoiqu'il en soit, une chose qu'elle ne pouvait reprocher à la "maîtresse" c'était d'avoir fait preuve de bons sentiments. Certes, cela ne les avait pas affranchies toutes autant qu'elles étaient, mais Phaïdée ne pouvait pas lui en vouloir d'avoir été gentille.

24h étaient passées à présent. Le vendeur semblait décidé à tenir sa parole de ne les vendre qu'à quelqu'un de correct avec les esclaves, si tant soit peu que le concept d'esclavage soit éthiquement correct tout court. Cependant, alors qu'elle était exposée à la vue de tous, comme l'objet qu'elle était légalement devenue, Phaïdée ne pouvait s'empêcher de se dire que si une occasion se présentait (un prix trop généreux pour être honnête, par exemple) il abandonnerait tout scrupule pour faire affaire.

La jeune femme observait les acheteurs avec autant de minutie qu'ils mettaient à inspecter la marchandise. Bourgeois, nobles, autres... tous se succédaient. Elle avait remarqué que les femmes ne l'approchaient guère, sans comprendre pourquoi, peut-être son ancien emploi les gênait-il : elles lui jetaient un vague coup d’œil, la détaillait de bas en haut, pinçaient de nez et passaient la tête haute, avec une espèce de mépris qui froissait l'orgueil refoulé de Phaïdée. Les hommes quant à eux s'attardaient plus, parfois, ils la touchaient. Phaïdée reconnaissait la lueur au fond de leurs yeux, mais savait aussi l'éteindre. Elle ne comptait pas redevenir une catin au service de la luxure des grands de ce monde. Elle voulait un maître riche, puissant, et surtout influençable. Il lui suffisait de détailler sous ses longs cils le vêtements de celui ou celle qui la regardait pour savoir à quoi s'en tenir sur la richesse ou la puissance. Parfois le vêtement était trompeur, et il fallait noter la prestance, la manière de parler ou de se tenir, épier les conversation pour ouïr un titre ou un nom, deviner la richesse, le pouvoir, la noblesse ou la bourgeoisie d'un acheteur.

En fonction de tout cela, Phaïdée adoptait l'attitude qui lui semblait la plus appropriée : rebelle pour les acheteurs fainéants qui exigeaient obéissance absolue, et étaient lassés d'esclaves un peu têtus, séduisante ou impassible tour à tour pour d'autres profils. Mais jusqu'à présent, aucun n'avait définitivement jeté son dévolu sur elle. Le temps se faisait long et elle n'était plus habituée à rester debout des heures, dans l'attente et l'inactivité.
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Message par Irène d'Aubeville Ven 8 Mai - 21:51

Irène avait décidé de fermer la boutique pour un petit moment. Elle avait envie de faire aussi un peu plaisir à Cassandre et à Grâce, en leur faisant prendre l'air. Pour l'occasion, elle avait pris la longue pièce de tissu qui lui permettait de porter Ludovic contre elle, tout en donnant la main à ses filles. Elle avait également proposé à Alexandre et à sa mère de les accompagner, ce qu'ils faisaient d'un peu plus loin. Irène souhaitait qu'ils se rendent au marché, pour voir un peu ce qu'il y avait comme nouveauté et éventuellement acheter quelques babioles. Cela pourrait être utile, maintenant qu'ils étaient une famille nombreuse. Elle regardait un stand de fleurs avec Cassandre, songeant que cela pourrait égayer un peu la boutique, quand elle sentit soudain une de ses mains vides. Elle arrondit les yeux en voyant que Grâce avait disparu. Elle chercha aussitôt de tous les côtés, regardant en priorité vers Alexandre et sa mère à un étale à l'opposé. Personne.

Elle se mordit la lèvre avant de voir sa robe. Non loin du marché aux esclaves. Irène fronça les sourcils en raffermissant sa prise autour de la main de Cassandre, de peur de la perdre aussi.

- Viens, nous devons retrouver Grâce.

Elle partit aussitôt à la suite de la petite fille. Elle observa alors l'estrade sordide qui la faisait toujours frissonner. Elle n'avait pas oublié ce sinistre jour où elles avaient dû aller y chercher Alexandre et Tristan, réduits en esclavage. Elle soupira au souvenir de son frère, apparu comme par magie, tout autant pour leur bonheur que pour leur malheur. Enfin... Tristan se trouvait avec sa nièce et Alexandre... eh bien, il se débrouillerait, surtout maintenant qu'il avait retrouvé sa mère.

Irène retrouva finalement Grâce qui regardait l'estrade, figée. Elle n'avait pas dû vraiment se rendre compte de la direction qu'elle prenait. Irène lui rattrapa la main en secouant la tête, mi-inquiète, mi-sévère.

- Grâce, je t'ai déjà dit de ne pas t'éloigner.

La petite fille rougit en fixant ses pieds.

- Pardon maman...
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Message par Le Cent-Visages Sam 9 Mai - 10:11

[15 septembre 1597] Qui dit mieux ? [Terminé] Marcha10

M. Greeglocks, marchand d'esclaves de la capitale

Quelle drôle d'affaire, tout de même ! En l'espace d'une heure, la veille, le sieur Greeglocks s'était de nouveau retrouvé avec sept esclaves à revendre - toutes en provenance du Lupanar de la cité. Une curieuse mouche avait piqué cet établissement : une volonté de "moralisation", de ne plus avoir d'esclaves entre les murs et autre vœux pieux.
Oh certes la plupart de ces femmes présentaient bien et retrouvaient preneur sans aucune difficulté. Mais d'autres clients rechignaient à l'idée d'acheter une esclave ayant eu la profession que chacun savait... Le trafiquant percevait bien les regards torves, les haussements de menton dédaigneux, les chuchotis de bouche de bouche prude à oreille pieuse.
Les quelques femmes présentes ce jour sur son estrade, en compagnie de plusieurs autres gaillards fraîchement capturés, retenaient l'attention des passants dans le manège quotidien auquel Greeglocks était habitué. Une jeune brune à la beau hâlée, aux lèvres charnues, à la chevelure charbonneuse gonflée de vagues, attirait notamment des coups d'yeux bien naturels. Le négociant avait du mal à cerner son caractère profond, l'ayant vue changer de comportement selon qui l'observait. Point de rébellion heureusement. Un peu farouche ponctuellement, mais rien qui ne se dressât bien vite en somme.
Chacune des donzelle était présentées pour 13 000 rilchs, ainsi que l'indiquaient les petits écriteaux à leur gorge. Le patron allait et venait pour les présenter de son baratin quotidien.

-- ...Elles vous feront là d'excellentes servantes et leur activité précédente ne comptera plus pour elles ! Ne compte que la volonté de leur futur maître et cela dépendra entièrement de ce que vous voudrez bien leur confier ! Voyez par ailleurs comme elles présentent bien, comme elles sont en excellente santé !

Greeglocks prenait garde à ne pas les céder aux hommes les moins recommandables, les moins ragoûtants qui pouvaient parfois se présenter à lui. D'infectes tenanciers de bordels des quartiers sales. Des directeurs de quelque entrepôt répugnant. Des marins mal dégrossis et n'ayant pas vu femme depuis des années... Il avait promis que celles-ci iraient à un maître de bonne famille et de bonne tenue et, surtout, ne souhaitait pas avoir de nouveau des ennuis avec le seigneur de Frenn... puisque celui-ci se mêlait de faire l'inspecteur.

[15 septembre 1597] Qui dit mieux ? [Terminé] Avt_lo10

Prosper, comte de Monthoux

Le comte de Monthoux venait de recevoir, de la part du Ministre des Affaires Étrangères de Sa Majesté, une mission d'importance : un certain Juan de la Vega allait revenir à Monbrina, et il semblait important de lui faire quelques cadeaux protocolaires d'ambassade. Étaient prévus une somptueuse horloge, du plus grand raffinement mécanique et aux ciselures de la dernière mode - mais aussi deux chevaux de race... et une servante. Le pas lent, l’œil scrutateur, Prosper traversait le marché et consultait déjà les esclaves présentées en ce jour. Autour du noble, quatre lanciers écartaient la plèbe sur sa route et veillaient sur sa sécurité. L'aristocrate prit à peine garde aux gens de roture autour de lui : ni aux artisans, ni aux badauds, ni même à cette mère de famille qui traversait la place avec des petites filles dont une semblait toute honteuse...
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Message par Cassandre Velasquez Sam 9 Mai - 11:05

[15 septembre 1597] Qui dit mieux ? [Terminé] Cassan28
Cassandre, 12 ans, esclave

Cassandre calquait son pas sur celui de Dame Irène et évitait de la dépasser. Elle voulait qu'elle suivre et la fillette, en bonne esclave, obéissait. Sans manifester une once de mauvaise volonté. Elle était cependant agacée intérieurement que la mère de famille lui prenne la main. Comme si elle avait besoin de ça ! Elle n'avait plus six ans ! Elle savait suivre une personne seule ! Et puis, elle ne se perdait pas ! Elle connaissait la ville par cœur !

Dame Irène poussa soudain un cri. Cassandre releva la tête et constata effectivement que Grace avait disparu.


J'espère qu'elle n'a pas été enlevée. Les petites filles isolées sont souvent des cibles des mauvaises personnes."

Un garçon des rues lui avait enseigné cette leçon dans les premières semaines où elle s'était retrouvée seule, vulnérable, et lui avait appris comment se dissimuler. Cassandre parlait d'une voix froide, presque mécanique, sans penser que ses paroles pourraient inquiéter Dame Irène.

La recherche ne prit cependant que peu de temps. Grace paraissait attendre devant une estrade, immobile. Cassandre s'apprêta à regarder ce qui pouvait retenir son attention quand ses sens reconnurent le lieu. L'échoppe du marchand Greglocks. Son corps entier tremblait. Elle se rappelait, bien sûr, de sa propre vente, mais encore plus de la rencontre terrible avec le sinistre duc de Rottenberg. Inconsciemment elle toucha la main qui portait des traces non cicatrisées des plaies causées par sa canne. Elle était en panique. Elle regardait partout. Il était là ? Derrière elle ? Il n'y avait que des gens ordinaires. Elle distingua ensuite un noble imbu au ventre gras. Un cochon avec une perruque ! Cassandre s’allégea un peu. il n'était pas là.

Reprenant contenance, Cassandre releva la tête pour apercevoir le visage des malheureux exposés en ce jour et reçut un second choc. Sur ces planches infâmes se trouvaient toutes ses camarades du Lupanar, apparemment revendues. Elle gémit, malheureuse.


"Pour... Pourquoi ? Elles... Le Lupanar n'a pas... fermé. Pourquoi... Pourquoi elles sont vendues ? Et pourquoi pas moi ?"

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Message par Alexandre Sam 9 Mai - 11:19

Malgré la fatigue avait voulu accompagner Irène et sa famille pour passer ce temps avec sa mère et lui montrer toutes les choses en ville qu'elle n'avait pas pu voir depuis vingt ans. Le jeune homme s'amusait à lui présenter les nouvelles êtes du marché et à converser gaiement avec les différents exposants. Rosina suivait doucement et rayonnait de fierté de voir son fils se débrouiller si bien avec les usages du monde, à l'aise en société. Son garçon aurait sans doute pu discuter avec le morceau de fromage !

Soudain Alexandre ressentit un abattement et resta figé un instant au milieu de la voie, les mains serrées sur ses béquilles. Anxieuse, Rosina s'approcha et posa la main sur son front. Il transpirait.


"Cela suffit, mon chéri. on rentre."

"Mais maman.."

"On rentre !"

Le ton autoritaire ne laissait entendre aucune négociation possible. Penaud, Alexandre baissa la tête et suivit sa mère en clopinant difficilement derrière elle.
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Message par Phaïdée Sam 9 Mai - 17:11

Ne pas bouger. Du moins pas trop. Ne rien dire. Sa seule arme pouvait être son regard, une position subtilement adoptée... épaules en arrière, voûtées, en avant, le menton relevé, le front bas, la tête penchée... tout ces changements elle les appliquait en fonction du chaland. Elle surveillait cependant Greeglocks, surveillance réciproque d'ailleurs. Il n'était pas question qu'elle soit réprimandée pour son petit manège.

Il y eu un petit moment au cours duquel les clients se firent rares sur l'estrade. La vue de Phaïdée se dégagea sur la place du marché d'où s'élevait un brouhaha bon enfant. Comme si les hommes et les femmes qui l'entouraient, enchaînées et évalués comme du bétail. Peu importe que le prix soit élevé ou faible, cela n'atteignait jamais la valeur d'une vie... Son regard tomba sur une fillette figé en contrebas de l'estrade. Phaïdée ne put s'empêcher de lui adresser un sourire très léger. Un signe de la main n'aurait probablement pas été toléré, et ses liens la restreignait beaucoup. Une femme arriva bientôt près de l'enfant et celle qui la suivait ne manqua pas d'attirer l'attention de Phaïdée.

- Cassandre... ! souffla-t-elle.

La joie de la revoir se mêla à la surprise en Phaïdée. Elle aurait tout donné en cet instant pour retrouver sa condition de prostituée et pouvoir courir serrer la petite fille dans ses bras. Mais la situation ne l'autorisait à rien, pour changer..., et seul un plus grand sourire vint fleurir sur ses lèvres, comme cadeau de retrouvailles envers la petite. Ce fut le moment que choisi un homme énorme au possible pour poser le pied sur l'estrade, il avait eu besoin de deux hommes pour se hisser là, et volubile, les remerciait à grand renfort d'une prose précieuse, tout en agitant les rubans ridicules de son accoutrement, manquant au passage de frapper un ou deux esclaves, qui eurent la présence d'esprit de se reculer un peu.

Cela faisait déjà plusieurs heures que Phaïdée se tenait là debout, elle était fatiguée, d'autant plus qu'elle avait usé de ses forces à éviter les pires acheteurs. Le poids du gros homme fit trembler le sol de bois déjà d'une stabilité douteuse et une esclave plus âgé qui se tenait derrière elle perdit l'équilibre et tomba en avant. Phaïdée avait les yeux fixés sur Cassandre, le visage illuminé par un sourire. Elle sentit soudain un poids qui la poussait en avant, et sans pouvoir réagir (liens obligent), elle écarquilla les yeux de surprise en trébuchant.

Le bord de l'estrade, au premier rang de laquelle elle se trouvait, n'avait pas de barrière. Rien ne retint Phaïdée dans son élan involontaire, et elle chuta à un mètre en contrebas de l'estrade, sur le sol dur. A quelques pas à peine des deux petites filles et de la dame.

La chute avait été rude, meurtrissant tout son flanc droit et lui coupant le souffle. Elle mit quelque instant à reprendre ses esprits et tenter de se redresser sur le sol. Juste sous son nez, elle vit deux bottes noires et l'extrémité d'un bâton. La gorge nouée par l'appréhension elle leva le regard. Un lancier. Et un deuxième à côté du premier pointait sa lance vers elle, pour protéger... un noble, juste derrière eux.

Phaïdée ne fit plus un geste, dressée sur un coude, menacée par une lance. De toutes les situations qu'elle avait traversées, celle-ci serait à mettre dans le classement des dix plus dangereuses. Elle entendait déjà les pas de Greeglocks qui arrivaient, et redoutait sa colère. Elle ferma les yeux en attendant son châtiment. Maudits soient les obèses riches.
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Message par Irène d'Aubeville Sam 9 Mai - 18:26

Irène frissonna à l'hypothèse de Cassandre et resserra sa prise autour de sa petite main. Elle serra les dents et fut donc d'autant plus rassurée en voyant sa fille. Grâce s'était figée sur le sourire d'une esclave. Elle était tellement jolie cette grande dame ! Elle se recentra sur sa mère quand elle la réprimanda mais jeta de discrets coups d'oeil à la jolie dame. Elle avait l'air tellement gentille... Pourquoi est-ce qu'elle était debout, sur une estrade ? Pourquoi le grand monsieur à côté criait ? Il parlait... de maîtres ? Grâce se mit à trembler. Des esclaves... Mais... Mais c'était horrible !

Irène se retourna vers Cassandre qui commençait à se sentir mal. Elle posa une main sur son épaule en parlant d'une voix douce.

- Elles étaient avec toi au Lupanar ? Je suis désolée Cassandre... Isabelle m'avait prévenue mais elle ne pouvait pas les garder mais elle voulait t'épargner cela...

Sa gorge se serra. Ces pauvres femmes, vendues comme du bétail alors qu'elles étaient aussi des enfants de Dieu. Quelle misère... Jamais elle ne comprendrait une telle pratique. C'était bon pour des barbares mais pas pour le grand Empire civilisé qu'ils étaient censés incarnés. Et qui pouvait contraindre ces êtres à une telle condition si ce n'était Dieu ? Elle frissonna. Se permettre une telle chose, c'était jouer avec la limite entre humain et divin. Elle pria silencieusement que ces âmes trouvent des maîtres charitables, qui sauraient faire preuve d'humanité. Elle se pencha vers Cassandre.

- Tu devrais rentrer. Vas te reposer, puis nous te suivrons après avoir terminé les achats.

Irène la laissa aller puis elle vit alors passer un noble, sous bonne garde. Elle soupira discrètement. Elle doutait que celui-ci fasse preuve de compassion. Elle remarqua alors le regard de Grâce, triste et entièrement tourné vers une des femmes sur l'estrade. Elle semblait avoir encore la force de sourire. Irène prit le temps de lui adresser un sourire également, en guise d'encouragement. Elle vit alors l'estrade craquer en un horrible grincement. Irène plissa les lèvres, une main sur l'épaule de sa fille en voyant un horrible jeu de domino s'instaurer. Elle vit la femme qu'elles regardaient tomber. Grâce mit aussitôt ses mains devant sa bouche, encore plus lorsqu'il vit en lancier menacer la jolie dame. Irène était restée immobile, choquée et Grâce en profita donc pour échapper à sa prise. Elle se précipita vers la dame et se mit entre elle et les lanciers.

- S'il vous plait, ne lui faites pas de mal ! Elle n'a rien fait, elle est juste tombée ! S'il vous plait, ne la punissez pas, c'est pas sa faute !
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Message par Cassandre Velasquez Sam 9 Mai - 22:08

[15 septembre 1597] Qui dit mieux ? [Terminé] Cassan28
Cassandre, 12 ans, esclave

Cassandre était encore si choquée qu'elle n'entendit pas la voix de Phaïdée qui venait de prononcer son prénom. Elle avait baissé rapidement la tête pour ne pas croiser le regard de ses anciennes camarades. Un réflexe instinctif de protection. Dame Irène posa la main sur son épaule et lui parla avec douceur. Elle expliquait qu'Isabelle ne pouvait garder les esclaves du Lupanar. Isabelle, toujours imprégnée de morale, bien sûr.

La fillette gardait la tête baissée, n'osant toujours pas la tête regarder ses anciens camarades. Elle avait honte. Terriblement honte. Pourquoi avait-elle pu échapper à cette étape sinistre ? Le méritait-elle vraiment ? Elle n'avait cependant pas le courage de protester ? Son instinct de survie prononcé la dissuadait d'ouvrir la bouche et lui rappelait que sa situation actuelle était un miracle. Or, les miracles devaient être préservées.

Dame Irène lui fournit alors un bon prétexte. Cassandre sauta dessus.


"Oui, je ferais le ménage et préparerai le repas !"

Sans attendre une seconde, la fillette tourna les talons et décampa.
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Message par Hyriel Radgery Mar 12 Mai - 12:01

Ce jour-là était une excellente journée. Hyriel était retourné écrire quelques lettres en ville pour passer le temps et avait gagné quelques sous mais il était l’heure de rentrer pour pouvoir gagner plus de sous, ainsi que pour s’amuser un peu avec Sylvère, sa charmante épouse. Son chemin l’amena à traverser le marché. Comme d’habitude, il y avait de l’animation. Il regardait les étals en passant et entendit de l’animation un peu plus loin. S’il se fiait au plan qu’il avait en tête, c’était du côté du marché aux esclaves. Une idée germa dans son esprit. Il pourrait revenir quelques jours plus tard, avec son payement de volailler, et acheter un esclave pour l’affranchir en simulant un acte héroïque puis en le faisant valoir auprès de leur honorable client. Ce serait toujours ça de gagné pour empêcher les nobles de gagner un serviteur exploité. Il reviendrait donc sans doute dans les jours qui venaient mais pourquoi ne pas aller faire un peu de repérage ? Vu la position du soleil dans le ciel, il avait encore un peu de temps. Un petit sourire au coin des lèvres trahissant la satisfaction que lui procurait cette idée, il clopina donc joyeusement et releva la tête quand il fut à bonne distance.
 
Son sourire se figea instantanément.
 
Ce n’était pas l’animation habituelle. Un bestiau était sur l’estrade mais il ne suffisait que d’un coup d’œil à son habit coloré et à l’espace qu’il prenait pour savoir que ce n’était pas un esclave. Qu’était-ce d’ailleurs ? Un porc décoré pour un banquet de carnaval ? Un porc qui gloussait comme un dindon en tout cas. Hyriel suivit son regard pour voir ce qui était si amusant pour Monsieur de Fanfreluches. Des lanciers, une enfant paniquée et une mère de famille effrayée. Ils regardaient aussi autre chose. Vu le trou sur l’estrade, ce ne pouvait être qu’un esclave tombé. Il fronça d’ailleurs légèrement les sourcils en reconnaissant les femmes qui parvenaient à se tenir debout. Des prostituées du Lupanar, mais que faisaient-elles là ? Il aperçut un tissu de robe entre les jambes des lanciers et fronça les sourcils. Une esclave était tombée. Une fille du Lupanar sans doute. Il sentit sa gorge se serrer sous l’effet du pire des pressentiments. Il fit un saut de côté pour voir si ses craintes seraient confirmées ou infirmées et il se figea.
 
Confirmées.
 
Elle… Non… Phaïdée… Voir son amie ainsi, esclave à vendre, tombée dans la poussière, entourée de lanciers transforma Hyriel en statue de marbre. Immobile, blanc et froid. Tout le sang avait quitté son visage en un instant. Son visage restait figé en une expression de stupeur mêlée d’effroi et de désarroi.
Plus rien n’existait plus autour de lui, ni les bruits du marché, ni les paroles du vendeur d’esclaves, ni les supplications de la fillette. Son regard était happé par cette vision. Seul tournait dans sa tête le rire du gras dindon.
 
La vision de la jeune femme entourée des lanciers et du cochon rieur avait été sa Méduse.
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Message par Le Cent-Visages Mar 12 Mai - 15:29

[15 septembre 1597] Qui dit mieux ? [Terminé] Marcha10

M. Greeglocks, marchand d'esclaves de la capitale

La piétaille allait et venait en nombre pour les différents étals. Au milieu de cette tourbe, le regard du marchand était exercé à déceler lesquels de ces gens étaient à guigner, lesquels venaient pour son commerce. Aussi ne fut-il pas long à repérer le seigneur de Monthoux, interpellé par les filles aujourd'hui en vente. Le comte serait-il donc encore intéressé par ce genre de... services ? Ou ne voulait-il sagement qu'une nouvelle servante ? La suite le dirait bien rapidement.
Tout en poursuivant son babillage, il nota la gamine arrêtée net devant son étal - et la Nature, Dieu ou Diable aura pour ironie que Greeglocks ne reconnaisse pas, en cette fillette si bien vêtue et à la main d'une dame, la petite Cassandre qu'il avait vendue des années plus tôt. L'habit faisait l'esclave, en plus du M à leur épaule droite. Cette petite ne tarda pas à décamper, puis à disparaître dans l'incessant va-et-vient des badauds.
Déjà, un autre personnage imposant de physique et de rang social attira l'attention du négociant : un noble corpulent - outre que Prosper ! - qui venait de s'imposer avec forces éclats sur son estrade. Il en faisait trembloter les planches de bois, gloussait, regardait les esclaves sans précaution. Le marchand dût bien s'avouer que celui-là n'y allait pas de main morte et l'agaçait même quelque peu. Pourtant, il garda son éternel sourire commercial et devrait supporter l'individu... jusqu'à ce qu'il achevât son inspection et, si possible, fasse un achat. Greeglocks se tenait à ses côtés, de sorte à se montrer prêt à le renseigner. Quand soudain il rua sur l'estrade et, dans une réaction en chaîne, fit se retrouver par terre une des captives.
La brune à l'épaisse chevelure venait de s'écraser au sol dans un lourd fracas de chaînes, s'attirant au passage quelques ricanements et lorgnades. Le trafiquant serra la mâchoire : pourvu qu'elle ne se soit pas fait mal, voilà qui serait fâcheux et il ne voulait pas se retrouver à devoir vendre encore une estropiée !

-- Sieurs ! Mesdames, écartez-vous, je vous prie ! demanda-t-il aussi affable que possible, pour éviter un attroupement autour de l'esclave, une meute dont les chahuts pourrait encore empirer l'affaire.

D'un signe à ses commis, il les envoya redresser l'esclave. Quatre rustauds descendirent, laissant les autres captifs sous l’œil des collègues. Ils firent signe que l'on s'écartât, puis deux d'entre eux saisirent Phaïdée par les bras pour la remettre sur pieds. Elle fut reconduite au milieu de ses pairs. Greeglocks se tourna vers le noble importun avec la vague idée de le faire déguerpir au plus vite :

-- Messire désire-t-il un renseignement précis ? Souhaite-t-il faire quelque acquisition ?

Tout en interrogeant le seigneur aux rubans, il guigna du côté de Phaïdée, essayant de voir à sa mine et à son attitude si elle allait bien, si elle souffrait au contraire, si elle clopinait ou ne s'était rien cassé. Puis une autre inspection de l'assistance lui révéla que, heureusement, l'incident n'avait pas eu l'air de causer trop de grabuge. Outre une enfant presque attendrissante dans son héroïsme à aller au-devant des lanciers pour protéger l'esclave. Étrange mais amusant.
Et près d'elle lambinait désormais un homme aussi blanc qu'un linge, comme s'il venait de voir la mort, et qui attendait là soutenu par des béquilles. Bien bâti et de taille imposante, il aurait pu dégager un certain charisme s'il n'était pas de cette encombrante espèce des invalides. Greeglocks arqua les sourcils avec un fond d'ironie en se souvenant soudain des deux éclopés qu'il avait eu à vendre il y avait quelques jours : deux Monbriniens déchus de leurs droits et condamnés au travail forcé... emportés pour 34 000 rilchs ! Quelle farce dont il était sorti vainqueur ! Tout de même... Greeglocks ne démordait pas de l'idée qu'un complot avait commandé leur achat aussi cher : qui, sinon mû par les besoins d'une conspiration ou par le désir de bouffons difformes comme c'était la mode en certains salons, aurait mis 34 000 rilchs en une paire d'infirmes ?!

[15 septembre 1597] Qui dit mieux ? [Terminé] Avt_lo10

Prosper, comte de Monthoux

Alors que le seigneur de Monthoux rêvassait en observant les servantes à disposition, il vit un autre aristocrate prendre les devants et montrer sur l'estrade pour inspecter les filles. Ses parures et ses rubans juraient drôlement avec les pauvres hardes des prisonniers. Puis ce fut par son attitude qu'il se fit remarquer : le comte émit un léger sursaut devant les dégâts dont se rendit responsable l'imprudent seigneur présent sur l'estrade. Nu une ni deux, une esclave était déjà par terre...
Prosper se pinça la lèvre, quelque peu contrarié : elle était jeune, très belle, et avait fait partie de celles qui avaient mobilisé son intérêt pour le futur achat qu'il avait à effectuer. Fichtre ! Si elle s'était rudement abîmée, voilà qui l'amènerait à réviser ses plans. Le comte ne put s'empêcher d'avancer vers l'attroupement, de constater la captive à terre, bien mal en point. Ses lanciers se chargeaient de protéger Messire de Monthoux dans la ruade qui commençait à se faire... L'homme eut alors la grande surprise de voir une toute petite fille se faufiler entre les gens d'armes, se mettre devant l'esclave tout en faisant face aux gens d'armes comme un petit chevalier ! Il pouffa discrètement, arrivant à être amusé et attendri par la scène. Mais bien vite, Prosper retrouva son air pincé, traversé d'un fond de contrariété, en s'inquiétant de l'état de l'esclave qui l'intéressait. Ce fut donc un des hommes en armes du comte qui répondit à Grâce - presque joueur :

-- Allons, brave petite guerrière, nous ne sommes là que pour la sécurité de Monsieur le Comte, ni toi ni cette fille n'avez à craindre de nous !

Ses collègues s’échangeaient des regards amusés pour les uns, agacés pour les autres... ou encore inquiets pour la petite téméraire. Trois gardes lui ouvrirent un passage et l'un d'eux souffla à Grâce tout en cherchant la mère du regard :

-- File rejoindre ta maman. N'aie crainte, tout va bien se passer.

Pendant ce temps, Prosper observait l'incident se clore et les commis de Greeglocks ramasser l'esclave pour la ramener avec les autres. Prosper choisit de se manifester - car il ne s'agirait pas que l'autre seigneur lui dame le pion, surtout si Phaïdée allait bien, ce dont il s'agissait de s'assurer avant tout :

-- Eh bien, marchand, comment se porte-t-elle ?

Selon l'attitude de l'esclave et les indices de sa santé qu'elle donnerait sous peu, le seigneur de Monthoux s'engagerait plus avant. Ce fut à ce point de ses réflexions que des claquements de béquilles attirèrent son regard vers un homme juste à côté de lui, les jambes enserrées dans de curieuses prothèses de métal. Le comte tiqua, dans un très bref souffle sec qui lui sortit du nez. Il détestait la proximité avec ces êtres marqués par le Mal, ainsi que l'enseignaient des philosophes antiques et plusieurs inquisiteurs de renom... Les estropiés annonçaient des mauvais présages, ou étaient les créatures serviles de quelque démon. Entre cet homme-là, pâle comme un spectre, et le noble manchot rencontré la veille... Prosper se craignait déjà la future victime d'une malchance ou d'un mauvais sort ! Il s'écarta immédiatement loin d'Hyriel comme s'il s'était agi d'un pesteux, et avança un peu plus vers l'estrade aux esclaves.
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Message par Phaïdée Mer 13 Mai - 11:35

A peine avait-elle fermé les yeux qu’elle les rouvrit à la voix d’une enfant qui prenait sa défense au grand dam de sa mère. Phaïdée en fut plus touchée qu’elle ne le montra, ou ne put le montrer, puisqu’on vint très vite la relever et l’entraîner à sa place. Quelle obligeance de la part de Greeglocks de la faire aider ainsi ! Le fourbe risquait d’y perdre de l’argent à ce petit spectacle. Elle ne se priva pas pour le foudroyer du regard au passage. Ce qui n’eut strictement aucun effet, évidemment. La mère de l’enfant était naturellement choquée, mais par chance on ne sembla pas lui tenir rigueur du comportement altruiste de sa fille. Cassandre dans ses beaux habits avait disparu...

Phaïdée dut passer près du gros homme. Enfin… elle tâcha, avec l’aide des commis de Greeglocks, qui pour une fois se retrouvaient tout aussi embarrassés qu’elle, de contourner le pachiderme. C’était un peu comme marcher au rebord d’une corniche. Le gros homme était agité de spasmes et de tremblements graisseux, et Phaïdée comprit en lui jetant un discret coup d’œil, que non, il ne faisait pas quelque malaise, mais riait… Un petit rire de gorge qui avait, au milieu de cet océan de graisse, la force d’un tsunami et élevait des vagues dégoutantes dans tout le corps de l’individu. Par ailleurs, il n’y avait qu’un son fluet et aigu qui sortait d’entre ses lèvres plus généreuses que celles d’une femme. Il cachait le bas de son visage, coquettement, avec des doigts potelés ornés de bagues, ayant dû coûter plus cher pour l’adaptation à la taille des doigts que pour leurs pierres précieuses.

Alors qu’elle se portait plutôt sainement, Phaïdée aurait pu passer pour maigre à côté de ce mastodonte richissime et ridicule. Une de ses bagues aurait certainement pu racheter Phaïdée et son affranchissement auprès du roi. Aussi, la jeune femme, malgré tout le dégoût que lui inspirait l’individu, osa lever un regard vers lui, et lui adresser un sourire charmant.

L’autre hoqueta de stupeur et tout son corps avec lui, avant de se figer (du moins sa carcasse, car la graisse avait encore quelques remous). Un commis poussa Phaïdée dans le dos pour la replacer au milieu de ses compagnons d’infortune. Elle baissa les yeux et se tint coite alors que tout son côté droit la brûlait. Greeglocks discutait avec le plantigrade visqueux tout en lui jetant des regards inquisiteurs. L’idée de simuler une grave blessure lui effleura un instant l’esprit. Rien que pour voir sa déception… Mais non, il lui fallait un client riche et prospère. Ces clients là n’achetaient pas les mal en point. Elle masqua donc plutôt du mieux qu’elle put sa douleur.

Un pas cliquetant qu’elle reconnu sans peine lui fit fouiller les badauds du regard, et ses yeux croisèrent ceux d’Hyriel. Son cœur se serra et elle réalisa qu’elle ne quittait pas seulement des compagnes de chambre et un bordel, un cadre devenu familier, mais aussi un ami précieux. Ils ne pourraient peut-être plus se voir comme avant. Adieu les discussions sur toutes sortes de choses, les sourires et les rires aussi, le réconfort d’une présence amicale. Une boule de chagrin monta dans la gorge de Phaïdée.

Elle s’interdit de pleurer. Greeglocks croirait qu’elle avait mal ou s’imaginerait pire : quelque chose de cassé. Les riches ne voudraient pas d’elle, et adieu la possibilité d’un affranchissement. Elle détourna donc les yeux d’Hyriel, comme si elle s’arrachait douloureusement à la contemplation de quelque chose de plaisant.

Elle remarqua alors que Greeglocks cette fois ne discutait plus avec la cause de sa chute, mais avec un autre homme, assez gros mais tout de même moins que le premier. Il avait l’air assez important, c’étaient ses lanciers aux pieds desquels étaient tombée Phaïdée. Pour se payer une telle protection, il avait les moyens d’acheter des esclaves. Et il regardait dans sa direction. Elle fit comme si elle n’avait rien vu et prit une posture assez engageante.
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Message par Irène d'Aubeville Mer 13 Mai - 15:47

Irène tenta de rassurer Cassandre en lui caressant le dos puis la laissa s'éloigner. Elle secoua la tête en entendant ses résolutions ; cette petite n'avait décidément aucune notion du mot repos. Elle espérait tout de même y remédier un jour.

Grâce quant à elle jeta un regard à la jolie dame qui semblait la remercier silencieusement. Elle ramassa un peu les épaule lorsque le lancier s'adressa à elle mais fort heureusement, il ne semblait pas contrit. Elle hocha doucement la tête pour montrer qu'elle avait comprit. Il lui intima de filer et elle ne put même pas aider la jolie dame à se relever car de gros messieurs qui auraient pu l'écraser rien qu'avec leurs énormes paluches vinrent la renvoyer sur l'estrade. Grâce prit peur alors que sa mère, qui avait enfin retrouvé ses esprits vint la chercher. Elle se tourna vers les lanciers en inclinant la tête.

- Veuillez excuser ma fille messieurs, elle ne voulait qu'aider cette jeune demoiselle.

Elle éloigna un peu Grâce qui regardait toujours l'estrade et la jolie dame tout en agrippant les bras de sa mère. Irène ne pouvait pas la prendre à cause de son ventre mais la serra contre elle. Elle ne pouvait pas comprendre, ce genre de choses n'existait pas là où elle avait grandi. Irène soupira. Quelle pitié... Elle pria pour que cette demoiselle ne se soit pas fait mal. Elle remarqua alors le comte que les lanciers étaient revenus protéger. Il semblait se trouver intéressé par la jeune demoiselle. Irène pinça les lèvres en se demandant quel genre de maître il serait s'il la prenait. Serait-il bon avec elle ? Eviterait-il de la considérer comme un simple meuble ? Elle l'ignorait et celle la peinait. Elle croisa de nouveau le regard de la jeune femme pour lui exprimer son soutien puis constata qu'elle regardait au delà. Irène se retourna. Elle vit alors un jeune homme avec une véritable armature de fer autour des jambes. Elle se demanda un instant qui il allait combattre dans un tel accoutrement avant de comprendre que cela devait lui soutenir les jambes, pour lui permettre de marcher. Le père Jacques avait étudié des plans de ce genre pour aider quelques infirmes de la ville basse chez elle. En remontant vers son visage, Irène constata qu'il se trouvait mal, la peau pâle et le regard hagard. Toujours avec Grâce fixée sur la jeune demoiselle et accrochée à elle comme si sa vie en dépendait, Irène fit quelques pas en arrière pour se retrouver à la hauteur du jeune homme.

- Est-ce que tout va bien ? Vous êtes blanc comme un linge, seriez-vous malade ?
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Message par Hyriel Radgery Sam 16 Mai - 12:30

Un mouvement. On posait les mains sur son amie, quatre brutes épaisses dégageait déjà la foule pour soulever la jeune femme, sous les instructions mielleuses et fielleuses de l’infâme marchand. Ils la renvoyaient de force sur l’estrade pendant que le vendeur allait discutailler avec son éléphant de carnaval. Lui aussi posait ses sales pattes sur Phaïdée. Il vérifiait si elle allait bien, évidemment, il ne voulait pas perdre d’argent. Hyriel fut malgré tout soulagé en voyant que le marchand semblait satisfait. Il se doutait bien qu’elle devait souffrir, ça oui, pas que physiquement même, mais si elle n’avait rien de grave, au moins pourrait-elle guérir de ses blessures physiques assez rapidement…
 
Il le regardait.
 
Le marchand l’avait vu.
 
Hyriel serra les dents pour tenter de retrouver au moins la capacité de mouvement qui l’avait abandonné. Son regard acéré fut brusquement attiré par le souffle de dégoût de l’autre animal de banquet. Oh, les béquilles n’étaient pas à son goût ? Tant pis… Hyriel ne put contenir l’envie malsaine de jouer. Et quand on joue, on s’amuse, et quand on s’amuse, on sourit, alors Hyriel sourit au comte. Il lui sourit avec malice et délice. Comme un beau diable…
 
Il détourna rapidement le regard en voyant un autre mouvement. Phaïdée, de nouveau debout sur son outrageant podium, avait tourné le visage vers lui. Il vit sa gorge se contracter, il vit ses yeux s’embuer et il la vit détourner le regard. Il vit aussi toute la douleur que lui causait ce geste. Il la ressentit également en baissant la tête. Il valait mieux pour elle qu’elle ne montre rien, il valait mieux pour eux deux qu’ils ne restent pas figés à se faire des adieux larmoyants en silence. La séparation n’en serait que trop cruelle car oui, ils seraient séparés. Elle allait être achetée par un riche animal qui ne manquerait pas de trouver sa formidable intelligence et son fin minois à son goût et alors, eux, pauvres hères victimes de la cruauté des riches Monbriniens, ils seraient séparés.
 
Ou alors…
 
Oui, bien sûr ! Et si c’était lui qui l’achetait ? Il trouverait un moyen de lui rendre sa liberté mais, en attendant, elle vivrait libre chez lui, elle ne serait pas souillée par la délicatesse sans borne de ces taureaux affamés. Il ne fallait que de l’argent et de l’argent, il en avait gagné cette après-midi, un peu et… Un peu… Un peu. Il n’eut pas besoin de compter les sous qu’il avait sur lui pour savoir que son peu était trop peu.
Il releva brusquement la tête, encore hagard, vers cette femme qui venait de lui parler. Il mit quelques instants à retrouver ses esprits, clignant plusieurs fois des yeux, et finit par secouer nerveusement la tête.
 
"Oui, tout va bien, Madame, tout va bien, rassurez-vous, je…"
 
Il releva un regard attristé vers Phaïdée et lâcha un soupir.
 
"Je regardais cette pauvre jeune femme se faire maltraiter par ces rustres."
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Message par Le Cent-Visages Lun 18 Mai - 13:30

[15 septembre 1597] Qui dit mieux ? [Terminé] Marcha10

M. Greeglocks, marchand d'esclaves de la capitale

Le négociant nota bien le petit regard noir que l'esclave lui servait au passage et comprima discrètement le poing. Il choisit néanmoins de ne pas punir la donzelle : personne d'autre que lui n'avait apparemment vu le signe d'insolence ; autant donc ne sévir que quand la rébellion - aussi infime soit-elle - était aperçue d'au moins un autre individu et qu'il fallait donner gage d'autorité. Autrement, cela ne ferait que contrarier peut-être davantage la vente. Il ignora donc cette lorgnade assassine de regards comme il savait le faire depuis des années, quand ces derniers étaient assez discrets pour ne l'atteindre que lui. La chose lui glissait dessus comme le long d'un plumage de canard.
Greeglocks se concentra plutôt sur du concret : l'état de santé de l'esclave. Elle semblait ne rien avoir de grave - rien qui ne fut trahi par davantage que des yeux gonflés de larmes retenues. Oh sans doute quelques douleurs passagères naturelles après la sale chute qu'elle avait faite. Rien toutefois qui ne contrarierait la vente ni son service à plus long terme. Aussi put-il répondre au comte de Monthoux, non sans avoir noté les gloussements de l'autre importun client :

-- Messire ! Comme vous pouvez le constater, elle n'a Dieu merci rien de cassé et le mal de la chute la quittera promptement. Une preuve supplémentaire de combien elle est solide et se montrera apte à accomplir moult tâches !

L'énorme client toujours sur l'estrade n'avait l'air décidé ni à décamper, ni à répondre aux questions du marchand. Ah ! S'il pouvait vite se décider ou quitter les planches ! Et d'ici là, ne pas causer la chute d'un autre prisonnier. Captifs qui d'ailleurs adressaient de discrets regards peinés à Phaïdée. L'un d'eux, en serrant les dents, lui signifia maladroitement par cette légère grimace qu'il compatissait à sa douleur. Sa voisine avait joint ses mains menottées en un genre de prière.

A l'instar noble aux doigts bagués, Greeglocks marqua un bref arrêt troublé devant le sourire que l'esclave s'efforçait - il n'était pas dupe - de lui adresser. Allons ! Si cela pouvait faire jouer des enchères entre cet homme et celui qui posait ses questions au pied de l'estrade ! Toutefois... ce fut un autre sourire qui interpella le patron aussitôt après, alors qu'il observait le seigneur de Monthoux et ses environs : celui de l'estropié, adressé au comte, avec une insolence certaine. Un peu trop sûr de lui, celui-là ! A quoi jouait-il ? Il ne s'agirait pas que cette attitude fasse partir le client ou le détourne de son intérêt pour la vente ! Le marchand jugea stratégique d'intervenir en faveur du chaland - qui aurait inévitablement vu aussi l'importun. De le devancer, même, pour faire décamper le trouble-fête et récupérer toute l'attention du comte.

-- Hé toi, là ! clama-t-il, dardant ses yeux acier sur Hyriel. Oui, toi, le béquilleux. Peut-on savoir ce que tu trouves-là de si amusant ? ajouta-t-il dans un couinement mauvais.

Voilà. Avec un peu de chance, en se trouvant ainsi acculé, affiché devant tout le monde, l'infirme n'oserait rien répliquer et dégagerait sans demander son reste. Et si la femme et la gamine qui s'étaient maintenant approchées de l'éclopé pouvaient s'occuper de son cas, ce serait impeccable. Le comte n'aurait plus à être diverti une seconde supplémentaire par celui-là.

[15 septembre 1597] Qui dit mieux ? [Terminé] Avt_lo10

Prosper, comte de Monthoux

Les deux lanciers de meilleure humeur que leurs collègues sourirent à Irène en retour, soulagés de la voir arriver pour récupérer sa petite, et lui laissèrent récupérer la fillette sans tarder. On s'écarta pour lui offrir tout l'espace nécessaire et laisser l'enfant être rassurée au contact de sa mère.

-- Il n'y a aucun mal, Madame, glissa au passage un des soldats.

La dame sembla ensuite se recueillir, comme en prière, et l'enfant paraissait encore un peu terrifiée. Toute blottie contre sa mère, elle retint les yeux attendris de quelques badauds et d'un des militaires. Heureusement, la femme parvint peu à peu à l'apaiser. Naïvement, les gardes croyaient que c'étaient leurs armes, leurs cuirasses et leur haute stature qui avaient rendu la fillette craintive. Puisque sa mère veillait, ils se concentrèrent à nouveau sur le comte de Monthoux. D'autant plus que déjà, la dame et sa fille s'éloignaient pour aller parler à un jeune homme un peu plus loin... mais pas si loin que cela du seigneur Prosper. Les vigiles gardèrent donc, par réflexe professionnel, un œil sur le petit groupe et sur leur patron.

Prosper, pour sa part, apprécia de constater que l'esclave se tenait tranquille. Celle-ci ne faisait aucune histoire. Pas de cris, pas de larmes ni de jérémiades - même après sa chute - tandis qu'on la reconduisait sur l'estrade au milieu de ses pairs. Il lui plut tout autant de noter, en outre, la petite posture engageante de la donzelle, qui semblait ne pas rechigner à éventuellement être acquise par lui. Voilà qui le changerait bien des rébellions, des cachotteries et des régulières poussées d'orgueil de l'insupportable Jérémie, cet esclave évadé qu'il s'agissait de remplacer ! Cette nouvelle servante ferait l'affaire : il n'y aurait qu'à réclamer à l'intendante du domaine de réorganiser la répartition des tâches entre les esclaves pour que cette fille n'écope pas des travaux de force qu'assurait régulièrement le noiraud enfui.
La réponse du marchand sur l'état de santé de l'esclave ne fit que conforter Prosper dans son choix. Et si en plus il pouvait remporter cette captive contre un comparse aristocrate, ce serait de tout bénéfice et toujours une façon de s'affirmer en public. Au pire, si l'esclave présentait quelques éraflures, la matrone du château ferait un rapide pansement. Tant qu'il n'y avait pas d'os cassé !
Ce fut sur ces réflexions qu'il repéra l'invalide et qu'il avait poussé contre lui son petit souffle de mépris... A sa grande surprise, l'individu y répondit d'un sourire. Mais un sourire qui n'avait rien de timide ou de gêné. Non. Il s'agissait là très clairement d'une mielleuse provocation. Prosper était plutôt habitué, quand il pestait, à ce que les roturiers s'écartent, dociles, la tête courbée et sans insister. Surtout ce genre de parasites... ces éclopés que le roi en personne avait la bien trop grande bonté de prendre à sa Cour ! Là-dessus, le comte ne comprenait pas les choix de leurs respectable monarque - malgré l'entière dévotion qu'il lui vouait et son immense zèle envers sa personne. Aussi fut-il proprement décontenancé par le geste d'Hyriel qui lui fit arrondir une seconde les yeux. A peine eut-il l'occasion de répliquer... ou d'abattre au visage de l'estropié sa canne d'apparat qui le démangeait pour effacer son sourire narquois... que Greegocks interpella le gêneur. Le temps que dura son intervention fut déjà salutaire à Hyriel, laissant à la tension sanguine du comte le loisir de redescendre d'un cran. Prosper hocha seulement la tête, croisa les bras, puis attendra tête haute le départ du gueux avant de poursuivre son affaire. Qu'au moins il s'éloigne de l'estrade et de son noble voisinage, lui et son corps maudit ! Au moins n'entendit-il pas la réponse d'Hyriel à Irène ni même l'intervention de cette dernière.
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Message par Phaïdée Sam 23 Mai - 11:43

Bernardin-Honoré de Cherchevin, se gaussait du spectacle des esclaves. Depuis peu arrivé à Braktenn et n'étant que de passage, il s'était engagé dans un tour des curiosité de la ville, et le marché semblait faire partie de son programme. Le fait était que "Bernie" comme l'appelaient ses intimes, aimait les choses un peu exotiques. Et où trouver de l'exotisme sinon au milieu des marchés de la capitale ? En outre, il avait un tendance (très légère) à afficher d'une ostentatoire manière sa richesse sous la forme d'une extravagance du plus mauvais goût.

Il vivait dans l’opulence, l'oisiveté, le luxe et la bonne chère. Il ne lui manquait plus que quelque belles esclaves à ajouter à ses possessions pour qu'il se complaise dans une débauche princière, sans égard aucun pour une morale quelconque. Il était riche, et il s'en gonflait d'importance.

Tout a fait inconscient du spectacle ridicule qu'il donnait et de même ignorant (volontairement ou non) être la cause de la chute, tout cela l'avait beaucoup amusé, et il songeait, en mécène consciencieux qu'il suggérerait bientôt à ses artistes de ses protégés une idée toute judicieuse qu'il tira de cette scène.

Gloussant comme un dindon au passage de l'esclave et de ses gardiens près de lui, il ne manqua pourtant pas de noter avec délices les attraits dont la nature lui avait fait présent. Cessant son rire gras et tremblant, il entreprit, au mépris du danger qu'il encourait lui même, de risquer son poids respectable sur les planches de l'estrade pour s'avancer vers les esclaves. Le bois grinça, gémit, plia, mais miraculeusement, tint bon, et Bernardin observa tout à loisir les jolis minois des filles du bordel qui s'offraient à lui en ce jour.

Sa corpulence massive cachait ainsi aux yeux des badauds, acheteurs et autres, au moins trois "produits" en face desquels il se tenait, et qu'il ne pouvait pas lui-même évaluer correctement puisque sa bedaine proéminente l'empêchait à force de distance de toucher les corps à vendre. A cet effet, car il était vraiment intéressé, il se tourna simplement de côté, afin de prendre dans sa grosse main le menton d'une esclave, voisine de Phaïdée. Il lui fit lever les yeux vers lui, lui tapota la joue, explora sa gorge et ses épaules, et écartant les pans se son vêtement, soupesa ses seins, et glissa les yeux jusqu'à son ventre.

Une moue lippue apparut sur son visage, appréciatrice, et il tourna l'écriteau dérangé par l'examination pour connaître le prix de la marchandise. Un petit souffle résigné passa ses narines et il s'intéressa à Phaïdée.

La jeune femme ne voyait plus Monthoux, mais le gras sire qui se tenait là, ne devait pas être moins riche. Elle tenait ses yeux baissés, soulagée, quelque part, que l'ample largeur de l'homme cache sa honte à la foule. A Hyriel. Elle frémit lorsqu'il lui fit subir le même examen qu'à sa voisine. Les mains grasses étaient froides, peu délicates, et Phaïdée ravala un mouvement de dégoût en sentant les paluches s'attarder un peu trop là où elles n'auraient pas dû. Elle ne put d'empêcher de lâcher un discret soupir de soulagement lorsqu'il n'y eu plus sur sa peau que l'air de la ville.

Elle puisa en elle la conviction qu'il lui faudrait passer par là pour être un jour libre, mais sa gorge se serra un peu plus malgré tout.

- Hé ! Marchand ! Combien pour celle-ci ? elle a perdu son écriteau ! Je prendrai sa voisine avec.
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Message par Irène d'Aubeville Lun 25 Mai - 14:07

Irène remercia les lanciers d'un hochement de tête. Elle s'éloigna rapidement pour que Grâce ne soit pas plus effrayée. Avant qu'elle l'aborde, Irène remarqua alors cet étrange sourire sur les lèvres d'Hyriel. C'était un drôle de jeu de regard qui s'engageait. Elle plissa un peu les yeux mais préféra rapidement se centrer sur autre chose. Elle tourna la tête vers la jeune femme qui avait retrouvé sa place et serrait visiblement les dents. Irène espérait vraiment qu'elle ne se soit pas blessée.

Irène se tourna de nouveau vers Hyriel quand il lui répondit. Elle pencha la tête. Drôle de personnage. Elle leva les yeux vers le marchand quand il interpella soudain son interlocuteur. Irène ne put que pousser un léger soupir en comprenant pourquoi lui en particulier. Très sincèrement, de son point de vue c'était plutôt le noble qui était en tort. Elle fronça un peu les sourcils en espérant que cela ne dégénère pas. S'il se trouvait pris dans une bagarre, elle craignait que le malheureux se trouve bien seul et peut-être bastonné.

Elle inclina ensuite la tête lorsqu'il lui répondit puis regarda de nouveau la jeune femme. Irène crut déceler une sincère étincelle de tristesse dans le regard du jeune homme. Connaissait-il cette demoiselle ? Elle lui accorda un sourire bienveillant.

- C'est malheureux en effet. J'espère qu'elle trouvera au moins un maître compatissant.

Au fond, elle avait du mal à y croire tant c'était mal parti. Elle grimaça un peu en voyant le noble ventripotent s'agiter près d'elle. Elle grimaça en secouant la tête. Ce devait être une horrible humiliation. Irène sentit une désagréable bouffée de chaleur lui donner des envies de révolte. Définitivement, ce n'était pas juste. Cette jeune femme était certainement innocente en tous points. Son seul tort aura été de naître du mauvais côté d'une frontière. Elle se tourna de nouveau vers Hyriel.

- Est-ce une amie à vous ?

Grâce de son côté observait toujours la jolie dame en espérant lui donner du courage avant de relever les yeux vers sa mère.

- Tu crois qu'elle trouvera un bon maître, maman, comme Tristan ?

Irène ne pouvait rien lui promettre, surtout quand le pachyderme de service demanda à l'acheter. Irène serra davantage sa fille, incapable de partir.

- Je ne sais pas Grâce, mais je prie la Vierge pour que ce soit le cas.
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Message par Hyriel Radgery Jeu 28 Mai - 14:57

Hyriel fut ravi de voir le regard du pauvre comte s’effrayer. Quel imbécile… Il détourna brusquement le visage de Monthoux quand il s’entendit apostropher par le marchand. Il lui adressa un regard neutre. Toutefois, Hyriel était de ceux dont le regard neutre se rapproche du regard noir.

Et ce fut tout.

Il ne se donna pas la peine de répondre à cet excité marchand d’hommes, d’autant plus qu’il ne pouvait rien répondre : il ne trouvait rien d’amusant à la situation. Il reporta rapidement son attention sur le comte mais lui avait détourné le regard affecter un air fier comme un paon. Pauvre paon, être comparé à un tel homme… Hyriel ne bougea pas et resta en place.

Il hocha tristement la tête à la remarque d’Irène sur le maître compatissant. Oui, au moins, ce serait… ce serait le début d’une bonne chose… Il jeta un regard triste à Phaïdée avant de répondre à Irène.

« Oui, nous nous croisions souvent lors de… de l’exercice de nos professions respectives et nous nous sommes vite parfaitement entendus. »

Hyriel n’entendit pas la petite voix de Grâce, ou plutôt il l’entendit mais n’y prêta pas attention car il écarquillait les yeux en voyant l’énorme sagouin s’intéresser de près — de très et même de trop près – à Phaïdée. Il osait, ce mufle, il osait poser ses salles pattes sur le corps d’une femme de loin plus noble que lui, même si elle n’en avait pas le statut social ? Quel rustre, quel goujat, quel…

Non.

Il releva le visage aussitôt qu’il entendit la voix de cet animal de foire. Il… Il voulait acheter son amie ? Son visage s’effraya de nouveau et la paralysie le reprit. Non… Pas ça…
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Message par Le Cent-Visages Sam 30 Mai - 19:51

[15 septembre 1597] Qui dit mieux ? [Terminé] Marcha10

M. Greeglocks, marchand d'esclaves de la capitale

Cette vermine d'estropié ne répondait guère. Parfait. Greeglocks se jugea satisfait du sentiment de l'avoir remis à sa place. Il l'oublia aussitôt, bien davantage occupé par l'urgence de revenir à ses deux clients. Ainsi ne remarqua-t-il rien de la noirceur avec laquelle l'individu soutenait son regard. Tant que l'éclopé se tenait tranquille désormais et n'incommodait pas une nouvelle fois ses honorables acheteurs, sa présence allait au négociant. Oh ! Si cela l'amusait de regarder la vente et de se rincer l’œil. Avait-il d'ailleurs payé un précédent soir au Lupanar, pour une de ces donzelles à présent sur son étal ?

Greeglocks oublia vite ce sujet, pour noter plutôt les regards lubriques de l'énorme client encore sur l'estrade, et dont les motivations d'achat étaient de plus en plus claires. Le malheur de celui aux béquilles ferait son bonheur à lui ! Le dévolu du seigneur aux froufrous se portait notamment sur Phaïdée : il l'avisa avec une attention toute particulière à son passage, tandis qu'enfin elle avait regagné sa place sur l'estrade. Le marchand n'avait encore jamais eu affaire à cet aristocrate-là : sans doute devait-il se fournir ailleurs précédemment, chez quelque un concurrent. Oh, il ne déplaisait pas à Greeglocks d'avoir de nouveaux clients à son prestigieux carnet d'adresses... mais pourvu que celui-ci ne revienne pas trop souvent acheter céans - ou du moins, pas avec autant de remue-ménage à chaque fois ! De nouveau, l'individu faisait vrombir les planches dans la foudre de son déplacement, pour enfin en être à observer les demoiselles exposées - deux d'entre elles notamment. La belle brune d'Iswyliz et sa voisine.
Dans un rituel devenu familier aux yeux du trafiquant, le client commença à palper la marchandise, à relever le menton des donzelles, à les examiner en n'hésitant pas à ouvrir leurs robes jusqu'à la ceinture. Au petit sourire qui ourla les lèvres du gros seigneur et à la manière dont il le vit tapoter les joues de deux des anciennes prostituées, Greeglocks comprit que ce qu'il avait sous les yeux et entre les mains lui plaisait. Cela s'annonçait fort bien !

-- Celle-ci est à 13 000 rilchs mon cher seigneur, répondit-il aux questions de l'homme. Excellent choix que ce duo, qui vous reviendra à 26 000, c'est une affaire ! Croyez-en mon...

Il sera là dessus interrompu par le comte de Monthoux qui se manifestera à son tour. Pendant ce temps, un commis avait ramassé l'affichette tombée de la gorge de Phaïdée et, une fois remonté sur les planches, la lui passera de nouveau autour du cou.

[15 septembre 1597] Qui dit mieux ? [Terminé] Avt_lo10

Prosper, comte de Monthoux

Agacé de voir le seigneur de Cherchevin risquer de lui damer le pion, Prosper - qui avait lui aussi complètement oublié l'invalide désormais - grimpa enfin deux marches de l'estrade pour indiquer clairement sa présence et son intérêt. Les claquements de sa canne d'apparat résonnaient en cadence avec sa démarche empruntée et les lanciers attendaient toujours dans sa suite, juste derrière lui.

-- Sire marchand ! Je suis intéressé moi aussi. Mais celle-ci me suffira, dit-il en désignant Phaïdée. Je laisse très volontiers l'autre à mon cher Messire ici présent, persuadé qu'il y trouvera son compte.

Le maintien de la brune, malgré sa chute, montrait qu'elle serait bien robuste. Or un peu d'exotisme... avec le beau teint sombre qui était le sien, ce très beau visage, ces cheveux corbeaux... cela pourra faire plaisir à son épouse, la dame Kalisha, en lui rappelant un peu Djerdan et les merveilleuses créatures qui déambulaient sans doute dans les harems orientaux ou au service de ces Excellences. Kalisha, d'après Florentyna, avait l'air trouver qu'il ne s'occupait pas assez d'elle... Mais il était fort occupé ! Eh bien ! Un cadeau lui rappellerait son affection d'époux. Une servante des plus jolies dans sa suite, comme don de la part de son noble mari, devrait sans doute la contenter et lui montrer qu'il pensait aussi régulièrement à elle ! En outre, quand bien même Kalisha n'en voudrait pas, le château de Monthoux ne manquait nullement de tâches à donner à cette nouvelle esclave.

-- Ton nom ? demanda Prosper, autoritaire, à la concernée : autant vérifier au passage qu'elle n'était ni sourde ni muette, et tester un peu la manière dont elle s'adressait à ses maîtres. Et de laquelle de nos colonies viens-tu donc ?
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Message par Phaïdée Sam 20 Juin - 19:29

L'idée d'être la possession d'une montagne de graisse(s) la réjouissait fort peu. Tout comme sa voisine, qui faisait grise mine. Assurément, personne ne leur enviait leur situation et personne ne viendrait leur disputer l'insigne honneur d'appartenir à la bourse d'or ambulante qui faisait trembler les planches.

Le prix était mis : 13 000, 26 000 pour les deux. A ce tarif, Phaïdée se demandait pourquoi Greeg' n'avait pas déjà quitté la profession pour se retirer dans une belle villa du sud, et vivre comme un nabab. Elle savait très bien ce qu'elle ferait d'une telle somme si elle l'avait en sa possession. Si l'énorme individu décidait de l'acheter, ce ne serait pas une mauvaise chose pour son projet. Il avait assurément la richesse, qu'en était-il des relations ? Et comment le savoir ?

L'autre homme semblait aussi intéressé. Plus distingué, moins encombrant quoi que fort bien classé dans sa catégorie, il grimpa aussi l'estrade. Si le bois supportait le poids de ces deux hommes réunis, c'est qu'il devait être d'une qualité exceptionnelle. Peut-être était-ce là-dedans que Greeg' investissait ses deniers, en prévisions des énormes portefeuilles qui feraient ployer le bois.

- Mon nom est Phaïdée, messire.

Elle choisit soigneusement ses mots pour se présenter. Et là où une autre aurait dit "je viens" elle prononça :

- J'ai mes racines à Iswyliz.

Cependant, Cherchevin ne comptait pas laisser son bout de gras à un autre :

- Comment monsieur ! j'ai choisi cette femme avant vous, je ne vous la céderai pas.

Il posa une main lourde sur l'épaule de Phaïdée, qui y sentit la promesse d'une myriade de déplaisirs à venir. Non décidément, celui-ci était vraiment trop mal maniéré pour appartenir aux cercles des plus puissants. Il fallait que l'autre ne lâche pas l'affaire. S'il la voulait, c'était que quelque chose lui avait plu chez elle. Elle se risqua à un geste infime : déplacer sa tunique de façon à dévoiler un peu de sa cuisse, juste au-dessus du genou. Le moustachu qui venait de monter ne pouvait pas louper la vue de sa peau dorée aguichante, tandis que l'autre avait le regard ailleurs. Cela ne dura pas longtemps. Le geste paru presque involontaire, et le tissu retomba vite comme il le devait. Phaïdée, sous la poigne de Cherchevin, gardait une attitude humble, mais sans vraiment ployer.

- A vrai dire, je peux faire monter le prix de celle-ci. Je l'achète à 17 000, vendeur, et je prends l'autre avec.

Cochonou était déterminé. Phaïdée pria pour qu'il ait des relations.
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Message par Irène d'Aubeville Ven 26 Juin - 11:56

Irène hocha la tête vers Hyriel, toujours compatissante.

- Je comprends. Puis-je vous demandez votre métier ? Vous ne me semblez pas esclave.

Elle vit son visage se décomposer autant que le sien alors que la négociation prenait une tournure plutôt mauvaise. Elle pinça les lèvres. Cela s'annonçait mal. Pourtant, tout à coup, l'autre noble ventripotent au bas de l'estrade s'intéressa également à la jeune fille. Irène soupira. C'était ridicule, elle aurait déjà dû partir depuis un bon moment mais elle restait, espérant voir une meilleure issue pour Phaïdée, pour lui redonner un peu d'espoir. Elle observa discrètement l'échange et entendit qu'elle venait d'Iswyliz. Elle avait déjà entendu parler de ce pays, Antoine y avait parfois été et avait promis qu'il l'emmènerait un jour. Mais tous ses espoirs de voyage avait sombré avec ce maudit navire. Elle soupira alors que Grâce resserrait sa prise autour ses bras de sa mère lorsque l'autre noble renchérit. Jusqu'où cela allait grimper exactement ?

Irène remarqua alors le léger geste de Phaïdée et plissa les yeux. Essayait-elle... d'attirer le regard ? Mais enfin, avec un porc pareil, elle ne pouvait pas la blâmer de tenter de se tirer de ce mauvais pas par n'importe quel moyen.
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Message par Hyriel Radgery Jeu 23 Juil - 11:36

Hyriel afficha un sourire crispé à la question badine d’Irène.

« Je suis écrivain public. »

Il n’avait rien contre cette dame mais avait d’autres choses en tête à l’instant. Il observa avec des yeux absents ce qu’il se passait devant lui. L’autre pachyderme désirait aussi acheter son amie… Pauvre d’elle, quel sort pouvait bien lui être réservée ? Entendre la voix de la jeune femme répondre docilement à ce porc lui fit mal au cœur, encore plus quand elle rappela ses racines – leurs racines. Ce n’était pas seulement une amie mais aussi une compatriote qui était marchandée comme un bout de gras sous ses yeux, nouvelle marque de la cruauté des nobles monbrinien. Chiennes de guerres, chienne de royauté… chienne de vie…
Il remarqua son geste. Il s’en étonna tout d’abord, songeant qu’elle avait perdu la raison, mais comprit rapidement. Elle serait vendue. Autant que ce soit au moins pire des deux. Pauvre Phaïdée… Ce spectacle était horrible mais il tenait à y assister jusqu’à la fin, pour savoir à qui était vendue son amie, en espérant pouvoir l’aider ensuite.
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Message par Le Cent-Visages Ven 24 Juil - 11:29

Spoiler:

[15 septembre 1597] Qui dit mieux ? [Terminé] Marcha10

M. Greeglocks, marchand d'esclaves de la capitale

Assurément, ce serait encore une belle vente. Le négociant allait pouvoir non seulement rembourser les frais d'importation des esclaves, payer toutes les taxes prévues à chacun des nouveaux arrivages, mais aussi se garder une confortable petite marge de bénéfices. Pourvu que l'intervention de ce satané baron de Frenn n'impose pas aux patrons de ces marchés trop d'alourdissements des sommes dues à l’État, pour payer ses lubies d'amélioration des conditions de transfert des esclaves, de soins à apporter tout au long du trajet, de surveillances sur les estrades des vendeurs et d'inspections beaucoup plus régulières pour lutter contre les abus ! La peste de ce nouveau Premier Conseiller.
Il écouta se faire le bref échange entre Messire de Monthoux et la belle brune. Une lueur de contentement brilla dans les yeux du marchand en entendant Prosper bien décidé à faire grimper les enchères. Intéressant ! Le Sieur de Cherchevin cependant ne l'entendait pas de cette oreille et plaçait sans aucune gêne sa grosse paluche à l'épaule de la jeune esclave. Quel malotru. Même Greeglocks, pourtant accoutumé à certains clients peu scrupuleux, trouvait cet individu beaucoup trop mal éduqué pour être véritablement de la Haute et faire honneur à son négoce. Il ne s'agirait pas non plus qu'il abîme les donzelles. D'un petit signe poli de la main, il invita l'imposant seigneur à retirer ses doigts de l'Iswylanne... avant qu'il ne lui fasse à nouveau mal. Le patron ne manqua pas de s’accompagner d'un petit sourire affable, espérant que le client comprendrait le message et cesse de se montrer si intrusif. Il le pourrait une fois chez lui s'il emportait la mise.
Furtivement, Phaïdée laissa alors glisser un petit geste aguicheur en direction du comte. Eh bien ! Si ses talents d'ancienne prostituée pouvaient servir à ce que le seigneur de Monthoux – tout de même infiniment plus recommandable que l'autre – gagne cette enchère, Greeglocks ne crachait pas dessus. Il resta neutre comme s'il n'avait rien vu, tandis qu'il souhaitait de plus en plus traiter avec le comte. Clientèle choisie, de marque... et un seigneur dont ses visites devenaient habituelles.

[15 septembre 1597] Qui dit mieux ? [Terminé] Avt_lo10

Prosper, comte de Monthoux

Phaïdée, lui répondait-elle. Un joli nom. Plein de douces promesses, pour qui comptait l'employer aux plaisirs déjà dispensés au cours de sa précédente profession. Ce ne serait pas le cas de Prosper, mais l'affaire de l'homme à qui cette esclave serait offerte le moment venu. Il en ferait bien ce qu'il désirait ! Le comte n'était chargé que de l'accueil de cet ambassadeur pour le mois de décembre et du présent de bienvenue. En attendant, l'intendante Marthe trouverait largement de quoi l'occuper au domaine. La belle semblait plutôt docile – distinguée, même, dans sa manière de réponse et la tenue qu'elle savait garder alors même qu'elle venait de faire une méchante chute.
Iswyliz, annonçait-elle ensuite. Pour le coup, la première réaction de Prosper au nom de cette colonie fut une légère grimace : son misérable esclave fuyard – ce Jérémie qui lui avait donné tant de fil à retordre – venait lui aussi de cette terre. Allons... Après tout il ne fallait sans doute pas mettre l'intégralité des natifs de l'endroit dans le même sac. Phaïdée donnerait peut-être satisfaction et ferait-elle oublier le sale souvenir laissé par cet autre noiraud d'Iswylan. Prosper aurait de toute façon un peu plus de deux mois pour s'en rendre compte – et serrer la vis si nécessaire : hors de question de remettre à l'ambassadeur une esclave indocile.
Il fronça les sourcils en s'entendant interpellé par le vulgaire seigneur. Celui-ci n'avait rien de la distinction aristocratique et le comte de Monthoux se trouvant là, en public, il ne pouvait pas perdre la face devant cet énergumène. Vu en premier, la belle affaire ! Cela allait donc se jouer aux enchères. L'autre montait d'ailleurs déjà à 17 000. Monthoux n'avait pas peur d'y mettre les moyens. Il y fut d'autant plus encouragé par le petit geste sensuel de Phaïdée. Oh, cela l'amusa plus qu'autre chose : l'ambassadeur en profiterait. Il s'en trouva néanmoins stimulé dans son zèle à lui faire un bon présent. Ses petits yeux s'arrêtèrent un court instant sur l'Iswylanne, puis sur le concurrent. Pour ignorer ce dernier, il continua à poser des questions à la concernée :

– Outre ton... précédent office... as tu l'habitude d'autres activités ou quelque talent ? (Un temps, pour le marchand) J'engage 20 000 rilchs pour Phaïdée.

Dans le public, certains badauds avaient repéré le petit geste aguicheur de la belle, du bout de ses doigts jouant subtilement de sa tunique. Autour d'Irène et Hyriel toujours présents non loin de l'estrade, des citadins gloussaient entre eux de bonne humeur :

– En v'là une qui sait s'vendre !
– Elle en fera des heureux, pardi !
– Et c'est quand même mieux de l'avoir à soi que de d'voir la partager dans un Lupanar.
– Hé, les gars, doucement... Y a une gosse, les rappela à l'ordre un autre passant, en pointant d'un haussement de menton la petite Grâce qui donnait la main à sa mère juste devant.

Un cinquième individu, arrêté par le spectacle de la vente, laissait du même coup traîner ses oreilles dans l'assistance. Il ne retint pas un gloussement moqueur lorsque la dame d'Aubeville écarta l'idée que l'estropié à ses côtés ait pu être un esclave. Ah ça ! Qui voudrait d'un esclave dans cet état, à part un de ces nobles aux drôles de lubies impliquant des anormaux ou un scientifique en recherche de cobayes ?
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Message par Phaïdée Jeu 13 Aoû - 11:36

Son geste avait eu l'effet escompté, l'autre seigneur avait monté le prix. Au moins, elle était sûre qu'il ne lâcherait pas l'affaire de sitôt. Avec un peu de chance, il serait coriace. Tout de même... 20 000 rilchs ? à ce prix, c'était sûr, Greeg' disparaîtrait bientôt de la circulation. Phaïdée se laissa distraire par cette pensée et lâcha un sourire mutin, pour elle-même.

Mais elle se reprit pour répondre à la question.

- Je sais cuisiner, faire le ménage et laver le linge, messire. J'ai aussi appris, il y a longtemps, des rudiments d'agriculture.

Si cela pouvait lui permettre de changer d'occupation officielle, il fallait en profiter. Un gloussement peu discret lui parvint alors :

– En v'là une qui sait s'vendre !
– Elle en fera des heureux, pardi !
– Et c'est quand même mieux de l'avoir à soi que de d'voir la partager dans un Lupanar...


L'esclave serra les poings de colère et jeta un regard de feu aux moqueurs. Si elle avait pu, elle leur aurait fait avaler leur langue, ou d'autres extrémités.

- Hum, hum... fit alors Cochonou, pensif.

20 000 rilchs c'était beaucoup tout de même. Mais il n'avait pas envie de perdre à ce petit jeu qui l'amusait beaucoup. En revanche, la fille lui plaisait moins depuis que son regard lui semblait moins... soumis.

- Monsieur, que diriez-vous que je l'achète, disons, pour 21 000 rilchs, et que je vous l'offre ensuite. Ce serait pour moi un honneur de faire ce cadeau à un adversaire redoutable en affaires.

L'attention de Phaïdée fut aussitôt ramenée vers les deux hommes.

- Et vendeur ! j'en prendrai deux autres avec, pour compenser. Le tout pour 47 000 rilchs.
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Message par Irène d'Aubeville Mer 26 Aoû - 11:56

Irène pencha la tête à l'air crispé d'Hyriel. Quel mal y avait-il à être écrivain public ? A moins que ça ne cache quelque chose... Elle s'en détourna cependant vite en voyant que ça s'agitait du côté de l'estrade. les deux grands seigneurs se livraient une bataille acharnée et cela semblait bien faire jaser. Elle fronça le nez en entendant les remarque graveleuses de ceux qui se trouvait près d'elle. Elle couvrit les oreilles de Grâce, espérant que tout cela ne l'affecte pas trop. Elles feraient bien de rentrer toutes les deux, elle le savait, mais elle ne pouvait s'empêcher de continuer à regarder. Elle jeta aussi un coup d'oeil à Hyriel qui ne devait pas être très heureux lui non plus d'entendre tout cela. Elle remercia d'ailleurs de la tête un homme qui passait là et eut un peu de considération pour sa fille. Tout de même...

Elle fronça les sourcils en entendant un gloussement et observa un homme qui semblait se moquer d'Hyriel. Irène leva un sourcil désapprobateur.

- Y aurait-il un problème, monsieur ?

Elle observa ensuite de nouveau l'estrade. L'affaire semblait se régler. Il semblait que ce serait donc Monthoux. Restait à espérer que ce soit le meilleur choix pour la jeune femme.
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Message par Hyriel Radgery Mer 26 Aoû - 13:47

Hyriel serra les dents. Les enchères continuaient. Des enchères pour un être humain. Quelle chose abjecte… Il ferma les yeux et pinça les lèvres en entendant les passants. Diraient-ils la même chose si c’était une de leurs filles ? de leurs amies ? de leurs voisines à la place de son amie à lui ? Des graines de pourris aux pensées rongées par un complexe de supériorité injustifié et un sentiment de sécurité branlant. Le coin de son regard fut attiré par le gloussement de l’autre. Il se satisfit tout de même de voir que les regards assassins aux passants ne venaient pas que de lui. Il essaya de sourire à Phaïdée, d’un sourire désolé, pour qu’elle sache qu’elle n’était pas seule. Il lui en fallait peu… Il haussa un sourcil vers lui à la suite d’Irène avant de revenir à l’estrade. La vente se concluait. Elle irait avec le plus noble des deux porcs. C’était… le moins pire, sans doute ? Il n’y avait plus qu’à espérer que son amie soit bien traitée, le temps que lui trouve un moyen de la sortir de là.
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