Boîte aux lettres d'Adalheidis

Chère Madame Nal'Harraq,

Votre courrier vient me rappeler à très juste titre que, si je m'efforce de souscrire à toutes mes obligations politiques, il semble que je manque en revanche à quelque devoir non seulement de courtoisie mais aussi de digne hôte monbrinien auprès d'une représentante de votre qualité d'un royaume voisin. Cet échange épistolaire est l'occasion d'y remédier et de m'enseigner que parfois, il faut savoir capturer un peu de temps et pas seulement prendre l'excuse que celui-ci manque.

Aussi, ce sera un plaisir et un grand honneur pour moi que de répondre favorablement à votre invitation, et de venir vous rencontrer en votre domaine du Sud de la capitale, au jour et à l'heure qui vous plairont. Il était en effet grand temps que nous conversions plus longuement, et plus posément que lors des cérémonies au palais et lors du Triomphe où l'on est entourés de tant d'autres à qui présenter ses hommages.
Je suis flatté d'apprendre qu'une telle réputation m'ait déjà devancé en Djerdan, moi qui n'ai été que récemment nominé au poste de Premier Conseiller. J'ose espérer que le travail que j'ai commencé à mener sera à la hauteur des exigences de la fonction. De mon côté voilà déjà plusieurs années que je connais la puissance financière de votre famille, l'habileté et la détermination avec lesquelles vous poursuivez personnellement ces affaires.
Je suis donc certain qu'avec nos fonctions respectives et les richesses de nos cultures, la conversation sera passionnante. Je confesse cependant n'être pas un grand connaisseur de délices culinaires, des dernières modes esthétiques ou de danse ; j'espère que cette âpreté que beaucoup me prêtent (en me disant qu'il serait temps que je la corrige) ne sera pas un frein au plaisir de cette première rencontre. Il me tarde, cela dit, de découvrir davantage les mœurs et les arts de Djerdan : plus encore maintenant que nous comptons à notre Cour deux prestigieuses représentantes de cette nation, en votre personne et celle de la Princesse Kalisha, désormais comtesse de Monthoux, et qu'il me plairait tout autant de connaître un peu mieux.

Dans l'attente, donc, d'un jour fixé pour notre rencontre, je vous adresse, Madame, mes respectueuses salutations,