[9 décembre 1597] Attention à la marche ! ¤ ft. Alexandre [Terminé]
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[9 décembre 1597] Attention à la marche ! ¤ ft. Alexandre [Terminé]
Joseph et Irène l'avaient aujourd'hui autorisé à sortir. Le jeune esclave raffolait de ces moments où il pouvait rouler en toute liberté au gré des venelles. Il gardait néanmoins toujours ses précieux couteaux entre ses cuisses, caché sous lui, au fond de l'assise de sa chariote : les rues n'étaient pas toujours sûres. Un peu de neige tombée cette nuit recouvrait de son petit manteau argenté les toits des maisons, le sommet des pancartes des commerçants qui dansaient au vent, ainsi que la tête des statues aux abords de l'église. Sourire aux lèvres, l'infirme apprécia le spectacle.
Après avoir contemplé les hauteurs, ses yeux retombèrent au sol et il eut la merveilleuse surprise de découvrir une toute nouvelle installation au-dessus des marches qui menaient à la grande porte : deux longues et larges planches de bois ! Les yeux du garçon en pétillèrent d'émoi. Qui donc avait pensé à bricoler ceci au pied de l'église Saint-Eustache ? Le père Thierry ? Son fils, peut-être ? En tout cas, désormais l'esclave allait pouvoir se rendre à l'intérieur de l'édifice comme bon lui semblait !
Il empoigna ses roues et approcha jusqu'au bas des deux rampes, s'apprêtant à les inaugurer. Tout heureux de cette découverte, il en souriait volontiers aux passants qui lui lançaient leurs habituels regards de surprise.
Re: [9 décembre 1597] Attention à la marche ! ¤ ft. Alexandre [Terminé]
Après sa rencontre avec l'architecte et les discussions qui en avaient suivis pour la reconstruction du presbytère, Alexandre avait choisi de rester dans la cellule pour se consacrer durant deux bonnes heures à la rédaction de son roman. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas pris la plume et l'activité lui manquait énormément. Le jeune homme avait réussi à écrire de bonnes nouvelles pages dont il se sentait satisfait avant de se décider à reprendre des activités spirituelles.
En sortant de la cellule, Alexandre constata qu'assez peu de personnes semblaient présentes. Deux ou trois enfants réunis dans une petite chapelle. Il ferait mieux de les observer de temps en temps. Peut-être complotaient-ils quelques bêtises ? Ils ne feraient certes que peu de méfaits en comparaison à ce que le curé de ces lieux se permettait de faire. Deux femmes, chacune sur des bands séparés, priaient avec ferveur. Elle lui rappelaient sa mère et aussitôt ses pensées s'envolèrent vers le monastère où la malheureuse Rosina était désormais recluse. Il remarqua ensuite un homme agenouillé devant le crucifix, baisant les pieds du Christ. Un sourire bienheureux flottait sur le visage d4alexandre. Tout se déroulait ici merveilleusement bien. Un début de Paradis idyllique dans ce monde terrestre.
Alexandre s'avança vers l'entrée, appuyé sur ses béquilles, pour vérifier le contenu du bénitier. Il ne redoutait pas la diminution de l'eaut bénite, amis plutôt certaines personnes qui venaient y deposer leur pisse ou de l'encre rouge. Il eut une surprise en découvrant à cet instant Tristan, son ancien amant, passer la porte. Le jeune homme baissa la tête, rouge, en se rappelant de la manière odieuse avec laquelle il avait osé le traiter et du sort terrible qui était le sien à cause de ses bêtises. malgré la honte qui lui brûlait les joues, Alexandre réussit à murmurer poliment.
"Bonjour, Tristan."
Allait-il lui répondre ou l'ignorement froidement ? Ce serait légitime de refuser de ne pas lui adresser la parole. Alexandre n'oserait même pas faire l'affront de demander pardon. Ce serait parfaitement indécent. Il se décida à changer de sujet. Quelque chose de neutre.
"Tu peux prendre tout ton temps pour prier. Cette certaine personne n'est pas là, sans doute trop occupée à se remplir dans une quelconque taverne. Et de toute manière, si elle revenait et t'embêtait, je l'arrêterais."
Ce ne serait que la seconde fois de la journée.
Mais connaissant la nature de son père et so penchant pour les abus d'autorité la scène pourrait se répéter cinq à six fois par jour. Comme il pouvait être usant. C'était comme surveiller un enfant de cinq ans.
En sortant de la cellule, Alexandre constata qu'assez peu de personnes semblaient présentes. Deux ou trois enfants réunis dans une petite chapelle. Il ferait mieux de les observer de temps en temps. Peut-être complotaient-ils quelques bêtises ? Ils ne feraient certes que peu de méfaits en comparaison à ce que le curé de ces lieux se permettait de faire. Deux femmes, chacune sur des bands séparés, priaient avec ferveur. Elle lui rappelaient sa mère et aussitôt ses pensées s'envolèrent vers le monastère où la malheureuse Rosina était désormais recluse. Il remarqua ensuite un homme agenouillé devant le crucifix, baisant les pieds du Christ. Un sourire bienheureux flottait sur le visage d4alexandre. Tout se déroulait ici merveilleusement bien. Un début de Paradis idyllique dans ce monde terrestre.
Alexandre s'avança vers l'entrée, appuyé sur ses béquilles, pour vérifier le contenu du bénitier. Il ne redoutait pas la diminution de l'eaut bénite, amis plutôt certaines personnes qui venaient y deposer leur pisse ou de l'encre rouge. Il eut une surprise en découvrant à cet instant Tristan, son ancien amant, passer la porte. Le jeune homme baissa la tête, rouge, en se rappelant de la manière odieuse avec laquelle il avait osé le traiter et du sort terrible qui était le sien à cause de ses bêtises. malgré la honte qui lui brûlait les joues, Alexandre réussit à murmurer poliment.
"Bonjour, Tristan."
Allait-il lui répondre ou l'ignorement froidement ? Ce serait légitime de refuser de ne pas lui adresser la parole. Alexandre n'oserait même pas faire l'affront de demander pardon. Ce serait parfaitement indécent. Il se décida à changer de sujet. Quelque chose de neutre.
"Tu peux prendre tout ton temps pour prier. Cette certaine personne n'est pas là, sans doute trop occupée à se remplir dans une quelconque taverne. Et de toute manière, si elle revenait et t'embêtait, je l'arrêterais."
Ce ne serait que la seconde fois de la journée.
Mais connaissant la nature de son père et so penchant pour les abus d'autorité la scène pourrait se répéter cinq à six fois par jour. Comme il pouvait être usant. C'était comme surveiller un enfant de cinq ans.
Re: [9 décembre 1597] Attention à la marche ! ¤ ft. Alexandre [Terminé]
En entrant dans l'église, Tristan se régala du décor qu'il découvrait pour la toute première fois ! Les vitraux aux couleurs rayonnantes malgré ce pâle soleil d'hiver, les hautes colonnes, les voûtes ornées de leurs dentelles de pierre. Bouche entrouverte, le petit esclave savourait pleinement l'architecture, tout en se massant les bras après l'effort d'avoir fait rouler son siège sur le dévers de la rampe. Quel bonheur de se sentir enfin accueilli, intégré ! Il pourrait dire à son maître qu'il se rendait désormais à l'église - le cardinal serait ainsi peut-être un peu moins dur avec lui...
Soudain, il entendit le claquement caractéristiques des béquilles d'Alexandre. Le cœur de Tristan accéléra à la petite voix de son ancien amant. Il se retourna, le regarda, lui adressa un doux sourire. L'invalide était désormais en paix avec l'idée qu'Alexandre soit en couple avec quelqu'un d'autre. Même si ce quelqu'un d'autre révélait des penchants anxieux et masochistes qui avaient sérieusement de quoi inquiéter le garçon.
-- Oh, bonjour Alexandre !
Il roula plus avant jusqu'à se trouver tout à côté de son compagnon. Ainsi pourraient-ils parler tout bas, sans déranger les éventuels paroissiens de passage dans le sanctuaire.
-- Ah... soupira-t-il à la rancœur qu'il devinait contre ce cher curé de Saint-Eustache. Le père Thierry continue alors à faire des siennes ? Son... séjour aux colonies... ça l'a pas incité à faire un peu plus attention ? Je... je suis désolé.
Il secoua la tête, navré. Puis fut très sensible aux précautions que prenait son ami, au cas où le mauvais prêtre reviendrait un peu plus tôt que prévu.
-- C'est très gentil. (Un temps, avec un sourire plus tendre encore et une lueur émue dans ses grands yeux dorés) Comment tu vas en ce moment, Alexandre ? Ah et puis... au fait ! C'est génial cette rampe à l'entrée ! Qui est-ce qui a mis en place ces deux planches ?
Au petit battement de mains de Tristan, mais surtout au timbre chaleureux de sa voix, son comparse pourra aisément deviner l'immense reconnaissance qui l'habitait. Le petit esclave se sera bien évidemment assuré que personne d'autre n'était présent dans l'édifice avant de commencer à discuter avec Alexandre. Ils allaient sûrement avoir tant de choses personnelles à se raconter.
Re: [9 décembre 1597] Attention à la marche ! ¤ ft. Alexandre [Terminé]
Résolu à ne pas embêter son ancien amant, Alexandre demeura silencieux et s'avança vers ce bénitier dont il souhaitait justement faire l'inspection. Sa man trempa dans l'eau bénite et en ressortit intacte. Aucune trace suspecte. Il ne se passait heureusement toujours des choses étranges dans cette église. Parfois, elles pouvaient être normales. Il eut une réelle surprise en découvrant que Tristan ne semblait pas lui en vouloir pour tout ce qui s'était passé entre eux. Avait-il oublié ? Ou lui pardonnait-il ? Alexandre se disait ne pas le mériter. Les accusations, lâchées en place publique, pour se bien se faire voir de leur maître lui restaient en mémoire et il s'en sentait véritablement honteux.
Alexandre eut un sourire pâle à cette idée que les colonies auraient pu changer son père. Il le croyait. Naïvement. Quel imbécile pouvait-il être encore par moments ! Comment un ivrogne pourrait-il se passer de ses doses quotidiennes ?
"Je le croyais. En Septembre dernier, en sortant de prison, il semblait sincèrement effrayé, résolu à perdre ses mauvaises habitudes. Je l'ai encouragé en ce sens. Nous sommes allés à Iswiz ensemble, lui, moi et ma mère aussi. Le voyage fut.. épique. Cet imbécile n'arrêtait pas de se plaindre de l'inconfort ds chevaux, de la longueur de la route, du vent, de trouver le temps long... Les soldats lui jetaient sans des regards de travers et le soir il y en avait toujours un pour me féliciter de mes interventions pour le calmer. Au bout de quelques jours, ils m'avaient même surnommé la nourrice du curé !"
Il poussa un long soupir au souvenir de ces anecdotes' à la fois cocasses et pitoyables.
"'Mais au retour ici, il n'a visiblement rien appris. Tous les jours, je retrouve des bouteilles vides ici et là. Même sous l'autel ! Et je ne parle d'une autre chose que je découvre à un certain lieu... Il st irrécupérable, je le crois. Je me suis décidé à en informer notre maître. En échange d'une heure de liberté et de lui adresser un rapport sur les actes du père Thierry, je peux venir à l'église. Aujourd'hui, je suis même ici pour la journée et je ne rentrerai que demain matin. De ce que j'ai compris, il s'occupe en ce moment d'une affaire de sorcellerie qui lui prend beaucoup de temps."
Et cela lui permettait à lui de se dégager du temps libre. Quelle bénédiction !
Tristan évoqua soudain les planches de l'entrée et semblait si heureux de ce changement qui révolutionnait effectivement sa vie. Alexandre lui sourit, touché par cette idée, si simple en vérité mais à laquelle personne ne pensait. Même lui.
"C'est toi-même que tu devrais remercier, Tristan. Tu m'as montré à quel point les infirmes ne pouvaient pas tout faire, que même la bonne volonté ne suffisait pas, contrairement à ce que me disait autrefois ma mère, quand celle-ci me pointait du doigt, enfant les personnes en fauteuil, quand elle vous appelait... des paresseux. Ce n'était pas méchant. Elle nourrissait seulement pour moi de fortes ambitions. Et pourtant aider les infirmes, ce n'est pas si complexe. Le mois dernier, j'ai demandé à un charpentier s'il avait quelques planches à offrir pour cela et il l'a fait de bon cœur, sans arrière-pensée."
Il se décida ensuite à s'intérresser à son ami.
"Sinon, pour toi, tout av bien chez le général Cassain ? Tu vas visiter encore de temps en temps Dame Irène ? D'ailleurs... Quand tu es là-bas, Cassandre se comporte t-elle bien avec toi ? Méfie-toi de cette petite peste, elle parait innocente mais est en réalité affreusement manipulatrice."
Alexandre eut un sourire pâle à cette idée que les colonies auraient pu changer son père. Il le croyait. Naïvement. Quel imbécile pouvait-il être encore par moments ! Comment un ivrogne pourrait-il se passer de ses doses quotidiennes ?
"Je le croyais. En Septembre dernier, en sortant de prison, il semblait sincèrement effrayé, résolu à perdre ses mauvaises habitudes. Je l'ai encouragé en ce sens. Nous sommes allés à Iswiz ensemble, lui, moi et ma mère aussi. Le voyage fut.. épique. Cet imbécile n'arrêtait pas de se plaindre de l'inconfort ds chevaux, de la longueur de la route, du vent, de trouver le temps long... Les soldats lui jetaient sans des regards de travers et le soir il y en avait toujours un pour me féliciter de mes interventions pour le calmer. Au bout de quelques jours, ils m'avaient même surnommé la nourrice du curé !"
Il poussa un long soupir au souvenir de ces anecdotes' à la fois cocasses et pitoyables.
"'Mais au retour ici, il n'a visiblement rien appris. Tous les jours, je retrouve des bouteilles vides ici et là. Même sous l'autel ! Et je ne parle d'une autre chose que je découvre à un certain lieu... Il st irrécupérable, je le crois. Je me suis décidé à en informer notre maître. En échange d'une heure de liberté et de lui adresser un rapport sur les actes du père Thierry, je peux venir à l'église. Aujourd'hui, je suis même ici pour la journée et je ne rentrerai que demain matin. De ce que j'ai compris, il s'occupe en ce moment d'une affaire de sorcellerie qui lui prend beaucoup de temps."
Et cela lui permettait à lui de se dégager du temps libre. Quelle bénédiction !
Tristan évoqua soudain les planches de l'entrée et semblait si heureux de ce changement qui révolutionnait effectivement sa vie. Alexandre lui sourit, touché par cette idée, si simple en vérité mais à laquelle personne ne pensait. Même lui.
"C'est toi-même que tu devrais remercier, Tristan. Tu m'as montré à quel point les infirmes ne pouvaient pas tout faire, que même la bonne volonté ne suffisait pas, contrairement à ce que me disait autrefois ma mère, quand celle-ci me pointait du doigt, enfant les personnes en fauteuil, quand elle vous appelait... des paresseux. Ce n'était pas méchant. Elle nourrissait seulement pour moi de fortes ambitions. Et pourtant aider les infirmes, ce n'est pas si complexe. Le mois dernier, j'ai demandé à un charpentier s'il avait quelques planches à offrir pour cela et il l'a fait de bon cœur, sans arrière-pensée."
Il se décida ensuite à s'intérresser à son ami.
"Sinon, pour toi, tout av bien chez le général Cassain ? Tu vas visiter encore de temps en temps Dame Irène ? D'ailleurs... Quand tu es là-bas, Cassandre se comporte t-elle bien avec toi ? Méfie-toi de cette petite peste, elle parait innocente mais est en réalité affreusement manipulatrice."
Re: [9 décembre 1597] Attention à la marche ! ¤ ft. Alexandre [Terminé]
Tristan retint un soupir aux confidences navrantes d'Alexandre au sujet de son cher paternel. Oui, il se souvenait lui aussi de la sortie du prêtre après son séjour en prison, de sa propension à s'amender, des excuses qu'il lui avait même présentées à la boutique de Dame Irène. Mais cela n'avait guère tenu, à en croire son fils.
-- Au mois, j'suis sûr que t'as pu lui épargner comme ça quelques corrections pendant vot' voyage. Tu es plus encore que sa nourrice, tu es son ange gardien, ajouta-t-il dans un petit sourire tout tendre. Mais... des bouteilles, et de nouveaux attouchements tu dis ? C'est... lamentable. J'suis tellement désolé pour toi Alexandre...
Il eut envie de le consoler d'une accolade ou en lui prenant la main mais retint son geste. Seule parlera la douceur de son visage. La suite l'étonna néanmoins : ainsi donc, Alexandre rapportait les méfaits de son père à leur effroyable maître ? Front plissé, il ne sut quoi en penser. Puis, tout bien réfléchi, en resserrant sa petite étole autour de ses pâles épaules afin de lutter contre la fraîcheur du sanctuaire, il souffla :
-- B'en au moins, si ça peut t'éviter des misères avec l'Cardinal... Et si ça pouvait faire que l'père Thierry arrête de... de... enfin, avec les dames quoi. Tu fais bien. Y a des fois où y faut savoir faire jouer les forces en présence, et un sale type contre un autre sale type si ça peut servir à quelque chose de bien en fin de compte.
Un petit rire d'enfant clôtura sa dernière phrase quelque peu espiègle. Puis retrouvant son sérieux, il ajouta :
-- Et puis, p'têt que chez notre maître... y a d'autres choses intéressantes à aller gratter. Si à la longue il se rend compte qu'on est des bons garçons, va savoir, il pourrait réviser ses points de vue sur les infirmes ? Je vais prier pour ça. Et de mon côté, je fais le meilleur travail possible auprès de Mademoiselle Bélyl. Elle est si bonne, en plus. (Un temps, arrondissant les yeux et se signant à la précision d'Alexandre quant aux actuelles occupations du maître) Une affaire de sorcellerie ? Oh... Oh Madre Mia... Et... tu en sais un peu plus ? C'est qui, c'te sorcier ou c'te sorcière ?
Il rosit au compliment d'Alexandre.
-- Oh mais j'ai rien fait d'spécial... Et... ouais, ta mère, j'me rappelle... C'est l'déni ça, la difficulté à comprendre que malgré tous les efforts du monde, y a des choses qu'avec une infirmité, on peut pas faire. Faut êt' patient pour que les regards changent. Mais comme toi, je souhaite de toute mon âme que la gent puisse entendre que... c'est pas nous qui faisons pas d'efforts, c'est l'environnement qui est pas adapté. Quand il y a des planches à l'entrée, quand il y a des poignées plus basses, quand il y a des p'tits aménagements comme ça, on ne se sent plus invalides. C'est tout. (Un temps) Ta mère d'ailleurs, elle va bien ? Elle est contente de sa nouvelle vie à Iswyliz ?
Tristan acquiesça aux dernières nouvelles que lui donnait son ami et son regard s'alluma à la mention du charpentier auquel Alexandre avait pu parler. Il battit des mains et d'enthousiasma :
-- Oh oui ! Oh oui ! Mais c'est formidable que t'aies réussi à le convaincre de faire ça ! Et qu'il ait accepté. Il est vraiment gentil. Et d'ailleurs à propos de ça, j'ai vu l'chantier qui démarre pour le presbytère. C'est impressionnant tout ce monde et tout ce tas de pierres qu'les gens déplacent. J'ai hâte de voir la suite. Tu... tu connais le maître bâtisseur qui s'occupe de tout ça ? (Puis, pour répondre à ses questions) Je vais très bien. Le général et sa fille sont si gentils. Je suis chaperon. Je coiffe Mademoiselle Bélyl, je lui fais de jolis bijoux, je range ses appartements. Elle m'apprend à lire, tu te rends compte ! Je... c'est drôle à dire mais j'ai jamais été aussi bien, alors que j'suis esclave héhé. Et pour Cassandre... rassure-toi, en fait je crois qu'elle m'évite. C'est p'têtre mieux. C'est pour l'histoire de mon passage au Lupanar, c'est triste mais elle s'en veut encore il me semble. J'aimerais... qu'elle se sorte cette culpabilité de la tête. Que nous ayons une conversation. (Il soupira) Ouais... je sais qu'elle fait des crasses et peut être... hypocrite. Pourvu que ça lui passe.
Re: [9 décembre 1597] Attention à la marche ! ¤ ft. Alexandre [Terminé]
Alexandre 's'étonnait de constater avec quelle douceur et quelle gentillesse lui parlait Tristan. Lui avait-il réellement pardonné pour ce méprisable coup, là où il avait osé faire croire à leur maitre des mensonges épouvantables ? Ses paroles, dépourvues de haine, le blessaient. Il se sentait encore plus honteux et plus coupable que jamais. Commenta avait-il pu être aussi abject ? Son esprit avait dû battre la campagne, peut-être effacé par le marquage. Il lui répondit avec un haussement des épaules quand le petit infirme tenta de le rassurer au sujet de son père.
"Bah... Au moins il est toujours moins pire que mon père adoptif."
Il se redressa, les mains serrées autour de ses béquilles, pour entendre l'opinion de Tristan au sujet de ses rapports quotidiens à leur maître. Cela le conforta dans sa position. Le prêtre ne faisait que trop mal, justement, d'abord en séduisant des paroissiennes sans cesse, à engendrer perpétuellement des enfants qu'il ne reconnaissait pas, et en troublant enfin l'ordre avec ses problèmes de boisson. Il soupira.
"Oui... Je ne l'ai déjà que trop couvert au fond, par peur de la réputation de la paroisse. J'aurais dû depuis longtemps informé l'évêché. Et pour ce qui est de cette affaire de sorcellerie, je n'en sais pas plus."
Alexandre avait entendu le cardinal évoquer le nom de Hyriel et se rappelait avoir tremblé pour le guérisseur. Il n'en informerait cependant pas Tristan. Malgré son goût pour le bavardes, le jeune homme avait compris que trop parler était le risque de s'exposer au danger. Si on apprenait par un quelconque hasard une fuite, de sa part qui plus est, son maître serait furieux et pourrait l'envoyer sur le bûcher à la place de ce Hyriel.
Tristan évoqua à présent sa mère et l'excusait même de ses paroles dures à son encontre. Là encore, Alexandre rougit, terriblement embarrassé. Comment parvenait-il à pardonner tous ces méchancetés que l'on disait et à s'inquiéter pour ceux qui les avait dites ? Comment Tristan parvenait-il à être si bon et si généreux ? Li ne possédait pas cette force. Il suffisait de le voir réagir vis-à-vis de sn père ou de Cassandre. A ses yeux, certaines choses ne pardonnaient pas ou nécessitaient un laps de temps.
"Ma mère se porte bien, oui. J'ai reçu une lettre de sa main il y a quelques jours. Elle semble beaucoup se plaire dans ce couvent et estime que cela l'aidera à laver son âme souillée par l'adultère et la fuite du domicile conjugal."
Il poussa un faible soupir au souvenir de ces phrases lues de sa main. Ces lignes... C'était comme si elle lui avait dit regretter sa naissance. Cela lui avait fait l'effet d'un coup de poignard. Après tout, sans cet adultère, il n'existerait pas. Il chassa ces idées pénibles et Tristan l'y aida avec son enthousiasme pour son idée de rampe, puis pour as nouvelle vie auprès de la famille Cassain. Sa joie le troubla et le ramena à sa culpabilité. Il baisas la tête d'un air sombre.
"'Je.. alors, Tristan, tu.. tu m'en veux pas pour tout... tout ça ?"
Tout ça. Une manière légère pour envelopper ses trop nombreuses bêtises qui avaient conduit à leur asservissement mais surtout cette délation ignoble. Il n'avait même pas le courage de rappeler ces faits à voix haute.
"Je... je suis désolé, Tristan, pour avoir agi comme un idiot. Pour t'avoir menti lors de notre première. Pour avoir fait porté le message. Pour être aller dans les couloirs de Frenn sans permission. Pour avoir été plusieurs fois colérique. Pour avoir raconté ces mensonges ignobles en place publique. Pour avoir causé ton enlèvement. Je ne comprends même pas que tu puisses encore m'adresser la parole après tout ça."
"Bah... Au moins il est toujours moins pire que mon père adoptif."
Il se redressa, les mains serrées autour de ses béquilles, pour entendre l'opinion de Tristan au sujet de ses rapports quotidiens à leur maître. Cela le conforta dans sa position. Le prêtre ne faisait que trop mal, justement, d'abord en séduisant des paroissiennes sans cesse, à engendrer perpétuellement des enfants qu'il ne reconnaissait pas, et en troublant enfin l'ordre avec ses problèmes de boisson. Il soupira.
"Oui... Je ne l'ai déjà que trop couvert au fond, par peur de la réputation de la paroisse. J'aurais dû depuis longtemps informé l'évêché. Et pour ce qui est de cette affaire de sorcellerie, je n'en sais pas plus."
Alexandre avait entendu le cardinal évoquer le nom de Hyriel et se rappelait avoir tremblé pour le guérisseur. Il n'en informerait cependant pas Tristan. Malgré son goût pour le bavardes, le jeune homme avait compris que trop parler était le risque de s'exposer au danger. Si on apprenait par un quelconque hasard une fuite, de sa part qui plus est, son maître serait furieux et pourrait l'envoyer sur le bûcher à la place de ce Hyriel.
Tristan évoqua à présent sa mère et l'excusait même de ses paroles dures à son encontre. Là encore, Alexandre rougit, terriblement embarrassé. Comment parvenait-il à pardonner tous ces méchancetés que l'on disait et à s'inquiéter pour ceux qui les avait dites ? Comment Tristan parvenait-il à être si bon et si généreux ? Li ne possédait pas cette force. Il suffisait de le voir réagir vis-à-vis de sn père ou de Cassandre. A ses yeux, certaines choses ne pardonnaient pas ou nécessitaient un laps de temps.
"Ma mère se porte bien, oui. J'ai reçu une lettre de sa main il y a quelques jours. Elle semble beaucoup se plaire dans ce couvent et estime que cela l'aidera à laver son âme souillée par l'adultère et la fuite du domicile conjugal."
Il poussa un faible soupir au souvenir de ces phrases lues de sa main. Ces lignes... C'était comme si elle lui avait dit regretter sa naissance. Cela lui avait fait l'effet d'un coup de poignard. Après tout, sans cet adultère, il n'existerait pas. Il chassa ces idées pénibles et Tristan l'y aida avec son enthousiasme pour son idée de rampe, puis pour as nouvelle vie auprès de la famille Cassain. Sa joie le troubla et le ramena à sa culpabilité. Il baisas la tête d'un air sombre.
"'Je.. alors, Tristan, tu.. tu m'en veux pas pour tout... tout ça ?"
Tout ça. Une manière légère pour envelopper ses trop nombreuses bêtises qui avaient conduit à leur asservissement mais surtout cette délation ignoble. Il n'avait même pas le courage de rappeler ces faits à voix haute.
"Je... je suis désolé, Tristan, pour avoir agi comme un idiot. Pour t'avoir menti lors de notre première. Pour avoir fait porté le message. Pour être aller dans les couloirs de Frenn sans permission. Pour avoir été plusieurs fois colérique. Pour avoir raconté ces mensonges ignobles en place publique. Pour avoir causé ton enlèvement. Je ne comprends même pas que tu puisses encore m'adresser la parole après tout ça."
Re: [9 décembre 1597] Attention à la marche ! ¤ ft. Alexandre [Terminé]
Tristan préféra ne pas insister sur les sujets sensibles aux oreilles d'Alexandre - Thierry et son père adoptif hantaient déjà bien assez ses pensées et lui avaient fait assez de mal comme cela. Il ne fit donc qu'acquiescer à sa remarque quant à l'abject Bellanger, sans rebondir. Il vit son ami crisper ses mains à ses béquilles, et l'écouta évoquer ensuite le parti qu'il savait tirer de leur maître pour dénoncer les exactions du curé d'Anjou.
-- Tu as bien raison. Tant qu'à faire. J'suis d'accord il est grand temps que l'évêché fasse que'qu'chose.
Apparemment Alexandre ne savait pas grand chose du sorcier ou préférait ne pas en parler, ce que Tristan respecta. La crispation de son ami l'étonna alors qu'il demandait des nouvelles de sa mère, mais aussitôt il comprit : cela devait lui sembler curieux que Tristan, qui avait essuyé les paroles de cette femme méprisante, s'enquiert de son état actuel. Il était vrai que Rosina avait beaucoup souffert, que cependant cela n'excusait guère toutes les bêtises qu'elle avait implantées dans la tête de son fils des années durant. Mépriser gratuitement les gens du peuple, les malades qui font de leur mieux, les personnes sans instruction mais qui n'y étaient pour rien, sûr que Tristan avait trouvé cela détestable et dangereux pour Alexandre. Pourvu qu'il ne suive pas cette voie... Néanmoins, Rosina restait sa mère. Et c'était par respect pour ce seul point que l'ami se sentait le devoir de demander de ses nouvelles au fils Bellanger. Il acquiesça donc avec un petit sourire en entendant qu'elle se réjouissait de sa nouvelle vie en communauté religieuse. Voilà qui était bien. Et ceci fait, pourvu qu'Alexandre se défasse peu à peu de toutes ces relations toxiques !
Mais voilà que le fils Bellanger se sentit une nouvelle fois obligé de demander à Tristan s'il lui voulait encore. Et rappelait pour la énième fois le panégyrique des bassesses qu'il lui avait infligées. Le garçon retint un soupir. Encore... Il laissa Alexandre détailler puis, l'air très sérieux, se décida à mettre une bonne fois pour toutes les choses au clair :
-- Pour la je-sais-pas combien-t-ième fois, Alex... (Il avança, tendit les mains pour serrer amicalement les poignets de son ami tandis qu'il tenait les manches de ses béquilles. Il plongea dans les yeux d'Alexandre ses petites billes ambrées pleines alors d'une certaine gravité) Oui, je t'en ai voulu quelque temps, j'peux pas dire le contraire. Mais maint'nant, voilà, on est là, à quoi ça servirait d'plus. J'en ai fait aussi, des bêtises. J'ai souvent volé. J'ai menti, j'ai eu... mes p'tits sauts de colère parfois. Y a eu des gens sur ma route qui m'ont pardonné. C'est... C'est le passé. Point. Ce qui est important, c'est ce qu'on fait ensuite une fois qu'on a pris conscience de ses conneries. Alors t'es d'accord qu'on tourne cette page pour de bon ?
Il espérait qu'Alexandre en soit capable. A la fois de se pardonner... et de ne pas tourner mal de nouveau, à présent qu'il semblait enfin se délivrer de ces parents qui n'en méritent pas le nom... eux qui avait contribué soit à l'enfoncer, soit à le laisser comme abandonné... soit au contraire à essayer d'en faire un petit prétentieux. Oui, pourvu que leur emprise continue de s'estomper. Et comme pour confirmer que, de son côté, la page était bien tournée en toute paix, toujours avec le sourire et à voix très basse par prudence, il confia :
-- J'ai fait la connaissance de... tu sais qui. (La grande douceur de sa voix et le clin d'œil joint à ses mots seraient-ils assez éloquents pour signifier à Alexandre qu'il était question de son nouvel amant.) Là aussi, c't'une nouvelle page pour toi. J'suis content.
Re: [9 décembre 1597] Attention à la marche ! ¤ ft. Alexandre [Terminé]
Alexandre se sentit rassuré d'entendre que Tristan validait sa décision de rapporter les frasques de son père à leur maître. Il était véritablement que l'évêché intervienne et fasse cesser ces désordres. Lui n'en pouvait plus de les supporter et d'apporter, avec ses moyens modestes, une réparation. Comme il ne supportait plus de devoir s'excuser auprès des aubergistes, des tenancières de maisons closes ou de femmes enceintes ou de maris jaloux qui venaient se plaindre de ses dérives. Cela suffisait amplement. La coupe n'était plus peine : elle avait débordé.
La conversation se poursuivit de manière paisible et Alexandre ne cessait de s'étonner de la douceur de son ancien amant. A l'instar de son ami Ysengrin, celui-ci ne lui en voulait absolument pas. n tous les cas, passé, après l'aigreur et la colère, celui-ci avait fini par lui pardonner. Quelle grandeur d'âme merveilleuse ! Le jeune homme s'inclina poliment.
"Je t'en remercie chaleureusement et je me saurais d'être digne de ce pardon que tu m'accordes. J'espère, oui, que ces événements auront su me rendre plus forts et que je cesserai désormais de me montrer trop impulsif."
Il n'empêchait à Alexandre de se dire que son cœur ne pourrait jamais se pardonner entièrement ses bêtises, notamment celles qui avaient impliqué son ami. Il pardonnait sans mal à son entourage, comme Ysengrin, mais bien plus difficilement à lui-même. Au fond, était-ce un mal ? Se rappeler de ses fautes passées permettait de s'améliorer et de ne plus les reproduire. Ou au moins de le tenter.
Soudain, contre toute attente, Tristan évoqua une page qui se tournait, en évoquant avoir rencontré une personne dont il se refusait à prononcer le nom. Alexandre se figea et devint livide. Alduis... Qu'est-ce que Alduis avait encore fait comme bêtise ? Il se rappela de cette manière dont celui-ci avait débarqué, tel un fantôme chez Irène, et comment il avait dû peu après le traîner jusqu'à l'église au travers du quartier sous le regard des badauds. Son ventre se déchirait. Son amant aurai-t-il pu commettre une nouvelle maladresse ?
"Oh non..."
Il murmura d'une toute petite voix.
"Que... s'est-il passé ? Quelqu'un.. autre sait-il ?"
La conversation se poursuivit de manière paisible et Alexandre ne cessait de s'étonner de la douceur de son ancien amant. A l'instar de son ami Ysengrin, celui-ci ne lui en voulait absolument pas. n tous les cas, passé, après l'aigreur et la colère, celui-ci avait fini par lui pardonner. Quelle grandeur d'âme merveilleuse ! Le jeune homme s'inclina poliment.
"Je t'en remercie chaleureusement et je me saurais d'être digne de ce pardon que tu m'accordes. J'espère, oui, que ces événements auront su me rendre plus forts et que je cesserai désormais de me montrer trop impulsif."
Il n'empêchait à Alexandre de se dire que son cœur ne pourrait jamais se pardonner entièrement ses bêtises, notamment celles qui avaient impliqué son ami. Il pardonnait sans mal à son entourage, comme Ysengrin, mais bien plus difficilement à lui-même. Au fond, était-ce un mal ? Se rappeler de ses fautes passées permettait de s'améliorer et de ne plus les reproduire. Ou au moins de le tenter.
Soudain, contre toute attente, Tristan évoqua une page qui se tournait, en évoquant avoir rencontré une personne dont il se refusait à prononcer le nom. Alexandre se figea et devint livide. Alduis... Qu'est-ce que Alduis avait encore fait comme bêtise ? Il se rappela de cette manière dont celui-ci avait débarqué, tel un fantôme chez Irène, et comment il avait dû peu après le traîner jusqu'à l'église au travers du quartier sous le regard des badauds. Son ventre se déchirait. Son amant aurai-t-il pu commettre une nouvelle maladresse ?
"Oh non..."
Il murmura d'une toute petite voix.
"Que... s'est-il passé ? Quelqu'un.. autre sait-il ?"
Re: [9 décembre 1597] Attention à la marche ! ¤ ft. Alexandre [Terminé]
-- Oh mais tu l'es déjà, plus fort, j'en suis sûr, sourit Tristan.
Il écarta sa main après une tendre caresse sur le dos de celle d'Alexandre. Soudain, contre toute attente, la discrète mention de son nouvel amant crispa le jeune homme. Il se pinça la lèvre : avait-il dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Le petit esclave redouta que son ami ne vît dans cette mention la marque d'une jalousie, d'une aigreur à passer à autre chose... ou encore la crainte que le fils Bellanger ne se soit encore mis dans le pétrin avec cette relation commençante.
-- Oh non, non ne t'inquiète pas ! Lui et moi, on a discuté. Juste tous les deux. C'est lui-même qui m'a demandé si je t'aimais. Et qui a prononcé ton nom. J'ai tout d'suite compris. Tu sais, ça me fait rien. Au contraire j'suis content pour toi et c'est c'que je lui ai dit. Y faut... que vous soyez heureux ensemble.
Là encore, Tristan dut bien s'avouer avoir d'abord eu une petite épine au cœur. Il avait découvert avec lui son orientation, mais à présent qu'il l'acceptait, c'était un autre qui en profitait. Et un noble. Et un valide. Et quelqu'un qui protégerait le fils Bellanger comme lui-même ne l'aurait jamais pu. Toutefois, le ressentiment avait fini pas se voir dompté au même titre que le tranchant de ces lames avec lesquelles Tristan se plaisait tant à danser.
Heureux ensemble... Il mit grande ferveur en ces mots. Heureux, ce ne serait pas une mince affaire quand on connaissait le passif d'Alexandre - et après ce que le garçon avait pu deviner de celui d'Alduis. Comme il fallait être intranquille pour chercher la vie dans le tranchant d'une lame ! Pour déguster des yeux son propre sang. Oh, pourvu qu'ensemble ils se fassent du bien et que l'un ne tire pas l'autre vers le bas. Sans rien dire, ni demander, Tristan laissa ses grands yeux échoués au visage de son ami. Silencieux. Libre de dire et de celer ce qu'il voudrait.
Re: [9 décembre 1597] Attention à la marche ! ¤ ft. Alexandre [Terminé]
Alexandre adressa un sourire de reconnaissance à Tristan pour ce compliment et espéra que ses paroles seraient justes. Qu'il serait réellement plus fort. Il le devait. Pour Alduis. Pour lui permettre de s'apaiser dans ses bras et le réconforter de tous ces doutes qui polluaient son esprit. Le jeune homme ne dit rien de cette caresse légère sur sa main. Il écouta la suite, tendu, redoutant d'apprendre que son amant aurait encore manqué de prudence. Il ne se souvenait que trop du retour de son maître, deux jours plus tôt, de Fromart, où cet idiot avait osé lui offrir un exemplaire du Coran. Comment décrire la colère du cardinal ? Dès son arrivée, furieux, sans même remarquer son esclave qui le saluait, il avait marché en long en large dans la pièce en claquant le livre au sol. Le religieux avait ensuite longuement laissé sortir toute sa rage contre l'héritier de Fromart en le traitant notamment d'enfant gâté, d'irrespectueux, d'inconvenant et avait également ajouté que jamais sa nièce Bélyl n'épouserait un pareil individu. Il avait finalement réussi à se calmer mais tout en marmonnant quelques paroles plus inaudibles avant de se décider de s'installer à son bureau.
Alexandre se rappelait avoir maudit son amant ce soir-là et s'était promis de lui faire la leçon dès qu'ils se reverraient sur ce sujet. Il se doutait que cette provocation avait un rapport avec lui, du fait que l'inquisiteur soit son maître. Cela restait fortement imprudent. Il pourrait s'attirer ses soupçons. Pendant que son maitre travaillait, le dos tourné, le jeune homme avait ramassé discrètement l'ouvrage pour le glisser sous sa tunique. Il l'avait parcouru au lit, ou à quelques moments d'accalmie, soucieux d'étudier ces nouvelles connaissances. Son esprit curieux avait été par ailleurs été plus que surpris de découvrir que certains passages évoquaient des épisodes de la vie du Christ, même si le personnage portait un autre nom que Jésus. Cela lui donnait envie de se renseigner davantage sur le sujet. Quelles étaient les croyances des musulmans, que l'on disait hérétiques ? Il enrageait de ne pouvoir s'instruire plus correctement.
Le lendemain de l'échange malheureux de présents, Alexandre avait oublié de réprimander Alduis. La scène du port avait été... Il n'aurait pas été crédible de le sermonner après toutes les bêtises que lui avait pu dire ou faire. Néanmoins, il n'avait pas été non plus jusque se déshabiller, lui. Le rouge lui monta brusquement aux joues au souvenir du marin qui avait retiré sa chemise et de sa réaction à lui qui n'avait pas manqué de provoquer les rires des deux guerriers.
Afin de fuir ces souvenirs, Alexandre se raccrocha à la conversation de Tristan.
"Je vois. Pardon. J'ai eu peur que... Alduis est un homme imprudent, qui met les gens devant le fait accompli, sans songer aux conséquences. Comme offrir un exemplaire du Coran à un cardinal. Ou sortir en plein hiver en chemise. Ou se déshabiller au milieu d'une rue. Il n'y avait personne pour entendre votre discussion, tu en es bien certain ?"
Alexandre restait tendu, les mains serrées autour de ses béquilles, en attente de la réponse. Il n'avait vraiment pas envie de finir e grillade pour une imprudence stupide. et si cela arrivait, Alduis en serait dévasté et risquerait de se tuer. Il se devait être fort et d'apprendre à son amant à se préserver de certaines de ses lubies dangereuses.
Alexandre se rappelait avoir maudit son amant ce soir-là et s'était promis de lui faire la leçon dès qu'ils se reverraient sur ce sujet. Il se doutait que cette provocation avait un rapport avec lui, du fait que l'inquisiteur soit son maître. Cela restait fortement imprudent. Il pourrait s'attirer ses soupçons. Pendant que son maitre travaillait, le dos tourné, le jeune homme avait ramassé discrètement l'ouvrage pour le glisser sous sa tunique. Il l'avait parcouru au lit, ou à quelques moments d'accalmie, soucieux d'étudier ces nouvelles connaissances. Son esprit curieux avait été par ailleurs été plus que surpris de découvrir que certains passages évoquaient des épisodes de la vie du Christ, même si le personnage portait un autre nom que Jésus. Cela lui donnait envie de se renseigner davantage sur le sujet. Quelles étaient les croyances des musulmans, que l'on disait hérétiques ? Il enrageait de ne pouvoir s'instruire plus correctement.
Le lendemain de l'échange malheureux de présents, Alexandre avait oublié de réprimander Alduis. La scène du port avait été... Il n'aurait pas été crédible de le sermonner après toutes les bêtises que lui avait pu dire ou faire. Néanmoins, il n'avait pas été non plus jusque se déshabiller, lui. Le rouge lui monta brusquement aux joues au souvenir du marin qui avait retiré sa chemise et de sa réaction à lui qui n'avait pas manqué de provoquer les rires des deux guerriers.
Afin de fuir ces souvenirs, Alexandre se raccrocha à la conversation de Tristan.
"Je vois. Pardon. J'ai eu peur que... Alduis est un homme imprudent, qui met les gens devant le fait accompli, sans songer aux conséquences. Comme offrir un exemplaire du Coran à un cardinal. Ou sortir en plein hiver en chemise. Ou se déshabiller au milieu d'une rue. Il n'y avait personne pour entendre votre discussion, tu en es bien certain ?"
Alexandre restait tendu, les mains serrées autour de ses béquilles, en attente de la réponse. Il n'avait vraiment pas envie de finir e grillade pour une imprudence stupide. et si cela arrivait, Alduis en serait dévasté et risquerait de se tuer. Il se devait être fort et d'apprendre à son amant à se préserver de certaines de ses lubies dangereuses.
Re: [9 décembre 1597] Attention à la marche ! ¤ ft. Alexandre [Terminé]
Alexandre eut l'air profondément pensif après son intervention. Tristan se pinça la lèvre et espéra ne pas l'avoir heurté ici ou là sans s'en rendre compte dans l'évocation de son amant. Pour lui, c'était plutôt une bonne nouvelle que de parler d'Alduis : son ami allait vers le mieux et admettait son orientation amoureuse - déjà un beau chemin parcouru. Malgré tout, Tristan gardait certaines réserves en repensant à ce qu'il avait pu observer d'Alduis : clairement, un jeune homme qui n'allait pas bien. Et sachant qu'Alexandre lui-même était encore frêle sur plus d'un point, feraient-ils ensemble bon ménage ? Un amour vrai et pas uniquement une relation d'infirmiers... Oh, il imagina sans peine que l'optimisme d'Alexandre était peut-être précisément ce qu'Alduis recherchait sans vraiment l'avouer ? Une douceur et une vision candide du monde - toujours si prompte à pardonner - au milieu des noirceurs dont l'esprit du jeune Fromart paraissait plein. Tristan toutefois n'avait pas eu vraiment le loisir d'observer davantage d'Alduis - ils ne s'étaient que brièvement parlés.
Il secoua la main devant lui dans un "ce n'est rien" aux nouvelles excuses d'Alexandre... avant toutefois d'arrondir la bouche à ces anecdotes que lui contait le jeune homme. Yeux écarquillés, il souffla un :
-- Sérieusement ? (Un temps. Le Coran offert au Cardinal, se promener en chemise en hiver, se déshabiller dans les rues... mais ? Tristan d'ailleurs n'osa pas raconter à son ami que lorsqu'ils s'étaient vus, Alduis s'était tranché les doigts avec ses couteaux avant d'en contempler longuement le sang. Il serra les dents. De l'imprudence, peut-être pas... mais un sens certain de la provocation et de sa propre mise en danger, c'était certain. Sans parler de ce qui relevait clairement des gestes suicidaires.) Euh... je... J'connais un peu ça. Tu connais p'têtre mon ami Lénius ? Il y a un peu d'ce genre de choses aussi chez lui : jouer ouvertement à provoquer, chercher le danger, vivre chaque jour comme potentiellement le dernier et ne reculer devant aucune irrévérence. Je crois que c'est c'qu'on fait quand on ne voit plus vraiment de sens à sa vie et qu'on a été trop démoli. J'sais pas ce qui a pu arriver à Alduis dans son passé mais... au moins... j'espère que toi, maintenant, avec lui, tu pourrait l'être, un nouveau sens à sa vie. Un indice que tout est pas pardu, q'y a toujours moyen d'faire de nouvelles choses et d'en vivre des belles, même si l'reste est horrible. (Il secoua la tête à sa dernière question) Oh non j't'assure. Pour le coup on a fait très, très attention.
Re: [9 décembre 1597] Attention à la marche ! ¤ ft. Alexandre [Terminé]
Alexandre écouta avec appréhension les réponses de son ami, redoutant d'apprendre que son amant aurait pu commettre une nouvelle imprudence. Il n'en était heureusement rien. Personne ne les avait surpris. Le jeune homme poussa un soupir de soulagement, enfin libéré. Il reprit le fil de al conversation d'un air entendu.
"Oui, Lénius, je me souviens un peu de lui, même si nous n'avons pas beaucoup discuté. Pour Alduis, je suppose que le fait d'être un guerrier, de s'exposer sans cesse au front, lors des campagnes, doit troubler son jugement de retour dans la vie civile. La sensation de péril, dans les rues, après avoir vécu des batailles, senti l'odeur du sang, je suppose que celle-ci doit être repoussée loi."
Il y avait aussi cette pression d'héritier qui pesait sur lui, celle que lui soumettait son père, que lui comprenait bien pour l'avoir enduré toute son enfance. Alexandre ne souhaitait toutefois pas évoquer devant Tristan les confidences entretenues avec son amant. Cela relevait de leur propre intimité. Comme s'il l'invitait entre dans leurs draps, entre eux. Il choisit d'orienter la conversation vers un autre sujet, quitte à la fermer, pour ne plus aborder le cas Alduis.
"Je ne devrais peut-être pas te retenir si longtemps. Tu es venu prier, non ? Et tu as sans doute un horaire à respecter."
Alexandre fit mine de commencer à s'éloigner, puis s'interrompit, revenant vers son ami.
"Sinon... Tu sais, Tristan, j'ai commencé à écrire un roman. sur les femmes. Sur la manière dont elles sont traitées par leurs pères et leurs maris. Sur les hypocrisies dont cette société se permet parfois. J'y travaille quand je viens ici. Mais à une heure de liberté chaque jour, je crains que cela me prenne une vie avant d'en venir à bout."
Le visage du jeune homme demeurait calme et stoïque mais intérieurement son âme bouillait. Il s'agaçait du retour de son maitre qui réduisait ses heures de liberté pour le faire travailler à des tâches sommaires, indignes de capacités.
"Oui, Lénius, je me souviens un peu de lui, même si nous n'avons pas beaucoup discuté. Pour Alduis, je suppose que le fait d'être un guerrier, de s'exposer sans cesse au front, lors des campagnes, doit troubler son jugement de retour dans la vie civile. La sensation de péril, dans les rues, après avoir vécu des batailles, senti l'odeur du sang, je suppose que celle-ci doit être repoussée loi."
Il y avait aussi cette pression d'héritier qui pesait sur lui, celle que lui soumettait son père, que lui comprenait bien pour l'avoir enduré toute son enfance. Alexandre ne souhaitait toutefois pas évoquer devant Tristan les confidences entretenues avec son amant. Cela relevait de leur propre intimité. Comme s'il l'invitait entre dans leurs draps, entre eux. Il choisit d'orienter la conversation vers un autre sujet, quitte à la fermer, pour ne plus aborder le cas Alduis.
"Je ne devrais peut-être pas te retenir si longtemps. Tu es venu prier, non ? Et tu as sans doute un horaire à respecter."
Alexandre fit mine de commencer à s'éloigner, puis s'interrompit, revenant vers son ami.
"Sinon... Tu sais, Tristan, j'ai commencé à écrire un roman. sur les femmes. Sur la manière dont elles sont traitées par leurs pères et leurs maris. Sur les hypocrisies dont cette société se permet parfois. J'y travaille quand je viens ici. Mais à une heure de liberté chaque jour, je crains que cela me prenne une vie avant d'en venir à bout."
Le visage du jeune homme demeurait calme et stoïque mais intérieurement son âme bouillait. Il s'agaçait du retour de son maitre qui réduisait ses heures de liberté pour le faire travailler à des tâches sommaires, indignes de capacités.
Re: [9 décembre 1597] Attention à la marche ! ¤ ft. Alexandre [Terminé]
Une grimace traversa un instant le visage de Tristan à l'évocation des champs de bataille. Le sang, les morts, les charognes... Leur seule idée éveillait sa répulsion - aussi put-il imaginer à quel point on devait revenir abîmé de ces guerres. Même si leur motif lui demeurait bien flou - quoi ? agrandir un territoire qui allait pourtant bien ? avoir l'orgueil de penser aller civiliser les voisins ? aller se servir ? - il sut entrevoir l'égale souffrance d'un côté comme de l'autre des adversaire. La mort frappait au hasard sans tenir compte de la nationalité. Les séquelles marquaient également le Monbrinien et l'étranger. Il hocha gravement la tête.
-- Hm, ça explique des choses oui. Il... avait un peu l'air d'un revenant quand j'l'ai vu. C'comme si... il en était pas vraiment revenu, de ces combats et de tout ce sang que tu me dis.
Il haussa les épaules dans un "Ce n'est pas grave, ça peut attendre" quand Alexandre évoqua le recueillement pour lequel Tristan était en effet venu. D'autant que le sujet engagé aussitôt derrière par son ami l'enthousiasma aussitôt. Oh ! Alexandre ne perdait apparemment rien de son goût pour les histoires dont il avait déjà fait montre en plus d'une occasion. Le petit invalide se rappelait encore de ces contes qui les avaient un temps diverti de leurs angoisses, au fond des geôles du seigneur de Frenn. Puis dans le chariot des condamnés qui les avait ensuite amenés à Greeglocks.
-- Un roman, ah ouais ? Wow ! Oh ça m'étonne pas, en vrai : t'as un talent pour les histoires. Alors raconte ! C'est quoi l'intrigue ? s'enjouait-il aux thématiques soulevées par Alexandre pour son récit.
Le thème lui plaisait en effet, pour avoir été sauvé de l'Hôpital Général par trois nonnes itinérantes qui l'avaient adopté, puis élevé dans une vision bien particulière - et très libre - de la foi. Tristan n'oubliait pas non plus les injures entendues sur sa mère : elle aurait forcément fauta pour avoir enfanté d'un infirme. "C'est le péché qui t'a chié." qu'on avait craché un jour au petiot en chariote. Sans compter Madame Bellanger, victime elle aussi de tels racontars. Cela, Tristan ne pouvait pas l'oublier et cette pensée l'inclina à se montrer un peu indulgent avec cette femme, malgré la méchanceté sans fond dans laquelle elle s'était illustrée devant lui - et le mépris de classe dans lequel elle avait élevé Alexandre. Son esprit se tourna, enfin, vers les femmes libres et éclairées qu'étaient Irène, la Mère Suzanne, Bélyl ou encore Jeanne. Oui, il y aurait beaucoup à dire de la condition des femmes et le projet d'Alexandre ne le rendait que plus curieux.
-- Oh, y a... y a aussi des romans courts mais pas moins efficaces, réagit-il enfin, en maladroite tentative de consolation pour son ami alors qu'il redoutait de ne pas finir son projet en raison de son peu de temps libre. Une heure. En effet pas grand chose. Mais déjà une heure tout de même, par rapport à quantité d'autres esclaves dans des maisons n'autorisant nulle vacation, ou pire encore dans les mines ou les champs. Lui-même était parfaitement conscient de la chance inouïe qui fut la sienne, à servir Bélyl et Joseph qui lui laissaient une certaine liberté. Et puis, qui sait, ça va p'têtre changer pour toi dans l'av'nir. J'espère vraiment que tu pourras le concrétiser, ce livre ! Le maître t'laisse des feuilles ? Tu composes une partie dans ta tête ? 'Fin ça se passe comment ? demanda-t-il encore, tout curieux de l'activité littéraire d'Alexandre. Ah... Comme il a hâte de savoir lui aussi lire et écrire !
Re: [9 décembre 1597] Attention à la marche ! ¤ ft. Alexandre [Terminé]
Alexandre se satisfit de ne plus évoquer son nouvel amant avec l'ancien. Quelque part, cette conversation entre eux sur un sujet aussi intime le gênait. par ailleurs, s'étendre sur son projet littéraire serait une discussion bien plus joyeuse et stimulante. L'enthousiasme et les compliments des on ami sur son talent pour conter des histoires lui fit chaud au coeur. Il le remercia poliment, d'un sourire tendre, puis se décida à expliquer le contenu de son œuvre.
"Les prémices évoquent une jeune femme, seule héritière d'un domaine, orpheline de mère, et qui gère comme elle peut les ressources peu abondantes et un père qui creuse les dépenses en fréquentant un peu trop les bordels. Elle rencontrera peu après un jeune curé qui vient s'installer en ville et commence à ressentir à son endroit des sentiments... particuliers. Qu'elle ne comprend pas. Ce curé elle sont cependant bons envers le petit peuple et se croisent à diverses occasion. Peu à peu, une relation s'approfondit. Puis, un jour, un cousin éloigné arrive au domaine et le père annoncera à Florence que ce sera son époux et que sa fortune les sauvera. Elle n'a aucune envie mais comprend ne pas avoir le choix."
Le jeune homme marqua une pause puis reprit :
"Je compte dans ce passage illustrer tout ce que les femmes ne savent pas du mariage et surtout de la sexualité. Je ne cacherais rien de la nuit. Cela sera sûrement pénible à lire mais je veux montrer ce que les femmes endurent."
Il ajouta ensuite :
"Puis, Florence va malgré tout comprendre ses sentiments pour le curé mais il y aura une lutte intérieure. Désespérée. Qui ne peut que être perdue. Ils céderont à leurs ardeurs mais la pauvre sera découverte et alors envoyée au couvent pour cacher une grossesse et surtout la naissance d'un bâtard. De là, j'en profiterai pour illustrer les dérives que peuvent prendre la religion jusqu'au moment d'aborder le troisième tableau où Florence rencontrera un noble qui la délivrera de l'Enfer et lui permettra de gagner la capitale sous une nouvelle identité et de s'insérer dans une existence mondaine palpitante."
Cette dernière partie n'était pas encore bien travaillée. Alexandre s'acharnait pour le moment à composer les deux premiers tableaux et à transcrire de superbes scènes, fortes et riches. Il attendit les opinions de son ami puis sourit de son commentaire sur les romans courts.
"Oui, il y a d'excellents romans au format court mais j'ai toujours apprécié de lire les longues fresques. Et c'est dans ce format que l'on peut mieux développer ses idées il me semble. Pour ce qui est du maitre, non, il ne sait rien de mes intentions littéraires. Tout ce qu'il est au courant, c'est que je viens ici officiellement pour surveiller le père Thierry. Mais j'en profite également pour venir rédiger ce que j'ai pu élaborer dans ma tête le reste de la journée. Les avantages du ménage, c'est que ça laisse pas mal de place pour penser."
"Les prémices évoquent une jeune femme, seule héritière d'un domaine, orpheline de mère, et qui gère comme elle peut les ressources peu abondantes et un père qui creuse les dépenses en fréquentant un peu trop les bordels. Elle rencontrera peu après un jeune curé qui vient s'installer en ville et commence à ressentir à son endroit des sentiments... particuliers. Qu'elle ne comprend pas. Ce curé elle sont cependant bons envers le petit peuple et se croisent à diverses occasion. Peu à peu, une relation s'approfondit. Puis, un jour, un cousin éloigné arrive au domaine et le père annoncera à Florence que ce sera son époux et que sa fortune les sauvera. Elle n'a aucune envie mais comprend ne pas avoir le choix."
Le jeune homme marqua une pause puis reprit :
"Je compte dans ce passage illustrer tout ce que les femmes ne savent pas du mariage et surtout de la sexualité. Je ne cacherais rien de la nuit. Cela sera sûrement pénible à lire mais je veux montrer ce que les femmes endurent."
Il ajouta ensuite :
"Puis, Florence va malgré tout comprendre ses sentiments pour le curé mais il y aura une lutte intérieure. Désespérée. Qui ne peut que être perdue. Ils céderont à leurs ardeurs mais la pauvre sera découverte et alors envoyée au couvent pour cacher une grossesse et surtout la naissance d'un bâtard. De là, j'en profiterai pour illustrer les dérives que peuvent prendre la religion jusqu'au moment d'aborder le troisième tableau où Florence rencontrera un noble qui la délivrera de l'Enfer et lui permettra de gagner la capitale sous une nouvelle identité et de s'insérer dans une existence mondaine palpitante."
Cette dernière partie n'était pas encore bien travaillée. Alexandre s'acharnait pour le moment à composer les deux premiers tableaux et à transcrire de superbes scènes, fortes et riches. Il attendit les opinions de son ami puis sourit de son commentaire sur les romans courts.
"Oui, il y a d'excellents romans au format court mais j'ai toujours apprécié de lire les longues fresques. Et c'est dans ce format que l'on peut mieux développer ses idées il me semble. Pour ce qui est du maitre, non, il ne sait rien de mes intentions littéraires. Tout ce qu'il est au courant, c'est que je viens ici officiellement pour surveiller le père Thierry. Mais j'en profite également pour venir rédiger ce que j'ai pu élaborer dans ma tête le reste de la journée. Les avantages du ménage, c'est que ça laisse pas mal de place pour penser."
Re: [9 décembre 1597] Attention à la marche ! ¤ ft. Alexandre [Terminé]
Un poids tomba des épaules du garçon quand il comprit avoir rassuré son ami : non, sa rencontre avec Alduis ne les avait en rien mis en danger. Un peu plus de légèreté revint entre eux alors qu'Alexandre fut tout heureux de pouvoir partager la flamme qui l'animait pour ce beau projet d'écriture. Tristan écouta avec intérêt les grandes lignes de l'histoire. Un père débauché, un jeune prêtre sur la route de l'héroïne. La patte autobiographique était évidente. Il espérait toutefois que le personnage de ce prêtre serait un peu moins dévergondé que Thierry d'Anjou... à moins qu'Alexandre ne profite de cette occasion pour dénoncer ouvertement les ratés de l'Eglise ?
-- Oh, je vois. Un roman réaliste et sans concession, apprécia-t-il comme son ami promettait de ne rien celer de la dure réalité qu'auraient certaines scènes. Ta démarche est louable en tout cas. Et puis, si ça peut aussi faire réfléchir sur des règles comme le célibat des prêtres, ou sur l'éducation reçue dans les institutions...
Un doigt porté au coin de sa lèvre, il se fit plus songeur. Inquiet, même.
-- Tu penses qu'un tel texte aurait un jour des chances de paraître ? Ce que tu vas y raconter va... à l'encontre de beaucoup de trucs trop habituels et voulus par la loi. Et toi dans tout ça ? T'as pas peur que ça t'amène des problèmes ? Est-ce que tu le ferais circuler en cachette du coup ? Surtout quand on sait qui est notre maître...
Il ne s'étonna d'ailleurs pas que le Cardinal ne sache rien d'un tel projet. Grand merci ! Puis il acquiesça à propos du ménage : oui, l'esprit avait le loisir de considérer bien des choses pendant que le corps était comme tenu par la routine de mouvements mécaniques. Il paraissait que c'était aussi pour cela que des cultes appréciaient des cérémonies très codifiées et ritualisées : loin d'emprisonner l'âme, elle pouvait trouver par ce cadre formel de quoi se détacher du corps et aller où bon lui semblait.
Re: [9 décembre 1597] Attention à la marche ! ¤ ft. Alexandre [Terminé]
Alexandre avait tout oublié de ses inquiétudes pour disserter bien plus librement de son projet littéraire. S'il pouvait être terriblement bavard en temps ordinaire, il devenait là intarissable. L'apprenti écrivain aurait pu discuter durant des heures du sujet. Le jeune homme s'obligea cependant à rester calmer et à ne pas fournir trop de détails afin de ne pas noyer son ami. Il écouta ensuite ses opinions et sourit de ses compliments.
"Oh, merci ! Je suis content que les idées te plaisent. Oui, il y a des choses, beaucoup de choses, à dénoncer sur la manière dont les femmes sont traitées."
Il marqua un petit temps, puis ajouta :
"Mais l'idée est aussi de démontrer que la religion est une bonne chose. Qu'elle peut apporter beaucoup de bienfaits. Si la romance entre Florence et le curé peut évoquer l'histoire de mes parents, ce curé ne ressemblera en rien à mon père. Ce sera un homme bon, solide.. Il représentera les idéaux que je considère comme importantes pour l'Eglise. D'ailleurs..."
Le teint du jeune homme rosit un peu d'avouer la suite de son propos.
"Il se nommera... Tristan. C'est à la fois un gommage et littérairement c'est un beau symbole. Cela renvoie à l'histoire impossible mas intemporelle de Tristan et Iseult. "
alexandre baissa la tête, légèrement gêné par la réaction qu'aurait son ami. En serait-il flatté ? Ou ennuyé ? Il se redressa en entendant Tristan aborder la question de la publication. Ce serait effectivement difficile. Pourtant, les sujets plairaient et s'arracheraient. Les thèmes qui allaient à contre-courant, qui sentaient le soufre, cela piquait la curiosité. Une autre difficulté venait de son statut d'esclave. Pourrait-il passer outre ? Peut-être... Après tout, il avait quelques appuis dans la noblesse. Un petit sourire insolent se dessina sur son visage.
"Le maître ne le saura pas. Du moins, pas tout de suite. Du reste, j'ai quelqu'un dans mes relations qui aurait lui assez de poids pour faire publier ce roman lorsque celui-ci écrit."
Un roman sulfureux, remplis d'idées révolutionnaires, sans concessions pour certaines mœurs agaçantes, rédigé par un simple esclave. Le postulat même fascinait Alexandre. Il démonterait au tout et à chacun l'étendue de ses compétences. Oui, il le ferait. Oui, il réussirait. Dans quelques années, son nom serait peut-être célèbres et sur toutes les lèvres.
"Oh, merci ! Je suis content que les idées te plaisent. Oui, il y a des choses, beaucoup de choses, à dénoncer sur la manière dont les femmes sont traitées."
Il marqua un petit temps, puis ajouta :
"Mais l'idée est aussi de démontrer que la religion est une bonne chose. Qu'elle peut apporter beaucoup de bienfaits. Si la romance entre Florence et le curé peut évoquer l'histoire de mes parents, ce curé ne ressemblera en rien à mon père. Ce sera un homme bon, solide.. Il représentera les idéaux que je considère comme importantes pour l'Eglise. D'ailleurs..."
Le teint du jeune homme rosit un peu d'avouer la suite de son propos.
"Il se nommera... Tristan. C'est à la fois un gommage et littérairement c'est un beau symbole. Cela renvoie à l'histoire impossible mas intemporelle de Tristan et Iseult. "
alexandre baissa la tête, légèrement gêné par la réaction qu'aurait son ami. En serait-il flatté ? Ou ennuyé ? Il se redressa en entendant Tristan aborder la question de la publication. Ce serait effectivement difficile. Pourtant, les sujets plairaient et s'arracheraient. Les thèmes qui allaient à contre-courant, qui sentaient le soufre, cela piquait la curiosité. Une autre difficulté venait de son statut d'esclave. Pourrait-il passer outre ? Peut-être... Après tout, il avait quelques appuis dans la noblesse. Un petit sourire insolent se dessina sur son visage.
"Le maître ne le saura pas. Du moins, pas tout de suite. Du reste, j'ai quelqu'un dans mes relations qui aurait lui assez de poids pour faire publier ce roman lorsque celui-ci écrit."
Un roman sulfureux, remplis d'idées révolutionnaires, sans concessions pour certaines mœurs agaçantes, rédigé par un simple esclave. Le postulat même fascinait Alexandre. Il démonterait au tout et à chacun l'étendue de ses compétences. Oui, il le ferait. Oui, il réussirait. Dans quelques années, son nom serait peut-être célèbres et sur toutes les lèvres.
Re: [9 décembre 1597] Attention à la marche ! ¤ ft. Alexandre [Terminé]
-- Bien sûr c'est vrai, acquiesça-t-il quant à la religion : comme beaucoup d'choses elle peut faire bien ou souffrir. Faut juste qu'elle serve les bons rapports entre les gens, pas que les gens soient ses esclaves. Qu'elle évolue avec la société aussi, et regarde surtout notre vie à nous tous seuls sans qu'on veuille l'imposer avec de la violence.
Il se mordilla la joue. C'est ce qu'avait longtemps fait leur maître. Peut-être qu'un jour il évoluerait enfin ? Au contact d'une sœur comme Irène. Tristan accompagna sa pensée d'une anecdote qui lui revint, avec le sourire :
-- La mère Suzanne, elle m'a expliqué d'ailleurs que "religion", ça vient de RELIGEO, et qu'ça veut dire relier. J'trouve ça joli. Et une bonne piste de réflexion : relier et pas faire du mal, diviser ou dominer... (Il rosit soudain au nom qu'Alexandre prévoyait de donner à son héros) Oh ! Oh... Comment c'est gentil ! J'suis... très touché. (Il eut même un petit rire gêné.) Oui, Bélyl m'a raconté, pour Tristan et Iseult. C't'un joli écho. J'espère vraiment de tout cœur qu'un jour, tu pourras les trouver, les bons appuis pour faire circuler ton récit. Et à ce moment là, quand j'saurai lire, promis que j'serai un des premiers à découvrir ton roman.
Et d'ailleurs, Alexandre lui confirmait disposer de bonnes relations susceptibles de l'aider à une publication. C'était heureux ! Tristan s'en réjouit. D'autres fidèles firent alors leur entrée dans l'édifice et allaient se diriger vers l'autel non loin duquel se trouvait le duo. Il allait sûrement falloir en rester là que toutes ces nouvelles un peu trop personnelles... Et puis le jeune infirme ne devait pas trop traîner non plus. Il venait seulement méditer un petit temps avant de devoir retrouver Mademoiselle Bélyl et Joseph.
-- J'suis vraiment content de tout ça pour toi, Alexandre. J'espère qu'un jour tu l'auras, tout le temps nécessaire pour ton livre, et que... qui sait... l'avenir te réservera de belles surprises. (Il resta très évasif afin de ne pas cibler des espoirs trop précis et risquer ensuite d'être tous les deux déçus : leur affranchissement, par exemple. Tant pis, pour l'instant il valait mieux composer au mieux avec leur situation certes servile, mais pas non plus à pleurer.) Et encore merci, pour la rampe ! A toi et au Monsieur qui l'a mise !
Après un large sourire et une dernière petite accolade à l'épaule de son ami, Tristan empoignera les roues de sa chariote pour esquisser un demi-tour. Son roman, son nouvel amoureux... Alexandre prenait vraiment un nouveau départ ! Et il ne manquerait pas d'en suivre les futurs itinéraires.
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