[21 décembre 1597] - Marché conclu [terminé]
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Le cocher ouvrit la porte, Coldris s’installa et attendit qu’Alexandre en fasse de même. Il aurait pu l’aider. S’il n’avait pas été si insolent, il l’aurait sans doute fait. La porte se referma sur eux, les roues grincèrent et la voiture se mit en branle cahotant sur les pavés qui devaient les ramener à Fromart. Le vicomte conserva un silence de plomb plusieurs minutes durant.
Son esprit repassait en revue sa visite et ordonnait les différents éléments découverts en attendant de pouvoir les analyser un peu plus tard. Lorsqu’enfin il eût terminé, il passa au problème suivant en reportant son attention sur sa nouvelle propriété.
- Tu seras affecté à la gestion de ma bibliothèque. J’ai besoin qu’elle soit inventoriée, ordonnée et enrichie. Puisque tu travaillais dans une librairie, je te laisserai me faire tes suggestions. Est-ce clair ?
Il attendit un instant et reprit
- Bien, passons au point suivant. J’attends de toi un comportement exemplaire, comme chaque membre de mon domaine. Loyauté, obéissance, discrétion. Ne t’imagines pas avoir le moindre de traitement faveur parce que tu baises mon fils. Il le balaya du regard Le moindre écart sera impitoyablement sanctionné. puis ses prunelles sérac se plantèrent dans les siennes dernière chose : il n’est pas question que je sois témoin de vos relations contre nature. Compris ? Des questions ?
Les bras posées sur ses cuisses, il attendait ses éventuelles remarques.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [21 décembre 1597] - Marché conclu [terminé]
Lorsque son nouveau maître prit la parole pour lui énoncer ce que seraient les tâches attribués, il esquissa un sourire de contentement au plaisir de retrouver le contact avec les livres. Enfin, un travail à la mérite de ses compétences ! Son visage trahit ensuite une surprise véritable de l'entendre annoncer qu'il serait invité à émettre des suggestions sur les prochains achats.
"Je.. Je serais réellement libre de vous faire des recommandations, maitre ?"
On ne l'avait encore jamais laissé réaliser la moindre initiative. A part celles qu'il prenait pour contenir les frasques de son père. Le libraire Bellanger, lui, était soucieux de tout gérer et lui laissait faire que les besognes de rangement de classement, avec heureusement l'accueil aux clients. Saurait-il se montrer digne de la confiance que son nouveau maitre lui accordait ? Il bégaya une réponse émue :
"Je.. je m'efforcerais d'être digne de votre confiance, maître."
Alexandre se ressaisit pour contenir son émotion et écouta la suite des instructions. Il opina de la tête.
"Je comprends, maitre, et vous pouvez me faire confiance sur ce point. Je n'ai jamais aimé l'exposition sentimentale dans les mieux publics."
Son esprit eut alors le souvenir de son amant qui se déshabillait au beau milieu du port et il grimaça.
"J'espère seulement que votre fils se montrera... coopératif. Il est.. Il peut être imprévisible."
Re: [21 décembre 1597] - Marché conclu [terminé]
Coldris expliquait à Alexandre ce qu’il attendait lui. Il avait toujours considéré qu’il fallait placer ses employés là où leurs compétences seraient les mieux exploitées. Il avait un certain don pour identifier les points forts de chacun et celui de sa nouvelle recrue était évident et connu depuis fort longtemps de sa personne. C’était donc tout naturellement qu’il lui avait cédé cette place à la bibliothèque. Il semblait d’ailleurs heureux de l’apprendre. Heureux et surpris.
- Je n’ai pas pour habitude de faire dans la fausse politesse. Tu devrais le savoir depuis le temps que tu me connais.
Il savait bien que seul l’étonnement lui avait fait prononcer cette question insensée et le sentir si ému de cette marque de confiance - si faible soit-elle – le toucha autant qu’elle l’interrogea. Il n’avait cependant pas envie de creuser le sujet. Il le savait aussi bavard que son père et l’avait assez entendu pour la journée. Il se contenta donc d’un hochement silencieux de la tête en guise de réponse et passa à la suite, ravi que les choses soient limpides sur ce point également. Il le vit grimacer puis compléter ses propos. Coldris poussa un profond soupir.
- Cela m’est parfaitement égal. Si tu es présent, tu es tout aussi responsable que lui.
Imprévisible, il pouvait l’être, mais ce n’était pas son problème. Il n’aurait qu’à le repousser s’il fallait. Fromart n’était plus bien loin lorsqu’il ajouta.
- Inutile de préciser que cela s’applique également au domaine public. Je ne tiens pas à passer mes journées à la Prévôté.
Si Coldris avait récupéré Alexandre, c'était justement pour que cela se passe sous son toit plutôt qu'aux yeux de tous. Il pouvait bien être répugné par cette simple idée, c'était encore la meilleure chose à faire pour la garder un tant soit peu sous contrôle. Avoir Alexandre, c'était aussi le meilleur levier pour maitriser son fils. S'il pouvait parfois se montrer idiot, il avait sans doute déjà dû réaliser les immenses avantages que venaient de lui procurer sa nouvelle position.
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Re: [21 décembre 1597] - Marché conclu [terminé]
Par la fenêtre, Alexandre remarqua le château de Fromart qui se profilait au loin. Ils étaient presque arrivés. Bientôt, il reverrait Alduis et pourrait le rassurer. Lui montrer que tout allait bien. Que la chandelle brûlait doucement et dissipait les ténèbres. Il tourna la tête vers son maître pour entendre ses nouvelles consignes et grimaça à l'évocation d'un nouveau séjour à la prévôté.
"Croyez-moi, maître, je n'ai pas plus envie que vous de retourner là-bas."
Le jeune homme se sentait de plus en plus embarrassé par ces odeurs pestilentielles qui se dégageaient de sa personne. Quatre longues journées sans se laver, en devant se soulager à même le sol, dans des conditions épouvantables, il puait. Littéralement. Même les cadavres d'animaux devaient avoir une senteur meilleur que la sienne présentement. Il éprouvait l'envie de se laver mais à Fromart pourrait-il aller n'importe où ? N'aurait-il pas accès à quelques quartiers seulement ?
"Maître ? Serais-je restreint dans le domaine à quelques secteurs précis ou je serais libre d'y circuler librement ? Et.. euh, est-ce que je oyrrais disposer de nouveaux vêtements ? Cette tenue, je crains que le meilleur à faire avec est de la brûler plutôt qu'une personne s'acharne à essayer de la laver."
Re: [21 décembre 1597] - Marché conclu [terminé]
Alexandre ne paraissait pas enthousiasmer à l’idée de retourner à la Prévôté, pourtant il paraissait qu’il était un client régulier des lieux. Coldris esquissa un sourire en coin.
- Vraiment? Il parait pourtant que tu aimes à y retourner régulièrement. On pourrait croire que les lieux te manquent. Si tu es pris de nostalgie, tu pourras toujours dormir dans les cachots si tu le désires railla-t-il sans pouvoir sans empêcher.
Le silence s’étira un instant lorsqu’Alexandre le rompit pour l’interroger sur des questions purement logistiques qu’il avait pour habitude de laisser à Léonilde ainsi qu’à son Intendant. Il acquiesça cependant.
- Tu es libre de circuler dans le domaine à l’exception de mon bureau si je ne m’y trouve pas. Léonilde est l’autorité référente en mon absence, et l’intendant celle de mon valet en son absence. Ils s’occuperont de ce genre de détails, tu seras vêtu convenablement et tu pourras te laver en arrivant. Quant à ta tenue, eh bien tu n’auras que lui faire un bûcher.
Il étouffa un petit rire alors qu’il franchissait les grilles ornées des armoiries de sa maison.
- Avant que je n’oublie, tu auras également pour charge de surveiller mon petit-fils en l’absence de sa mère. Il sait être facétieux, méfie-toi.
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Re: [21 décembre 1597] - Marché conclu [terminé]
"J'aimerais malgré tout ne pas renouveler l'expérience. Par ailleurs, si je dormirais à présent dans des conditions spartiates, ce sera sans nul doute dans votre bibliothèque, car j'aurai découvert un livre captivant."
Le silence s'installa peu après et le jeune homme médita sur les ouvrages qui se trouvaient dans la bibliothèque de son maître. Il exclut d'emblée les livres religieux. S'il y en avait eu un jour à Fromart, le père ou le fils avait dû réaliser un bûcher avec. Alexandre rit intérieurement de son mauvais choix de mots. Un bûcher... Comme celui qui aurait pu engloutir. Ou qui engloutirait dans quelques jours Hyriel. Une pensée lui vint pour son compagnon de cellule cynique. Peu importait ses crimes, personne ne méritait de mourir de manière aussi atroce. La pendaison, quand les manquements à loi étaient prouvées et bien établies, cela s'avérait plus sobre et plus humain. Un léger frisson l'envahit lorsque sa mémoire lui rappela avoir frôlé quelques mois la corde. Sauf que la justice était bien faite et avait reconnu que les faits contre lui ne méritaient pas une telle sanction. Si le guérisseur avait été honnête et vertueux, lui aussi échapperait à la peine capitale.
Ils approchaient de Fromart quand Alexandre interrogea son maître sur des questions de logistiques. il opina la tête à ces réponses. Ne pas s'approcher du bureau sans que le ministre n'y soit. Autrement liberté totale de mouvement. Il nota le nom de l'intendant et se garda en mémoire de se présenter à cet homme dès que l'occasion se présentera. La dernière phrase lui arracha un rire, dépourvu de moquerie, amusé par cette plaisanterie quia avait jailli un peu plus tôt dans son esprit.
"Un bûcher pour ma tunique ? Cela est cocasse, maître. en réfléchissant aux ouvrages que contenait votre bibliothèque, je songeais quez je n'y trouverais sans doute pas de livres religieux, comme chez mon précédent maître. Ou que s'il y en avait eu un jour vous aviez dû organiser avec un bûcher. Il semble que nos esprits se soient rejoints sans se concerter."
Il arborait un sourire sincère, puis tourna la tête pour apercevoir la voiture pénétrer dans la cour du château. Son coeur tambourina. Alduis... Il allait bientôt le revoir. Alexandre entendit soudain une nouvelle consigne et son visage s'illumina de ce qui lui était proposé.
'Oh, je serais ravi de m'en occuper, oui. Il se nomme Adéis, si je me souviens bien, n'est-ce pas, t il doit avoir quatre ans ? Oui, je me rappelle maintenant : il en aura cinq en Mars prochain.
En son for intérieur, Alexandre imagina déjà quelques activités à laquelle il pourrait occuper un aussi jeune enfant. Peut-être du dessin ? Ou si son esprit se montrait assez curieux il pourrait lui apprendre les lettres et lui enseigner l'écriture de quelques mots. Et ils joueraient, bien sûr. Cela serait certainement très amusant. Pour tous les deux.
Re: [21 décembre 1597] - Marché conclu [terminé]
Coldris esquissa un sourire à la mention des livres intéressant de sa bibliothèque. Il n’en dirait guère plus mais il ne doutait pas que celle-ci ne l’étonne à un plus d’un titre. Il doutait même que certains ouvrages aient jamais franchi le seuil de la librairie familiale. En revanche, Alexandre avait tort concernant la religion et il le corrigea aussitôt en secouant sévèrement la tête.
- Je ne crois pas en Dieu mais cela ne m’empêche pas de posséder des essais théologiques qu’ils soient chrétiens ou non. Ne pas adhérer à des idées, ne signifie pas garder des ses yeux clos. Le savoir, c’est le pouvoir. Et il est toujours bon à prendre.
Il ne restait à déterminer que lequel de ces deux là était concerné. Les deux, aurait sans doute répondu Coldris qui n’avait jamais manqué d’avidité face à la culture et au pouvoir.
- Quant à les brûler, eh bien il paraît qu’il n’y a que les sauvages pour ne pas respecter les livres.
Et encore une fois, on en tirerait les conclusions que l’on souhaiterait. Comme la voiture passait les grilles, le maître des lieux l'informa de son autre tâche qui lui était échu : s’occuper d’Adéis. Il fut d’ailleurs ravi de lire cette enthousiasme peindre son visage lorsqu’il évoqua son petit-fils qu’il aimait autant que ses propres enfants.
- En effet, je vois que tu es bien informé. Ne te laisse pas trop attendrir par sa bouille de chérubin flamboyant.
Conseil qu’il n’appliquait lui-même pour ainsi dire… Jamais. Comment résister à ce petit garçon plein d’entrain ? Il était avec lui ce qu’il n’avait été avec aucun de ses fils : bienveillant, plein d’affection et presque paternel. A croire qu’il essayait de corriger ses manquements avec son petit-fils. Malgré tout, il se doutait bien que derrière cette apparente jovialité, se cacher un petit cœur fêlé depuis que Démétrius était revenu brisé du front mornoyen.
- Pas un mot sur son père. ajouta-t-il alors que le voiture s’arrêtait.
Le cocher ouvrit la portière, Valmar sauta à terre attendant, stoïque, le seigneur qui descendit les quelques marches, suivi par son nouvel esclave.
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Re: [21 décembre 1597] - Marché conclu [terminé]
Le savoir était le pouvoir.
Les dernières paroles de Coldris le firent légèrement frissonner. Il ne savait trop en penser mais Alexandre avait pour principe que le savoir ouvrait des portes. Le savoir permettait d'appréhender au mieux le monde et se forger une réalité précise des choses. Il élevait les âmes et leur permettait d'accomplir leurs desseins.
Oui, le savoir était important. Très important.
La répartie suivante lui provoqua un rire sans joie, douloureux même, à se souvenir de ce que sa mère lui disait parfois. Que les inquisiteurs brûlaient des ouvrages hérétiques, contre les bonnes pratiques de l'églises, en place publique et que cela se nommait un autodafé. Aussi loi qu'Alexandre s'en rappelle, il avait toujours été choqué de cette pratique. Détruire des livres qui pouvaient enseigner tant de choses... Non, cela le révoltait. Mais par souci de ne pas contrarier sa mère, il s'était tu et mis un mouchoir sur ces émotions.
Le trajet se poursuivit et la conversation reprit pour évoquer la possibilité de surveiller le petit Adéis. Alexandre s'enthousiasmait de ces rencontres avec l'enfant tout en songeant que ce serait certainement difficile de lui imposer une quelconque autorité. Au pire, ce ne serait pas si grave. Sa mère serait déjà ravie de voir son fils s'amuser en son absence. Il sortit de ces pensées heureuses et s'attrista au rappel du père du petit garçon. Il avait entendu que celui-ci était revenu blessé de la guerre, en mauvaise état, et comprenait naturellement que cela devait être pénible pour un âge aussi candide.
"Oui, je comprends, mâitre. Je lui parlerais que de belles choses, ne vous inquiétez pas.
Peu après, la voiture s'arrêta et le cocher vint ouvrir la porte. Le garde du corps descendit en premier pour précéder le ministre. Alexandre reprit ses béquilles, sentant son corps un peu plus reposé, et sortit à son tour. En bas du marchepied, le jeune homme contempla le château de Fromart depuis le milieu de sa cour intérieure et se rappela de la seule fois où il s'était rendu en ces lieux. Cette journée singulière où tout avait changé pour Alduis et lui. Son regard contempla avec une nostalgie heureuse les pierres puis s'arrêta à un anneau près de l'escalier, là om on attachait les chevaux des visiteurs. Son coeur se sera. Il avait laissé là Théo à cette époque. Théo... Qu'était-il arrivé à sa mule depuis son arrestation ? Quelqu'un avait-il songé à la nourrir ? Il n'y avait que lui pour y veiller. Il revint rapidement vers Coldris.
"Maître... Je ne sais si vous êtes déjà informé mais je possède une mule, que mon père m'a offerte. Est-il possible d'envoyer quelqu'un la chercher ? J'ai peur qu'elle ait été oublié depuis mon arrestation."
Le dos tourné, Alexandre fixait le ministre, sans prêter attention aux escaliers qui donnaient vers l'entrée et à une ombre familière qui venait d'y apparaître.
Re: [21 décembre 1597] - Marché conclu [terminé]
Les regards surpris des domestiques qu’il croisait le suivaient mais rien ne semblait pouvoir l’arrêter. Il avait beau essayé de paraître occupé, c’était clair et net : il était comme un lion en cage qui attendait. Et qui tournait, tournait, tournait en rond.
Il avait essayé de manger un peu. Sans succès. Non pas qu’il n’avait pas faim, pour une fois, mais il était trop impatient pour avoir envie de s’asseoir. Alors il marchait. Il se perdait dans les couloirs. En essayant de ne pas regarder l’heure. En essayant de ne pas regarder sans cesse la cour. Mais sans cesse, ses yeux se relevaient et constataient l’absence de voiture. Et il devait se résoudre à attendre de nouveau.
C’était long.
Immensément long.
Il avait fini par descendre aux écuries. Courage était de meilleure compagnie que le tic tac beaucoup trop régulier du temps qui passait. Il lui avait même apporté une pomme, qu’il lui avait offert et dont elle s’était régalée, sur sa paume tendue. Avant qu’elle ne cherche à voir s’il en avait d’autres et qu’il la laisse constater qu’il ne cachait rien sous ses vêtements.
Cela l’avait occupé le temps qu’il avait fallu. Un temps qu’il avait passé à lui parler, assis à crue sur son dos, penché par dessus son encolure, le visage dans sa crinière brune, en lui gratouillant le poitrail. Mais le temps avait fini par lui paraître long, ici aussi. Il était entré de nouveau, mais était resté près de l’entrée. Pour guetter. Il n’attendait qu’une chose, et elle seule pourrait vraiment mettre fin à cet ennui indescriptible : le retour de Coldris. Et les nouvelles qui allaient avec.
Combien de temps encore ?
Visiblement peu, puisque quelques instants, une voiture entrait dans la cour. Il se dressa d’un coup. Coldris descendit. Mais une autre silhouette se profila. C’était encore mieux que ce qu’il avait espéré. Et cela valait toute l’attente du monde. Alexandre se tenait juste là, à contempler le château. Libre. Et ici, à Fromart. Il se tourna vers Coldris.
Alduis, sans réfléchir, - même s’il pensa tout de même à vérifier que personne d’autre que Valmar et Coldris ne traînaient aux environs - descendit les marches à toute allure.
Et avant de lui laisser le temps de comprendre, comme s’il avait besoin de se prouver qu’il était bel et bien de nouveau là, Alduis embrassa Alexandre.
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Re: [21 décembre 1597] - Marché conclu [terminé]
"Non, oubliez ce que je viens de dire. Je trouverais moyen, si vous me laissez sortir d'aller la récupérer seul."
Sur ces paroles, le jeune homme sentit brusquement des bras fougueux l'enlacer et le retourner. Une bouche avide recouvrait la sienne et l'embrassait. Son corps reconnaissait avec délice ces merveilleuses sensations et il s'abandonna pleinement à ce baiser. Ses mains se nouèrent autour de la nuque de son amant et en caressèrent la peau. Comme cela était bon ! Comme cela était exquis ! Après des jours de solitude, d'angoisse et de malaise, Alexandre revivait enfin.
Lorsque leurs lèvres se séparèrent, Alexande s'écarta un peu, restant cependant les bras d'Alduis, et lui sourit.
"Tu vois, Alduis, même dans les situations qui sont désespérées, il faut croire en cette faible chandelle. Si on croit que tout ira bien, rien de mal n'arrive."
Il s'apprêta à l'embrasser de nouveau lorsque ses yeux se posèrent sur la façade du château. En particulier, l'emblème du taureau qui trônait au sommet de la grande porte d'entrée. Son corps se raidit et un malaise naquit devant la contemplation des armoiries des Fromart. Il se rappela des consignes entendues dans la voiture, durant le trajet : rester discret sur leur relation et surtout ne rien montrer devant Coldris. Il s'y était pourtant engagé et souhaitait sincèrement respecter cela. Pas parce que cela avait été un ordre donné par son maître. Non, car il trouvait cela parfaitement gênant de surprendre l'intimité d'un couple. Il y avait une certaine décence à observer et le jeune homme se trouvait mortifié de l'avoir oublié.
Malgré son envie de ne pas lâcher son amant, Alexandre s'éloigna d'un bon mère, cruellement blessé de devoir maintenir cette distance. Il murmura, honteux, au supplice :
"Il ne faut pas s'embrasser comme ça, en public, Alduis. Pas parce que nous sommes... Simplement, cela se révèle inconvenant d'exposer des moments intimes devant des personnes. Même celles de notre entourage proche."
Il se tourna, de plus en plus nerveux, vers Coldris, ayant du mal à le regarder, redoutant une colère ou une première punition. Après tout, en moins de cinq minute, il devait sous ses yeux de désobéir à ses instructions. Le jeune homme n'osait cependant rien dire, se rappelant que le ministre détestait les paroles inutiles. Entendre des justifications ne ferait que l'énerver davantage. Même ses excuses habitudes, son fameux désolé, resta cadenassé en lui.
Re: [21 décembre 1597] - Marché conclu [terminé]
Mais maintenant, maintenant seulement, Alduis pouvait enfin espérer et laisser se déverser cet émoi qu'il avait étouffé impitoyablement. Il se fichait pas mal du regard de son père et de celui de Valmar. Plus rien d'autre ne comptait, sinon Alexandre. Alexandre et ses lèvres. Alexandre et ses mains qui caressaient sa nuque.
Ils finirent par devoir se séparer. Parce qu'un baiser ne pouvait décemment pas durer toute la vie. Même si... Même si c'était là une idée drôlement tentante ! Au moins, elle aurait paru plus agréable, sans aucun doute. Des heures passées dans les bras d'Alexandre. Certainement une des dernières choses qui lui donnaient un peu envie de questionner. Rien que pour pouvoir revivre une telle chose, il était heureux de ne pas avoir sauter deux jours plus tôt. Même s'il finirait par regretter ce manque de volonté. Il le savait par expérience.
Cette faible chandelle... Alexandre oubliait une chose. Une chandelle fondait et était vouée, avant de commencer à brûler, à disparaître. Comment pouvait-on, alors, oser s'appuyer sur son soutien puisqu'on pouvait en être privé à tout moment ? Mais il ne lui fit pas part de ces réflexions. Ce n'était pas le moment et puis...
... et puis, Alexandre venait de reculer. D'un mètre. Si proche, et pourtant, subitement si loin. En un rien de temps, Alduis eut l'impression qu'il était inaccessible. Encore plus inaccessible que dans sa prison.
— Il ne faut pas s'embrasser comme ça, en public, Alduis.
Qu'est-ce que ça voulait dire, au juste ? Il avait bien vu son père qui avait détourné les yeux, dégoûté. Et rien que pour le provoquer, il aurait aimé pouvoir continuer à embrasser Alexandre. Parce que quoi qu'en dise ce dernier, son père n'aurait jamais réagi ainsi s'il y avait eu un A à la fin de son prénom, plutôt qu'un E. Quelle différence, au fond ? Une simple lettre. Et moins de formes. Mais c'était aussi bien comme ça, Alduis préférait.
Il hésita une seconde. Puis fit un pas en arrière. Sans prononcer un mot. Pourtant, il ne pouvait se détacher totalement de ce sentiment d'injustice. Pourquoi ? Pensaient-ils, tous, qu'il avait envie, qu'il était capable, de faire semblant quand il ne vivait depuis des jours que par la perspective de l'embrasser ? Ils n'avaient pas le droit de l'en priver. Ils n'avaient pas le droit de le lui reprocher.
Pas alors qu'il n'y aurait eu aucune conséquence si ça avait été une femme. Au mieux quelques ragôts. Il serra les poings.
Il n'avait pas choisi.
Il avait même essayé, de toutes ses forces, de changer.
On ne pouvait pas lui en vouloir pour cela. Qu'en savait-il, Coldris, de ce que ça faisait d'aimer tout en sachant pertinemment qu'on en avait pas le droit ? Alduis aurait volontiers donné sa place. Il aurait volontiers aimé ressentir quelque désir pour les poitrines plus rebondies.
Néanmoins, une chose passait avant tout le reste. L'honneur. Les promesses. Coldris avait tenu la sienne. Et Alduis n'oubliait pas celle qu'il avait faite en échange de la vie d'Alexandre. Il claqua ses talons l'un contre l'autre, un peu raidement, en guise de remerciement.
— Je n'oublie pas, conclut-il.
Et il pivota sur ses talons pour faire demi-tour. Il avait compris le message.
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Re: [21 décembre 1597] - Marché conclu [terminé]
À peine allait-il répondre à Alexandre au sujet de sa mule que celui-ci se reprit pour se corriger. Coldris acquiesça.
– Tu pourras retourner la récupérer quand tu le souhaiteras.
Il eut à peine le temps d’achever sa phrase qu’Alduis embrassait à pleine bouche son amant. Devant ses yeux. Qu’il détourna aussitôt. Répugnant. Écœurant. Dégoutant. Ne pouvait-il pas avoir un minimum de tenue ? Même lui ne se serait pas laissé aller à se donner en spectacle. Il serra les mâchoires sans rien dire de cette effusion qui lui donnait la nausée avant de poser un regard sévère sur Alexandre. L’un de ceux qui disaient « Souviens-toi. ». Il n’y aurait pas de seconde fois.
Il fut cependant satisfait de voir que le message était bien passé et qu’il reprenait une place somme toute plus convenable. Il le fut en revanche nettement moins de l’attitude de son fils. C’était tout ? C’était tout ce qu’il trouvait à dire et à faire ? Qu’est-ce qu’il n’oubliait pas ? Sa promesse ou le garrot serré sur cette hémorragie de sentiments ? Coldris émit un grognement sourd. C’était tout ? Il lui rapportait sa petite chienne boiteuse et il n’articulait pas même un simple « merci » ? Il aurait mieux fait de jeter celui-ci dans une ruelle fangeuse et de sortir le sorcier de son trou à rat qui sentait déjà l’odeur âcre de la fumée.
– Toujours aussi ingrat. lâcha-t-il glacialement avant de disparaitre.
Lui non plus n’oublierait. Oh non.
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Re: [21 décembre 1597] - Marché conclu [terminé]
Le jeune homme percevait la tension qui existait entre le père et le fils. Tous deux s'enfermaient dans leurs positions et leurs ressentiments. Il se sentait terriblement mal et, même s'il l'avait voulu, n'aurait pu dire un mot. La froideur de l'un et la colère de l'autre le rendait muet.
Lorsque les deux s'éloignèrent, Alexandre resta un temps confus, inerte, ayant du mal à retrouver sa mobilité et le flux de ses pensées. Le jeune homme finit par se reprendre et par s'élancer à la poursuite de son amant. Du moins comme ses jambes le lui permirent. Il monta difficilement l'escalier qui menait à l'entrée et dut marquer une pause toutes les deux marches. Quelle plaie que ce corps faible ! Une fois dans le hall désert, face à un grand escalier de marche et des couloirs, Alexandre hésita. Par où passer ? Où Alduis avait-il disparu ? Un domestique nettoyait le sol et il le héla pour lui demander s'il avait aperçu le fils Fromart. Le serviteur confirma et indiqua l'étage. Alexandre soupira. Et encore un escalier à monter ! Pourquoi Monbrina ne se plaisait-elle pas à construire de grandes villas, à plat, comme les Romains le faisaient ?
Alexandre remontait à présent un couloir et découvrit son amant, adossé contre un mur, las, qui semblait marmonner des paroles. La vision le peina. Il s'avança lentement, les jambes de plus en plus faibles, et murmura :
"Alduis, je suis désolé pour tout à l'heure."
Il baissa les yeux, honteux d'avoir dû le repousser.
"Mais je n'ai pas eu le choix. Nous avons eu de la chance : ton père m'a racheté au cardinal. Je vais rester ici, à Fromart, et il m'a même donné comme attribution de gérer sa bibliothèque. C'est la meilleure opportunité qui me soit arrivée depuis... longtemps. Mais il m'a aussi donné comme consigne de ne jamais exposer notre couple sous ses yeux. De te repousser même si cela devait être nécessaire. Et tout à l'heure, il était derrière moi. Je ne pouvais faire autrement."
Alexandre osa enfin relever les yeux, penaud.
"Tu... tu m'en veux, Alduis ?"
Re: [21 décembre 1597] - Marché conclu [terminé]
Et aussi et surtout, contre la vie. Elle, qui était injuste. Elle, qui aimait tirer les plus douloureuses ficelles pour rappeler sa valeur, même quand vous la détestiez. Certes, on le lui aurait dit. Il n’était pas le seul à subir ces injustices. Mais quoi ? Il n’avait qu’à se taire ? Il n’en avait pas envie. Tant pis si on venait lui dire ensuite qu’il aboyait trop fort. Au moins, ce serait justifié, et il saurait pourquoi.
Il ne remercia pas son père. Il avait pourtant eu l’intention de le faire. Mais l’idée venait de fondre comme neige au soleil. Il n’en avait plus envie. Et cela même s’il n’oubliait pas la promesse de se tenir à carreaux. En attendant la remarque acide de son père dans son dos, il tourna les talons et rentra. Il manqua de bousculer un domestique qui passait là à l’instant, mais ne s’en soucia pas une seconde. Ne prit pas la peine de voir s’il n’y avait pas de mal non plus. Il monta les marches d’un pas vif… et finit par s’arrêter contre un mur.
Il aurait mieux fait de reprendre la direction des écuries. Courage aurait compris, elle. Parce qu’elle comprenait tout. Parce qu’elle écoutait et était toujours d’accord avec lui. Sauf qu’il était désormais parfaitement hors de question de descendre les escaliers dans l’autre sens pour repasser devant la voiture, Valmar et Coldris. Alors il s’appuya contre le mur. Et au lieu de parler à sa jument, il se parla à lui-même.
Il attendit là quelques minutes. Jusqu’à ce qu’il entende les pas d’Alexandre dans les marches. Il savait que c’était lui avant même de le voir. Parce que le pas du jeune homme se reconnaissait autant que celui d’Alduis. Quand il parvint en haut des escaliers, ses jambes semblaient éprouvées par cette montée. Cela ne l’empêcha pas de s’approcher aussitôt et de s’excuser. Alduis détourna le regard sans répondre.
Ils avaient eu de la chance. Alduis serra les dents. Ce n’était pas ce genre de chance-là qu’il aurait espéré. Mais de nouveau, il garda le silence, sans le regarder.
— Tu m’en veux, Alduis ? demanda nerveusement Alexandre.
Alduis ne dit rien. Répondre non aurait été mentir. Car au fond des choses, oui, il lui en voulait un peu. Quelque chose en lui avait été blessé sans pouvoir mettre de mots dessus. Il haussa des épaules, sans décrocher un mot, - et il pensa à cet instant à Ariste qui répondait constamment peut-être à ses questions, comme un jeu. Ce qui avait toujours eu le temps de l’agacer. Ce fut ce qui le motiva à ouvrir la parole pour finir par dire néanmoins :
— Maintenant qu’il n’est plus dans ton dos, c’est bon ? Je peux de nouveau t’embrasser sans me faire repousser ?
Alduis de Fromart- Aristocratie
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Re: [21 décembre 1597] - Marché conclu [terminé]
"Oui, bien sûr !"
Anticipant le premier le mouvement, Alexandre posa contre une armure proche ses béquilles et s'élança pour embrasser avec une fougue irrépressible son amant. Son corps se colla au sien et ses mains caressaient librement sa nuque. Quelles délices que de sentir sa langue tourner de la sienne ! Ou de percevoir ces caresses dans son dos. Néanmoins, malgré tous les bienfaits de l'étreinte, Alexandre se recula encore, mais en restant contre Alduis; cette fois incommodé par l'odeur nauséabonde qui se dégageait de sa personne.
"Alduis... Alduis, est-il possible de demander à un domestique de faire couler un bain chaud ?"
Il n'en pouvait décidément plus de cette tunique souillée qui lui collait à la peau. Et plus encore de cette odeur répugnante qui l'accompagnait et avait des relents de marée basse, là où on trouverait les poissons venus mourir sur les bancs de sable. Sa main remonta pour se poser sur le bras de son amant.
"On pourrait le prendre ensemble, en plus ce bain..."
Un petit sourire malicieux illuminait son visage et trahissait ses pensées.
Re: [21 décembre 1597] - Marché conclu [terminé]
Ça lui avait manqué, de ne pouvoir sentir ses lèvres ou son corps contre le sien. Atrocement manqué. Et rien que pour cela, il avait bien fait de renoncer à sauter quelques jours plus tôt.
Alexandre finit par reculer de nouveau, rompant un bref instant le baiser, mais il ne remit aucune distance entre eux, restant blotti contre lui. Pour faire la demande suivante :
— Alduis, est-il possible de demander à un domestique de faire couler un bain chaud ?
Alduis sourit en guise de réponse. Certes, ce n’était pas une douce odeur qui se dégageait d’Alexandre mais qu’importe. Ce ne serait pas la première fois qu’Alduis respirait des odeurs corporelles peu délicates. Les soldats sur le champ de bataille ne dégageaient pas de meilleures senteurs, loin de là. Un mélange de vieille odeur de transpiration et métallique du sang. Parfois même, les relents âcre des fumées qui semblaient avoir imprégnés indéfiniment leurs vêtements.
Il se contenta de hocher la tête, tandis qu’Alexandre poursuivait, avec un sourire et une lueur au fond des yeux qui ne trompait pas. Alduis sourit encore une fois et remarqua.
— Hum, c’est tentant, reconnut-il avec de l’embrasser une autre fois.
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