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[le 2 décembre 1597] ~ Sur le fil de ta lame [Terminé]

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Message par Alduis de Fromart Sam 5 Sep - 20:13

Quatre jours qu'il comptait chaque minute qui le séparait de cet instant. Et le voilà enfin. Il avait pu dormir, cette nuit... Plutôt facilement. Du moins jusqu'à un certain point, avant que l'impatience le réveille, aux alentours de quatre heures du matin, et qu'il ne trouve plus le sommeil.

Aujourd'hui, hors de question d'arriver en retard. Chaque seconde en compagnie d'Alexandre comptait. Chaque seconde passée contre lui était une seconde de plus de gagnée. Et il ne voulait en perdre aucune.

Il s'était donné rendez-vous à la troisième heure de l'après-midi. Alduis n'avait pas résisté à arriver en avance. Il avait eu beau prendre tous les détours qu'il avait pu dans les rues de Braktenn, il s'était planté devant la porte de l'église dix minutes en avance. Et ce n'était pas peu dire, pour lui qui arrivait systématiquement en retard... et qui y mettait un point d'honneur.

Mais cette fois, c'était différent.
Cette fois, c'était Alexandre.

Il entra dans la nef. Il n'y avait personne en vue. Ce qui l'arrangeait bien. Il s'approcha pas à pas sous les immenses voûtes. Il était grand, mais même lui se sentait écrasé sous la superbe du bâtiment. Il ne le voyait plus pareil, quand il passait devant... Et ce qu'il se passait avec Alexandre, à vrai dire, n'y était pas tout à fait étranger.

Ses pas résonnaient sur les dalles et dans le silence immense qui se déployait ici, pas après pas. Même pour lui, cela forçait une certaine forme de respect, face à la grandeur des volumes. Il s'arrêta face au coeur quelques secondes, pour la regarder, cette croix, sans bouger.

C'était à lui que voulait ressembler Alexandre en demandant quinze coups de tisonnier ? Il le fixa durant quelques secondes, silencieusement, avant de remarquer à mi-voix pour lui-même, en se tournant à nouveau vers la splendeur du bâtiment :

- Tu n'existes même pas. Alors pourquoi on s'embête à faire tout ça ?

Et il se dirigea vers la cellule de la dernière fois. La porte n'était pas tout à fait fermé. Il entrevit Alexandre, assis, penché sur quelque chose devant une table. Il eut un petit sourire, la poussa discrètement pour ne pas attirer son intention et se glissa dans son dos, après avoir fermé la porte. Il posa les mains sur ses yeux, amusé de le savoir déjà là – et depuis quelques temps, visiblement.

- Tu m'attends depuis longtemps ?

Ce n'était pas faute d'être venu en avance pourtant. Il se pencha par dessus son épaule pour regarder ce qu'il était en train de faire. Des feuilles d'écriture. Il lut quelques mots ici, quelques mots là ensuite, sans retirer les mains de ses yeux. Finalement, il reprit :

- Qu'est-ce que tu faisais ?

Finalement, il passa ses bras autour de son cou, appuya sa tête sur le sommet de son crâne et attrapa les dessins qui se trouvaient là aussi. Pour les regarder un par un avec grande attention.
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Message par Alexandre Lun 7 Sep - 19:15

Depuis la visite impromptue de son amant, l'ambiance à la Roza Azul était plus que lourde et Alexandre s'arrangeait pour rester absent le plus long possible. Irène se montrait froide avec lui et Grâce en colère. Ni l'une ni l'autre ne lui adressaient la parole, sauf en cas de force majeure. Seule Cassandre, étonnamment, tout en restant distante, le traitait de manière plus douce et l'aidait à faire la vaisselle ou lui tendait ses béquilles quand celles-ci étaient posées trop loin. Les premières fois, il jugeait cela suspect et avait choisi de se méfier. Elle paraissait cependant sincère, désormais loin des idées des mauvaises farces. Il s'était ainsi décidé à lui faire confiance. Tout le monde méritait une seconde chance. Surtout envers une enfant innocente. Alduis avait beau lui dire que c'était une gamine habile, lui ne parvenait pas à converser longtemps sa méfiance. Après toit, qu'est-ce qu'une aussi jeune enfant pourrait réellement faire ? Son amant, habitué au désespoir et aux coups foireux de son père, voyait tout en noir. Même l’innocence.

Afin d'éviter de longues journées dans une ambiance malaisante, Alexandre sortait en annonçant aller prier à l'église. De cette manière, si son maître était informé de cela, il ne pourrait lui faire aucun reproche Le jeune homme se rendait effectivement à Saint-Eustache mais ne s'arrêtait qu'un très bref instant pour se signer avec l'eau du bénitier. Par prudence, comme il le faisait chaque jour depuis le jour où un mauvais plaisantin, il y a de cela plus de dix ans, avait vidé de l'encre rouge dedans, Alexandre vérifia l'eau avant de tremper la main dedans. Il ne put s'empêcher de songer à tous ces fronts marqués d'une tâche et de la panique généralisée qui avait vite suivi. Il se remémorait aussi de la mollesse du père Thierry à contempler le spectacle depuis sa chaire sans intervenir, sans doute intérieurement amusé par les cris et l’hystérie collective. Alexandre n'en avait aucune preuve mais il soupçonnait son ami Ysengrin - celui qu'il avait l'interdiction formelle de revoir - d'avoir organisé cette farce. Cela lui ressemblerait bien. Mais Ysengrin avait disparu depuis longtemps. Il se demandait ce qu'il pouvait faire en ce moment. En tous les cas, il n'avait pas repris le métier de son père. Plusieurs fois, l'infirme était passé devant les Zellers et appris que leur fils ne vivait plus là.

Son regard se tourna vers les cierges qui brûlaient dans un recoin de l'église. Alexandre s'avança et revit son ami qui se tenait devant un des pupitres. Il le croyait désireux de prier pour un proche. Sa naïveté le fit un léger temps rougir. De quoi vivait Ysengrin, livré seul dans ce monde cruel ? La question le tortura aujourd'hui. Alexandre acheta d'une belle pièce un cierge et l'alluma pour se mettre à prier afin de demander à Dieu de veiller sur ce précieux ami qui l'avait traité si gentiment, sans se moquer une fois de son infirmité.

Une fois sa prière terminée, Alexandre contempla quelques instants le long cierge qui se consumait lentement puis se rendit dans la cellule. Il s'installa comme chaque jour à la petite table et récupéra les feuillets qui se trouvaient dans le tiroir sous le meuble. Les esquisses de ses personnages, en particulier celle de l’héroïne, cette jeune noble, restèrent en bien évidence. Il relut ensuite sa production de la veille, quand il décrivait dans des termes lyriques la chambre de cette jeune femme et fronça les sourcils. C'était joli mais cadrait mal avec un roman qui serait une longue suite de péripéties. Il reprit ainsi la plume, désireux de réécrire la scène d'un point de vue un peu plus pratique mais sans omettre cependant de conserver quelques unes des plus belles phrases.

Pris dans la concentration dans laquelle l'écriture le plongeait, Alexandre n'entendit pas Alduis arriver et sursauta quand celui-ci parla. La plume entre ses doigts tomba sur le feuillet. Il n'eut cependant pas à se retourner pour reconnaitre cette voix. Son cœur cogna aussitôt dans sa poitrine. Il sourit, le visage transfiguré.


"En vérité, je m'installe ici pour être tranquille. L'ambiance de la Roza Azul est... pénible. En particulier avec Grâce qui ne cache pas son envie de me savoir hors de sa maison."

Il redouta de s'être montré trop bavard en révélant ces détails qui allaient rappeler à Alduis sa précédente. Immédiatement, Alex reprit en bafouillant :

"Ce n'est pas ta faute ! Ce n'est pas du tout à cause de ce qui s'est passé l'autre jour ! C'est juste Grâce et Cassandre ne n'aiment pas et depuis le début ! Eh bien, ou, voilà ! Ça n'a rien à voir avec toi, mon amour !"

Alexandre se tassait sur sa chaise, désireux de faire passer ce moment embarrassant, et ne trouvait pas un meilleur sujet. Alduis le tenait au visage, les mains sur les yeux, zet l'empêchait de se lever. Sinon il aurait tenté une diversion en l'embrasant. Brusquement, son amant lui demanda ce qu'étaient ces dessins, ce qui le gêna encore plus.

"Je.. ces dessins.. euh... ce que j'ércis.. non, rien ! Rien... rien d'important."

Il bégayait, le teint cramoisi, horriblement gêné de devoir évoquer une chose si délicate. Mais Alduis n'allait pas le lâcher.

"Je...J'essaie d'écrire un roman. Enfin sans grande prétention. Et puis, ce n,'est qu'une histoire. Une romance. enfin avec de l'action et des complots. Mais.. enfin, ça doit être mauvais. oui, je suis sûr que c'est très mauvais."
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Message par Alduis de Fromart Mar 8 Sep - 13:19

Après tous ces jours d'attente, après toute cette impatience contrôlée, supportée, Alduis pouvait enfin le voir et le toucher. Alexandre était juste là, tout près, il sentait sa peau sous ses doigts, ses paupières fermées, il percevait son sourire... Ce sourire qui résonnait avec un tel écho en lui.

Alexandre ne l'avait pas entendu arriver, il avait sursauté quand il avait parlé, quand il avait posé ses paumes contre ses yeux. Et ça avait été là exactement son intention. Le surprendre.

Le sourire qui étirait ses lèvres semblait ne jamais devoir quitter son visage, mais bien sûr, ce n'était là qu'illusion. D'ailleurs, les mots suivants le prouvèrent aussitôt : ses muscles se contractèrent tandis que ses doigts se repliaient imperceptiblement.

La Roza Azul. Il serra les dents pour contenir la vague de colère qui envahit ses veines, un feu qui se propagea, brûlant, tel un poison, dans chaque parcelle de son corps.

Mais déjà, Alexandre reprenait avec trop d'empressement pour que cela puisse être naturel. Presque comme s'il essayait de se convaincre lui-même.

- Ce n'est pas ta faute ! Ce n'est pas du tout à cause de ce qui s'est passé l'autre jour !

Alduis ricana. D'un ricanement aigre, plein de morgue — qui se dirigeait, à la fois, contre personne et tout le monde. Mais cela eut le don de faire redescendre la pression qui s'était installée dans son ventre et ses muscles se détendirent, en image de ses doigts. Néanmoins, ce fut un sourire sombre, et glacial, dans la voix qu'il répondit :

- Bien sûr que si, c'est ma faute.

Mais il ne chercha pas à insister sur le sujet. C'était inutile, ils n'y changeraient rien. Autant profiter de chaque seconde à leur disposition, et ils avaient mieux à faire que de les employer à discuter de ces garces. Bien mieux à faire.

Alors il changea de sujet, en enroulant ses bras autour du cou d'Alexandre, dans un geste qui, venant de lui, était anormalement doux, et appuya sa tête contre la sienne. Pour se concentrer sur ce qu'il faisait. Sur les mots et les traits qui se déroulaient sur le papier.

Les bégaiements d'Alexandre et la rougeur qui lui monta soudain aux joues l'amusa. Et il prit un malin plaisir à répondre, sourire en coin, tout en effleurant du bout des doigts, la courbe de sa mâchoire :

- Ah bon ? Rien d'important, vraiment ? Dans ce cas, pourquoi tu rougis autant ?

Alexandre se reprit un peu, sûrement en réalisant que ce rien d'important ne suffirait pas à satisfaire la curiosité d'Alduis. Il sourit de nouveau, tira nonchalamment une chaise et s'y laissa tomber pour reprendre, d'un air faussement pensif :

- Hum, d'accord, c'est très mauvais, si tu le dis... — un sourire, encore, en s'installant à l'envers sur la chaise pour appuyer ses coudes sur le dossier : — Décidément, tu vantes très mal tes mérites !

Il n'insista pas davantage sur le silence, laissant à Alexandre le soin de revenir, un jour peut-être, sur le sujet. Il ne manquait pas de choses à dire et demander.

- Mais soit ! J'ai une autre question.

Et une question qui n'était pas des moindres, soit dit en passant. Qu'il posa sans détour, en repliant ses bras et en posant son menton dans ses mains en coupe, pour plonger son regard céruléen dans les yeux du jeune homme, sans lui laisser de possibilité de se dérober :

- Peux-tu m'expliquer ce qui peut bien se passer dans ta tête pour demander quinze coups de tisonnier ?
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Message par Alexandre Mar 8 Sep - 18:05

Alexandre se maudissait d'avoir une fois de plus été trop bavard. Il n’aurait jamais dû évoquer la Roza Azul et encore moins cette ambiance malaisante. Alduis allait forcément faire le rapprochement avec sa visite et les tensions qui en avaient suivi. Pourquoi ne savait-il pas contrôler cette maudite langue ? Les yeux toujours obstrués par les mains de son amant, il cala la tête contre le jeune homme.

"Même si ça l'est, Alduis, je ne le regrette pas. Tout ce qui s'est passé, tout ce que j'ai dit.. Je ne le regrette pas."

Il se souvenait de ses paroles dures et sèches pour Irène. Elle n'était pas directement responsable. C'était injuste. Et alors ? La vie avait-elle été juste pour lui ? Avait-il eu la moindre incidence sur son infirmité ou son homosexualité ? Il était né comme ça. Tout simplement. Son père le lui avait expliqué pendant ce séjour aux colonies. Le péché d'adultère était grave, oui, mais si Dieu était un être d'amour et de miséricorde, il ne punirait jamais un enfant qui résulterait de cela. Sa mère s'était trompée et l'avait induit en erreur pendant toutes ces noyées, noyée sous le poids de la culpabilité et des superstitions.

"Tu sais, depuis que j'ai sorti tout ça l'autre jour à Irène, je me sens bien. Ce n'est as bien de se mettre en colère, on dit. Pourtant... Pourtant, avoir laissé sortir tut ça, je me sens libéré d'un poids."

Alduis enroula peu après ses bras autour de son cou et le sourire d'Alexandre s'élargit. La peau de son amant sur la sien était si douce si plaisante... Un simple contact le faisait frisonner. Il s'amusa ensuite cependant de sa réaction sur la question de ses dessins et des feuilles. C'était embarrassant Affreusement embarrassant. Jusque-là, même chez Irène, personne ne lui posait de question et il travaillait librement sans avoir à discuter du sujet. Alduis profita de son trouble pour se retirer et s'asseoir - dans une position habituellement incorrecte - sur la chaise voisine. Alexandre ne savait pas quoi répondre mais se sentait à la fois nerveux de parler de ses idées mais en même temps aussi ennuyé de le cacher à son amant.

"C'est... ce n'est pas que ça soit mauvais. Je ne crois pas. Mais... C'est juste..."

Il baissa le regard et relut la dernière phrase qu'il venait d'écrire sur la chambre de son héroïne et des ouvrages que celles-ci possédaient sur l'une de ses étagères.

"Je... je veux.. j'essaie d'écrire un roman."

Il venait d'avouer pour la première fois, à voix haute, son projet littéraire, et se sentait tout chose. Alduis ne se moquerait pas. Il le savait. Pourtant, cela ne l'empêchait pas de ressentir une peur terrible suite à cette confession.

Mais il se produisit une chose encore pire.
Aldus lui posait une question.
Une question terrible.
Une question lui rappelait les bêtises qu'il avait formulé devant deux zarkoviens sans apport avec ce monstre de Martin Comment Alduis pouvait-il en être informé ? C'était...

Le souffle court, Alexandre bégaya :

"Comment... Comment tu sais ?"
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Message par Alduis de Fromart Mer 9 Sep - 17:15

Depuis qu'Alex avait évoqué l'épisode tendu chez Irène, Alduis ne parvenait pas tout à fait à se détendre. Il restait en lui une petite dose de tension, même minime, qui refusait de partir. Il ne regrettait rien ? Vraiment ? ...

... Alduis regrettait beaucoup de choses. Et s'il avait commencé à en faire la liste maintenant, il n'était même pas sûr qu'elle puisse s'arrêter un jour. Il avala sa salive. Si la colère d'Alexandre avait été libératrice, la sienne ne faisait que le tuer un peu plus à chaque fois.

Elle ouvrait des gouffres au fond de lui qui ne seraient plus jamais combler, elle creusait ce manque insatiable en lui, sans qu'il ne puisse savoir ce qui lui manquait. Elle le saignait à blanc, sans pitié, en enfonçant ses ongles dans son coeur et en le lacérant, telle une bête sauvage échappée de sa cage. Elle tapait contre ses côtes, tapait, tapait, tapait. Elle frappait si fort... Comment aurait-il pu la contenir en lui, alors qu'elle menaçait sans cesse de lui arracher les boyaux ? C'était la laisser sortir, ou imploser. La laisser sortir, ou sombrer avec elle.

Mais cela faisait longtemps que ces explosions ne l'apaisaient plus. Cela faisait longtemps qu'il ne sentait plus rien, sinon le vide... Mais quoi qu'il fasse, sa haine revenait toujours. Elle finissait toujours pas heurter à nouveau ses côtes, par opresser son coeur et ses poumons dans un étau glacé. Elle était toujours là, tapie en arrière plan, attendant le bon moment pour jaillir.

Elle avait soif de sang. Soif de mort. Et elle hurlait.

- Ce n'est pas bien de se mettre en colère, on dit.

- La colère n'est pas mauvaise. C'est ce que la haine en fait, qui la rend violente.

Et il en était bourré. Elle suintait, par chaque pore de sa peau. Et pourtant... quand Alexandre était là, elle reculait. Elle reculait tellement qu'il en venait presque à oublier son existence. Sauf quand elle revenait ainsi, brutale, pour s'enrouler sur elle-même, pour combler tous les espaces vides et continuait de grignoter le reste.

Il s'assit, observa les feuilles. Eut un nouveau sourire en entendant Alexandre qui continuait de parler, toujours aussi gêné :

- C'est toi qui a dit que c'était mauvais, lui rappela-t-il avec un air amusé. Pourquoi ne devrais-je pas te croire ?

Et puis tomba la réponse. Il écrivait un roman. Alduis garda le silence quelques secondes puis hocha la tête :

- Je suppose que c'est inutile que je te demande l'autorisation de lire ?

Alors, sans même attendre la réponse, il enchaîna. Le rythme de respiration d'Alexandre augmenta, mais ce ne fut pas pour autant qu'Alduis pesa ses mots pour répondre. Il alla droit au but :

- C'est Cassandre qui me l'a dit.
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Message par Alexandre Mer 9 Sep - 21:42

Alduis se taisait suite à cette indiscrétion dont lui, Alexandre, s'était une fois rendu maître. En son for intérieur, des ruminements terribles s'opéraient. Il pouvait le sentir. Que dire pour l'aider à évacuer ces mauvaises pensées ? Il luttait en lui pour chercher une idée quand son amant réagit à ses paroles sur la colère.

"On dit que la colère est un péché. Un péché capital même. On nous apprendre au catéchisme à lutter contre cela. Contre les passions. Toutes les passions. Comme si... Comme s'il était possible de ne rien ressentir. Mais aimer son prochain, quel qu'il soit, c'était aussi une émotion, non ?"

Son regard se porta vers le crucifix au-dessus de la porte et une histoire biblique lui revint aussitôt.

"Le Christ s'est énervé lui aussi. Lors de l'épisode des marchands du temple, il a eu contre eux une violente colère, révolté que l'on se fasse de l'argent dans la maison de Dieu. Pourquoi oublie-t-on ce passage ? Il montre le Christ humain, capable de colère, de sentiments violents mais qui agissait pour la justice."

Il médita en même temps sur cette idée de haine.

"La haine... Le Christ se battait, lui, pour la justice. La haine, c'est que j'ai eu pour les zarkotiens après cette affaire terrible au domaine de Rottenberg, c'était déplacé. J'ai détesté tout un peuple pour les crimes d'un seul d'entre eux. J'ai blessé moralement une jeune fille qui avait en plus servi auprès de ce monstre, qui avait su survivre... Cette colère-là n'était pas là juste."

Le souvenirs de cette jeune fille se réanimait de as mémoire et il revoyait son regard brisé, hanté par des visions cauchemardesques. Alexandre se sentit à nouveau coupable d'avoir rouvert des blessures à peine cicatrisées pour une colère digne d'un môme de cinq ans.

"Mais la colère contre Irène, elle n'était pas sans fondement et elle exprimait les choses que je cachais, ce que j'avais assez de retenir à force de vouloir ne pas blesser les gens."

La discussion porta finalement vers le sujet de ses travaux d'écriture. Affreusement gêné, mal à l'aise, Alexandre baissa les yeux alors que son amant semblait s'amuser de sa réaction.

"Je ne crois pas que ce soit si mauvais que ça. c'est juste.. je n'ai jamais parlé à personne. Je n'ai jamais fait lire. alors.. Alors je suis un peu..."

Alduis semblait cependant avoir envie de le lire même s'il affirmait le contraire. Alexandre le sentait au travers de ses mots. Le jeune homme observa ses feuillets, hésitants, puis se décida à laisser glisser l'un d'eux, celui qui décrivait la scène de son héroïne en train de marcher dans le domaine de son père, vers son amant.

"Non. Tu... Tu peux lire."

Mais les choses gênantes devinrent subitement angoissantes. Alduis savait pour cette scène affreuse survenue au château de Frenn. Alexandre en était livide et cela ne s'arrangea pas quand il sut comment il l'avait appris. Dans son esprit repassa tous ces petits moments où Cassandre lui avait témoigné de la gentillesse. Il la croyait devenue gentille. En vérité, elle le poignardait par derrière.

Il laissa échapper, furieux :


"La garce ! "

Alexandre serra les poings contre la table.

"Elle était si gentille depuis plusieurs jours.. Elle m'aidait, elle me disait rien... La garce ! Mais quelle belle petite garce ! Elle aura bien appris à être une pute pendant ses années au Lupanar, ah la garce ! Mais quelle garce !"
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Message par Alduis de Fromart Sam 12 Sep - 15:53

Les yeux d'Alexandre se levèrent vers le crucifix qui se trouvait au-dessus de la porte, comme il parlait. Alduis suivit son regard malgré lui. Il contempla la croix, le corps se tassant sur lui-même, cloué dessus.

Qu'est-ce qu'Alexandre pouvait bien y voir, au juste ? Ce n'était rien d'autre qu'un cadavre, comme il y en avait eu beaucoup d'autres dans ce monde. C'était la Mort, que l'on voyait partout dans les églises. C'était la Mort, que l'on vénérait à genoux, mains jointes devant le visage. Il en avait même oublié la lecture qu'il avait demandé à demi-mots à Alexandre, et les feuillets que ce dernier lui avait donné.

Il baissa les yeux à nouveau, les dents serrées, et répondit durement :

- Pourquoi tu te réfugies toujours derrière le Christ, quand on te pose une question ? Tu te prends pour un héros ? Tu penses vraiment que tu peux changer le monde, avec des beaux mots ? Il est pourri jusqu'à la moelle, grouillant d'asticots, il se décompose ! Et ton Christ, à l'heure qu'il est, c'est pareil ! Il est pas au Paradis, ton cher Jésus. Il est sous terre, c'est un tas d'os, c'est un tas de poussière. C'est de toi qu'on parle, Alexandre, arrête de fuir.

Il releva les yeux, les planta dans ceux d'Alexandre, le forçant à ne plus regarder la croix au-dessus de la porte. S'il avait pu, il aurait mis le feu au crucifix. Il aurait mis le feu à l'église. Il aurait mis le feu au monde. Il les aurait tous regardé brûler.

- Tu ne vois pas que c'est des conneries tout ça ? Que ce ne sont rien d'autres que des gens qui se racontent des gens pour expliquer des choses qu'ils ne comprennent pas ? Ils ont peur de savoir, ça fait peur de savoir, hein ? Ils ont peur de savoir, alors ils inventent des choses pour se rassurer. Ils inventent un au-delà pour contrer la mort, parce que tout le monde a peur de la mort ! Tu as peur de mourir, Alexandre ?

Il ricana aigrement, se redressa et s'éloigna d'Alexandre, pour se planter devant le mur en face. Il donna un grand coup de poing dans le mur, il s'explosa les jointures dessus mais cela lui fit du bien. Il appuya son front contre les pierres froides, ferma les yeux.

- Parce que pas moi, ajouta-t-il. J'ai pas peur de mourir. Pas du tout.

C'était peut-être même l'une des seules choses qui ne lui faisaient pas peur. Il avait attrapé un de ces couteaux sans s'en rendre compte. Et ses doigts passaient et repassaient sur la lame.

- Tu sais pourquoi j'ai toujours des couteaux avec moi, Alexandre ? Parce que c'est le seul moyen d'avoir un contrôle permanent sur la vie. Je peux choisir. Je peux décider que tout est fini. N'importe quand. Même maintenant si je le veux. Je pourrais. Et personne ne pourra rien contre cela. Personne ne peut rien faire contre la mort. Et crois-moi, quand je serai mort, je n'irai nulle part d'autre. Je serai mort, et ce sera très bien comme cela. Je serai bouffé par les vers, je me décomposerai, je serai un tas de chairs en putréfaction. Et tout ce qu'il finira par rester de moi seront mes os. Tu vois, Alexandre, mourir, ça ne sert qu'à vivre. Tant qu'on peut appuyer sur un couteau, c'est qu'on est en vie. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour en être sûr. Parce qu'on ne peut faire confiance à rien d'autre.

Il refit face à Alexandre, rangea son couteau.

- Maintenant, réponds-moi. Je veux savoir. Pourquoi tu as demandé quinze coups de tisonnier ?
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Message par Alexandre Dim 13 Sep - 21:34

Alexandre aimait à fixer ce crucifix qui lui donnait de la force et du courage. La contemplation du Christ lui permettait de trouver l'apaisement, ce sentiment si peu facile à avoir en ce bas monde troublé. Sa figure l'inspirait et l'aidait à orienter ses idées et ses positions, comme un marin se fiait à une boussole ou aux étoiles pour s'orienter en haute mer.

Les paroles que prononçait Alduis étaient à ses oreilles des blessures faites à son âme. Ces insinuations sur le Christ étaient... terribles. Il releva la tête et fixa son amant d'un regard noir puis répliqua d'un ton sec :


"Silence. Je peux entendre, Alduis, que tu es incroyant, pas que tu ne respectes pas le Christ et les croyances qui en découlent. Ce que tu fais là, tu te comportes comme mon maître, comme une personne intolérante au point de vue de l'autre."

Il songea en même temps que la portée de ces propos s'adressaient aussi à lui. Le jeune homme ne se rappelait que trop de ces idées sur ceux que l'on disait barbares et que lui-même nommait aussi de cette manière. Son esprit pensa aussitôt à Eldred puis à tous ces zarkotiens qui vénéraient des divinités liées principalement à la nature à ce qu'il avait pu apprendre dans le peu d'ouvrages consacrés à la culture de leur peuple. Des sauvages... Mais eux, les monbriniens ne l'étaient-ils pas finalement aux yeux de ces gens ? Ils déferlaient sur leurs terres et les annexaient. Certes, c'était pour la grandeur de l'empire et il ne le remettait pas en question. Mais tous ces individus, élevés dans d'autres idées que les leurs, avaient sans nul doute une vision différente de toutes ces choses. Eldred... Le nom et le visage du guerrier vaincu flottaient. Il se rappela de leur toute première rencontre et de ce qui avait paru être un compliment à ses yeux mais quia avait dû sonner comme une insulte aux oreilles du zarkotien. Il se rappela soudain de ses yeux et eut honte. Il se souvint alors de sa conduite indigne au château de Frenn et grimaça fortement d'avoir pu si mal se comporter.

Au fil de ces réflexions, Alexandre se calma et poursuivit d'un ton plus apaisé :

"Je sais que ça n'est pas facile. Moi-même, il y a des moments où... J'ai cru que seule la foi chrétienne prédominait. que les autres peuples n'étaient rien face à notre civilisation. J'ai appelé certaines personnes des sauvages. J'ai eu tort. J'ai même eu pour elles des paroles très dures, insultantes. En cela, je me suis comporté comme mon maître, comme ce que je voudrais pourtant ne jamais être."

Le visage d'Eldred persistait à le hanter alors que ses propres paroles, emplies de haine, lui revenaient à ses oreilles.


"J'ai eu tort. Le fait d'être différent, de ne pas avoir la même culture, la même culture... C'est une richesse. Nous pouvons apprendre à nous connaitre et à partager ce que l'autre a plutôt que de vouloir lui donner ce que nous avons. Je resterai les croyances et les individualités de chacun, comme j'aimerais qu'on me respecte, moi. Je respecte que tu sois incroyant, Alduis, alors, je t'en prie, en échange respecte mes croyances."

Alexandre attendit quelques instants, le temps que son amant digère ces informations, puis reprit d'une voix calme, étonnamment douce.

"Non, je n'ai pas peur de la mort. Je n'en ai jamais eu peur. Nous avons des vécus semblables, avec des douleurs singulières, mais mon esprit a entré, lui en résonance avec la figure du Christ. Est-ce ma vision que j'ai eu ? Est-ce que j'imagine ? Peut-être. mais cela m'apaise et je continuerai à croire. Peux-tu imaginer ce que c'est pour un enfant d'être seul dans sa chambre, la nuit, et t'entendre sa mère se faire violenter par son père ? J'étais terrorisé. Alors, j priais. Je sentais Jésus avec moi, je le sentais répondre, m'envelopper.. C'était peut-être une illusion de mon esprit mais c'est une illusion qui m'a protégé et protégé. C'est cette illusion qui a fait ce que je suis. je ne le renierai pas. Pour moi, le Christ existe. Il a été homme, est mort sur la croix puis règne depuis, pour l'éternité, dans les cieux, en veillant sur son sort terrestre."

Brusquement, Alduis le surprit et alla frapper son poing contre les pierres épaisses du mur puis appuya son front dessus. Tétanisé, Alexandre le regarda puis s'attrista. Il percevait sa souffrance. Le jeune homme, sans prendre ses béquilles, marcha pour le rejoindre et enlaça sa taille. Sa tête se posa contre son dos.

"Mon amour..."

Il se figea en entendant la suite de son discours. Les couteaux... Un contrôle permanent sur sa vie... Il comprenait un mot sur deux de toutes ces paroles mais c'était bien assez. Sa respiration se coupait et le jeune homme eut l'impression dérangeante d'étouffer. Ses jambes se dérobèrent et il tomba à genoux. Des larmes commençaient à couler.

"Non... Je ne veux pas... Je ne veux pas te voir mort."

Les mots avaient du mal à franchir ses lèvres. Ses pensées se pressaient dans son cerveau et se chamboulaient.

"Je.. Je peux accepter que tu puisses mourir au front. C'est.. la guerre. Les soldats meurent. C'est... normal. Mais ça... Que tu meures... Que tu meures de ta main.. Non. je ne veux pas. Cela veut dire que tu n'es pas heureux. que même avec moi, même avec moi, je ne te rends pas assez heureux pour rester. Al... Alduis... Pitié. pitié, ne fais jamais ça."

Alexandre sanglotait à présent, terrifié à cette idée de perdre un jour son amant, surtout de cette manière-là, et en oubliait tout ce qui l'entourait.
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Message par Alduis de Fromart Sam 19 Sep - 0:14

Le crucifixe. La religion. Dieu. Des conneries et rien d'autre. Et pourtant, Alexandre y voyait autre chose. Mais quoi ? Que pouvait-on voir, en regardant un type qui avait été cloué sur une croix ? Alduis ne comprenait pas. Définitivement pas. Qu'on se laisse prendre au jeu enfant, passe encore, il l'avait fait aussi. Mais ensuite ? Comment pouvait-on continuer d'y croire, quand on prenait conscience de tous ces asticots qui grouillaient sous la couche de vernis ?

La voix d'Alexandre tomba, sèche et autoritaire. N'importe qui d'autre qu'Alduis se serait arrêté là. Mais ça aurait été mal le connaître que de croire que ce ton dur allait l'adoucir.

- Ce n'est pas parce que je ne respectes pas le Christ que je ne te respecte pas toi. Ne mélange pas tout. Je te l'ai dit : tu as mon respect éternel. Tu penses vraiment que je discute de la religion avec mes esclaves, que nous échangeons nos points de vue ?

Bien sûr que non. Ni avec les esclaves, ni avec personne. Il n'y avait qu'avec Alexandre, et cela était déjà une preuve de respect en soi.

- Moins ils me parlent, moins je les vois, mieux que je me porte ! C'est comme ça que je suis avec mes esclaves ! Alors ne m'accuses pas de te traiter comme un esclave. Si tu veux vraiment respecter que je ne crois à aucune de ces... choses... — et il avait fait un effort non négligeable pour ne pas dire conneries... alors arrête d'en parler systématiquement avec moi. Et en échange, je ferai attention à ce je dis, c'est une promesse. Marché conclu ?

Et pour illustrer ses propos, il tendit la main. Parce que ce n'était pas un contrat en l'air, loin de là. Libre à chacun de penser ce qu'il voulait, de croire au Christ et en toutes ces choses-là. Tant qu'on ne venait pas l'en bassiner, les lui jeter à la figure comme si cela allait l'aider. Parce que cela ne l'avait jamais aidé, il avait essayé.

Il hocha la tête. Bien sûr qu'il respectait Alexandre. Il le respectait plus que quiconque. Et pour la première fois depuis qu'il était arrivé, il se pencha pour l'embrasser. Une manière, un peu maladroite, parce qu'il ne savait pas comment le lui dire autrement, de lui avouer à quel point il l'aimait, et à quel point il ne se serait pas permis de le juger.

Mais malgré cela, la tension en lui. Une crispation qui refusait de partir totalement. Et qui, malgré le coup dans le mur, était toujours là. Accentuée par les mots qu'Alexandre continuait de prononcer, avec tant de vénération dans la voix. Un esprit entré en connexion avec ce Jésus. Il semblait tellement y croire... À le regarder, Alduis avait l'impression qu'il n'y avait rien de plus beau que la vie. Il prit une inspiration, détourna le regard.

- Si tu es si sûr de toi... alors pourquoi j'ai rien senti moi ? Qu'est-ce que j'ai de moins que les autres ? Moi aussi j'ai prié ! C'est parce que j'étais trop exigeant ? ou pas assez fort ? ou je m'y prenais mal ?

Il serra les poings, pour museler cette soudaine émotion inhabituelle. Il la chassa au fond de lui-même, l'enterra sans pitié, l'étouffa, jusqu'à ce qu'elle disparaisse. Il effaça tout sentiment du fond de ses yeux, se barricada derrière son air indifférent. Il répondit d'une voix trop neutre pour qu'elle ne cache rien :

- Je ne peux pas imaginer. Mais être un enfant seul dans sa chambre, et de savoir que ta mère ne viendra plus, ça je sais.

Il avait parlé d'un timbre sans émotion. C'était passé tout ça. Il n'avait plus rien à voir avec le gosse peureux et pleurnichard qu'il avait pu être, il n'était plus ce petit Alduis là. Il était un homme, maintenant, il pouvait se défendre. Il n'avait plus besoin de personne, ni de sa mère, ni de Dieu, ni des autres. Ils pouvaient tout garder, de leur gentillesse et du reste, il n'en voulait pas.

Sa mère avait été comme tous les autres, au fond. Elle l'avait abandonné. Elle ne lui manquait pas.

Alexandre se glissa soudain dans son dos, passa ses bras autour de sa taille, et sa tête se posa contre lui. Le front toujours appuyé contre le mur, il ferma les yeux. Ses couteaux qui pesaient sur ses hanches le rassuraient, la garde qu'il continuait de serrer dans sa main avait une présence reposante. Quand il rouvrit enfin les yeux, son regard était redevenu tranchant.

S'il le fallait, il enfoncerait la lame dans son ventre. Sans une hésitation. Il n'avait pas peur. Il mourrait comme il le voulait. Et pas comme la vie le déciderait pour lui. Il l'avait dit simplement, sans détour, sans précaution, un peu comme on dit qu'il pleut.

Pourquoi cela n'aurait-il pu être normal ? S'il y avait bien une vie dont chacun pouvait disposait comme il le voulait, c'était bien celle qui lui était propre. Personne ne pourrait lui enlever ce droit. Il s'était fait une promesse, il ne serait plus jamais faible.

Mais Alexandre était là, en larmes à ses pieds, à balbutier toutes sortes de phrases entrecoupées de sanglots. Et Alduis le regardait, quelque peu désoeuvré et sincèrement surpris, sans bouger. Il l'observait, tout en cherchant quoi faire ou quoi dire, et espérant illusoirement que les larmes allaient se tarir. Ce qui fut loin d'être le cas. Alexandre n'avait pas l'air prêt à se calmer. Alors il s'accroupit, en se disant que rester debout n'était sûrement pas la chose la plus adroite à faire.

Il prit ses épaules entre ses mains pour le regarder dans les yeux, en les pressant bien fort pour lui montrer sa présence. Ces yeux plein de larmes. Il se racla la gorge, et commença :

- Ça ne sert à rien de pleurer, tu sais. La mort, c'est une bonne chose au fond. C'est pas du tout elle la méchante dans l'histoire. Elle se montre juste comme elle est, sans joli vernis et fanfreluches. Elle va droit au but. Je trouve ça rassurant, de pouvoir mourir.

Il serait toujours tant de pleurer plus tard, quand ce serait effectif. Mais pour le moment, il n'en comprenait vraiment pas les raisons. Il soupira, baissa brièvement les yeux avant d'ajouter :

- Il faut tenir ses promesses. La parole d'un homme, c'est important. Et si je te promettais de ne jamais me suicider, alors je me trahirai moi-même.

Et pourtant, il ne put s'empêcher de demander :

- Si un jour je mourrais, tu serais vraiment triste ? Tu pleurerais ?
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Message par Alexandre Dim 20 Sep - 14:41

Alexandre détestait les disputes et les conflits. Il se sentait mal et se questionnait s'il avait pu dire ou faire quelque chose pour empêcher cette scène. Ne pas regarder le crucifix, sans doute. C'était inspirant pour lui mais Alduis méprisait la religion et lui vomissait même dessus. Il se désolait d'avoir pu provoquer sa colère par ce geste anodin à ses yeux. Il avait encore en tête la fin de sa relation désastreuse avec Tristan ? Et si les choses se reproduisaient ? Il ne voulait pas se séparer de Alduis ! Leur situation s'avérait déjà être... compliquée.

Il écouta Alduis, tendu, et celui-ci semblait se calmer un peu et rappelait qu'il lui avait promis un respect éternel. Il lui proposa un bon marché en suggérant de cesser parler entre eux de religion. Alexandre hocha de la tête.

"D'accord. Je n'en parlerai plus. J'essayerai même de ne pas garder... La croix."

Brusquement, après cet engagement, Alduis le sait et l’embrassa avec une fougue sauvage. Leurs lèvres se pressèrent l'une contre l'autre et le jeune homme noua les bras autour de sa nuque. Il en oublia aussitôt la dispute et l'abnadonna même avec plaisir. Alexandre ne souhaitait que connaitre ces bienfaits merveilleux que seul l'amour procurait. Ses doigts se mirent à caresser la peau du cou de son amant puis glissèrent vers son vêtement. Il sourit, espiègle.

"C'est bien, mon amour, tu as enfin appris à mettre une veste !"

Puis, ses doigts s'amusèrent à retirer un à un les boutons.

"Mais cette fois, je vais la retirer."

Malheureusement ce moment ne dura pas et Alduis se remit à poser des interrogations. Il soupira. Son esprit était encore plus curieux et insatiable que le sien. Ses questions étaient, en plus, douloureuses, car aucune réponse ne lui venait? Il murmura d'une petite voix, peiné.

"Je... Je suppose que Dieu ne peut être partout, pour tout le monde. Je suis désolé que toi Il n'ait pas voulu t'entendre."

Alduis essayait de refouler. Il le sentait. Alexandre avait cruellement mal pour lui. Il l'entendit ensuite évoquer le sort de sa mère et la douleur de sa mère.

"J'imagine. Je.. j'aurai été perdu, enfant, si maman n'avait pas été avec moi."

Ils restèrent un long moment, sans pouvoir prononcer de nouvelles parles, murés dans leurs sentiments, leurs souvenirs et leurs regrets. Alexandre ne savait comment formuler ses mots pour apaiser son amant.

Puis, il y eut ce moment.

Ce moment où évoqua le suicide.
Son suicide.

Alexandre continuait à pleurer entre ses bras, sur les dalles froides, et écoutait difficilement son amant qui essayait de le réconforter. Il renifla encore un peu quand Alduis décrivait la mort comme rassurante et le jaune homme eut un bref hochement de tête.

"Oui, la mort est.. apaisante. la vie ici bas n'est qu'un long cycle de souffrances. Depuis le commencement. Je n'ai pas plus peur que toi de mourir. Mais s'ôter la vie, de soi-même... on, ça c'est blesser d'autres personnes. C'est mal."

Il fixa dans les yeux Alduis, les yeux embués, quand celui-ci demanda s'il serait triste s'il devait apprendre as mort.

"Tu es idiot, c'est ça ? Bien sûr que je serai triste ! Je pleurerai, comme aujourd'hui, comme quand j'ai dû quitter ma mère le mois dernier en la laissant dans ce couvent. Je sais qe tu peux mourir. Tu es soldta et les morts meurent. C'est un fait... incontestable. Mais je prie sans cesse pour que cela n'arrive, pour que tu vives."

Alexandre se blottit contre son amant.

"Je.. Je ne veux vraiment pas te voir mourir."

Une brusque montée de désir l'envahit et Alexandre se redressa pour embrasser Alduis dans une fougue tumultueuse. Ses mains se déplacèrent vite et coururent vers la chemise pour la détacher de lui. Ses sens le consumaient. Il continua à presser ses lèvres tout en caressant le torse nu du jeune homme









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Message par Alduis de Fromart Sam 26 Sep - 12:06

Ils ne parleraient plus de ce ramassis de bêtises que représentait la religion, ni maintenant, ni les autres fois. Ce qui arrangeait bien Alduis. Dieu, et toutes ces histoires pour enfant, très peu pour lui. Alexandre pouvait bien y croire si cela lui chantait, mais Alduis ne le comprendrait jamais complètement, même avec tous les efforts du monde.

Il ne fut pas question d'y penser davantage cependant. Encore moins alors qu'il se penchait pour l'embrasser, et qu'Alexandre venait passer ses bras autour de sa nuque. Légers comme des plumes, ses doigts effleurèrent la peau de son cou. Alduis leva un sourcil en reculant, devant son air espiègle. Il n'eut pas longtemps à attendre pour savoir ce qu'Alexandre trafiquait, et ce que sa veste venait faire dans cette affaire, ses doigts descendaient déjà pour en détacher chaque bouton.

Alduis rendit au jeune homme son sourire, avant de répondre d'un air malicieux :

- Dis-moi, mon cher petit Alexandre, tu prends tes aises… mais si c'est pour que tu les enlèves à chaque fois, je pourrais bien en mettre plus souvent, tu sais.

Mais même cela ne suffisait pas totalement à lui faire oublier ces quinze coups de tisonnier. Question à laquelle Alexandre n'avait toujours pas répondu. Il ne comprenait pas. Ni ça, ni Dieu. Qu'est-ce qu'il n'avait pas fait, pour être ignoré par Dieu ? L'unique raison tenait-elle simplement du fait qu'il ne pouvait pas être partout ? Dire qu'il passait pour un sauveur et d'un héros. C'était pathétique. Pourtant, il ne put s'empêcher de reprendre d'une petite voix pour lui-même, même s'il semblait tout de même s'adresser à Alexandre :

- Tu penses que je ne vaux pas son attention ?

Il ne s'attendait pas à une réponse, il n'en voulait même pas vraiment, il ne savait même pas pourquoi il avait demandé ça, quand ils venaient juste de conclure leur accord de ne plus en parler… Ça avait été plus fort que lui, plus rapide que sa pensée. Tout aussi rapide que lorsqu'il répondit, après que celui-ci ait murmuré que sans sa mère, il aurait été perdu :

- Tu te serais durci, c'est tout.

Tu ne vivrais pas dans ton petit monde de nuages.

Mais il se garda de le dire à voix haute, conscient que ce n'était pas ainsi que l'on consolait quelqu'un qui pleurait. Chose devant laquelle il se sentait très démuni. Il ne voyait pas de raison à toutes ces larmes qui dévalaient les joues du jeune homme. Tout le monde mourrait un jour ou l'autre, et qu'il n'y avait rien de tragique à cela. C'était même une chose apaisante : même Alexandre, du haut de son petit monde, le reconnaissait. Alors à quoi cela servait-il de pleurer ainsi ? Puisque ça arriverait un jour… De peur de dire une bêtise, il se contenta de le serrer simplement dans ses bras. faire

Il avait promis de le protéger, et cette promesse résonnait encore plus fort que d'habitude dans son esprit.

Sa question n'obtint en toute réponse qu'un tu es idiot... Et Alduis se sentit réellement bête à l'entendre parler si naturellement. Comme si l'amour, ou quel que soit le nom de cette chose, était simple et évidente. Mais rien ne semblait moins obscur à Alduis que ces choses-ci. Au moins, la mort était facile à reconnaître, elle.

Il n'eut guère le temps de répondre à cela que le jeune homme se redressait soudain. Si Alduis entrouvrit la bouche, ce ne fut que pour mieux accueillir celle d'Alexandre, presque surpris pendant les premières secondes.

Sa veste étant déjà enlevée, ce fut vers sa chemise que se tourna l'attention d'Alexandre, cette fois-ci. Et Alduis oublia définitivement toute question de tisonnier, ou de Dieu imaginaire, ou même de mort, pour se concentrer seulement sur ces lèvres et cette peau qui se tendaient vers lui.
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Message par Alexandre Sam 26 Sep - 14:06

Alexandre gardait les mains autour de la nuque de son amant, la joue pressée contre la sienne, et humait avec délice l'odeur particulière de sa peau. Ses bras l'enveloppaient et il se plaisait dedans. La veste était tombée quelque part, non loin de là, mais il ne s’intéressait plus. Un sourire insolent lui vint quand Alduis commenta sa disparation.

"Il faut bien que j'utilise des meilleurs arguments pour t'obliger à te vêtit correctement."

Il rit de son effronterie puis embrassa à nouveau la nuque de son amant. Ce dernier ne s'apaisait pour autant et continuait à se questionner sur la religion. Malgré leur accord. Ses paroles lui brisaient le cœur. Comment concilier les deux parties ? Si, Alduis méritait que l'on s'intéresse à lui mais le Christ... Le Christ avait sans doute ses raisons. L'être humain ne pouvait appréhender les secrets de l'univers. Il soupira puis répondit d'une voix brisée :

"Je... Je ne sais pas."

D'ordinaire, cette réponse provoquait un frisson d'excitation. Ne pas savoir quelque chose, cela signifiait que l'on avait alors quelque chose à découvrir, à apprendre et à comprendre. Mais dans le cas de la religion, de ses points faibles, la théologie n'aidait pas. Seule la foi - une foi profonde - permettait de chasser les doutes et les angles morts et ceux qui n'arrivaient pas à croire restaient dans une noirceur terrifiante. Alexandre se mit à serrer fort Alduis contre lui pour lui témoigner au moins lui qu'il l'aimait et se faisait du souci pour lui.

Peu après, Alduis répliqua qu'il se serait durci si as mère était morte. Alexandre se recula, brusquement livide, et baissa la tête.


"Non... Non, je serai mort."

Sa voix tremblait en poursuivant.

"Maman... Depuis que je suis petit, j'ai toujours considéré que c'était mon rôle de la protéger. Je suis un garçon et les garçons protègent leur mère, comme ils protègent leurs sœurs quand ils en ont. Quand mon père me battait, dès fois j'étais tenté de me laisser mourir, de le provoquer inutilement pour qu'il me batte très fort... Mais si j’aurai fait ça,, maman.. Maman aurait été seule. Tant que je restais avec elle, papa avait un moyen de jouer avec elle, de la punir en me punissant moi, de lui promettre de me punir... Sans moi, qui sait ce qu'il aurait fait ? Il l'aurait peut-être tué. Mais s'il l'avait tué, moi, j'aurai plus eu de raison de vivre. Je me serai laissé mourir."

Alexandre resta quelques instants à trembler, terrifié à l'idée d'un monde sans sa mère. Alduis ne lui disait plus rien et se contentait de le serrer dans ses bras. Cela contribua à l'apaiser. Ils parlèrent ensuite de la mort éventuelle de son amant et son chagrin terrible à lui si cela arrivait mais l'amour et le désir chassèrent vite ces ombres qui tentaient de les engloutir. Absorbés par la passion, les deux jeunes hommes se laissèrent emporter par leurs sens et les interrogations tortueuses s'évanouirent.

***

Les amants reposaient paisiblement dans un des lits, sans parler, blottis l'un contre l'autre. La couverture était tirée. Malgré la pièce hermétique, le froid hivernal s'infiltrait. Alexandre, la tête calée, dans le creux de l'épaule d'Alduis, écoutait avec calme la respiration tranquille qui soulevait doucement sa poitrine. Il se sentait bien mais assez vite des pensées revinrent l’assaillir. La question du tisonnier le brûlait. Il se revit insulter Eldred au château de Frenn, puis demander ce châtiment sous un excès impulsif. Il ne savait pas l'expliquer.

"Tu sais, Alduis, pour le tisonnier... Je ne sais pas. Quand je suis allé au château de Frenn, je croyais me sentir bien mais quand j'ai découvert dans la même pièce que moi Eldred, j'ai été..."

Il s'interrompit et se revit insulter honteusement l'esclave.

"Dis, Alduis, as-tu entendu parler de l'usurpateur ? Celui qui s'est fait passer pour le duc de Rottenberg ? Je... Autrefois, j'ai connu Ulysse. Le vrai Ulysse. Il était... gentil. il parlait avec moi de toit, me traitait comme un égal et me faisait parfois sortir le soir de ma chambre pour visiter la ville. Nous étions de vrais amis et il m'avait fait promettre de lu écrire quand il serait dans l'école où ses parents l'avaient inscrits. Mais il y a eu ce terrible incendie. J'ai cru, comme tout le monde, qu'il avait survécu puis, devant son silence qu'il m'avait oublié. C'était... douloureux. mais je comprenais. Un noble et un roturier.. il avait fini par comprendre que nous ne devions pas nous fréquenter. Puis, il y a trois mois, peu après mon asservissement, j'ai rencontré le duc de Rottenberg. J'étais heureux, je lui ai montré ma joie.. mais lui.. lui a essayé de me tuer"

Alexandre baissa la voix, encore sous le choc de cette émotion difficile à avaler.

"Puis, j'ai appris, comme tout le monde que ce n'était pas Ulysse cet homme mais un esclave infâme qui avait tué une maisonnée entière pour s'élever. Un zarkotien. Mon ami.. mon seul ami est mort des mains de ce monstre. Ulysse... Tout le monde l'a cru en vie, devenu fou, alors qu'il était... Je ne digère pas sa mort. Et encore moins de la manière dont elle a été faite. Ulysse... Je me suis mis à haïr les zarkotiens pour les crimes d'un seul d'entre eux, pour un monstre. Je sais aujourd'hui que c'était une erreur. Un amalgame. Mais dans le château de Frenn, quand j'ai vu Eldred, toute ma haine et ma colère ont ressorti. Ce ne fut que quand le baron m'a expliqué que je faisais avec Eldred ce que les gens valides font avec moi que j'ai compris et je me suis senti... sale. J'étais... Je ne sais comment le dire. Déhoûté de ce que j'étais ? Dégoûté de ce que j'avais pu dire et penser ? alors, peut-être que j'ai réclamé ces coups de tisonnier parce qu'à ce moment j'ai souhaité inconsciemment mourir, parce que je considérais mon erreur comme une faute impardonnable."

Il poussa un long soupir et se redressa pour se recroqueviller.

"J'aurai dû mourir pendu... Comme ça avait été demandé. Je n'attire que le malheur. Ulysse m'a rencontré et quelques semaines plus tard il est mort dans un incendie épouvantable. Tristan.. Peu après l'avoir rencontré, être devenu son ami, il.. il a été torturé par le baron puis asservi avec moi. Tout ça à cause de mes bêtises. Je n'attire que le malheurs à ceux que j'aime. Et Ysengrin.. Ysengrin.. Il doit être mort lui aussi. c'est sûr.

Alexandre tourna la tête et adressa à son amant un regard larmoyant.

"Toi qui songe à mourir, tu as raison de me fréquenter. Tôt ou trad, grâce à moi, ton vœu va se réaliser."
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Message par Alduis de Fromart Sam 26 Sep - 20:33

Je serai mort.

Alduis ne répondit rien. Il savait bien ce que c’était, lui, de ne pas avoir de mère. Il mesurait également très bien tout ce qu’être un garçon impliquait. Il fallait être fort, se comporter comme un homme. On le lui avait dit plus de fois qu’il n’y avait de jours dans une année, c’était devenu à ses yeux une condition sine qua non pour pouvoir exister. Être fort. Peut-être que tout partait de là ? Qu’il ne l’avait pas été assez ? Comment savoir ? Même Alexandre, qui avait toujours des réponses à tout ne savait comment expliquer cela. Mais peut-être n’y avait-il rien à dire non plus au fond…

Alduis écouta les mots sortir de la bouche d’Alexandre sans rien répondre. Il n’y avait rien à dire, voilà tout. Et puis, Alduis savait bien ce qu’il disait.

Lui aussi, il avait cru à Dieu.
Lui aussi, il avait cru que les gens viendraient l’aider.
Lui aussi, il avait souvent pleurer.

Avant de se jurer que cela n’arriverait plus. Avant de se durcir définitivement. Et quoi qu’en pense Alexandre, il aurait certainement fait la même chose s’il n’avait eu aucune mère. Parce qu’il aurait été bien obligé. Mais il doutait que son point de vue soit utile, alors il préféra le taire.

Et oublier le reste de la conversation pour des choses ô combien plus douces.

o~o~o

Alduis ne réfléchissait plus. Et il n’y avait que deux choses au monde capables d’un tel exploit : la guerre et Alexandre. La première était inaccessible à l’heure actuelle, mais le deuxième était là, blotti contre lui, la tête contre son épaule, et Alduis avait tout le loisir de sentir sa peau contre la sienne et d’écouter sa respiration paisible se soulever au même rythme que ses poumons se remplissaient eux-mêmes d’air.

Une peau chaude, qui palpitait de vie.
Une respiration, qui engorgeait l’air frais.

Et Alduis se sentait rarement aussi bien qu’à cet instant précis. Il se concentrait simplement sur le silence, sur la sensation de la couverture sur lui et sur cette certitude, étrangement douce, qu’il était vivant. Jusqu’à ce que la voix d’Alexandre le ramène au présent.

- Tu sais, Alduis, pour le tisonnier...

Alduis lui jeta un regard surpris, le temps que son esprit face le lien avec la conversation qu’ils avaient eu quelques temps plus tôt. Il ne répondit pas. Il ne savait pas, et il n’avait plus envie de savoir. Il souhaitait simplement profiter de l’instant présent, pour une fois. De profiter de sa présence, et de chaque seconde à le sentir si près de lui, pour patienter jusqu’à la prochaine fois.

Mais Alexandre semblait en avoir décidé autrement, et il parlait. Alduis l’écoutait, sans répondre, en regrettant les minutes précédentes et que le jeune homme ait choisi de parler. Parce que déjà, ses pensées revenaient à la charge pour toquer à la porte et l’inonder de nouveau. Et même en arrêtant Alexandre maintenant, c’était trop tard, la sérénité s’était envolée, ses pensées avaient repris leur cours perpétuel. Alors il se cala sur un coude, avec un soupir de dépit, pour bien comprendre ce qu’il disait.

- … alors peut-être que j’ai réclamé ces coups de tisonnier parce qu’à ce moment, j’ai souhaité inconsciemment mourir ?

Alduis garda le silence. Alexandre se recroquevillait, et lui continuait de le regarder, en attendant qu’il poursuive. Il ne savait pas vraiment quoi penser de tout cela, et il n’avait décidément aucune envie de s’y pencher. Pourquoi Alexandre avait-il abordé ce sujet maintenant, alors qu’ils étaient si bien ? Il n’aurait pas pu attendre encore un peu ?

- J’aurai dû mourir pendu...

Malgré lui, ses muscles se crispèrent. Il prit une grande inspiration, parce que s’énerver était bien la dernière chose dont il avait envie. Pas après les minutes précédentes, vraiment pas. Mais c’était plus fort que lui. C’était une chose de parler de sa mort, c’en était une autre que de parler de celle du jeune homme.

La conclusion du discours furent les mots de trop. Il se redressa d’un coup, comme un ressort, et plongea son regard dans celui d’Alexandre. Ses prunelles brûlaient, mais d’un feu différent de d’habitude.

- Écoute-moi, et retiens bien ce que je vais te dire, Alexandre. Tu sais ce que je faisais, avant de venir te voir, la dernière fois ? J’étais sur le port, parce que j’arrivais pas à dormir. J’étais sur le port, et j’avais très envie de sauter. Il me suffisait de faire un pas. L’idée était très tentante, et elle l’est toujours. Mais je l’ai pas fait… et tu sais pourquoi ? Est-ce que tu sais pourquoi ? insista-t-il, sans le lâcher des yeux, mais sans vraiment attendre une réponse non plus. Parce que j’ai promis de te protéger. Et parce que je t’aime. Voilà pourquoi j’ai pas sauté. C’est la seule chose qui a compté.

Il fit une pause. C’était bien la première fois qu’il reconnaissait si ouvertement avoir eu l’idée de sauter réellement. C’était là, encore très clair dans son esprit, les vagues en dessous de lui, l’air frais, et la conscience accrue de cet unique pas restant qui le séparait du vide… Il secoua la tête et reprit :


- Alors tu vas me faire le plaisir d’arrêter de dire que tu portes malheur, parce que c’est faux ! Tu es incontestablement la meilleure chose qui me soit arrivée depuis toujours, et la seule qui me donne un peu envie de continuer. Parce qu’il n’y a qu’en étant vivant que je pourrais avoir cela. Tu n’es pas ma mort, Alexandre, tu es ma vie.
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Message par Alexandre Mer 30 Sep - 21:42

Après cette longue dissertation sur les agitations qui troublaient et bouleversaient son âme, Alexandre resta prostré sur le lit, tétanisé. Un froid intérieur glacial l'envahissait. Il se sentait mal; Affreusement mal. Le souffle de son amant lui parvenait dans le dos et indiquaient sa présence toute proche. Il n'arrivait pas à se retourner. Il était perdu, englué dans ses émotions, telle une mouche prise au piège de la toile d'une araignée.

Il tressaillit en entendant Alduis prendre la parole et réussit à tourner la tête quand il entendit que son amant lu avouer avoir eu envie de sauter quelques jours plus tôt au port. Ses émotions se bouleversaient davantage et des pleurs coulèrent le long de ses joues. Il ne pouvait imaginer Alduis disparaître dans ces eaux froides et le laisser seul dans cette existence absurde. Il tremblait. Tout son corps tremblait, secoué par un chagrin qui n'avait cependant aucune raison d'être. Il sursauta à nouveau quand Alduis révéla qu'il n'avait pas sauvé ce jour-là, pour lui. Il était resté là. Pour lui.

Pour lui.

Ces deux mots dansaient dans son esprit. Ils l’hypnotisaient.
Il lui avait sauvé la vie.
Il donnait envie de vivre.

Ses yeux pleuraient encore mais cette fois de bonheur.


"Tu n’es pas ma mort, Alexandre, tu es ma vie."

La phrase résonnait en lui et contribuait à le faire pleurer davantage.

Il n'arrivait pas à parler. Les mots étaient bloqués dans as gorge. Ils ne voulaient pas sortir. Il se laissa tomber dans les bras de son amant et se lova contre lui.
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