[8 décembre 1597] Quand on attrape un coup de soleil [Terminé]

La journée avait été excellente. S'il osait, Matthieu aurait affirmé que c'était un don du ciel. Jamais il n'avait espéré une telle avancé dans son enquête. Il avait enfin une piste sérieuse, des noms, des témoins, des preuves. Dès qu'il mettrait la main sur ce sorcier, il tomberait rapidement dans les flammes.

Matthieu était si enthousiaste qu'il décida, une fois son esquisse de lettre au pape rédigée, d'aller se promener dehors. La journée était belle, lumineuse, les rayons du soleil perçait les nuages, malgré le temps de neige de ces derniers jours. certes, le froid était présent mais cela n'enlevait rien à la beauté des rues. Alexandre était de toute façon parti à l'église à cette heure alors Matthieu n'eut qu'à prendre un chaud manteau, fermer sa porte à clef et descendre. Il passa la porte tranquillement et respira un grand bol d'air frais. Tout cela s'annonçait vraiment merveilleux !

Comme ce trajet avait été long, mais beau ! Depuis qu'elle était sortie du bateau, Cecilia n'avait cessé de s'émerveiller des paysages monbriniens, assise à l'avant d'une charrette à tonneaux dont le conducteur, un certain Michel, s'était montré ravi de prendre à son bord une jeune novice enthousiaste. Tous deux bavardaient gaiement durant le trajet, celui-ci répondant à toutes les questions de celle-ci sur les paysages, les lieux, puis les bâtiments qu'ils découvrirent en arrivant en ville. Tout cela était si impressionnant ! Alors d'autres Rome existaient bel et bien dans le monde ? La jeune fille était époustouflée !

Alors qu'ils traversaient les rues, elle aperçut un cardinal dans une voie adjacente, dans son bel habit sombre, et sauta de joie sur son siège.

« Oh, fermate qui, per favore ! Cet homme pourra sans doute me renseigner ! »

L'homme s'exécuta et aida la jeune fille à descendre, non sans regret de voir partir une si joyeuse compagne de trajet. Ils se saluèrent et se promirent de rediscuter s'ils se retrouvaient et Cecilia regarda partir son nouvel ami en souriant. Son séjour commençait très bien !

Elle réajusta ses vêtements et s'avança alors dans la rue pour trouver le cardinal. En plus, il souriait ! Elle se planta devant lui, souriant elle aussi, jusqu'aux oreilles et même au-delà, avant d'esquisser une révérence respectueuse.

« Votre Éminence, pardonnez-moi de vous importuner ainsi, je souhaiterais savoir où je peux trouver Monsignor Cassino, il cardinale. »

Une fois qu'il lui eut confirmé son identité, la jeune fille s’illumina et refit tinter sa jeune voix, matinée d’un petit accent italien.

« Maraviglioso ! J’ai une lettre pour vous de la part de Monsignor Enrico Caetani, il camerlengo. »

Sans se départir de son sourire, elle fouilla dans son sac et en sortit une enveloppe, cachetée du sceau du camerlingue, qu’elle tendit au cardinal. Il y trouvera ce message :

Monseigneur Cassin,

J’espère tout d’abord que votre retour en Monbrina s’est bien déroulé.
La jeune femme qui vous a remis cette lettre se nomme Cecilia Candore. Elle est novice chez les Augustines de la basilique des Quatre Saints Couronnés, dans notre belle Rome, et a, depuis sa plus tendre enfance, manifesté le vœu de propager la Bonne Parole et la paix du Seigneur dans toutes les contrées. Afin de parfaire son éducation, nous avons décidé qu’elle s’y essaye sous votre surveillance, comme nous savons que vous êtes l’un des plus dévoués des nôtres et qu’il y a du travail à faire à Braktenn.
Je compte sur vous pour la former, dans le respect de nos principes et avec autant de ferveur que vous faites preuve dans vos autres actions. Vous trouverez en elle une jeune femme cultivée, déterminée et courageuse, qui n’a pas peur de sermonner les brebis égarées pour les ramener dans le droit chemin. J’espère que les nouvelles que vous me transmettrez à son sujet seront bonnes et que son apprentissage se fera dans les meilleures conditions !
Que la paix du Seigneur soit sur vous.
Sincèrement,

Enrico Caetani, Camerlingue de la Chambre apostolique

Durant cette lecture, la jeune femme restera toute souriante, imperturbable, attendant sagement que l’attention du cardinal revienne vers elle.

Matthieu entendit vaguement une carriole s'arrêter mais était trop occupé à redresser son manteau pour s'assurer d'avoir bien chaud. Cependant, soudain quelqu'un vint se présenter devant lui. Il conserva son sourire en voyant une consœur, peut-être de la Garde Prudence qui venait le saluer. Il s'apprêtait à lui dire bonjour quand elle ouvrit la bouche et présenta elle-même la raison de sa visite. Elle le cherchait en plus ! Son torse se bomba de fierté et il hocha la tête.

- C'est bien moi, mademoiselle. Je suis déjà honoré, même si je ne connais pas encore votre nom. Que me vaut le plaisir ?

Il cherchait lui-même ce qui pouvait l'amener. Pourquoi vouloir le voir spécifiquement ? Pour une simple bénédiction ? Non, sans doute pas. Et surtout, il entendit son accent, très reconnaissable. Une italienne ? Était-ce une envoyée du Saint Siège ? Une sœur ? Non, même une novice s'il en jugeait par son voile. Il pencha un peu la tête, surtout à sa réponse. Le camerlingue ? Matthieu plissa un peu les lèvres. Cet homme avait parfois tendance à faire des choses dans le dos des autres. Oh, pas par méchanceté... mais il pouvait être un peu étourdi ou inconséquent. Enfin, cela ne servait à rien de pleurer avec d'avoir mal. Il prit donc la lettre et la lut attentivement.

Elle s'appelait donc Cecilia. Joli prénom et bonne sainte protectrice. Sans doute une bonne novice. Elle en avait l'air en tout cas. En effet, ses suppositions furent confirmer par la suite. Il hocha même la tête, impressionnée. En voilà une qui avait été touchée par la Grâce dès petite... Il secoua un peu la tête.

Malgré tout, son visage commença à changer rapidement de couleur quand il lut la suite.

Ma surveillance ?

La former ?

Mais...

Il termina la lettre, la tête en coton. Il cligna des yeux puis commença à regarder alternativement la lettre, la jeune fille, la lettre, la jeune fille, de plus en plus, de plus en plus vite. Il s'arrêta cependant en se pinçant l'arrête du nez. Lui, professeur ? Mais qui avait eu cette idée, bon sang ! Il prit une grande inspiration avant de revenir la jeune novice. Elle n'avait rien demandé elle... Il tâcha de rassembler ses idées. Qu'est-ce qu'il pouvait bien lui transmettre ? Et, soyons sérieux, elle n'avait pas vraiment les épaules pour la chasse à l'hérétique ! Certes, les femmes étaient pleines de ressources mais cette jeune fille frêle à peine sortie de l'enfance... Et en plein dans sa chasse d'un diable boiteux ! Non, certainement pas... Mais c'était un ordre, il ne pouvait pas refuser... Il se mordit la langue avant de se recomposer un visage présentable tout en préservant sa contenance. Il dut reprendre une grande inspiration.

- Eh bien, je suis... enchanté Mlle Candore... Pardonnez-moi, je suis un peu surpris... On aura peut-être oublié de me prévenir avant que je ne parte de votre arrivée... Vous me voyez confus de vous faire un accueil si peu préparé...

Et surtout, tout cela était bien impromptu... Qu'allait-il en faire de cette jeune fille ?

C’était vraiment un signe qu’elle ait trouvé aussi vite l’homme qu’elle cherchait. Elle fut ravie de le voir aussi enchanté mais s’inquiéta quand elle le vit s’inquiéter. Avait-il mal quelque part ? Le pauvre homme… Quand il releva les yeux vers elle, elle sourit de nouveau, même si elle s’étonnait de son mouvement alternant. Avait-elle fait quelque chose de mal ? Et qu’avait donc son nez ? Elle se rassura quand elle le vit prendre une grande inspiration. Il n’y avait rien de tel pour s’aérer le corps et se libérer des maux de ce monde. Elle continua de lui sourire, ravie qu’il inspire à nouveau grandement. Il irait bien mieux très vite, elle n’avait pas à s’inquiéter.
 
Elle inclina la tête quand il s’adressa de nouveau à elle, pour dire « moi de même », mais s’étonna de la suite. Elle se rappela alors ce que lui avait dit la mère supérieure et sourit avec douceur au cardinal.
 
« Ce n’est rien, Votre Éminence, je ne suis qu’une humble novice, après tout. La mère supérieure m’a dit que M. le Camerlingue n’avait effectivement pas eu le temps de vous prévenir mais cela ne me dérange pas. »
 
Elle s’effraya soudain.
 
« J’espère que je ne vous dérange pas dans votre journée ! Je serais vraiment confuse, si c’était le cas, ce n’était nullement mon intention… Je pourrai aller m’installer à l’hôtel et nous discuterons plus tard, si vous préférez, je ne voudrais vraiment pas vous déranger dans vos œuvres, loin de là… »
 
La novice se mordit la lèvre, incapable de cacher son inquiétude grandissante. Un homme si important, il devait être très occupé…

La jeune femme semblait s'inquiéter mais sans soupçonner quoique ce soit de ses véritables inquiétudes. Tant mieux. cela lui donna l'impulsion nécessaire pour se reprendre. Que dirait son grand-oncle Clarence ?

Le marbre, c'est dans cela que sont fait les plus grands hommes de ce monde, Matthieu.

Il se redressa et tâcha de faire bonne figure. Bien. A présent, il devait analyser la situation. Donc... on lui envoyait une jeune novice qui n'avait certainement pas d'horizon plus vaste que celui de son cloître pour emmener un sorcier sur le bûcher.

Certes...

Il se pinça encore l'arrête du nez tout en déglutissant. Comment faire tout cela de façon diplomatique ? Et avait-elle seulement demandé à être là ? Au vu de son sourire, peut-être un peu plus que lui à l'époque... Elle devait davantage ressembler à Jeanne ou à Bélyl. Oui, voilà ! Il n'avait qu'à penser à ses nièces. Cela serait peut-être plus facile. Bon... Fort de cette nouvelle perspective, il parvint à lui sourire. Au moins, ce n'était pas une lettre qui s'était encore perdu. Il hocha la tête.

- Oh, je vois, mais vous ne devez pas vous dévaloriser, voyons. Le Camerlingue a sans doute été bien occupé et moi aussi, je dois l'avouer.

Quand elle s'effraya, il leva aussitôt les mains, plus naturellement qu'il ne l'aurait pensé, pour la rassurer.

- Oh mais ne vous en faites donc pas, vous arrivez au contraire au bon moment. Un peu plus et je serais sortie dehors et vous aurais manqué ! Cela aurait été bien dommage, ne pensez-vous pas ?

Voilà, il retrouvait un peu de sa fluidité. C'était mieux. Il reprit d'ailleurs un air bien sérieux.

- Je ne saurais vous laisser vous débrouiller seule, voyons. Vous m'avez été confié, je souhaite donc vous traiter comme je le ferrais avec une de mes nièces. Allons, rentrons et nous allons trouver votre chambre et vous y installer. Vous pourrez peut-être ensuite m'accompagner en promenade, afin de mieux connaitre la ville.

Il s'écarta un peu en levant une main vers la porte, pour l'inviter à entrer, avec une inclination respectueuse de la tête.

Vraiment, cet homme devait avoir attrapé un vilain rhume pour se pincer autant le nez. Elle lui sourit quand il lui répondit et hocha la tête avant de se détendre à sa réponse. Elle sourit et hocha la tête.

« En effet, mais la Providence était de notre côté ! »

Elle l’écouta ensuite, ravie, et rosit même un peu. La traiter comme une de ses nièces, c’était là un grand honneur ! Elle s’illumina à la suite.

« Ce serait avec plaisir, cette ville semble formidable, comme Rome, et j’aimerais beaucoup la découvrir ! »

Elle esquissa une révérence en le voyant incliner la tête, sincèrement flattée de recevoir cet honneur de la part d’un cardinal aussi fameux. Elle entra dans le bâtiment, impressionnée, et attendit avec un sourire humble que le cardinal la guide, préférant ne pas prendre trop d’initiative.

Matthieu sourit de nouveau, plutôt naturellement. Il ne semblait pas trop avoir perdu la main...

- Je ne saurais dire mieux ! Après vous.

Elle semblait assez heureuse pour l'instant et surtout de bonne humeur. Bien, au moins, ce ne serait pas désagréable.

- Eh bien, c'est parfait !

Il rentra de nouveau alors et se redressa avant de se rendre au comptoir pour demander une clef supplémentaire au gérant. Celui-ci en donna une bien volontiers. Il n'y avait pas grand-monde de toute façon en cette saison si rude pour entreprendre le voyage. Il espérait d'ailleurs que la jeune fille avait prit ce qu'il fallait pour qu'elle puisse rester à l'abri du froid. Si elle avait grandi à l'Italie, elle n'avait peut-être pas connu la neige. Il prit la clé avec reconnaissance et se tourna vers la novice pour la lui remettre.

- Et voici ! Elle est à vous et votre chambre est juste à côté de la mienne et en face de celle de ma nièce. Si jamais vous avez un problème, vous pouvez vous adresser à nous. Oh, et je dois vous informer que j'ai également un esclave, Alexandre, qui loge avec moi. Vous le croiserez donc certainement souvent et je vous le présenterais quand il reviendra de l'église.

Il observa encore une fois la jeune femme et se dit qu'il allait peut-être engager la conversation avant de monter.

- Ainsi donc... vous êtes native de Rome, c'est bien cela ?

Cecilia laissa le cardinal s’occuper des formalités pour elle, ravie que tout se déroule très bien. Elle récupéra la clef avec un grand sourire et écouta les instructions en hochant la tête de temps en temps. Quel honneur, tout de même, de loger juste à côté d’un cardinal ! Elle rougit avant de s’illuminer à la suite. Elle s’étonna intérieurement du mot « esclave ». Elle ne l’avait jamais entendu. Avec le contexte, elle le relia à « serviteur ». Sans doute une variante dialectale de la capitale. Elle serait en tout cas ravie de rencontrer le serviteur du cardinal. Ce devait être quelqu’un de très bien pour servir un homme tel que celui, fort sympathique, qui l’accueillait ! Elle hocha alors la tête en souriant.

« Je prends note de tout ce que vous me dites. Je serais ravie de rencontrer ces personnes dont vous me parlez ! »

Elle s’illumina ensuite à sa question.

« Oui, c’est cela ! D’à côté dei Santi Quattro Coronati, près d’il Colosseo. Mais j’imagine que vous connaissez, il s’agit de la paroisse dont s’occupe Monsignore Faccinetti de Nuce, le petit-neveu d'il papa Innocenzo IX ! »

La jeune fille semblait plutôt attentive. Encore un bon point. Décidément... Au moins, on ne lui avait pas refilé une ignorante et une rebelle dans les pattes Il lui sembla qu'elle avait tiqué au mot "esclave" mais peut-être n'était-elle aussi pas très habituée à entendre ce mot, il était vrai que c'était très monbrinien comme concept, surtout à si haute échelle et au si grand jour. D'une certaine façon, ils étaient même presque les seuls à ne pas cacher toutes ces affaires sous le tapis. Matthieu, au contraire de ses frères et de sa soeur n'avait pas d'avis tranché sur la question. Lui n'interprétait pas vraiment la Bible dans ce sens mais qui était-il pour juger un roi ? Il hocha la tête.

- Très bien. Si donc tout est bon pour vous, nous pouvons dès à présent monter.

Alors qu'il commençait à s'engager dans les marches, elle lui parla avec enthousiasme de son pays. Il réfléchit un instant puis finit par remettre l'endroit mais également l'homme.

- Ah oui, je vois. Son Éminence m'avait en effet parlé de sa terre natale quelques fois. Cela semble être un bien bel endroit.

Il se retrouva rapidement à l'étage et, dès qu'il eut posé le pied sur la dernière marche, se retrouva face à sa nièce.


Bélyl avait laissé Tristan aller se promener, elle préférait rester bien au chaud par ce temps. La jeune femme avait pris un bon livre et l'avait lu comme toujours avec passion. Comme c'était agréable de lire les aventures de Sir Trestinian au coin du feu ! Cependant, en entendant des pas, elle avait été intriguée. Il lui semblait que son oncle avait pourtant prévu de sortir. Inquiète qu'une raison grave l'ait poussée à revenir, elle était sortir et tomba nez à nez avec son oncle. Elle lui sourit et reconnut au fond de ses yeux une lueur de confusion. Elle allait s'inquiéter quand son oncle se racla la gorge et s'écarta. Elle vit alors une jeune fille, une novice au vu de sa tenue qui se tenait bien sagement derrière le cardinal. Elle pencha la tête. Qui cela pouvait-il bien être ? Elle ne ressemblait pas aux filles qu'elle avait côtoyées au couvent de mère Suzanne. Elle se résolut cependant d'attendre avant de poser des questions que son oncle fasse les présentations.

- Ahem, Bélyl, je suis navré de ne pas pouvoir le faire de manière plus officielle et plus préparée mais il se trouve que nous allons avoir une nouvelle voisine. Je te présente Mlle Cecilia Candore qui m'a été envoyé par le Saint Siège pour m'assister et pour apprendre auprès de moi. Mlle Candore, voici ma nièce, Bélyl Cassin, la fille de mon frère aîné, le général Joseph.

Bélyl s'illumina aussitôt et fit un pas, les yeux pétillants.

- Je suis enchantée de faire votre connaissance !

Cecilia hocha la tête, enchantée à l’idée de découvrir son nouveau logement. Nul doute qu’il serait charmant ! Elle sourit en voyant qu’il reconnaissait le gentil cardinal dont elle parlait et acquiesça ensuite.

« Oh oui, un très bel endroit, sur une très belle colline ! En montant dans les hauteurs du couvent, on peut même voir la basilique Saint-Pierre ! »

Elle fut surprise de trouver quelqu’un en haut, sans l’avoir vue venir. C’était une très belle jeune fille ! La jeune novice lui sourit sincèrement. Elle inclina la tête à sa présentation par le très honoré cardinal et esquissa une révérence comme elle le pouvait dans les escaliers.

« Moi de même, Mademoiselle, c’est un honneur de vous rencontrer ! Vous vivez donc ici, vous aussi ? »

Elle serait ravie de l’avoir pour voisine ! Elle semblait si sympathique ! Elle ne doutait pas qu’elles s’entendraient très bien !

Matthieu ne put que hocher la tête.

- Eh bien cela a dû être un bel endroit où vivre.

Lorsque Bélyl arriva, il laissa les deux jeunes filles faire connaissance et s'éloignant un peu vers sa chambre.


Bélyl sourit à la charmante inconnue désormais connue et battit des mains.

- Oui et ce sera merveilleux d'avoir une voisine ! Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à me demander.

Matthieu esquissa un très léger sourire. Au moins, elles s'entendaient bien et peut-être que Bélyl pourrait l'occuper et lui faire la conversation mieux qu'il ne saurait le faire.

Cecilia approuva le cardinal.

« En effet ! J’espère que vous aurez l’occasion de vous y rendre quand vous retournerez à Rome ! »

Elle le salua d’un hochement de tête quand il les laissa, elle et sa nièce, qu’elle appréciait déjà. Elle hocha la tête, ravie.

« C’est très gentil à vous, je n’y manquerai pas ! Dans l’immédiat, je comptais déposer mes affaires et, peut-être, ressortir pour visiter la ville avec votre oncle. Peut-être pourriez-vous vous joindre à nous ? »

Matthieu hocha la tête à sa suggestion. Pourquoi pas, ce serait en effet agréable, très certainement. Bélyl pour sa part battit des mains et s'illumina sa proposition.

- Oh, puis-je mon oncle ?

Matthieu n'eut pas longtemps à réfléchir. La compagnie de sa nièce le ferait peut-être se sentir moins gênée et avec une fille de son âge, il arriverait peut-être mieux à appréhender cette novice.

- Eh bien, je n'y vois aucun inconvénient.

Il alla ouvrir alors la porte de sa nouvelle élève.

- Voici pour vous, donc. Vous pouvez y déposer vos affaires puis nous pourrons partir. J'espère que cette chambre vous convient, ce n'est pas... enfin, l'hôtel est convenable mais nous n'avons malheureusement pas de logement propre où vous accueillir... La maison de ma sœur qui est la seule à résider en permanence ici et déjà bien trop remplie...

Cecilia s’illumina en voyant sa suggestion acceptée par sa nouvelle amie et par le cardinal. Elle suivit celui-ci et hocha la tête à ses indications.

« Ne vous inquiétez pas, c’est déjà bien plus luxueux que ma cellule au couvent et cela me convient parfaitement ! Je ne voudrais pas non plus déranger votre sœur pour un si petit détail… »

Elle rentra alors dans la chambre, le sourire aux lèvres, enchantée, et posa son sac sur le lit. Elle ne doutait pas qu’elle se plairait ! Mais, en attendant, la promenade ! Elle ressortit donc, comme une fleur, et sourit à ses deux nouvelles connaissances.

« Je suis prête, je vous suis ! »

Matthieu faillit lever les yeux au ciel. Oui, naturellement... Enfin bon, tant que ça lui convenait, c'était déjà ça... Il hocha la tête.

- Bien, dans ce cas, c'est parfait.

Il la laissa se préparer et ne sut pas bien quoi faire en attendant. Il observa sa nièce.

- Et Tristan, comment va-t-il ?

Bélyl fut un peu étonnée qu'il évoque ce nom qu'il n'avait plus prononcé à voix haute depuis un moment.

- Oh eh bien... bien...

Matthieu hocha la tête, les yeux un peu dans le vague. Dans quoi l'embarquait-on encore... Il soupira mais se recomposa une figure digne quand Cecilia reparut.

- Parfait, alors en avant, mesdemoiselles.

Il laissa Bélyl passer devant, tout sourire alors qu'elle commençait à faire connaissance avec sa nouvelle voisine. Il soupira de nouveau légèrement en suivant. Au moins, il n'allait pas s'ennuyer...